PRATIQUES EN
OPHTALMOLOGIE
R E V U E D I D A C T I Q U E M É D I C O - C H I R U R G I C A L E
Juin 2012 • Volume 6 • n° 55 • 8 e
d www.ophtalmologies.org
importance de l’angiographie dans la rétinopathie diabétique
Un examen utile pour une thérapeutique adaptée
Dr Vincent Parier
zoom sur…
(p.178réflexion
Que penser de la vente en ligne des lunettes ? Le contact patient-opticien indispensable ?
p. 169Dr Valérie Ameline
en pratique
Correction des
astigmatismes réguliers cornéens par implants toriques
p. 163Dr Pierre Levy
le point sur
Pathologies palpébrales et dermatoses
inflammatoires
et infectieuses
p. 185Dr Pierre-Vincent Jacomet
explorations et innoVations
Les implants rétiniens : quelles évolutions en
2012 ?
p. 174Dr Pierre-Olivier Barale
lecture critique
Nous avons lu pour vous…
p. 160Dr Guillaume Leroux Les Jardins
Les hémorragies rétiniennes se traduisent comme une hypofluorescence sur la séquence d’angiographie par effet masque.
d les derniers numéros feuilletables en ligne,
d les archives des revues (articles en pdf, revues en version numérique),
d les numéros spéciaux dédiés aux congrès français et internationaux, et les suppléments, d les actualités, régulièrement mises à jour,
d les agendas des congrès, en France et dans le monde, d les liens utiles,
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sommaire
Juin 2012 • Vol. 6 • N° 55Assemblés à cette publication : 2 bulletins d’abonnement (2 pages et 4 pages).
Photos de couverture : © WESTERN OPHTHALMIC HOSPITAL/SCIENCE PHOTO LIBRARY / © DR
www.ophtalmologies.org PRATIQUES EN
OPHTALMOLOGIE
R E V U E D I D A C T I Q U E M É D I C O - C H I R U R G I C A L Ewww.ophtalmologies.org
n ActuAlitÉs . . .
p. 158 n Évènement
5e Festival du Film Ophtalmologique
. . .
p. 159
Pr Frédéric Mouriaux (Caen), Pr Marc Muraine (Rouen)
n lecture critique
• sauvetage du capsulorhexis en cas de refend très périphérique • choriorétinite séreuse centrale chronique :
PDt 1/2 dose vs 1/3 dose
. . . .
p. 160
Dr Guillaume Leroux Les Jardins (Paris)
n en PrAtique
correction des astigmatismes réguliers cornéens
par implants toriques : ce qu’il faut savoir…
. . .
p. 163
Dr Pierre Levy (Montpellier)
n rÉFlexiOn
que penser des lunettes sur internet ?
le contact physique entre le patient et l’opticien
est indispensable
. . .
p. 169
Dr Valérie Ameline (Paris)
n exPlOrAtiOns et innOvAtiOns
les implants rétiniens : quelles évolutions en 2012 ?.
. . .
p. 174
Dr Pierre-Olivier Barale (Paris)
n zOOm sur
Analyse angiographique des rétinopathies diabétiques :
un examen utile pour une thérapeutique adaptée
. . .
p. 178
Dr Vincent Parier (Saint-Maur-des-Fossés, Créteil)
n retOur De cOngrès
la réunion de l’Association Francophone
de strabologie et d’Ophtalmologie Pédiatrique - sFO 2012
. . .
p. 184
Dr Corinne Bok-Beaube (Paris)
n le POint sur
Pathologies palpébrales et dermatoses inflammatoires
et infectieuses : tour d’horizon des principales maladies
. . .
p. 185
Dr Pierre-Vincent Jacomet (Paris)
n kiOsque . . .
p. 161
n Bulletin D’ABOnnement . . .
p. 188
n FOrmAtiOn . . .
p. 177
n Petites AnnOnces . . .
p. 173
n renDez-vOus De l’inDustrie . . .
p. 189
158
Diabète & Obésité • Mars 2010 • vol. 5 • numéro 37ATU
L’ANSM autorise Aprokam ® pour les endophtalmies
post-chirurgie de la cataracte
Mobilisation
Les français se mobilisent contre des délais d’attente trop longs !
L
e 18 juin dernier, l’ANSM (l’Agence nationale de sécurité du médicament) annonçait l’autorisa- tion temporaire d’utilisation de cohorte d’Apro- kam® dans l’antibioprophylaxie des endophtal- mies post-opératoires après une chirurgie de la cataracte. Cette annonce fait suite à une étudeS
eulement un mois et demi après le lance- ment de la pétition « Mes yeux sont un bien précieux et je veux les confier à un ophtalmo- logiste et son équipe ! », le SNOF recueille près de 100 000 signatures de patients. L’objectif de cette pétition était de dénoncer des délais d’attente bien souvent excessivement longs (de 6 mois à 1 an) mais également d’expliquer aux patients les causes de la pénurie d’ophtalmolo-prospective, multicentrique menée chez plus de 16 000 patientes et montrant une réduction d’un facteur 5 de l’incidence du taux d’endophtalmie.
Une demande d’AMM européenne est en cours
d’évaluation. ß
Pour en savoir plus : ansm.sante.fr
gistes sur le territoire et présenter les solutions pour y remédier. Entre autre, deux solutions ont été évoquées :
- développer les délégations de tâches aux or- thoptistes au sein des cabinets d’ophtalmologie ; - doubler le flux de formation en ophtalmologie, en faisant passer le quota d’internes en médecine formés à cette spécialité de 1,5 à 3 % par an. ß Pour en savoir plus : www.snof.org
EN BREF
ApplicAtion smArtphone
pour lA cArte européenne
d’AssurAnce mAlAdie (ceAm) Une application smatphone avec toutes les informations pratiques, les numéros d’appel d’urgence, les coûts, les pro- cédure à suivre, est désormais téléchargeable sur le site : http://ec.europa.eu/france/
news/ceam_fr.htm.
Pour rappel, la CEAM permet de bénéficier de soins de santé publics lors d’un séjour temporaire dans les 27 pays de l’union européenne, en Islande, au Liechtenstein, en Norvège ou en Suisse.
Les patients peuvent ainsi bénéficier de soins dans les mêmes conditions et au même prix que les personnes assurées dans le pays concerné.
évènement
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2012 • vol. 6 • numéro 55 159
L
e 5e Festival du Film Ophtalmologique s’est dé- roulé le samedi 9 juin 2012 au Centre Interna- tional des Congrès de Deauville dans la Villa le Cercle. Le Festival a réuni plus de 70 ophtalmologistes.Quatorze films ont été projetés de 8 h 30 jusqu’à 13 h 15 et ont ravi les congressistes peu habitués à ce type de présentation.
Le vote est tout à fait démocratique puisque ce sont les congressistes qui choisissent à la fin du festival en at- tribuant des points aux 3 films qu’ils ont préférés. En l’occurrence, le prix a été attribué au Docteur Olivier Genevois en raison des qualités pédagogiques, ar- tistiques mais aussi humoristiques de son film.
L’objectif du festival du film est d’apporter aux oph- talmologistes présents une formation médicale continue beaucoup plus pratique et concrète que ne peut le faire une présentation classique dans un congrès. Chaque film et chaque réalisateur est choisi par le comité pédagogique du festival composé des Professeurs Frédéric Mouriaux du CHU de Caen et Marc Muraine du CHU de Rouen. L’objectif est de réunir une liste de thèmes pertinents, couvrant l’ensemble de l’ophtalmologie et intéressant tout ophtalmologiste, qu’il soit hospitalier ou libéral.
Le comité s’intéresse particulièrement à des sujets pour lesquels la vidéo apporte un réel enseigne- ment. Ensuite, le comité pédagogique contacte des ophtalmologistes pour leur demander de réaliser un film de 10 à 12 minutes. La réalisation d’un film de qualité est un travail long et minutieux. Pour un film de 10 minutes, la durée totale de travail peut s’éche- lonner entre 10 heures et 100 heures selon le résultat attendu. Les réalisateurs choisis sont des ophtalmo- logistes référents connus dans un domaine de l’oph- talmologie. S’ils sont pour partie issus des équipes de Caen, Rouen et Amiens, nous avons eu le plaisir cette année d’accueillir les Professeurs Jean-Paul Berrod de Nancy, Carl Arndt de Reims, Marc Labetoulle de Paris et Pierre-Jean Pisella de Tours. Certains ophtalmolo- gistes réalisateurs comme le Docteur Philippe Bensaïd
Retour sur le 5 e Festival du Film Ophtalmologique
Pr Frédéric Mouriaux (CHU de Caen) et Pr Marc Muraine (CHU de Rouen)
Les fiLms en compétition :
• L’examen clinique de la périphérie rétinienne et du décollement de rétine.
• Y a-t-il encore un intérêt à diminuer la taille des incisions lors de la chirurgie de la cataracte ? Quand évoquer une myasthénie devant un ptôsis ?
• Savoir examiner au cabinet la cornée de nos patients.
• Hygiène hospitalière au Nord Cameroun : Mission impossible ?
• La fabrication et le montage des verres de lunettes.
• Le trou maculaire : analyse et prise en charge.
• Conduite à tenir devant une paralysie faciale.
• Comment faire les soins de paupières dans les blépharites de la rosacée oculaire.
• Paralysies oculomotrices au cabinet : quand faut-il s’alarmer et adresser rapidement le patient ?
• Savoir manier la cortisone dans les pathologies cornéennes herpétiques.
• Electrophysiologie en ophtalmologie : description des examens.
• La prise en charge de l’aphakie.
sont des habitués en raison de leur passion commune pour la vidéo et l’ophtalmologie.
D’année en année, la qualité des films augmente et de plus en plus de films sont désormais tournés en Haute Définition.
Le festival s’est terminé par un déjeuner au restaurant situé dans les locaux du Casino de Deauville. n
Le premier prix a été attribué au Docteur Olivier GENEVOIS du CHU de Rouen, pour son film :
“Le trou maculaire : analyse et
prise en charge”.
160
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2012 • vol. 6 • numéro 55Nous avons lu pour vous
Publications récentes
DrGuillaumeLerouxLesJardins*
© Willie B. Thomas - istock
Cataracte
Sauvetage du capsulorhexis en cas de refend très périphérique
4 Capsulorhexis rescue after peripheral radial tear-out : Quick- pull technique.
Coelho RP, Paula JS, Neto JM, Messias AM. J Cataract Refract Surg 2012 ; 38 : 737-8.
Lors d’une chirurgie de la cataracte, la réalisation d’un capsu- lorhexis antérieur circulaire continu est une étape cruciale. L’ap- parition d’un refend expose à une extension équatoriale avec atteinte potentielle de la capsule postérieure et donc du sac capsulaire. Les conséquences possibles sont alors nombreuses et graves (issue de vitré, chute de noyau, impossibilité d’implan- tation dans le sac ou le sulcus).
Le RhexiS CiRCuLAiRe CoNtiNu : uNe étAPe CRuCiALe LoRS de LA ChiRuRgie de LA CAtARACte
Plusieurs techniques ont été publiées pour sauver ce rhexis lorsqu’il commence à filer. Par exemple Litttle (1) propose, en cas de refend débutant, de tirer le lambeau dans la direction in- verse pour rediriger le refend vers le centre. Marques (2) propose quant à lui l’utilisation d’une aiguille 22 Gauge pour ramener le rhexis vers le centre.
La technique décrite ici concerne un rhexis filé qui a presque re- joint l’équateur et dont la pointe n’est plus visible sous l’iris. Dans ce cas, les techniques décrites ci-dessus ne sont plus utilisables.
tRACtioN bRutALe du LAMbeAu veRS Le CeNtRe
Dès que l’anomalie du rhexis est repérée, il est nécessaire avant tout de compléter le remplissage de la chambre antérieure avec du viscoélastique pour augmenter sa profondeur. Il convient ensuite de réaliser une traction forte et brutale du lambeau de capsule antérieure vers le centre de la pupille, dans le plan légè- rement oblique de la capsule antérieure. Cette manœuvre force
Choriorétinite
choriorétinite séreuse centrale chronique : PDt 1/2 dose vs 1/3 dose
4 Half-dose vs one-third-dose photodynamic therapy for chro- nic central serous chorioretinopathy.
uetani R, ito Y, oiwa K, ishikawa K, terasaki h. eye (Lond) 2012 ; 26 : 640-9.
Alors que la majorité des choriorétinites séreuses centrales (crsc) se résolvent spontanément (1), les formes chroniques (d’une durée supérieure à 3 mois) posent des problèmes de prise en charge thérapeutique. Le traitement le plus ancien est la pho- tocoagulation laser du ou des points de fuite. La photothérapie dynamique (PDT) à la vertéporfine a été proposée à partir de 2003 (2) pour les formes rétro- et extrafovéales. Elle agit locale- ment sur la circulation choroïdienne qui est quasiment toujours modifiée dans cette pathologie (3).
le rhexis à reprendre sa direction et sa forme voulue.
La vidéo, disponible en ligne (http://jcrsjournal.org) montre le geste décrit par l’auteur lui-même comme un “mouvement agressif” mais adapté à cette situation.
L’auteur a utilisé cette technique de sauvetage dans 50 cas et a obtenu un rhexis continu circulaire dans 94 % des cas (47/50).
Dans les 3 cas où il n’a pu obtenir le rhexis voulu, la chirurgie a pu se poursuivre (avec des paramètres de phacoémulsification adaptés) sans autres incidents.
Cette technique de sauvetage du rhexis semble efficace en cas de refend capsulaire très périphérique, mais la relative brutalité du geste la réserve avant tout aux chirurgiens expérimentés. n
1. Little BC, JH Smith, M Packer. Little capsulorhexis tear-out rescue. JCRS 2006.
2. Marques FF, Marques DM, Osher RH, Osher JM. Fate of anterior capsule tears during cataract surgery. J Cataract Refract Surg 2006 ; 32 : 1638-42.
BiBliographie
*HôpitalHôtel-Dieu,GroupehospitalierCochin-HôtelDieu,Paris
Lecture critique
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2012 • vol. 6 • numéro 55 161
© Willie B. Thomas - istock
groupe 1/2 dose et 6 dans le groupe 1/3 de dose. L’efficacité a été évaluée sur les modifications d’acuité visuelle et la dis- parition du liquide sous-rétinien à l’OCT. Les modifications de l’épaisseur choroïdienne dans les zones traitées étaient aussi évaluées.
A 3 mois, 100 % (10/10) des yeux du groupe 1/2 dose avaient une disparition complète du liquide sous-rétinien contre 33 % (2/6) des yeux traités par 1/3 de dose. Une amélioration signi- ficative de l’acuité visuelle était notée dans le groupe ½ dose mais pas dans le groupe 1/3 de dose. Une diminution de l’épais- seur choroïdienne significative, (dans et en dehors de la zone traitée) était aussi notée dans le groupe 1/2 dose (p = 0,005).
Dans cette petite série de patients, en cas de crsc chronique, la PDT 1/3 de dose est moins efficace que la PDT 1/2 dose. Il semble donc que dans cette indication le meilleur compromis efficacité/tolérance soit la PDT 1/2 dose de vertéporfine. Dans les formes extrafovéales le laser reste utilisable et est efficace. n
diffiCuLtéS théRAPeutiqueS deS CRSC ChRoNiqueS
Aux doses habituelles utilisées dans la dégénérescence macu- laire liée à l’âge, des complications liées à la PDT ont été décrites (atrophie de l’épithélium pigmentaire, ischémie persistante choriocapillaire, noévaisseaux choroïdiens secondaires). Cela a poussé à tester, dans la crsc, des doses de vertéporfine ou des ni- veaux de fluence moins importants (3), le but étant de conserver une efficacité tout en réduisant les risques de complications.
La PDT 1/2 dose et la PDT 1/2 fluence ont été évaluées dans de nombreuses études avec des résultats anatomiques et fonction- nels intéressants. Le profil de tolérance semble en outre bon (3).
La PDT 1/2 dose est actuellement une des options thérapeutiques utilisables. Rappelons toutefois qu’en comparaison directe avec le laser focal, une étude récente ne retrouvait pas de différence après 3 mois pour l’acuité visuelle et les résultats anatomiques à l’OCT (4). Malheureusement, même si le laser est simple, bon marché et efficace, il ne peut pas être utilisé dans les formes rétrofovéales.
A la recherche d’une dose minimale efficace, la PDT 1/3 de dose a été évaluée en cas de crsc aigüe (5) mais aucune donnée n’est disponible pour la dose minimale utilisable en cas d’atteinte chronique.
queLLe doSe MiNiMALe effiCACe PouR LA Pdt dANS LeS CRSC ChRoNiqueS ?
Ce travail est une étude comparative, prospective, double aveugle, non randomisée qui évalue l’efficacité de la PDT 1/2 dose vs PDT 1/3 de dose en cas de crsc évoluant depuis plus de 3 mois avec un point de fuite proche de la fovéa. 16 yeux de 16 patients ont été traités puis suivis jusqu’à 3 mois : 10 dans le
1. Gilbert CM, Owens SL, Smith PD, Fine SL. Long-term follow-up of cen- tral serous chorioretinopathy. Br J Ophthalmol 1984 ; 68 : 815-20.
2. Yannuzzi LA, Slakter JS, Gross NE et al. Indocyanine green angiogra- phy-guided photodynamic therapy for treatment of chronic central se- rous chorioretinopathy : a pilot study. Retina 2003 ; 23 : 288-98.
3. Ross A, Ross AH, Mohamed Q. Review and update of central serous chorioretinopathy. Curr Opin Ophthalmol 2011 ; 22 : 166-73.
4. Lim JW, Kang SW, Kim YT et al. Comparative study of patients with cen- tral serous chorioretinopathy undergoing focal laser photocoagulation or photodynamic therapy. Br J Ophthalmol 2011 ; 95 : 514-7.
5. Zhao MW, Zhou P, Xiao HX et al. Photodynamic therapy for acute cen- tral serous chorioretinopathy : the safe effective lowest dose of vertepor- fin. Retina 2009 ; 29 : 1155-61.
BiBliographie
Chirurgie oCulomotriCe André roth, Claude Speeg-Schatz, georges Klainguti, Alain Péchereau 480 pages
Édition : Elsevier Masson Date de parution : 06-2012
Ce traité réunit les connaissances actualisées, théoriques et pra- tiques de la chirurgie oculomotrice ; quintessence des enseigne- ments dispensés par les quatre auteurs, il est l’outil indispensable autant à l’initiation des opérateurs débutants qu’au perfectionne- ment des opérateurs confirmés.
PréCiS d’oPhtAlmologie Clinique Jack J. Kanski, guy Chaine, Cyrine Khammari, Valérie Sarda 540 pages
Edition : Elsevier Masson Date de parution : 05-2012 Au sommaire :
I. Techniques d’examen clinique. II. Techniques d’imagerie. III. Mal- formations et anomalies du développement. IV. Paupières. V. Voies lacrymales. VI. Orbite. VII. Oeil sec. VIII. Conjonctive. VIX. Cornée.
X. Chirurgie cornéenne et réfractive. XI. Épisclère et sclère. XII. Cris- tallin. XIII. Glaucome. XIV. Uvéite. XV. Tumeurs oculaires et maladies apparentées. XVI. Pathologie vasculaire rétinienne. XVII. Maculopa- thies acquises. XVIII. Dystrophies du fond d’oeil. XIX. Décollements de rétine. XX. Strabisme. XXI. Neuro-ophtalmologie. XXII. Troubles induits par les médicaments. XXIII. Traumatismes. XXIV. Pathologies de système.
KiOSque
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2012 • vol. 6 • numéro 55 163
Buts dE la chirurgiE dE l’astigmatismE
Le but premier est de diminuer la dépendance au port d’une correc- tion optique postopératoire en vi- sion de loin donc la recherche de l’emmétropie.
Dans certains cas, il ne s’agira que de diminuer un astigmatisme préopératoire, pour améliorer le confort visuel notamment en cas d’astigmatisme irrégulier ou pour traiter une anisométropie cylin- drique.
* Ophtalmologiste, Montpellier
lEs différEntEs tEchniquEs dE corrEction dE l’astigmatismE au momEnt
dE la chirurgiE du cristallin
La prise en compte de l’astigma- tisme au moment de la chirurgie de la cataracte peut être envisagée de 3 façons différentes.
Phacoémulsification avec incision cornéenne sur le méridien le Plus cambré Il s’agit d’une technique facile et rapide. Elle présente l’inconvé-
nient d’être peu prédictible, d’avoir un maximum d’efficacité de 0,75 à 1 dioptrie et de ne corriger que sur un hémiméridien, à moins d’y associer une incision cornéenne opposée.
Phacoémulsification Par Petite incision associée à des incisions limbiques relaxantes
Il s’agit d’une technique déjà éprouvée, facile à réaliser. Elle est assez précise et reproductible pour les astigmatismes inférieurs ou égaux à 1,5 D. Elle nécessite de se référer à des abaques de traite- ment et à l’utilisation d’une ins- trumentation particulière (cou- teau diamant ou couteau à usage unique). Cette technique aug- mente le temps de la chirurgie et semble moins efficace chez les patients jeunes. Les incisions limbiques relaxantes peuvent en- traîner des douleurs ou simple- ment un inconfort au cours des premières heures postopératoires.
Plus l’astigmatisme à corriger est important moins les incisions limbiques relaxantes seront pré- dictibles et, par ailleurs, comme toutes les techniques d’incisions cornéennes, leur effet a tendance à régresser avec le temps du fait de phénomènes cicatriciels.
les imPlants toriques
Ils présentent l’avantage de ne pas
xxxxx xxxxx xxxxxx xxxxx
La chirurgie de l’astigmatisme est connue depuis fort longtemps, la première technique chirurgicale fut décrite par Bates en 1894.
Le concept de l’implant torique est aussi assez ancien puisqu’il fut présenté la première fois par le Dr Shimizu en 1994.
Ces techniques, autrefois confidentielles, ont bénéficié du développement de la microincision au cours de la chirurgie de la cataracte.
La conjonction du développement de la microincision à la fréquence élevée de l’astigmatisme au moment de la chirurgie du cristallin rend ce concept de plus en plus populaire
Dans une étude récente (1) sur 4 540 yeux, Blasco a montré que 35 % des pa- tients ont un astigmatisme supérieur ou égal à une dioptrie et que 22 % des patients ont un astigmatisme supérieur ou égal à 1,5 dioptries. Au même titre qu’il semble logique de corriger les aberrations sphériques par des implants asphériques comme le font la plupart des chirurgiens, il semble indispensable de généraliser la chirurgie de l’astigmatisme dans le but d’améliorer le confort de nos patients.
Introduction
correction des astigmatismes réguliers cornéens
par implants toriques
Ce qu’il faut savoir…
Dr Pierre Levy *
En pratiquE
164
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2012 • vol. 6 • numéro 55entraîner de modification du geste chirurgical. Le temps de chirurgie est par ailleurs très peu augmenté.
Enfin, il n’y a pas d’augmenta- tion des douleurs postopératoires comme dans les incisions lim- biques relaxantes.
Le résultat réfractif après implan- tation torique est très dépendant du bon positionnement de l’im- plant et d’une éventuelle rotation postopératoire de l’implant qui est influencée par la taille du capsu- lorhexis, par le matériau de l’im- plant, par son dessin et aussi par la taille du sac capsulaire.
Il faut savoir qu’une rotation de 10°
diminue l’effet de un tiers et qu’une rotation > 30° aggravera l’astigma- tisme préopératoire. Par ailleurs, toute rotation entraînera un chan- gement d’axe de l’astigmatisme et aura tendance à entraîner une hy- permétropie postopératoire.
lEs différEnts implants toriquEs monofocaux
A ce jour, nous disposons de 8 im- plants monofocaux toriques dis- tribués en France. Ils sont tous conçus pour être injectés par une microincision ≥ 1,8 mm.
Chaque fabricant dispose d’un site web pour le calcul et la commande de ces implants toriques.
Ils possèdent des caractéristiques propres.
❚sn 60 t alcon® et sn6at
Il s’agit d’un implant acrylique hy- drophobe, qui est décliné avec une optique sphérique et asphérique.
Il corrige de 1 à 4 D d’astigmatisme cornéen.
❚tecnis toric abott medical optics®
Implant acrylique hydrophobe à optique asphérique qui corrige de 0,50 à 2,75 d’astigmatisme cornéen.
❚t flex rayner ®
Implant acrylique hydrophile à optique asphérique qui corrige de 1 à 6 D d’astigmatisme cornéen.
❚lentis t Plus topcon®
Implant acrylique hydrophile à surface hydrophobe et optique as- phérique qui corrige de 0,25 à 12 D d’astigmatisme personnalisable par pas de 0,01 D (maximum de 8,5 D au plan cornéen).
❚at torbi 709 m Zeiss®
Implant acrylique hydrophile à surface hydrophobe et optique asphérique avec correction cy- lindrique bitorique maximale de 8,5 D au plan cornéen.
❚accomed Z flex torique medicontour®
Implant acrylique hydrophile à surface hydrophobe et optique asphérique avec correction cylin- drique maximale de 6,5 D au plan cornéen.
❚311 t hoya®
Implant acrylique hydrophobe as- phérique qui corrige au maximum 3 D d’astigmatisme cornéen.
lEs implants toriquEs multifocaux
A ce jour, nous disposons de 4 im- plants toriques multifocaux distri- bués en France.
Ils sont tous conçus pour être injectés par une microincision
≥ 1,8 mm.
Chaque fabricant dispose d’un site web pour le calcul et la commande de ces implants toriques.
Ils sont divisés en 2 catégories, les implants diffractifs et réfractifs.
les imPlants diffractifs
❚restor toric snd1t alcon®
Implant acrylique hydrophobe et
optique asphérique négative avec addition de +3 D qui corrige de 0,50 à 2,06 D d’astigmatisme cor- néen.
❚at lisa toric 909 m Zeiss®
Implant acrylique hydrophile à surface hydrophobe et optique as- phérique avec addition de +3,75 D qui corrige de 1 à 12 D d’astigma- tisme par pas de 0,50 D (maximum de 8,5 D au plan cornéen).
les imPlants réfractifs
❚m-flex t rayner®
Implant acrylique hydrophile à optique asphérique avec addition au choix de +3 ou +4 D qui corrige de 1 à 6 D d’astigmatisme par pas de 0,50 D.
❚lentis m Plus torique topcon®
Implant acrylique hydrophile à surface hydrophobe et optique asphérique avec addition de 3 D.
Il s’agit d’un implant original à 2 zones optiques non concen- triques avec un secteur de 160°
inférieur dédié à la vision de près et un axe visuel libre pour la vision de loin. Il corrige de +0,25 à + 12 D d’astigmatisme personnalisable par pas de 0,01 D.
l’évaluation pré- Et pEropératoirE du méridiEn camBré Et dE l’axE
dE positionnEmEnt dE l’implant
évaluation au cabinet de l’axe
de l’astigmatisme cornéen Kératométrie automatique ré- pétée et topographie cornéenne : seul doit être pris en compte l’as- tigmatisme cornéen préopératoire et non l’astigmatisme retrouvé en réfraction objective ou subjective
166
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2012 • vol. 6 • numéro 55qui prend en compte en plus l’as- tigmatisme interne (cristallinien)
(Fig. 1).
évaluation PréoPératoire en salle de Préanesthésie Les causes d’erreur sont nom- breuses et la réussite est dépen- dante de la rigueur d’évaluation pré- et peropératoire de l’axe d’as- tigmatisme cambré.
Une des sources d’imprécision est due au phénomène de cyclo- torsion. Il est donc essentiel, afin d’éviter la cyclorotation liée au passage de la position assise à couchée ou au passage de la vision binoculaire à monoculaire, de réaliser un marquage au bloc opé- ratoire avant la chirurgie dans des conditions parfaitement iden- tiques à celles qui ont été utilisées pour les examens préopératoires de mesure de l’axe de l’astigma- tisme, soit sur un patient assis.
La figure 2 montre la réalisation du marquage cornéen, après instilla- tion de collyre oxybuprocaine, sur 0° et 90°, avant toute injection de drogues sédatives par l’anesthé- siste, sur un patient assis, en vision binoculaire pour éliminer l’erreur de positionnement due à la cyclo- torsion en position couchée et en vision monoculaire.
Il existe de nombreux instruments qui peuvent être utilisés pour réa- liser ces marques de référence
(Fig. 3).
marquage PeroPératoire Une fois l’anesthésie topique réa- lisée, marquage cornéen, sur le patient couché, du méridien sur lequel seront alignées les marques de l’implant.
Ce paramètre est donné par le cal- culateur.
On se servira, comme référence,
du marquage précédemment réa- lisé sur le patient assis des méri- diens de 0° et 90° (Fig. 4).
les techniques automatisées de marquage des axes
Plusieurs solutions automatisées permettent aujourd’hui de s’af- franchir du marquage pré- et pero- pératoire. Elles sont développées par les sociétés Zeiss et SMI.
Leur principe est identique avec acquisition d’image de l’iris et
du limbe au cabinet au moment du bilan préopératoire (éven- tuellement couplé à la biométrie optique) et transfert de ces don- nées vers un appareil asservi au microscope opératoire avec pro- jection dans les oculaires du mi- croscope de l’axe sur lequel sera positionné l’implant torique. Ces techniques apportent une préci- sion supplémentaire et un gain de temps et vont vite devenir incon- tournables.
figure 1 - Exemple d’astigmatisme de 3,75 d (en haut à gauche) en réfraction automa- tique. En fait, l’astigmatisme cornéen n’est que de 2,66 d (en haut à droite) et il existe un astigmatisme interne cristallinien de 1,19 d (en bas).
figure 2 - instillation d’oxybuprocaine en collyre et marquage sur patient assis en vision binoculaire du méridien horizontal et éventuellement vertical.
COrreCtiOn des astigMatisMes réguliers COrnéens par iMplants tOriques
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2012 • vol. 6 • numéro 55 167
tEchniquE
chirurgicalE : lEs points particuliErs liés à la misE En placE d’un implant toriquE
La chirurgie d’astigmatisme par implant torique doit être réalisée par une technique de microinci- sion, la moins astigmatogène pos- sible. La réalisation d’une incision cornéenne temporale de préfé- rence inférieure ou égale à 2,2 mm semble idéale. Afin de garantir la stabilité de l’implant torique et d’éviter tout effet de tilt ou de ro- tation, il est essentiel que le cap- sulorhexis soit centré et de taille inférieure à celle de l’optique, et que le produit viscoélastique situé sous l’implant soit aspiré en fin de chirurgie.
lEs indications
En cas d’astigmatismE réguliEr
en cas d’imPlantation monofocale
Si l’astigmatisme est inférieur ou égal à 0,50 D, les techniques d’in- cisions cornéennes sont parfaite- ment adaptées. Il est possible de réaliser une incision sur le méri- dien cambré associée à une incision contrôle latérale ou de réaliser une incision limbique relaxante.
• En cas d’astigmatisme compris entre 0,75 et 1,25 D, on pourra in- différemment réaliser une inci- sion limbique relaxante ou mettre
figure 3 - marquage directement au crayon dermographique ou à l’aide de différents marqueurs.
figure 4 - Exemple d’un marquage cornéen sur l’axe 150°.
en place un implant torique. La facilité d’utilisation des implants toriques, l’absence de modifica- tion de la technique chirurgicale ainsi que la possibilité de corriger facilement une erreur d’axe plai- dent en faveur de leur utilisation.
En cas d’astigmatisme supérieur ou égal à 1,5 D, il est préférable de mettre en place un implant to- rique dans la mesure où les tech- niques d’incisions cornéennes sont moins prédictibles et sont susceptibles de régresser pour de tels degrés d’astigmatisme.
• En cas d’astigmatisme régulier asymétrique, il est possible d’envi- sager la mise en place d’un implant torique associé à une incision re-
laxante sur le versant le plus cam- bré du méridien bombé (Fig. 5). en cas d’imPlantation multifocale
Il est absolument impératif, pour un résultat optimal, d’obtenir une correction la plus parfaite possible de l’astigmatisme cornéen (2) et d’avoir un résultat le plus proche possible de l’emmétropie.
En cas d’astigmatisme inférieur ou égal à 0,5 D, il faudra réaliser de préférence une incision cornéenne sur le méridien le plus cambré.
Pour les astigmatismes supérieurs à 0,5 D, il est recommandé d’utili- ser des implants multifocaux to- riques pour éviter les imprécisions
relatives aux techniques d’incision cornéenne.
conclusion
La prise en charge de l’astigma- tisme au cours de la chirurgie de la cataracte nécessite une évalua- tion préopératoire drastique afin d’apporter aux patients la réponse la plus adaptée possible. Les im- plants toriques vont bénéficier des techniques d’alignement au- tomatisé peropératoire apportant plus de précision et plus de facilité.
Leur développement va être très rapide et, dès 2012, ils dépasseront le nombre d’implants multifocaux
posés en France. n
figure 5 - astigmatisme asymétrique.
1. Ferrer-Blasco T, Prevalence of corneal astigmatism before cataract surgery. J Cataract Refract Surg 2009 ; 35 : 70-5.
2. Hayashi K. Effect of astigmatism on visual acuity in eyes with a diffractive multifocal intraocular lens. J Cataract Refract Surg 2010 ; 36 : 1323-9.
BiBliographie mots-clés : correction de
l’astigmatisme, implant torique multifocal, chirurgie du cristallin
réflexion
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2012 • vol. 6 • numéro 55 169
les deux modèles de vente de lunettes sur internet
Les Lunettes montées sur Internet
Principe : le patient choisit sa monture, choisit les options de ses verres (amincis, traitements, etc.), saisit sa correction et/ou envoie son ordonnance. Il reçoit ses lu- nettes montées chez lui quelques jours plus tard.
Les Lunettes en kIt sur Internet
Principe : le patient choisit sa monture, choisit les options pour ses verres, saisit sa correction et/
ou envoie son ordonnance. Il re- çoit ses lunettes en kit (montures
*Fondation Adolphe de Rothschild, Paris
et verres non taillés) chez lui quelques jours plus tard. Il se rend ensuite chez un opticien parte- naire du site pour le centrage et le montage des verres, le dépistage, le contrôle d’équipement, etc. Ces sites ne peuvent fonctionner que s’ils s’appuient sur un important réseau d’opticiens partenaires.
les services fournis par l’opticien
L’opticien traditionnel fournit un certain nombre de services au pa- tient :
• le centrage des verres ;
• l’ajustage de la monture ;
• le contrôle d’équipement ;
• le dépistage ;
• le service après-vente.
Nous allons détailler ces services et voir si les sites de ventes de lu- nettes montées et les sites de lu- nettes en kit réussissent à fournir ces mêmes services.
Le centrage des verres
❚Principe
Les verres de lunettes doivent être parfaitement centrés sur la pu- pille. Pour cela, il est nécessaire de prendre 2 mesures : une mesure horizontale (côte X) et une mesure verticale (côte Y) (Fig. 1).
Que penser des lunettes sur internet ?
Le contact physique entre le patient et l’opticien est indispensable
n
Le tapage médiatique bat son plein sur les lunettes sur Internet : publicité TV et radio, articles dans les journaux, etc. Quelles sont les différentes solutions sur Internet ? Que devons-nous en penser ? Que répondre à nos patients qui nous posent la question ? Cet article apporte un éclai- rage simple et précis sur ces questions. Après une brève introduction sur les deux modèles de ventes de lunettes sur Internet, les services fournis par l’opticien traditionnel sont analysés afin de préciser si chacun des modèles Internet fournit ces mêmes services. Un point sur la situation réglementaire de la vente de lunettes sur Internet complète cet article. Dr Valérie Ameline*© NinaM alyna - F
otolia
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Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2012 • vol. 6 • numéro 55La norme ISO NF EN ISO 21987 de décembre 2009 en applica- tion depuis avril 2010 définit des tolérances maximum pour ces 2 côtes pour les verres montés.
Le Dr Subirna et le Dr Pagot du SNOF étaient membres du comité de normalisation. Ces tolérances dépendent du prisme incorporé.
Nous reproduisons ici les tolé- rances pour un prisme < 2,00 Δ.
Elles sont données en prisme in- duit et en mm (Tab. 1).
❚conséquences d’un mauvais centrage
• Pour les verres unifocaux, un décentrement va engendrer un ef- fet prismatique. Lors d’un décen-
trement de 1 cm pour une correc- tion de 6 δ (correction saisissable sur la plupart des sites), l’effet prismatique sera de 6 Δ d’après la règle de Prentice (prisme induit en Δ = décentrement en cm * puis- sance en δ). L’effet prismatique va engendrer des hétérophories. Si les réserves fusionnelles ne sont pas suffisantes, le patient peut res- sentir des maux de tête occipitaux, des douleurs derrière les yeux, des yeux qui tirent. L’acuité binocu- laire est inférieure à la meilleure acuité monoculaire, et la vision stéréoscopique est mauvaise.
Dans le plan horizontal, le couple oculaire peut compenser jusqu’à 3 dioptries prismatiques. Par contre dans le plan vertical, une différence de hauteur binoculaire induisant un effet prismatique su- périeur à 1 Δ peut ne pas être toléré par le patient et lui créer, dans de nombreux cas, un inconfort ou une diplopie. Il est donc indispensable de respecter les tolérances de la norme ISO NF EN ISO 21987.
• Pour les verres progressifs, en plus des effets prismatiques, il y a un risque de réduction du champ de vision et d’inadaptation. Sur les verres progressifs, le couloir de progression entre la vision de loin et la vision de près est étroit, de 4 à 5 mm de large. Un décentrement horizontal de 3 mm peut alors ré-
duire les champs de vision jusque 40 %. Le décentrement vertical est beaucoup plus sensible. En effet, la puissance varie le long du cou- loir de progression. 3 δ sur 20 mm, soit 0,15 δ/mm. Un décentrement de 5 mm va donc modifier la puis- sance de 0,75 δ. Or un écart de 0,75 δ en sphère n’est pas acceptable.
❚Les services sur Internet, mesure de la côte X
La côte X correspond au demi- écart pupillaire qui est mesuré soit en vision de loin (VL), soit en vision de près (VP), selon le type et la marque du verre. Les catalogues des fabricants de verres précisent pour chacun des différents verres s’il doit être centré en VL ou en VP.
La côte X dépend uniquement de la morphologie du patient.
• Sur les sites de lunettes mon- tées, la côte X est en général me- surée avec une photo envoyée par le patient où il a une règle (ou un autre “étalon”) posée sur le front ou sur le nez (Fig. 2). La précision est alors d’environ 3 mm. En effet sur la photo, le patient peut regar- der à l’infini ou fixer la webcam (ou l’appareil photo) en vision de près, la convergence binoculaire en VP n’est donc pas prise en compte. On comprend donc que cette méthode ne permet pas un bon respect des tolérances imposées par la norme.
figure 1 - centrage des verres sur la pupille. mesure horizontale (côte x) et mesure verticale (côte Y).
tableau 1 - déséquilibre prismatique (erreur prismatique relative) des paires de verres unifocaux et multifocaux.
valeur absolue la plus élevée de la composante du prisme commandé Δ
tolérance sur la composante horizontale (relative à la distance de centrage commandée)
tolérance sur la composante verticale
• > 0,00 Δ à < 2,00 Δ • Pour les puissances > 0,00 δ à < 3,25 δ : max 0,67 Δ
• Pour les puissances > 3,25 δ :
l’effet prismatique d’un déplacement de 2,0 mm
• Pour les puissances > 0,00 δ à < 5,00 δ : max 0,50 Δ
• Pour les puissances > 5,00 δ :
l’effet prismatique d’un déplacement de 1,0 mm
Source : ISO NF EN ISO 21987.
QuE PENSER dES luNEttES SuR INtERNEt ?
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2012 • vol. 6 • numéro 55 171
• Sur les sites de lunettes en kit, la côte X est mesurée chez l’opti- cien partenaire du site où se ren- dra le patient. L’opticien fera alors les mesures dans les règles de l’art : soit avec un pupillomètre à reflet cornéen, soit avec une colonne de prise de mesures. Les tolérances imposées par la norme sont en principe respectées.
❚Les services sur Internet, mesure de la côte Y
La côte Y correspond à la hau- teur de montage, distance entre le bas de la monture et la pupille, mesurée en VL ou en VP selon le type et la marque de verre. Là aus- si, les catalogues des fabricants de verres précisent pour chacun des différents verres s’il doit être cen- tré en VL ou en VP. La hauteur ne peut être prise qu’avec la monture posée sur le nez du patient après ajustage. Il n’est donc pas possible de la prendre à distance.
Les autres servIces de L’oPtIcIen
❚Les services de l’opticien
• L’ajustage de la monture consiste à adapter la monture à la morphologie du porteur. L’op- ticien joue sur les plaquettes, les branches, le pont de monture.
L’ajustage doit être fait préalable- ment à la prise de mesures.
• Le contrôle d’équipement consiste à faire porter les lunettes finies au patient et à lui faire un test de lecture puis un test dynamique (il se déplace dans le magasin) et un test en VL (il regarde par la fenêtre par exemple). Le contrôle d’équipe- ment permet de déceler différentes erreurs dans toute la chaîne : er- reur d’ordonnance, erreur de com- mande ou de fabrication des verres, erreur de montage (verres droit et gauche inversés par exemple), er- reur de centrage, etc.
puisqu’ils nécessitent tous un contact physique entre le patient et l’opticien.
• Les sites de lunettes en kit offrent ces services puisque le patient a systématiquement un contact physique avec un opticien partenaire du site.
l’optiQue sur internet : légale ou illégale ?
La vente d’optique sur Internet n’est pas illégale… pour l’ins- tant.
Le Code de santé publique inter- dit le colportage de verres correc- teurs (article L4362-9 modifié par loi n° 2005-102 du 11 février 2005 - art. 81 JORF 12 février 2005.
« Le colportage des verres correc- teurs d’amétropie est interdit. »).
Jusqu’en 2009, l’interprétation de ce texte faisait que la vente sur Internet était assimilée à du col- portage. Suite à différentes procé- dures, la Commission européenne a forcé la France à ouvrir le marché de l’optique à la toile et Roselyne Bachelot, alors ministre de la San- té, par l’intermédiaire de Lucie Dufour, responsable des relations presse et médias de la Direction de l’hospitalisation et de l’organi- sation des soins du ministère de la
figure 2 - mesure de la côte x avec une règle.
• Sur les sites de lunettes mon- tées, la côte Y n’est pas mesurée.
On centre selon une mesure “stan- dard”. Aucun respect de la norme n’est possible. Pour des verres pro- gressifs, on peut par exemple se re- trouver avec un patient qui conduit sa voiture avec sa pupille en face de la zone de vision de près !
• Sur les sites de lunettes en kit, la côte Y est mesurée chez l’opti- cien partenaire du site où se ren- dra le patient. L’opticien fera alors les mesures dans les règles de l’art : soit avec un réglet soit avec une colonne de prise de mesures. Les tolérances imposées par la norme sont alors respectées.
• Le dépistage est fait par l’en- semble des acteurs de la santé visuelle. L’opticien n’est pas apte à diagnostiquer une pathologie, mais il est capable de déceler une anomalie en échangeant avec son client : perte de vision centrale ou périphérique, douleurs, etc. Il va alors réorienter son client vers son praticien.
• Le SAV pour les lunettes consiste à resserrer une vis, remplacer une branche cassée, réajuster une monture, etc.
❚Les services sur Internet
• Les sites de lunettes montées ne peuvent pas fournir ces services
La côte X correspond au demi-écart pupillaire.
La côte Y correspond à la hauteur de montage,
cette dernière ne peut pas être prise à distance.
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Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2012 • vol. 6 • numéro 55Santé et des Sports, a confirmé le vendredi 12 juin 2009 que :
« La France ne s’oppose pas à la vente sur Internet de produits op- tiques. C’est une voie de distribu- tion, soumise aux mêmes règles que celles applicables aux profes- sionnels installés et exerçant dans des structures. Ces règles visent à garantir la qualité et la sécu- rité des soins et des prestations de santé. Comme tous les produits de santé vendus sur Internet et en pharmacie, la France impose des règles d’exercice de la profession (diplômes, compétences…), de conseil au patient et de sécurité.
Ces règles s’appliquent à tous les professionnels de santé quels que soient les supports de vente. » C’est donc juste un changement d’interprétation qui fait qu’au- jourd’hui la vente de lunettes sur Internet n’est plus interdite.
Les opticiens sur Internet ont les mêmes obligations que les opti- ciens traditionnels et les mêmes droits. Leur seule obligation est d’avoir un opticien diplômé. La réglementation historique n’est
est soumise à une prise de mesure réalisée dans des conditions défi- nies par décret. »
Ce texte a été validé en 1re lecture par le Sénat le 7 décembre 2011, dans le cadre du projet de loi “Le- febvre” adopté par l’Assemblée
lunettes montées (plus de 40 sites coexistent sur la toile) sont donc à proscrire si on veut que nos clients bénéficient d’équipements de qua- lité. Les sites de ventes de lunettes en kit offrent par contre les garan- ties nécessaires pour assurer une bonne qualité de santé visuelle à nos patients. Ces sites sont très peu nombreux puisqu’ils doivent mettre en place un grand réseau d’opticiens partenaires. Nous pou- vons citer les sites des grandes chaines Krys (850 opticiens) et Optic 2000 (1 200 opticiens) qui vendent les mêmes produits aux mêmes prix qu’en magasin. Un out- sider, le site Easy-verres.com (750 opticiens partenaires) fut le pre- mier à mettre en place ce système en 2010 ; il permet de profiter de prix plus compétitifs.
Il est fort probable que la régle- mentation à venir conforte cette analyse puisqu’on semble s’orien- ter vers une interdiction de la vente d’équipements progressifs pour les sites de lunettes montées.
tableau 2 - déséquilibre prismatique (erreur prismatique relative) des paires de verres unifocaux et multifocaux.
lunettes montées lunettes en kit centrage côte x Approximatif Selon règles de l’art centrage côte Y Pas de centrage en hauteur Selon règles de l’art
ajustage de monture Non Oui
contrôle d’équipement Non Oui
dépistage Non Oui
sav Non Oui
bien entendu pas adaptée à la vente en ligne. C’est pourquoi le législateur travaille sur la mise en place d’une réglementation spéci- fique à la vente d’optique sur In- ternet.
Les travaux de réglementation lancés il y a plus de deux ans ont abouti au texte suivant pour les lu- nettes de vue :
« La délivrance de verres correc- teurs multifocaux ou de verres cor- recteurs de puissance significative
nationale, renforçant les droits, la protection et l’information des consommateurs, article 5bis. Le vote de cette loi dépend du nou- veau calendrier législatif qui sera mis en place après les élections présidentielles.
Bilan
Il ressort de cette analyse que le contact physique entre le patient et l’opticien est indis- pensable. Les sites de ventes de
Les opticiens sur Internet ont les mêmes obligations que les opticiens traditionnels et les mêmes droits.
À retenir
n Prise de mesure en hauteur impossible à effectuer sur Internet n 2 modèles de distribution sur Internet
- Lunettes montées : unifocaux de faible puissance seulement. (± 3 δ max) - Lunettes en kit avec passage chez un opticien : unifocaux et progressifs
QuE PENSER dES luNEttES SuR INtERNEt ?
Pratiques en Ophtalmologie • Juin 2012 • vol. 6 • numéro 55 173
En conclusion, lorsque les pa- tients nous interrogent pour ache- ter leurs lunettes sur Internet afin de minorer les coûts, nous devons leur déconseiller d’acheter des lunettes toutes montées et leur conseiller les solutions dites en
kit avec montage par un opti- cien qui les aura rencontrés.
De même, en cas de patients in- satisfaits de leurs lunettes pres- crites par nos soins, il ne faudra pas omettre de se renseigner sur le mode d’achat de ces lunettes, les
lunettes livrées toutes faites choi- sies sur Internet pouvant réserver
bien des surprises… n
mots-clés :
lunettes, internet, lunettes en kit, lunettes montées, opticien
- Code de santé publique article l4362-9 modifié par loi n° 2005-102 du 11 février 2005 - art. 81 JORF 12 février 2005.
- Association française de normalisation, Norme ISO NF EN ISO 2198 ; 27 pages.
- Projet de loi renforçant les droits, la protection et l’information des consommateurs. Article 5 bis (articles L. 4362-9 et L. 4362-10 du Code de la santé publique, article L. 121-20-7 du code de la consommation). Disposi- tions relatives aux opticiens-lunetiers sur www.senat.fr.
sources
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