A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
É LIE C OMPOINT M ICHAEL S INGER
Relations linéaires entre solutions d’une équation différentielle
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 6
esérie, tome 7, n
o4 (1998), p. 659-670
<http://www.numdam.org/item?id=AFST_1998_6_7_4_659_0>
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- 659 -
Relations linéaires
entresolutions d’une équation différentielle(*)
ÉLIE COMPOINT(1)
et MICHAELSINGER(2)
Annales de la Faculté des Sciences de Toulouse Vol. VII, n° 4, 1998
RÉSUMÉ. - Dans cet article, nous caractérisons les opérateurs différen-
tiels linéaires à coefficients dans
C(z)
admettant des solutions linéaire- ment indépendantes sur C, mais linéairement dépendantes surC(z).
Nousdonnons également un algorithme pour le calcul de telles relations de dé-
pendance linéaire. .
ABSTRACT. - In this paper we characterize the linear differential ope- rators with coefhcients in
C(z)
that have solutions linearly independentover C but linearly dépendent over
C(z).
We give an algorithm to com-pute such linear relations.
1. Introduction
Soit k un corps différentiel de
caractéristique nulle,
dont le corps des constantes,C,
estsupposé algébriquement clos,
et soit L unopérateur
différentiel linéaire à coefficients dans k. Dans
[2],
lepremier
auteur amontré que si L est irréductible sur
k,
alors toute famille de solutions deL(y)
= 0 linéairementindépendante
surC,
reste linéairementindépendante
sur k. Dans la seconde
partie
de cetarticle,
nous caractérisons leséquations
différentielles
L(y)
= 0 admettant poursystème
fondamental de solutions des éléments linéairementdépendants
sur k . Nous donnons dans la troisième(*) Reçu le 13 mai 1997, accepté le 30 septembre 1997
(1) Université de Paris VI, Mathématiques, T. 46, Case 247, 4 place Jussieu, F-75230 Paris Cedex 05 (France)
E-mail : compoint@riemann.math.jussieu.fr
(2) North Carolina State University, Department of Mathematics, Box 8205, Raleigh,
NC-27695-8205 (Nouvelle Calédonie)
E-mail : singer@math.ncsu.edu.
The préparation was partially supported by NSF Grant CCR-93222422
partie
unalgorithme qui permet
dedécider,
pour certains corps différentielsk,
s’il existe des relations dedépendance
linéaire à coefficients dans k entre les éléments d’une base de solutions d’uneéquation
différentielle linéaire donnée à coefficients dans k. Deplus,
sil’opérateur
estcomplètement réductible,
nous donnons unalgorithme permettant
de déterminer toutes les relations dedépendance
linéaire à coefficients dans k de cetype.
Pourtout entier N
fixé,
nous montrons alors comment utiliser cetalgorithme
pour déterminer toutes les relations
polynomiales
dedegré
auplus
N(à
coefficients dans
k)
entre les éléments d’une base de solutions d’uneéquation
différentielle linéaire
complètement
réductible.Nous supposons que le lecteur connaît les bases de la théorie de Picard- Vessiot des
équations
différentielles linéaires(voir [7]).
.2. Relations Linéaires
Avant d’énoncer le
principal
résultat de cettepartie,
nousadoptons
lesnotations suivantes. Soit
Li
unopérateur
différentiel d’ordre r à coefficients dans le corps différentiel k et soit v =(vo,
... , E kr. Ondésigne
par
Li l’unique opérateur
unitaire à coefficients dans k dontl’espace
dessolutions est
{03BD0z
+03BD1z’
+ ... + )|
z est solution deL(z)
=0}
.On peut montrer que si
Li
est irréductible sur k et(0,
... ,0),
alors
Li
est d’ordre r et estégalement
irréductible. Deplus,
si estune extension de Picard-Vessiot de k contenant les solutions des
équations Li y
= 0 etLfy
=0,
alors les espaces de solutions de ces deuxopérateurs
sont des
Gal(K/k)-modules isomorphes,
oùdésigne
le groupe de Galois différentiel de l’extension Le corollaire 2.6 de[9]
prouveque la
réciproque
est vraieégalement :
si K est une extension de Picard- Vessiot de k contenant les solutions deLiy
= 0 etL2Y
= 0 etsi §
est unGal(K/k)-isomorphisme
del’espace
des solutions deL1 (y)
= 0 surl’espace
des solutions de
L 2 { y)
=0,
alors il existe v =( vo,
..., vr _ 1 )
E telque =
c’est-à-dire, L2
=L1.
Leprincipal
résultat de cetarticle est le suivant.
THÉORÈME 2.1.2014 Soit k un corps
différentiel
decaractéristique
nulledont le corps des constantes C est
algébriquement clos,
et soitL(y)
= 0 uneéquation différentielle
linéaire d’ordre n àcoefficients
dans k. Il existe des solutions deL(y)
=0,
linéairementindépendantes
sur C et linéairementdépendantes
sur k si et seulement si il existe unopérateur irréductible, Li
,d’ordre r n et des vecteurs vl, ... , vs de ~’’ tels que
(1~
chacun desopérateurs Lil
, ... divise L àdroite,
et(~)
les vecteurs vl, ... sont linéairementindépendants
sur C maislinéairement
dépendants
sur k.Une version
plus
faible de ce résultat se trouve dans~3~ .
La preuve duthéorème 2.1 repose sur les trois lemmes suivants. Dans le
premier
de ces lemmes(essentiellement
le lemme de Goursat(voir [8,
p.54~)),
"anneau"signifie
anneau unitaire et"module",
module àgauche.
LEMME 2.2. - Soient R un anneau et M =
Ml
® ~ ~ ~ ®Mt
un R-modulecomplètement réductible,
où lesMi
sont des R-modules irréductibles. Soit N un sous-module irréductible non nul de M. Alors il existe un ensemble d’indices I ={il,...,
et desR-isomorphismes 03C6j
:Mi1
-Mç;,
j
=2,
... , s tels queDémonstration. - Soit 03C0i la
projection
de M sur soniième
facteur.D’après
le lemme deSchur,
pourchaque i,
la restriction de ~r2 à N est soitl’application nulle,
soit unisomorphisme
de N surMi.
Soit I = ..., is }
l’ensemble des indices pour
lesquels
laiième projection
se restreint en unisomorphisme. Puisque
N est nonnul,
I est non vide. Lesapplications
= satisfont alors la conclusion du lemme. 0
LEMME 2.3.- Soient C un corps
algébriquement clos,
G un groupe linéairedéfini
sur C et k un corps contenant C. SoientV1
etV2
des G-modules de dimension
finie
sur C. Alors(1) Vl
est un G-module irréductibde si et seulement siV1
® k est un G- module irréductible(où
l’action de G sur k esttriviale);
(~)
en tant queG-modules, V1
estisomorphe
àV2
sur C si et seulementsi
V1
® k estisomorphe
àV2
® k sur k. Deplus,
sihl
etV2
sont irréductibles et si~ : V1
~ k -V2
® k est unG-isomorphisme,
alorsil existe un élément
f
E k et unisomorphisme ~
:V1
--~V2
tels que~(v
®le)
=~~v)
®fK,
pour tous v EV1
et le E k.Démonstration
(1) (voir [2,
lemme3]) Supposons
queVi
soit un G-module irréductible.Le théorème de Burnside
[8,
p.628] implique
alors que les éléments de G Cengendrent
toutel’algèbre
Donc les éléments de G CEndk(VI @c k)
=@c k engendrent
toutel’algèbre Endk(V1 @c k),
et parconséquent
lareprésentation Vl
de G est irréductible. L’autreimplication
est évidente.(2)
Soient CGL(Vi)
etp2 (G)
CGL(V2)
deuxreprésentations
matricielles de G
(définies
surC).
SiVi @ k
estisomorphe à V2 @ k
surk,
alors il existe une matrice A EG Ln (k)
telle queApi (g)A-1
=p2(g)
pour
tout g
EG(C). Puisque
etp2 (G)
sont définies surC,
leNullstellensatz de Hilbert
implique qu’il
existe une matriceA’
EGLn(C)
telle que =
p2 (g)
pour tout g EG,
etVl
etV2
sont donc des G-modulesisomorphes.
Soit B = A ~(A’) -1.
Pour tout g EG(C),
on a=
p2 (g).
Si B n’est pas de la formef ~ I,
avecf
E~,
alorsil devrait exister une matrice B’ E
GLn(C) qui
ne soit pas du type(c
EC)
et telle queB’ p2 (g)B’ -1
=p2 (g)
pour tout g EG(C).
Si p2 estune
représentation irréductible,
ceci contredit le lemme de Schur. Sous cettehypothèse,
il existe doncf
tel que A =f
A’. L’autreimplication
estclaire. D
On
désigne
par D = l’anneau desopérateurs
différentiels linéaires à coefficients dans k. Dans le lemmesuivant,
unopérateur L’
E D est ditopérateur
minimal d’un élément z si L’ estl’opérateur
unitaire de D deplus
bas
degré
tel queL’(z)
= 0.LEMME 2.4.- Soient k un corps
différentiel
decaractéristique
nulledont le corps des constantes C est
algébriquement clos,
et L unopérateur
à
coefficients
dans k. S’il existe des solutions deLy
=0,
linéairementindépendantes
sur C et linéairementdépendantes
surk,
alors il existe dessolutions de
Ly
=0,
linéairementindépendantes
sur C et linéairementdépendantes
sur k dont lesopérateurs
minimaux sont irréductibles.Démonstration. - Soit V
l’espace
des solutions deLy
= 0 dans uneextension convenable de k. Soit
un tenseur non nul tel que
et supposons r minimal pour de tels tenseurs. Soit t le nombre des éléments Yi dont
l’opérateur
minimal est non irréductible. Onprocède
par réccurencesur t.
Supposons
parexemple
quel’opérateur
minimal de 2/1 ne soit pas irréductible. Alorsl’espace
vectorielengendré
par l’orbite de yi sous G contient un élément nonnul,
disons wi, dontl’opérateur
minimal estirréductible. Il existe donc un
élément § appartenant
àl’algèbre
de groupeC[G]
de G tel que wi =~(ï/i) ~
0. Posons w; =~(y~).
On aet comme 0 et r est
minimal,
alors chacun des wj est non nul. Deplus,
si y2 vérifie =
0,
alors on a aussiL’( Wi)
=0,
et parconséquent,
sil’opérateur
minimalde yi
estirréductible,
alorsl’opérateur
minimal de Wi l’estégalement.
On obtient ainsi une relation dedépendance
linéaire où le nombre t achuté,
et onpeut
conclure par récurrence. DOn donne à
présent
la démonstration du théorème 2.1. . Démonstration du théorème 2.1Supposons
tout dabordqu’il
existeLI
et vi = vi,l, ... , vérifiant les conditions du théorème. Soit y une solution non nulle de= 0. Comme
Li
estirréductible, y
nepeut
être solution d’uneéquation
différentielle(linéaire)
d’ordre strictement inférieur à r. PourLes éléments zi , ..., zs sont donc linéairement
indépendants
surC,
maislinéairement
dépendants
sur k. Parhypothèse L1t (zj)
= 0 etL1i
divise L àdroite,
cequi
prouve un des deux sens del’équivalence.
On suppose à
présent
quel’équation L(y)
= 0 admet des solutionslinéairement
indépendantes
sur C et linéairementdépendantes
sur k . Soit Mle
plus petit
communmultiple
àgauche
de tous lesopérateurs
irréductibles divisant L à droite(voir [9]).
Alorsl’opérateur complètement
réductibleM divise L à droite et
l’équation My
= 0 admet des solutions linéairementdépendantes
sur C et linéairementindépendantes
sur kd’après
le lemme 2.4.On
peut
donc supposer, sansperte
degénéralité,
quel’opérateur
L estcomplètement
réductible. Soit K l’extension de Picard-Vessiot de k associée àL,
et soient Vl’espace
des solutions deL( y)
= 0 dans K et G le groupe de Galois différentiel de K sur k.Puisque
L estcomplètement réductible,
leG-module V
peut
s’écrire V =Vi
® ~ ~ ~ ~Vt,
où lesVi
sont des G-modules irréductibles.D’après
le lemme2.3, ~ ® ~ ^_~ ~1 ® k ® ~ ~ ~ ® t~t ® ~, où chaque
est un G-module irréductible. Par
hypothèse,
le noyau del’application
m : V
~ k
~ K définie parm(v
003BA)
= 03BA03C5, est non trivial. Soit N unsous-module irréductible de ce noyau. Le lemme 2.2
implique qu’il
existe(après
une éventuellerenumérotation)
un entier s inférieur ouégal
à t etdes
G-isomorphismes ~ : : Vl ® I~ -~ Vy ® l~
tels queDe
plus, d’après
le lemme2.3,
pourchaque 03C6i,
ilexiste 03BDi
= " ’ )E k’" et
f
i E k tels queNotons
Li l’opérateur
irréductible et unitaire dek[D]
dontVi
estl’espace
des solutions. Pour
1
is,
chacun desespaces ~
est alorsl’espace
des solutions de et chacun des
opérateurs Li, L 12 ,
...,Lrs
divise Là droite. Vérifions que la
propriété (2)
est satisfaite par ce choixdes vi (avec
vi =(1,0,..., 0)).
Pour cela supposonsqu’il
existe des constantes cl , ... , cs non toutes nulles et telles quePour
simplifier
lanotation,
on suppose que ci est non nul etégal
à 1. Soitv un vecteur non nul de On a alors
ce
qui
contredit le fait que lasomme ~1
$... $ Vs
estdirecte,
et prouve que les vecteurs vi , ..., vs sont linéairementindépendants
sur C.Puisque
N est dans le noyau de
l’application
m, on aComme
Zi
estirréductible)
v nepeut
vérifierd’équation
différentielle linéaire d’ordre inférieur à r et parconséquent
chacune des sommesfi03BDi,j est
nulle. Doncet la
propriété (2)
est satisfaite. 0Exemple
2.5. 2014L’exemple
suivant(cet exemple apparaît
dans[2]
et aété
suggéré
par F.Beukers)
illustre le théorème 2.1.Soient
f et g
deux éléments non constants deC(x)
et tels que le groupe de Galois del’équation
différentielle= y"
+fy’
+ gy = 0 soitGL(2,C).
Soity2 ~
une base del’espace
des solutions deL1 { y)
= 0.Ces
hypothèses impliquent
alors que la famille y2, y1, y2 , yï
estconstituée d’éléments linéairement
indépendants
sur C. Deplus,
cettefamille
engendre
un espace vectorielqui
est stable sous l’action du groupe de Galois. Cette famille est donc une base de solutions d’unopérateur
Ld’ordre 6 à coefficients dans
C(x).
D’autre part, les éléments de cette famille sont clairementdépendants
surC(x) puisque y2~
+ = 0(i
= 1 ou2).
Posons vi =( 1, 0) , v2
=(0,1)
et v3 =(g, f) , alors
divise L àdroite,
pour i =
1, 2,
3.Et, puisque f et g
ne sont pas desconstantes,
vi, v2 et v3 sont linéairementindépendants
surC,
et, bienentendu, dépendants
surk. Le théorème 2.1 affirme que tous les
exemples
sont essentiellement de cetype. D
3. Calcul des Relations Linéaires
Grâce au théorème
2.1,
nous allonspouvoir
décider si uneéquation
diffé-rentielle linéaire
L(y))
= 0 admet des solutions linéairementindépendantes
sur C mais linéairement
dépendantes
sur k. Pourcela,
nousrappelons
dabord que si L et
Li
sont des éléments deD,
alors l’ensemble des vec-teurs v =
(vo,
... ,vr-i)
de kr tels queLi
divise L àdroite,
s’identifie auC-espace
vectorielL1)
desopérateurs
N =viD2,
pourlesquels
il existe un élément S de D vérifiant LN =
SLI (voir [9,,
pp.81-84]).
Deplus, ~(L, Li)
est exactement l’ensemble des solutions v E kr d’unsystème
différentiel linéaire =
0,
où la matrice est une matrice r x rà coefficients dans l’anneau D =
k[D]
desopérateurs
différentiels linéaires à coefficients dans k. Pour trouver les solutions de cesystème,
onpeut
le con- vertir en unsystème diagonal
en utilisant l’ ’élimination de Gauss"(c.-à-d.
des
opérations
sur leslignes
et lescolonnes,
voir[1,
sect.III.11]).
Pour denombreux corps différentiels ~
(par exemple C(x)
ou certainstypes
d’exten-sions liouvilliennes de
C(x),
voir[10]),
onpeut
alors déterminer une base del’espace
vectoriel des solutions rationnelles de chacun desopérateurs qui apparaissent
dans lesystème diagonal,
et ainsi trouver une base de solutions dusystème
= 0.PROPOSITION 3.1. - Soit k un corps
différentiel
decaractéristique
nulledont le corps des constantes est
algébriquement
clos et tel que~1~
pour toutopérateur
L ED,
onpuisse effectivement
trouver une basede toutes les solutions dans k de
L(y)
=0 ;
(2)
onpuisse effectivement factoriser
toutopérateur
L E D ;(3)
onpuisse effectivement
décider si unefamille
de vecteurs de estlinéairement
dépendante
sur k.Alors,
pour toutopérateur
L ED,
onpeut effectivement
décider sil’équation L(y)
= 0 admet une base de solutions dont les éléments sont linéairementdépendants
sur k.Démonstration. . - Soit L E
k(D~
et soit ~i l’extension de Picard-Vessiot de k associée. Soit L =L1L2
...Lt
une factorisation de L en facteurs irréductibles. Toutopérateur
irréductible et divisant L à droite est alorséquivalent
à l’un desLi .
Pourchaque i,
on détermine une C-base de~(L, Li)
et on détermine si les éléments de cette base sont k-linéairement
dépendants.
Si c’est le cas, le théorème 2.1
implique
queL(y)
= 0 admet une base desolutions linéairement
dépendants
sur k. Si ce n’est pas le cas pourchaque Li,
le théorème 2.1implique
que toute base de solutions deL(y))
= 0 estconstituée d’éléments linéairement
indépendants
sur k. 0Pour un
opérateur complètement
réductibleL,
onpeut
améliorer le résultatprécédent
et déterminer toutes les relations dedépendance
linéairesur k vérifiées par les éléments d’une base de solutions de
Ly
= 0. Dansla
proposition suivante,
on dit que la base ... del’espace
dessolutions de
Ly
= 0 est normalisée aupoint
p siy~~~ (p)
= pourz =
1
, ... , net j
=0,
... , n - 1(avec
= 1 si z= j,
et 0sinon).
PROPOSITION 3.2. - Soit k un corps
différentiel
decaractéristique
nulledont le corps des constantes C est
supposé algébriquement
clos et inclusdans C.
Supposons
deplus
que(1~
k est un corps defonctions méromorphes
dans un domaine~
CC;
(,~)
il existe un ensembleinfini
P et un corps calculable E tels que pour tout élémentf
Ek,
pour toutpoint
p EP,
et tout entier n, onpeut effectivement
calculer les npremiers
termes dudéveloppement
ensérie de Laurent de
f
en p, et que lescoefficients
de cedéveloppement appartiennent
à E.Soit L un
opérateur complètement
réductible de D.Alors,
onpeut
tivement déterminer un ensemble
fini
S’ C P tel que pour toutpoint
p EP,
p
~ S,
et pour toute base normalisée ~ ~ ~ en p ded’espace
des solu-tions de
Ly
=0,
on peuteffectivement
déterminer une k-base duk-espace
vectoriel des éléments
( f1,
, ... E ~~ tels queRemarquons
que si k =(a (x),
on peut choisir pour P l’ensemble despoints
entiers de la droite réelle et E = C. Un autreexemple
est donnépar k
=Ca(x,
Dans ce cas, E est la clôturealgébrique
de(a(x, e),
etP à nouveau l’ensemble des
points
entiers de la droite réelle. Eneffet, e)
est une extension transcendante d’un corpscalculable,
donc saclôture
algébrique
est encore un corps calculable(cf. [12, chap. 42]).
Démonstration. -
Puisque
L estcomplètement réductible, l’espace
dessolutions V de
Ly
= 0 est un G-modulecomplètement réductible,
où Gest le groupe de Galois différentiel associé.
D’après
le lemme2.3, V
® I~est
également
un G-modulecomplètement réductible,
ainsi que le noyau W del’application
m : : V @ k ~ K. Ce noyau est donc somme directe de modules detype
décrit au lemme 2.2. Factorisons L =LIL2
...Lm
enfacteurs irréductibles. On
peut
déterminer ceux desLi qui
sontéquivalents et,
pourchaque
classed’équivalence,
on choisit unreprésentant.
Ondésigne
par R = ...,
Lq ~
unsystème
dereprésentants.
Pourchaque MER,
on détermine une C-base B = ...,
vt)
deE ( L, M)
et une k-b ase Fde l’ensemble des vecteurs f =
(/i,
, ...ft)
tels que03A3ti=1 fi03BDi
= 0. Soity1, ... , yr une base de
l’espace
des solutions deM y
= 0 et soiti
ler-uplet
défini
par 00FFi
=(yz, y!,
...,, y(r-1 ))
où r est l’ordre de M. Alors(1)
les éléments deBM = {(03BDi . yj)}
sont des solutions deL y
= 0linéairement
indépendantes
surC,
et B =UMBM
est une base decet espace de
solutions ; (2)
pourtout j E ~ 1,
...,r~,
on aet toute relation k-linéaire entre les éléments de B est une combinaison k-linéaire des relations du
type 03A3ti=1 fi(03BDi . yj)
= 0Soit n l’ordre de L et soit S l’intersection de P avec l’ensemble constitué des
points singuliers
de MER et de L et despôles
de chacun des vi . Pour toutpoint
p EP, p ~ S,
onpeut
déterminer les séries deTaylor
à l’ordre den de chacune des solutions vi
~ ~
deLy
= 0. Parcomparaison
des conditions initiales en p, on peutexprimer
les solutions vi en fonction des éléments de la base normalisée en p(de l’espace
des solutions deL y
=0)
et doncobtenir une base des relations k-linéaires vérifiées par les éléments de cette base. D
La
proposition
3.2 va nous permettre decalculer,
pour des corps diffé- rentiels convenables et pour tout entier naturelN,
l’ensemble des relationsalgébriques,
à coefficients dans k et dedegré
inférieur àN,
satisfaites par les solutions d’unopérateur
linéairecomplètement
réductible. Soit L un telopérateur,
et soitl’opérateur
unitaire dontl’espace
des solutions estengendré
par tous les monômes dedegré
m en les solutions deL(y)
= 0(par convention,
on définit =D; voir [11]
pourdavantage
deprécisions
sur ces
opérateurs).
SoitLN
leplus petit
communmultiple
àgauche
dela famille et soit M l’ordre de
LN.
Soit S l’en- semble défini par laproposition
3.2appliquée
àL N
et soit p E P unpoint
ordinaire pour L et
L N
etn’appartenant
pas à l’ensemble S. Considéronsalors la base de
l’espace
des solutions deL y
=0,
normalisée en p, etdésignons
par~.A~I~ }
l’ensemble de tous les monômes dedegré
auplus
Nen les y;.
Puisque
l’onpeut
calculer ledéveloppement
en série dechaque solution yi à
un ordrearbitraire,
onpeut
déterminer leM-jet
dechaque
mo-nôme
M j .
L’ensemble des relations C-linéaires entre cesM-jets
est alorsexactement l’ensemble des relations C-linéaires entre les solutions de
LNy
= 0. SoitB1
une C-base de1.
Ondésigne
par la base del’espace
des solutions de
LNy
= 0 normalisée en p. Grâce à laproposition 3.2,
onpeut
déterminer une base~i2
de toutes les relations k-linéaires vérifiées par les~z~ }.
Enexprimant
lesMj
en fonction des~z~ },
onpeut
alors convertir,~2
en un ensembleB2
de relations k-linéaires liant certains desM j.
. Laréunion de
jSi
et deB2
fournit une base de l’ensemble de toutes les relationsalgébriques,
à coefficients dans k et dedegré
inférieur àN,
vérifiées par les.
On remarquera que pour un
opérateur complètement
réductibleL,
lepremier
auteur a montré que l’on peut convertir une base de l’anneau des invariants deGal(L), agissant
sur l’anneau despolynômes
enn2
indéter-minées
C[Yi,j],
en une base 8 de l’idéal de toutes les relationsalgébriques (à
coefficients dansk)
satisfaites par les éléments{ y~~~ ~-~’ "’’ n~l .
Cetteméthode associe à un invariant de
Gal(L),
une relationalgébrique (à
coefh-cients dans
k)
de mêmedegré
que l’invariant. Parailleurs, [5]
montre com-ment calculer un
invariant,
une fois connu sondegré.
Dans[4],
on donne uneméthode pour borner le
degré
des invariants deGal(L).
La combinaison deces trois résultats
permet
de déterminer une base 8 de l’idéal de toutes les relationsalgébriques
satisfaites par les éléments d’une matrice fondamentale de solutions deL y
= 0. Ainsi on peut alorségalement
trouver les relationsalgébriques
d’undegré donné,
vérifiées par les solutions deLy
= 0.Bibliographie
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