Pour citer cet article : Bopaka RG, et al. Connaissances et comportements des patients atteints de la rhinite allergique en consultation à Casablanca. Rev Fr Allergol (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.reval.2015.08.010
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Revuefrançaised’allergologiexxx(2015)xxx–xxx
Lettre à la rédaction
Connaissances et comportements des patients atteints de la rhinite allergique en consultation à Casablanca Knowledge and behavior of patients with allergic rhinitis seen in consultation in Casablanca
Motsclés:Rhiniteallergique;Traitement;Observance;Insuffisante;Éducationthérapeutique Keywords:Allergicrhinitis;Consultation;Therapy;Adherence;Patienteducation
1. Introduction
La rhinite allergique (RA) est une affection fréquente qui touche plus de 20 % de la population générale [1,2]. C’est une maladie inflammatoire nasale souvent sous-estimée par les patients et parfois sous-évaluée par les praticiens [3,4]. Les patients atteints de rhinite allergique consultent parfois plusieurs médecins, tant des généralistes que des spécialistes, avant de venir en consultation spécialisée d’allergologie. Dans la littéra- ture, peu de travaux se sont basés sur le vécu du patient, comment ils comprennent leur maladie et comment ils la prennent en charge [4].
Le but de ce travail était d’analyser les connaissances et les comportements des patients vis-à-vis de la rhinite allergique au cours de la consultation d’allergologie.
2. Patients et méthodes
Il s’agit d’une étude prospective allant du 1
erjanvier au 31 juillet 2014 portant sur les patients atteints de rhinite et sui- vis en consultation d’allergologie. Un autoquestionnaire portant sur les connaissances de leur rhinite et sur son traitement était établi pour recueillir les données, à savoir : le sexe, l’âge, l’ancienneté de la rhinite, les consultations médicales préalables à leur situation actuelle (médecin généraliste, allergologue), les connaissances sur les symptômes (obstruction nasale, prurit nasal, rhinorrhée), les connaissances sur le traitement anté- rieur (corticoïde local, anti-histaminique) et sur l’adhésion à ce traitement (arrêt du traitement sans avis médical). La rhinite était selon les recommandations de l’Allergic rhinitis and its impact on asthma (ARIA) [2] ou celles de la Société franc¸aise d’allergologie qui sont très similaires [5]. Ainsi, la rhinite était dite intermittente lorsqu’elle durait moins de 4 jours par semaine ou moins de 4 semaines consécutives. Elle était dite persistante
lorsqu’elle durait plus de 4 jours par semaine et pendant au moins 4 semaines consécutives. En fonction de la sévérité, la rhinite était dite légère en cas d’absence de conséquence sur le som- meil, sur l’activité scolaire ou professionnelle et sur les loisirs.
La rhinite était déclarée modérée à sévère quand elle retentis- sait sur la qualité de vie définie ci-dessus et était associée à des symptômes gênants.
Le bilan comprenait des tests cutanés par prick-tests : aca- riens (Dermatophagoïdes pteronyssinus, Dermatophagoïdes farinae, Blomia tropicalis), pollens (pollen d’olivier, pollens des 5 graminées, mimosa), les moisissures (Alternaria, Penicillium, Cladosporium et Aspergillus fumigatus). Les données étaient analysées avec le logiciel Épi Info version 6.04.
3. Résultats
Nous avons colligé 50 patients atteints de rhinite allergique dont 68 % étaient de sexe féminin et 32 % de sexe masculin. La moyenne d’âge des patients était de 33 ans avec des extrêmes allant de 15 à 56 ans. L’ancienneté de la rhinite était de 8 ans avec des extrêmes de 1 à 32 ans. Les patients ayant déjà consulté deux à trois médecins représentaient 92 % de la cohorte chez les médecins généralistes et 8 % chez les allergologues. Parmi tous ces patients, 36 % savaient qu’ils étaient allergiques aux pneu- mallergènes sans savoir exactement quel type d’allergène était mise en cause. L’obstruction nasale et le prurit étaient retrouvés chez tous les patients (Fig. 1). L’interrogatoire a permis de clas- ser la rhinite en intermittente légère dans 26 % et en intermittente modérée à sévère dans 8 % des cas. La rhinite était persistante dans l’ensemble dans 66 % des cas. Les prick-tests après examen clinique étaient pratiqués chez tous nos patients avec des extraits des principaux allergènes, ils étaient positifs dans 84 % des cas (Fig. 2). Les patients polysensibilisés représentaient 72 % (Tableau 1).
http://dx.doi.org/10.1016/j.reval.2015.08.010 1877-0320/©2015PubliéparElsevierMassonSAS.
Pour citer cet article : Bopaka RG, et al. Connaissances et comportements des patients atteints de la rhinite allergique en consultation à Casablanca. Rev Fr Allergol (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.reval.2015.08.010
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2 Lettreàlarédaction/Revuefrançaised’allergologiexxx(2015)xxx–xxx 50 cas (100%) 50 cas(100%)
38 cas (76%)
Obstruction nasale Prurit nasal Rhinorrhée Fig.1.Connaissancesurlessymptômesrattachésàlarhiniteallergique.
10%
36%
76%
Moisissures Pollens Acariens
Fig.2.Prévalencedelasensibilitécutanéedesallergènesaucoursdelarhinite allergique.
Fait remarquable, si 62 % des patients reconnaissaient avoir rec¸u une prescription de corticoïdes intranaseaux, la moitié d’entre eux l’avaient interrompu sans avis médical (Fig. 3).
En fin de consultation, une information et des conseils d’éducation thérapeutique sur le traitement de la rhinite aller- gique étaient instaurés.
Tableau1
Prévalencedelasensibilitécutanéedesallergènesaucoursdelarhinitealler- giquechezlespatientspolysensibilisés.
Pourcentage
Entreacariensetpollens 34
DP+olivier 10
DP+5graminées 8
DF+5graminées 4
DF+cyprès 4
DP+mimosa 2
DP+cyprès 2
DP+Blomiatropicalis+mimosa 2
Blomiatropicalis+olivier 2
Entredifférentsacariens 32
DP+DF 12
DP+Blomiatropicalis 10
DF+Blomiatropicalis 6
DP+DF+Blomiatropicalis 4
Entrecariensetmoisissures 4
DP+Alternaria 2
DF+Aspergillusfumigatus 2
Entreacarienspollensetmoisissures 2
Blomiatropicalis+mimosa+Aspergillusfumigatus 2 DP:Dermatophagoïdespteronyssinus;DF:Dermatophagoïdesfarinae.
38 cas (76%)
31 cas (62%)
25 cas (50%)
Antihistaminique Corticoïde intranasal Observance thérapeutique Fig.3.Connaissancesurletraitementaucoursdelarhiniteallergique.
4. Discussion
Cette étude a été réalisée dans un service du centre hospi- talier universitaire, ce qui constitue un biais. La taille de notre échantillon est faible. Les éléments cités ci-dessus constituent les limites de cette étude. Cependant, ce travail est intéressant, il s’agit d’une étude prospective. Il vient aussi compléter d’autres études sur ce sujet d’autant qu’il existe peu d’études qui se focalisent sur le comportement et la connaissance des patients atteints de la rhinite [6].
La moyenne d’âge de nos patients voisine de celle de Jabri et al. [7] mais inférieure à celle de Truong van ut et al. [8]. Cette différence peut être liée à la taille de l’échantillon, la différence de la population étudiée et la méthodologie.
L’ancienneté de la rhinite allergique est approximativement la même avec respectivement 8 ans dans notre étude et 9,4 ans dans l’étude de Truong van ut et al. [8]. Cette ancienneté témoigne bien que la rhinite est une maladie inflammatoire chronique des voies respiratoires.
Nos données corroborent avec celles de plusieurs auteurs sur le fait que les patients atteints de la rhinite consultent tardivement et voient plusieurs médecins avant de venir en consultation d’allergologie. Ils arrêtent volontairement le trai- tement [6,8–10]. Cependant, Didier et al. [10] constatent que 19 % des patients n’avaient jamais consulté un médecin, ce que nous n’avons pas retrouvé dans notre série. La différence des enquêtes téléphoniques [10] et en milieu hospitalier (le nôtre) pourrait être l’explication.
L’obstruction nasale est retrouvée chez tous nos patients, par
contre, d’autres auteurs retrouvent des pourcentages moindres
[8,10]. Au cours de notre étude, nous avons trouvé moins de rhi-
norrhée que dans d’autres études [8,10]. Cette différence pourrait
s’expliquer du fait que nous avons considéré que la rhinorrhée
sans la précision qu’elle soit antérieure ou postérieure (jetage
postérieur) dans les soucis de simplifier notre questionnaire. La
rhinite était persistante dans plus de moitié de cas et la rhinite
était sévère dans 56 % de patients (Tableau 2). Ceci prouve que
les patients viennent en consultation lorsqu’il y a un retentisse-
ment sur la qualité de vie. Le traitement pris par ces patients est
inadapté et cela pourrait être en rapport avec une mauvaise per-
ception de la maladie par le patient et/ou de la part du personnel
soignant [4,11]. Et pourtant, une prise en charge simple est bien
établie par ARIA [2].
Pour citer cet article : Bopaka RG, et al. Connaissances et comportements des patients atteints de la rhinite allergique en consultation à Casablanca. Rev Fr Allergol (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.reval.2015.08.010
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Lettreàlarédaction/Revuefrançaised’allergologiexxx(2015)xxx–xxx 3 Tableau2
Comparaisondesdonnéesentrenotreétudeetd’autrespublications.
Notreétude Jabrietal.[7] Truongvanutetal.[8] Didieretal.[10]
Moyenned’âge(ans) 34 32 37,1
AnciennetédelaRA(ans) 8 9,4
Obstructionnasale(%) 100 85,4 90
Rhinorrhée(%) 76 87,3 90
Consultationmédicale(%) 100 62,9 81
Observancethérapeutique(%) 50 25 33
Automédication(%) 50 37,1 58
RApersistante(%) 66 56
RA:rhiniteallergique.
Enfin, dans notre étude, la moitié des patients arrête volontairement le traitement. Ce fait souligne que l’éducation thérapeutique doit faire partie du pilier de la prise en charge thérapeutique de la rhinite allergique.
5. Conclusion
À travers ce travail, il apparaît que la prise en charge de la rhi- nite allergique n’est pas encore bien comprise chez les patients.
Ils arrêtent le traitement sans avis médical. Seul le traitement médical ne suffit pas, il faut y associer l’éducation du patient afin que ce dernier adhère à la démarche thérapeutique.
Déclaration de liens d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
Références
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R.G. Bopaka
∗H. Jabri H. Janah W. El Khattabi H. Afif Service des maladies respiratoires, hôpital 20-Août-1953, CHU Ibn Rochd, 39, boulevard la Gironde, 20000 Casablanca, Maroc
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