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Etude par RPE et ENDOR des conséquences de la transition de phase para-ferroélectrique sur le comportement de radicaux libres dans le cristal de KH2AsO4 irradié

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Academic year: 2021

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HAL Id: jpa-00209291

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Submitted on 1 Jan 1980

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Etude par RPE et ENDOR des conséquences de la transition de phase para-ferroélectrique sur le comportement de radicaux libres dans le cristal de

KH2AsO4 irradié

J. Gaillard, P. Gloux

To cite this version:

J. Gaillard, P. Gloux. Etude par RPE et ENDOR des conséquences de la transition de phase para-

ferroélectrique sur le comportement de radicaux libres dans le cristal de KH2AsO4 irradié. Journal

de Physique, 1980, 41 (7), pp.647-655. �10.1051/jphys:01980004107064700�. �jpa-00209291�

(2)

Etude par RPE et ENDOR des conséquences de la transition de phase para-ferroélectrique sur le comportement de radicaux libres dans le cristal de KH2AsO4 irradié

J. Gaillard et P. Gloux (*)

Section de Résonance Magnétique, Département de Recherche Fondamentale, Centre d’Etudes Nucléaires de Grenoble, 85X, 38041 Grenoble Cedex, France

(Reçu le 5 décembre 1979, accepté le 14

mars

1980)

Résumé.

2014

Le comportement à la transition de phase et en phase ferroélectrique des radicaux libres créés par irradiation 03B3 dans KDA est mieux compris, à la suite de diverses études par RPE et ENDOR. L’abaissement de

symétrie provoqué par l’apparition de l’ordre ferroélectrique entraîne un dédoublement des radicaux de type

AsO2-3 en des espèces chimiquement différentes

2014

ce qui n’est pas le cas pour le radical de type AsO4-4. Diverses

transformations radicalaires thermiquement réversibles sont observées et tendent toutes à réaliser une meilleure

adaptation de ces espèces à l’environnement ferroélectrique.

Abstract.

2014

The behaviour at the phase transition and in the ferroelectric phase of the free radicals created by

03B3 irradiation in KDA is now better understood following various EPR and ENDOR studies. The symmetry lowering caused by the appearance of the ferroelectric ordering leads to a splitting of the AsO2-3 radicals into

chemically distinct species, unlike the case of the AsO4-4 radical. Various thermally reversible radical trans- formations are observed all of which tend to adjust these species to the ferroelectric surroundings.

Classification

Physics Abstracts

76.30R - 77.80

-

76.70D

1. Introduction.

-

Sous irradiation y à tempéra-

ture ambiante plusieurs radicaux libres sont formés à

partir des ions H2 As04 dans les arséniates ferro-

électriques de la famille de KDP (KH2P04). Dans

l’arséniate de potassium KDA on crée ainsi quatre radicaux principaux, un de type As04- [1] et trois

de type As023- [2, 3] que nous désignons par les lettres Q et K, L et M respectivement.

Nous avons observé lors de précédentes études par résonance paramagnétique électronique (RPE) que divers phénomènes affectaient les variétés L et K à T Tc. Une partie de la variété L se transforme

progressivement en-dessous du point de Curie dans

une plage de température couvrant plusieurs dizaines

de degrés : il en résulte à très basse température un

nouveau radical que nous appelons Li [4]. Par contre

la presque totalité de la variété K se transforme soudainement au point de Curie même en deux centres

KI et QI respectivement de type As03- et As04- [5].

Selon la théorie de Slater [6] et en accord avec les expériences de Bacon et Pease [7] à l’ordre ferro-

électrique sont associés des domaines de polarisation opposée qui renferment des tétraèdres As04 à confi-

gurations de Slater soit toutes hautes soit toutes basses. Nous avons établi par double résonance

électronique et nucléaire (ENDOR) que la formation des radicaux L, [4] et K, [8] relevait d’un même

phénomène, à savoir un changement de la configura-

tion des protons dans les liaisons hydrogène

o-H...0 reliant le radical à trois tétraèdres As04

voisins. Sous la contrainte exercée par l’environne- ment ferroélectrique une partie des variétés L et K, dont les configurations à trois protons dérivent des

configurations de Slater de type latéral, se transforme

en des radicaux L, et Kl, dont les configurations à

trois protons dérivent des configurations de Slater

de type haut ou bas.

Nous poursuivons ici l’étude par RPE-ENDOR de la nature des radicaux de type As03- et de leur

comportement en fonction de la température

dans KDA. La variété M n’avait jusqu’ici fait l’objet

d’aucun examen approfondi : nous mettons en

évidence un dédoublement du signal de RPE au point de Curie. Nous trouvons également ce phéno-

mène pour la variété L, à la suite de son réexamen

par RPE. Cette nouvelle donnée expérimentale nous

conduira à modifier partiellement les conclusions formulées dans la référence [4]. Par ailleurs, nous

avons pu réaliser l’étude par ENDOR à T

=

2 K (*) Centre National de la Recherche Scientifique.

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01980004107064700

(3)

648

des radicaux « M » (1). Nous montrerons qu’à l’instar

des radicaux « L » ou o K », ces radicaux, appelés

M* et M1, dérivent des configurations respectivement

de type latéral et de type haut ou bas.

De l’ensemble des observations effectuées à ce

jour se dégage une interprétation des divers phéno-

mènes rencontrés qui paraît cohérente et que l’on trouve dans la conjugaison de deux effets de l’ordre

ferroélectrique sur les comportements radicalaires.

Contrairement au radical Q, les radicaux de type

As0§’ se dédoublent en deux espèces chimiquement

différentes à l’apparition de l’ordre ferroélectrique en

relation avec l’abaissement de la symétrie. L’une des espèces voire les deux sont susceptibles de se trans-

former pour mieux s’intégrer à l’environnement

ferroélectrique. La nature d’une transformation et son évolution dépendront du radical concerné. Il en

résulte les diverses situations que l’on trouve dans le comportement des radicaux issus des variétés K, L, M

initiales.

D’un point de vue structural, nous montrerons également que les centres « M » présentent un envi-

ronnement protonique différent de ceux des centres

« L » et « K ». On trouve en effet, en sus des trois protons définissant la configuration radicalaire, zéro,

un, deux protons supplémentaires pour les centres

respectivement « L », « M », « K ».

2. Résultats expérimentaux.

-

Les techniques de

RPE en bande X et d’ENDOR utilisées, le calcul à

partir de la spectroscopie ENDOR des couplages hyperfins des protons dans le cas des radicaux de type AsO3- ont été développés ailleurs. Pour ces

questions, on se reportera à l’article [4] et aux réfé-

rences qu’il renferme. Nous présenterons au para-

graphe 2.1 l’étude par RPE des radicaux « M » et o L » et au paragraphe 2.2 l’étude par ENDOR des radicaux « M ».

2.1 ETUDE PAR RPE DES RADICAUX « M » ET « L ».

-

Pour toute orientation du champ magnétique H, le spectre de RPE d’un radical AsO3- présente

quatre groupes de raies très espacés caractéristiques

de la forte interaction hyperfine entre le spin électro- nique et le spin du noyau de 75 As (I= 3/2). Afin

de replacer les espèces sous étude dans le contexte,

nous présentons à la figure 1 l’ensemble du spectre de RPE à température ambiante lorsque le champ magnétique H est aligné le long de la direction c,

direction selon laquelle tous les sites radicalaires sont

magnétiquement équivalents. L’axe c, axe 4 de la phase paraélectrique, s’identifie à la direction de la

polarisation électrique en phase ferroélectrique. Nous

(’) Nous rassemblons

sous

le symbole « X » tous les radicaux existant à

une

température donnée qui

se

rattachent à la variété X

unique de la phase paraélectrique.

Fig. 1.

-

Spectre de RPE à température ambiante pour H4ec. Les raies supplémentaires à g

=

2 sont attribuées à des radicaux dont la densité de spin est principalement distribuée sur des atomes d’oxy- gène [2, 15].

[EPR spectrum at room temperature for H/ c. The additional lines near g

=

2 are attributed to radicals whose spin density is

distributed principally over oxygen atoms [2, 15].]

adoptons le repère trirectangle aac déjà défini dans la référence [4] et nous ne distinguerons les deux

axes a par les indices 1 et 2 que lorsqu’il sera question

de la réponse RPE d’un seul site, étant entendu par ailleurs que la réponse RPE globale est identique

dans ces directions. Notre étude porte sur les transi- tions RPE à haut champ. Nous montrons à la figure 2

les dépendances angulaires correspondantes à T= 2 K

des espèces finales M* et M 1. Nous avons présenté

ailleurs celles des espèces L et LI [4, Fig. 3].

Fig. 2.

-

Dépendances angulaires à T

=

2 K des transitions RPE à haut champ des espèces M* et Ml (la valeur de H est exprimée

par la fréquence de résonance du proton libre,

en

MHz).

[Angular dependences at T

=

2 K of the high field EPR transitions for M* and M1 species (the value of H is expressed in terms of the

free proton

resonance

frequency, in MHz).]

En phase paraélectrique, un tétraèdre As04 pré-

sente les symétries C2 et S4 autour de l’axe c. Aux quatre possibilités également probables parce qu’équi-

valentes de rupture d’une liaison As-0 correspondent

pour un radical de type As03 - quatre sites d’égale

(4)

concentration reliés par ces mêmes symétries. Au changement de phase, l’ordre qui s’instaure dans le cristal en créant les domaines de polarisation opposée s’accompagne d’une restriction dans l’application de

la symétrie S4. La symétrie S4 est brisée à l’intérieur du domaine au niveau du tétraèdre mais persiste

toutefois entre domaines de polarisation opposée,

reliant ainsi leurs sites tétraédriques respectifs. Cette

circonstance permet de retrouver les quatre sites précédents pour tout radical de type AsO3-, et en

concentration encore égale puisqu’il est nécessaire

que les deux types de domaines occupent un volume égal pour que la polarisation soit globalement nulle.

Dans un plan ca, ces sites sont tous magnétiquement inéquivalents et l’on observe donc quatre courbes.

Dans le plan aa, seuls les sites liés par S4 sont inéqui-

valents et il leur correspond deux courbes d’allure

symétrique par rapport à une horizontale. La situa- tion est en fait plus complexe parce qu’il existe en

réalité deux orientations possibles du tétraèdre initial, soit un total de huit sites pour un radical As03- :

cela a pour effet de doubler le nombre de sites iné-

quivalents dans le plan aa l’on observe donc finalement quatre courbes, mais par contre cela n’a pas d’incidence dans un plan ca les sites corres-

pondant aux deux orientations du tétraèdre sont deux par deux équivalents.

Comme tous les radicaux As03-, les radicaux M*

et Mi présentent une interaction hyperfine avec

l’arsenic de symétrie quasi axiale. Dans un repère

direct a, a2 c l’axe du tenseur de l’un des sites a pour cosinus directeurs (0,182 ; - 0,683 ; 0,683) pour le radical Mi et (0,136; - 0,727 ; 0,654) pour le radi- cal M*. On s’attend à trouver cet axe proche de la

direction de la liaison As-0 rompue. C’est effecti- vement le cas, mais à un degré moindre que pour les radicaux o L » ou o K ». En effet, l’évaluation des cosinus directeurs de la direction de cette liaison As-0 [4] basée sur les données cristallographiques

se rapportant aux cristaux isomorphes de KDP [9],

laissait l’alternative de choisir (0,380 ; - 0,699 ; 0,606)

ou (0,408 ; - 0,740 ; 0,535) selon que le site considéré était dans un type de domaines ou dans l’autre, c’est-à-dire encore selon que la rupture portait sur

un fragment de type Asr-0-H

...

0 ou

respectivement. Nous avions trouvé (0,418 ; - 0,665 ; 0,620) pour le radical Li et (0,380 ; - 0,774 ; 0,506)

pour le radical L.

Lorsque le cristal est refroidi de l’ambiante jusqu’au point de Curie, la position des raies des variétés L

et M varie un peu sans que cela ne semble sortir du cadre d’une évolution normale fonction des modifi- cations du réseau. Comme nous l’avions souligné précédemment [4], près du point de Curie, l’augmen-

tation des pertes diélectriques dans l’échantillon

perturbe sérieusement l’expérience puisqu’elle a pour

effet de « tuer » le signal de RPE. Nous utilisions alors les mêmes cristaux pour les expériences de RPE

et d’ENDOR et il importait donc qu’ils soient volu- mineux pour fournir une réponse ENDOR satisfai- sante. Nous avons cette fois-ci choisi des cristaux

spécialement destinés à l’étude par RPE. En effet, le phénomène sera minimisé si l’on emploie des aiguilles

cristallines ayant poussé selon l’axe de polarisation c

et alignées suivant l’axe vertical de la cavité réson- nante (de mode TE102) : dans ces conditions H est

toujours placé dans le plan aa perpendiculaire c.

Nous avons ainsi pu observer les signaux de RPE

dans la région du point de Curie. Nous avons plus particulièrement examiné les spectres obtenus lorsque

H est dans la direction à 450 des axes a, où la résolu- tion est la meilleure.

Pour cette orientation de H, les huit sites d’un radical As03 - sont quatre par quatre équivalents.

La figure 3a montre la plus haute en champ des

deux raies de RPE correspondantes pour le radical M au-dessus du point de Curie. Au changement de phase, deux nouvelles raies d’intensité semblable

Fig. 3.

-

Dédoublement à la transition de phase de la raie de RPE de plus haut champ des variétés M et L lorsque H est dans la

direction à 45° des

axes a.

Nous précisons que les conditions de

puissance hyperfréquence et de gain

ne

sont pas exactement les mêmes dans les différents spectres. On notera de plus

une

inversion

de la phase entre les signaux des radicaux

«

M

»

et

«

L

».

Les raies satellites de faible intensité correspondent

aux

retournements simultanés du spin d’un électron et du spin d’un proton. Nous

avons d’autre part vérifié que l’instauration de l’ordre ferroélec-

trique n’était pas le prétexte à

une

transformation d’une partie

des radicaux

«

M

»

(ou

«

L »)

en

une autre variété radicalaire.

[Splitting at the phase transition of the highest field EPR line of the M and L radicals when H lies at 45° to the

a axes.

The microwave power and gain conditions

are

not exactly the

same

for the different spectra. The phase is inverted between signals of the « M » and « L

»

radicals. The low intensity satellite lines correspond to simulta-

neous spin-flips of

an

electron and

a

proton. We have also verified that the onset of ferroelectric order did not give rise to

a

transfor-

mation of

a

fraction of radicals « M » (or « L ») into another

paramagnetic center.]

(5)

650

apparaissent de part et d’autre de cette raie et croissent à ses dépens. La coexistence des raies des deux phases

ne persiste que sur une très petite plage de tempéra-

ture de moins de deux degrés qui nous semble déjà trop grande pour être entièrement justifiée par un

gradient thermique dans l’échantillon. Un exemple

de cette coexistence est fourni par la figure 3b : nous

notons que l’intensité de l’une des raies de la phase ferroélectrique est affectée par la proximité de la

raie de la phase paraélectrique. Dans la figure 3c,

par contre, la raie de la phase paraélectrique a complè-

tement disparu. Les investigations rapportées dans la

référence [4] pour les radicaux o L » n’avaient pas livré trace d’un quelconque dédoublement du signal

lors de sa réapparition en phase ferroélectrique. Nous

en avions conclu que la variété L préservait son unité

lors du franchissement du point de Curie. Nous

avons constaté depuis qu’un manque de précision

dans l’évaluation de la températuré nous avait conduits à surestimer l’écart séparant le point de Curie de la

température le dédoublement commençait à être

manifeste dans la figure 4 de la référence [4]. Et maintenant, dans les mêmes conditions que ci-dessus pour les centres « M », nous trouvons pour les centres

« L » que la raie de RPE la plus haute en champ, unique dans la figure 3a, est également dédoublée

dans la figure 3c en deux raies d’intensité semblable.

D’autre part, l’observation de deux raies d’intensité

inégale dans le spectre intermédiaire (Fig. 3b) s’explique par la superposition de la raie de la phase paraélectrique avec l’une de celles de la phase ferro- électrique. On peut donc déjà conclure, tant pour la variété L que pour la variété M, à un dédoublement du radical en deux espèces d’égale concentration dès

son passage en phase ferroélectrique.

La figure 4 montre l’évolution en fonction de la

température en phase ferroélectrique de la position

des raies sous étude des radicaux « L » et « M ». On observe durant plusieurs dizaines de degrés des

variations plus ou moins importantes selon l’espèce.

L’ensemble n’évolue plus guère en-dessous de 30-

Fig. 4.

-

Variation

en

fonction de la température de la position

des raies de RPE de plus haut champ des radicaux

«

M

»

et

«

L

»

lorsque H est dans la direction à 45° des

axes a

(la valeur de H est exprimée par la fréquence de résonance du proton libre,

en

MHz).

[Temperature variation of the position of the highest field EPR

lines of ,the

«

M

»

and

«

L » radicals when H lies to 45° to the

a axes

(the value of H is expressed in terms of the free proton

reso-

nance

frequency, in MHz).]

40 K et les raies correspondent alors aux espèces

finales M*, Ml et L, L 1. Ces phénomènes sont évi-

demment thermiquement réversibles : on retrouve les raies des radicaux L et M de la phase paraélectrique

en réchauffant l’échantillon.

Nous avions précéd.emment [4] observé durant l’évolution en phase ferroélectrique des centres « L »

des variations opposées de l’intensité de leurs signaux,

et nous avions alors conclu que l’une des espèces se

transformait partiellement en l’autre. Nous aban- donnons cette interprétation après avoir vérifié que les phénomènes observés étaient en fait liés à des

questions de saturation et d’élargissement de signal.

En définitive, pour les radicaux « L » comme pour les radicaux « M », on ne trouve pas d’indices qui permettent de supposer que les espèces provenant du dédoublement soient reliées par un équilibre dépen-

dant de la température.

2.2 ETUDE PAR ENDOR DES RADICAUX M* ET Mu

- Nous avons interrogé par ENDOR à T

=

2 K les raies de RPE correspondant à la transition à haut

champ des radicaux M* et M 1. Les spectres obtenus

sont caractéristiques de couplages hyperfins entre

l’électron et des protons, mais la réponge ENDOR

est généralement complexe en raison du recouvre- ment plus ou moins important des raies de RPE des radicaux M*, M1 et même de celles d’autres radicaux de même type mais de concentration toutefois plus

faible. Nous avons pu identifier les raies d’ENDOR propres aux espèces M* et M 1 en comparant l’in- tensité des signaux en différents points de la raie

de RPE. Nous montrons aux figures 5, 6 et 7 les dépendances angulaires des transitions ENDOR dans les plans al a2, a2 c et cal pour le site déjà choisi en

RPE pour chacune des espèces M* et M 1. L’ensemble

est tracé à valeur de champ fixe, correspondant à une fréquence de résonance de 17 MHz pour le proton libre. Les deux courbes associées à un couplage hyperfin avec un proton sont repérées par le signe +

Fig. 5.

-

Dépendances angulaires à T

=

2 K des transitions ENDOR des espèces M* et Mi dans le plan al a2.

[Angular dependences in the al a2 plane at T

=

2 K of the ENDOR

transitions for the M* and Ml species.]

(6)

Fig. 6.

-

Dépendances angulaires à T

=

2 K des transitions ENDOR des espèces M* et Ml dans le plan a2

c.

[Angular dependences in the a2

c

plane at T

=

2 K of the ENDOR transitions for the M* and Mi species.]

ou le signe - suivant qu’elles correspondent à l’état

de spin électronique + 1/2 ou - 1/2.

A partir de ces courbes, on calcule pour chaque espèce M* ou Mi quatre couplages hyperfins qui

dénotent l’existence de quatre protons dans le voi-

sinage immédiat du radical. Les tenseurs hyperfins correspondants sont rassemblés dans le tableau 1 : les parties isotrope et dipolaire sont exprimées en

MHz et les directions principales sont repérées par leurs cosinus directeurs dans le référentiel ai a2 c.

2.2.1 Configurations radicalaires de M* et Ml. -

On trouve, comme pour les radicaux « L » [4] ou pour

Fig. 7.

-

Dépendances angulaires à T

=

2 K des transitions ENDOR des espèces M* et Mi dans le plan cal.

[Angular dependences in the cal plane at T

=

2 K of the ENDOR transitions for the M* and Mi species.]

le radical K, [8], les couplages avec les protons ders

trois liaisons hydrogène 0-H

...

0 qui relient le radical à trois tétraèdres voisins. Nous avons adopté

la même numérotation que dans la référence [4] pour

appeler chaque liaison hydrogène : le couplage correspondant est facilement identifiable par compa- raison avec ceux des radicaux « L » et on note, en

particulier, que les cosinus directeurs de la direction principale associée à la valeur dipolaire positive sont caractéristiques de la liaison concernée. Comme c’était déjà le cas ci-dessus pour l’axe du tenseur de

couplage de l’arsenic, on observe également certaines modifications si l’on compare les tenseurs de couplages

Tableau 1.

---

Tenseurs d’interactions hyperfines des protons des espèces M* et M 1 -

[Hyperfine interaction tensors of protons for the M* and Mi species.]

(7)

652

des protons des radicaux « M » et « L ». Ces modi- fications peuvent faire penser à une- répartition dif-

férente de la densité de spin. Elles sont de toute

manière suffisamment limitées pour que l’analyse

réalisée dans le cas des radicaux « L » d’un point

de vue configurationnel reste entièrement applicable

ici et conduise donc à la même interprétation. Dans

la liaison hydrogène 1 le proton est en position proche de l’oxygène du radical dans le cas de M* et

éloignée dans le cas de M 1. Dans la liaison hydrogène 3, qui est perpendiculaire à la liaison hydrogène 1, on

trouve la situation inverse. Le faible couplage iso-

trope négatif du proton 3 de Li (- 0,73), comparé

à celui du proton 1 de L (- 4,51), nous avait posé quelque problème : ce n’est pas le cas ici où les valeurs sont - 3,43 (proton 3 de M 1) et - 3,45 (proton 1

de M*). Dans la liaison hydrogène 2, qui est paral-

lèle à la liaison hydrogène 1, le proton est dans les deux cas en position éloignée. On note la grande

similitude des couplages lorsque, dans une liaison hydrogène, le proton est de même type pour les deux espèces : c’était déjà le cas pour les radicaux « L » pour des couplages plus forts du proton 2.

Nous en concluons que les configurations à trois

protons (un proche, deux éloignés) des centres M*

et M1, à l’image de celles des centres L et L1, dérivent

des configurations de Slater de type respectivement

latéral (où les protons éloignés sont dans des liaisons

perpendiculaires) et haut ou bas (où les protons éloignés sont dans des liaisons parallèles). On se

reportera à la page 418 de la référence [4] pour une

description plus détaillée des configurations radica-

laires.

2.2.2 Le quatrième proton.

-

En définitive, c’est

surtout l’existence d’un couplage supplémentaire qui distingue les centres « M » des centres « L ». Ce couplage étant très semblable pour les centres M*

et M 1, nous en déduisons que la position du proton

ne dépend pas de la nature de la configuration radi-

calaire. Dans la mesure où la direction principale

associée à la valeur dipolaire positive est proche de

la direction de la liaison hydrogène rompue, on peut

se demander si l’on ne retrouve pas ainsi le proton correspondant dont la position aurait donc été peu affectée par la formation du radical. Nous nous étions déjà posés la question pour le proton 4 du radical KI [8]. Il existe effectivement des analogies

entre les couplages : les valeurs dipolaires en parti-

culier sont très voisines. Nous n’avons toutefois pas

d’explication à avancer pour justifier la différence

d’orientation des directions principales : en particulier

celle associée à la valeur dipolaire positive s’apparente

pour le radical K, à la direction AsH et non à la

direction de liaison hydrogène dans le fragment

Dans le cas des radicaux « K », la transformation d’une partie de l’espèce As03 - en le radical Q 1 de

type As04- à la transition de phase pouvait laisser

supposer que, lors de la rupture de la liaison As-0,

la liaison hydrogène 0-H

...

0 avait été préservée.

Nous ne pouvons rien dire de tel dans le cas des radicaux « M » pour lesquels on n’observe pas de transformation AS02- , AS04-.

3. Le comportement des radicaux As03 - à la tran-

sition de phase et en phase ferroélectrique. Discussion.

-

Toute espèce radicalaire est par nature hors d’équi-

libre puisqu’il suffit de chauffer le cristal pour qu’elle disparaisse de manière irréversible. Mais ici, dans la plage de température intéressante, ces phénomènes

irréversibles sont très ralentis et ne sont donc pas

susceptibles d’interférer avec des transformations qui préserveraient la nature radicalaire. Dans ces condi-

tions, l’existence d’une telle transformation sera

motivée par les deux facteurs habituels. Elle sera

thermodynamiquement requise si elle conduit à une

augmentation de la stabilité, c’est-à-dire à un abaisse- ment de l’énergie libre d’interaction avec le domaine,

son déroulement en fonction de la température dépendant du gain énergétique obtenu. Mais elle ne sera cinétiquement réalisable que si elle présente une énergie libre d’activation suffisamment faible.

Nous avons pu constater que le passage en phase ferroélectrique entraînait un dédoublement des radi-

caux L ou M en deux espèces d’égale concentration.

On recense dans la littérature d’autres phénomènes

du même genre à l’occasion de transitions de phase.

Il est parfois trouvé, comme par exemple dans les

cristaux de TGS [10], une relation entre le dédouble-

ment et la polarisation spontanée au cours de l’évo-

lution en température en phase ferroélectrique. Cette

situation ne se présente pas ici. On note d’abord

qu’il n’existe pas de ligne directrice dans l’évolution des signaux qui est très variable selon l’espèce. Et

d’autre part, près des neuf dixièmes de la polarisation

sont acquis dès le point de Curie [11, Fig. 4]. L’obser-

vation de phénomènes de dédoublement apporte toutefois la preuve qu’il existe une certaine inter- action entre ces radicaux et le milieu ferroélectri- que : s’il était possible d’envisager qu’un radical puisse constituer autour de lui une sorte de « cluster » où il se soustrairait à l’influence de l’environnement,

ce n’est certainement pas le cas ici.

Dans tout ce qui précède, nous avons considéré

comme une évidence que les espèces provenant du dédoublement étaient localisées dans les domaines et cela d’ailleurs s’accordait parfaitement avec les consi-

dérations de symétries et de sites. On ne peut toute- fois exclure la possibilité de retrouver dans les parois séparant les domaines une fraction d’un radical.

En raison du très faible volume que ces parois occu-

pent par rapport aux domaines, on doit s’attendre à ce que cette fraction soit faible et conduise à des

signaux très petits, voire indétectables, en compa-

(8)

raison de ceux provenant des domaines (2). La question ne pouvait donc se poser pour les espèces

sous étude puisque l’on constate, au vu des signaux

de RPE, que la somme de leurs concentrations est

du même ordre que la concentration radicalaire en

phase paraélectrique.

Le dédoublement d’une espèce radicalaire As03 -

à la transition de phase s’explique fort naturellement par l’instauration de l’ordre ferroélectrique dans le

milieu environnant. Il provient du fait que les sites radicalaires qui étaient reliés en phase paraélectrique

par la symétrie S4 autour de l’axe c ne peuvent, dans

un domaine ferroélectrique, qu’appartenir à deux

entités chimiquement différentes (3) en raison de la perte de cette symétrie par le tétraèdre As04. Chaque

« site » est caractérisé par la position dans le tétraèdre

de la liaison As-0 rompue, soit haute, soit basse, la verticalité étant définie par l’axe c.

On peut se demander si certaines impuretés, cer-

tains défauts déjà privés de la symétrie S4 en phase paraélectrique n’orienteraient pas la formation des domaines. Si tel était le cas pour les radicaux L ou M, il devrait exister une corrélation entre la nature du site As03 -, caractérisée par la position de la liaison

rompue, et le type du domaine qui va l’entourer, soit haut, soit bas. Cela aurait pour effet de privilégier la

formation de l’un des « sites » qui dérive de L ou M

au détriment de l’autre, voire cas extrême de ne donner lieu qu’à l’un d’entre eux. Puisque ce n’est pas ce

qu’on observe, on rejettera catégoriquement l’hypo-

thèse initiale. Nous ajouterons dans le cas du radical L que, puisque ses configurations à trois protons dérivent des configurations de Slater de type latéral, il ne saurait être question que sa présence favorise la formation des configurations polaires de l’un ou

l’autre type de domaines.

La question se pose dans la littérature [12] de

savoir si certains défauts ne s’entoureraient pas, en

phase paraélectrique près de la transition, de « clus-

ters » ferroélectriques, prémices de la phase basse température. Ce problème se présente chaque fois

que l’observation d’un défaut, observation par nature purement locale, met en évidence une coexistence des

(2) Nous écartons l’éventualité que pour

un

type de radicaux la concentration dans les parois puisse être très supérieure à la

concen-

tration moyenne

en

phase paraélectrique. On

ne

peut envisager

que la création d’une paroi soit systématiquement favorisée par la présence d’un radical : la structure planaire des parois

ne

peut s’accorder

avec

la répartition

a

priori aléatoire des radicaux

en

phase paraélectrique. On

ne

peut d’autre part supposer

une

migra-

tion des radicaux

vers

les parois, les phénomènes de diffusion étant

certainement pratiquement inexistants à T Tc

=

97 K pour

ces

espèces.

(3) Dans la suite le mot site entre guillemets désignera l’une

ou

l’autre de

ces

entités.

(4) La RPE à elle seule

ne

permet pas d’identifier les configura-

tions de protons qui entourent

un

radical de type As03-. Le

manque de résolution RPE interdit toute

mesure

des couplages

des protons. On

ne

peut d’autre part faire appel à des considéra- tions de symétrie puisque toute espèce As03-, quelle que soit

sa

configuration de protons, est par nature dépourvue de toute symétrie.

espèces des phases paraélectrique et ferroélectrique.

Compte tenu des considérations précédentes, la

coexistence trouvée lors de l’étude par RPE des radicaux As03 - ne peut relever d’une telle interpré-

tation.

Il faut en fait considérer que les radicaux As03 - L

ou M sont piégés dans les domaines : il faut supposer l’existence d’une énergie d’activation suffisamment

grande pour qu’aucune transformation d’un « site » dans l’autre ne puisse se développer à la transition de phase ou en phase ferroélectrique, étant entendu par ailleurs que leurs énergies libres d’interaction n’ont, a priori, aucune raison d’être identiques. Dans

ces conditions, l’égalité des concentrations entre sites au-dessus du point de Curie est effectivement

préservée entre « sites » au-dessous du point de Curie

comme on l’observe ici pour les centres « L » et « M ».

La dynamique intrinsèque présente au niveau d’un tétraèdre en phase paraélectrique suppose essentielle- ment un échange entre les six configurations de pro- tons de Slater, à savoir les deux de type haut ou bas

et les quatre de type latéral. Il est donc légitime de

penser qu’un radical AsO3- à le loisir de s’entourer des configurations à trois protons, dérivées des

configurations de Slater d’un type donné, qui res- pectent sa stabilité propre. La situation la plus simple

ensuite consisterait évidemment à retrouver dans chacun des « sites » piégés dans un domaine ferro-

électrique le même radical et donc le même environ- nement protonique. Le comportement des radicaux est plus complexe puisque les études par ENDOR ont montré, tant pour les radicaux « L » que pour les radicaux « M », que les configurations à trois protons qui entourent les « sites » à très basse tem-

pérature dérivent des configurations de Slater de type différent. Cela prouve que certaines réorganisa-

tions locales au niveau de tel ou tel « site » sont

imposées par l’ordre ferroélectrique pour minimiser

l’énergie libre de l’ensemble. Ce résultat n’est pas surprenant car, quelles que soient les configurations

radicalaires initiales, la position de chaque proton serait nécessairement en conflit avec l’environnement

ferroélectrique pour l’un ou l’autre « site ».

De l’ensemble de nos études par RPE-ENDOR du comportement des centres « L » se dégage l’inter- prétation qui suit. A la transition de phase, la faiblesse du dédoublement du signal de RPE doit être le signe

que la formation des deux « sites n’implique de changement ni dans la nature du radical, ni dans les configurations protoniques qui l’entourent par rap- port à la phase paraélectrique. En phase ferroélec- trique, le signal de RPE de l’un des « sites » évolue suffi- samment peu pour que nous -supposions encore qu’il n’y ait pas de changement et nous retrouvons

donc dans cette espèce la variété L de la phase para-

électrique. Compte tenu de la détermination par ENDOR des configurations basse température (4),

nous pouvons conclure que :

(9)

654

-

Le centre L de la phase paraélectrique ou le

« site » L est associé aux configurations à trois pro- tons (un proche, deux éloignés) qui dérivent des configurations de Slater de type latéral.

-

Le deuxième « site change de configurations

pour donner à basse température le centre L, associé

aux configurations à trois protons (un proche,

deux éloignés) qui dérivent des configurations de

Slater de type haut ou bas.

La transformation, matérialisée par l’évolution

régulière de la position du signal de RPE dans une plage de plusieurs dizaines de degrés, permet au deuxième « site » de se mettre en accord avec l’ordre

ferroélectrique après une permutation des positions

« proche » et « éloignée » du proton dans deux liai-

sons hydrogène perpendiculaires entre elles. Un tel

phénomène ne pouvait être retenu pour l’autre

« site », car il l’aurait conduit au désaccord le plus

total en lui associant les configurations à trois pro- tons qui dérivent des configurations polaires oppo- sées à celles voulues par l’ordre. Ce « site » n’aurait pu présenter des configurations à trois protons en accord avec l’ordre ferroélectrique que si deux pro- tons avaient été en position proche : il reste finale-

ment sous la forme L qui respecte sa stabilité interne.

Dans la référence [4], nous avions proposé à tort

que :

-

Toute l’espèce restait sous une forme L unique au changement de phase, ce qui impliquait néces-

sairement la transformation d’un « site » dans l’autre.

-

Une fraction du « site existant changeait

ensuite de configurations -pour s’accorder, sous la

forme Ll, avec l’ordre ferroélectrique.

Ainsi la forme L était supposée avoir la même orientation que la forme Ll, c’est-à-dire présenter

une liaison As--0 rompue en position haute dans

un domaine haut, basse dans un domaine bas. La forme L relevant de l’autre « site », la liaison est en

réalité en position basse dans un domaine haut et haute dans un domaine bas (Fig. 8).

En ce qui concerne les centres « M », la situation n’est claire qu’à basse température. La disposition

des signaux de RPE est telle à la transition de phase qu’on ne peut, a priori, identifier les configurations

radicalaires du centre M de la phase paraélectrique

à celles de l’un ou l’autre « site ». En phase ferro- électrique, le signal de RPE dont la position évolue correspond au « site qui s’identifie à basse tempé-

rature à M* et non pas à Mi comme cela aurait été concevable par analogie avec le cas précédent. Nous

pouvons toutefois conclure que l’évolution des radi-

caux « M » est motivée par les mêmes raisons que ci-dessus puisque l’on retrouve à très basse tempé-

rature pour les radicaux M* et M 1 les configurations déjà trouvées pour les radicaux L et L, respectivement.

Le radical Ml est donc comme le radical L, en

accord avec l’ordre ferroélectrique (Fig. 8).

La ponctuation adoptée dans la figure 2

-

trait

Fig. 8.

-

Les configurations radicalaires AsOj associées à

un

tétraèdre As04 dans

un

domaine ferroélectrique : a) Le tétraèdre

en

projection dans le plan

aa.

La diagonale

en

trait interrompu

court relie les oxygènes du bas, celle

en

trait plein les oxygènes du

haut. b) Les deux sites correspondants du centre Li (ou Ml).

c) Les deux sites correspondants du centre L (ou M*).

[The As03 - radical configurations associated with

an

As04 tetràhedron in

a

ferroelectric domain : a) Projection of the tetra-

hedron in the

aa

plane. The broken line connects the lower oxygens, the continuous line connects the upper oxygens. b) The two cor- responding sites of radical L, (or Ml). c) The two corresponding

sites of radical L (or M*).]

plein ou trait interrompu court

-

classe les dépen-

dances angulaires RPE des centres M* et Mi dans

le plan aa selon le domaine. Dans la figure 3 de la

référence [4], la ponctuation des courbes de l’une des espèces L et L, doit être inversée pour obéir à la nouvelle interprétation. L’ensemble sera cohérent si l’on inverse la ponctuation des courbes de l’espèce Li.

En ce qui concerne les sites radicalaires caractérisés

au paragraphe 2 par les cosinus directeurs de l’axe du couplage avec l’arsenic, ceux des radicaux M*

et L sont dans un même type de domaines et ceux

des radicaux Mi et L, dans l’autre type.

L’évolution en température des radicaux « K »

présente de profondes différences avec celle des radi-

caux « L » et la situation paraît plus complexe. En effet, tous les phénomènes sont essentiellement concen- trés à la transition de phase où le centre K de la phase paraélectrique donne naissance au centre Kl, homo- logue du centre Li, et à un nouveau centre de type

As04-, baptisé Ql, qui se retrouvent en phase ferro- électrique en compagnie d’une fraction résiduelle du centre K lui-même [5]. Le comportement des radi-

caux « K » doit toutefois relever du même genre

d’interprétation que celui des radicaux « L ». Compte

tenu de ce que la concentration de l’ensemble K + Q 1,

à la précision des mesures près, est égale à celle du

centre KI [5], on envisagera ici aussi la séparation à

(10)

la transition de phase de l’espèce K en deux « sites » chimiquement distincts et indépendants. Mais à la

différence de ce qui a lieu dans le cas des radicaux « L » la formation de ces « sites » s’accompagne de leur

transformation. De la sorte, l’un des « sites » apparaît

sous la forme KI et est ainsi en accord avec l’ordre ferroélectrique dès le point de Curie [8]. La majeure

’ partie de l’autre « site » se présente dès le point de

Curie sous une forme QI de type AsO’- plutôt que

sous la forme K de type As03-, homologue de la

forme L précédente.

Il nous semble intéressant à la fin de cet article de faire une analyse comparative du comportement des

centres As03- et du centre AS04- Q dans leur inter- action avec le milieu ferroélectrique. En phase para-

électrique, l’espèce As04- est déjà associée aux configurations de type haut ou bas [13]. Toute l’es-

pèce s’accorde ensuite avec l’ordre ferroélectrique

dès le point de Curie, s’identifiant ainsi au « site dont la configuration polaire est la même que celle du domaine [14]. On conçoit aisément que le deuxième

« site » ne puisse exister. Sa configuration polaire

étant en complet désaccord avec le domaine, il n’était pas question qu’il concurrence énergétiquement l’autre

« site ». Et d’autre part, si nécessaire, la transforma- tion entre « sites ne représentant qu’une légère réorganisation des atomes, des protons à l’intérieur des liaisons hydrogène 0-H

...

0 en particulier,

ne devait pas demander une grande énergie d’acti-

vation : ceci est d’ailleurs corroboré par l’existence de l’échange entre les configurations équiénergétiques

haute et basse du radical Q qui est observé par RPE

en phase paraélectrique [13]. En ce qui concerne les

centres de type As03 -, la transformation d’un « site » dans l’autre supposerait un changement de direction de la liaison Asr--0 rompue avec les déplacements

d’atomes que cela implique. Nous noterons qu’à

l’inverse du cas précédent aucun échange entre les

sites radicalaires n’a été observé en phase para-

électrique, alors que pourtant les configurations

latérales sont supposées participer à la dynamique intrinsèque. On conçoit que l’énergie d’activation

puisse être ici suffisamment grande pour empêcher la

transformation : il en résulte le dédoublement observé. Par contre certaines restructurations plus

limitées portant principalement sur la position du proton dans les liaisons hydrogène, comme précé-

demment pour le centre Q, et sur l’établissement d’une liaison avec un fragment OH- voisin lors de la création du centre QI doivent correspondre à des énergies d’activation plus faibles. Diverses transform- mations, thermodynamiquement nécessaires pour une

meilleure adaptation de ces espèces à l’environne- ment ferroélectrique, peuvent ainsi se dérouler.

4. Conclusion.

-

Nous avons tenté dans cet article de faire un tour d’horizon des phénomènes qui

affectent les centres de type As03- dans leur confron- tation à l’ordre ferroélectrique. Nous avons montré

que chaque variété radicalaire se dédoublait en

deux espèces chimiquement différentes à la transition de phase, que ces espèces pouvaient subir certaines transformations de sorte que l’une d’entre elles se

conformait toujours à l’ordre ferroélectrique. Il reste

toutefois plusieurs questions auxquelles nous n’avons

pas répondu. Ainsi nous ne connaissons pas le mécanisme de la transformation L - Li, nous igno-

rons le détail de l’évolution des espèces de type « M ».

Nous pensons que pour ces questions il serait inté- ressant d’arriver à détecter les signaux d’ENDOR

dans la plage de température concernée.

Remerciements.

-

Nous tenons à remercier B. Lamotte pour ses suggestions lors de la lecture du manuscrit.

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Références

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