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Ne touche pas à ma parabole ! Consommation télévisée et logiques d'appartenance des migrants arabophones à Genève

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Thesis

Reference

Ne touche pas à ma parabole ! Consommation télévisée et logiques d'appartenance des migrants arabophones à Genève

FAKHFAKH, Abdullatif

Abstract

Cette étude tend à cerner le degré d'attachement des migrants arabes en Suisse, et particulièrement à Genève, aux chaînes de télévisions satellitaires. En recourant à une méthodologie de recherche mixte combinant les méthodes qualitative et quantitative et en mobilisant un cadre théorique sous l'angle du transnationalisme et de la construction de trajectoires identitaires, elle cherche à explorer, en décortiquant la consommation télévisuelle dans toutes ses configurations des différentes catégories sociales des personnes d'origine arabe résidentes à Genève, à quel échelon ce type de médias participe à élargir leur champ identitaire et à marquer leur sentiment d'appartenance au moment les réseaux transnationaux reliant les pays d'origine aux pays de résidence des migrants deviennent de plus en plus des canaux privilégiés de la circulation des idées et des manifestations identitaires.

FAKHFAKH, Abdullatif. Ne touche pas à ma parabole ! Consommation télévisée et logiques d'appartenance des migrants arabophones à Genève. Thèse de doctorat : Univ. Genève, 2014, no. SES 842

URN : urn:nbn:ch:unige-387324

DOI : 10.13097/archive-ouverte/unige:38732

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:38732

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Ne touche pas à ma parabole !

Consommation télévisée et logiques d’appartenance des migrants arabophones à Genève

Thèse présentée à la Faculté des sciences économiques et sociales de l’Université de Genève

Par Abdullatif Fakhfakh

pour l’obtention du grade de

Docteur ès sciences économiques et sociales mention : sociologie

Comité de thèse :

Patrick-Yves Badillo, président du jury Sandro Cattacin, directeur de thèse Annik Dubied, jurée

Claudio Bolzman, juré

Thèse N° : 842

Genève, le 28 mai 2014

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La Faculté des sciences économiques et sociales, sur préavis du jury, a autorisé l’impression de la présente thèse, sans entendre, par là, n’émettre aucune opinion sur les propositions qui s’y trouvent énoncées et qui n’engagent que la responsabilité de leur auteur.

Genève, le 28 mai 2014

Le doyen

Bernard MORARD

Impression d’après le manuscrit de l’auteur

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Table des matières

Avant-propos 5

Liste des abréviations 6

Résumé 7

Introduction 9

Enquêter dans le monde arabophone à Genève 31

Terrain d’étude et population étudiée 32

Le travail de terrain 34

Synthèse intermédiaire 54

Télévision, identité et appartenance 57

La télévision a encore la cote 57

Entraves pour la réception des chaînes arabes 61

La consommation dans la pratique 65

Configurations consommationnelles 68

Consommation télévisée des chaînes arabes 74

La consommation télévisée pendant des périodes précises 76 La consommation télévisée selon la grille des programmes 86 Concurrence ou complémentarité des chaines arabes et européennes 92

Synthèse intermédiaire 98

Transnationalisme et identité élargie 105

Le transnationalisme, un phénomène ancien 105

Identité, identités 110

Diversité du monde arabe, identité ou identités 112

Télévision satellitaire et marqueurs identitaires 115 Valeurs, marqueurs identitaires et identité élargie 124

Synthèse intermédiaire 129

Communautarisation, appartenances médiées et multiples 133

Double appartenance et fierté 133

La télévision et la famille : Effet de création de liens intergénérationnels 137 La télévision et la communauté d’appartenance : Effet de

communautarisation par la télévision 141

La télé et les relations sociales avec d’autres (non community, non family) :

Effet d’augmentation de l’« intelligence » relationnelle 143

Télévision et consommation différenciée 148

Synthèse intermédiaire 149

Conclusion : connectés et mieux intégrés 153

Liste des tableaux 161

Bibliographie 162

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Annexe 1 : Profils socio-professionnels des personnes observées et

interviewées 166

Annexe 2 : Caractéristiques sociales des répondants au questionnaire 168 Annexe 3 : le tableau des nationalités participantes au questionnaire 171

Annexe 4 : le questionnaire 172

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Avant-propos

Je voudrais tout d’abord remercier grandement Zaineb, ma très chère épouse. Sans son soutien, ses encouragements et ses sacrifices cette thèse n’aurait pas vu le jour.

Je tiens à remercier mon directeur de thèse, Sandro Cattacin pour toute sa disponibilité, sa flexibilité et son appui scientifique très remarquable.

Je tiens également à remercier M. Patrick-Yves Badillo, Mme Annik Dubied et M. Claudio Bolzman d’avoir participé à mon jury. Leurs remarques et suggestions ont contribué à enrichir et approfondir mon travail.

Les familles qui m’ont ouvert leurs portes et m’ont accueilli chez elles méritent toute ma considération. Leurs contributions furent d’un apport inestimable afin de délimiter notre champ de recherche.

Je tiens à remercier aussi tous ceux et celles qui ont contribué précieusement à la réalisation de ce travail.

Mes derniers remerciements vont à mes filles Nesrine et Nour Elhouda qui ont sacrifié leur temps libre pour que papa puisse finaliser sa thèse.

Genève, Mai 2014, Abdullatif Fakhfakh

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Liste des abréviations

RTS La radio et la télévision suisse TSR La télévision suisse romande PIB Produit intérieur brut

OIT Organisation Internationale du travail ONU Organisation des Nations Unies

OIM Organisation internationale de la migration CFE Commission fédérale des étrangers

ASBU l’Union des radios et télévisions arabes

CFM Commission fédérale pour les questions de migration OFS Office fédéral de la statistique

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Résumé

Les télévisions transnationales arabes sont devenues une réalité incontournable dans le paysage médiatique européen. Elles suscitent un grand intérêt chez les migrants arabes ou d’origine arabe dans cette région, d’autant plus que ce média leur permet de garder un lien quasi permanent avec leur région d’origine. A la croisée des interférences des effets de la globalisation et de la mondialisation, le Canton de Genève qui regroupe un grand nombre de ces migrants représente un lieu approprié pour l’étude de l’importance des médias électroniques et, en particulier, les télévisions satellitaires dans la vie de ces derniers.

Les chercheurs en sciences sociales en Europe s’intéressent désormais d’une manière divergente à la réception des médias transnationaux par les migrants ainsi qu’à l’effet de ceux-ci sur la reconstruction de leur identité et leur socialisation dans les régions d’accueil. Cependant, nous remarquons une absence notoire de recherches dans ce domaine en Suisse, ce qui nous a incité à étudier l’attachement de la population arabe de Genève à ces canaux de production médiatique transnationale, afin d’établir les interférences dans le processus de socialisation des migrants dans un pays qui est resté généralement fidèle à sa tradition libérale en respectant la liberté d’accès à l’information.

En recourant à une méthodologie de recherche mixte combinant les méthodes qualitative et quantitative et en mobilisant un cadre théorique sous l’angle du transnationalisme et de la construction de trajectoires identitaires, nous avons mis à l’épreuve notre hypothèse selon laquelle la réception de la télévision satellitaire arabe est un nouvel élément qui pourrait participer à l’élargissement du champ identitaire du migrant au moment où les réseaux transnationaux reliant les pays d'origine aux pays de résidence des migrants deviennent de plus en plus des canaux privilégiés de la circulation des idées et des manifestations identitaires.

Cette approche nous a permis de mettre en évidence une réalité nuancée quant à la consommation télévisuelle dans toutes ses configurations, incluant les différentes catégories sociales des personnes d’origine arabe résidentes à Genève. Il en va de même pour le regard porté sur les différents médias occidentaux, y compris suisses et arabes, grâce à l’acquisition d’une vision plus large ancrée dans les deux contextes de production et de réception.

En outre, notre étude a démontré que loin de tout esprit isolationniste, la réception des chaînes arabes s’avère être globalement un vecteur d’interactivité riche dans une société genevoise diversifiée et multiculturelle où la grande majorité des migrants arabes affichent une grande fierté d’appartenir à la fois à leur région d’origine et à leur région d’accueil. Cette double appartenance revendiquée est le fruit d’un processus d’identification qui se déploie sous ses

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multiples dimensions, donnant ainsi naissance à une identité élargie non sans limite.

Mots clés : Migration, Transnationalsime, Médias, identité, télévision, communication, réseaux transnationaux, intégration, méthodologie mixte, technologies d’information et de communication, réseaux sociaux.

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Introduction

« Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre- connaissiez » (Coran, 49:13)

Depuis le milieu des années 1990, les télévisions transnationales arabes ont fait éruption dans l’espace médiatique européen et ont créé une nouvelle configuration qui ouvre sur une diversification de sources et de contextes. Ces médias sont souvent porteurs d’un ordre d’idées, de lexiques et de répertoires qui se ressourcent d’un système de valeurs différencié.

Les migrants1 arabes ou d’origine arabe font partie des publics privilégiés de ces centaines de canaux de communication et d’information. Ces migrants qui n’avaient que de rares contacts avec leur pays d’origine se trouvent confrontés à un flux de produits médiatiques qui leur permet d’être en relation, à distance certes, mais de façon quasi permanente avec le milieu social qui a façonné en partie leur manière d’être. Par ailleurs, les régions d’accueil se retrouvent face à des flux migratoires et médiatiques dans un monde globalisé où les frontières culturelles sont brisées et les notions de culture nationale et d’identité nationale sont mises en cause.

Cette nouvelle configuration transnationale qui permet au migrant d’élargir son champ d’activités dans son ancien lieu de socialisation et dans sa région actuelle de résidence, en l’occurrence la Suisse, nous interpelle notamment en ce qui concerne les incidences qui pourraient intervenir dans son processus de socialisation. La réception des produits médiatiques télévisés qui sont orientés vers une consommation locale et transmis dans des cadres nationaux spécifiques pourrait également influencer le migrant. Notre recherche tend à connaître le degré d’attachement des populations arabes de Genève à ces canaux de productions médiatiques transnationales et leur effet sur leurs processus de socialisation et si ces médias interviennent dans la construction et l’orientation des trajectoires identitaires des migrants arabes en Suisse.

Dans une première partie, et après avoir retracé l’histoire de la migration en Suisse et les conditions de l’installation de la population arabe à Genève, nous avons formulé notre hypothèse qui considère que la réception de la télévision satellitaire arabe est un élément qui intervient dans la création d’une dynamique sociale diversifiée et qui pourrait participer à l’élargissement du champ identitaire du migrant. Pour confirmer cette hypothèse, il est nécessaire de poser des questions, tant bien sur la nature de consommation télévisuelle des

1 Pour les fins de notre étude, la terminologie « migrant » inclut à la fois les migrants et les migrantes sans distinction.

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produits médiatiques arabes, que sur les effets de la présence ou de l’absence de ces chaînes et leur influence sur les migrants arabes ne soient soulevées. Il est aussi opportun de suivre l’évolution des valeurs et des marqueurs identitaires et d’identifier la perception de l’appartenance chez le migrant arabe.

La deuxième partie est consacrée à l’explication de la démarche méthodologique mixte qui a mobilisé les outils de recherches utilisés dans les méthodes qualitative et quantitative, à savoir l’observation participante, les entretiens et l’enquête par questionnaire, afin de permettre une analyse objective et fiable de l’ensemble des données collectées. Nous avons délimité notre champ de recherche qui est focalisé sur les migrants arabes de Genève.

Nous avons également exposé les démarches entreprises afin de constituer nos deux échantillons, en l’occurrence les cinq familles qui ont fait l’objet d’une observation participante et les 200 informateurs qui ont pris part au questionnaire. Nous avons par la suite mis en évidence les profils des familles observées et des participants au questionnaire ainsi que les conditions de leur migration

La troisième partie a été dédiée à la description de la consommation télévisuelle dans la pratique, décrivant les entraves à la réception des télévisions satellitaires et des configurations consommationnelles des télévisions européennes et arabes selon l’âge, le sexe, la formation, le type d’emploi et la religion, durant des périodes précises comme le ramadan, le pèlerinage à la Mecque, Noël et les vacances.

Nous avons également détaillé les différentes configurations de la réception des médias arabes selon les grilles de programmes afin de connaître les préférences des informateurs et mesurer les tendances de consommation selon une liste exhaustive de programmes proposés. Nous avons cherché à savoir s’il s’agit d’une concurrence entre les chaînes européennes et arabes ou plutôt d’une complémentarité notamment en demandant à nos répondants la fréquence de leur consommation télévisuelle des chaines arabes ou encore des chaînes européennes selon le type d’émissions choisi, tel qu’une série télévisée, la ligue des champions, un débat politique, un débat de société, le télé journal ou un évènement majeur dans le monde arabe.

La quatrième partie s’est portée sur l’articulation théorique entre les notions de transnationalisme et d’identité. Nous avons situé la notion de transnationalisme dans son contexte théorique et historique et démontré sa pertinence pour cerner la question de la réception des médias dans le cadre de la mondialisation et de l’affaiblissement des frontières nationales. Nous avons également revu la notion de l’identité dans cette même configuration et nous avons conclu à l’émergence d’une identité élargie qui caractérise le migrant qui se construit selon un processus évolutif dans deux, voire plusieurs lieux de socialisation. Nous avons également démontré la complexité et la difficulté de parler de la notion d’identité ou d’identités au sein même de la région arabe.

Afin de pouvoir mesurer l’effet spécifique des médias transnationaux sur les processus de quête identitaire des migrants arabes résidant à Genève et en

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Suisse nous avons cherché à savoir ce que représente la télévision satellitaire en tant qu’outil de communication pour les migrants. Nous avons par la suite abordé la question de l’influence des médias ainsi que l’impact de l’absence de télévisions dans les foyers arabes ou d’origine arabe. Nous avons ainsi mis en évidence les valeurs et les marqueurs identitaires qui interviennent principalement dans l’apprentissage, la conservation de la langue et la préservation des liens avec les pays d’origine.

Dans la cinquième partie nous avons abordé les aspects de communautarisation et d’appartenances. Il a été clairement démontré que les migrants sont aussi fiers de leur appartenance à Genève que de leur pays d’origine. Il s’agit d’une double appartenance ancrée dans les deux lieux de socialisation des migrants arabes de Genève. Nous sommes également posé la question de l’effet de la création de liens intergénérationnels par le bais de la télévision arabe. D'autre part, nous avons souhaité savoir si la télévision arabe crée un effet de communautarisation ou participe à son maintien au sein des groupes arabes dans le canton. Nous avons constaté que la réception des chaînes satellitaires joue un rôle important dans l’élargissement et le maintien du réseau relationnel de nos répondants. Enfin, il est important de préciser qu’il s’agit d’une consommation différenciée des produits télévisuels arabes ou européens.

En conclusion, nous avons discuté les résultats du point de vue des politiques d’inclusion et nous avons étudié la possibilité de généraliser nos résultats sur la migration et les autres migrants en Suisse et dans d’autres pays.

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Le monde arabe à Genève et la consommation médiatique

Les Alpes suisses ont connu entre les VIIIe et XIIe siècles ce que les historiens considèrent d’une façon superficielle comme des bandes de musulmans venus d’Afrique (Henriet 2002 : 82). Cependant, loin de la région franco-suisse qui a connu une présence musulmane dans le moyen âge, l’histoire de Genève ne retrace les signes d’une présence arabe dans cette ville que jusqu’au XIXe siècle.

En 1897, la caméra fixe de Louis Lumière a immortalisé une scène muette en noire et blanc de 30 secondes montrant un groupe de dignitaires arabes suivi de musiciens dans une rue mouvementée de Genève2. Cette séquence intitulée le

« Cortège arabe » n’indique certainement pas la nature de leur présence dans cette rue de Genève où l’on trouve également des Africains, mais elle atteste sans équivoque que les arabes furent présents sur la scène genevoise. Elias Hanna Elias (1993 : 46) a recensé deux journaux édités en arabe en Suisse au début du XXe siècle3.

Même si la présence arabe a été remarquée sur le sol genevois depuis au moins deux siècles, nous ne pouvons parler d’un début de processus migratoire ou d’une présence permanente qu’à partir des années cinquante. Cette présence s’est graduellement renforcée au cours des décennies suivantes. Plusieurs facteurs sont à l’origine des destinées de milliers d’arabes migrants en Suisse.

Le monde arabe ainsi que l’Europe en général et plus spécifiquement la Suisse, sont particulièrement concernés par un flux migratoire incessant accentué par le renforcement des réseaux migratoires et la mobilité circulaire caractérisée par des vagues de transits, de départs ou d’arrivées de nouveaux migrants. Ces deux régions du monde sont entrées de plein pied dans ce que Stephen Castels et Mark Miller appellent l’âge des migrations (2009 : 16) et sont à la fois des pays d’immigration et d’émigration. Dans ces deux zones géographiquement séparées par la méditerranée, s’applique avec pertinence la notion de systèmes migratoires complexes incluant le comportement des individus, la dynamique des marchés du travail, les politiques des Etats et les transnationaux interdépendants (Wihtol de Wenden 2009 : 32).

2 Voir le site internet : http://www.imdb.com/title/tt0256607/ visité le 6 janvier 2014.

3. Dans cet ouvrage, l’auteur mentionne que jusqu'à 1929 la Suisse fut parmi les pays qui a hébergé des quotidiens et périodiques arabes comme la France, l’Allemagne, la Grande Bretagne, Malte, Chypre, la Russie, l’Italie et la ville d’Istanbul. Cependant, il n’indique pas le nom de ces titres de journaux.

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Les pays arabes subdivisés en trois grandes zones, en l’occurrence le Maghreb, le Mashreq et les pays du Golfe, évoluent dans un contexte géopolitique, économique, social et culturel distinct. Les migrants ainsi que les candidats à la migration des pays du Maghreb, de par leurs liens historiques et culturels, la maîtrise de la langue et la proximité géographique, aspirent à rejoindre l’Europe. La majorité des migrants du Maghreb est installée dans des pays et des villes francophones, y compris Genève, ou latins, comme l’Espagne et l’Italie. Ces dernières années, les pays du Maghreb, en particulier la Libye, la Tunisie et le Maroc, sont également devenus une zone de transit, principalement vers l’Europe, et ce malgré le durcissement des lois régissant la migration et les murs dressés par les contrôles à l’immigration et le droit de séjour (Bauman 1999 : 23).

En raison notamment des conflits armés, les flux migratoires en provenance des pays du Mashreq et de la Corne de l’Afrique, y compris les territoires palestiniens occupés, le Soudan, la Somalie, l’Irak, la Syrie et le Yémen, se sont intensifiés. Les pays largement touchés par ce phénomène sont principalement le Liban, la Jordanie et l’Egypte. Il s’agit d’une migration interarabe mais aussi inter-régionale. Le Soudan et le Yémen abritent des Ethiopiens ou des Erythréens. On ne dénombre pas moins de 100'000 migrants subsahariens au Maghreb4.

Les pays riches du Golfe ont connu une croissance brutale du nombre des migrants pendant les trente dernières années du XXe siècle due à l’absence de main d’œuvre locale dans ces pays en plein essor économique, grâce à une manne pétrolière généreuse. Au tout début des années 1980, il s’agissait principalement d’un mouvement migratoire interarabe. La tendance s’est renversée après la guerre du Golfe de 1990-1991 où 3 millions d’Egyptiens, de Palestiniens, d’Irakiens et de Yéménites ont quitté la région. Ils ont été remplacés, au pied levé, par des asiatiques devenus depuis 1998 majoritaires dans les pays du Golfe avec un nombre de 3’3 millions contre 2 millions d’Egyptiens et 800'000 Yéménites5.

Alors qu’en 2005, la part de l’immigration s’élève à 20 millions dans une région habitée par 280 millions de personne, l’Europe n’attire que la moitié des migrants de la rive sud de la méditerranée (Wihtol de Wenden 2009 : 430).

Ainsi, les migrants arabes préfèrent se diriger notamment vers les pays du Golfe,

4 Selon le rapport de Myriam Cherti et Peter Grant intitulé « Le mythe du transit: La migration subsaharienne au Maroc » publié en juin 2013 pour le compte de l’ Institute for Public Policy Research.

5 Selon une étude intitulée «Immigration sud-sud : vers les pays du Golfe » menée par Djamila Youcef-Khodja, Doctorante à Paris VIII, consultable sur le site Internent du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen : http://www.cermam.org/fr/logs/dossier/immigration_sudsud_vers_les_pa_2/, visité le 4 mai 2014.

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la Lybie, avant la chute du régime de Gaddafi, ainsi que le Canada et les Etats- Unis d’Amérique pour les plus qualifiés.

Cependant, l’Europe reste une destination des plus privilégiées. L’émigration des Arabes vers l’Europe a commencé dès la seconde moitié du XIXe siècle, avec le début de la colonisation. Le phénomène s’est amplifié par la suite. La France a dû faire venir des centaines de milliers de Maghrébins afin de compenser les pertes humaines lors de la deuxième guerre mondiale. Par ailleurs, la Grande- Bretagne a accueilli des dizaines de milliers de Yéménites. Parmi les 214 millions d’émigrés à travers le monde6, y compris l’Europe, nous dénombrons entre 20 et 30 millions de personnes d’origine arabe.

Les migrants arabes se concentrent en masse dans les anciens pays colonisateurs7, mais ils sont également présents dans d’autres pays comme la Belgique ou la Suisse. Les causes de leur migration sont complexes et multiples.

D’autre part, elles se croisent et se renforcent. Elles sont principalement d’ordre historique, politique, économique, social et culturel. Selon une communication de la Commission européenne au Conseil et au Parlement européen intitulée

« Intégrer les questions liées aux migrations dans les relations de l’Union européenne avec les pays tiers » (Commission Européenne, 3 décembre 2002) qui s’applique également aux pays arabes, les causes de la migration se résument à une croissance économique faible dans les pays de départ, une répartition inégale des revenus, une surpopulation étroitement liée à une forte croissance démographique, à des taux élevés de chômage, aux conflits armés, aux épurations ethniques, aux violations des droits de l’homme, aux persécutions, aux catastrophes naturelles et à un faible niveau de gouvernance, voire à une absence totale de transparence. A cela s’ajoute la fuite des cerveaux et des personnes hautement qualifiées.

En terme du pourcentage le plus élevé d’immigrants dans le monde, la Suisse se classe notamment derrière les pays arabes tels que les Emirats Arabes Unies, le Koweït, la Jordanie, l’Arabie Saoudite et Oman selon la Division de la population des Nations Unies8.

A l’instar des pays arabes et des pays de l’Union européenne, la Suisse est un pays d’émigration et d’immigration par excellence9. Avant 1948, la Suisse fût principalement un pays d’immigration. Depuis le XIIe siècle, la Suisse est connue pour son exportation de mercenaires qui viennent prêter main forte aux

6 Selon les statistiques de l’organisation internationale pour les migrations, voir le site Internet de l’organisation sous la rubrique « Migrations faits et chiffres », visité le 8 mai 2013.

7 La population d’origine arabe est estimée à environ 4 millions en France.

8 Selon les statistiques publiées en 2006 par la Division de la population des Nations Unies.

9 Selon l’Office fédéral de la statistique, le nombre des immigrés a atteint pour la seule année 2007, 21779 alors que le nombre des émigrés pour la même année s’élève à 29487.

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différents belligérants en Europe, notamment en France10. Leur bonne réputation leur a permis de perpétuer cette tradition jusqu’au XIXe siècle.

Cependant, l’après-guerre a marqué un tournant dans le domaine de la migration.

Même si elle est restée un pays d’immigration, la Suisse est redevenue un pays d’émigration. Avec l’essor économique que connaît le pays, d’importants besoins en main d’œuvre, provenant principalement d’Italie, sont apparus11. Une politique migratoire très ouverte a été adoptée afin d’accueillir des milliers d’étrangers si utiles pour l’économie. Nous constatons, cependant, une absence totale de la composante arabe dans les différentes catégories de migrants pendant cette période. Cette politique de bras ouverts a atteint ses limites en 1962. Les premiers signes de xénophobie ont été véhiculés en particulier en Suisse alémanique et ont connu leur expression la plus visible dans l’Initiative Schwarzenbach en 1968 qui demandait d'abaisser la population étrangère dans chaque canton à 10% de la population suisse12. Les porteurs de l’initiative ont joué sur la peur de la menace de plonger le pays dans le chômage à cause d’une surpopulation étrangère. C’est plutôt des étrangers d’origine européenne qui ont été stigmatisés en dépit de leur apport considérable à l’économie locale et de leur appartenance aux mêmes origines culturelles et civilisationelles. Des mesures de plafonnement ont été prises de 1963 à 1973.

L’année 1974 fut fatale pour des dizaines de milliers d’étrangers qui ont dû quitter la Suisse suite à la crise pétrolière qui leur a fait perdre leurs emplois13. Ces fluctuations conjoncturelles n’ont pas affecté directement les quelques premiers migrants arabes très peu visibles dans le paysage social de l’époque.

Nous étions encore sous un régime migratoire dominé par le poids de l’héritage historique lié à la colonisation et marqué par l’existence de certaines relations privilégiées entre les pays d’origine et les pays d’accueil. La présence négligeable d’Arabes à Genève est due en partie à cette configuration. Au début des années 1980 et jusqu’à 1992, la dynamique économique a permis l’affluence d’une nouvelle vague de main-d’œuvre étrangère si précieuse pour le maintien du niveau compétitif de l’économie suisse.

Pendant la seconde moitié des années 1990 et le début du XXIe siècle, le phénomène migratoire s’est complexifié, notamment en raison de l’évolution du

10 Voir à cet égard le dossier publié dans la revue Aller savoir n° 20 de juin 2001, consultable sur le site internet de l’université de Lausanne:

http://www2.unil.ch/unicom/allez_savoir/AS20/pdf_files/2.pdf, visité le 15 mai 2014.

11 Voir à cet égard, le rapport sur la migration 2008, p. 9, publié par per l’Office fédéral des migrations en Avril 2009.

12 La proportion des étrangers, qui avait dépassé 10% de la population en 1960, s’élève à 17,2% en 1970.

13 Voir à cet égard l’analyse d’Etienne Piguet dans son livre l’immigration en Suisse, soixante ans d’entrouverture (2004).

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contexte régional qui tend à une uniformisation des procédures en matière d’immigration d’un côté, et le changement de la nature et des motifs des migrations, de l’autre. La Suisse a vécu une période d’incertitude et a opéré une refonte complète de sa politique migratoire. Ainsi, la Suisse est devenue moins attrayante pour les candidats à l’immigration du monde arabe. Par conséquent, le nombre des résidents arabes entre 1995 et 2012 n’a presque pas varié14 .

La mise en place de la libre circulation avec l’Union européenne et l’entrée en vigueur en janvier 2008 de la nouvelle loi sur l’immigration15 en provenance du reste du monde rendra plus difficile un afflux migratoire en provenance du monde arabe. Cependant, ce renforcement aussi contraignant du cadre légal va paradoxalement maintenir et alimenter sensiblement le phénomène de la migration irrégulière plutôt que d’attirer des personnes possédant des compétences de très haut niveau, objectif visé par cette même loi.

Les nouveaux régimes arabes postcoloniaux appelés à bâtir des Etats modernes ont raté le coche et se sont transformés en régimes autoritaires, voire dictatoriaux, où aucun espace d’expression libre n’est permis. La transition démocratique n’a pas eu lieu et les premières victimes de ces systèmes politiques postcoloniaux ont trouvé refuge en Europe occidentale en général et en Suisse en particulier. Les vagues de réfugiés arabes qu’a connu la Suisse, perpétuent la tradition humanitaire de ce pays. Elles reflètent une réalité politique et sociale conflictuelle et présentent une cartographie des crises, des tensions et des conflits, parfois armés, dans le monde arabe. Ainsi, dès l’installation des régimes postcoloniaux, des réfugiés ont fui les persécutions politiques et ont sollicité la protection de la Suisse.

En 1958, les premières familles se réfugient à Genève dans l’espoir de retourner chez elles très rapidement. Depuis, la situation dans le monde arabe s’est empirée, notamment avec la détérioration de la situation des libertés, la perduration du conflit israélo-palestinien et le déclenchement d’une guerre interconfessionnelle au Liban16. De nouvelles vagues de réfugiés sont venues s’établir en Europe. L’exil se perpétue et le séjour temporaire se transforme en un établissement durable. Des centaines d’Egyptiens, Libanais, Irakiens, Syriens, Somaliens, Tunisiens, Algériens, Soudanais et Libyens se sont ainsi installés

14 Selon les statistiques de l’office fédéral de la statistique de 1995 et celle de 2008.

15 En 2006, les Suisses ont voté à 68 % en faveur d'une loi plus sévère sur l'immigration (LEtr) et à 67,8 % pour durcir les conditions d'accès au droit d'asile. Cette loi a remplacé la loi sur le séjour et l’établissement de 1934 (LSEE).

16 Le livre de Roger Azzam intitulé « le Liban, l’instruction d’un crime : 30 ans de guerre » paru en 2005 retrace l’histoire de la guerre civile au Liban qui s’est déclenchée dans les années 70 et les enjeux politiques qui ont ravivé les tensions et ont prolongé un conflit qui n’a que trop duré.

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durablement en Suisse. Cependant, ils sont très loin de représenter la majorité des migrants arabophones en Suisse ou à Genève.

Dénuée de tout héritage colonial et ayant peu de liens historiques et culturels avec le monde arabe, la Suisse, avec ses 21 % de résidents d’origine étrangère, n’a accueilli qu’un nombre limité de migrants arabes ou d’origine arabe durant les cinquante dernières années. Basés principalement en Suisse romande et en particulier à Genève, les quelques milliers de personnes majoritairement d’Afrique du Nord suivent un processus migratoire très différencié de ceux vécus dans d’autres pays européens voisins. Nous notons à cet égard, suite à des concours de circonstance, que certains Algériens se sont installés dans la région lémanique au début des années 1950 et 1960 principalement dans le cadre des accords d’Evian qui ont mené à l’indépendance de l’Algérie17 .

L’installation du siège européen des Nations Unies à Genève après la deuxième guerre mondiale et des autres agences spécialisées comme le Bureau international du travail créé en 191918 et l’instauration du système multilatéral nécessitant une présence permanente des représentants des Etats a attiré une première vague de diplomates arabes. Ces diplomates, qui sont certes à Genève pour des missions limitées dans le temps, ont mis en place des structures permanentes afin d’assurer la pérennité de leur participation aux activités des organisations internationales. Pour ce faire, les missions diplomatiques emploient des travailleurs locaux garantissant leur bon fonctionnement administratif et logistique sans que ces derniers soient soumis au régime gouvernant les diplomates. Ils se sont ainsi installés avec leurs familles d’une

17 Voir à ce sujet, le livre de Damien Carron paru en 2013 et intitulé La Suisse et la guerre d'indépendance algérienne (1954-1962).

18Selon une brochure de la mission permanente de la Suisse auprès de l'Office des Nations Unies et des autres organisations internationales à Genève, publiée le 19 avril 2010, le nombre des Organisations internationales avec un accord de siège établies en Suisse, parmi lesquelles 23 ont leur siège à Genève s’élève à 26 dont l’Office des Nations Unies à Genève (ONUG) et les Institutions spécialisées du système onusien. Il existe aussi 7 Organisations internationales avec un accord de nature fiscale. Les ONG avec statut consultatif auprès des Nations Unies établies à Genève sont plus de 250. 164 Etats étrangers sont représentés à Genève par une mission ou une représentation auprès de l’ONUG, de l’OMC ou de la Conférences sur le Désarmement (sans compter la Suisse). Le total des missions, représentations et délégations à Genève est autour de 236 missions.

Ces organismes génèrent un budget annuel total de 8 mrd CHF alors que leurs dépenses annuelles est à la hauteur de 4,4 mrd CHF, dont 2,4 mrd investis en Suisse. Les organisations internationales (accord de siège et accord de nature fiscale) en Suisse emploient environ 21'000 personnes alors que les missions, représentations et délégations à Genève engagent plus de 3'600. Les organisations non gouvernementales emploient 2'400 personnes. Les emplois découlant de la Genève internationale en général sont estimés à 14'000. Au total les membres de la communauté internationale et leurs familles avoisinent les 40'000. De plus, Genève abrite annuellement environ 4'500 réunions et conférences et accueille non mois de 170'600 délégués et experts dont 3'000 chefs d’Etat ou gouvernement, de Ministres et d’autres dignitaires (VIP).

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façon durable à Genève et aux alentours. Leurs enfants sont pour la plupart nés en Suisse et forment ainsi les prémices de la « deuxième génération »19 de migrants arabes.

Il en est de même pour les premiers fonctionnaires internationaux. Obligées de respecter des quotas lors du recrutement de leurs employés, les organisations internationales ont engagé des cadres arabes, mais également des techniciens peu qualifiés. Même si le statut d’un fonctionnaire international est différent de celui d’un migrant traditionnel et comprend certains privilèges, les contrats signés à durée indéterminée et l’affectation des fonctionnaires à Genève d’une façon permanente nous permettent d’assimiler ces gens à des migrants installés durablement à Genève. Leurs enfants, nés en Suisse, fréquentent souvent l’école publique genevoise et une bonne partie parmi eux a entamé une procédure de naturalisation.

Dans les années 1960, les premières banques arabes ont fait leur apparition à Genève20, et avec elles des dizaines de cadres travaillant dans le domaine bancaire, mais également des domestiques et des intendants au service de ces nouveaux résidents fortunés. Ces cadres étaient majoritairement des Libanais chrétiens et des ressortissants des pays du Golfe qui ont fait leurs preuves dans des banques du Moyen-Orient. Genève compte aujourd’hui au moins huit banques originaires du Moyen-Orient, parmi lesquelles figurent l’Arab Bank, la Bankmed, la Bloom Bank, la Banque d’Abu Dhabi ou la Faisal Private Bank. La Faisal Private Bank représentait, en septembre 2006, la première banque privée islamique en Suisse21. Bien que la maîtrise de la langue arabe ne soit pas nécessaire, ces banques ont souvent engagé, et ce depuis 50 ans, des personnes d’origine arabe qui se sont installées à Genève ou qui y sont venues pour une longue durée.

Les premiers signes accompagnant ce processus de stabilisation prennent forme dans la cité. Le centre islamique de Genève a vu le jour en 1961 sous l’impulsion de réfugiés appartenant à la confrérie des Frères musulmans égyptiens, alors en conflit ouvert avec le régime nassérien. La Chambre arabo-

19 D’après le dictionnaire suisse de politiques sociales (www.socialinfo.ch/cgi- bin/dicoposso/show.cfm?id=230), cette notion apparut aux Etats Unis dans les années quarante désigne les enfants nés de parents immigrés dans le pays de résidence. Elle est également utilisée en Suisse depuis 1980. Selon la Commission fédérale consultative pour le problème des étrangers (CFE) : « Par deuxième génération d'étrangers, il faut entendre les enfants nés en Suisse de parents étrangers ayant immigré, de même que les enfants entrés en Suisse dans le cadre du regroupement familial, dans la mesure où ils ont accompli dans notre pays la plus grande partie de leur scolarité ».

20 L’Arab Bank est installée à Genève depuis 1962.

21 Voire le site internet : http://actu.fr.efinancialcareers.ch/News_ITEM/newsItemId-11423, visité le 2 mai 2010.

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suisse du commerce et de l’industrie fut fondée en 1972. La grande mosquée de Genève, dirigée par la Fondation culturelle islamique a été inaugurée en 197822. La librairie arabe l’Olivier s’est installée aux Pâquis depuis 1979. Les premières petites entreprises, en particulier dans le domaine de la restauration orientale, ont été créées dans les années 1980. Aujourd’hui, les restaurants orientaux se comptent par dizaines, notamment dans le quartier des Pâquis. En 2000, on dénombre non moins de 20 associations issues de la région du Proche et Moyen- Orient. Le Festival international du film oriental a pris ses quartiers dans la cité de Calvin en 2005.

L’université fut pour certains jeunes étudiants un tremplin pour s’établir définitivement en Suisse. Certains étudiants qui ont suivi un parcours universitaire à l’université de Genève dans les années 1970 et 1980 ont pu décrocher un travail au sein des organisations internationales, notamment ceux qui ont fréquenté l’Ecole d’interprétation et de traduction, l’Institut universitaire d’études du développement (IUED) ou l’Institut universitaire des hautes études internationales (IUHEI). Les entreprises suisses furent également ouvertes pendant cette période à ces cadres qui ont intégré un marché en pleine expansion.

Jusqu’à 1991, date de l’application du régime des visas pour les derniers pays du tiers monde et de la mise en œuvre du modèle de recrutement de main d'œuvre connue sous la dénomination ‘des deux cercles’23, les migrants dits économiques, majoritairement des pays du Maghreb, en particulier du Maroc, d’Algérie et de Tunisie, souvent non qualifiés, n’avaient pas d’entraves légales pour entrer en Suisse. Les candidats à la migration venaient explorer le terrain.

Ils trouvèrent des postes de travail dans le domaine de l’agriculture et dans diverses usines. Le secteur des services engageait également des arabophones.

La présence des touristes arabes provenant principalement des pays du Golfe, a fait se développer des sociétés de service et des agences de voyages à Genève engageant une main d’œuvre peu qualifiée.

Depuis une vingtaine d’année et avec le durcissement des lois régissant l’entrée et le séjour des étrangers en Suisse, le nombre de migrants s’est estompé et a changé de nature. Nous pouvons constater qu’une nouvelle vague de réfugiés s’est établie en Suisse au début des années 1990, notamment en provenance d’Algérie, de Tunisie et de Somalie24, puis d’Irak depuis 2004, et que

22 Selon le site internet de la Fondation culturelle islamique, cette dernière a été inaugurée en 1978 par le Roi saoudien Khaled Bin Abdulaziz et le Président de la Confédération Helvétique.

23Selon ce modèle, l'entrée en territoire helvétique dépend du pays d'origine du migrant.

Cette dernière est quasiment exclue pour les ressortissants du deuxième cercle qui regroupe les ressortissants des pays du tiers monde alors que le premier cercle se compose des ressortissants européens (EEE et AELE).

24 Voir les statistiques de l’Office fédéral des réfugiés (rebaptisé l’office fédéral des migrations) de 1990 à 1998.

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l’immigration a par conséquent changé de visage. La migration de jeunes célibataires cherchant un travail à tout prix a laissé la place à une féminisation de la migration par le biais des regroupements familiaux. La proportion des femmes à Genève a atteint les 48% de la totalité des migrants arabes ou d’origine arabe en 2012.

Une première génération d’enfants d’immigrés est née à Genève. Les jeunes représentent ainsi plus de 25% de la population arabe résidente dans le canton.

Contrairement à leurs parents, ils sont scolarisés à Genève, maîtrisent mieux le français que l’arabe et ont une meilleure connaissance des institutions et du fonctionnement du système social et politique genevois. Les liens avec les pays d’origine de leurs parents se limitent le plus souvent à des vacances d’été ou à des visites occasionnelles. La socialisation de cette catégorie de personnes d’origine arabe est à plus d’un titre différenciée des autres migrants de la région.

L’instauration du système de visas pour les pays en développement a donné lieu à une nouvelle forme de migration. Devant les difficultés administratives et légales subites, les migrants arabes entrés en Suisse par le biais d’un visa touristique de courte durée ou d’une manière illégale, entrent dans la clandestinité ou entament une procédure d’asile qui n’a pas la moindre chance d’aboutir. La migration irrégulière des ressortissants arabes est une réalité très difficile à comptabiliser. En l’absence d’une politique genevoise de régularisation des sans-papiers, les migrants se trouvent dans une situation irrégulière et préfèrent garder l’anonymat dans des conditions matérielles très précaires.

Une fois régularisés, certains migrants, notamment les plus qualifiés, peinent à trouver des emplois à la hauteur de leurs qualifications. La non- reconnaissance des diplômes obtenus dans des universités arabes et des expériences professionnelles ultérieures obligent ces gens à reprendre le chemin de l’université. Parfois même à chercher une reconversion dans le monde du travail qui, le plus souvent, ne mobilise pas les connaissances acquises ainsi que toutes les ressources dont ils disposent. Le manque d’expériences professionnelles en Suisse représente un handicap majeur à l’employabilité de ces cadres. Des juristes, des médecins, des économistes ou des ingénieurs, faute d’être reconnus comme tels, se sont reconvertis en propriétaires d’un petit projet dans le tertiaire pour les plus ambitieux ou en chauffeurs de taxi notamment pour nombre d’entre eux.

La maîtrise approximative ou la méconnaissance des langues officielles du pays constitue également une barrière supplémentaire à l’admission de ces personnes dans le monde du travail, notamment dans des emplois qui requièrent des compétences linguistiques. Les Maghrébins rencontrent moins de difficulté à ce niveau. Du fait de la colonisation française, la langue de Molière reste très répandue dans ces pays. Même ceux qui ont quitté très tôt les bancs de l’école possèdent une connaissance basique de cette langue. C’est plutôt les ressortissants des pays du Mashreq qui souffrent le plus de la méconnaissance du français. Pour les personnes hautement qualifiées, le problème se pose dans

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une moindre mesure, en particulier parce que le français cède le pas devant l’anglais principalement dominant dans les sphères les plus compétitives de l'économie.

Cette méconnaissance de la langue réduit sensiblement l’accès au monde du travail. En revanche, elle favorise la création et le renforcement de liens au sein de la communauté. Les personnes peu qualifiées trouvent souvent du travail dans des entreprises communautaires gérées par des arabophones et occupent des postes où le contact direct avec les clients est très limité ou inexistant comme dans la restauration, le bâtiment, les services domestiques, le transport des marchandises, le nettoyage et autres travaux manuels ou techniques.

Paradoxalement, cette chaîne de travail intercommunautaire, qui certes ne permet pas aux migrants de développer leurs compétences linguistiques, n’a pas crée d’enclaves dans la cité. La politique genevoise de l’aménagement du territoire ne favorise pas la concentration d’une communauté particulière dans les quartiers, mais plutôt la diversité et le mélange entre genevois, confédérés et étrangers.

Les réseaux migratoires transnationaux sont également une source non négligeable pour venir s’installer en Suisse. Ces réseaux axés principalement sur des liens familiaux, locaux et nationaux servent de relais entre des personnes bien établies en Suisse et les candidats à la migration. Le travail se fait en amont en offrant toutes les informations nécessaires sur le pays, le marché du travail, les procédures légales et les démarches administratives. Vu les possibilités assez réduites pour entrer en Suisse, ce sont plutôt les étudiants qui bénéficient le plus de ces réseaux transnationaux.

Les séjours de courte durée obtenus grâce à l’inscription à l’université et les études universitaires entamées en Suisse pourraient éventuellement se transformer ultérieurement en un établissement de longue durée, et ce malgré un cadre réglementaire très restrictif qui contraint les étudiants à retourner chez eux après la fin de leurs études et leur interdit même de changer de filière d’étude à mi-chemin du cursus universitaire en cas d’échec définitif dans le domaine d’études choisi.

Des débats ont été récemment menés au Parlement fédéral en vue d’assouplir la loi et de permettre aux étudiants ayant obtenu leurs diplômes de rester en Suisse pendant six mois supplémentaires afin d’essayer de chercher un travail. Cependant, peu nombreux sont ceux qui décrochent un emploi selon les critères imposés par loi par le biais de ces réseaux. Néanmoins, et comme mentionné plus haut, ce sont des réseaux souterrains qui se développent alimentant ainsi un flux migratoire clandestin qui ne se limite pas seulement à la Suisse mais prend la forme d’un flux circulaire en Europe.

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Le questionnement : réception des médias et identité

L’internationalisation des chaînes de télévision à travers le satellite a créé un nouveau phénomène permettant un renversement de situation par rapport à la réception des produits médiatiques. La circulation de ces produits devient universelle et rompt avec le flux d’informations qui se faisait auparavant unilatéralement du Nord vers le Sud. L’avènement des chaînes satellitaires, notamment arabes, a apporté des contre-flux au niveau non seulement de l’information, mais également au niveau de l’idéologie, relayant ainsi des messages et des images alternatifs provenant d’un large spectre d’acteurs et de sources (Zayani 2009 : 100).

On parle désormais d’un système transnational de l’information. Il est ainsi possible pour les immigrés vivant en Occident de recevoir une production médiatique abondante provenant de leurs pays d’origine ou, plus largement, d’une région qui porte relativement les mêmes traits sociaux et culturels que leurs pays d’origine.

Dans ce contexte, les études s’intéressant au traitement de la thématique des migrants dans les médias occidentaux et à leur impact sur les populations locales sont très abondantes en Europe, notamment en Grande Bretagne et en Allemagne, ainsi qu’au Canada et aux Etats Unis. Même si en Suisse, les recherches centrées sur les migrants en tant que thème dans les médias sont relativement récentes, un regain d’intérêt a été ressenti récemment, principalement en Suisse alémanique, pour approfondir les analyses sur les représentations des étrangers dans les médias suisses. Quelques études se sont succédées depuis la seconde moitié des années 1990, notamment celles de Kipfer (1995), Zwingli (1994 ; 1999), Kamber et Schranz (2001), Schranz et Imhof (2002), Luginbühl, Schwab et Burger (2004) et Luginbühl (2007). Nous avons choisi de détailler les thématiques mises en évidence dans trois études réalisées en Suisse afin de révéler la tendance ambiante sur les migrants dans ce contexte social.

Dans une analyse du contenu de cinq journaux alémaniques publiés pendant la votation sur la naturalisation facilitée des jeunes étrangers, Chantal Wyssmüller (2004) s’est concentrée sur l’image véhiculée par la presse alémanique sur les immigrés provenant de l’ex-Yougoslavie. Elle a mis en évidence le déficit d’intégration et la victimisation des étrangers. Andrea Ch.

Kofler et Lilian Fankhauser (2009) qui ont été mandatés par la Commission fédérale pour les questions de migration et qui ont focalisé leurs recherches sur l'image des migrantes dans la perception de l'opinion publique et de la politique en étudiant le contenu de trois quotidiens représentatifs de la presse suisse en l’occurrence le Neue Zürcher Zeitung (NZZ), Le Temps et le journal gratuit 20 Minuten aboutissent à la même conclusion notamment lorsque le sujet des migrants est évoqué, l’intérêt des médias porte essentiellement sur le contenu et la mise en application des dispositions légales sur les étrangères et les étrangers

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et le droit d’asile, l’intégration et les programmes d’intégration, l’accès à la formation, la naturalisation, la criminalité, la relation avec des systèmes de valeurs différents et l’accès au marché du travail. Mais lorsque les reportages portent explicitement sur la vie des migrantes et des migrants, ce sont surtout les thèmes de l’intégration et de la manière d’appréhender la diversité culturelle croissante qui sont abordés.

En outre, une étude menée sous la direction de Heinz Bonfadelli (2008) par l’Université de Zurich en collaboration avec l’école de radio klipp & klang intitulée Migration, Médias et Intégration, et qui prend en compte les programmes des radios et télévisions privées et publiques, constate qu’en dépit du rôle intégratif indéniable des médias, un déficit dans l’intérêt que tous ces derniers portent à la thématique de la migration et de l’intégration. Les thématiques de la criminalité et l’appel à la justice et aux tribunaux reviennent en substance et dominent généralement le traitement et la couverture médiatiques des activités des migrants en Suisse. Cette couverture participe souvent à la création d’une évaluation négative représentant le migrant comme une menace pour le pays et sa culture.

Dans d’autres régions et pays du monde, un certain nombre de recherches s’est axé sur la réception par les migrants des médias transnationaux de leur région d’origine et de leurs effets sur la reconstruction de leur identité et de leur socialisation dans les régions d’accueil. Les premières études concernant les effets de la réception des chaînes satellitaires sur les immigrés en général, et sur les immigrés arabes en particulier, ont vu le jour au milieu des années 1990, soit peu de temps après le lancement des premières chaînes transnationales émettant depuis les pays d’origine des migrants. La réception de ces chaînes a suscité à la fois un engouement des migrants pour ces nouveaux liens communicationnels avec leurs pays d’origine et une crainte très forte au sein des pays d’accueil, notamment la France25 et l’Allemagne26, se traduisant par une peur manifeste devant un phénomène irréversible qui menace les projets intégratifs adoptés dans ces pays. La présentation, certes non exhaustive, des cas suivants a pour but de retracer les différents angles de traitement de cette thématique et de dégager le fil conducteur ainsi que les lignes directrices que les chercheurs ont suivi pour analyser, contextualiser et retracer le cadre de réception des produits médiatiques transnationaux.

Dans Television, Ethnicity and Cultural Change, un des premiers travaux sur cette thématique, Marie Gillespie (1995) examine la manière dont la télévision et la vidéo sont utilisées pour recréer les traditions culturelles au sein de la

25 Pour certains responsables politiques et acteurs sociaux, l’antenne parabolique est « une source de repli et constitue un facteur de désintégration ».

26 En Allemagne, les chaînes de télévision transnationales ont été considérées, notamment par des sociologues, des analystes politiques et le milieu conservateur, comme une menace politique et culturelle.

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diaspora sud-asiatique en Grande-Bretagne. Il ressort de cette analyse que ces médias représentent un catalyseur en matière de changement culturel dans cette collectivité locale.

Alec Hargreaves et Dalila Mahdjoub (1997)27 ont mené un travail de terrain basé sur des entretiens semi directifs avec des familles d’origine maghrébine équipées de paraboles dans les banlieues de Lyon et de Marseille en France en 1996 afin d’analyser l’impact de ces paraboles sur les relations familiales, la consommation télévisuelle et les changements d'attitude ou de comportement chez les migrants des banlieues, souvent d’origine modeste. Ce travail met en évidence la propagation irréversible des antennes paraboliques, l’impossible verrouillage du paysage médiatique local et les contrastes qui sont remarquables entre la consommation télévisuelle des immigrés proprement dits et celle de leurs enfants sans que la ligne de démarcation entre les différentes générations ne soit absolue.

Toujours en France, Kamel Hamidou (2005) a rédigé un article, en s’appuyant sur une enquête de terrain sur l'audience des chaînes de télévisions satellitaires arabo-musulmanes qui diffusent en France, ainsi que leur influence sur les migrants originaires du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. Dans cet article, l’auteur a mis principalement l’accent sur l’influence politique de ces chaînes sur les citoyens français issus de l'immigration ainsi que sur les éventuelles concomitances entre la consommation de biens culturels des pays d’origine et les valeurs fondamentales de l’espace public français telles que les notions de république, de démocratie, de liberté et de laïcité.

En 2007, Riadh Ferjani, dans un article intitulé « Les télévisions arabophones en France : Une transnationalité postcoloniale », met en évidence l’échec des autorités françaises à stopper la réception des chaînes arabes dans leur pays et développe une hypothèse stipulant que « le rapport aux médias pour les immigrés d’origine maghrébine en France s’inscrit dans un contexte de tension entre construction de l’Autre et la manière dont ce même Autre peut négocier son statut d’acteur social transnational ».

L’impact des chaînes satellitaires sur les millions d’immigrés turcs en Europe fut au centre des recherches d’Altan Gokalp, qui a mené une étude sur la population d'origine turque en France. Dans l’article « Paraboles et satellites : entre ici et là-bas : menace ou chance ? », l’auteur est le premier à s’être interrogé sur les effets de la réception des programmes turcs sur les migrants d’origine turque en France. Partant du débat public qui a eu lieu au milieu des années 1990 en Allemagne, qui abrite environ trois millions de personnes d’origine turque, Robins Kevin a mené une réflexion sur l’usage des médias

27 Leur travail de terrain intitulé « Antennes paraboliques et consommation télévisuelle des immigrés » a été publié dans Hommes et migrations, novembre-décembre 1997, p. 111-119.

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émettant depuis la Turquie par les Turcs de l’étranger ainsi que sur « les conséquences culturelles de ces nouvelles relations médiatiques et transnationales » sur cette population. Avec Asu Aksoy (2005), elle a approfondi son analyse en entamant une recherche sur la consommation télévisuelle des Turcs à Londres.

Selon Mattelart (2007 : 37), l’apport d’Aksoy et Robins est important à deux niveaux : En « soulignant d’abord le besoin de penser la diversité des usages de la parabole au sein des foyers issus de l’immigration en fonction des sexes, de l’âge, des appartenances sociales et donc la nécessité de croiser la variable appartenance ‘ethnique’ avec d’autres, pour éviter le risque d’essentialiser les pratiques de ces consommateurs » (Mattelart 2007 : 37) et en rompant « avec un agenda diasporique tendant à postuler que les chaînes turques maintiennent un lien avec la ‘patrie’, Asu Aksoy et Kevin Robins considèrent plutôt la ‘présence des programmes de la télévision (turque) comme s’inscrivant dans le continuum de la présence (toute aussi commune) des aliments, des habits ou du mobilier de Turquie’ ». Comme eux, elle « apporte la réalité ordinaire, banale de la vie turque aux migrants vivant à Londres ». Cette même idée est aussi endossée par Naomi Sakr (2008 : 281) dans son étude Arab communities and satellite communication in Europe.

Dans une étude sur l’attachement des communautés culturelles aux médias du pays d’origine et aux médias locaux au Canada, Millette et Proulx (2009 : 13) montrent que l’attachement aux médias ethniques ou aux médias du pays ou de la région d’origine ne se fait pas au détriment d’un attachement aux médias canadiens grand public anglophones et francophones. Cette tendance a été également confirmée par leur complément de recherche (2013) intitulé Médias et transnationalité : Le rôle des médias et d’Internet dans la trajectoire identitaire de jeunes (18-25 ans) issus de l’immigration.

Contrairement à ces hypothèses selon lesquelles la réception des médias transnationaux contribuent à l’intégration des migrants dans leurs régions de résidence et participent activement à la construction d’une identité élargie leur permettant de vivre sereinement dans deux, voire trois lieux de socialisation différents, nous trouvons d’autres chercheurs qui pensent que la présence des chaînes satellitaires a un effet isolationniste manifeste comme Khaled Hroub qui stipule que :

« Les télévisions arabes transfrontalières sont devenues la source d'information et de divertissement de millions d'Arabes établis en Occident et les ont beaucoup aidés à conserver leur identité arabe et musulmane. Ces chaînes ont cependant fait obstacle au processus d’intégration des communautés arabes et musulmanes en Occident. Ces dernières années, avec la tension régnante dans la relation entre les communautés arabes et musulmanes établies en Occident et leur société d’accueil depuis le 11 septembre 2001, les télévisions arabes ont constitué un confortable refuge pour le public arabe de plus en plus tenu à l’écart ». (Hroub 2007 : 274)

C’est également le cas Karim H. Karim qui pense que :

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