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Le Bilan Commun de Pays. Algérie. Janvier Nations Unies Algérie

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Le Bilan Commun de Pays Algérie

Janvier 2021

Nations Unies

Algérie

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Table des matières

Résumé Exécutif 3

INTRODUCTION 6

1. ANALYSE DU CONTEXTE 7

2. DROITS HUMAINS 11

3. MISE EN ŒUVRE DE L’AGENDA 2030 13

3.1 Mécanismes institutionnels de planification, suivi et rapportage ... 13

3.2 Revue globale des progrès de l’Algérie pour l’atteinte des ODDs ... 14

3.3 Personnes » : diagnostic social ... 16

3.4 « Prospérité » : diagnostic économique ... 19

3.5 « Planète » : diagnostic environnemental et du changement climatique ... 21

3.6 « Paix » : diagnostic de la gouvernance et la cohésion sociale ... 23

3.7 « Partenariat » : diagnostic des moyens de mise en œuvre des ODD ... 26

3 NE LAISSER PERSONNE POUR COMPTE 28 4 TRANSFORMATION ECONOMIQUE 33 5 FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT 39 6 RISQUES EXTERNES 42 7 CONCLUSION : DEFIS TRANSVERSAUX ET ACCELERATEURS DE L’ATTEINTE DES ODD 45 Bibliographie 46 Annexe I : Analyse des progrès des ODD par dimensions 47 I. « Personnes » : ODD 1-5 ... 47

II. « Prospérité » : ODD 7 à 10 ... 62

III. « Planète » : ODD 6, 11 à 15 ... 70

IV. « Paix » : ODD 16 ... 77

V. « Partenariat » : ODD 17 ... 83 Annexes II : Résumé des discussions sur les défis/risques de l’Algérie 89

Annexe III : Cibles critiques 91

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3 Résumé Exécutif

A l’aube de la Décennie d’Action pour les Objectifs du Développement Durable (ODD), l’Algérie amorce un tournant nouveau et décisif dont les prémices trouvent leurs origines dans les aspirations de changement exprimés par les Algériens à la faveur du mouvement populaire pacifique, le Hirak, du 22 février 2019. En dépit d’une conjoncture économique difficile et l’impact de la crise sanitaire de la COVID-19, le pays a maintenu sa position parmi les pays avec un indice de développement humain élevé en se maintenant au premier rang des pays du Maghreb et le 3ème en Afrique.

Cependant, la pérennité de la trajectoire ascendante du développement en Algérie est mise à l’épreuve en raison de la fragilité du modèle économique fortement dépendant des hydrocarbures et peu performant. Cette situation a été aggravée par les conséquences de la pandémie de Covid-19 : l’Algérie s’est vue déclassé de la catégorie de pays à revenus intermédiaire-tranche supérieure à la catégorie des pays à revenus intermédiaire, tranche inférieure depuis juillet 2020. Ainsi, cette évolution négative n’a pas permis de créer des conditions favorables à l’accélération de la marche de l’Algérie sur la voie de l’atteinte potentielle de l’Agenda 2030 et ses 17 ODD. Disposant de perspectives prometteuses de relance, l’orientation des politiques publiques vers un nouveau modèle de gouvernance et une nouvelle orientation économique basée sur la diversification économique, la promotion de l’industrie, de l’entreprenariat et de ‘nouvelles richesses alternatives’ constitue le socle du Plan du gouvernement 2020-2024. Le plan renvoie à la dynamique de transformation politique qui s’est engagée depuis le début de la mobilisation citoyenne pacifique qui a ravivé l’engagement politique des Algériens, notamment les jeunes et leurs fortes aspirations à la démocratie et au bien-être social et économique. Au cœur de ce mouvement, une revendication de transformation politique, avec plus de participation citoyenne dans la prise de décision, plus de transparence dans la gestion des affaires publiques et la garantie effective des droits et des libertés individuelles et collectives devant aboutir à une rupture avec le modèle de gouvernance instauré depuis l’indépendance.

Basée sur une économie fondée sur la rente pétrolière, la politique sociale de l’Etat axée sur le développement humain impliquant une redistribution de la rente à travers différentes formes de subventions a permis de garantir l’accès pour toutes et tous aux services sociaux de base et l’éradication de la pauvreté extrême. Cette politique de subventions tous azimuts a certes réduit la pauvreté, mais sur la durée se révèle de plus en plus coûteuse et peu efficace puisqu’elle et n’a pas nécessairement réduit les inégalités, en plus de la surconsommation et du gaspillage qu’elle a engendré.

Sous l’effet du changement climatique, l’Algérie fait aussi face à des défis environnementaux importants qui risquent de s’exacerber dans le futur tels que l’érosion des sols, la désertification (le désert occupe 84% du territoire) et la rareté de l’eau (l'Algérie est située sous le seuil de rareté avec un ratio de 600m3/habitant/an), ainsi qu’à des cycles de sécheresse (la pluviométrie a baissé de plus de 30% au cours des dernières décennies.

L’agriculture étant le secteur le plus fortement touché, risque de subir un fort impact quant à la sécurité alimentaire. Par ailleurs, la concentration de la population en zone urbaine et des activités sur la frange littorale engendre des défis liés à la surexploitation des ressources hydriques et des sols.

Même si le pays est relativement égalitaire avec un taux de pauvreté monétaire très bas (5,5%), il existe des zones d’ombre et certaines catégories de personnes défavorisées, exclues ou laissées pour compte qui n’ont pas pu atteindre un niveau de développement leur assurant un niveau de vie décente, à l’image des femmes cheffes de familles monoparentales, les personnes vivant avec un handicap vivant dans les zones reculées, celles vivant avec le VIH et dans certains cas les personnes âgées. Une frange importante des jeunes observe une certaine méfiance et une réticente vis-à-vis des espaces et des formes traditionnelles de la participation politiques.

D’autres doivent faire face au chômage de plus en plus important, sous l’effet de la COVID-19, notamment les jeunes qui ne sont ni dans éducation, ni dans la formation (NEET « Not in Employment, Education or Training »).

En l’absence de perspectives, nombre jeunes tentent l’immigration clandestine (les Haragas). Le renforcement des capacités (humaines, matérielles, financières et communautaires), ainsi que la mise en place d’une vision de

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développement holistique, de structures de planification adéquates et d’outils de stratification des populations à risque d’être laissées pour compte, seront autant de moyens d’améliorer leur résilience et une chance de leur relance durable. Nombreux migrants, demandeurs d’asyle et réfugiés sont exposés à des formes d’exploitation et de violence sur les routes migratoires et font face à des obstacles juridiques et culturels.

Selon le bilan du progrès dans l’atteinte des ODD commissionné par le SNU Algérie, le pays a déjà parcouru 55%

des cibles ODD sur les 103 indicateurs disponibles. Le rapport global sur le développement durable du Sustainable Development Network dans son édition 2020 crédite l’Algérie d’un score de 71.1 sur 100 dans l’atteinte des 17 ODD, ce qui la place en tête du continent africain et de la région arabe.

Jusqu’à présent, les ODD sont financés largement par le budget de l’Etat, avec une contribution relativement faible du secteur privé ou autres partenaires et institutions financières internationales ou régionales.

L’accélération de la mise en œuvre des ODD en cette décennie d’action requiert cependant un engagement plus large de tous les secteurs. Plusieurs risques externes existent qui impactent sur la stabilité et le développement durable en Algérie, notamment la dynamique sécuritaire dans les régions frontalières, qui sont aggravés par les déséquilibres en termes de développement et de gouvernance et par l’effet des changements climatiques.

Par rapport aux droits humains, l’Algérie a enregistré des progrès importants, notamment socio-économiques, et s’est engagé à renforcer la mise en œuvre effective des lois afin d’assurer le plein accès à l’ensemble des droits et libertés constitutionnellement garantis. Un souci également partagé par les rapporteurs spéciaux des Nations Unies qui ont exprimé des réserves sur l’accès effectif des citoyens à certaines libertés au cours des dernières années.

L’équipe pays des Nations Unies en Algérie estime que les grands défis pour le pays sont liés essentiellement au mode de gouvernance et aux contraintes économiques, aggravées par l’impact de la crise COVID-19. Ces défis transversaux se résument comme suit : (cette partie, y inclus les risques, est à revoir suite a l’atelier du groupe de référence dans la semaine du 19 janvier)

- Crise de confiance entre gouvernants et gouvernés, le manque de transparence et de redevabilité de l’action publique, la faible représentativité des institutions, la lourde bureaucratie et manque de transparence ;

- Modèle économique non-résilient, à faible valeur ajoutée et qui génère peu d'emplois décents : une économie peu diversifiée dominée par un secteur public peu performent et une faible innovation et digitalisation, un secteur bancaire peu performant, une faible contribution du secteur privé à l’économie, la prédominance du secteur informel dans la sphère économique et l’insoutenabilité du modèle de protection sociale,

- Difficulté d'accès équitable et inclusif à des services de santé et d'éducation de qualité.

- Modèle social insoutenable et non durable

- Faible autonomisation et inclusion socio-économique des femmes et des jeunes - Dégradation croissante de l'environnement

L’analyse causale de ces défis montre que les causes profondes se résument notamment dans les déficiences dans la gouvernance, les déficiences dans la stratégie de réforme intersectorielle globale, la gestion des affaires publiques fondée sur le mérite et l’efficacité et un contrôle excessif sur les ressources économiques par le secteur public.

Afin de s’attaquer aux causes profondes des problèmes mentionnées ci-dessus, plusieurs risques ont été identifiés. D’abord, le déficit de la volonté politique et le retard dans la prise de décision pour conduire les réformes dans la transition démocratique, la consolidation de l’Etat de droit, la transformation du modèle socio- économique et énergétique. Ces reformes peuvent se heurter à des obstacles importants, notamment des élites disposant d’influence politique et économique notable qui privilégient le statu quo, par une redistribution de la rente, et qui maintiennent les politiques de largesse. Les évènements ayant succédés au soulèvement populaire du 22 février 2019 ont mis la lumière sur une gestion politique et économique totalement opaque ayant engendrée une corruption au plus haut niveau de l’Etat avec des connexions entre certaines élites politiques et

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des opérateurs économiques de façade. L’émergence de nouveaux acteurs économiques à travers la libéralisation de l’entreprise privée peut menacer les centres de pouvoir traditionnels. Mais la lenteur dans la mise en place des réformes, qui d’habitude se veulent graduelles ou se heurtent aux blocages institutionnels, peut amener le pays à des politiques d’austérité encore plus douloureuses dans le futur et même à une instabilité politique ou sécuritaire profonde.

Ensuite, une gestion des affaires publiques trop centralisée, opaque et peu communicative peut alimenter la grogne sociale et limiter l’assise politique et institutionnelle des réformes. A ceci s’ajoute le risque d’un cloisonnement des approches et un déficit de coordination au sein des institutions et entre celles-ci. La pleine implication et inclusion par les dirigeants politiques de tous les acteurs de la société, y inclus les activistes indépendants, les syndicats autonomes, le patronat, les technocrates et les partis politiques d’opposition dans l’élaboration des politiques publiques, renforce la crédibilité du pouvoir et augmente la portée du débat pour un système de gouvernance résilient. De plus, la séparation des pouvoirs, la transparence, le contrôle indépendant et la reddition des comptes, la coordination intersectorielle et le dialogue inclusif peuvent être des facteurs pour rétablir la confiance et mener un processus de développement durable.

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6 INTRODUCTION

Le Bilan commun de pays est l’analyse conjointe du Système des Nations Unies de la situation de développement de l’Algérie sous le prisme du Développement Durable. Il constitue la base du Cadre de Coopération Stratégique 2022-2026 entre le Gouvernement Algérien et les Nations Unies, et est le résultat d’un processus de revue des analyses secondaires et d’une large consultation auprès des agences onusiennes mais aussi des partenaires gouvernementaux, de la société civile, du monde académique, des centres de recherche, syndicats, patronats et du secteur privé. Le document a bénéficié de l’expertise des agences, fonds et programmes des Nations Unies ainsi que la Commission Economique pour l’Afrique/bureau du Maghreb et les institutions financières internationales. Les travaux d’analyse ont été menés par un Groupe de Reference, qui a été composé des experts des agences onusiennes, et par les centres d’étude et de recherche CENEAPED et CREAD pour l’analyse des personnes laissées pour compte.

Les conclusions de ce bilan ont été validées par l’ensemble des agences résidentes et non-résidentes de l’Equipe de Pays des Nations Unies en Algérie.

A l’aube de la Décennie d’Action pour accélérer l’atteinte des ODD, cette analyse a été encadrée par les principes directeurs Droits Humains, Equite, Genre et Autonomisation des Femmes, Résilience et Durabilité et Redevabilité, et dans l’optique principale de ne laisser personne de côté. Elle se veut une compréhension commune de l’état d’avancement des Objectifs de Développement Durable, notamment les cibles déficitaires, et les défis transversaux pour réaliser la vision transformative de l’Agenda 2030 avec ses dimensions socio-économiques et environnementales. A cet effet, une méthodologie innovatrice et originale a été développée en s’inspirant des outils d’analyse des Nations Unies particulièrement pertinents pour une réflexion collective basée sur l’approche en système (system thinking)1.

L’élaboration du Bilan commun des pays a été marqué par la crise sanitaire de la COVID-19 qui nous a posé des limites par rapport aux consultations en présentiel. L’impact de cette crise n’a pas changé les conclusions de ce document mais plutôt accentuée l’existence des défis transversaux pour atteindre un développement qui est juste, équitable et durable, et qui ne laisse personne de côté.

1« System thinking » Peter Senge, Donella Meadows; “SDG Accelerator and Bottleneck Assessment 2017”, UNDP et “Determinant Analysis for Equity Programme”, 2014, UNICEF

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7 1. ANALYSE DU CONTEXTE

Plus grand pays d’Afrique par sa superficie et troisième économie de la région du Moyen-Orient et quatrième de l’Afrique, l’Algérie présente de nombreux paradoxes. Depuis février 2019, le pays traverse une période charnière de son histoire, marquée simultanément par des défis internes et externes, dont les répercussions seront déterminantes pour son avenir. La confluence de pressions macro-économiques et des revendications politiques et sociales, accentuées par la crise sanitaire de la COVID-19, constituent un réel challenge pour la réalisation des aspirations nationales et la construction de l’ «Algérie nouvelle», qui se veut en rupture avec un modèle de gouvernance dépassé et une économie dépendante de la rente pétrolière.

Au cours des derniers vingt ans, l’Algérie a fait du progrès important dans le domaine socio-économique.

Depuis son indépendance en 1962, l’Algérie s’est engagée dans une politique sociale axée sur le développement humain impliquant une politique de redistribution de la rente grâce aux transferts sociaux directs, des subventions universelles et une action d’insertion sociale, équivalant à 30 % du PIB2. Stimulée par l’accroissement des prix des hydrocarbures, cette politique a permis au cours des vingt dernières années à l’Algérie de faire des progrès de développement considérables. Le pays a pu rembourser sa dette extérieure passée de 30,26 milliards USD en 2000 à 1,79 milliards en 20183 (dette gouvernementale), investir massivement dans des projets d’infrastructure socio-économiques et mettre en œuvre des politiques sociales ayant contribué directement au recul spectaculaire de la pauvreté de 22,6% à 5,5% en vingt ans4. Ces avancées sont reflétées dans le classement de l’Algérie dans les indices du développement humain. Entre 2000 et 2018, le pays a gagné 25 places au classement mondial, et figure en 82ème position à l’échelle mondiale et au 3ème rang africain après l’Ile Maurice et les Seychelles avec un indice de 0,759 en 2018. Ainsi l’espérance de vie est passée de 69,6 ans en 2000 à 77,7 ans en 20195, la scolarisation a atteint plus de 98,5 % au primaire et 96,27%6 pour le cycle du moyen et l’accès à la couverture sanitaire est devenu universelle. Vu sa vaste géographie d’un pays-continent avec 6 511 km de frontières terrestres et son appartenance à la région fragile du Sahel, l’Algérie a fait des avancées énormes depuis la « décennie noire » pour garantir la sécurité de ces frontières et la stabilité interne.

Comme d’autres pays dans la région, l’Algérie doit également faire face aux défis démographiques, notamment répondre aux besoins d’une population grandissante avec un afflux croissant de jeunes sur le marché du travail, notamment dans les zones urbaines. Après un ralentissement enregistré entre 1990 et 2003, la croissance démographique de l’Algérie s’est de nouveau accélérée à partir de 2004, avec un taux de fécondité de 3 % et une croissance démographique nette d’environ 2.0 % annuel, qui mettra la population algérienne à 50 millions avant 2030. Selon les derniers chiffres de 2020, 37% de la population algérienne est âgée de moins de 15 ans et près des deux tiers de moins de 30 ans, 85% d’entre eux habitent en milieu urbain7. Sans doute, cette dynamique démographique offre des opportunités d’accélération du développement mais pose aussi des défis socio-économiques et politiques pour répondre aux ambitions et modes de vie de cette population, bien formée et connectée. Chaque année, des milliers de jeunes algériens tentent de traverser la méditerranée pour trouver un avenir meilleur en Europe8.

L’économie algérienne a connu une forte expansion d’un pays à revenu moyen élevé, avec un taux de croissance annuel d’environ 3,3% entre 2000 et 2014, ce qui a permis de soutenir une politique

2les liens http://www.aps.dz/economie/73988-subventions-des-experts-pour-un-modele-algerien-de-reforme et https://www.liberte- algerie.com/actualite/reduction-des-subventions-implicites-a-moyen-terme-231212/pprint/1

8% du PIB subventions explicites et 22% d’implicite, donc 30% en total (calculs avec NABNI et FCE), 2018

3 Banque centrale de l’Algérie (www.bank-of-algeria.dz)

4 Recensement de la population 2011 : la pauvreté était de 22.6% en 1990 et 5.5% en 2011 (www.ons.dz)

5 Rapport sur le développement humain 2002 et 2019 (http://hdr.undp.org)

6www.education.gov.dz (chiffres 2018). Taux moyen de féminisation de 49% qui varie selon le cycle

7 Office national des statistiques, 2020 http://www.ons.dz

8 Selon le sondage Arab Baromètre 2014 - Un Algérien sur près de trois (32,1%) veut émigrer d'Algérie -https://www.arabbarometer.org/wp- content/uploads/Algeria_Report_Arabic_Public-Opinion_2019-1.pdf. Selon l’OIM, 40 000 Algériens ont tenté la Haraga en 2018

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d’investissement public de grande ampleur dans les infrastructures et les services sociaux de base. Cette croissance tirée par l’embellie financière due au fort accroissement du prix des hydrocarbures sur le marché mondial a touché particulièrement les secteur agricole (plan national de développement agricole), le BTPH, le commerce et les services.

Cependant, l’économie algérienne reste vulnérable à cause de la faiblesse de son appareil productif dépendant lourdement des hydrocarbures et dominé par le poids du secteur public, le secteur privé est largement dépendant de la commande publique, peu développé vis-à-vis du potentiel de l’Algérie, à l’exception de quelques groupes, souvent familiaux. La crise financière de 2014 a révélé les limites structurelles du modèle socio-économique, basé sur les ressources en hydrocarbures. La baisse du cours du pétrole a progressivement épuisé le Fonds de Régulation de Recettes en 20179, les réserves du Fonds étaient de 40 milliards USD fin 2014, et a fortement réduit les ressources financières internes, obligeant les autorités à s’endetter en interne tout en puisant dans les réserves de change, 57 milliards USD en 2020, contre 193 milliards en 2013, pour maintenir leur politique de développement social solidaire et l’esprit de justice sociale auxquels l’Algérie est profondément attachée. Depuis juillet 2019, l’Algérie est tombée dans la tranche des pays à revenu intermédiaire inférieur10, alors qu’elle se classait dans la tranche de pays à revenu intermédiaire supérieur, en raison de la contraction notable des revenus d’exportation des hydrocarbures et de l’espace fiscal qui en ont résulté. En 2019, la croissance du PIB est descendue à un niveau historique de 0,7%11.

La pandémie de la COVID-19 a exacerbé les vulnérabilités structurelles en mettant l’économie du pays encore plus au ralenti. D’importantes répercussions sociales notamment pour les plus vulnérables sont à attendre. L’indice d’inégalité de genres de 0,865 en 2019, inférieure à la moyenne mondiale de 0,941 et à celle de l’Afrique subsaharienne (0,891)12montre que le développement de l’Algérie présente encore un haut niveau de disparités entre les hommes et les femmes. Ces disparités risquent de s’exacerber dans le contexte actuel.

Les investissements directs étrangers (IDE) sont en majorité orientés vers le secteur énergétique, plus intensif en capital, et ont jusqu’à présent contribué peu à l’élargissement du secteur des PME/PMI et à la création d’emplois hors-hydrocarbures. Par ailleurs, le poids du secteur informel, estimé à 45% du PIB13, reste aussi une entrave aux activités des entreprises commerciales et industrielles. Malgré cela, l’Algérie dispose de grandes potentialités. Selon le Rapport sur la compétitivité mondiale 2019, l’Algérie se classe à la 89ème place sur 141 pays14.

Située dans une zone de transition, entre les régimes tempérés et subtropicaux, l’Algérie est un pays majoritairement aride et semi-aride, ce qui amplifie les défis environnementaux comme les effets du changement climatique, la désertification et les risques naturels majeurs. Ces défis sont exacerbés par une démographie galopante et ses conséquences en matière d’urbanisation et de changements des habitudes de consommations, et la concentration de 80% de la population algérienne sur 1% du territoire national (les

¾ du territoire étant constitués par les hauts plateaux et par le Sahara. Tous ces facteurs mettent la pression sur les besoins en ressources et leur utilisation durable, notamment l’impact sur la disponibilité des ressources en eaux douce pour satisfaire la demande des ménages, de l’agriculture et de l’industrie, mais aussi la gestion des déchets ménagers et industriels. Dans son Plan National Climat, l’Algérie s’est engagée à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 7% à l’horizon 2030 et une transition énergétique pour diminuer sa dépendance aux hydrocarbures.

9 Ministère des Finances,https://bit.ly/3m5R6zM

10 Banque mondiale, juillet 2020, www.algerie-dz.com/forums/archive/index.php/t-466860.html

11Office national des statistiques : https://www.ons.dz/IMG/pdf/comptes3t2019.pdf

12Rapport sur le développement humain 2019

13ONS 2017:https://www.algerie-eco.com/2017/03/04/secteur-informel-represente-45- pnb/#:~:text=Selon%20des%20chiffres%20avanc%C3%A9s%20par,par%20l'ONS%20en%202012

14 Global Competitiveness Report 2019: http://www3.weforum.org/docs/WEF_TheGlobalCompetitivenessReport2019.pdf

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Sur le plan politique, l’Algérie traverse une période très sensible caractérisée par un refus profond des Algériens du régime de gouvernance établi depuis l’indépendance. Cette crise de confiance a atteint son apogée en 2019 à la suite de l’annonce de la candidature de l’ancien Président Abdelaziz Bouteflika, malade depuis 2013, à un cinquième mandat et a mis en cause le contrat social en vigueur. Les vagues de manifestations populaires hebdomadaires massives et pacifiques, qui ont duré plus d’une année et ce jusqu’aux restrictions imposées par les mesures sanitaires contre la COVID-19, ont mis en évidence la détermination des Algériens pour une transformation politique radicale, une ouverture démocratique et la mise en place d’un « état civil ».

Sous pression de la rue, la démission de l’ancien Président Bouteflika et l’élection du Président, Abdelmajid Tebboune, en décembre 2019, ont été accompagnées par une large campagne de lutte contre la corruption avec l’arrestation de plusieurs haut-responsables politiques et sécuritaires, hommes d’affaires et personnalités publiques proches du Président démissionnaire. Mais également plusieurs activistes et journalistes ont été arrêtés dans la même période.

Dès son investiture, le nouveau Président s’est engagé à rompre avec les anciennes pratiques du régime de Bouteflika et a annoncé des réformes politiques, économiques et institutionnelles structurelles notamment à travers un processus de révision de la constitution par voie référendaire, adoptée avec un taux de participation de 23,7%. La dissolution du Parlement suivie d’élections législatives anticipées figurent parmi les réformes qui visent à consolider l’assise politique du nouveau président et de rétablir la confiance entre les citoyens et leurs institutions représentatives.

Afin de répondre à l’urgence de prendre en charge les défis économiques structurels, le Plan d’action du gouvernement 2020-202415 s’est fixé comme priorité absolue de bâtir une économie diversifiée, pérenne, créatrice d’emplois et de richesses et libérée de la bureaucratie qui étouffe l’économie et le monde des affaires. Pour atteindre une croissance en adéquation avec le grand potentiel humain et naturel du pays, la nouvelle approche économique est constituée de trois piliers : une politique industrielle rénovée, une agriculture modernisée et une véritable économie de la connaissance. La création d’emplois et la lutte contre le chômage obéiront à une approche strictement économique, à travers la stimulation des activités rentables et, plus particulièrement, dans le domaine de la micro-entreprise, des incubateurs, des startups et du numérique, pour lesquels des ministères spécifiques ont été créés. Le plan prévoit également l’amélioration du climat des affaires et la réforme du système bancaire, financier et fiscal.

Au niveau des réformes institutionnelles, le Plan propose un nouveau mode de gouvernance qui protège les droits et libertés des citoyens, renforce les libertés pour la société civile et les médias, et assure une meilleure séparation et équilibre des pouvoirs pour une modernisation de l’Etat. Afin d’accélérer le progrès du développement humain pour tous, l’amélioration de la qualité des services sociaux et du pouvoir d’achat du citoyen sont au cœur de la politique sociale, tout en gardant le modèle de solidarité avec un meilleur ciblage des groupes vulnérables.

En résume, à l’aube de la « décennie d’action » pour les ODD, il est clair que la durabilité de la trajectoire ascendante du développement algérien avec ses composantes politico-économique et sociale, est largement tributaire d’une part d’une plus grande inclusion politique et démocratie participative, notamment celle des jeunes, d’une économie basée sur la productivité et la création de la richesse, et d’une politique sociale qui cible les plus vulnérables avec le principe de ne laisser pour compte.

15 http://www.premier-ministre.gov.dz/fr/documents/textes-de-references/plans-d-actions février2020

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10 Présentation graphique pour les statistiques suivantes :

- Evolution HDI Algérie, Maroc, Tunisie (2000 – 2019) - Evolution de l’espérance de vie (H/F)

- Evolution de la mortalité maternelle et infantile

- Evolution de l’urbanisation (2000 et 2019), comparaison avec le Maghreb

- Evolution de la population, avec % des jeunes moins de 30 ans (2000 et 2019) dans un graphique - Evolution du chômage (2000 – 2019) : total, femmes, jeunes

- Participation des H/F dans la vie active

- Répartition de l’économie par secteur hydrocarbures, services, agriculture, industrie (valeur et emplois) - Evolution de FDI (2000 et 2019), comparaison avec le Maghreb

- Principaux partenaires commerciaux (Exportations/Importations)

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11 2. DROITS HUMAINS

Ce chapitre se concentre sur les obligations internationales de l’Algérie qui découlent des principaux conventions et traités ratifiés, ainsi que de la mise en œuvre des recommandations de l’examen périodique universel sous l’auspice du Conseil des droits de l’homme, qui sont étroitement liées aux cibles des ODD.

L’Algérie est partie à l’essentiel des conventions, traités et instruments internationaux relatifs aux droits de l’Homme. Elle a ratifié huit des neuf principaux traités sur les droits de l'homme16. Elle est également partie à plusieurs instruments régionaux à l’exemple du Protocole de Maputo sur les droits des femmes en Afrique et de la Charte africaine sur les élections, la gouvernance et la démocratie (Charte de Johannesburg) ) ou encore la Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant. Seule la Convention pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, qu’elle a signé en 2007, n’a pas encore été ratifiée. Par rapport aux rapports nationaux périodiques au titre des conventions et traités ratifiés par l’Algérie, le pays a accusé un retard, notamment dû à la multitude d’instruments auxquels l’Algérie adhère et la charge de travail et le nombre réduit de personnel pour préparer les rapports.

Au titre de ces obligations à l’égard du Conseil des droits l’Homme17 et les mécanismes qui en dépendent, l'Algérie n'a pas émis d'invitation permanente à recevoir les visites des procédures spéciales mais deux visites de rapporteurs spéciaux ont été organisées depuis 2015 (sur le droit à la sante et le droit à l’éducation) et elle a invité trois titulaires de mandat à se rendre sur place : l’expert indépendant sur la dette extérieure (invitation en mars 2018), l’expert indépendant sur les personnes âgées (invitation en février 2018) et le représentant spécial sur le handicap (invitation de visite en février 2018)18. L'Algérie a accepté une visite du rapporteur spécial sur l'indépendance des juges, mais aucune date n'a été convenue. D’autre part, les demandes récentes de visite par les titulaires de mandat n’ont pas reçu de réponse de l’Algérie concernent le Rapporteur spécial sur le racisme, le Groupe de Travail sur les disparitions forcées et celui sur la détention arbitraire.

Au registre des examens, l’Algérie a participé à trois cycles d’Examen Périodique Universel (EPU), respectivement en 2008, 2012 et 201719 et sa prochaine présentation à l’EPU aura lieu en 2022. Les différents instruments et mécanismes des droits de l’Homme mentionnés ci-dessus soulignent plusieurs avancées, notamment au niveau socio-économique, mais également plusieurs lacunes et manquements à ses engagements internationaux en matière de droit de l’Homme, notamment par rapport à la liberté d’expression et de la presse, de rassemblement et de manifestation, la liberté d’association et de culte.

Lors du dernier cycle du UPR (2017), l’Algérie a accepté la plupart des recommandations (177 des 229 recommandations reçues) et s’est engagée, entre autres, à :

- Combattre discours de haine et discrimination raciale

- Développer un cadre juridique pour refugies et demandeurs d’asyle

- Mettre en œuvre des politiques efficaces pour combattre la traite des personnes

- Réviser la loi des associations afin d’assurer un environnement plus propice pour la société civile - Assurer la mise en œuvre effective des lois pour lutter contre la violence faite aux femmes et pour

assurer la protection des victimes, y inclus les enfants

- Incorporer les normes internationales de droits humains dans la législation nationale par rapports aux libertés d’expression, de rassemblement et d’association

- Réviser la Code de la famille pour éliminer les discriminations de genre qui restent - Mettre en œuvre un plan d’action pour combattre la corruption

16https://tbinternet.ohchr.org/_layouts/15/TreatyBodyExternal/Treaty.aspx?CountryID=3&Lang=EN

Le protocole facultatif à la Convention contre la torture ainsi que le deuxième protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits civils et politiques visant à abolir la peine de mort et le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant établissant une procédure de présentation de communications entrée en vigueur le 14 avril 2014 n’ont pas été ratifiés par l’Algérie.

17 Créé par la résolution 60/251 de l'Assemblée générale du 15 mars 2006. Le Conseil est composé de 47 Etats membres élus par l’AGNU

18 https://spinternet.ohchr.org/ViewCountryVisits.aspx?visitType=all&country=DZA&Lang=fr, CNDH, op.cit, p.72-73

19 3ème rapport EPU Algérie: https://www.uprinfo.org/sites/default/files/document/algeria/session_27__may_2017/a_hrc_wg.6_27_dza_1_f.pdf

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- Renforcer la sensibilisation et l’éducation par rapport aux droits humains - Assurer la liberté de religion et de conviction pour les minorités religieuses

- Intensifier les efforts d’amélioration de l’indépendance de la justice et d’état de droit - Renforcer les mécanismes pour la création d’emploi notamment pour les femmes et les jeunes - Continuer les efforts d’améliorer la qualité de la santé et de l’éducation et réduire les disparités Le Gouvernement estime que les recommandations qui n’ont pas remporté son adhésion entraient en contradiction avec la Constitution ou étaient attentatoires aux valeurs et règles qui cimentent la société, entre autres les dispositions discriminatoires fondées sur les orientations sexuelles.

L’amendement constitutionnel de 2020 apporte des changements majeurs quant aux libertés de réunions, de manifestations pacifiques, la création d’associations, des journaux et des publications lesquelles s’exercent sur simple déclaration20 et ne sont plus soumises à des autorisations par le ministère de l’Intérieur. L’entrée en vigueur de cet amendement nécessitera la mise en adéquation de la législation et textes d’application avec les nouvelles dispositions constitutionnelles et la levée de plusieurs entraves juridiques notamment le code Pénal qui sanctionne l’organisation et la participation à des manifestations non autorisées21. Le dernier rapport du Conseil National des droits de l’homme fait état de centaines de personnes arrêtées pendant les marches du Hirak pour des faits incriminés par le code Pénal et présentés en justice 22. D’autre part, les rapporteurs spéciaux sur les libertés d’association et de rassemblement pacifique, sur la promotion et la protection des libertés d’opinion et d’expression et sur la situation des défenseurs des droits de l’homme se sont dit « très alarmés par l’ampleur de la répression de la contestation en Algérie. Les organisations de la société civile, les défenseurs des droits de l'homme et les journalistes sont de plus en plus surveillés et harcelés dans l'exercice de leur travail légitime"23 dans un communiqué signé le 16 septembre 2020. Par ailleurs, plusieurs journalistes ont été arrêtés depuis 2019. Selon le classement Reporters sans frontières24, l’Algérie, qui était considéré comme un des pays les plus avancés de la région arabe en matière de liberté de la presse, a été classée en 2020 à la 146ème place, contre la 136ème en 2018, sur un total de 180 pays.

Par rapport aux droits des femmes, l’Algérie a enregistré des avancées importantes en matière de protection des droits des femmes : ces dernières jouissent de l’égalité en vertu du code de la nationalité, ont droit à un salaire égal pour le même travail que les hommes, la prévention et lutte contre la violence faite aux femmes est constitutionalisée et la violence elle-même est pénalisée. Un fossé persiste, cependant, entre les lois, l’application et les attitudes sociales. En matière de statut personnel, le droit algérien et notamment le Code de la famille reste discriminatoire à l’égard des femmes en particulier pour les questions de mariage, de divorce, de garde des enfants et d’héritage. Malgré des améliorations notamment en matière de consentement au mariage25, l’économie générale du Code de la famille reste largement inégalitaire. Au niveau de la représentation politique, le système de quota a substantiellement augmenté la participation des femmes dans l’assemblée nationales et, dans un moindre dégrée, au niveau des communes. La femme est très présente au niveau de l’administration publique. Bien que certains secteurs se féminisent, dont l’éducation et la santé, la population féminine occupée est estimée à 18,3%26, hors du secteur informel. Les jeunes femmes diplômées sont les plus touchées par le chômage.

20 L’article 49 de la Constitution actuellement en vigueur dispose que « la liberté de manifestation pacifique est garantie au citoyen dans le cadre de la loi qui fixe les modalités de son exercice ».

21 Article 98 du code pénal sanctionne l’organisation ou la participation à toute manifestation non autorisée dans un espace public de peines de prison pouvant aller jusqu’à un an.

22 Chiffres du CNDH, rapport annuel 2019 publié en novembre 2020

23 https://www.ohchr.org/FR/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=26243&LangID=F Les experts s’inquiètent également quant au durcissement du cadre législatif

24 www.rsf.org/fr/donnees-classement

25 Retrait du code de la famille du mariage par procuration (art.3 bis). Exigence du consentement du mineur ou de la personne sous tutelle pour la validité du mariage (art.13). Ordonnance n°05-02/27 février 2005 modifiant et complétant la loi n°84-11/9 juin 1984 portant Code de famille

26 Office national des statistiques 2019, https://www.ons.dz/IMG/pdf/emploi_chom_mai_2019.pdf

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13 3. MISE EN ŒUVRE DE L’AGENDA 2030

3.1 Mécanismes institutionnels de planification, suivi et rapportage

Parce que les ODD sont ‘intégrés et indissociables’, la mise en œuvre de l’Agenda 2030 nécessite une coordination à différents niveaux et un engagement de tous toutes les parties prenantes avec une utilisation stratégique du budget et des moyens transversaux de suivi et évaluation. A cet effet, l’Algérie a mis en place depuis 2016 un comité interministériel chargé de suivre la réalisation des objectifs de développement durable, présidé par le Ministère des affaires étrangères qui regroupe les représentants de l’ensemble des secteurs impliqués dans la réalisation des ODD et est resté constamment ouvert à toutes les institutions ayant un lien avec un ou plusieurs ODD. Grace à cette coordination intersectorielle, le premier Rapport National Volontaire (RNV) a été présenté à l’ECOSOC en juillet 2019. Toutefois, sans ancrage juridique, ce comité ne dispose pas de texte fixant officiellement ses missions et ses attributions, il lui donc est difficile de se donner des prérogatives précises ou d’établir une feuille de route pour la gouvernance du développement durable qui dépasse le cadre de la présentation de la RVN27. Le MAE assure une coordination mais pas un leadership au sens d’une mission de responsabilité et de coordination dans la mise en œuvre globale des politiques de développement durable.

Figure 1 : Architecture institutionnelle de suivi de la mise en œuvre de l’Agenda 2030 en Algérie

L’absence d’un Ministère en charge de la planification ou la nomination d’une institution aux plus hauts sommets de l’Etat - ce qui constituerait un signal fort d’une volonté politique affirmée de mise en œuvre de l’Agenda 2030 - rendent difficile une vision stratégique d’ensemble et une mission de suivi et de coordination effective de la mise en œuvre de l’Agenda 2030. Le risque est donc d’entretenir des

‘institutions-silos’ avec l’insuffisance de synergies et de structures d’arbitrage dans la conduite des politiques de développement durable. Le plan d’action du gouvernement 2020-204 recouvre de manière implicite la totalité des 17 ODD mais il n’existe pas encore en Algérie de mécanismes actifs prenant en charge et favorisant l’intégration horizontale et verticale des politiques de développement durable. Des initiatives destinées aux services déconcentrés de l’Etat ont été opportunément prises par certains départements ministériels mais ces démarches d’appropriation aux collectivités locales et autres parties prenantes locales sont à élargir.

27Le Comité interministériel a constitué en son sein six groupes de travail thématiques, chacun d’eux étant concernés par un ou plusieurs ODD. La répartition de ces derniers a été dictée par une logique qui s’est formellement proposé d’allier la proximité des ODD et leur transversalité. Un autre niveau de cette architecture institutionnelle est constitué par la mise en place de points focaux au sein des différents ministères représentés au sein du Comité interministériel.

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14

Afin de mettre en avant et d’encadrer la dimension durable de son développement, des multiples stratégies sectorielles ont intégrées les objectifs de l’Agenda 2030 mais elles ne dérivent pas encore d’une vision globale au niveau national qui fixerait à priori les grandes orientations du développement économique, social et environnemental de l’Algérie sur le long terme. Seule la Stratégie nationale pour l’environnement et le développement durable (SNEDD 2019-2035) développée en 2019 et qui n’est pas encore publiée officiellement s’est proposée de fédérer la mise en œuvre des objectifs de la dizaine de stratégies, plans et programmes thématiques sectoriels que l’Algérie a récemment adoptés (entre autres, la stratégie nationale d’aménagement du territoire, la stratégie nationale de gestion des déchets, la stratégie nationale des zones côtières, le programme national de développement des énergies renouvelables et d’efficacité énergétique et le plan national de l’eau) ce qui facilitera l’intégration à venir des ODD dans les politiques publiques. Ceci rejoint la conclusion du rapport de la Cour des comptes en 2018 qui considère que seules les références explicites sont à prendre en compte et conclut que : « Malgré l’existence de plusieurs stratégies œuvrant dans le développement durable, l’adoption nationale des priorités du gouvernement pour le programme 2030 n’est pas clairement et explicitement annoncée ».28

3.2 Revue globale des progrès de l’Algérie pour l’atteinte des ODDs

A l’occasion de la préparation du RNV, l’Algérie a procédé à l’identification d’un cadre d’indicateurs nationaux qui sert de base pour l’adéquation du système de collecte de données et de rapportage périodique avec les ODD, qui est actuellement en phase de validation. Pour cette revue globale, 103 indicateurs ont été utilisés qui sont renseignés par les sources nationales et diffusés par les institutions internationales, au moins une fois sur la période 2000-2019 parmi les 157 indicateurs effectivement produits par les différents pays à travers le monde. Plusieurs contraintes, notamment la disponibilité, l’actualisation des données, le niveau de désagrégation des indicateurs ont limité le spectre de l’analyse de cibles et indicateurs.

Figure 2 : Niveau de couverture des 5 dimensions des ODD par les indicateurs internationaux

Selon l’étude de l’examen des ODD commissionnée par le SNU en 202029, l’indice général de développement durable en Algérie s’établit sur la période 2016-2018 à 0.55. Autrement dit, l’Algérie a déjà parcouru en moyenne 55% de la distance vers les cibles de développement durable sous revue, ce qui montre une avancée importante. Les conclusions globales de l’étude du SNU rejoignent dans une certaine mesure le Rapport Global sur le Développement Durable du Sustainable Development Solutions Network dans son édition 2020,30 qui crédite l’Algérie d’un score de 71.1 sur 100 dans l’atteinte des 17 ODD, basés sur ce qui lui permet de se classer en tête de liste, tant pour le continent Africain que pour la région arabe. A la 53ème position sur 162 pays elle se trouve dans le tiers supérieur du classement mondial. De plus, l’examen par

28 Rapport de revue de la préparation du gouvernement à la mise en œuvre des Objectifs de Développement Durable, Cour des Comptes, Décembre 2018.

29Analyse des progrès réalisés par l’Algérie dans l’atteinte des ODD, Rafiq Bouklia Hassane (juin 2020)

30 Le rapport global sur le développement durable (juin 2020), www.sustainabledevelopment.report

39

25 23

6 10

010203040

Nombre d'indicateurs renseigs 2000-2019

Personnes Propérité Planète Paix Partenariat

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15

cibles révèle que plusieurs cibles de développement sont déjà atteintes ou proches de l’être au regard des indicateurs disponibles. On identifie ces cibles comme celles pour lesquelles au moins (90%) de la distance a déjà été parcourue par l’Algérie. Bien évidemment, ceci ne signifie pas que l’Algérie doit relâcher ses efforts dans ces différents domaines. Bien plus, elle est appelée à préserver ses acquis en demeurant, sur tout l’horizon temporel de l’Agenda 2030, dans le groupe de pays à performance élevée, ces cibles de développement durable étant, dans un grand nombre de cas, des cibles mouvantes.

Toutefois, l’analyse des progrès vers l’atteinte des ODD doit se faire non seulement sous l’angle statique, en identifiant le niveau d’atteinte des cibles par rapport à la moyenne des progrès, mais aussi en terme dynamique en déterminant la vitesse et la tendance des trajectoires. Celle-ci a été faite en couvrant la période entre 2010-2012 et 2015-2017. Cette analyse permet d’identifier les cibles où l’Algérie dispose d’un potentiel de convergence vers les ODD, ainsi qu’un certain nombre de cibles « critiques » sur lesquelles focaliser les efforts de développement. Fait intéressant, l’analyse du rythme de croissance des indices de développement durable sur ces deux périodes montre que ce sont moins les niveaux des indices que le rythme peu soutenu de ces indices qui expliques les difficultés de convergence que l’Algérie pourrait connaitre à l’avenir et les risques qui y sont associés. Il est vrai qu’entre les deux périodes de l’étude, l’Algérie a subi un choc pétrolier qui a lourdement réduit ses capacités de financement mais, de plus en plus, on s’accorde à penser que ce choc est permanent et, en conséquence, devient une caractéristique structurelle que les politiques publiques doivent désormais résolument prendre en compte. Il va de soi que ces conclusions ne concernent qu’un sous ensemble d’indicateurs pour lesquels on dispose d’information.

La disponibilité d’informations supplémentaires sur les indicateurs de développement durable permettra d’affiner et de mettre à jour ces résultats.

L’analyse temporelle des indicateurs de l’indice du développement durable par cible nous a permis d’identifier les cibles à fort potentiel de convergence et les cibles critiques, qui sont reflétés dans les tableaux suivants.

Tableau 1 : Cibles à fort potentiel de convergence (indice DD supérieur à 55%) Personnes

1.1 Extrême pauvreté 1.4 Accès aux ressources 2.1 Faim

2.c Fonctionnement des marchés alimentaires

3.d Sécurité sanitaire 3.a Tabac

3.1 Mortalité maternelle 3.2 Mortalité néonatale et infantile 3.3 Maladies transmissibles **

3.5 Conduites addictives 3.7 Santé sexuelle et procréative**

3.8 Couverture santé universelle **

3.9 Santé environnement 4.c Formation des enseignants (PED)

Prospérité 7.1 Accès à l’énergie

9.4 Modernisation et durabilité des filières industrielles 9.5 Innovation, recherche et développement 10.b Aide publique au développement

Planète

6.2 Accès aux services d’assainissement et d’hygiène 12.2 Gestion durable des ressources naturelles 13.1 Résilience et adaptation

Paix

16.4 Reduction des crimes organisés et flux illicites financier et d’armes

16.1 Réduction de la violence 16.3 État de droit et accès à la justice

Partenariat

17.4 Maîtrise de la dette nationale

** ces cibles sont à risque de régression

Tableau 2 : Cibles critiques (indice Développement Durable inférieur à 55%)

Personnes 6.4 Gestion durable des ressources en eau

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16 1.2 Pauvreté

1.3 Protection sociale 2.a Recherche agronomique 3.4 Maladies non transmissibles 3.6: Accidents de la route

3.b Recherche Mise au point et accès aux médicaments

3.c Personnel de santé 4.1 Éducation scolaire 4.2 Education pré-scolaire 4.5 Égalité des chances

5.5: Participation et accès aux postes de direction

5.6 Santé sexuelle et procréation

Prospérité

7.2 D’ici à 2030, accroître nettement la part de l’énergie renouvelable dans le bouquet énergétique mondial

7.3 Efficacité énergétique 8.2 Productivité économique 8.3 Développement des TPE et PME 8.5 Plein emploi et travail décent 8.6 Accès des jeunes à l’emploi et la formation

8.10 Accès aux services financiers et d’assurance

9.2 Industrialisation socioéconomiquement durable

9.b Diversification et ajout de valeur 9.c Accès aux technologies de l’information et de la communication

10.c Coûts de transaction 10.5 Réglementation de la finance

Planète

6.3 Qualité de l’eau

6.5 Gestion intégrée des ressources

6.6 Protection et restauration des écosystèmes 6.a Coopération et renforcement de capacités 11.6 Impact environnemental

12.4 Gestion écologique des produits chimiques 12.c Politique de subvention de l’énergie 14.5 Préservation de zones marines 15.1 Préservation des écosystèmes terrestres

15.2 D’ici à 2020, promouvoir la gestion durable de tous les types de forêt, mettre un terme à la déforestation, restaurer les forêts dégradées et accroître nettement le boisement et le reboisement au niveau mondial

15.3 Dégradation des sols 15.4 Écosystèmes montagneux 15.5 Biodiversité et espèces menacées 15.6 Ressources génétiques 15.8 Espèces envahissantes 15.a Financement (Biodiversité)

Paix

16.2 Maltraitance et exploitation infantiles 16.5 Reduction de la corruption et pots de vin

16.6 Efficacité, transparence et redevabilité des institutions 16.7 Dynamisme, ouverture, participation et représentation a tous niveaux de responsabilité

16.10 : Accès public à l’information et protéger les libertés fondamentales

Partenariat

17.3 Ressources financières supplémentaires 17.6 Coopération scientifique et technologique 17.8 Capacités scientifiques et technologiques 17.9 Renforcement des capacités

17.10 Système commercial multilatéral équitable 17.12 Accès aux marchés

17.18 Recueil de données

17.19 Construction d’indicateurs de développement durable

C’est sur la base de cette répartition des cibles que l’analyse des indicateurs des cibles située en annexe du document a été développée. Les diagnostics des sections suivantes sont fondés sur cette analyse de données.

3.3 Personnes » : diagnostic social

Sur le plan de la dimension ‘’personne’’, l’analyse des cinq premiers objectifs de développement durable ODD en Algérie montre que d’importants progrès ont été enregistrés. L’atteinte des cibles ODD à l’horizon 2030 nécessite de préserver les acquis importants de l’ère des OMD et la lutte contre les inégalités.

L’Algérie a depuis son indépendance octroyé une priorité au bien-être général de sa population en mettant en place des politiques à caractère social dont l’accès gratuit et universel aux services de base, les subventions des prix, les services d’assistance sociale et la couverture généralisée par la protection sociale.

L’analyse des données existantes sur le plan économique et social remettent aujourd’hui en question la capacité du pays à maintenir ce modèle en place et à répondre aux besoins des plus vulnérables. En effet, si l’absence de données récentes ne permet pas d’observer une aggravation de la pauvreté monétaire depuis 2011, la baisse du taux de croissance économique par habitant depuis 2014, l’impact sur l’emploi et

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l’accès aux services de la crise Covid-19, la pauvreté multi-dimensionnelle des enfants et des jeunes déjà observée en 2012-2013 et les tendances démographiques (accroissement et vieillissement) alimentent la forte probabilité d’une augmentation de la pauvreté tant au sens monétaire que multi-dimensionnel. Par ailleurs, l’indice des prix à la consommation n’ayant pas fait l’objet d’une actualisation sur la base d’une réévaluation des besoins en biens et services des ménages depuis 1991, l’appréciation actuelle de la pauvreté monétaire peut-être largement faussée par une sous-estimation de l’inflation.

Le renforcement de l’efficacité du système national de protection sociale va jouer un rôle crucial pour maintenir le bien-être de sa population et atténuer l’impact de la pandémie de Covid-19. Les différents programmes de transferts sociaux manquent également d’efficacité dans leur ciblage. Ainsi, des estimations du taux de couverture des différents programmes d’aides sociales montrent que la capacité de couvrir les enfants est nettement insuffisante ou présente des dysfonctionnements. En outre, la gratuité des soins ne permet pas pour autant d’accéder à l’ensemble des services de santé primaires car beaucoup de soins ne sont dispensés que par le secteur privé pour lequel les prestations de santé obtenues ne sont remboursées par la sécurité sociale que pour seuls les assurés sociaux. Enfin, les différentes subventions en particulier celle visant des produits de consommation comme instrument de réduction de la pauvreté, s’avèrent peu efficaces pour réduire la pauvreté des plus vulnérables. Tout cela traduit le fait que la protection sociale non contributive n’a pas été conçu dans une logique de système mais consiste en un ensemble de dispositifs et de programmes mis en place selon des besoins ad hoc. Ceci engendre des incohérences entre les différents dispositifs, au niveau institutionnel, du ciblage et des dépenses31. L’inadéquation entre la situation socio- économique des populations et la réponse en protection sociale est aussi le résultat du manque flagrant d’un système d’information sur la pauvreté et les revenus. De ce fait, les programmes développés répondent plus à une logique d’offre et de ressources qu’à une logique de demande. Ces contraintes créent une inefficacité et une inefficience dans les programmes de transferts sociaux. D’une part, les budgets alloués sont très élevés (budget en transferts sociaux est de 23% du budget général de l’Etat), et d’autre part, l’incapacité constatée des programmes à couvrir les besoins des populations (à titre d’exemple, l’allocation forfaitaire de solidarité est capable de couvrir 2% de la population totale des enfants de moins de 18 ans, seulement 7% des enfants pauvres au sens multidimensionnel et 23% des enfants pauvres au sens monétaire32). Par ailleurs, seulement 58% des employés, tous secteurs confondus, sont couverts par la sécurité sociale (protection sociale contributive) en Algérie, une proportion inchangée depuis 2014. De plus, en raison de l’existence d’un secteur informel important, une grande partie de la population n’est de facto pas couverte.

La situation alimentaire est marquée par la fluctuation des prix des denrées alimentaires, ainsi que l’augmentation de la population et de la hausse continue des besoins en alimentation. Les subventions des denrées alimentaires ne constituent plus une politique viable dans un contexte de situation fiscale mise à l’épreuve. Cette situation risque d’affecter dans un avenir proche le pouvoir d’achat des Algériens, ainsi que la situation alimentaire et nutritionnelle en particulier pour les enfants. En effet, l’agriculture ne répond pas à l’ensemble de la demande interne y compris celle de l’industrie agroalimentaire notamment pour des produits de base tels que les blés, les légumineuses alimentaires ou le lait. Le secteur se heurte non seulement à la dotation réduite en superficie agricole utile, intrinsèquement liée à l’appauvrissement des sols causé par l’érosion et la désertification, mais aussi à la viabilité des systèmes de production alimentaire et la préservation des écosystèmes, défis considérables vue la situation géo-climatique et de stress hydrique sévère du pays. Par conséquent, l’Algérie est un des plus grands importateurs mondiaux de blé tendre et de lait.

31 CREAD, OPM, Evaluation de la cohérence de la protection non contributive, SEPS, 2013 (rapport non publié).

32https://ipcig.org/pub/eng/JP18_Overview_of_Non_contributory_Social_Protection_Programmers_in_MENA.pdf

(18)

18

Selon la FAO la pandémie COVID-19 a réduit le pouvoir d'achat des ménages ruraux dans la région Proche- Orient et l'Afrique du Nord ainsi que la capacité, notamment des agriculteurs féminins, de produire et de commercialiser leurs produits.33

L’évolution des taux de mortalité maternelle et néonatale montre une grande amélioration et une forte probabilité de convergence vers l’atteinte des ODD. Cependant, des efforts restent à faire pour maintenir le cap de progression en particulier en répondant aux besoins spécifiques des régions du Sud, du Nord Est et du Haut Plateau Centre. La santé infantile est confrontée à une diminution du taux de couverture vaccinale des enfants, ce qui a été l’un des facteurs de réémergence de foyers épidémiques de rougeole et de rubéole dans le pays ces deux dernières années. La malnutrition pour cause de surpoids est en hausse (12%) et notamment due à l’insuffisant équilibre nutritionnel de la ration disponible qui favorise également les maladies non transmissibles. Une alimentation et nutrition saines des jeunes enfants contribuent à l’objectif de mettre fin aux décès évitables de nouveau-nés et d'enfants. Les interventions spécifiques devront cibler la promotion des pratiques alimentaires adéquates et le changement de comportement notamment pendant la période critique. Mais les deux défis les plus importants en matière de santé sont les maladies émergentes et re-émergentes notamment les zoonoses et les syndromes de détresse respiratoires aigus sévères dus aux coronavirus, comme celui que vit le monde depuis la fin de 2019 avec la COVID-19, ainsi que les maladies non transmissibles (MNT) qui pèsent plus lourdement dans le système national de santé, en particulier les cancers, le diabète, les maladies cardiovasculaires et les maladies respiratoires chroniques. Le taux de mortalité due aux maladies non transmissibles (actuellement en hausse) reste trop élevé (70%).

Si l’Algérie est très proche d’avoir atteint l’objectif de la scolarisation universelle pour tous jusqu’à 16 ans, le système éducatif est confronté à un défi important d’amélioration de la qualité de l’enseignement et d’amélioration de la maitrise des normes d’aptitudes minimales en lecture et en mathématiques. La surcharge des classes dans certaines wilayas et l’abandon scolaire qui demeure élevé y compris dans les cycles primaire et moyen révèlent l’inadéquation de l’offre d’éducation. La rétention ainsi que la réduction des disparités en matière d’apprentissage, d’acquisition des connaissances fondamentales et compétences de vie essentielles à leur développement, épanouissement personnel, réussite dans la vie ainsi que leur inclusion sociale et économique restent ainsi des défis à adresser. Enfin, l’accès limité au niveau préscolaire, avec seulement 70% des enfants scolarisés dans l’éducation préparatoire en 2018 est une problématique déterminante dans le développement du potentiel des enfants et le retour sur investissement.

La discrimination des femmes reste un défi majeur en Algérie. Plus nombreuses à réussir le bac par rapport aux garçons, les jeunes femmes se heurtent à des difficultés plus grandes pour l’accès au marché du travail, et sont plus touchées par le chômage, notamment les universitaires. La proportion de femmes qui travaillent est très faible (moins de 14% de celles en âge de travailler de plus de 15 ans en 2019) et les femmes n’occupent que 9% des postes à responsabilité 34. Malgré le renforcement de la nouvelle Constitution par un article visant la parité homme-femme sur le marché du travail, l’engagement de l'État à améliorer le nombre de femmes dans les postes de décisions dans les administrations, et la loi organique pour une plus grande représentation des femmes parmi les les élus à l’Assemblée Nationale, celles-ci n’émergent pas davantage dans la fabrique économique et politique du pays. En outre, les besoins de santé sexuelle et procréative sont loin d’être comblés avec la moitié seulement des femmes en âge de procréer ayant accès à la contraception, ce qui pèse sur leur potentiel d’émancipation.

Des causes inhérentes à leur statut dans une société au fondement patriarcal font obstacle à l’inclusion socio-économique et politique des femmes. Ce statut est notamment régi par le code de la famille qui spécifie les lois et les relations familiales en Algérie et maintient l’inégalité à travers des dispositions en matière d’héritage, de répudiation ou de polygamie. L’émancipation des femmes se heurtent par ailleurs à

33 Adding a Gender Lens into FAO’s Response to COVID-19 – Programme guidance Regional Office for the Near East and North Africa (May 2020)

34 Femmes algériennes en chiffres 2019 (CIDDEF 2020) ; Gender Dimensions of the COVID-19 Pandemic (World Bank Group, Policy Note April 16, 2020) https://donnees.banquemondiale.org/indicator/SL.TLF.CACT.FE.ZS?locations=DZ

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