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3.3 Complexité de la transition

3.3.1 Appréciation des produits de biocontrôle

Afin de mieux comprendre pourquoi certains viticulteurs utilisent ou non le biocontrôle, nous avons relevé les freins à l‟établissement des produits de biocontrôle.

Nous n‟avons pas pu étudier le cas du maintien des IAE car la majorité des viticulteurs interviewés n‟ont pas donné de précisions sur cette technique.

En revanche, tous les agriculteurs connaissent la confusion sexuelle. Nous leur avons demandé leur avis sur cette technique de biocontrôle. Les réponses ont été regroupées selon deux groupes : ceux utilisant la technique et ceux ne l‟utilisant pas (tableau 8).

Tableau 8: Point de vue des viticulteurs sur la confusion sexuelle

Utilisation confusion sexuelle

Avis

Oui A2 Prix trop élevé

A4 Aucune car satisfait de cette méthode

B1 Avis positif sur la confusion "Là, ça marche"

B2 Confusion efficace

Mais chronophage car demande du temps pour poser les capsules

B3 "Seule la confusion a fait ses preuves"

Non A1 produit cher

A3 pas d'avis car n'en a pas besoin. Ses parcelles ne sont

pas touchées par les vers de grappe

A5 A testé l'année dernière mais résultats pas concluants.

Produit pas efficace

A6 surfaces nécessaires trop importante

main d'œuvre pour la mettre en place trop conséquente Prix trop élevé

B4 Voudrait mettre en place la confusion mais pratique

qui demande de grandes surfaces

"de plus au niveau des sous ça fait cher"

C1 Surface nécessaire importante donc nécessité que tous

les coopérateurs soient d'accord pour sa mise en place

C2 Vignoble isolé et pas assez de surface pour la

confusion « Mais moi je suis assez isolé. J‟ai mon vignoble mais autour j‟ai rien. Donc c‟est pas

intéressant. Car pour le faire, il faut quand même jouer sur 200 ou 300 hectares ».

C3 Confusion projet coûteux et compliqué à réaliser car

nécessite

l'application sur parcelles de différents agriculteurs du secteur

C4 Aucune car ne connaît pas bien ce que c'est

C5 Stratégie de communication de la cave mais peu

convaincu de l'efficacité de la confusion si elle n'est pas mise en place sur au moins une centaine d'hectares

42 Pour analyser les principales critiques faites à la confusion sexuelle, nous avons regroupé par catégories les freins identifiés.

Le frein économique renvoie au prix du produit et au coût de la main d‟œuvre nécessaire. Le frein organisationnel fait référence à la complexité de mise en place de la confusion car nécessitant la coopération entre viticulteurs d‟un même secteur.

Enfin, la pose des capsules est chronophage ce qui constitue le dernier frein relevé : le frein temporel.

Nous avons regroupé ces freins dans un diagramme radar avec en bleu les viticulteurs utilisant la confusion et en rouge ceux ne l‟utilisant pas (figure 3).

Figure 2: Freins évoqués à la réalisation de la confusion sexuelle (en bleu par ceux l‟utilisant, en rouge par les autres)

Afin de faciliter la lecture, nous avons choisi de représenter en unité le nombre de viticulteurs ayant évoqué le frein considéré.

Nous savons que cinq viticulteurs utilisent la confusion et que les dix autres ne l‟utilisent pas. Parmi les cinq agriculteurs pratiquant la confusion sexuelle, tous sont satisfaits de cette pratique. A2, A4, B1 et B3 affirment qu‟ils n‟ont pas de critique à lui faire.

B2 précise tout de même que cette technique est chronophage et coûteuse, de par le prix des capsules et le temps de pose.

A2 teste depuis cette année la confusion sur 7ha et il explique que le coût engendré par cette pratique est important (frein économique).

Ces résultats sont encourageants. La confusion rencontre un large succès chez les viticulteurs qui la développent. 0 1 2 3 4 5 6 Economique Technique Organisationne l Temporel Aucun Oui Non

43 En revanche, parmi les dix agriculteurs ne réalisant pas la confusion sexuelle, les critiques sont nombreuses.

Le frein technique est celui qui revient le plus souvent. En effet, il a été évoqué par six viticulteurs (A5, A6, B4, C2, C3 et C5). Ils insistent sur la complexité de la réalisation de cette pratique.

Pour les viticulteurs du groupe C, un projet de confusion est en train de se mettre en place à l‟échelle de la cave coopérative. La pratique devrait concerner au total une cinquantaine d‟hectares.

Or, le problème majeur rencontré par les viticulteurs du groupe C est la surface nécessaire. D‟après l‟IFV, pour obtenir de bons résultats, la confusion doit être réalisée sur des surfaces

minimales de 5-10 ha de vignoble d'un bloc homogène27. Or les viticulteurs du groupe C ont

généralement un vignoble réparti en plusieurs petites parcelles et non en îlots d‟une dizaine d‟hectares. Pour la réalisation de la confusion, il faut alors une coopération entre les viticulteurs du même secteur ce qui pose des problèmes organisationnels (coopération entre viticulteurs aux points de vue différents) et économiques (projet coûteux).

C1 résume ainsi la situation. « Le problème c‟est que ça ne se fait pas sur 3 hectares. Il faut quand même un îlot assez important. Comme nous, ce sont des exploitations assez morcelées, il y a certains coopérateurs qui ne sont pas tout à fait à 100% dedans. Pour cette année, on devait le mettre en place pour l‟année prochaine je crois. Et je pense que ça va être remis à l‟année suivante pour que tout le monde soit dans le bain quoi ».

La surface nécessaire est également un frein pour B4 qui ne possède que 28 hectares répartis en cinq îlots de 5ha et quelques parcelles isolées. Il craint que ses surfaces ne soient pas suffisamment importantes pour qu‟il soit dans son intérêt de développer la confusion. En effet, ses collègues B3 et B2 qui l‟ont mis en place expliquent que la confusion est plus efficace dans leurs cas sur des surfaces de 15-20ha.

A5 a testé l‟année dernière la confusion mais il s‟est avéré que les résultats n‟ont pas été concluants. La confusion présenterait un problème technique dans son efficacité.

Enfin A3 et C4 n‟ont pas émis d‟avis à ce sujet.

La confusion sexuelle rencontre donc un franc succès chez ceux l‟utilisant. Mais son principal problème rencontré concerne la surface nécessaire pour sa réalisation. Il n‟est pas toujours possible de développer cette pratique car elle demande une coopération entre viticulteurs lorsque le projet est collectif (comme dans les Pyrénées Orientales) ou l‟agrandissement ou le regroupement parcellaire pour ceux souhaitant la réaliser individuellement.

Or regrouper son parcellaire implique l‟achat de nouvelles terres, ce qui n‟est pas toujours possible en raison de la pression foncière importante dans le secteur des viticulteurs du groupe A. A6 explique que les viticulteurs de son groupe se situent en périphérie de l‟agglomération de Montpellier. Les propriétaires de terrain dans leur secteur ne veulent ni les louer ni les vendre aux viticulteurs car ils espèrent que ces terrains deviendront constructibles dans peu de temps et pourront ainsi être vendus plus chers.

44 La confusion sexuelle est pour le moment la solution de biocontrôle principalement utilisée par les viticulteurs en agriculture conventionnelle mais sa réalisation reste complexe.

Seuls A5 et B2 utilisent d‟autres produits de biocontrôle pour remplacer les fongicides chimiques.

Nous avons essayé de comprendre ce constat en interrogeant les viticulteurs sur les difficultés rencontrées à la pratique de produits de biocontrôle, autres que la confusion.

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