DÉVELOPPEMENTS POUR L’AGRÉGATION EXTERNE
Nombre de zéros des solutions d’une équation différentielle
Leçons : 220, 221, 224
[ZQ], théorème X.VI.3 Théorème
Soienta∈Retq:[a,+∞[→R+∗une fonction de classeC1. On suppose que
Z +∞
a
q
q(u)du= +∞et queq0(x) =ox→+∞
q(x)32.1
Soityune solution réelle non-nulle dey00+qy =0 sur[a,+∞[et soitN(x)le nombre de zéros dey sur[a,x].
AlorsN(x) ∼
x→+∞
1 π
Z x
a
q
q(u)du.
Démonstration :
Étape 1 : On va faire un “changement de temps” : posons, pourx∈[a,+∞[,τ(x) = Z x
a
q
q(u)du.
AlorsτestC1sur[a,+∞[et∀x ∈[a,+∞[,τ0(x) =pq(x)>0.
Doncτest une bijectionC1croissante de[a,+∞[surR+ et doncτ−1est une bijectionC1croissante deR+sur[a,+∞[.2
On pose alorsY=y◦τ−1, ie∀x∈[a,+∞[,y(x) =Y(τ(x)). En conséquence, pourx∈[a,+∞[:
y0(x) =τ0(x)Y0(τ(x)) =qq(x)Y0(τ(x))ety00(x) = q
0(x) 2p
q(x)Y
0(τ(x)) +q(x)Y00(τ(x)).
L’équation devient alors :q(x)Y00(τ(x)) + q
0(x) 2p
q(x)Y
0(τ(x)) +q(x)Y(τ(x)) =0.
En posantt=τ(x)etϕ(t) = q
0(x)
2q(x)32, on obtient finalement :
Y00(t) +ϕ(t)Y0(t) +Y(t) =0, oùt∈R+. Étape 2 : On rappelle le lemme de relèvement.3
Lemme (Relèvement)
Soienty1,y2:[a,+∞[→Rde classeC1et sans zéro commun ; on notew=y1y02−y2y01. Siy1(a) +iy2(a) =r0eiθ0, alors on peut écrire :y1=rcosθety2=rsinθ, avecr=
q
y21+y22et θ:x7→
Z x a
w(t) r(t)2dt.
Démonstration :
On poseϕ=y1+iy2(par hypothèse,ϕne s’annule jamais) etψ:x7→
Z x a
ϕ0(t)
ϕ(t) dt+lnr0+iθ0. Alors ϕe−ψ0
= ϕ0−ψ0ϕ e−ψ =
ϕ0− ϕ
0
ϕϕ
e−ψ =0.
D’où∀x∈[a,+∞[,ϕ(x)e−ψ(x)=ϕ(a)e−ψ(a)=r0eiθ0exp(−lnr0−iθ0) =1.
1. Cette hypothèse est indispensable : exhibons un contre-exemple. Prenonsa = 1 etq(x) = 4x12. On aq0(x) = 2x−13 puis
q0(x) q(x)32 =
−1 2x3 1 8x3
=−4. Résolvonsy00+4x12y=0. On commence par cherchery(x)sous la formexα; alors on trouveα= 12. Ainsi,
√xest solution de l’équation (on pourrait déjà conclure notre contre-exemple). Par la méthode de Liouville, on va chercher y(x)sous la forme√
xz(x); on se ramène alors àz00+1xz0=0 ; et on obtienty(x) =√ xlnx.
2. Rappelons que f◦f−1
(x) =xfournit f−10
(x) = 1 f0◦f−1
(x). 3. Qu’on n’aura jamais le temps de démontrer au tableau, ni même d’énoncer.
Florian LEMONNIER 1
Diffusion à titre gratuit uniquement. ENS Rennes – Université Rennes 1
DÉVELOPPEMENTS POUR L’AGRÉGATION EXTERNE
Doncy1+iy2=eψ =reiθoù l’on convientr=qy21+y22etθ=Imψ.
Mais pour toutx>a, ψ(x) =lnr0+iθ0+
Z x a
y01(t) +iy20(t)
y1(t) +iy2(t)dt=lnr0+iθ0+ Z x
a
y01(t) +iy02(t)(y1(t) +iy2(t)) r(t)2 dt.
Doncθ(x) =θ0+ Z x
a
y1(t)y02(t)−y2(t)y01(t)
r(t)2 dt=θ0+ Z x
a
w(t) r(t)2dt.
Supposons queYetY0aient un zéro commun ent0. Commeϕ(t) −→
t→+∞0 et commeϕest continue surR+, elle est bornée.
Par le théorème de Cauchy-Lipschitz, le système différentiel
Y00(t) Y0(t)
=
−ϕ(t) −1
1 0
Y0(t) Y(t)
admet une unique solution quand on lui rajoute la condition
Y0(t0) Y(t0)
= 0
0
. Ainsi,Y≡0, et doncy≡0. Mais on avait exclu cette éventualité : contradiction.
DoncYetY0n’ont aucun zéro commun.
Par le lemme de relèvement, on obtientY=rsinθetY0 =rcosθ, oùr,θ:R+→RsontC1. Étape 3 : En dérivant ces égalités, on obtient :
Y0 = r0sinθ+rθ0cosθ = rcosθ (L1) Y00 = r0cosθ−rθ0sinθ = −ϕrcosθ−rsinθ (L2) . Alors cosθ(L1)−sinθ(L2)fournit :rθ0 =r+ϕrcosθsinθ.
Et sachant querne s’annule pas, on a :θ0 =1+ϕsin 2θ 2 . Ainsi,∀t∈R+,|θ0(t)−1|=|ϕ(t)||sin 2θ(t)|
2 6 |ϕ(t)|
2 . Orϕ(t) −→
t→+∞0, doncθ0(t) −→
t→+∞1.
Comme Z +∞
0 dtdiverge, on a :θ(t)−θ(0) = Z t
0 θ0(s)ds ∼
t→+∞ Z t
0 ds=t.
En conséquence, on obtient :θ(t) ∼
t→+∞t.
Étape 4 : NotonsMbale nombre de zéros deYsur[a,b]; on va montrer queM0t ∼
t→+∞
t π. Soitt0∈R+, tel que∀t>t0,θ0(t)>0, alors dès quet>t0, on a :
Mtt0 =#{u∈[t0,t]|sinθ(u) =0}=#{v∈[θ(t0),θ(t)]|sinv=0}=#{k∈Z|θ(t0)6kπ6θ(t)}
= θ(t)
π
− θ0
π
+1 ∼
t→+∞
θ(t)
π ∼
t→+∞
t π. On va montrer queM0t0est fini.
Par l’absurde, si on supposeMt00 =∞, alors l’ensemble{u∈[0,t0]|Y(u) =0}possède un point d’ac- cumulationu.
Soit(un)une suite dans cet ensemble qui tend versu.
CommeYestC1, on a :Y0(u) = lim
n→∞
Y(un)−Y(u) un−u =0.
Mais on a déjà vu que c’est impossible... doncMt00 <∞.
En conséquence :Mt0 ∼
t→+∞Mtt0 ∼
t→+∞
t π. Étape 5 : Enfin, rattachons cela à la quantitéN(x).
N(x) =#{s∈[a,x]|y(s) =0}=#{s∈[a,x]|Y(τ(s)) =0}=#{t∈[0,τ(x)]|Y(t) =0}
=M0τ(x) ∼
x→+∞
τ(x) π = 1
π Z x
a
q
q(u)du.
Références
[ZQ] H. QUEFFÉLECet C. ZUILY–Analyse pour l’agrégation, 4eéd., Dunod, 2013.
Florian LEMONNIER 2
Diffusion à titre gratuit uniquement. ENS Rennes – Université Rennes 1