R ENDICONTI
del
S EMINARIO M ATEMATICO
della
U NIVERSITÀ DI P ADOVA
M ICHEL G ROS
« Monodromie archimédienne » d’une courbe complexe : un appendice à [3]
Rendiconti del Seminario Matematico della Università di Padova, tome 103 (2000), p. 251-260
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«Monodromie archimédienne» d’une courbe complexe:
un
appendice à [3].
MICHEL
GROS (*)
0. Introduction.
Dans un article
précédent [3],
on a vu comment le formalisme(initié
par Fontaine et
Jannsen)
des(Ko,
cp,N)-structures
sur lacohomologie
de De Rham de la fibre
générique
d’une variétéalgébrique
propre X à réduction semi-stable sur l’anneau des entiersOK
d’une extension finie K deQu permettait
d’introduire naturellement pour une courbe de Mum- fordXK (attachée
à un sous-groupe discretco-compact
r dePGL2(K»
sur K un
isomorphisme canonique (provenant
naturellement par exte- nsion des scalaires deKa
àK,
d’unisomorphisme
deKo-espaces vectoriels)
via la considération de
l’opérateur
de monodromie N surHÀR (XK/K ) qui peut
être vu comme une variantep-adique
del’isomorphisme
d’Eichler-Shimura
«classique» (1) (penser
à X comme à unquotient
dudemi-plan
de Poincaré par un sous-groupe discret
co-compact
T deSL2 (R)
et iden- tifierH(X, R)
avecn)
valable pourn’importe quelle
courbeprojective
et lisse X sur C(*) Indirizzo dell’A.: IRMAR, Université de Rennes I,
Campus
de Beaulieu,35042 Rennes cedex, France. E-mail:
gros@univ-rennesl.fr
(1)
Ici, «enpoids n
= 2», il nes’agit
que del’isomorphisme
donné par la théo- rie deHodge,
mais jepréfère garder
uneterminologie évoquant
lapossibilité
degénéralisations.
Une courbe de Mumford est un
exemple
de variétépossédant
une«réduction totalement
dégénérée» (elle
admet un modèle surOK
dont lafibre
spéciale
est réunion de droitesprojectives
secoupant
transversale-ment)
et si maintenant l’on veut bienaccepter
lepoint
de vue[4]
de Ma-nin,
toute variétéalgébrique projective
lisse sur C devrait être elle-aussi à «réduction totalementdégénérée» (2).
Il devient alors naturel de se de- mander sil’isomorphisme
Sh ci-dessus nepourrait
lui aussi être vu com- me étant obtenu par unopérateur
de monodromie «archimédienne»(3),
la courbe X sur C
ayant
«mauvaise réduction». Unefaçon
de tester celaconsiste à examiner ce que fournit la construction
(valide
pour toute va- riétéalgébrique projective
et lisse surC) figurant
dans la thèse de Co- nsani[1].
Bien que l’on ne sache ni dire ce quepourrait
être: l’anneau des entiers deC,
un modèle de X sur cedernier,
la «fibrespéciale»
deX,
l’es-pace
X* , ... ,
ni a fortiori direquelle
théoriecohomologique
il fautappli-
quer à cette situation
(ce qui
évidemmentrejoint
lesquestions posées
par
Deninger [2])
pourespérer
définir sur celle-ci unopérateur
de mo-nodromie
N,
Consani saitdéfinir,
via la seule donnée de X desR-espaces
vectoriels
jouant
le rôle desgradués
pour la filtration par la monodoro- mie.L’analogue
del’isomorphisme
ci-dessusest,
dans les notations(et
la numérotation desgradués) adoptées
parConsani,
unisomorphisme
deR-espaces
vectorielsque nous identifierons à
l’isomorphisme
,Sh ci-dessus.Pour les seuls
aspects
de la structure de Module de Lefschetzbigra-
dué
polarisé
«à laDeligne-Saito» figurant
dans[1]
que nousutilisons,
onretrouve donc un résultat
déjà
bienconnue
mais la considération de formes -différentielles réelles et de formes nonholomorphes permet (~)
On ne sait pas donner pour l’instant un sens à cette dernière expres- sion.(3) Opérateur
se «réalisant» sur R commel’isomorphisme p-adique
se réalisesur
Ko.
(4)
Lacompatibilité
que nous vérifions ne nous a pas semblé entièrement im- médiate à partir de [1].253
d’exhiber
quelques analogies
entre les courbes de Mumford et les cour-bes
projectives
lisses sur C en considérant lesisomorphismes
d’Eichler-Shimura
classique
etp-adiques
comme des réécrituresremarquables (et
«uniformes») d’isomorphismes
tout à faitgénéraux (valides
en fait res-pectivement
sur R et surKo
et pour des classes de variétés extrêmementgénérales),
c’est là notre seule motivation dans cetappendice.
Le
plan
de l’article est trèssimple: après
avoirrappelé
la construc-tion de Consani
[1]
dans unepremière partie,
nous faisons l’exercice de vérifier que la formulationgénérale
de loc. cit. redonne effectivement l’i-somorphisme déjà
connu(noter
toutefois le«twist»).
1. La construction de Consani. Corollaires.
Nous ne
présenterons
cette construction[1],
4 que pour les variétés Xprojectives
lisses définies sur C et en nous bornant aux seulsobjets
dont nous avons besoin. On notera n la dimension de X.
On notera
(A a’ b + A b ~ / )R
le groupe abélien des formes différentielles(analytiques
ou C °° : cela donne les mêmes résultatsfinaux)
réelles dety-
pe
( a , b ) + ( b , a)
sur X. Uneexpression
dutype (A a, b + A b ~
avecp e Z
signifie
que l’onprend
le twist(«à
laTate»).
de(A a’ b + A b ~
ie.Soient i , j ,
On posesinon et
On
dispose également d’applications (pour
la définitiondesquelles
onrenvoie à
[ 1 ], 4)
Muni de d : = d ’ +
d ",
le modulegradué
K * devient donc uncomplexe (K~, d).
L’opérateur
de «monodromie»est défini par
N( a )
=( 2 ,~ ~ ) -1 a pour k.
Il commute à d ’ et d ".On pose, pour q > 0 et r e Z
avec
(10)
et
(11)
,avec
REMARQUE.
Cette numérotation desgradués
ne fournit pas des iso-morphismes (cf. plus bas)
tels queNi
envoieisomorphiquement gr W
surgr W (contrairement
à la numérotationusuelle)
mais nouspréférons
gar- der pour la commodité des références à[1]
la numérotation(qui
fait ap-paraitre
naturellement les«poids»
dans lanumérotation) adoptée
par Consani.On a
grq r H q (X* ) =
0 sauf si q + r =2p
avec p e Zet,
pour une meil- leure lisibilité de cequi
vasuivre,
nous regroupons dans lediagramme
255
commutatif suivant certains des résultats du corollaire 4.4 de
[1] spéciali-
sés au cas q = 1
qui
va nous occuper dans la suitedans
lequel:
- les flèches verticales N sont
injectives
si leur source est ungrW
avec i > 0 et
surjectives
si leur but est ungr W
avec 1 % 0- les flèches horizontales sont des
isomorphismes (ce point
est toutà fait non
trivial; c’est,
dans laprésentation adoptée
dans[1],
une consé-quence de la construction sur le
complexe K
d’une structure de modulede
Hodge
mixtebigradué polarisable
au sens deSaito).
D’autre
part,
on a unedécomposition
en somme directe(cf. [1],
preu-ve de
4.12)
Il est donc naturel de considérer le sous-espace
~ gr2 H 1 (X* ) ) .
La suite exacte de laproposition
4.9 de[1] permet
d’i-dentifier ce
quotient:
on a unisomorphisme
Le lemme 4.3 de
[1]
dit alors quegr4 H3(Y)
= 0et, finalement,
on adonc le
COROLLAIRE On a un
isomorphisme
N :REMARQUE.
Toutes ces écritures de groupes decohomologie
gar- dent un senslorsque
X est une courbe à réduction semi-stable surOK
etque Y est sa fibre
spéciale.
Soienty(1)
la réuniondisjointe
des composan- tes irréductibles de Y ety(2)
la réuniondisjointe
des intersections de cel- les-ci. On a alors(lemma
3.3 de[1]) p)
avec d " la flèche de
Gysin (image directe)
etavec d ’ la flèche de restriction
(à
laCech); expressions qui
interviennent dans la suitespectrale
despoids (cf. [3]
pour unrappel
decelle-ci)
etsont
isomorphes (via l’opérateur
de monodromie N :- gr0W H1(Y)).
2.
Isomorphisme
d’Eichler-Shimura et monodromie archimédienne.Nous allons donc comparer
l’isomorphisme
du corollaireprécédent
avec
l’isomorphisme
d’Eichler-Shimura(donné
par ladécomposition
deHodge).
On va tout d’abord décrire et et
ensuite,
onréexaminera comment ils sont apparus. On a,
d’après
le lemme 4.3 de[1]
257
pour
et
donc,
et,
pouret
donc,
Comme l’on a une résolution du faisceau constant R sur
X,
on en déduit une identification
canonique
Passons maintenant à la source de N. On a
Nous allons maintenant décrire
explicitement
comment est obtenul’isomorphisme
N. On a unmorphisme
decomplexes
dans
lequel
la flèche verticale du milieu est unisomorphisme,
celle dedroite
surjective,
celle degauche injective (c’est
évident sur ladescrip-
tion
qui
vasuivre).
Pour écrire ce que sont cescomplexes
dans le caspré- sent,
nous introduirons une indéterminée Tqui
nous servirauniquement
à
préciser
ledegré
en k dans l’écriture :=qui ne joue
absolument aucun rôle nouveau par
rapport
à[1].
On a, pour laligne
duhaut,
et,
pour laligne
du bas:La monodromie N est donc définie par la
multiplication
parT. (2,~ ~)-1.
On passe maintenant à
l’explicitation
des différentielles pour laligne
du haut
(cf. [1]
pour lerappel
des définitions des différentsopérateurs):
la différentielle d :
I~ - 2, -1-~ K -1, o
est donnée paret la différentielle d :
K -1, ° -~ K o,1
est donnée parPour la
ligne
dubas,
la différentielle d :K0,-1 - K1,0
est donnée par259
et la différentielle d :
K 1 ~ ° ~ I~ 2,1
est donnée parL’examen des
premiers
termes non nuls des deux dernières expres- sionspermet
d’exhiber l’inclusion de dans à uneclasse x de
représentée
par uncycle (ie.
donne 0 si on lui ap-plique d)
y dans on associe l’élément de y. T dequi
est bien un
cycle
dont onprend
laclasse,
cequi
fournit un élément degr0WH1(X*).
De même avec une classe y de
représentée
par uncycle (ie.
donne 0 si on luiapplique d) fi
dans(A ° ~ 1 ® A 1, o )R,
on associel’élément
2 ~ ~)~ fl . T ° qui
est bien uncycle
dont onprend
laclasse,
cequi
fournit un élément degr2W Hl (X* ).
Partant maintenant d’une forme
D x 1 ),
comme celle-ci estholomorphe,
on a = 0et, puisque X
est Kählérienne(et
donc ordi-naire,
comme une courbe deMumford!), d’(w)
=0;
d’où par suite aussi8(o)
= 0 etd " ( cv )
= 0. Ondispose
donc d’une flèche naturellequi
à c~ associe Lesdescriptions précédentes
rendentalors claire la
PROPOSITION.
L’isomorphisme
d’Eichler-Shimura s’identifie à l’iso-morphisme
de monodromiearchimédienne,
ie. on a undiagramme
com-mutatif dans
lequel
toutes les flèches sont desisomorphismes
REMARQUE.
La définition de la flèche(3) suggère
d’écrire l’iso-morphisme
d’Eichler-Shimura Sh :H ° (X, R)(1), lequel
«twist» est
parfaitement
en accord avec l’écriture del’isomorphisme
d’Eichler-Shimura
p-adique lorsque
l’on tientcompte
de l’action de frobenius.RÉFÉRENCES
[1] K. CONSANI, Double
complexes
and EulerL-factors, Compositio
Math., 111, n.3 (1998), pp. 323-358.
[2] C. DENINGER, Motivic
L-functions
andregularized
determinants, Procee-dings
ofSymposia
in Pure Mathematics, volume 55 (1994), part 1, pp.707-743.
[3] M. GROS, Sur les
(K0,
~, N)-structures attachées aux courbes deMumford, Preprint.
[4] YU I MANIN, Three-dimensionnal
hyperbolic
geometry as ~-adic Arakelov geometry, Inv. Math., 104 (1991), pp. 223-244.Manoscritto pervenuto in redazione il 22 settembre 1998.