CAS CLINIQUE /CASE REPORT
Rupture de l ’ anneau pelvien due à un traumatisme à basse énergie
Disjunction of the Pelvic Ring Due to a Low-Energy Trauma
C. Bastin · L. Lövqvist · V. Mazy
Reçu le 26 novembre 2013 ; accepté le 18 janvier 2014
© SFMU et Springer-Verlag France 2014
Introduction
Les ruptures de l’anneau pelvien surviennent dans le cadre de traumatismes à haute énergie chez le patient jeune (acci- dent de la route, chute d’un lieu élevé) et à basse énergie chez des patients plus âgés présentant une fragilité osseuse (chute de sa hauteur) [1].
Observation
Nous présentons le cas d’un patient de 50 ans de 83 kg pour 1,73 m, actif et en bon état général et qui a présenté une lésion importante de l’anneau pelvien après un traumatisme mineur. Lors d’une accolade avec un ami, le patient a été soulevé du sol, à la réception, le pied gauche a glissé sur une bordure de 5 cm de haut avec, pour résultat, un appui sur la plante du pied, le membre inférieur gauche en exten- sion, le tronc en légère rotation et une impaction de la tête fémorale au niveau du bassin. Immédiatement après le choc, le patient a ressenti une vive douleur dans le bas du dos et a présenté une impotence fonctionnelle totale avec mise en charge impossible.
À son arrivée aux urgences, le patient est très algique. La douleur lombaire irradie dans la fesse, la fosse postérieure de la cuisse et le creux inguinal à gauche. À l’examen clinique, il ne présente pas d’hématome, pas de rotation ni de raccour- cissement du membre inférieur gauche, et il n’y a pas d’asy- métrie des ailes iliaques. Il n’y a pas de déficit sensitivo- moteur. La palpation est douloureuse en paralombaire et au
creux inguinal à gauche, et les mobilisations passives et acti- ves sont impossibles.
Le patient signale une « déchirure musculaire traumatique du quadriceps gauche », quelques semaines auparavant, non documentée et traitée par AINS (il en est complètement asymptomatique depuis plusieurs semaines) ; ainsi qu’un accident de moto 25 ans auparavant avec une fracture de la jambe gauche.
Une radiogaphie du bassin montre une rupture de l’an- neau pelvien (Fig. 1).
Vu le mécanisme traumatique décrit et les antécédents du patient (traumatisme à haute énergie 25 ans auparavant), le diagnostic de lésion aiguë n’est pas retenu et celui de lésion ancienne est posé, et ce, malgré l’absence d’éléments radio- logiques en faveur d’une lésion ancienne (pas de calcifica- tion séquellaire au niveau de la symphyse pubienne ni de néoarthrose au niveau de l’articulation sacro-iliaque).
Le patient est hospitalisé, mis au repos en décubitus dor- sal, et un traitement antalgique ainsi qu’une prophylaxie par héparine de bas poids moléculaire sont instaurés. L’évolu- tion clinique révèle le développement progressif d’un
Fig. 1 Radiographie du bassin : diastasis sacro-iliaque gauche sans fracture visualisée (1) et diastasis important en marche d’esca- lier de la symphyse pubienne (2)
C. Bastin (*) · V. Mazy
Service des urgences, Grand Hôpital de Charleroi, 6, rue de la Duchère, B-6060 Gilly, Belgique
e-mail : christian.bastin@ghdc.be L. Lövqvist
Faculté de médecine, Université catholique de Louvain, place de l’Université-I, boîte L0.01.18, B-1348, Louvain-la-Neuve, Belgique
Ann. Fr. Med. Urgence (2014) 4:259-260 DOI 10.1007/s13341-014-0416-4
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hématome des régions prépubienne et inguinale gauches dif- fusant dans le scrotum et la verge chez un patient toujours hyperalgique et qui, par ailleurs, ne présente aucune compli- cation de type urologique ni hypovolémique.
Un scanner du bassin réalisé 12 heures après l’admission confirme les diastasis de la symphyse pubienne et de la sacro-iliaque gauche, sans fracture associée, mais montre aussi la présence d’un hématome dans la région inguinale gauche remontant en rétropéritonéal au niveau du petit bas- sin, ainsi que l’absence de lésions séquellaires. Cet examen témoigne à coup sûr du caractère aigu des lésions (Fig. 2).
Discussion
L’originalité du cas que nous rapportons est la basse énergie du traumatisme, puisque cette lésion résulte de la seule impaction du membre inférieur gauche d’une hauteur de 5 cm sans facteur pouvant majorer l’énergie cinétique de ce traumatisme (comme, par exemple, l’obésité).
La reconnaissance d’emblée, dès l’admission et la pre- mière radiographie, du caractère aigu de la lésion aurait abouti à une contention provisoire de type ceinture pelvienne ou emballage pelvien de Routt qui en plus de limiter les complications hémorragiques, que ce patient n’a heureuse- ment pas présentées, aurait grandement amélioré le syn- drome douloureux [2].
Références
1. Balogh Z, King KL, Mackay P, et al (2007) The epidemiology of pelvic ring fractures: a population-based study. J Trauma 63:
1066–73
2. Routt MLC Jr, Falivov R, Woodhouse E, et al (2002) Circumfe- rential pelvic antishock sheeting: a temporary resuscitation aid.
J Orthop Trauma 1:45–8 Fig. 2 Scanner du bassin montrant. A. La disjonction pubienne (1),
l’hématome sous-cutané et rétropéritonéal (2). B. La luxation sacro- iliaque gauche (3)
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