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Raphaëlle. en miettes. roman. Extrait de la publication

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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www.hurtubisehmh.com L’ESPACE DU RÊVE

Louis s’est tué, d’une balle dans la tête, il y a quinze ans.

Raphaëlle l’aimait. À la suite d’un courriel de leur fille, Hania, qu’elle a abandonnée encore bébé, Raphaëlle entreprend de se raconter. Elle revit alors l’histoire de son amour, de ses pertes, de ses abandons et de ses trahisons pour enfin, peut-être, aspirer au pardon.

Arrace au néant en 1973, Diane Labrecque s’est ennuyée à vis jusqu’à vingt ans. Puis elle a cu en ville, en campagne, en fot. Aps une mtrise en litrature, elle a été dactrice, animatrice, conductrice de chiens de trneau, enseignante. Elle vit maintenant entourée de sa meute : l’amour de sa vie, ses deux enfants, ses chiens. Raphlle en miettes est son premier roman. Photo : Georges Dutil Illustration : Polygone Studio

« Je suis Raphaëlle. Trente-deux ans.

Un père alcoolique que j’ai très peu connu […]. Ma sœur que j’ai trahie.

Un chum qui s’est suicidé il y a un an et demi. Une enfant que j’ai abandonnée. Une bouteille qui me tient lieu de respirateur. »

ExtrAIt DIAnE LabREcqUE

DIAnELabREcqUE

roman

19,95 $

ISBn : 978-2-89647-180-5

Raphaëlle

en miettes

Raphaëlle en miettes

Extrait de la publication

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raphaëlle

en miettes

d ia n e l a b r e c q u e

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Imprimé au Canada www.hurtubisehmh.com

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Labrecque, Diane, 1973- Raphaëlle en miettes (AmÉrica)

ISBN 978-2-89647-180-5

I. Titre. II. Collection : AmÉrica (Montréal, Québec).

PS8623.A288R36 2009 C843’.6 C2009-940345-5 PS9623.A288R36 2009

Les Éditions Hurtubise bénéficient du soutien financier des institutions suivantes pour leurs activités d’édition :

Conseil des Arts du Canada

Gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ)

Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC)

Gouvernement du Québec par l’entremise du Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres

Illustration de la couverture : Polygone Studio Maquette de la couverture : Olivier Lasser Maquette intérieure : Lucie Coulombe

Mise en page : Andréa Joseph [pagexpress@videotron.ca]

Copyright ©2009, Éditions Hurtubise ltée ISBN : 978-2-89647-180-5

Dépôt légal : 1er trimestre 2009

Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque et Archives du Canada

Diffusion-distribution au Canada : Diffusion-distribution en Europe : Distribution HMH Librairie du Québec/DNM 1815, avenue De Lorimier 30, rue Gay-Lussac Montréal (Qc) h2k 3w6 75005 Paris FRANCE Téléphone : (514) 523-1523 www.librairieduquebec.fr Télécopieur : (514) 523-9969

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À Blue

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Je t’attends dans la saison de nous deux Gaston Miron

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Deux particules viennent au monde dans le vide, puis se séparent. Par la suite, peu importe l’espace, peu importe le temps écoulé depuis leur séparation, un observateur qui prendrait une mesure de l’une d’entre elles pourrait être sûr que cette mesure serait identique pour la particule qui lui est inconnue. Par un arcane impénétrable, les deux particules corres- pondent de façon instantanée. Elles sont en commu- nion parfaite. Sans les obstacles de l’espace, du temps. Comme si elles n’avaient jamais été séparées, et pour toujours. Pour toujours. Jusqu’à ce qu’un événement perturbateur vienne les déconnecter. Un événement perturbateur comme l’anéantissement absolu de l’une d’entre elles.

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Première partie

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1

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Quelques heures avant l’accident. Si je pouvais revenir en arrière, c’est là que je retournerais. Si j’avais le pouvoir de changer le passé et d’empêcher la mort de Louis, bien sûr que je le ferais, Hania. Et tu vivrais dans un monde bien différent. Je t’aurais prise dans mes bras à ta naissance. Je t’aurais bercée, embrassée, consolée, toutes ces choses que font les mères. Et ton père vivant en aurait fait autant. Tu n’aurais pas connu l’abandon. Tu n’aurais pas connu ma trahison. Mais ton père est mort. Et ta mère s’est enterrée avec lui. Ma vie a cessé avec celle de Louis.

Et toi, tu commençais la tienne.

Tu as envie de me revoir. Tu voudrais me connaître. Je ne suis pas certaine que celle que je suis aujourd’hui puisse t’intéresser. Mais je n’ai pas toujours été cette femme-là. Tu as été une enfant désirée. Profondément. J’écris ces mots pour te libé- rer. Pas pour me libérer. C’est trop tard. Mais pas pour toi.

Maintenant, c’est l’habitude qui me garde en vie. Assise sur ma galerie, la mer devant, plus rien derrière. Enfin, pas tout à fait rien. Il reste toi. Encore

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là, après tant d’années. Quel âge auras-tu demain ? Seize ans ? Dix-sept peut-être ? La date de ta nais- sance aura pour toujours dans mes souvenirs l’écho d’une catastrophe. Dans laquelle tu n’es pour rien.

Mais avec laquelle tu vivras toujours, condamnée comme moi.

Un peu plus loin vers l’ouest, sur la plage, une autre vieille maison tient encore debout. Autrefois, bien avant que tu naisses, une tragédie qui ne m’appar tenait pas s’y est imposée à mon regard.

Était-ce seulement le hasard ?

C’était un hiver froid sur la côte dépeuplée. Je me souviens d’un cri glacial. Un cri de femme, qui résonne encore dans ma tête aujourd’hui. J’ai six ans. Je suis emmitouflée dans mes foulards et mon univers silencieux de blancheur infinie. Ma sœur et ses amis fument des cigarettes derrière le bureau de poste. Et moi, toute seule, je me bâtis un igloo sur la plage. Un petit garçon surgit devant moi, muet. Il n’a qu’une seule mitaine. Sans une parole, il se met à consolider mon mur, face à la mer. Je le laisse faire. Puis ce grand cri dans le froid. Je me mets à courir vers ce cri. Je me souviens de la voix de Mélissa qui me rappelle. Je me souviens de cette fenêtre qui donne sur la mer. Cette fenêtre où tout le rouge m’apparaît. Tout ce rouge éclaboussant mon univers blanc. Un corps d’homme étendu sur le plancher de la cuisine, une carabine à la main. Sa tête éclatée. Et une femme qui pleure, seule, devant tout ce sang. Je me souviens encore de ma sœur qui

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m’attrape, qui m’emmène avec elle. Et de cette image que je porte encore, pendant que Mélissa m’entraîne, un petit garçon sur la plage qui se bâtit une maison avec une seule mitaine.

L’image du corps de cet homme se mélange aujourd’hui avec celle du corps de Louis, que je n’ai jamais vu. Je n’ai pas vu son sang, sa tête éclatée.

Je ne vois que cet homme sur son plancher de cuisine. Et la douleur de la femme. Elle est devenue mienne. Et bien avant l’heure, comme une prémo- nition, j’ai été hantée par l’image du sang éclaboussé, de la carabine encore fumante. Hantée par ce qui, peut-être, traverse l’âme de celui qui s’est condamné lui-même. La force d’esprit nécessaire pour appuyer sur la gâchette, le froid canon du fusil contre la gorge, les dernières pensées qui s’affolent, le léger tremblement de la main, la raideur de la nuque, la sensation du cœur qui bat encore, ignorant que sa tâche s’achève, la dernière bouffée d’air dans les poumons, le vide autour et le geste fatidique.

Jusqu’au dernier mouvement de la main, le corps s’accroche toujours, refusant la décision de l’esprit.

Il faut un certain courage pour imposer à la main un geste qui la tuera. Peut-être en faut-il davantage pour rester en vie malgré les raisons qui poussent à en finir. Je ne sais pas. Je ne veux pas le savoir.

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Ton père est mort quelques semaines avant ton premier anniversaire. Sur la gâchette de la carabine, il a mis dans son doigt toute la force de son carac- tère. A-t-il hésité à la toute fin ? S’est-il donné le droit d’y repenser ? Quelle dose de courage lui aurait-il fallu pour rester parmi nous ? La vie passe comme un rêve, la sienne aurait-elle été un cauchemar ? Toutes ces questions m’ont gardée éveillée dans notre lit, toutes ces nuits depuis qu’il n’est plus. Et jamais je n’aurai les réponses. Il n’a pas laissé de lettre. Ni à moi, ni à personne. La raison, nous la connaissions tous.

Et malgré cette absence, le monde continue d’être, comme une impossible réalité. J’ai recom- mencé à pouvoir dormir un an après le geste inac- cep table de Louis, un peu avant ton deuxième anniversaire. Mon sommeil me soulageait enfin d’exis ter. Mais ce matin-là, le téléphone qui ne cesse de sonner me brusque dans la réalité. Quiconque ayant vécu l’horreur, l’indicible, sait que ce sont les matins qui assassinent le plus. Quand le corps se rend enfin, vaincu par l’épuisement, l’esprit connaît

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un peu le répit. Parfois, les rêves font revivre des moments meilleurs. Le réveil est une déchirure qui me laisse muette de douleur, écrasée devant le réel.

Mais la sonnerie persiste. Je tends la main, les yeux encore fermés, pour saisir le combiné. C’est ma sœur, ta tante Mélissa, qui n’a jamais cessé de me tirer vers la vie. Lève-toi, mon cœur, je passe te prendre. Je lui raccroche au nez. Je suis ignoble avec elle. Je ne veux plus vivre et elle m’y contraint. Elle me montre le soleil et les sourires où je ne veux plus voir que pluie et tristesse.

Je ne me lève pas. Quand elle arrive, je suis encore au lit, dos tourné. Elle me fait couler un bain, choisit soigneusement mes vêtements de circons- tances. Avec des gestes doux de mère, elle me soutient jusqu’à la baignoire comme une vieille malade déjà tellement plus du côté de la mort. Je ne lui résiste pas. Je la laisse me baigner, m’habiller, me coiffer, me conduire à l’église. Peut-être même que je ne pleure pas. Peut-être.

Le service religieux a été une lamentable comédie. Son corps n’est plus que cendre. Son esprit, néant. Il n’a jamais cru en Dieu. Les religions lui ont toujours répugné. C’était sa mère qui voulait le service, elle m’a dit, juste avant la cérémonie, déjà un an qu’il est parti. J’ai répondu, il n’est pas parti, il est mort. Elle a fait celle qui n’entend pas. Elle voulait que tout le monde soit là, il est vivant en

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nous, qu’elle a dit, son sang coule encore dans les veines de sa fille. Elle a pris l’enfant, cette enfant qui portait mes traits, ma bouche, mes yeux, mes cheveux. Rien de lui. J’ai pensé à cet instant-là qu’elle n’avait rien gardé de lui.

Ce n’était pas vrai. Je le sais maintenant. Je t’expliquerai.

Nous sommes tous à l’église, mais le cercueil n’est plus là. Nous seuls y sommes, les survivants, à tenter de redessiner les traits de Louis dans notre mémoire. Comment les autres se souviennent-ils de lui ? Je ne veux pas le savoir. Ils n’ont aucun droit de penser à lui, de se l’approprier, de déformer ses traits, de le voir dans sa chaise. Je n’arrive à l’ima gi ner que dans son cercueil, la tête éclatée, les flammes lui léchant la peau avec son sang qui bout et ses viscères qui éclatent. Ne pas penser.

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