HAL Id: jpa-00244261
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Submitted on 1 Jan 1977
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Les étalons de rayonnement dans l’ultraviolet
P. Fieffe-Prevost, J.P. Watteau, F. Wuilleumier
To cite this version:
P. Fieffe-Prevost, J.P. Watteau, F. Wuilleumier. Les étalons de rayonnement dans l’ultraviolet. Re-
vue de Physique Appliquee, 1977, 12 (6), pp.913-925. �10.1051/rphysap:01977001206091300�. �jpa-
00244261�
REVUE DE PHYSIQUE APPLIQUÉE
LES ÉTALONS DE RAYONNEMENT DANS L’ULTRAVIOLET
P.
FIEFFE-PREVOST,
J. P. WATTEAUInstitut National de
Métrologie,
Conservatoire National des Arts & Métiers292,
rueSaint-Martin,
75003Paris,
Franceet
F. WUILLEUMIER
E. R. n° 184 du C. N. R.
S.,
UniversitéParis-Sud,
91405Orsay Cedex,
France(Reçu
le 28janvier 1977, accepté
le Il mars1977)
Résumé. 2014
Après
avoir défini lescaractéristiques
d’une sourceétalon,
nous décrivons lesprin- cipales
sources utilisées. Pourchaque
source nousprécisons
la méthoded’excitation,
la loi de rayonnement et le domained’application
ainsi que laprécision.
Nousexpliquons
tout d’abord lessources émettant un spectre de raies
(méthode
descoïncidences,
excitation parimpact électronique,
rapport debranchement,
raiessaturées) puis
les sources émettant un spectre continu(arc hydrogène,
rayonnementsynchrotron,
rayonnementCerenkov). Enfin,
nous mentionnons les sources de trans- fert lesplus
utilisées.Abstract. 2014 We first describe the essential
properties
of a standard source. We then review themain sources used for
spectral
measurements from fewAngstroms
to the visible. For each source wepoint
out the excitationmode,
the radiationlaw,
the range ofapplication
and the accuracy. We haveseparated
the line sources(coincidence method,
excitationby
electronicimpact, branching ratio,
BoldtMethod)
from the continuum sources(hydrogen
arc,synchroton radiation,
Cerenkov radia-tion). Lastly
we mention the transfer standards.Classification Physics Abstracts
0. 643
1. Introduction.
- Depuis quelques
années nousassistons à une croissance
importante
des recherches dans le domaine ultraviolet. Cette croissance est due à l’amélioration destechniques (techniques
duvide,
source de
rayonnement, détection)
et audéveloppe-
ment de la
physique spatiale,
de laphysique
desplasmas
et desexpériences
sur la fusion thermo- nucléaire contrôlée ou encore de l’étude des interactions de l’homme avec son milieu environnant(pollution, dégradation
de matériaux sous l’effet durayonnement
U.V., etc...).
Ces recherches nécessitent la mesure de fluxénergétiques rayonnants,
soit pour leurinterprétation,
soit pour établir descomparaisons
entre laboratoires. Pour effectuer cette mesure deux solutions s’offrent à
l’expérimentateur.
Lapremière
consiste à étalonner le
dispositif optique,
c’est-à-dire à connaître sa fonction detransfert,
et à utiliser commerécepteur
un détecteur absolu(photodiode,
chambreà
ionisation, etc...).
La deuxièmesolution, plus simple,
est de comparer, à travers le même
dispositif optique,
la source étudiée et une source
étalon,
source dont lerayonnement
est connu. Le choix entre ces deux solu- tionsdépend principalement
de l’intervallespectral
étudié et de l’ordre de
grandeur
despuissances
àmesurer. Nous avons
indiqué
dans le tableau 1 lesprincipaux types
de sourcespouvant
être utiliséescomme étalon. Elles se divisent en deux
catégories :
les sources donnant un
spectre
de raies et celles don-nant un
spectre
continu.Après
avoirrappelé
lescaractéristiques
d’une sourceétalon,
nous décrironsles méthodes les
plus employées
surlesquelles s’appuie
le calcul de leur
rayonnement.
2.
Caractéristique
d’une source étalon. - Une sourceétalon est une source de
rayonnement
dont lapuissance
émise est calculable en fonction de
grandeurs physiques
mesurables. Par
exemple,
dans le domaine visible onemploie
lalampe
à ruban detungstène
ou l’arc aucarbone
qui
tous deux rayonnent sensiblementcomme un corps noir. On calcule alors leur lumi-
nance
spectrale énergétique LÂ
à l’aide de la loi dePlanck,
en fonction de lalongueur
d’onde et de latempérature.
Latempérature
de ces sources étant de l’ordre de 3 000K, d’après
la loi de Wien :T :
température (K)
03BBM : longueur
d’onde du maximum deLÂ (03BCm).
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/rphysap:01977001206091300
Leur émission se situe
principalement
dans leproche infrarouge (Fig. 1).
Elles ne sont doncplus
utilisables en dessous de 300 nm.
Aussi,
il est nécessairede
disposer
de sources émettantdavantage
dansCORPS NOIR
7200K
/
ARC A HYDROGENE 15000 Ko
1061
/
CORPS NOIR3800K
1-
/
ARC AUCARSON
CORPS NOiR
2600K
1LAMPE A FILAMENT 1 DE TUNGSTENE
100 200 300 400
A en nm
FIG. 1. - Luminances comparées des différentes sources.
[Spectral radiance of standard sources.]
l’ultraviolet. Ces sources doivent être stables et
reproductibles
de manière à ce que laprécision
desmesures soit la meilleure
possible.
D’autrepart,
il faut que lephénomène
àl’origine
de leur émissionsoit bien connu afin que le
rayonnement
calculé en fonction desgrandeurs physiques
soit leplus proche
du
rayonnement
réel pour réduire les erreurssystéma- tiques.
Les sources fonctionnent soit enrégime pulsé
soit enrégime
continu.3. Sources étalon émettant un
spectre
de raies. 2013 Nous allons tout d’abord décrirequelques
méthodesbasées sur la mesure du
rapport
d’intensités de raies.Les deux
premières
méthodes utilisent comme moyen d’excitationl’impact
par faisceauélectronique.
3.1 MÉTHODE DES COÏNCIDENCES. - La source est constituée par un gaz excité par un faisceau d’élec-
trons.
Considérons,
parexemple,
les collisions entre des moléculesd’hydrogène
et les électrons du faisceau.La
plupart
de ces collisions ont pour effet non seule- ment de dissocier les molécules maiségalement
d’exciter les atomes ainsi formés.
Quelques-uns
desatomes excités dans l’état n = 3 vont se désexciter
en passant successivement dans l’état n = 2 avec l’émission d’un
photon
à656,3
nm et dans l’étatn = 1 émettant un
photon
à121,6
nm. Si les deuxpho-
tons sont détectés en coïncidence le
rapport
entre le nombre de coïncidences et le nombre dephotons
détectés à
656,3
nm donne l’efficacité de la sourceà
121,6
nm.Ayant
mesuré le flux émis à656,3
nmpar
comparaison
avec unelampe
à filament detungstène,
on en déduit le flux121,6
nm[1 ].
Lapréci-
sion de la méthode est de l’ordre de 20
%.
3.2 MÉTHODE DE CALIBRATION POUR LA SPECTRO-
MÉTRIE U. V. BASÉE SUR L’EXCITATION PAR IMPACT
ÉLECTRONIQUE.
- Comme son noml’indique
cetteméthode est
spécialement adaptée
à la mesure desinteractions par bombardement
électronique. Elle,
est basée sur le calcul de la section efficace d’émission de raies de résonance des gaz rares[2, 3].
Les niveauxsupérieurs
sont excités par les électronsrapides.
Lamesure de l’intensité relative d’une raie en fonction de
l’énergie
du faisceauélectronique permet
alors de déterminer defaçon
absolue l’efficacitéquantique
d’un
spectromètre
à condition que la force d’oscilla- teur de la transition soit connue. L’intensité lumi-neuse des raies de résonance de
He, Ne, Ar,
Kr a ainsi été mesurée pour desénergies comprises
entre100 et 2 000 eV. Le courant
électronique
est de l’ordrede 200
JlA
et lapression
du gaz dans la chambre varieentre
10 - 7
et10-6
Pa. Ilfaut,
engénéral,
tenircompte
desphénomènes
de cascadesqui peuplent
le niveaude résonance et de
l’absorption
des raies de résonancequi
n’est pasnégligeable malgré
les faiblespressions
du gaz
[4]. Enfin,
la lumière émise estpolarisée
dufait du caractère unidirectionnel du faisceau 6’excitant le gaz. Cette méthode est
applicable
entre 50 et 120 nm.L’erreur
expérimentale
sur la détermination de l’efficacitéquantique
est de l’ordre de 20%.
3.3 MÉTHODE DU RAPPORT DE BRANCHEMENT
(BRANCHING RATIO) [5].
- La méthode consiste àmesurer le
rapport
des intensités de deux raies situées l’une dans levisible,
l’autredans l’ultraviolet,
lesdeux raies
ayant
le même niveausupérieur
k. Lescoefficients d’émission dans le
visible,
03B5vis et dans l’U.V.,
au.v., ont pourexpression :
h : constante de
planck
c : vitesse de la lumière dans le vide
A;k : probabilité
de transition du niveau k vers leniveau i ,
Nk :
nombre d’atomes excités dans l’état k par unité de volume.Le
rapport
des luminances s’écrit :l longueur
de la source suivant le cheminoptique.
On mesure la luminance de la raie visible à l’aide d’une
lampe
à ruban detungstène,
et connaissant leslongueurs
d’onde et lesprobabilités
de transitiondes
raies,
on en déduit la luminance de la raie U. V.Comme dans les méthodes
précédentes,
il est trèsimportant
que lesphénomènes d’absorption
soientnégligeables.
En outre, si le niveausupérieur présente
une structure fine il faut faire la moyenne des
probabi-
lités de transition des sous-niveaux en tenant
compte
de leurpoids statistique.
Pour les
systèmes atomiques
cette méthode nes’applique qu’à quelques couples
de raies(voir
Tableau
II).
Par contre, la méthode a été étendueaux
systèmes
moléculaires tels queH2, N2,
CO ouNO
[6].
Pour deux étatsélectroniques
v’ et v" de lamolécule, correspondant
à une transitionélectrique dipolaire permise,
laprobabilité
d’une telle transitiona pour
expression :
qv’v" : facteur de Franck et Condon
[7]
03BBv’v"
:longueur
d’onde de la raieR,,(v’ v") :
momentélectronique
de la transition.TABLEAU II
Exemple de couples de
raiesutilisés dans la méthode des
rapports de
branchementA
La
polarisation
durayonnement
émis est engénéral négligeable
car de nombreux niveaux de rotationsont excités dont la moyenne donne un taux de
pola-
risation
proche
de zéro pour la bande. L’intérêt des bandes moléculaires aupoint
de vue de la calibration d’unsystème
réside dans le fait que les très nom- breuses raiespermettent
unétalonnage quasi
continu.Des mesures de sections efficaces par cette méthode semblent
indiquer
que les erreurs sont de l’ordre de25 %.
3.4 MÉTHODE DES RAIES SATURÉES
[8].
- Cetteméthode est fondamentalement différente des
pré-
cédentes dans son
principe
car elle est basée sur laréabsorption
durayonnement.
Pour unplasma
enéquilibre thermodynamique
local ethomogène [9]
l’équation
de la luminancespectrale énergétique
lelong
du cheminoptique
s’écrit :où 1 est la
longueur
de la source,KA
son facteurd’absorption. Le03BB
est la luminance du corps noir :K : constante de Boltzmann e coefficient d’émission.
Si
l’épaisseur optique K03BB
x 1 estbeaucoup plus grande
quel’unité, L03BB ~ Le03BB :
la luminancequi
nedépend plus
que de latempérature
et de lalongueur d’onde,
est donnée par la formule(5).
La conditionKa
1 ~ 1 est assez facilement réalisable pour des raies de résonance dans unplasma
àpression
voisine de lapression atmosphérique.
Unevingtaine
de raies de résonance a été dénombrée par Boldt[8]
entre 80 et250 nm.
Expérimentalement
on utilise un arcélectrique
souspression atmosphérique d’argon
danslequel
le gaz,dont les raies constituent les références
cherchées,
est
introduit,
à faibledébit,
au centre de l’arc. La détermination de latempérature
de l’arc s’effectue de lafaçon
suivante :- Mesure de la densité
électronique
parélargisse-
ment Stark.
- Mesure du
rapport
des intensités d’une raied’argon
neutre et d’une raied’argon
ionisé.L’équi-
libre
thermodynamique
local étantréalisé,
cerapport
est
proportionnel
à la densitéélectronique
et fonctionde la
température.
Connaissant celui-ci et la densité
électronique,
onen déduit la
température.
Apartir
del’équation (5)
on calcule la luminance
spectrale énergétique
de laraie référence pour
laquelle
l’arc estoptiquement épais.
Le
rayonnement
des raies de référence a étécomparé
par l’intermédiaire d’étalons de transfert
(lampe
audeutérium),
aurayonnement synchrotron [10] :
lesdéviations maximales entre les deux
types
de mesuresont inférieures à
+
3%.
4.
Spectre
continu. - Pourl’expérimentateur qui
désire étalonner son
appareillage,
il estplus pratique
de
disposer
d’une source émettant unrayonnement
continu. Mais cerayonnement
continu est, engénéral, beaucoup plus
difficile d’unepart
àproduire
etd’autre
part
à calculer. Si lapremière
méthodepré-
sentée dans ce
paragraphe
met enjeu
des moyensclassiques,
les deux suivantes découlent destechniques
nucléaires.
4.1 CONTINU DE L’HYDROGÈNE. - C’est le fond continu de
l’hydrogène atomique
entre 130 et 380 nmqui
constitue la source de référence. Le coefficients d’émission du fond continu8;.(ne, T),
dû au rayonne- ment defreinage
entre lesélectrons,
les ions et lesatomes
[11] ]
est calculable en fonction de la densitéélectronique ne et de la température T,
duplasma.
Celui-ci étant
optiquement
mince dans l’intervallespectral considéré,
la luminancespectrale
d’unecolonne
homogène
estégale, d’après
la formule(4)
pour
K03BB l ~ 1, à :
Le
plasma
est créé par un arcélectrique
detype
Maecker[12] (Fig. 2).
L’arc est constitué par uneFIG. 2. - Schéma de l’arc électrique.
[The wall stabilized arc.]
série de
coupelles
encuivre, empilées
et isolées élec-triquement
les unes des autres. Elles sontpercées
enleur centre d’un trou circulaire
qui
constitue le tube àdécharge.
Aux deux extrémités se situent les élec- trodes alimentées par ungénérateur
de courantstabilisé. La
pression
du gaz dans le tube àdécharge
est
égale
à lapression atmosphérique :
de nombreuses arrivées et sorties de gazpermettent
de contrôler la stabilité duplasma
lelong
de la colonne. Les élec- trodes entungstène
et lescoupelles
sont refroidiesle
plus
souvent par eau(débit
de l’ordre dequelques
dizaines de litres par
minute). L’épaisseur
des cou-pelles
est de 2 mm, et le diamètre de ladécharge
de3 mm. Pour une
longueur
deplasma
de 30 mm etune
température
au centre de 13 000K,
unepuissance électrique
continue de 20 kW est nécessaire pour alimenter l’arc. Cetype
dedécharge possède plusieurs avantages :
il estrobuste,
stable et fonctionne enrégime
continu.Le
plasma
étantproche
del’équilibre
thermo-dynamique
local les densités des différentesespèces
et la
température
sont reliées entre elles par des loissimples [29].
Il suffit donc de déterminer l’unequel-
conque de ces
grandeurs
pour connaître les autres.On
effectue,
engénéral,
lesdiagnostics
suivants :- Mesure de la densité
électronique
parélargisse-
ment Stark de la raie
Hp.
- Détermination de la densité d’un niveau excité par mesure de la luminance des raies de la série de
Balmer,
enparticulier H.
etHy.
- Mesure de la
temperature
déduite durapport
de l’intensité
spectrale
du fond continu et de l’inten- sité d’une raie.- Mesure absolue du fond continu dans le domaine visible.
Ces divers
diagnostics permettent
de déterminer la densitéélectronique
et latempérature
duplasma
et par suite la luminance du fond continu
(formule 6).
Une erreur inférieure à 1
%
sur latempérature
entraîneune incertitude sur la luminance du fond continu de l’ordre de 10
%
à 200 nm.Un des intérêts de cette source est d’émettre un
fond continu entre 130 nm et 380 nm de forte lumi-
nance
(Fig. 3).
En dessous de 140 nm la connaissanceFIG. 3. - Coefficient d’émission de l’hydrogène.
[Emission coefficients of hydrogen.]
du
rayonnement
en valeur absolue devientplus imprécise
du fait de la contribution des ailes de la raieLyman
a. Au-delà de 100 nm le fond continun’est
plus optiquement
mince et n’a pas encore été étudié. Le fond continu ainsi mesuré a étécomparé expérimentalement
d’unepart
à l’émission de raiessaturées,
et d’autrepart
aurayonnement
d’unelampe
à ruban de
tungstène
dans leproche
U. V. Sur lafigure
3 on areprésenté
en traitspleins
la luminance de l’arc calculée àpartir
de latempérature
électroni-que
mesurée,
et engrisé
l’incertitude liée aux pro- blèmesd’alignement.
Lespoints représentent
lesmesures effectuées d’une
part
avec lalampe
au-dessusde 300 nm et d’autre
part
avec les raies de résonance deCI
etNI
auvoisinage
de 160 nm[13].
Une tellesource est actuellement
opérationnelle
à l’InstitutNational de
Métrologie.
Une autre de ces sourcesest en fonctionnement au National Bureau of Stan-
-dards. Elle utilise les
propriétés
du maximum d’émis-sion pour une
température
de l’ordre de 18 000 K.L’avantage
de cette méthode est de s’affranchir entièrement d’une mesure absolue dans le domaine visible[27].
Des
comparaisons
sontactuellement
en cours entre l’archydrogène
et lerayonnement synchrotron
décritci-dessous.
4.2 RAYONNEMENT SYNCHROTRON. - 4. 2.1 Carac-
téristiques générales
du rayonnement. - Uneparticule
soumise à une accélération
quelconque
émet unrayonnement électromagnétique [14].
Dans le casd’une orbite circulaire
(accélération centripète),
lapuissance
totalerayonnée
par un électron effectuantune révolution s’écrit :
où R est le rayon
magnétique
de latrajectoire
ety =
E/mo c2, E
étantl’énergie
de l’électron. Lerayonnement
émis est continu et s’étenddepuis
ledomaine X ou X-UV
(suivant l’énergie
del’électron) jusqu’au
domaine del’infrarouge
lointain. La distri-bution
spectrale
émiseprésente
un maximum versles courtes
longueurs
d’onde duspectre
maximum dont laposition
enlongueur
d’onde estproportionnel
à
R/E3.
A unelongueur
d’onde de l’ordre de03BBM/4
il
n’y
apratiquement plus
derayonnement
utilisable.La décroissance vers les
grandes longueurs
d’ondeest
beaucoup plus
lente.Le
déplacement
relativiste desparticules
sur leurtrajectoire
conduit à une focalisation durayonnement
émis suivant latangente
àl’orbite,
ladivergence
durayonnement
étant d’autantplus
faible quel’énergie
de la
particule
estplus
élevée et lephoton
émisplus
dur. L’électron émettant un tel
rayonnement
enchaque point
de satrajectoire,
lapropriété
de faible diver-gence est
perdue
dans leplan
horizontal et le rayonne- ment émis est distribué à l’intérieur d’une nappeconique
centrée sur latrajectoire
etprésentant,
dansle
plan vertical,
unedivergence
très faible caractérisée parl’angle d’émission §
avec leplan
de l’orbite(voir Fig. 4).
Le
rayonnement
émis se divise en deux compo- santes : l’unepolarisée parallèlement
auplan
del’orbite,
l’autreperpendiculairement.
Deplus
cesdeux
composantes présentent
entre elles une différencede
phase
de03C0/2
et lerayonnement
émis estpolarisé elliptiquement.
L’intensité relative des deux compo- santesdépend
del’angle
d’émission03C8. Pour 03C8
=0,
la
composante perpendiculaire
est nulle et le rayonne- ment émis estpolarisé
linéairement à100 %
dans leplan
de l’orbite.Enfin dans les domaines de
longueur
d’ondeintéressants,
lerayonnement
émis neprésente
aucunepropriété
de cohérenceparticulière,
car la densitédes électrons sur la
trajectoire
esttrop
faible pour conduire à une corrélation entreparticules
ou à uneémission stimulée.
D’après l’équation (7),
lapuissance rayonnée
estd’autant
plus grande
que la masse de laparticule
estplus
faible et la théorieprévoit
que seuls des électrons(ou
despositrons)
auront une masse suffisamment faible pour émettre durayonnement
utilisable. Cerayonnement
a donc été observé et utiliséauprès
de
synchrotrons
ou d’anneaux destockage
à électrons.4.2.2 Les accélérateurs circulaires d’électrons. - Il existe deux sortes de machines
produisant
durayonnement synchrotron
à savoir lessynchrotrons
et les anneaux de collisions ou anneaux de
stockage,
que nous allons comparer brièvement dans ce
qui
suit. Dans ces machines
l’énergie perdue
àchaque
tour par
rayonnement synchrotron
est fournie auxélectrons par une cavité
radiofréquence placée
surune section droite de la chambre à vide.
Les
synchrotrons produisent
des faisceaux d’élec-trons de
quelques mA,
degrande énergie (de quelques
centaines de MeV à
quelques GeV).
Lechamp magné- tique
des aimants dans les sections courbes est enFIG. 4. - Caractéristiques géométriques du rayonnement émis par un électron accéléré circulairement. L’angle d’émission y caractérise la divergence verticale du rayonnement.
[Geometric characteristics of the radiation emitted by an electron moving in a circle.
p represents the vertical divergence.] ]
permanence
ajusté
en fonction del’énergie
des élec-trons. Un
paquet
d’électronsinjecté
dans la machine est accéléré durant untemps qui
duretypiquement
10 ms,
envoyé
sur lacible, puis
un nouveaupaquet
est
injecté
et ainsi de suite. Durant l’accélération desélectrons,
il y a undéplacement
vers les hautes éner-gies
de la distribution durayonnement synchrotron émis ; cependant,
d’uncycle
àl’autre,
cedéplacement
se
reproduit identiquement
et la distributionspectrale moyennée
sur uncycle
estparfaitement
constante ; l’intensité émise subit donc une variationpériodique programmée rigoureusement.
Par contre le nombred’électrons
injectés
àchaque cycle peut varier,
c’est-à- dire que le flux dephotons
émis fluctueégalement
de
façon
aléatoire dans letemps.
Deplus
dans unsynchrotron,
l’orbite suivie par lespaquets
d’électrons n’est pasparfaitement
stable etpeut varier,
dans leplan vertical, de plusieurs
millimètres.Le
rayonnement
émis par ces machinesprésente
donc une structure
temporelle.
Danschaque paquet
d’électronsinjectés,
les électrons ne sont pasrépartis uniformément,
car laradiofréquence
accélératrice lesagglutine
parpaquets
dequelques
fractions de milli-mètre de
longueur séparés
par des distances de l’ordre du mètre. Pourl’observateur,
la lumière est moduléeavec
superposition
de troisfréquences
dues àl’injection (quelques
dizaines deHertz)
au mouvement orbital( N
1MHz)
et à la cavitéradiofréquence ( N
400MHz).
Les
anneaux
destockage
ou anneaux de collisionont été
conçus
pouremmagasiner (dans
le cas leplus simple)
deuxpaquets
departicules chargées
designe opposé (e-, e+)
circulant dans l’anneau en sensinverse et entrant en collision
périodiquement
dansune des sections droites de la chambre à vide où des
expériences
dePhysique
des HautesEnergies
sontimplantées.
Le mode de fonctionnement de cesmachines est très différent de celui des
synchrotrons.
Les électrons
(ou
lespositrons)
sontinjectés
dansl’anneau à
grande énergie
par un accélérateur linéaire(ou
par un autresynchrotron)
à des faibles cadences(2-3 cycles/s), jusqu’à
ce que l’intensité du courant d’électrons voulue soit atteinte. On fait alors croître lechamp
dans les aimants ainsi que lapuissance
de la cavité
radiofréquence jusqu’à
ce que lesparticules
aient atteint
l’énergie
désirée. La cavitéagissant
comme un monochromateur
concentre
les électronsen un ou
plusieurs paquets
dont ladispersion
enénergie
est inférieure à 510-4 .
Lesparticules
tournent alors dans la machine
pendant
destemps
trèslongs.
Laprécision
absolue sur la valeur del’énergie
est de l’ordre de10-3.
Pour l’utilisation du
rayonnement synchrotron,
les anneaux de
stockage présentent
donc de nombreuxavantages
parrapport
auxsynchrotrons.
La fluctuation de l’intensité émise dans unsynchrotron
se trouveéliminée avec un anneau, car les
particules
conserventrigoureusement
la mêmeénergie
dans letemps.
Deplus
la fluctuation de l’intensité émise dans un syn- chrotron due à la variation du nombre d’électronspar
injection
se trouve éliminée avec un anneau danslequel
le nombre d’électrons ne diminue que lentement par suite des collisions avec les molécules de gaz résiduel. Un anneau constitue donc une source sansbruit.
La structure
temporelle
durayonnement
est beau- coupplus simple
que dans le cas dusynchrotron.
En
effet,
il y a dans un anneau un ouplusieurs paquets
d’électrons d’unelongueur typique
dequelques
dizainesde centimètres tournant à la vitesse de la lumière. Le
rayonnement synchrotron
est alors émis sous la forme de« pulses »
d’une durée del’ordre
de la nanoseconde serépétant
à lafréquence
orbitaleavec une
précision qui
est celle de l’oscillateur dequartz qui pilote
legénérateur
RF.La stabilité de l’orbite dans un anneau est très
supérieure
à cequ’elle
est dans unsynchrotron.
Deplus
lechargement
de l’anneau est réalisé en uneseule fois pour un
grand laps
detemps,
et une foisles électrons accélérés à leur
énergie maximum,
iln’y
a pas derayonnement
y émis autour del’anneau,
ce
qui permet
de travailler en permanence dans la salleexpérimentale,
une fois l’anneauchargé.
Lecontrôle à distance des
expériences
partélécommande, indispensable auprès
d’unsynchrotron,
est inutiledans le cas d’un anneau.
4.2.3
Caractéristiques
de l’anneau destockage d’Orsay
ACO et du rayonnementqu’il
émet. -a)
L’anneau. - ACO est un anneau destockage
àélectrons et
positrons
en service àOrsay depuis
1966
[15].
Le rayonmagnétique
Rm de l’anneau est de1,11
m, lalongueur
totale de latrajectoire
moyenne des électrons est de 22 m. Le vide
qui règne
dans la chambre
expérimentale
est de l’ordre de10-12
Pa. Lafréquence
de rotation est de13,618
MHz.L’énergie
maximumqu’il
estpossible
d’atteindreest de 540 MeV.
L’énergie d’injection
est ordinaire-ment de 240 MeV. L’accélérateur linéaire
d’Orsay
de 1 GeV est utilisé pour
l’injection
des électrons et despositrons.
Laligne
destinée à utiliser le rayonne- mentsynchrotron
sorttangentiellement
à l’orbitedans l’un des aimants et voit 10 milliradians de la
trajectoire.
Ladescription
de l’ensemble des installa- tions du laboratoire pour l’utilisation durayonnement
électrômagnétique (L.
U. R.E.),
récemment créé pour rendre utilisable lerayonnement synchrotron d’ACO,
a été
présentée précédemment [16]. Lorsque
seuls desélectrons sont
injectés
dans lamachine,
le couranttotal maximum
qu’il
estpossible
d’atteindre à 540 MeV est deplusieurs
centaines demilliampères, répartis
en un ou deux
paquets d’électrons,
mais il est actuel- lement limité à 100 mA pour éviter de détériorer les passages de courant des électrodes. Lerayonnement
émis dans laligne
de lumière estpulsé :
la durée dechaque pulse
est de 1 ns, l’intervalle entrechaque pulse
étant de 73 ou
36,5
ns, suivant que un ou deuxpaquets
sont
présents
dans l’anneau. Avec un courant de 100mA,
le vide mesuré est de 2 xlO-12
Pa et ladurée de vie moyenne du faisceau est d’environ 12 heures pour un
paquet
et 16 heures pour 2paquets
d’électrons. Cette durée de viedépend
de la densitédes
particules
dans le faisceau et onpeut
la faire varier enagissant
sur la forme et les dimensions de celui-ci.Quel
que soit le courantprésent,
il diminuede
façon
extrêmementrégulière
et le bruit relatifde cette source de
rayonnement
est inférieur à10-5.
Les
largeurs
à mi-hauteur des distributions gaus- siennes de la densitéélectronique
dans lesplans
hori-zontal et vertical pour un tel faisceau sont d’environ 1 mm pour un faisceau rond et
respectivement
de1,5
mm et0,3
mm pour un faisceauplat.
La stabilitédu faisceau dans la chambre à vide est meilleure que ± 20 gm. Cette source de lumière est donc
égale-
ment extrêmement stable dans
l’espace.
b) Caractéristiques
durayonnement synchrotron
émis par ACO
[17].
2013 Puissancerayonnée.
- Lapuissance
totalerayonnée
dans toutl’espace peut
s’obtenir àpartir
del’énergie
AEperdue
par un électrond’énergie E
pour une révolution(formule (7)).
En unités
pratiques,
cette relation s’écrit :pour E exprimé
en GeV etRm
en mètre. AE estexprimé
en keV. Pour ACO à 540
MeV,
on obtientDans le cas d’un anneau de
stockage,
cetteexpression
est directement
transposable
au calcul del’énergie rayonnée
par le courant d’électrons. Il suffit en effet demultiplier
la valeur pour un électron par le nombre d’électronsinjectés
dansl’anneau,
à condition deprendre
pour rayon R le rayonmagnétique
de latrajectoire, qui
estégal
au rayon de courbure de latrajectoire
dans lesaimants,
et de tenircompte
du fait que le faisceau d’électrons n’émet derayonnement
que dans lesparties
courbées Comme les effets collectifs à l’intérieur du faisceau d’électrons sontnégligeables, l’énergie rayonnée
estsimplement égale
à la somme des
énergies
émisesindépendamment
par
chaque
électron.Remarquons qu’il
nepeut
en être de même dans lecas d’un
synchrotron qui répète
un certain nombrede fois par seconde un
cycle
d’accélération des élec- trons àpartir
del’énergie d’injection jusqu’à l’énergie maximum ;
les calculs doivent alors tenircompte
du fait que l’électron ne circule pas sur satrajectoire pendant
toute la durée ducycle
avecl’énergie
maxi-mum.
Pour un courant maximum de 100 mA à 540
MeV,
la
puissance
totalerayonnée
dans toutl’espace
etdans tout le
spectre
continu est ainsi de 685 watts pour ACO.La
puissance
instantanéeP(Â) rayonnée
par un électron à unelongueur
d’onde03BB,
par intervalleunité de
longueur d’onde,
dans toutl’espace,
a pourexpression :
avec y =
03BBc/03BB
KS/3
= fonction de Bessel modifiée de secondeespèce
d’ordre5/3
G(y)
est une fonction sans dimension dont la courbereprésentative
a été calculéepoint
parpoint [14].
03BBc peut
encores’écrire,
en unitéspratiques :
Àc
estappelée longueur
d’ondecritique
et sa valeurest une des
caractéristiques
de la courbe d’émissionspectrale.
Dans le cas d’ACO àl’énergie
maximumde 540
MeV, 03BBc
=3,9
nm avecy -’
=0,94
x10-3.
La distribution
spectrale
durayonnement
émis par ACO à 540 MeV et pour un courant de 100 mA estreprésentée figure 5, exprimée
en nombre deFIG. 5. - Nombre de photons émis dans tout l’espace par ACO
en fonction de la longueur d’onde 03BB pour différentes valeurs de
l’énergie des électrons. On notera que l’intensité émise aux
grandes longueurs d’onde est
pratiquement
indépendante de l’énergie des électrons. Le nombre de photons émis par DCI est indiqué pour l’énergie maximum des électrons. 1 A = 0,1 nm.[Total number of photons emitted by ACO versus the wave- length for different electron energies. Note that the intensity for long wavelengths is almost independent of electron energy. We have reported the total number of photons emitted by DCI for
the highest electron energy.]
photons
émis dans toutl’espace
pour une bandepassante
de0,1
nm et parseconde,
pourplusieurs énergies
des électrons. Ce nombre s’obtient directe- ment en divisant lapuissance P(03BB,),
relation(9),
parl’énergie
hvcorrespondante.
On notera que lespectre présente
un maximumsitué,
à 540MeV,
aux environsde 3 nm
(Âm - 0,76 03BBc).
L’intensité émise décroît très vite vers les courteslongueurs
d’onde parrapport
au maximum et diminue
plus
lentement vers lesgrandes longueurs
d’onde. On remarqueraégalement
que l’intensité émise varie fortement avec
l’énergie
des électrons pour les courtes
longueurs d’onde,
inférieures à lalongueur
d’ondecritique,
alors que,vers les
grandes longueurs d’onde,
l’intensité devientpratiquement indépendante
del’énergie
des électrons.Sur cette
figure
estégalement représentée
la distribu- tionspectrale
durayonnement
émis par l’anneau de collisionsDCI,
actuellement en cours de mise aupoint
àOrsay
et dont le maximum se situe dans larégion
des rayons X.Le nombre de
photons
émis dans les deux états depolarisation
se calcule exactement àpartir
des carac-téristiques
de la machine.L’expression générale
del’intensité émise à une
longueur
d’onde03BB,
en fonctionde
l’angle
d’émission03C8, exprimée
en nombre dephotons
par unitéd’angle
et par unité delongueur d’onde, peut
s’écrire :avec
K, /3, K213
= fonctions de Bessel modifiées de 2eespèce
d’ordre1/3
et2/3.
Kn/3(X)
a pourexpression,
en fonction des fonctions de Bessel fractionnaires depremière espèce
d’ordren/3 :
ou sous forme
intégrale :
La
composante (1
depolarisation linéaire, polarisée parallèlement
auplan
del’orbite,
s’obtient en faisant12
= 1 et13
= 0 dans la formule(13).
Elle s’écrit donc :La
composante perpendiculaire 7c
s’obtient enfaisant
/2
= 0 et/3
= 1 dans la formule(13) qui
s’écrit alors :
La vibration résultante étant
elliptique,
ellepeut
être
décomposée
en deux vibrations circulaires l’unedroite,
l’autregauche.
L’expression
de cescomposantes
s’obtient en faisantdans la formule
(13)
pour lacomposante
depolari-
sation circulaire droite et
pour la
composante
depolarisation
circulairegauche,
si bien
qu’on peut
lesexprimer
de lafaçon
suivanteen fonction des
composantes
Q et n :Ces
expressions
sont valables pour une direction d’émission située au-dessus duplan
de l’orbite. Pour la directionsymétrique
situéeau-dessous,
les formules pour lescomposantes
droite etgauche
doivent être inversées.La
figure
6représente,
à titred’exemple,
la varia-tion,
en fonction de03C8,
de l’intensité relative descomposantes parallèle
etperpendiculaire
émises par ACO pour le domaine delongueur
d’ondecompris
entre 10 et 100 nm. La
composante parallèle
atoujours
une intensité maximum
pour 1/1
=0, c’est-à-dire,
dans le
plan
del’orbite,
lelong
de latangente
à ce.le-ci. Elle décroîtplus
ou moins vitelorsque l’angle 03C8 augmente.
Lacomposante perpendiculaire
a tou-jours
une intensité nulleà 03C8
=0,
etprésente
2 maxi-mums
symétriques
parrapport
à latangente
àl’orbite, qui
sedéplacent
vers lesgrandes
valeursde 03C8 lorsque
la
longueur
d’ondeaugmente
et dont l’intensité variebeaucoup
avec lalongueur
d’onde :rapportée
àl’intensité de la
composante parallèle pour g/
=0,
elle est dequelques %
pour les courteslongueurs
d’onde par
rapport
à lalongueur
d’ondecritique ;
mais elle atteint 35 à 40
%
auxgrandes longueurs
d’onde.
Après
lemaximum,
l’intensité de la compo- santeperpendiculaire décroît,
mais lerapport
entre les deuxcomposantes
tend vers 1 pour lesangles
d’élévation
plus élevés,
lacomposante parallèle
restant
cependant toujours plus
intense que la compo- santeperpendiculaire.
La connaissance de la distribution