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Rôles du biocontrôle dans l'émergence des systèmes agroécologiques : Cas des systèmes viticoles du Languedoc-Roussillon

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Academic year: 2021

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https://hal.inrae.fr/hal-02789350

Submitted on 5 Jun 2020

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Rôles du biocontrôle dans l’émergence des systèmes agroécologiques : Cas des systèmes viticoles du

Languedoc-Roussillon

Marie Amélie Hilary

To cite this version:

Marie Amélie Hilary. Rôles du biocontrôle dans l’émergence des systèmes agroécologiques : Cas des systèmes viticoles du Languedoc-Roussillon. Sciences du Vivant [q-bio]. 2017. �hal-02789350�

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Spécialité Agriculture-Territoire-Développement

STAGE DE RECHERCHE Formation Ingénieur AgroSup Dijon

Formation Initiale

Rôles du biocontrôle dans l‟émergence des systèmes agroécologiques :

Cas des systèmes viticoles du Languedoc-Roussillon

Mémoire de fin d‟études

22/09/17

Marie HILARY Yannick SENCEBE

Enseignant référent AGRO SUP DIJON 26 boulevard Dr Petitjean 21 000 Dijon

Eduardo CHIA Tuteur de stage INRA-UMR INNOVATION 2, Place Pierre Viala 34 000 Montpellier

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Résumé

L‟un des principaux enjeux de la transition agroécologique actuelle concerne la diminution des produits phytopharmaceutiques. Le plan Ecophyto propose alors de développer le biocontrôle.

Un état de l‟art sur la mise en place et le développement du biocontrôle a permis d‟identifier l‟importance du dispositif Ferme DEPHY créé par le gouvernement pour la réduction de l‟usage de produits phytosanitaires dans les exploitations agricoles.

Nous avons interviewé quinze viticulteurs et trois conseillers de trois groupes DEPHY du Languedoc-Roussillon afin de caractériser leur connaissance et utilisation du biocontrôle.

Bien que sa connaissance reste approximative par les viticulteurs, le biocontrôle commence à constituer un levier pour la substitution des produits phytosanitaires.

Le passage d‟un engagement économique à des engagements éthique et identitaire entraîne une augmentation des pratiques agroécologiques pour la protection des cultures.

Enfin, le groupe constitue un espace d‟échange essentiel pour les viticulteurs. Il amène à une remise en question qui débouche sur une volonté de tester de nouvelles techniques.

Mots clefs : biocontrôle, agroécologie, modernisation écologique, verrouillage, levier, approche systémique

Abstract

One of the most important challenge of the agro-ecological transition aims at reducing the use of chemical crop protection products. The Ecophyto plan recommends developing biological control.

A state-of-the-art report on biological control enabled us to identify the importance of “Ferme DEPHY” network created by the government to reduce the use of pesticides in farming systems.

We interviewed fifteen farmers participating in the network called “Ferme DEPHY” and three engineers advising them in three groups located in Languedoc-Roussillon to characterize their knowledge and use of biological control.

Although its knowledge remains approximate by winegrowers, biological control is becoming a lever for the substitution of pesticides.

The transition from an economic commitment to ethical and social commitments leads to an increase in agroecological practices for crop protection.

At last, the group is a space for exchanging experiences essential for winegrowers. It results a reassessment that lead to a willingness of testing new methods.

Key words: biological control, agroecology, ecological modernisation, socio-technical lock- in, lever, systemic approach

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Remerciements

Je tiens tout d‟abord à remercier très sincèrement les trois encadrants de mon stage Eduardo Chia, Valérie Angeon et Marie Chave. Merci pour votre encadrement, vos conseils et votre disponibilité qui m‟ont amenée à évoluer en autonomie et à progresser dans mon travail.

Votre confiance m‟a permis de gagner en assurance et d‟affirmer mes choix ce qui sera essentiel à la bonne réalisation de mon métier d‟ingénieur.

Je souhaite remercier ma tutrice pédagogique Yannick Sencébé. L‟intérêt et le suivi que vous avez apporté à mon travail m‟ont guidé tout au long du stage et m‟ont permis d‟améliorer mes productions.

Je remercie également l‟ensemble de l‟équipe pédagogique d‟Agrosup Dijon pour la qualité de son enseignement.

Tous mes remerciements à l‟ensemble des viticulteurs et des ingénieurs réseaux qui ont accepté de me rencontrer pour discuter de leur travail. Sans eux, cette étude n‟aurait pas été possible.

Je n‟oublie pas non plus mes collègues de l‟UMR Innovation de Montpellier pour votre accueil chaleureux, votre bonne humeur au quotidien et l‟ensemble des moments partagés au cours de ces cinq mois.

Merci à Jeanne, Sandy, Louise et Thomas, mes collègues de bureau, qui ont su me soutenir à tout moment et entretenir une bonne atmosphère de travail au quotidien.

Enfin, je remercie ma famille pour son soutien à toute épreuve.

(5)

Table des matières

Introduction ... 1

1 Contexte-commande ... 2

1.1 Le contexte global ... 2

1.1.1 ALTERNATIVES, projet pour la protection durable des cultures ... 2

1.1.2 L‟agroécologie : une voie de modernisation écologique de l‟agriculture ... 3

1.1.3 Biocontrôle : pratique agroécologique de protection des cultures ... 4

1.2 Problématique ... 10

1.2.1 Complexité des relations entre acteurs du biocontrôle ... 10

1.2.2 Complexité de la transition agroécologique ... 12

1.2.3 Verrouillages et perspectives futures ... 12

1.2.4 Objectifs et finalités de l‟étude ... 14

2 Matériel et méthodes ... 16

2.1 Cadre de l‟analyse ... 16

2.1.1 Importance du travail bibliographique pour poser le cadre de l‟étude ... 16

2.1.2 La population interviewée ... 16

2.1.3 Entretiens auprès des agriculteurs ... 17

2.2 Choix de la méthode ... 18

2.2.1 Réalisation d‟entretiens semi-directifs ... 18

2.2.2 Guide d‟entretien des conseillers ... 19

2.2.3 Guide d‟entretien des viticulteurs ... 19

2.3 Analyse des données obtenues ... 21

2.3.1 Analyse du discours des conseillers et des viticulteurs sur le biocontrôle ... 21

2.3.2 Analyse des pratiques des viticulteurs et création d‟une typologie... 21

2.3.3 Complexité de la transition agroécologique et place du biocontrôle ... 22

2.3.4 Appréciation du dispositif DEPHY ... 22

3 Analyse des résultats ... 24

3.1 Caractérisation de la connaissance du biocontrôle ... 24

3.1.1 Présentation des groupes interrogés ... 24

3.1.2 Le biocontrôle selon les conseillers ... 25

3.1.3 Le biocontrôle selon les viticulteurs ... 27

3.1.4 Analyse des pratiques de biocontrôle réalisées ... 29

3.2 Pratiques développées et analyse de leur diversité ... 31

(6)

3.2.1 Présentation des pratiques alternatives développées ... 31

3.2.2 Typologie des viticulteurs ... 35

3.2.3 Caractérisation des groupes identifiés ... 37

3.3 Complexité de la transition ... 41

3.3.1 Appréciation des produits de biocontrôle ... 41

3.3.2 Freins à l’utilisation des autres produits de biocontrôle ... 44

3.4 Evaluation du dispositif DEPHY par les viticulteurs ... 46

3.4.1 Selon les groupes ... 46

3.4.2 Selon les types ... 49

Conclusion ... 52

(7)

Table des figures

Figure 1: Frise chronologique de la mise en place de l'agroécologie et du biocontrôle en

France ... 6

Figure 3: Freins évoqués à la réalisation de la confusion sexuelle (en bleu par ceux l‟utilisant, en rouge par les autres) ... 42

Figure 4: Critiques des viticulteurs interviewés à l'égard des produits de biocontrôle ... 45

Table des Tableaux Tableau 1: Les grands principes de deux archétypes de modernisation écologique ... 9

Tableau 2: Place accordée au biocontrôle par les conseillers ... 26

Tableau 3: Définition, connaissance et utilisation du biocontrôle par les viticulteurs ... 27

Tableau 4: Agriculteurs et pratiques de biocontrôle ... 29

Tableau 5: Pratiques développées par les viticulteurs pour la protection des cultures ... 32

Tableau 6: Répartition des viticulteurs en fonction du degré d'agroécologisation de leurs systèmes agricoles ... 36

Tableau 7: Présentation des engagements des viticulteurs pour une agriculture durable selon leurs types ... 40

Tableau 8: Point de vue des viticulteurs sur la confusion sexuelle ... 39

Tableau 9: Critiques des produits de biocontrôle par les viticulteurs interrogés ... 41

Tableau 10: Points positifs du dispositif et nombre de viticulteurs correspondant par groupe ... 46

Tableau 11: Points négatifs du dispositif et nombre de viticulteurs correspondant par groupe ... 47

Tableau 12: Points positifs du dispositif et nombre de viticulteurs correspondant par type ... 49

Tableau 13: Points négatifs du dispositif et nombre de viticulteurs correspondant par type .. 49

Tableau 14: Appréciation de l'objectif d'Ecophyto selon les types de viticulteurs ... 50

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Liste des abréviations

ACTA : Association de Coordination Technique Agricoles CA : Chambre d‟Agriculture

COPIL : Comité de Pilotage

DEPHY : réseau de Démonstration, Expérimentation et Production de références sur les systèmes économes en PHYtosanitaires

DRAAF : Direction régionale de l‟Alimentation de l‟Agriculture et de la Forêt GIEE : Groupement d‟Intérêts Economique et Environnemental

GMS : Grandes et Moyennes Surfaces IFT : Indice de Fréquence de Traitement IFV : Institut de la Vigne et du vin

INRA : Institut Nationale de Recherche Agronomique ITA : Institut Technique Agricole

MAAF : Ministère de l‟Agriculture, de l‟Agroalimentaire et de la Forêt ONEMA : Office National de l‟Eau et des Milieux Aquatiques

SAU : Surface Agricole Utile UTH : Unité de Travail Humain

(9)

1

Introduction

Aujourd‟hui, les agriculteurs doivent faire face à des enjeux majeurs en termes de production, de préservation de l‟environnement et de santé humaine (Baret et al, 2013). La production agricole a longtemps été réduite à une question uniquement quantitative et technique. La présence majoritaire de la monoculture et la perte de diversité dans les productions agricoles ont entraîné des dégâts pour l‟environnement tels que la contamination des milieux naturels et le développement de résistance des bioagresseurs aux produits de synthèse (Magdoff, 2007).

A cela s‟ajoute l‟utilisation systématique de semences résistantes aux agressions extérieures et de produits phytopharmaceutiques entrainant une perte d‟autonomie des agriculteurs ainsi qu‟une gestion des systèmes de production par les marchés et par les entreprises internationales (Horlings et Mardsen, 2011).

Demain, les systèmes de production agricole devront être capables de produire autant voire plus, étant donné la croissance démographique et les changements climatiques, tout en préservant la santé humaine et l‟environnement. Cet objectif implique une transformation des systèmes de production. Face à ce défi, l‟Etat français ainsi que la recherche s‟interrogent sur les moyens à développer pour produire plus durablement. L‟agroécologie est la solution privilégiée (De Schutter, 2011). Elle vise l‟optimisation des modes de production par l‟utilisation de méthodes alternatives de protection des cultures, une meilleure résilience des systèmes de production ainsi que la reconception du système agricole dans son ensemble.

Wezel et al (2009) expliquent que l‟agroécologie peut être une discipline scientifique, un mouvement, un ensemble de pratiques agricoles ou encore la combinaison des trois. Mendez et al (2013) précisent qu‟elle nécessite une approche transdisciplinaire, participative et orientée vers l‟action. La recherche d‟une action participative demande une ouverture de la discussion aux acteurs souvent marginalisés tels que les agriculteurs, les femmes vivant en milieu rural ou les groupes indigènes (Mendez et al, op.cit.).

Pour répondre à l‟enjeu de diminution des produits phytosanitaires, apparaissent avec l‟agroécologie de nouvelles pratiques de protection des cultures basées sur le recours à des mécanismes naturels ou des produits issus du vivant regroupées sous l‟appellation

« biocontrôle » (Bernard et al, 2016). Du point de vue des politiques publiques et de l‟UE, le biocontrôle s‟inscrit dans le cadre de la protection intégrée1 des cultures. Il constitue un ensemble de méthodes s‟appuyant sur des mécanismes naturels de régulation des bioagresseurs. Le député Antoine Herth définit, dans son rapport de 2011, les « produits de biocontrôle » comme un « ensemble d‟outils à utiliser seuls ou associés à d‟autres moyens de protection des plantes, pour la protection intégrée telle qu‟elle figure dans l‟approche européenne » (Herth, 2011). La loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt du 13

1Article 3 de la Directive 2009/128/CE : La « protection intégrée consiste en la prise en considération attentive de toutes les méthodes de protection des plantes disponibles et, par conséquent, l‟intégration des mesures appropriées qui découragent le développement des populations d‟organismes nuisibles et maintiennent le recours aux produits phytopharmaceutiques et à d‟autres types d‟interventions à des niveaux justifiés des points de vue économique et environnemental, et réduisent ou limitent au maximum les risques pour la santé humaine et l‟environnement ».

(10)

2 octobre 2014 a introduit plusieurs dispositions visant à encourager et à développer l'utilisation des solutions de biocontrôle pour la protection phytosanitaire (Bernard et al, op.cit.).

Le projet AlterNATIVES s‟intéresse à l‟apparition des stratégies de biocontrôle en France et dans la zone Amérique Latine – Caraïbes, aux raisons de leur émergence au niveau national et local, ainsi que des acteurs impliqués.

1 Contexte-commande 1.1 Le contexte global

1.1.1 ALTERNATIVES, projet pour la protection durable des cultures Depuis 2011, huit méta-programmes mobilisant un large champ disciplinaire ont été lancés par l‟INRA pour répondre aux enjeux actuels de la recherche agronomique. En particulier, le méta-programme SMaCH (Sustainable Management of Crop Health) s‟intéresse à la gestion durable de la santé des cultures. L‟enjeu est de mener des recherches pour réconcilier production agricole et durabilité. Les finalités sont de protéger la santé des plantes cultivées dans le cadre d‟une réduction de l‟utilisation de produits phytosanitaires, d‟évaluer le caractère durable des solutions proposées ainsi que d‟appuyer le développement d‟outils de gestion de la santé des plantes et de prévision des risques.

Parmi les projets financés par le SMaCH, le projet de recherche AlterNATIVES (AnaLyse Territoriale de stratégies de biocontrôle développées à partir de ressources NATIVES), lancé en 2016, a pour objectif d‟étudier les contextes et les conditions à la fois techniques et organisationnelles d‟émergence du biocontrôle. Le biocontrôle constitue l‟une des voies de modernisation écologique de l‟agriculture et appelle à la conception et la réalisation d‟innovations sociotechniques de la parcelle à l‟échelle du territoire. Il repose sur une régulation naturelle des populations de bioagresseurs plutôt que sur leur éradication2. Par exemple, certaines techniques de biocontrôle utilisent des phéromones sexuelles pour perturber la reproduction de certains ravageurs plutôt que les éliminer3.

Ce stage constitue un travail exploratoire. Une analyse bibliographique a été réalisée afin de réaliser un état de l‟art sur le biocontrôle. Une fois les principaux acteurs et les innovations relatives au biocontrôle identifiés, il a été décidé d‟interroger à une échelle plus locale (Languedoc-Roussillon) les principaux acteurs de la transition agroécologique : les agriculteurs. Ils ont été choisis selon leur appartenance à des dispositifs de développement de systèmes agricoles raisonnés. Echanger avec eux et leurs conseillers a permis de comprendre le contexte de mise en place d‟alternatives aux produits phytosanitaires, la complexité de la transition agroécologique et l‟identification de certains freins ou leviers à l‟amélioration de la performance économique, écologique et sociale des exploitations.

2 Une définition du biocontrôle plus détaillée sera présentée dans la première partie de ce mémoire

3 Plus de précisions sur cette méthode, appelée confusion sexuelle, sur le site de l‟IFV : https://www.vignevin- sudouest.com/publications/fiches-pratiques/confusion-sexuelle.php

(11)

3 1.1.2 L’agroécologie : une voie de modernisation écologique de

l’agriculture

Le terme « agroécologie » est utilisé pour la première fois par l‟agronome russe Bensil en 1930 pour décrire les interactions entre plantes cultivées et milieu. Cette vision intégrée du champ cultivé est reprise par le zoologiste allemand Tischer dans les années 50 qui évoque l‟agroécologie lors de ses travaux sur les interactions entre ravageurs, habitats et biologie du sol. En France, Hénin définit en 1967 l‟agronomie comme « l‟écologie appliquée au champ cultivé ». Bien qu‟il n‟utilise par le mot « agroécologie », il s‟avère que l‟étude des interactions entre plante et milieu biotique et abiotique est au cœur des travaux des agronomes (Wezel et al, 2009). L‟agroécologie se développe et devient dans les années 90 l‟application des concepts et principes de l‟écologie à la conception et à la gestion d‟agroécosystèmes durables (Altieri, 1995 ; Gliessmann, 1998). Aujourd‟hui, elle est définie par la recherche française comme le croisement de l‟écologie et de l‟agronomie et mobilise les sciences économiques, humaines et sociales pour concevoir des « systèmes multi performants » (Côte et Soussana, 2016 ; Duru et al, 2014a ; David et al, 2012). Face à l‟augmentation de la population mondiale, aux enjeux environnementaux et climatiques et à la disparition des ressources naturelles, la recherche (INRA et CIRAD) étudie les possibilités de développement de systèmes basés sur les principes scientifiques de l‟agroécologie. L‟agroécologie permettrait de reconceptualiser les systèmes de production par des actions via la plante et les auxiliaires afin de gérer plus durablement les ravageurs (Côte et Soussana, 2016). Pour cela, Mendez et al (2013) proposent de favoriser la transdisciplinarité dans la recherche en associant le savoir des académiciens avec celui des agriculteurs.

En parallèle du développement de la discipline scientifique, l‟agroécologie émerge dans les années 80 sous la forme d‟un mouvement social et d‟un ensemble de pratiques. Altieri pense l‟agroécologie comme un moyen de protéger les ressources naturelles en proposant des lignes directrices pour concevoir et gérer des agroécosystèmes durables (Wezel et al, op.cit.). En France, l‟agroécologie concerne souvent un ensemble de pratiques alternatives de production agricole mobilisant les processus écologiques et les régulations biologiques pour produire durablement (Claveirole, 2016). Elle s‟adresse à différents niveaux d‟organisation allant de la parcelle à l‟ensemble du système alimentaire (David et al, op.cit.).

Comme l‟agroécologie correspond à une approche globale qui intègre dimensions sociales économiques et politiques, l‟unité d‟analyse : l‟ «agroécosystème » est alors une construction sociale réalisée à partir de la coévolution des êtres humains avec la nature (Perez-Vitoria, 2011). Au-delà des aspects liés à la production agricole, l‟agroécologie considère les dynamiques territoriales et les acteurs sociaux portant les fondements d‟une agriculture durable (Duru et al, 2014a).

Dans certains pays d‟Amérique Latine (Brésil notamment), l‟agroécologie n‟est pas seulement un projet technoscientifique mais politique. Elle est une science appliquée intégrée dans un contexte social. Elle remet en cause les relations capitalistes de production et s‟allie aux mouvements sociaux agraires initiés par des communautés paysannes et locales fortes (Wezel et al, op.cit. ; Claveirole, op.cit. ; Altieri, 2017). Les conditions pour la mise en place d‟une

(12)

4 approche agroécologique impliquent la reconnaissance de l‟échec de l‟agriculture industrielle à répondre aux défis écologiques et sociaux de l‟agriculture de demain, la valorisation des savoir-faire paysans et indigènes et le retour de la paysannerie au cœur des sociétés (Perez- Vitoria, op.cit.). Compagnone (2012) complète la dimension sociale de l‟agroécologie en expliquant que son émergence est aussi le résultat de processus sociaux qui ne tiennent pas du mouvement social. « Il y a du social dans la simple élaboration et le simple partage de pratiques agroécologiques ». Ce social permet aux agriculteurs de construire localement des connaissances pertinentes et d‟agencer leur système de production et leurs pratiques en s‟appuyant au mieux sur les ressources présentes sur leur territoire (Compagnone, op.cit.).

Malgré ces différentes définitions, il est souvent observé un lien entre un mouvement politique (mouvement social) et une mobilisation technologique (les pratiques) pour atteindre les objectifs fixés et permettre le développement de la connaissance (science) (Wezel et al, op.cit.).

1.1.3 Biocontrôle : pratique agroécologique de protection des cultures 1.1.3.1 Définition

Du point de vue des politiques publiques et de l‟UE, nous avons vu que le biocontrôle s‟inscrit dans le cadre de la protection intégrée des cultures. Il se présente sous la forme de produits remplaçant les produits phytosanitaires, plus respectueux de l‟environnement.

L‟Association Française des fabricants de Produits de Biocontrôle (IBMA) regroupe les entreprises de produits de biocontrôle et vise à promouvoir l‟utilisation de solutions de biocontrôle auprès des institutions nationales et internationales, des acteurs du monde agricole et des médias. Elle explique sur son site internet officiel que le principe du biocontrôle est de

« s‟intégrer dans la stratégie globale de protection des plantes et des récoltes, en privilégiant des mécanismes naturels d‟équilibre des populations d‟agresseurs plutôt que leur éradication ». De nouveau, le biocontrôle s'insère dans une approche globale de Protection Intégrée. Ces stratégies dites « IPM (Integrated Pest Management) mettent en œuvre à la fois des produits de biocontrôle, des produits conventionnels de protection des plantes et toutes pratiques agronomiques ou culturales permettant une bonne gestion de la biodiversité ».

Nous retrouvons cette notion dans le discours des organismes de recherche qui présente le biocontrôle comme un « ensemble de méthodes de protection des cultures basées sur le recours à des organismes vivants ou des substances naturelles » (Ridel et Pierucci, 2014).

L‟INRA, l‟IBMA et le gouvernement français s‟accordent pour distinguer quatre catégories de produits de biocontrôle. Ces catégories comprennent les macroorganismes (insectes, nématodes), les micro-organismes (virus, bactéries, champignons), les médiateurs chimiques (phéromones, kairomones) ainsi que les substances naturelles d‟origine minérale, végétale ou animale (Ridel et Pierucci, op.cit. ; Herth, 2011 ; Bernard et al, op.cit.).

Enfin l‟Académie d’Agriculture de France donne une définition générale et universelle du biocontrôle. Pour elle, le biocontrôle serait le « regroupement de méthodes de protection des cultures utilisables par l‟agriculteur ». Ces méthodes de protection résultent de « la connaissance des interactions entre plante cultivée, bioagresseurs et les autres organismes du

(13)

5 milieu naturel ». Le biocontrôle utilise des agents « vivants ou issus du vivants » pour la protection des cultures et mobilise la capacité de régulation des agents vivants présents localement dans un milieu. L‟utilisation de ces agents de protection devrait permettre la mise en place de mesures indirectes (mesures applicables pour une culture donnée) ou directes (intervention qui découle de l‟observation de la culture en saison) (Bernard et al, op.cit.).

1.1.3.2 Mise en place du biocontrôle en France

Le gouvernement français a mis en place en 2007 le Grenelle de l‟Environnement, qui associe l‟Etat à la société civile afin de définir de nouvelles bases pour assurer un développement durable en France. La figure 1 présente la chronologie des différents évènements qui ont suivi.

(14)

Grenelle de l'environnement

Plan Ecophyto

2018

Directive 2009/128/

CE

Rapport parlementaire

Projet agroécologique pour la France

Procédures réglementaires

produits de biocontrôle

Mise en application

Directive européenne

AB: doit occuper d'ici 2010 6% de la

SAU

création trame verte pour biodiversité

6juillet au 25 octobre 2007

Diminuer de 50%

l'utilisation de pesticides

Piloté par Ministère de l'Agriculture, Agroalimentaire et

de la Forêt 2008

Piloté par Etats, partenaires

sociaux, collectivités locales,

ONG

2009 2011 2012 2013

Piloté par l'Union Européenne

Mission parlementaire auprès de Bruno Lemaire confiée à

Antoine Herth, député Bas-Rhin

Présenté par Stéphane Le Foll,

ministre de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et

de la Forêt

Convention ITAB- ONEMA Prévoit la promotion

des méthodes de la protection intégrée

des cultures

Utilisation optimale des moyens de lutte

(préventisf puis curatifs)

Convention qui s'inscrit dans l'axe 2

du plan Ecophyto

Mettre à disposition des intrants favorables

à la diminution des produits phytopharmaceutiques Stimuler performance

économique, environnementale et

qualité sociale des systèmes de

production

Protéger ressources, engager l'agriculture

vers de nouveaux modèles de

croissance 15 recommandations

pour soutenir les technologies vertes

Donne une définition aux produits de

biocontrôle

Piloté par l'Union Européenne 1er janvier 2014

Application obligatoire de la

protection intégrée

Sources : Baldi et al, 2015 ; Claveirole, op.cit. ; Convention ITAB-ONEMA, 2013 ; Guichard et al, 2017 ; Ministère de l‟Agriculture, de l‟Agroalimentaire et de la Forêt et Ministère de l‟Ecologie, du Développement Durable et de l‟Energie, 2015 ; Remongin et al, 2015 ; Volkoff, 2014

Figure 1: Frise chronologique de la mise en place de l'agroécologie et du biocontrôle en France

(15)

"Loi Labbé" gouvernemental Arrêté Loi n°2014- 1170 d'avenir

Rapport relatif à une nouvelle version du

plan Ecophyto

Plan Ecophyto II

Interdiction de vendre aux particuliers des

produits phytosanitaires Usage restreint aux espaces verts, forêts et promenades gérés

par personnes publiques 6 février 2014

Suppression de certaines dérogations épandages

aériens de produits phytosanitaires

Piloté par Ministère de l'Agriculture, Agroalimentaire et de la

Forêt 19 septembre

2014

Texte législatif mis en place par Gouvernement &

Parlement

13 octobre 2014 23 décembre 2014 20 octobre 2015

Piloté par l'Union Européenne

Réalisé par le député Dominique Potier sur demande de Manuel Valls

Piloté par Ministère de l'Agriculture et Ministère

de l'Environnement Promouvoir les systèmes

agroécologiques

Dispositif expérimental de certificats d'économie

de produits phytosanitaires et de phytopharmacovigilance

Augmenter taille du réseau de ferme DEPHY Poursuivre le dispositif

BSV Réduire de 25% l'utilisation

de pesticides d'ici 2020 par la généralisation et

l'optimisation des techniques

Réduction de 50% pour 2025 par mutations profonde des systèmes de

production grace à des politiques de long terme

et les avancées de la science et des

technologies

Rénover le dispositif Certyphito valable

désormais 5ans Soutenir expérimentation,

biocontrôle et renouvellement agroéquipement

Accompagner 30 000 agri vers l'agroécologie

(16)

6 Suite au Grenelle, le plan Ecophyto est mis en place en 2008 et vise « à réduire de 50%

l‟utilisation des produits phytosanitaires en France dans un délai de dix ans (d‟ici 2018), si possible ». Il prévoit de réduire progressivement l‟utilisation de produits phytosanitaires tout en conservant une agriculture économiquement performante (Volkoff, 2014). L‟enjeu est de diversifier les méthodes de lutte actuelles ainsi que d‟élargir les solutions d‟intervention sur les bioagresseurs. Cet enjeu amène à repenser les systèmes de production et à faire évoluer la formation et le conseil. Il faut alors considérer l‟ensemble du contexte sociotechnique des exploitations agricoles et identifier comment les processus de décisions des acteurs publics et privés pourraient permettre une nouvelle protection intégrée des cultures (Baldi et al, op.cit.).

Il est d‟ailleurs obligatoire en Europe, depuis la directive 2009/128/CE, de développer pour les Etats Membres la protection intégrée des cultures. Elle préconise l‟utilisation optimale de l‟ensemble des moyens de lutte disponibles et recommande l‟utilisation de mesures préventives avant les moyens curatifs (Bernard et al, op.cit.). Le rapport sur le biocontrôle du député Antoine Herth fait suite à cette directive et encourage notamment la commercialisation de produits de biocontrôle pour remplacer les produits phytosanitaires (Herth, op.cit.).

En parallèle, le Rapporteur spécial Olivier de Schutter a présenté en mars 2011 son rapport

« Agroécologie et droit à l‟alimentation » devant le conseil des droits de l‟Homme de l‟ONU dans lequel il démontre que l‟agroécologie peut « doubler la production alimentaire de régions entière en dix ans tout en réduisant la pauvreté rurale et en apportant des solutions au changement climatique ». Ce rapport appelle donc les Etats à entamer un virage majeur en faveur de l‟agroécologie comme moyen de répondre aux défis alimentaires, climatiques et de pauvreté dans le monde.

Le Ministre de l‟Agriculture, Stéphane Le Foll, lance le 18 décembre 2012 le «Projet Agroécologique pour la France » visant à poser les bases d‟une agriculture plus durable (Duru et al, 2014a). L‟agroécologie est définie par le Ministère de l‟Agriculture comme une « façon de concevoir les systèmes de production qui s‟appuient sur les fonctionnalités offertes par ces systèmes ». Elle doit permettre aux exploitations agricoles de combiner les performances économique, sociale et environnementale. La loi d‟Avenir de 2014 appuie ce projet en posant les bases du développement de l‟agroécologie (Claveirole, op.cit). Cette loi a pour objectif de promouvoir et de pérenniser les systèmes de production agroécologiques qui combinent performances économique, sociale, environnementale et sanitaire. Elle souhaite que soit privilégiée l‟autonomie des exploitations agricoles avec une amélioration de leur compétitivité. La diminution de la consommation d‟intrants doit se baser sur les interactions biologiques, l‟utilisation de services écosystémiques et s‟adapter au changement climatique (Schwartz, 2016).

Face à l‟absence de diminution de l‟usage des pesticides, le plan Ecophyto a été modifié en 2014 pour donner naissance à une deuxième version publiée le 23 octobre 2015. Le plan Ecophyto II veut renforcer l‟expérimentation et l‟innovation en partenariat avec les agriculteurs par le renforcement du dispositif DEPHY et l‟accompagnement de milliers d‟agriculteurs vers l‟agroécologie. L‟accent est mis sur la formation des agriculteurs puis sur

(17)

7 le développement et l‟animation de projets collectifs avec la création des GIEE4 (Remongin et al, op.cit.).

Le biocontrôle est recommandé dans l‟ensemble de ces textes pour la diminution de l‟usage de produits phytosanitaires et son importance a été rappelée au cours des Etats Généraux de l‟Alimentation lancés le 20 juillet 2017. Dans sa présentation intitulée « réussir la transition écologique de l‟agriculture », le PDG de l‟INRA Philippe Mauguin explique que l‟enjeu est de contribuer à la sécurité alimentaire mondiale, à la lutte contre le changement climatique et à la protection de l‟environnement. L‟un des cinq défis concerne la réduction des pesticides pour laquelle il est préconisé de modifier les pratiques culturales pour atteindre une diminution de 30% des pesticides, d‟identifier et de gérer les résistances génétiques aux maladies et de développer les solutions de biocontrôle.

1.1.3.3 Deux archétypes de modernisation écologique : premières bases pour penser les pratiques agroécologiques

Présentation des archétypes

Hajer (1995) présente la modernisation écologique selon deux conceptions distinctes. La

« faible » modernisation se concentre sur le développement de solutions technologiques aux problèmes environnementaux grâce au partenariat entre élites économiques, politiques et scientifiques dans les structures d‟élaboration de politiques corporatistes. La « forte » modernisation adopte une approche plus large de l‟intégration des préoccupations environnementales entre les institutions et la société en général, envisageant une démocratisation étendue et reconnaissant la dimension internationale des problèmes environnementaux (propos de Hajer, op.cit. repris par Carter, 2007).

Cette dichotomie se retrouve également dans la conception de la modernisation écologique de l‟agriculture. Duru et al (2014ab) proposent de penser la modernisation écologique selon deux archétypes mobilisant deux groupes de pratiques distincts.

Le premier vise à limiter l‟utilisation d‟intrants (eau, produits de synthèse, fertilisants) et à diminuer leurs impacts sur l‟environnement. Le second cherche à développer l‟intensité des services rendus par la biodiversité et leur résilience ainsi que limiter l‟utilisation d‟intrants de synthèse (Duru et al, 2014a). Ces deux groupes de pratiques amènent à penser la modernisation écologique de l‟agriculture selon deux formes : la « faible » et la « forte » (Horlings et Mardsen, 2011 ; Duru et al, 2014b).

La « faible » serait présente dans les pays développés pour consolider leurs avantages économiques. Elle impose un seul cadre fermé sur le développement économique et la politique (Gibbs, 1998 repris par Carter, op.cit.). Elle génère des innovations incrémentales qui concernent l‟augmentation de l‟efficience des intrants et leur substitution par des produits

4 Les Groupements d’intérêt économique et environnemental (GIEE) permettent une reconnaissance officielle par l‟Etat de l‟engagement collectif d‟agriculteurs dans la modification ou la consolidation de leurs pratiques en visant une performance économique, environnementale et sociale. Ils constituent l‟un des outils structurants du projet agroécologique pour la France.

(18)

8 plus écologiques. Elle est à l‟origine d‟innovations technologiques visant la maîtrise des flux géochimiques, l‟amélioration des performances des organismes biologiques et le développement d‟intrants biologiques (Duru et al, 2014a).

La « forte » modernisation suppose une prise de décision ouverte, démocratique et participative et prend en compte la dimension internationale de l‟environnement et du développement (Gibbs, op.cit.). Cette forme de modernisation peut être perçue comme une variante du développement durable qui met l‟accent sur le rôle des entreprises et les problèmes des pays industrialisés (Carter, op.cit.). Elle privilégie les innovations de rupture amenant à une reconception des systèmes de production agricoles. Elle vise une double régulation à la fois ascendante de la parcelle sur les niveaux d‟organisation supérieurs et descendante par régulation biologique (Duru et al, 2014a). Son but est d‟insérer l‟agriculture dans son contexte local en favorisant la souveraineté d‟une agriculture durable (Horlings et Mardsen, op.cit.;Duru et al, 2014a).

A partir de ces deux archétypes, proposés par Duru et son équipe (2014 ab), nous avons synthétisé dans le tableau 1 les caractéristiques de ces formes de modernisation ainsi que les pratiques qui y sont associées. Cela nous permet de positionner les techniques de biocontrôle à l‟intérieur de ces modèles.

(19)

MODERNISATION « FAIBLE » « FORTE » PRINCIPE Compétitivité par l’«Efficience-Substitution » en minimisant les

impacts environnementaux

Compétitivité par les services écosystémiques : reconception des systèmes biodiversifiés

BUT Augmentation de l’efficience des intrants (eau par exemple) Réduire les impacts environnementaux

Changement de paradigme

Réduire l’utilisation d’intrants de synthèse par l‟augmentation de la diversité biologique à différentes échelles d‟espace (parcelle au paysage) et de temps (période culturale, succession culturale)

Favoriser interactions plante-animaux-micro-organismes POINT DE VUE

AGRONOMIQUE

Solutions technologiques pour :

- réduire impacts négatifs sur l‟environnement - diminuer l‟hétérogénéité du milieu

Amplification des processus écologiques au sein de la parcelle et à l‟échelle du territoire

Services écosystémiques : Substitution d‟intrants chimiques par services rendus par la diversité biologique des agroécosystèmes

POINT DE VUE SOCIAL ET POLITIQUES PUBLIQUES

Marginalisation de l’agriculture des autres activités locales

Gouvernance par l’Etat selon une logique « top-down » qui s‟appuie sur des réglementations et des directives nationales ou européennes

Processus de « territorialisation » de l‟agriculture

Veut décentraliser la gouvernance par les pouvoirs publics pour permettre une implication plus importante des acteurs locaux sur un territoire donné Logique de régulation « bottom-up » : Favorise le développement d‟une agriculture adaptée aux besoins et à la biodiversité locale

POINT DE VUE ECONOMIQUE

Système économique basé sur la compétitivité dans un marché aujourd‟hui globalisé avec des produits standardisés par les acteurs de l‟agrofourniture

Repose sur la dynamique des marchés régionaux et mondiaux dans une logique de développement économique agricole

Se base sur une économie de gamme (réduction des coûts de production par l‟élargissement de la gamme de produits ou de services proposés)

Développer une organisation collective des acteurs locaux pour diminuer les effets parfois contreproductifs de politiques nationales ou européennes Gestion intégrée des ressources naturelles et des agroécosystèmes Interdépendance de l’agriculture avec les autres secteurs d’activité à l’échelle locale

EXEMPLES DE PRATIQUES

Produits de biocontrôle

Mise en œuvre de « bonnes pratiques agricoles » ou de technologies relevant de l’agriculture de précision

Recyclage des déchets ou sous-produits d‟un sous-système par un autre Nouvelles technologies faciles à transférer (intrants biologiques) et OGM

Nouveaux modes de gestion des exploitations, filières et ressources sur un territoire

Maintien de la biodiversité à l’échelle du paysage par la modification de la répartition spatiale et temporelle des cultures pour s‟adapter aux systèmes écologiques et le maintien des prairies, haies, zones boisées et humides Tableau 1: Les grands principes de deux archétypes de modernisation écologique

(Sources : Horlings et Mardsen, op.cit.;Duru et al, 2014a ; Duru et al, 2016)

(20)

9 Afin de positionner les systèmes agricoles au sein de la modernisation écologique, Duru et al (2016) proposent de les classer selon deux gradients. Le premier correspond à la quantité d‟intrants extérieurs apportée à la parcelle, l‟autre à la part de services écosystémiques rendue par le système agricole. A partir de là, ils définissent trois systèmes agricoles :

- Le premier basé sur l‟efficience des intrants chimiques qui permettrait une production agricole importante mais rendrait peu de services écosystémiques

- Le deuxième basé sur la substitution des intrants chimiques par des intrants biologiques

- La troisième basé sur la biodiversité qui permettrait de rendre un maximum de services écosystémiques

Selon Duru et al (op.cit.), les nouvelles pratiques de biocontrôle cherchent à mimer le fonctionnement écologique des agroécosystèmes diversifiés. Par son utilisation, les agriculteurs souhaitent amplifier les processus écologiques sous-jacents aux services écosystémiques naturellement présents dans les écosystèmes basés sur la biodiversité. Le biocontrôle appartiendrait à une modernisation « faible » de l‟agriculture mais permettrait de passer d‟un système basé sur l‟efficience des produits chimiques à leur substitution par des produits « naturels ».

A partir de travaux de l‟Institut de la Vigne sur les pratiques pour favoriser le contrôle des bioagresseurs, nous pouvons compléter cette approche du biocontrôle. En effet sont recommandés (IFV, 2017) :

- Le développement de la lutte biotechnique5, de la lutte biologique6 et le recours aux produits phytosanitaires identifiés « biocontrôle »

- Le maintien des habitats des organismes auxiliaires tels que le maintien des haies, des talus et bandes enherbés

La définition du biocontrôle peut être élargie et les techniques favorisant le maintien des auxiliaires sont également à prendre en compte.

Limite des archétypes

La « faible » modernisation manque de lien entre dimensions sociale, culturelle, politique et environnementale dans sa réalisation en raison d‟une standardisation et bureaucratisation de l‟agriculture, d‟une distance entre les chaînes de production et les lieux géographiques de consommation et d‟une marginalisation et fragmentation du rôle de l‟agriculture dans les communautés rurales.

La « forte » modernisation est complexe à mettre en œuvre car elle présente des difficultés technologiques, organisationnelles au niveau des filières de production, nécessite la création d‟innovations de ruptures difficiles à mettre en place (innovations institutionnelles), demande un accompagnement de proximité poussé et une mobilisation collective des acteurs ainsi que l‟amélioration des connaissances dans les nouvelles techniques utilisables.

5 La lutte biotechnique fait référence aux méthodes basées sur l‟utilisation de produits issus d‟agents biologiques (ex : molécules produites par des organismes vivants

6 La lutte biologique fait référence aux méthodes utilisant des organismes vivants

(21)

10 La discrimination des pratiques par ces archétypes est discutable. Des systèmes relevant apparemment d‟une « forte » modernisation écologique, comme l‟agriculture biologique, peuvent utiliser des pratiques relevant de la « faible » (recyclage des déchets, production d‟énergie) ou mobilisent la substitution plutôt que la reconfiguration des systèmes. A l‟inverse, des systèmes conventionnels (a priori liés à une « faible » modernisation) utilisent parfois des méthodes relevant de la « forte », comme par exemple un travail simplifié du sol combiné à une gestion des habitats semi-naturels pour favoriser le développement d‟auxiliaires des ravageurs (Duru et al, 2014a).

1.2 Problématique

1.2.1 Complexité des relations entre acteurs du biocontrôle 1.2.1.1 Collaboration entre acteurs publics et privés

Le dispositif multi-partenarial DEPHY du Plan Ecophyto, lancé en 2009, rassemble et mobilise toutes les parties prenantes du monde agricole, aussi bien les agriculteurs que les conseillers, techniciens, chercheurs et enseignants. Il couvre l‟ensemble des filières de production et s‟appuie sur un réseau de FERMEs (1900 exploitations agricoles engagées dans une démarche volontaire de réduction des pesticides accompagnées par 182 ingénieurs) et un réseau d‟EXPErimentations (41 porteurs de projets répartis sur environ 200 sites expérimentaux, qui testent et évaluent 400 systèmes de cultures visant une forte réduction des produits phytosanitaires). L‟objectif de ce dispositif est de démontrer qu‟il est possible de réduire l‟utilisation de produits phytosanitaires sur les exploitations agricoles, d‟expérimenter des systèmes de cultures économes et de produire des références sur ces systèmes économes.

En particulier, il préconise le développement du biocontrôle comme une des solutions majeures au problème des pesticides.

La démarche du réseau Ferme DEPHY démarre par un diagnostic de l‟exploitation et des systèmes de culture en place (assolements, itinéraires techniques, stratégies et modalités de décision…). Un ingénieur réseau aide ensuite l‟agriculteur à concevoir un projet de réduction de l‟usage des produits phytosanitaires. Agriculteurs et ingénieurs opèrent ensuite un suivi régulier de l‟évolution de l‟exploitation au moyen de l‟enregistrement des pratiques et de bilans de campagnes (MAFF/DGPE/BDACA, 2016).

Malgré une collaboration entre acteurs publics et privés (exploitations agricoles, instituts techniques, organismes de recherche), ce sont les institutions publiques qui jouent un rôle prépondérant dans la mise en place du dispositif. Le MAAF fixe les orientations de l‟Etat relatives à DEPHY et assure la cohérence avec les autres politiques publiques. Il ordonne DEPHY au niveau national, mobilise le financement et valide auprès de l‟ONEMA la bonne exécution des conventions nationales. A l‟échelle régionale, la DRAAF est chargée du pilotage et de la mise en œuvre de DEPHY dans le cadre des orientations fixées par le MAAF.

Pour assurer la cohérence et une bonne valorisation des résultats du dispositif en région, la DRAAF mandate la CA qui assure une mission de coordination technique, d‟animation des réseaux, de capitalisation et de gestion administrative des conventions. La DRAAF peut mobiliser également les Instituts Techniques pour les intérêts régionaux ou territoriaux. Enfin, l‟ONEMA gère le financement des actions du plan Ecophyto (MAFF/DGPE/BDACA, op.cit.).

(22)

11 Le consortium public-privé, lancé en 2015, est un autre exemple de partenariat entre acteurs publics et privés. Il regroupe 17 entreprises, des organismes de recherche publics (INRA, CNRS), 15 instituts techniques agricoles, des associations et des pôles de compétitivité. Ces acteurs travaillent ensemble sur l‟étude de la variabilité de l‟efficacité des produits de biocontrôle, du stress chez les plantes et de la constitution des microbiomes.

Ces trois projets sont cofinancés par les entreprises et l‟Etat (respectivement à hauteur de deux-tiers et un tiers) et ont pour finalité une meilleure compréhension des relations entre la plante cultivée et son milieu afin de proposer des solutions de biocontrôle qui soient efficaces et écologiques7.

1.2.1.2 Collaboration entre acteurs privés

De plus en plus d‟entreprises impliquées en aval de la filière agricole cherchent à développer des chartes et des partenariats avec les agriculteurs pour une production agricole plus durable.

La transition agroécologique est ainsi « tirée » par certaines entreprises de l‟aval qui sont incitées dans le cadre des démarches RSE8 à investir dans l‟amélioration des pratiques agricoles de leurs fournisseurs (Guillou et al, 2013).

Nous avons essayé de synthétiser les relations entre acteurs au moyen d‟un schéma présenté en figure 2.

7 Informations recueillies auprès d‟un animateur et expert scientifique pour le consortium

8 RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) : elle regroupe l‟ensemble des pratiques mises en place par les entreprises dans le but de respecter les principes du développement durable, c‟est-à-dire être économiquement viable, avoir un impact positif sur la société mais aussi mieux respecter l‟environnement

(23)

Réglementation, PAC

Porte-parole des intérêts agricoles

Achat

Vente directe Cahiers des charges

Labels de durabilité Normes

Conseil, innovations, Projet commun PEI, Interconnaissance

Vente produits biocontrôle et intrants

Mise en place charte

Réseaux de fermes de référence Diffusion résultats et pratiques

PAC

Subventions FEADER PCAE

Consignes Fixe orientation de l’Etat

Achat Vente

Mise en commun pratiques, résultats Création GIEE

Mise en place dispositifs GIEE et DEPHY Mandate

Animation, Administration et Coordination technique par ingénieurs réseaux

Finance action Plan Ecophyto

Valide bonne exécution des conventions nationales

Subventions CASDAR

ORGANISMES DE RECHERCHE

Vente directe Système

d’informations pour DEPHY

Portail initié à la demande du MAFF Vulgarisation connaissances

protection intégrée

Concertations Chartes Primes agriculteurs

Achat

UE ETAT FRANÇAIS

INTERNATIONAL

(COP21)

CONSEIL REGIONAL DRAAF, COPIL DEPHY

AGRICULTEURS

En Transition

COOPERATIVES AGRICOLES

CONSOMMATEURS ENTREPRISES

D’AGROFOURNITUR E

CHAMBRE D’AGRICULTURE

PME COOPERATIVES

GMS MAAF

Programme agroécologique Plan Ecophyto II

Agrosyst

INRA

EcophytoPIC

ACTA ONEMA

ENTREPRISES ENGAGEES DANS AMELIORATION DES

PRATIQUES TRANSFORMATEURS

Figure 2 : Relations entre acteurs de la filière agricole,

institutions publiques et organismes de recherche dans la mise en place de pratiques agroécologiques en France

(24)

Légende

Institutions publiques Fournisseurs

Producteurs

Acteurs de la commercialisation

Innovateurs, Conseillers Consommateurs

Flux d’informations Flux financiers

Flux de marchandises (vente) Flux de connaissances

PAC : Politique agricole Commune

Elle participe aux objectifs du plan Ecophyto II via : PNSE3 (Plan national santé environnement)

Plan National Santé travail

Programme national pour l‟alimentation

Plan national d‟actions en faveurs des abeilles et pollinisateurs sauvages Autres plans adossés au projet agroécologique

PCAE : Plan de compétitivité et d‟adaptation des exploitations agricoles C‟est un plan de soutien aux investissements

PEI : Partenariat Européen pour l‟Innovation entre chercheurs, experts et praticiens innovants (agriculteurs du réseau DEPHY)

(Source : Ministère de l‟Agriculture, de l‟Agroalimentaire et de la Forêt et Ministère de l‟Ecologie, du développement Durable et de l‟Energie, 2015. Plan Ecophyto II)

Références

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