FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX-A- IST 1STÉE 1900-1901 NO 77
LE
SIGNE DE RÉVILLIOD
BT LIS SIGNE DE LEGENIIKB
DANS L'HÉMIPLÉGIE FACIALE D'ORIGINE CENTRALE
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MEDECINE
présentée
et soutenuepubliquement le 31 Juillet 1901
PAR
Michaël-Charles-Camille
DHOSTEElève de l'Ecole principale du Service de Santé de la Marine Externe des Hôpitaux
Né àRochefort-sur-Mer (Charente-Inférieure),le6 avril 1877.
/ MM. PITRES, professeur... /'résident.
Examinateurs de la Thèse
VERGELY, professeur...
SABRAZES, agrégé ) .luges.
LE DANTEC, agrégé
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faitessur les divers parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
MPHI ME RIE Y. CADOH ET 17 — rue poquelin-molière — 17
(ancienne rue montmejan)
1901
FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
M. de NABIAS Doyen. | M. PITRES
Doyen honoraire.
PROFESSEURS
MM. MICÊ i
DUPUY Professeurshonoraires.
MOUSSOUS )
Clinique interne.
MM.
PICOT.
PITRES.
nv . , .DEMONS.
Cliniqueexterne
j
LANELONGUE.Pathologieetthérapeu¬
tiquegénérales VERGELY.
Thérapeutique ARNOZAN.
Médecineopératoire... MASSE.
Clinique d'accouchements LEFOUR.
Anatomiepathologique COYNE.
Anatornie CANNIEIL
Anatomie générale et
histologie VIAULT.
Physiologie JOLYET.
Hygiène
LAYET.
AGRÉGÉS EN EXERCICE :
section de médecine (Pathologie interneet Médecine
légale).
MM. CASSAET. MM. LE DANTEC.
AUCHÉ. , HOBBS.
SABRAZES.
MM.
Médecinelégale MORACHE.
Physique
BERGONIE.
Chimie BLAREZ.
Histoirenaturelle GUILLAUD.
Pharmacie FIGUIER.
Matière médicale deNAfllAS.
Médecineexpérimentale.
FERRE.
Clinique ophtalmologique B
ADAL.
Clinique des maladies chirurgicales
des enfants •
PIÉCHAUD.
Clinique gynécologique.
BOURSIER.
Clinique médicale des
maladies des enfants. A.MOUSSOUS
Chimiebiologique
DENIGES.
section le chirurgie et accouchements
Pathologieexterne
MM.DENUCE.
VILLAR.
BRAQUEHAYE CHAYANNAZ.
Accouchements MM.
CHAMBRELENT.
FIEUX.
Anatomie.
section des sciences anatom1ques et physiologiques
( MM. PRINCETEAU. I Physiologie
MM. PAC H ON.
tvj HiatniT'Anntnrpîlp . . BfcjlBB-'•
N. | Histoirenaturelle
section des sciences physiques
Physique MM.
SIGALAS. | Pharmacie
COURS COMPLÉMENTAIRES :
Clinique desmaladies cutanéesetsyphilitiques
MM.
Clinique desmaladies desvoies urinaires
Maladies dularynx, desoreilles etdu nez Maladiesmentales
Pathologie externe Pathologieinterne Accouchements Chimie
Physiologie Embryologie Ophtalmologie
Hydrologieetminéralogie ?
Pathologie exotique
Le Secrétaire de la L'acuité
M.BARTHE.
pousson.
moure.
régis. , denuce.
rondot.
CHAMBRELENT.
dupouy.
pachon.
princeteau.
lagrange.
carles.
le dantec.
lemaire.
- 1 IllèsBS(lui
Pardélibération du 5août 1879, laFacultéaarrêté quelesopinions émisesdans les .gllteUd qui sont présentées doivent être considéréescomme propres à leurs auteurs,
et qu el e
leur donnerni approbation niimprobation.
A mon Président de
Thèse,
Monsieur le Docteur PITRES
Doyen honorairede la Faculté de MédecinedeBordeaux, Professeur deCliniquemédicale, Chevalierdela Légion d'honneur,
Membre correspondant de l'Académie de Médecine, Membrecorrespondant de la Société deBiologie,
Officier del'Instruction publique.
Avec la convictionqu'ilnousfaitungrand honneur
enacceptant cetteprésidence.
Au moment de terminernos
études,
nous avons, ce noussemble, le devoir
de nous souvenir de tous ceuxqui,
(lès
longtemps,
yprésidèrent.
A tous, notre reconnaissance est
égale !
Ce sont eux
qui
ontéveillé
notrejugement,
ouvert ànos idées
éparses
unevoie
sûre vers levrai, guidé
notreenthousiasme qui leur emprunta si
souvent endignité
eten noblesse!
Elevé par eux, nous avons
puisé dans leurs enseigne¬
ments
divers,
non seulement les doctrines savantes et lesprincipes véritables,
mais encore une morale honnêtedont
le retentissement sur notre vie doit resterpositif.
Si nous ne les suivons que
de très loin dans les
exem¬ples de chaque jour, qu'ils le pardonnent à
notre nature.Nous avons retiré de ces
exemples
ce que nous avons pu : sinotre lot est faible auprix de
cequ'il eût dû devenir, la
iaute en est à notre inhabileté à bénéficier des trésors déducation
dont ils furent sans cesse de sigénéreux
dispensateurs
!Les subtiles et savantes
interprétations des classiques
grecs,
latins etfrançais,
parlesquelles
notreprofesseur de
rhétorique, M. G. Bouchard, éveillait
notregoût
pourla
littérature,
resterontparmi les bons souvenirs de l'épo¬
que,
déjà vieillie,
où nousfréquentions les
coursdu Lycée.
Depuis
cetemps, la Faculté des Sciences de Bordeaux, qui
nous reçut, accentua notrepenchant
pourles sciences
naturelles.Nos années de
jeune étudiant
àl'École
annexe demédecine
navale de Rochefortont étéencore,
dans le
sens denotreinstruction, des plus profitables.
— 8 —
Là,
nous avonsretrouvé des amis!
M. le Dr
Aube,
alorsmédecin principal de la Marine,
nous y
enseigna l'art du pansement et les privilèges de patience et de bonté à l'endroit des malades. Il commença
à nous familiariser aux
maladies accidentelles,
et nousfit juger de l'influence que doit avoir le médecin sur le bon
moral du malade.
M. le
pharmacien principal Lapeyrère, durant ces deux
mêmes années
d'études,
nousprodigua
sonamitié et ses
conseils. I)e l'une et des autres nouspûmes profiter
;nous
sommes heureux de nous en
souvenir.
Enfin, plus récemment à Bordeaux, l'estime des maîtres
sous
lesquels
nous avonsservi est venue illuminer nos
,
dernières années d'études.
M. le Dr Baûdrimônt,
chirurgien des hôpitaux, a sou¬
vent été
l'objet de notre admiration, tant par son talent
d'opérateur
que par sacourtoisie envers ses élèves.
A
l'hôpital militaire, où
nousavons fait, un semestre de
stage,
nousavons rencontré un chef dorît l'indulgence,
la
bonté, la droiture de caractère, captivent dès l'abord
ses élèves. M. le Dr
Rouget, médecin-major de 2e classe,
nous a
prodigué, à maintes reprises, les marques d'une
franche
sympathie
: noussommes heureux de lui eu avoir
une franche reconnaissance!
11 est à la Faculté
deux
nomsque nousentourons d'une
vénération
particulière. Une même et heureuse année
nous les a fait connaître.
L'éloignement où pourtant nous
sommes de leur haute
valeur
ne nouspermet pas de ré¬
clamer d'eux le titre de maître.
Nous les prions de nous
laisser inscrire ici l'hommage
d'un affectueux attachement
pour
les bontés dont ils nous ont si souvent gratifié.
M. le
professeur Pitres et M. le professeur Lanelongue,
aux services
desquels
nous avonsété attaché pendant un
semestre, nous ont
accueilli, l'un
etl'autre,
avecune bien¬
veillance
telle, qu'elle demeure
pournous un titre d or¬
gueil. La sympathie flatteuse dont ils nous ont entoure
— 9 —
dès
l'abord,
afait
naître en notre cœurdes sentiments de pieuse affection
accruschaque jour, puisque l'intérêt qu'ils ont bien voulu
ne pas cesserde
nousmanifester
s'est
augmenté,
enmaintes
occurrences,d'attentions déli¬
cates et d'une bienveillance
paternelle.
Qu'ils
nouspermettent de les réunir dans
unmême
souvenir ému !
M. le
professeur Pitres, dans les derniers temps passés auprès de lui,
abien voulu
nousdonner des facilités extrê¬
mes pour
la préparation de notre thèse, dont les circons¬
tances nous ont forcé d'avancer
l'époque. Les difficultés à
résoudre ce
problème dont
nous nousfaisions justement
un
monde,
ont étélargement aplanies
parla bonne grâce inappréciable
aveclaquelle M. le professeur Pitres
a accueilli notre demande, et parl'obligeance extrême de
M. le
professeur de Nabias, doyen de la Faculté, dont le
dévouement à sesétudiants est de notoriété, et
qui
avoulu
nous le témoignero hautement
dans
cettecirconstance
délicate.Nous ne
paierons
pas assezd'une ardente gratitude le
service
qu'ils
nous ontrendu.
M. le
professeur Lefour
nous a reçuaimablement à la clinique obstétricale. Pendant
un an nous avons puappré¬
cier son savoir et
profiter de
sonenseignement éclairé.
Nous lui en adressons nos remerciements.
Nous ne saurons assez dire encore au Dr Jean
Abadie,
chef de
clinique médicale, notre ami, de quel précieux
recours il nous a été dans de nombreuses circonstances
de
notre vie
d'étudiant,
etcombien
unedernière
marque récente de sasympathie
nous atouché. Nous voulons
croire
qu'il
aura notrereconnaissance
pouragréable, et
9ne
le
souvenirqu'il
nousgardera lui permettra de
compter aussi
sur notreaffection
etnotre dévouement.
Nous avons encoreété honoré,
pendant
nostrois derniè¬
resannées
d'étude, des sympathies des professeurs agrégés
be
Dantec, médecin principal de la Marine, Régis, Moure,
- 10 —
Villar, Chavannaz, Cabannes
et Gentès. Les rapports quenous avons eus avec eux
ajoutent du prix
aupassé. Grâce
à eux aussi nos
études
sontdevenues
utiles etagréables.
MM. les Drs
Verger, Sellier
etG. Vergely
ontdroit à
notre
sympathique souvenir. Ils
nous ontgratifié d'une
estime
qui n'est
pas pour nousd'un moindre prix.
Enfin,
nous devons rendrehommage de
ce que nousavons
appris
aux coursde la Faculté,
à ceux desprofes¬
seurs que nous
n'avons
pasl'avantage d'avoir plus
appro¬chés. En
ajoutant l'agrément de leur personnalité
auxdogmes qu'ils énonçaient, ils
se sont, en nous,attaché l'étudiant. Que la Faculté qui
nousaccueillit libérale¬
ment,
accepte donc
cethommage bien dû !
A l'école
principale du service de santé de la Marine
et desColonies, M. le
I)1'Bourru, directeur,
nous a,dès les premiers jours, témoigné de
sasympathie. Dans maintes circonstances
il nous a éclairé de ses conseilspaternels.
Qu'il
nous soitpermis de lui
enexprimer ici notre
res¬pectueuse reconnaissance.
A tous nos camarades
d'études, lointains
ou récents,noussongeons au
moment de terminer
notrevie
commune.Envers eux aussi nous avons une dette de reconnaissance.
Ils nous ont
appris à apprécier
undes dons les plus gé¬
néreux de l'humanité
:l'amitié.
Et par
elle, toujours, ils
nousresteront chers.
Juillet 1901.
M. D.
L E
SIGNE DE REVILLIOD
ET LE SIGNE DE LEGENDRE
DANS L'HÉMIPLÉGIE FACIALE D'ORIGINE CENTRALE
CHAPITRE PREMIER
la paralysie de l'orbiculaire des paupières dans l'hémiplégie faciale d'origine cérébrale
Repuis longtemps les cliniciens ont été frappés de la
différence qui existe entre l'hémiplégie faciale d'origine
cérébrale
etl'hémiplégie faciale d'origine périphérique.
Tandis que
dans la première les traits sont fortement
déviés, l'œil grand ouvert, dans la seconde on ne cons¬
tate pas
de déviation de la partie supérieure de la face,
et le malade a conservé la faculté de
fermer l'œil du côté
paralysé. Cette opinion fut émise il
ya déjà longtemps
Par
Todd (1).
(t)Todd, Cliiiical leclures 011 paralysies, 1856.
— 14 —
Elle fut
adoptée
parla majorité des
auteurs à cetteépoque,
et cesderniers s'évertuèrent
à chercherl'expli¬
cation de ce
singulier phénomène dans l'indépendance
des branches
encéphaliques du facial. Landouzy (1)
affirme que
le facial supérieur n'est jamais atteint clans
l'hémiplégie faciale cérébrale,
etqu'en particulier Por-
biculaire des
paupières n'est jamais paralysé,
quela face
soit
prise isolément
oud'une façon associée. 11
insiste sur 1importance clinique
etanatomique de
cefait,
car, aupoint de vueclinique, l'hémiplégie faciale garde
son carac¬tère de
paralysie cérébrale,
et aupoint de
vueanatomique
il est
permis de
songerà
unedissociation du
centrefacial
cérébral en facial
supérieur
etfacial inférieur.
Les anatomistes s'acharnent dès lors à localiser ces dif¬
férents centres du facial et à décrire les voies différentes suivies par
les faisceaux
nerveuxqui s'y rendent. Hugue-
nin
(2), Mendel (3), Démangé (4), contribuent à
assurerl'opinion classique de la dissociation anatomique du facial
et
l'intégrité du facial supérieur dans l'hémiplégie d'ori¬
gine cérébrale. Cette dernière
formuleclinique rentrait
dans une formule
plus générale qui affirmait
queles mus¬
cles
synergiques
nesontjamais touchés dans l'hémiplégie organique.
La
possibilité de fermer l'œil dans l'hémiplégie faciale d'origine cérébrale, l'existence
dulagophtalmos perma¬
nent dans
l'hémiplégie avait
surtoutfrappé les auteurs qui discutaient de la participation du facial supérieur dans
la
première de
cesaffections.
Aussirecherchaient-ils
tous l'état du fonctionnement de l'orbiculaire despaupières.
(1) L.Landouzy, Contribution àl'étudedes convulsions etparalysies
liées
auxméningo-encéphalites fronlo-pariélales, Paris, 1870, cbap.V, p.
74-75.
(2) Huguenin, Anatomiedescentres nerveux, p. 142 et 198.
(3) Mendel, Vorlrag in der Berliner med.
Gesellschaft,
9 nov.1887;Neu-
vologisclies Centralblatt, n. 23, 1887.(4)Démangé, Dictionnaire encyclopédique, articleParalysie,XX,
2e partie,
p. 657.
— 15 —
Retracer,
comme c'est notreintention, l'historique cle la paralysie de l'orbiculaire n'est,
pour cetteraison,
quefaire
la
critique des
travauxqui
parurent successivement surl'état du facial
supérieur dans l'hémiplégie cérébrale.
Pour rendre cethistorique plus
court,plus précis
etmoins fas¬
tidieux,
nousledivisonsen deuxparties. Dans la première,
nous relaterons successivement les
opinions des
auteursqui
ontnié la paralysie de l'orbiculaire des paupières dans l'hémiplégie cérébrale.
Dans laseconde,
nous dirons lesopinions des
auteursqui,
aucontraire,
ontaffirmé
cetteparalysie.
I.
L'orbiculaire
despaupières n'est
pasparalysé
dans
l'hémiplégie cérébrale.
Récamier fit, le premier, de l'intégrité de l'orbiculaire
des
paupières,
unsigne pathognomonique de la paralysie
iaciale d'origine cérébrale.
Cette
opinion
estrapportée
parDuchenne de Boulo¬
gne
(1), qui l'admet
à son tour sans conteste. Grisolle considère commeexceptionnelle la paralysie de l'orbicu¬
laire
dansl'hémiplégie. Cette opinion
estreprise
etdéfendue
avec tout ledéveloppement nécessaire dans la thèse
deLandouzy
quenoussignalions plus haut. Humbert- Mollière (2) croit
àla paralysie du facial supérieur dans
1
hémiplégie organique, mais il affirme formellement,
a côté de cettepremière proposition,
quel'orbiculaire des paupières
restetoujours indemne. Laveran
et Teissier(3) enseignent l'intégrité du facial supérieur. Hammond (4),
(1)Duchenne de Boulogne, De l'électrisation localisée, 1854, p. 726.
(2)
Humbert-Mollière,
Nouveaudict.demédecineetdechirurgie pratiques26'-vol,, art.Paralysies, p. 7.
("1) Laveranet Teissier, Pathol. médicale, I, p. 133.
(4)
Hammond,
Traitédes malad, du syst. nerv., p. 8?,— 16 —
Axenfeld
(i), Eickhorst (2), Hirt (3) la proclament de
nou¬veau dans leurs ouvrages
didactiques. Il
enest de même
de Pierre Boulloclie
(4), de Thoinot (5), de Grasset (6),
de
Mayet (7), qui, dans des
ouvragesclassiques plus
récents, insistent à
leur
tour surla remarquable intégrité
de lorbiculaire des
paupières. Ils insistent tous
surla
facilité
qu'a le malade à fermer les deux
yeux.Ils
oppo¬sent tous la
possibilité de cette fermeture
aulagophtalmos
de la
paralysie faciale périphérique.
II. L orbiculaire des
paupières
peutêtre paralysé dans Vhémiplégie d'origine cérébrale.
(Signe de Legendre et signe de Révilliod).
A côté de la série nombreuse des travaux
précédents
cherchant à démontrer
l'intégrité absolue du facial supé¬
rieur en
général et de l orbiculaire des paupières
enpar¬
ticulier,
une autresérie
nonmoins nombreuse de
travauxse
développait parallèlement à elle. Ces travaux lurent
aussi
importants
queles premiers,
carils furent exécutés
avec d'autant
plus de précision scientifique qu'ils s'atta¬
quaient à
unedoctrine classique érigée
endogme parles
plus savants neurologistes de cette époque.
Tandis que
Récamier soutenait l'opinion précédente,
Duplay (8), à l'aide des observations cliniques suivies
d'autopsie, démontrait la paralysie del'orbiculaire des pau-
71i Axenfeld,Traité des névroses, p. 565.
(2) Hermann Eickhorst, Traité de path. int. et de thérap., p.
571.
(3) Hirt, Path. des malad. du système nerv.,p. 86.
(4) Boulloche, Manuel de méd., IV, p. 62.
(5^ Thoinot, Manuel de méd., III, p. 223.
(6) Grasset,Traité des mal. du syst. nerveux, p. 302.
(7) Mayet, Traité de diagn. médical, I, p. 724.
(8) Duplay, Union médicale, 1854, De la paralysie faciale,
considérée clieZ
le vieillard.
— 17 —
pières dans la paralysie faciale d'origine encéphalique.
Mais avant lui
Legendre (1) avait
montrél'erreur
de laconception généralement admise
à cetteépoque. Il
prouva l'existence de laparalysie de l'orbiculaire. A
ceteffet, il
décrivit entre autressymptômes la chute de la paupière supérieure,
et pour neretenir de
son travail que cequi
concerne
particulièrement l'orbiculaire, il décrivit
le défaut de résistance aux mouvementspassifs de l'orbicu¬
laire du côté
paralysé
etindiqua la
manœuvrenécessaire
pour mettre ce
symptôme
enévidence. Cette
manœuvre est la suivante. On commande au maladehémiplégique de
lermer fortement les deux yeux;
puis
avecle
pouceappli¬
qué
surla paupière supérieure,
oncherche
àrelever
cettepaupière alternativement
pour unœil
et pourl'autre.
L'effort
àdéployer du côté sain
estconsidérable. Du
côtémalade,
aucontraire, l'orbiculaire correspondant offre le plus
souvent une résistance très modérée ou nulle : cette manœuvre décelait ainsi undegré de parésie plus
ou moins accentué ou laparalysie complète de
cemuscle,
alors
que
le fonctionnement habituel de
lapaupière du
côté
hémiplégié
nefaisait
enrien prévoir
cetteparalysie.
La manœuvre
précédente portera désormais dans la
science le nom de manœuvre de
Legendre, et le défaut de
résistance aux mouvements
passifs de l'orbiculaire
serabaptisé plus tard du
nomde
son auteur;il
est connu etdécrit aujourd'hui
souscelui de signe de Legendre.
Ap rès
quela démonstration de la participation de
1
orbiculaire
eut été ainsilaite, bon nombre de cliniciens admirent
quele facial supérieur était atteint dans l'hémi¬
plégie. Ils
constatentcependant
quela face est plus paralysée dans
sapartie inférieure
quedans
sapartie supérieure,
et quel'œil
enparticulier peut toujours
sefer-
(1) Legendre, Recherches analomo-pathologiques etcliniquessurquelques maladies de l'enfance. Paris, 1846.
Phoste 2
— 18
mer
malgré la parésie réelle du muscle orbiculaire. C'est l'opinion de Trousseau (1), de Jaccpud (2), d'Axenfeld (3).
Déjà, dès 1874, Hervey (4) décrit
un nouveauprocédé
pour
déceler la parésie de l'orbiculaire et signale le
pre¬mier
l'impossibilité, dans les hémiplégies d'origine céré¬
brale, de fermer l'œil du côté paralysé.
En
1877, Simoneau (5) reprend les recherches de Her¬
vey
et établit
surdes bases plus étendues la valeur du
symptôme décrit
parHervey. Dans tous les
casd'hémi¬
plégie de
causecentrale qu'il rapporte, il démontre la
paralysie du facial supérieur, et
enparticulier de l'orbi¬
culaire des
paupières. Il étudie l'occlusion simultanée et
successive'des yeux
et s'exprime textuellement ainsi
:« Dans
l'hémiplégie de
causecentrale, les malades peu-
» vent fermer les yeux;
l'occlusion simultanée des deux
» yeux se
fait toujours, mais les malades sont incapables
» de fermer l'œil du côté malade tout
seul, tandis qu'ils
»
peuvent,
engénéral, fermer l'œil sain isolément.
...»Dans tous les cas, nous avons
trouvé de la paralysie
» de
l'orbiculaire, paralysie qui, certainement, n'est pas
» manifeste à
première
vueet qui,
pourcette raison, a
» bien pu
échapper
auxobservateurs qui ont examiné les
» choses à la hâte et sans chercher
plus loin que ce qui
» était
apparent. Par le procédé bien simple que nous
»
indiquons, cette paralysie devient manifeste et ne
» pourra
plus être niée
pourtous les
casd'hémiplégie de
» cause cérébrale ».
Dans ces
lignes est décrit tout
aulong le signe dont
Révilliod
reprendra l'élude dans la suite et qui devrait, en
toute
justice, porter celui de signe de Hervey ou signe de
Simoneau.
(1) Trousseau, Clinique médicale del'Hôtel-Dieu, II,p. 336.
(2) Jaccoud, Traité de path.interne, I, p. 509.
(3) Axenfeld, Traité desnévroses, p. 565.
(4) Hervey, Société anatomique, 1874, p. 29.
(5) Simoneau,Th. de doct., Paris, 1877.
Simoneau fonde ses conclusions sur 21
observations
d'hémiplégies de
causecentrale, dans lesquelles il
a notéchaque lois la possibilité d'occlusion simultanée des
deux yeux avecl'impossibilité d'occlusion isolée de
l'œil para¬lysé.
Dès cette
époque, la paralysie du facial supérieur
estacceptée
etdécrite
par ungrand nombre d'auteurs. On la
trouve
exprimée explicitement
parPotain,
parCoingt (1)
dans sa
thèse,
parHallopeau (2),
parBerger (3) qui, à
l'inverse del'opinion classique, l'établit
enrègle générale.
Des travaux se
succèdent,
etla démonstration
de la pa¬ralysie du facial supérieur
estfaite
tour à tour parles
travaux de
Puglièse
etMi 11a (4), d'Oppenheim (5), de
Féré
(6), les thèses de Déligné (7), de Blanchard (8).
Si nous
recherchons,
aumilieu de
toutes cespublica¬
tions,
cequ'est devenu le signe de Hervey-Simoneau, il paraît
avoir éténégligé pendant de longues années. Ce
n'est que
12
ansaprès la thèse de Simoneau
queBévil-
liod
(9) (de Genève), le reprend
pour son proprecompte
et le décrit à nouveau sous le nom de
signe de l'orbicu- laire.
« Si l'on demande à un
hémiplégique de fermer les
» deux yeux
à la fois, il les ferme.
Ilpeut également fer-
» mer l'œil du côté
sain,
enlaissant
ouvert l'œil du côté(•) Coingt, th.de doct., Paris, 1878.
(2) Hallopeau, Rev. demédec., 1879, p. 939.
(3) O. Be.rger, Centralblat furNervenkrankheiten,1879, p.565.
Ô) \. Puglièse et Y. Milla, Sullaparticipazionedelnervofacial superiore nella
emiplegia, Rivista sperimentale di frenatria, 1896, XII, p. 805 sq.
(5) Oppenheim, Lehrbuch dev Nervenkrankheiten, 1898,
(6) Féré, Nouvelle iconographie de laSalpétrière, mai-juin 1898.
(7) Deligné, Contribution à l'étudede l'état du facial supérieur dans les
hémiplégies
cérébrales de l'adulLe. Th. de doct., Paris, 26oct. 1899.(8) Blanchard, Contributionà l'élude clinique de certains muscles syner¬
giques(médians et symétriques) au cours de l'hémiplégie organique (paral-
lèleavecles muscles asynergiques).
(9) Revilliod, Revuemédicale de la SuisseRomande, 20 oct. 1889, p. 603.
— 20 —
»
paralysé, mais il lai est impossible de fermer seul l'œil
» du côté
paralysé, l'autre restant ouvert. Môme pendant
» la fermeture des deux yeux, on remarque que
les pau-
»
pières du côté paralysé se rapprochent plus difficile-
» ment que
de l'autre. L'effort
seperd en clignotements
» et n'arrive au but
qu'avec peine
».On s'aperçoit facile¬
ment
qu'il
nes'agit ici
quedu fait déjà signalé par Her-
vey et
du signe décrit
parSimoneau. D'ailleurs Hévilliod
fait au
sujet du signe de l'orbiculaire quelques réserves.
11 le croit constant chez presque
tous les hémiplégiques,
mais il affirme son absence
chez les hémiplégiques sous
le coup
apoplectique d'une part, d'autre part chez les
vieux
hémiplégiques chez lesquels il disparaît à la longue
avec la
paralysie du facial inférieur.
De
plus,
saconstatation nécessite un certain apprentis¬
sage
de la part du malade. 11 sait encore que beaucoup
de personnes
saines n'arrivent que difficilement à fermer
un œil
isolément;
qued'autres,
parleur profession (cara¬
biniers, horlogers, micrographes), ont coutume de fermer
un
œil, toujours le même et ont de la peine à fermer
l'autre seul. Enfin il a vu le
signe de l'orbiculaire inversé,
c'est-à-dire un
hémiplégique
nepouvant fermer que
l'œil du côté
paralysé et étant incapable de fermer l'autre
œil « comme s'il
s'agissait d'une paralysie alterne », ajoute-t-il. 11 termine
par uneexplication anatomique tic
ce fait
clinique et considère l'innervation de l'orbiculaire
comme celle des divers groupes
musculaires dont l'action
de droite etde
gauche doit être associée. Si la paralysie
du facial
supérieur est incomplète au point d'avoir passe
inaperçue, même
sousles yeux de bons observateurs,
ce n'est que
grâce à la mise en fonction du facial supé¬
rieur du côté
sain, lequel agit synergiquement sur les
deux côtés à la fois.
11 s'appuie
ensomme sur l'idée des
actions musculaires
synergiques des muscles pairs et sy¬
métriques proposée
parBroabdent, admise par Charcot,
Grasset,
Strumpell.
— 21 —
Il faut faire mention d'une déclaration de Revilliod
qui,
dans une note,
affirme
n'avoir pu se procurer etn'avoir
pas
connaissance de la thèse de Simoneau.
Le
signe de Hervey-Simoneau devient le signe de Re¬
villiod. Un des élèves
decedernier, Boïadjew(L), contribue
à l'étude de ce
symptôme. Pour
endéterminer la véritable
valeurséméiologique, il établit la capacité, chez les sujets
normaux,
de fermer
isolément un œilpuis l'autre. À
ceteffet, il
a examiné 750sujets
normaux.Sur
cenombre
10 p.100 seulement étaient incapables de fermer seul soit l'un, soit l'autre
des deux yeux ;65 0/0 pouvaient fermer chaque œil isolément
;25 0/0
nepouvaient fermer isolé¬
ment
qu'un seul œil, dont 17 0/0 le gauche et 8 0/0 le droit.
Mais cette
statistique pourrait bien être faussée
parle
milieu dans
lequel elle
aété faite
:elle
aété
eneffet
éta¬blie à
Genève, ville dans laquelle l'habitude des
armes àfeu, les
travauxd'horlogerie
sontcapables d'amener
unefacilité
plus grande d'occlusion successive des
yeux.Quoi qu'il
ensoit, le signe de l'orbiculaire paraissait jouir d'un
certain discrédit à l'encontre dusigne de Legendre
retenu parla majorité des cliniciens. Lorsque
tout récemment il y eut
dans la
pressemédicale
un renou¬veau en faveur du
premier de
cessymptômes, Grasset (2),
dansson
diagnostic des maladies de l'encéphale, le signale
et tend à en attribuer la
paternité à Potain. Bard (3) (de Genève), dans
unepublication datant de février 1901,
revient sur le
signe de l'orbiculaire
enl'attribuant,
sans autresréserves,
àRévilliod,
etinsiste
surl'importance clinique
encoreplus grande
quecelle
quelui attribuait Hévilliod
lui-même : alors que cesigne semblait devoir
(1) Boïadjew, Le signede l'orbiculaire de la paupière, paralysie du facial supérieur. Thèsede doct., Genève, 1892.
(2) Urasset, Diagnostic des maladies de l'encéphale. Paris, 1901.
0) Bard, Mémoireet compte-rendu de la Société des sciences médicales deLyon,févr. 1901, p. 163.
- 22 —
borner son rôle à mettre en évidence une
paralysie larvée
du facial
supérieur et à contribuer ainsi à effacer
unedes
différences
classiques des paralysies faciales centrales
etpériphériques, le signe de l'orbiculaire est appelé
au con¬traire à accentuer leur
séparation symptomatique et à
devenir un des éléments de leur
diagnostic différentiel.
Bard,
eneffet,
a constaté quedans la paralysie faciale périphérique la fermeture isolée de l'œil du côté paralysé
n'est pas
abolie; il arrive même
quel'occlusion s'effectue
alors à un
plus haut degré
quedans la fermeture simul¬
tanée des deux yeux.
En
présence des divergences d'opinion de
cesdifférents
auteurs, nous avons
voulu reprendre les recherches entre¬
prises à
cesujet. La série des observations et des résultats
que nous avons
obtenus constitue notre travail inaugural.
Nous avons,
dans le chapitre suivant, exposé les observa¬
tionsrecueillies par nous sur
des
personnessaines et con¬
cernant la
capacité chez elles de fermer successivement
et isolément l'un et l'autre œil. Dans le
chapitre suivant,
nous
rapportons
uncertain nombre d'observations d'hémi¬
plégiques
parlésions cérébrales et
nousrapportons dans
chacune le détail des
signes tirés de l'examen du facial
supérieur. Un autre chapitre est consacré à l'étude de ces
derniers
symptômes, à celle du signe de Legendre et du
signe de Révilliod
enparticulier et à leur fréquence rela¬
tive et
comparée. Enfin suivent les conclusions qui nous
ont paru
découler logiquement de
nosrecherches.
CHAPITRE II
RECHERCHES SUR LA RÉSISTANCE PALPER RALE ET SUR L'OCCLUSION
SUCCESSIVE DES GLOBES OCULAIRES A L'ÉTAT NORMAL
Nous avons
pensé qu'avant de rechercher l'état de
la résistance
palpébrale, la possibilité
oul'impossibilité
d'occlusion
successive desglobes oculaires dans l'hémi¬
plégie d'origine cérébrale, il était nécessaire de
nous assurer de l'existence et des caractères de cette occlusion successive à l'état normal.Dans ce
but,
nous avons faitporter notre
examen surun nombre relativement considérable de
sujets. Nous
avons
expérimenté
surdeux
centsindividus,
cent hom¬mes et cent femmes. Nous avons eu soin de ne
pratiquer
nos
expériences
quechez des
genstous indemnes de lésions
anciennes ou récentes de la musculature ocu¬laire.
Nous avons
procédé de la façon suivante
:Nous commandons au
sujet
enexpérience de fermer
aussi fortement
qu'il lui
estpossible les deux
yeux.Nous essayons de vaincre la
résistancepalpébrale ainsi obte¬
nue, en recommandant de résister à notre effort. Nous notons la
possibilité de l'occlusion simultanée des
pau¬pières
et ledegré de
cetteocclusion. Nous commandons
ensuite ausujet de fermer aussi fortement
quepossible
'œil
droit,
enmaintenant
l'œilgauche aussi largement
ouvert
qu'il le
peut.Nous
notonsalors la possibilité de 'occlusion
isolée de l'œildroit; le degré de
cetteocclu¬
sion et,
d'autre part, le degré de l'ouverture palpébrale
— 24 —
gauche. Nous agissons de même
pourl'autre œil. Nous
notons ces nouvelles données. Nous comparons
enfin les
résultats ainsi obtenus.
Ces résultats sont les suivants :
Hommes. — Chez les 100 hommes
examinés, d'âge et
de musculature
variables, l'occlusion
simultanée des deuxpaupières
atoujours été possible. La résistance à l'ouver¬
ture
palpébrale
atoujours été forte. Elle
atoujours été égale des deux
côtés.Chez les 100 individus
observés, 81 peuvent fermer chaque œil successivement
engardant l'autre ouvert. Ils peuvent,
end'autres termes, viser de l'œil droit
oude
l'œil
gauche. Au contraire, 19 d'entre
eux nepeuvent
fermer
qu'un seul œil
enmaintenant l'autre ouvert. Ils
visent ainsi les uns de l'œil
droit, les
autresde l'œil
gau¬che. Parmi ces
19, 14 peuvent fermer l'œil gauche
en maintenant l'œil droit ouvert, et 5peuvent inversement
fermer l'œil droit en laissant l'œil
gauche
ouvert.Chez les
19, le degré de résistance de l'œil fermé est
sensiblement
égal. 11 n'en est
pasde même du degré
d'ouverture de l'œil maintenu ouvert. La fente
palpébrale
est
large et normale dans 5
cas;elle
estlégèrement dimi¬
nuée dans 9 cas;
elle
est àpeine entr'ouverte dans 5 cas (œil droit
ouœil gauche indifféremment).
Parmi les 81 individus
qui
peuventfermer l'un et l'au¬
tre œil
indifféremment, la
résistancepalpébrale de l'œil
fermé,
etl'ouverture palpébrale de l'œil ouvert varient sui¬
vant les individus considérés. Cette résistance est forte et normale dans 51 cas ;
elle
estdiminuée dans 20
cas ;elle
est très affaiblie dans 10 cas.
L'ouverture
palpébrale
estnormale dans 32
cas ;elle
est diminuée dans 39 cas ;
elle
est trèsdiminuée dans
10 cas. 11 est à remarquer que ces
variations
enmoins de
la résistance et de l'ouverture
palpébrables portent assez indifféremment
surl'œil droit
et surl'œil gauche. H est
encore à remarquer que ces
variations
nesont pas chez
un même individu en raison directe ou inverse.
Tel,
parexemple, qui présente
unerésistance faible dans
unœil
peutavoir dans l'autre
une ouvertureamoindrie.
11 y a
là des variations individuelles intéressantes
à coupsûr, mais dont
les résultatsnumériques
ne peuventservir
à notre
étude,
et nous ne lesrapporterons
pas pour nepoint compliquer
unestatistique
assezingrate
parailleurs.
Femmes. —Chez les 100 femmes
examinées, d'âge et de
musculature
variables, l'occlusion simultanée des
deuxpaupières
atoujours été possible. La résistance à l'ouver¬
ture
palpébrale
atoujours été forte. Elle
atoujours été égale des deux
côtés.Chez les 100 mêmes
sujets, 8
sontdans l'impossibilité
absolue de fermer isolément et successivement l'un ou
l'autre
œil.Parmi les 92 autres,
00 peuvent lermer chaque œil
suc¬cessivement en
gardant l'autre
ouvert.Ils peuvent,
en d'autres termes, viserde l'œil droit
ou de l'œilgauche. Au
contraire,
32d'entre
eux nepeuvent lermer qu'un seul
œil en maintenant l'autre ouvert. Ils visent ainsi les uns
de I œil
droit, les
autresde l'œil gauche. Parmi
ces32,
P2 peuvent
fermer l'œil gauche
enmaintenant l'œil choit
ouvert, et 20 peuvent
inversement lermer l'œil droit
enlaissant
l'œilgauche
ouvert.Chez les
32, le degré de résistance de l'œil fermé est
sensiblementégal.
Il n'en est pas
de même du degré d'ouverture de l'œil
maintenu ouvert.
La fente
palpébrale
estlarge et normale dans 6
cas;elleest
légèrement diminuée dans 15
cas;elle
està peine entr'ouverte
dans 11 cas(œil droit
ouœil gauche indiffé¬
remment).
Parmi
les 60 individusqui peuvent fermer l'un et l'autre
œ'l
indifféremment, la
résistancepalpébrale de l'œil lermé
et l'ouverturepalpébrale de l'œil ouvert varient sui¬
vant les individus considérés. Cette résistance est forte
— 26 —
et normale clans 30 cas; elle est diminuée clans 22 cas;
elle est très affaiblie clans 8 cas.
L'ouverture
palpébrale est normale dans 22
cas;elle
est diminuée clans 29 cas;
elle
est trèsdiminuée
dans 9 cas.En
définitive, voici les conclusions auxquelles
nousavons abouti
après l'examen attentif
etminutieux de la
motilité de l'orbiculaire despaupières chez les individus
sains
qui ont bien voulu
se soumettre à notreinvestiga¬
tion.
I. Tous les individusnormaux peuvent
exécuter l'occlu¬
sion simultanéedes deux yeux.
Cette occlusion peut être simple, obtenue
sanseffort. Elle nécessite
unarrêt de
fonctionnement du releveur
palpébral
et unelégère
con¬tracture de l'orbiculaire. C'est l'occlusion que
l'on
pour¬rait
appeler passive, l'occlusion du sommeil. L'occlusion palpébrale peut être forte. Elle
estalors toujours volon¬
taire. Elle nécessite une contraction
énergique de l'orbi¬
culaire. C'est l'occlusion active. Elle se traduit par
l'application forte de la paupière supérieure contre l'inférieure, la présence d'un grand nombre de rides
pro¬fondément accentuées à la surface de la
paupière. Elle s'accompagne de contraction du sourcilier
etentraîne
l'abaissement des deux sourcilsetle froncement de
l'espace
intersourcilier. Cette occlusion
énergique est, à l'état nor¬
mal, égale des deux côtés
et cetteégalité
setraduit par
une
disposition symétrique et
unnombre égal de rides
palpébrales et accessoirement
parl'abaissement des deux
sourcils.
A l'état normal encore la résistance
palpébrale est égale dans l'un et l'autre œil. On
constate, encherchant
à relever à l'aide du
doigt chaque paupière supérieure et
en recommandant au malade de résister à cet effort, que la résistance
opposée est difficilement vaincue, et que, lorsqu'elle peut être surmontée, il faut déployer une égale
force pour
l'une et
pourl'autre des deux paupières.
- 27 —
II. Tous les individus normaux ne sont pas
capables de
fermer un œil en laissant l'autre ouvert. Sur 200
sujets examinés, 8
rentrentdans
cettecatégorie; quand
onleur
demandait de fermer un œil et d'ouvrir
l'autre, ils les
maintenaient ouverts tous deux ou les fermaientégale¬
ment tous deux. Un fait intéressant à noter est que ces 8
sujets appartiennent tous
au sexeféminin
:la nature
desjeux des petits
garçons,l'habitude des
armes,la
nécessité de viser
éduquent probablement les individus
du sexe masculin dès leur
jeunesse et donnent vraisem¬
blablement à la musculature de
chaque œil chez l'homme
une autonomie propre.
III. Tous les individus normaux ne sont pas
capables
de fermer successivement
chaque œil
enlaissant l'autre
ouvert. Sur 200
sujets examinés, 51 sont
eneffet dans l'impossibilité de fermer l'œil droit
enlaissant le gauche
ouvert,
puis de fermer l'œil gauche
enlaissant le droit
ouvert. En d'autres termes, à
l'état normal, l'occlusion palpébrale isolée
etsuccessive
estimpossible chez
un quart environdes
gensconsidérés.
IV. A l'état
normal, l'occlusion palpébrale isolée et
successive est
possible chez les trois quarts des
gens con¬sidérés. Mais chez ces
individus, il existe îles variations individuelles,
7 concernant le degré d'ouvertureOde l'œil
ouvert et la force de résistance de la
paupière fermée.
V. A l'état normal et chez les individus
qui peuvent
lermer isolément et successivementchaque œil, le degré
de résistance de la
paupière fermée est fort et normal dans
81 cas sur 200(51 hommes et 80 femmes), c'est-à-
dire
dansprès de la moitié des
cas.Ce degré de résistance
est
diminué
dans 42 cas sur 200(20 hommes et 22 fem¬
mes), c'est-à-dire dans près d'un quart des
cas.Il est
très
diminué
dans 18 cas sur 200(10 hommes
et8 fem¬
mes), c'est-à-dire
dansprès d'un huitième des
cas.VI. A l'état normal et chez les individus
qui peuvent
lermer
isolément et successivementchaque œil, l'ouver-
— 28 —
ture
palpétrale de l'œil
ouvert estforte
etnormale dans
54 cas sur 200
(32 hommes
et22 femmes), c'est-à-dire
dans
plus d'un quart des
cas;elle
estdiminuée dans
68cas sur 200
(39 hommes
et29 femmes), c'est-à-dire dans près d'un tiers des
cas;elle
esttrès diminuée dans 19
cas sur 200(10 hommes
et9 femmes), c'est-à-dire dans près
d'un huitième des cas.
Toutes ces constatations faites sur des individus nor¬
maux, en
dehors de
toutesaltérations
de la musculature oculaireexterne, nouspermettent d'établir des bases phy¬
siologiques intéressantes
aupoint de
vuede la recherche
du
signe de Révilliod
etdu signe de Legendre clans l'hé¬
miplégie faciale d'origine cérébrale.
Tous les
individus
normaux pouvantfermer simultané¬
ment les deux yeux
et la résistance palpétrale étant chez
eux
également forte dans les deux paupières, il
serabon
de rechercher dans
l'hémiplégie faciale d'origine cérébrale
l'occlusion simultanée et la résistance
palpébrale. Toute
diminution de cette résistance du côté
paralysé (signe de Legendre) traduira
uneatteinte paralytique de l'orbicu*
la ire des
paupières.
Un
grand nombre d'individus
normaux nepouvant pas
fermer successivement et isolément
chaque œil, de plus, le
degré d'ouverture de l'œil
ouvert etla force de résistance palpébrale présentant à l'état normal de très nombreuses
variations
individuelles, il
est témérairede faire de l'im¬
possibilité d'occlusion successive des
yeuxà l'état patho¬
logique et
enparticulier dans l'hémiplégie faciale d'ori¬
gine cérébrale,
unsigne certain de cette affection (signe
de
Révilliod).
Nous allons
d'ailleurs,avec
cesdonnées physiologiques,
rechercher le bien fondé de ces
déductions,
etdéterminer
la valeur
séméiologique, à l'état pathologique, de ces deux
symptômes de parésie de l'orbiculaire des paupières.
CHAPITRE III
observations cliniques
Qu'il
noussoit
toutd'abord permis d'adresser
auxinter¬
nes de
l'hôpital Saint-André
etde l'hospice de Pellegrin,
nosremerciements pour
l'extrême obligeance
aveclaquelle
ils ont mis à notre
disposition les malades de
nosdiver¬
ses observations.
Observation I
(personnelle).
Eugène M..., 54ans, salle 46, lit 23
(hôpital
Saint-André).Hémiplégie
gauche datant du mois d'avril 1901. Pas de contractu¬res.
Examen du
facial supérieur gauche
:Rides frontales ni
effacéesniabaissées.
La queue du sourcil est
légèrement abaissée. Il
y a unléger
re¬dressementde la courbure.
Le froncement est pluslent à seproduire qu'à droite,
il
est aussimoinsaccusé etplus hésitant.
Le
champ
d'excursion estmoindre; le muscle est plusparesseux, safatigue
arrive plus vite.Les rides de la paupière supérieure sont effacées,
le rebord palpé-
bral n'estpas déformé.
L'occlusion au maximum
s'accomplit
égalementbien de l'un
etde
l'autre œil.Larésistanceà l'ouverture forcée de la paupière
(signe de Legen-
dre)
estlégèrement
amoindrie à gauche.— 30 —
L'occlusion isolée de chaque oeil (signe de
Révilliod)
a toujours étéimpossible
pourl'œil
gauche; etpourl'œil droit elle
ne peutactuelle¬
ment se produire sans fermeture de
l'œil
gauche.Observation II
(personnelle)
Jeanne F..., 53 ans, salle 0, lit 19 (hôpital
Saint-André).
Hémiplégie
droite remontant à mars 1901, avec contracturede la
main droite.
Examen du
facial supérieur droit
: Lesrides frontales sont aussi
accentuées àdroite qu'àgauche et non déformées. Lapeau
est
nor¬male des deux côtés.
Pas d'abaissement de la queue du
sourcil.
Déformation légère dusourcil. Courbure redressée,
oblique
enbas
eten dehors.
Fente
palpébrale plus
grande àdroite.
Rides de la paupière supérieure droite
moins nombreuses et moins
accentuées dans l'occlusionpassive.
Froncement simultané dessourcils faibledes deux côtés,
mais
sur¬toutà droite.
Champ d'excursion du sourcil droit moins étendu
dans les
mouve¬ments d'élévation et d'abaissement. Fatigue
plus rapide de
cecôté.
Fermeturesimultanée au maximum des paupières
plus faible à
droite.
Résistance à l'ouverture forcée des paupières
(signe de Legendre)
plus facilement vaincue à droite.
Occlusion isolée de la paupière (signe
de Révilliod) impossible a
droite; à gauche elle est possible, mais
faible
ets'accompagne d'une
demi-occlusion de l'œil droit.
Observation III
(personnelle).
D...
(Pierre), salle 10, lit 2 (hôpital Saint-André).
Hémiplégie