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2.2.1 Réalisation d’entretiens semi-directifs

Nous rappelons que le projet Alternatives n‟en est qu‟à son commencement. Une des caractéristiques de notre travail est alors d‟explorer les pratiques, les stratégies et les représentations que les agriculteurs ont ou se font du biocontrôle.

Nous cherchons à comprendre comment les acteurs interrogés pensent la transition agroécologique et le biocontrôle ainsi que les actions qu‟ils réalisent pour raisonner leurs productions. Nous avons choisi un contexte bien particulier : celui de la viticulture dans les départements des Pyrénées Orientales et de l‟Hérault.

L‟objectif n‟est pas d‟émettre une loi universelle sur le biocontrôle et le type d‟exploitant qui l‟utilise mais de comprendre le lien entre le contexte social, les acteurs (agriculteurs, conseillers) et les techniques de biocontrôle mises en œuvre.

Comme le dit Dumez (2012), la recherche qualitative est d‟usage lorsqu‟il s‟agit de comprendre les acteurs dans un contexte. C‟est pourquoi nous avons décidé de réaliser une analyse qualitative. Celle-ci repose sur une visée compréhensive qui cherche à répondre aux questions « pourquoi » et « comment » (Dumez, op.cit.).

Répondre à ces questions au moyen de questionnaires n‟aurait pas été possible car nous souhaitions décrire les situations dans lesquelles évoluent conseillers et viticulteurs, connaître les pratiques réalisées par les viticulteurs et comprendre les raisons qui les incitent à changer leurs pratiques ainsi que le sens qu‟ils leur donnent.

Nous avons donc privilégié la méthode des entretiens semi-directifs.

Les agriculteurs et les conseillers ont alors été libres de s‟exprimer, de réagir et de commenter nos questions ou nos remarques. Cette liberté d‟expression a permis une meilleure compréhension de la place du biocontrôle et de son importance pour le réseau DEPHY Ferme, des difficultés rencontrées par les viticulteurs et de leurs attentes pour la transition agroécologique.

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2.2.2 Guide d’entretien des conseillers

Les trois conseillers ont été interrogés en premier car ils animent les groupes de travail et connaissent les agriculteurs. Ils sont les seuls à pouvoir nous renseigner sur leurs

coordonnées13. Nous nous sommes entretenus avec eux pendant une demi-heure à une heure

et les avons interrogés sur les thèmes suivants14 :

- Présentation de leur institution et de leur travail

- Présentation du dispositif DEPHY et description de leur rôle

- Les méthodes de protection des cultures privilégiées

- Les relations qu‟ils entretiennent avec les autres acteurs de DEPHY

- La place du biocontrôle au sein des pratiques préconisées

- Leur point de vue sur le dispositif DEPHY

- Leur vision de l‟agriculture pour demain

Les premières questions sur l‟institution et leur travail permettent de comprendre le cadre dans lequel évoluent les conseillers. Ces conseillers ont un statut un peu spécial car ils sont également ingénieurs réseaux pour le dispositif DEPHY. Ils ont, en plus de leur activité de conseiller pour la Chambre, une activité de conseiller et d‟animateur pour le dispositif DEPHY. Nous leur avons demandé en quoi consistait ce travail d‟ingénieur réseau, le temps qu‟ils y consacrent et les activités qu‟ils réalisent afin de comprendre l‟organisation des groupes et le rôle que les conseillers y occupent.

Nous avons ensuite demandé les méthodes et pratiques privilégiées pour la protection des cultures et la réduction d‟intrants chimiques. Ces premières informations générales permettent de savoir si naturellement les conseillers évoquent le biocontrôle comme pratique pour la protection des cultures parmi l‟ensemble des pratiques préconisées. Est-ce que le biocontrôle est une des pratiques privilégiées auprès des viticulteurs ? Si oui, quelles produits ou solutions de biocontrôle sont proposés ?

Les types de pratiques renseignés permettent également de savoir si les recommandations faites par DEPHY visent l‟efficience des pesticides, leur substitution ou le maintien des populations d‟auxiliaires à l‟échelle territoriale.

Enfin, les questions portant sur le dispositif DEPHY et l‟agriculture nous ont renseignés sur l‟image que les ingénieurs réseaux ont de DEPHY et de ses solutions ainsi que sur leurs points de vue sur l‟avenir de la viticulture.

2.2.3 Guide d’entretien des viticulteurs

Une fois en contact avec les viticulteurs, nous avons demandé des précisions sur leurs exploitations pour connaître le nombre de personnes y travaillant, la surface cultivée et son organisation. A partir de ces informations, nous avons choisi des agriculteurs présentant des

13 En effet le nom des agriculteurs participant aux groupes DEPHY n‟est pas renseigné sur internet. Les conseillers sont les seuls à pouvoir nous fournir leurs coordonnées

20 profils très différents pour voir si la taille de l‟exploitation, l‟effectif employé et le mode de commercialisation pourraient influencer les pratiques réalisées. D‟autre part, nous avons essayé, dans la mesure du possible, de choisir deux ou trois agriculteurs présentant des profils semblables entre les trois groupes pour savoir si des similitudes impliquent des solutions semblables.

Les entretiens avec les agriculteurs ont duré en moyenne une heure. Les thèmes abordés sont

les suivants15 :

- L‟historique de leur exploitation

- L‟origine de leur implication dans le système DEPHY

- Leur rôle au sein du dispositif

- Les pratiques réalisées pour la protection des cultures

- Leur connaissance et leur définition du biocontrôle

- Les relations qu‟ils entretiennent avec les autres acteurs de DEPHY

- Leur point de vue sur le dispositif

- Leur vision de l‟agriculture

Les premières questions sur l‟exploitation permettent d‟évaluer le profil de l‟agriculteur : la surface cultivée, les labels, l‟année d‟installation, le nombre de personnes travaillant sur l‟exploitation et s‟il est propriétaire ou non du ou des domaines qu‟il exploite. Ces informations permettent un premier état des lieux des caractéristiques générales de l‟exploitant.

Le thème portant sur les pratiques vise à répondre aux questions suivantes :

- Le système agricole de l‟exploitant se base-t-il plutôt sur une diminution de l‟apport

total en intrants ou sur la substitution d‟intrants chimiques par des intrants biologiques ?

- Est-ce que le viticulteur cherche à préserver la biodiversité environnante ?

- Est-ce que les agriculteurs aux profils semblables ont les mêmes stratégies de gestion

de leurs cultures ?

- Le groupe auquel appartient l‟agriculteur influence-t-il ses pratiques ?

Enfin, nous leur avons demandé les raisons de leur implication dans le réseau Ferme : leur avis sur le réseau, son fonctionnement et la nature de leurs relations avec les autres membres du groupe. Ces questions visent à identifier l‟importance du groupe dans la transition agricole effectuée, s‟il constitue un frein ou un levier.

Les informations recueillies et leur utilité sont détaillées dans la partie 2.3.

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