FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1 899-1900 J*° 54
ASPHYXIE
PAR
Irruption de Ganglions tuberculeux dans les Voies respiratoires
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN
présentéeet soutenue publiquement le 17 Janvier
Louis-François-Etienne-Alexandre GALLET DE SANTERRE
Né à Marseille (Bouches-du-Rhône), le 17 Mars 1875
Élève du Service de Santé de la Marine
Examinateurs dela Thèse:
/ MM. P1ÉCHAUD professeur.... {'résident.
\ MORACHE professeur
I LEDANTEC agrégé
j
Juqes( RÉGIS chargédecours)
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les
diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI — PAUL CASSIGNOL
91 - RUK PORTK-DI.JKAUX — 91 19QO
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordant
M. DE NABIAS,doyen — M. PITRES, doyen honoraire.
1» ElOF HMS ICI) Il « MM. M1GE
DUPUY MOUSSOUS,
Clinique interne
MM.
PICOT.
PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE.
Clinique externe Pathologie et théra¬
peutique générales. VERGELY.
Thérapeutique ARNOZAN.
Médecineopératoire. MASSE.
Clinique d'accouche¬
ments LEFOUR.
Anatomie pathologi¬
que COYNE.
Anatomie CANNIEU
Anatomie générale et
histologie VJAULT.
Physiologie JOLYET.
Hygiène LAYET.
ACÎIIBC<; BCS K x section demédecine (Pdtholog
MM. CASSAET. I
AUCHÉ.
SABRAZÈS.
Pro fesseurs honoraives.
MM.
Médecine légale MORACH1Ç.
Physique BERG0N1É.
Chimie BLAREZ.
Histoire naturelle ... GIJILLAIJD.
Pharmacie FIGUIER.
Matière médicale.... de NABIAS Médecine expérimen¬
tale FERRÉ.
Clinique ophtalmolo¬
gique BADAL.
Clinique des maladies chirurgicales des en¬
fants P1ÉCHAUD.
Clinique gynécologique BOURSIER.
Clinique médicale des
maladiesdesenfants A. MOUSSOUS.
Chimiebiologique... DENIGES.
EC AICEIIJIDIC :
ie interneet Médecine légale.) MM. Le DANTEC.
HOBBS.
SECTIONDE ClimunCIK ET ACCOUCHEMENTS
(MM. DENUCÉ. I Pathologieexterne]
YILLAR BRAQUEHAYh CHAYANNAZ.
Accouchements \MM. CHAMBRFUIùN'l F1EUX.
Anatomn
SECTION DES SCIENCES ANATOSI1Q UES ET PH YSIOI.OGIQ UES
|MM.
PRINCETEAU | Physiologie MM. PACIION.N. I Histoire naturel.e liFIITK.
SECTION DES SCIENCES PHYSIQUES
Physique MM. S1GALAS. | Pharmacie IODHS coiii*liÉmkmtAI SI
Clinique desmaladies cutanées etsyphilitiques MM Clinique desmaladies des voies urinaires
Maladiesdu larynx, des oreilles etdu nez
Maladiesmentales
Pathologie interne Pathologie externe Accouchements Chimie
Physiologie
Embryologie i
Ophtalmologie
Hydrologie etMinéralogie
Le Secrétaire de la Faculté:
M. MARTHE
DUBRFI IUII.
POUSSON.
MOIJRF.
RÉGIS.
RONDO T.
DENUCE.
CHAMBRERENT.
DU POUY.
PACHON.
N.
LAGRANGE.
CARLES.
LEMAIR E.
Par délibération du 5 août 1879, la Faculté aarrêté que les opinions enlises i Thèses qui luisontprésentéesdoivent êtreconsidérées commepropres aleursnu e n,^
qu'elle n'entendleurdonnerniapprobationni improbation.
A MES CHERS PARENTS
Faibletémoignage demon amour et dema reconnaissance.
tousceux qui m'ont témoigné quelqueintérêt
-A•An
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■
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«
■"
À mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR
PIÉCHAUD
PROFESSEUR DECLINIQUECHIRURGICALE INFANTILE
ALA FACULTÉ DE MÉDECINE DEBORDEAUX CHIRURGIEN DES HOPITAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
Bien modesteest notre
ambition
enprésentant ce travail à
labienveillancede nos
juges.
Nousaurions été fort
embarrassé
pourtrouver un sujet
de thèse, si M. le Dr
Guyot, chef de clinique chirurgicale à
l'Hôpital
des Enfants, n'avait attiré notre attention sur la
rareté des cas
d'asphyxie
parirruption de ganglions tuber¬
culeux dans les voies
respiratoires. Nous le remercions bien
vivement du gracieux
accueil qu'il
nous atoujours fait et des
conseils qu'il ne nous a pas
ménagés.
M. le Prof. Piéchaud a toujours
été
pour nous unmaitre
plein de
bonté;
noussommes heureux de pouvoir lui témoi¬
gner toute notre
reconnaissance pour l'intérêt qu'il n'a cessé
de nous porter.
Il
nousfait aujourd'hui le très grand honneur
d'accepter
la présidence de notre thèse; nous le prions d'ac¬
cepter nos
respectueux remerciements pour cette nouvelle
marque
d'intérêt.
Nous ne saurions oublier
l'amabilité
aveclaquelle notre
camarade le
D'Lonjarret,médecin des colonies, a misa notre
disposition son
talent de dessinateur.
DIVISION DU SUJET
Bien queles auteurs qui ont traité
l'adénopathie
trachéo-bronchique
aientpourlaplupart
signalé parmi les complica¬tions de cette affection l'ulcération de la trachée ou des bronches, les cas
d'asphyxie
parirruption
de ganglions tuberculeux dans les voies respiratoires sont loin d'être communs.Aussi avons-nous pensé qu'il serait intéressant de réunir lesquelques cas
épars
dans la science et d'en faire uneétude d'ensemble.Nousavons divisé en cinq
chapitres
notre modeste travail.Le
Chapitre
premierrenfermeralesobservationsrecueillies sur la matière et qui serviront de base à notre étude.Le
Chapitre
II sera diviséendeux parties: dans la premièrenous rappellerons l'anatomiedes ganglions trachéo-bronchi- ques;dans la seconde nous étudierons les lésions anatomo-
pathologiques
de ces mêmes ganglions.L'étiologie
et la pathogénie feront l'objet du Chapitre III.Dans le
Chapitre
IV, après la symptomatologie, nous nous proposerons d'établir un diagnostic différentiel d'avec les autresaffections des voies respiratoires.Enfin nousessaierons, dans le
Chapitre
V, d'indiquerles
moyensde traitementà employeren pareils cas.
CHAPITRE PREMIER
OBSERVATIONS
Observation I
(Meynet, Lyon médical, 8 juin
1881.)
Mortrapidepar asphyxie à la suite
de la pénétration dans la tra¬
chée de matières caséeuses provenant de
ganglions
suppurés péri-trachéaux.Louis G...,âgé de deuxans, né àLyon, entre à
la salle Sainte-Aline
de l'hospicede la Charité, le 25 août 1879. Cet
enfant
aperdu
sonpère
etun frèredephtisie pulmonaire. Sa mère est
très délicate; elle
a eu plusieurs hémoptysies. Lui-même toussedepuis longtemps; depuis plu¬
sieursmois il est atteint de diarrhée; il est pâle, d'apparence
cachecti¬
que; ilpeut à peinese tenir debout; il ne
marche
pas.Déformation
rachitique des membres inférieurs; augmentation de
volume des extré¬
mitésépiphysaires auxpoignets etaux
chevilles. Chapelet rachitique du
thorax. Ventrevolumineux. Submatité aux deux sommets, peu mar¬
quée; quelques râles ronflants et sibilants dans les deuxpoumons. «
Traité dès le début parla décoction blanche de Sydenham,
l'eau de
chaux, etc., l'enfant guérit de sa diarrhée et reprenddes forces. On le
soumet à l'usage du sirop de biphosphate de chaux, à
l'huile de foie de
morueetau lait de chèvre.
Le 2 décembre 1879, l'enfant contracte la rougeole qui régnait alors
dans lessalles de la Charité. L'éruption est très confluente; catarrhe
oculo-nasalintense, catarrhe bronchiquetrèsaccusé.
- 10 -
En mars 1880, C... vabien, ilmarche depuis quelques semaines, il est bien plus fort, il a engraissé; on songe à lerenvoyer, mais sa mère
a disparuet ilest impossible dela retrouver.
Jusqu'à la fin de novembre de cette année 1880, l'enfant va bien;
cependantil toussetoujours un peu,et reprend de temps en temps la diarrhée. Il atoujours conservé le teint pâleet l'apparence cachectique qu'il avait àson entrée.
Le27 novembre, il estpris d'unetouxquinteuse, avecfièvre, dyspnée;
nombreux râles sous-crépitants dans les deuxpoumons, surtout àdroite.
Il y a un peu de submatitétoujours auxdeuxsommets. Les jours sui¬
vants, latoux augmente et prend lecaractère bientranché de la coque¬
luche. Quintes violentes avec vomissements, inspiration sifflante,con¬
gestion de la face; ulcération sublinguale. Je dois direqu'àcette époque la coqueluche régnait
épidémiquement
dans nos salles.Après des alternatives nombreuses, l'enfant guérit de la coqueluche, et, au commencement dejanvier 1881, il avaitrepris un peu d'embon¬
point et des forces etil mangeait avec appétit. Cependant il avait con¬
servé un peu de toux etquelques accès d'oppression.
Le20 avril, on note encore des accès
éloignés
detoux coqueluchoïde,sansvomissements.
Le80 avril, on voit, paraître danslarégionsous-maxillaire,enarriére de lasymphyse du menton, un ganglion induré, bientôt suivi d'autres ganglions
lymphatiques
engorgés dans la région cervicale; l'enfant est triste, plus indolentque de coutume; il perd l'appétit; sa touxconvui-
sive revient plus fréquemment. A l'auscultation, il n'y a pasou presque pasde râles; maisontrouve dansla région scapulaire, des deux
côtés,
une matité trèsappréciable, et de temps en temps l'enfant est en
proie
à des accès de suffocationque l'on n'hésite pas à attribuerà lacompres¬
sionde la trachéeet des bronches par des ganglions engorgés
volumi¬
neux.
Le 3au matin, après une nuit excellente et après avoir
pris
son déjeuner accoutumé, le petit malade est pris subitement d'unaccès de
suffocation : les lèvres
bleuissent,
les extrémités deviennentcyanosées,
et il succombe en quelques minutes, malgré les soins les plus
appropriés
et lesplus énergiques.
Autopsie
(30
heures après la mort). — A l'ouverture du thorax, on— il —
trouvelesplèvres
épaissies, indurées et contenant un peu cle liquide
citrin; le
péricarde
estlui-même épaissi et adhérent à la plèvre gauche ;
ilcontient 40 ou50 grammes
de liquide citrin. Le
cœurest
mou,grais¬
seux,présentant
quelques plaques laiteuses à
sasurface. Pas d'altérations
valvulaires. Reins congestionnés,
foie normal, estomac distendu
parles
matièresalimentairesingérées avant la mort.
Les intestins et le péri¬
toinesontsains, ne contenantpas de
tubercules. Les ganglions mésenté-
riques sont àpeine
engorgés. Le
cerveauparait plus lourd et plus gros
qu'à l'étatnormal;
injection considérable des vaisseaux de la pie-mère,
surtoutau niveau de la convexité etde sascissure in
ter-hémisphérique.
Pas d'épanchementdans
les ventricules.
Organesrespiratoires.
—C'est dans les
organesrespiratoires
quel'on trouve leslésions lesplus
caractérisées. Les plèvres sont adhérentes
à laparoi thoracique et s'en
détachent difficilement
;elles sont parsemées
de tractusblanchâtres, épais, analogues à
de la matière tuberculeuse
envoie de ramollissement.
Immédiatementen avant desgros vaisseaux de
la base du
cœuret
s'étendantvers la fourchette sternale, on trouve degrosganglions demi caséeux, demi fibreux, qui entourent la
trachée
sansla comprimer;
un d'entre eux proémine en arrière de laclavicule droite et présente
un ramollissement caséeux très avancé. Ces masses ganglionnaires sont solidement adhérentes entreelles et à latrachée et entourent l'originedesbronches, enveloppant lescordons nerveux
qu'on
nepeut
endétacher
que par unedissection attentive. Le
nerf
récurrent notammentest,
pour ainsi dire, perdu dans la masse graisseuse etganglionnaire qui entoure
la bronche, au point qu'il est trèsdifficile de
le
retrouver.Uneincision longitudinalesur la
trachée
montrelacause de l'asphyxie
rapide etde la mort. En effet, ce conduit estrempli et presque
oblitéré,
dans une étendue de 2 à 3 centimètres, par une substance
grisâtre,
molle, de forme cylindrique, constituée par
la matière caséeuse d'un
ganglion qui s'est épanchée dansson intérieur. En
recherchant,
avec un stylet mousse, le point par où a pénétré cette massedans le conduit
aérien, on arrivesur une ulcération située auniveau de la bifurcation
du côtédroit, ulcération qui aperforé la trachée
de
part enpart etqui
communique avec une caverne ganglionnaire en partievidée
; cetteulcé¬
ration, arrondie, oblique de basen haut, présente une ouverture
exté-
— 12 —
rieure beaucoup plus large quel'ouverture intérieuresituée plus haut;
elle estenrapport direct avecl'ulcération de la coqueganglionnaire qui
lui estintimement adhérente. I)eplus, à gaucheet à droite de latrachée etauniveau de la bifurcation, on trouve deux ou trois cavernes rem¬
plies d'un pus épais, etqui pourraient en imposer pour des cavernes
pulmonaires si une dissection attentive ne venait démontrer qu'elles siègentdans les ganglions suppurés de larégion, et qu'elles sont com¬
plètementindépendantes du tissu pulmonaire.
Quantauxpoumons eux-mêmes, ils sontpetits, ratatinés,atélectasiés dansune grandeétendue de leur parenchyme, maisneprésentent nigra¬
nulations tuberculeuses, ni ulcérations d'aucune sorte.
Enrésumé, il s'agitd'une adénite trachéo-bronchique,
probablement
née sous 1 influence de la rougeole, aggravée postérieurement par la coqueluche du petit malade etdevenue caséeuse ; et la mort estduepar
pénétration dans latrachée parinflammation du voisinage et ulcération perforantedu contenu d'un de ceskystes ganglionnaires.
Observation II
ParMM. Baveux etAudoin, internes des hôpitaux (Bulletin de la Société anatomique de Paris, 1897, ixxii, 150-152).
Adénopathie trachéo-bronchique. Perforation de la bronche droite par un ganglioncaséeux.
Alfred H..., âgé de six ans et demi, entre le 27 janvier 1897, à l'hôpital Trousseau, service de M. Richardière. Ilétait, d'après les ren- seigments donnés par les parents, depuis longtemps atteint de
crises
d'asthme. Il toussaithabituellement.
Quinzejours avant d'entrer àl'hôpital, il avait dû garder la
chambre
pour des accès de touxquinteuse, avec gène respiratoire.
Le 27janvier, à quatre heures du matin, il est pris d'un accès
de
suffocation violent; cependant lavoix est claire; la toux étaitrauque depuis la veille. On diagnostique en ville laryngite striduleuse et on l'envoie àl'hôpital.
Le même jour, à cinq heures, l'enfant est placé dans le pavillon
spé¬
cial des douteuxsimples, car le pharynx était net, sans exsudât,
et la
voix claire.
— 13 -
Letirage
ressemblait absolument
autirage continu de la troisième
période du croup.
Aseptheures
du matin, l'asphyxie faisant des progrès,
onle tube
:le
tubagen'amène aucun
soulagement; il n'y
apourtant
pasd'augmenta¬
tionde lagêne
respiratoire,
et parconséquent
pasd'obstruction immé¬
diate du tube, pas de bourrage.
Le rythme respiratoire est lent après
commeavantletubage. Ily a des
dépressions sus-sternale, sus-clavicu-
laire et épigastrique. Un
point
ànoter
:l'inspiration est courte et
silencieuse.
L'expirationestlente,
sifflante. On pratique quelques mouvements de
respiration artificielle :
l'air
entrefacilement dans l'arbre aérien, mais
quand on pressesur le thorax
l'expiration s'arrête brusquement et
onnepeutplus déprimerle gril
costal, la trachée étant
commesubitement
fermée par unobstacle faisant clapet.
L'auscultationnerévèlequ'une légère diminution du murmure vési-
culaire àdroite.
Onélimine lediagnostic d'obstruction dutube par les membranes. On élimine aussi l'origine laryngée de la gêne respiratoire, puisque le tubagen'a amené aucun soulagement. La broncho-pneumonie aurait
donnéune températureélevée, des battements des
ailes
dunez, enfin des signes physiques à l'auscultation de la poitrine. On arriveau diagnosticde corpsétranger des voies aériennes, bien que l'on n'observe pasla respiration serratiqueet accélérée, la toux quinteuse, l'apnée d'un côté
ou del'autrede lapoitrine, signes quis'observent le plus souvent dans
ces cas.
On pratique donc l'énucléation du tube, puis la trachéotomie qui n'amène nonplus aucun soulagement, et oncathétérise les voies aérien¬
nes àl'aide de sondesœsophagiennes en gomme : on ne perçoit aucun
contactanormal, le cathéter pénètre de la même longueur à peu près des deux côtés. Une recherche prudente, à l'aide de pinces à fausses membranes,n'amène aucunrésultat.
Enfin, après avoir successivement essayé de la suspension par les pieds, de la respiration artificielle et de l'inhalation d'oxygène, on assiste àla mort del'enfant, dont la respiration est devenue de plus en
plus faible.Il s'était écoulé quatre heures depuis le tubage.
Autopsie.— L'enfant présentaitun ganglion sus-claviculaire suppuré
et une
adénopathie trachéo-bronchique
considérable; lesgroupes préetinter-trachéo-bronchiques
sont volumineux, partiellement caséeux.La bronche gauche estcomprimée par un grosganglion. Sur laparoi latéralede la trachée etde l'originede la bronche droite, on voit une
ulcération, vaste perte de substanceproduitepar un ganglion caséeux qui pendantla vie faisait hernie dans la cavité trachéale, allait au- devant del'éperon de bifurcation etfaisait obstacle au passage de l'air.
Disons que, après la mort de l'enfant, on avait pu, en agrandissant
1incision delatrachéotomie, sentiravec le petitdoigt une masse poly-
peuseau
voisinage
de labifurcation de la trachée, obstruant partielle¬ment l'entrée de la bronche droite.
Observation III (Inédite).
(Due àl'obligeance de M. le IKGuyot.)
Adénopathie
trachéo-bronchique
avec fonte caséeuse d'unganglion : ouverture dans la bronche droite ayantdéterminé des accidents subits d'asphyxie. Trachéotomie. Mort.
Lepetit sujet qui fait
l'objet
de notre observation est un garçonnet de septans ayant toutes les apparences d'un excellent état général, et qui, sans causeappréciable, fut pris subitement un matin, au milieu desesjeux, d'accidents
asphyxiqu-os
graves pourlesquels
on le mena en toute hâte àl'Hôpital
des Enfants.Antécédents héréditaires. — Lepère et la mère, qui accompagnaient l'enfant, paraissaient très bien se porter. Ils n'avaient aucun antécé¬
dent tuberculeux ou
néoplasique.
Trois autres enfants très bien portants.Antécédentspersonnels — L. R...
est né à terme. 11 a été trèsbien nourriausein par sa mèreet n'a paseu d'accidents gastro-entériques,
si
fréquents
dans la classepauvre.L'évolution dentaire etla marche ne se sontaccompagnées d'aucune
sorted'accidents.
Jusqu'à l'âge de quatre ans, l'histoire de notre petite malade
est
vierge de toute affectionimportante
: pas de rachitisme,pasdelympha-
tisme. A partquelques
légères croûtes d'impétigo de la face tout à fait
passagères,
l'état de l'enfant tut excellent.
Aquatre ans,il contracta une
rougeole qui
secompliqua de bron¬
chitesrépétées qui durèrent,
d'une façon intermittente, de deux mois à
deux mois et demi. Au bout de ce temps, tout symptôme
disparaît
; l'enfant croitetsedéveloppe commetousles gamins de
sonâge.
Iln'eutjamais d'adénite
cervicale prolongée
ousuppurée et
nepré¬
sentaaucune autre affection
jusqu'au
jour où remontentles accidents
gravesqui,en quelques heures, mirentsa
vie
endanger.
Histoire de ictmaladie.— Le7 mai 1899, L. R... se leva très bien portant,gai comme àson habitude. Après l'avoir fait
déjeuner,
ses parents le quittèrentà huit heurespourvaqu'er à leurs occupations; àce moment, il ne présentait aucun signe du mal qui devait l'em¬
porter.
Uneheure après,lorsque sa mère revint, elle le trouva atteint d une dyspnée excessive, pouvant à peine parler, leslèvres cyanosées, et avec tousles signes terrifiants de l'asphyxie.
C'est dansces conditions qu'il nous futapporté.
Les circonstances précédentes nous mirent de suite en éveil au point
devuede la possibilité de l'existence d'un corps étranger des voies aériennes, quoique l'enfant, interrogé à ce sujet, parût opposer des dénégations répétées.
Examen.— Ils'agissait, encore une fois, d'un superbe enfant bien développé, auxjoues roses,etdont l'ensemble respirait une excellente santé; pas le moindre amaigrissement à signaler.
Lorsqu'il nous futprésenté, L. R... était atteint d'un tirage sus-clavi- culaireet sous-sternalfort accentué; larespirationétait fréquente, et la gène considérable de celle-ci se traduisait par le masque cyanotique
d'usage
enpareilcas. L'examen de la gorgeétait négatif. L'auscultation du larynx et de la trachée nedonnait pas le bruit de drapeauou de soupape quel'on rencontredans quelques cas decorpsétrangerdes voiesaériennes.
L'auscultation des poumons dénotait une diminutiontrès marquée
du murmure vésiculairedes deux côtés de la poitrine, sansqu'il y ait
une prédominance plus marquée à droite qu'à gauche.
Devantl'imminence de l'asphyxie, 011décide la trachéotomie qui est
- 16 —
pratiquéesans grande
difficulté.
L'incision de la trachéeetl'introductionde la canule n'amènent aucune amélioration notable : l'enfant tiretou¬
jours et meurt quelques minutesaprès.
Intrigué par cette histoire malheureuse, et persuadé de l'existence d'un corps étranger enclavéau niveau de l'éperoninter-bronchique,nous réclamâmesl'autopsie, qui fut refusée par les parents. Nous dûmes alors
demanderl'autopsie médico-légale, quifut pratiquéeparM. le Dr Lande, médecin-légiste.
Autopsie. ~Après avoir fait l'incisionclassiquesur la lignemédiane
etenlevé le sternum, on sépara l'arbre respiratoire quel'on ouvriten
long
surla ligne
médiane : l'ouverture dela
trachéepar safaceposté¬
rieure montre que l'incision de la trachéotomie était bonne; lacanule
était bien dans la trachée. Lelarynx est normal; pas la moindre trace
de fausses membranes. Continuant à inciser la trachéevers sa partie inférieure, nous tombâmes bientôt, au niveau de l'éperon
inter-bronchi¬
que, sur une massecaséeuse du volume d'unœuf de pigeon,et
qui obs¬
truait en partie et la bronche droite etla bronche gauche.
Dans la
bronche gauche,cettemassecaséeuse envoyaitunesortede
prolongement
cylindrique qui oblitérait en partiece conduit, comme on peutle voir
sur la reproduction ci-jointe. Aprèsavoir
enlevé
ce corpsétranger,
nous pûmes nous rendrecompte de l'existence, au niveau del'origine de la
bronche droite etsur sa paroi supérieure, d'un orifice ayant
les dimen¬
sions d'une pièce de 50 centimes, assez régulièrement
arrondi, et
conduisant dans unecavité assezvaste dont lesparois étaient
constituées
parlacoqued'un ganglion volumineuxdugroupe
pré-trachéo-bronchique
de cecôté. Ladissection de larégion montraalors unamas
considérable
deganglions trachéo-bronchiques indurés, non encore
ramollis, et com¬
primant les bronches droiteet gauche à leur origine et
jusqu'au niveau
duhile des poumons. Les coupes de ceux-ci
dénotaient de la congestion
des bases, hémorragies interstitielles disséminées,
mais
aucunelésion
d'aspecttuberculeux.
Lesautres viscères étaient sains; le cœur, gorgé de sang,
était pale et
de consistance molle.
Enrésumé, il s'agissait chez cet
enfant
del'ouverture d'un ganglion
caséeux dansla bronchedroite, chez unsujet qui,
d'après les renseigne¬
ments ultérieurs, n'avait présenté antérieurement aucun
des accidents
— 17 —
signalés clans
l'adénopathie trachéo-bronchique (pas de toux coquelu-
choïde, pas de
troubles de l'innervation du
cœur,etc.), ouverture brus¬
queayant
déterminé le tableau clinique du croup d'emblée ou des corps
étrangersdesvoies
aériennes,
sansqu'après l'insuccès de la trachéoto¬
mie on aiteu le temps de songer à
d'autres
manœuvresévidemment
bien aléatoires.
Nous donnons ici la
reproduction des
organesrespiratoi¬
res vus parleur
partie postérieure. A la partie supérieure de
la trachée, on voit très nettement
l'incision de la trachéoto¬
mie. De chaque côté de
la trachée, les ganglions péri-tra-
chéaux sont
hypertrophiés et forment
une massecompacte
framhoisée. Sur la paroi
antérieure et supérieure de la bron¬
che droite, et au niveau de l'éperon
inter-bronchique,
setrouve l'orifice déjà signalé
communiquant
avecla cavité
ganglionnaire accolée à
la bronche. La plus grande partie de
la masse caséeuse qui
obstruait la trachée et les bronches
aété enlevée; il ne reste
qu'un cylindre casée
uxdans la bron¬
che gauche. Le groupe
ganglionnaire inter-trachéo-bronchi-
que esttrès hypertrophié.
Gai.
CHAPITRE II
Anatomie normale et Anatomie
pathologique
Nous nous proposons, dans ce
chapitre, de rappeler briè¬
vement l'anatomie normale des ganglions
trachéo-bronchi-
ques et d'étudier ensuite les altérations présentées par ces mêmes ganglions frappésde dégénérescence
tuberculeuse.
I. Anatomie normale.
Les ganglions des parties latérales du cou sont
les
uns superficiels, les autresprofonds.
Cesderniers
segroupent
autour du paquet vasculo-nerveux constitué par
la veine
jugulaire interne, le pneumogastrique etlacarotide primi¬
tive. Ils forment le long de ces conduits une chaîneque Ton pourrait considérer comme formée elle-même de deux chaî¬
nes, l'une pré-vasculaire, l'autre rétro-vasculaire. Ces deux chaînesdeganglionspénètrent dansle thorax
où
nousallons
les étudier.
Chacune des deux chaînes latérales va constituer dans le thorax deux anses principales. L'anse de droite contourne l'artère sous-clavière, celle de gauche la crosse aortique.
Elles suivent enquelque sorte l'anse que forment
ensemble
les pneumogastriques et les récurrents de chaque
côté.
Chacune de ces anses reçoit en avant et enbas
la chaîne
ganglionnaire qui accompagne les vaisseaux mammaires internes et les vaisseaux sous-claviers, en arrière et en bas la chaînedes ganglions qui accompagnent les bronches;— 20 -
etenfin,
plus
en arrière, ceux qui accompagnent l'aorteet l'oesophage.Nous distinguerons donc, avec M. Barety : 1° une chaîne de ganglions eervico-thoracique récurrente; 2° une chaîne sous-clavière ; 3° une chaîne mammaire interne; 4° une chaîne bronchique; 5° unechaîne œsophago-aortique.
Parmi ces chaînes de ganglions, il en est deux qui sont plus directement que les autres en rapport avec la trachée et les bronches; ce sont la portion profonde de la chaîne récurrente et la chaîne bronchique.
Ainsi, dechaque côté de la trachée, et en rapport direct
avec elle, se trouve une succession deganglions lymphati
ques qui, gagnant de proche en proche le bord supérieur de chaque bronche-mère, les suitjusqu'à ses quatrièmes divi¬
sions dans les poumons. Le bord inférieur des bronches est côtoyé de même par une série de ganglions qui lui
sont
directement adossés.
Les rapports de continuité de ces ganglions trachéo-bron- chiques, par les vaisseaux afférents et efférents, sont varia¬
bles. Les ganglions des principales chaînes
communiquent
entreeux et se transmettent successivement de l'un à l'autre le contenu des vaisseaux
lymphatiques
qui lestraversent.
Mais chacune de ces chaînes reçoit aussi, en certains
points
deson étendue, les vaisseaux
lymphatiques
quiémergent
des chaînes ganglionnaires voisines.
Considérés dans leur ensemble, les ganglions
lymphati¬
quesreçoivent encore les
lymphatiques
des poumonset de
la plèvre, des bronches et de la trachée, du cœur et
de
ses enveloppes, et aussi des paroisthoraciques.
Parmi tous ces ganglions
lymphatiques intra-thoraciques.
il enest un certain nombre qui forment des groupes
bien
déterminés dont l'importance ne saurait échapper.
Les ganglions qui méritent une attention
spéciale peuvent
être réunis en trois groupes principaux qui sont, par
ordre
d'importance:
1"
Groupes ganglionnaires pré-trachéo-bronchiques, dnoitet
gauche.
—Ils occupent la face antéro-supérieure de l'angle
obtus formé extérieurement par la
trachée et la bronche principale correspondante. La forme de ces deux groupes de
ganglions est
généralement ovalaire, plus
oumoins allon¬
gée. Leur
partie inférieure représente la grosse extrémité de
l'ovale, et la partie
supérieure, souvent allongée, la petite
extrémité. Ces deux groupes
ganglionnaires font partie de
la chaîneganglionnaire récurrente
dont ils occupent l'extré¬
mité
postéro-inférieure.
2° Groupe
ganglionnaire ïnter-trachéo-bronchique
ousous- bronchique clroit
etgauche.— Les ganglions de
ce groupesont au nombre de dix à douze en moyenne,
généralement
plusdéveloppés, plus nombreux
sousla bronche droite que
sousla bronche gauche; chez l'enfant, ils ont
le volume d'un
grain de chènevis. Ils occupent l'espacetriangulaire situé
entre la face inférieure des deux bronches principales
elle
bord supérieur du tronc postérieur
des veines pulmonai¬
res.
3°
Ganglions inter-bronchiqucs.
—Ces ganglions occupent
l'angle de division des bronches. SuivantCruveilhier
on peutretrouver ces ganglions jusqu'aux divisions
bronchiques de
quatrième ordre. Leur altération est fréquente, surtoutdons
la tuberculisation pulmonaire.
Ces divers groupes de ganglions
trachéo-bronchiques
se trouventen rapport de continuitéavec les autresganglions intra-thoraciques
etavec les ganglions extra-thoraciques, à savoir les ganglions sous-maxillaires, les ganglions cervi¬caux latéraux, les ganglions dits mammaires internes ou ganglions rétro-sternaux, et les ganglions sus-clavicu- laires.
Le volume des ganglions trachéo-bronchiques est très va¬
riable : à côté de ganglions minuscules à peine visibles à l'œil nu, on en rencontre de la grosseurd'une noisette et môme d'une amande.
Leur coloration est rosée ou gris cendré.
II. Anatomie
pathologique.
Nous allons examiner rapidement les lésions tuberculeu¬
sesdes ganglions
trachéo-bronchiques,
celles de la paroi des conduits aériens en rapport avecces ganglions et la nature des cavités résultant de l'issue hors des ganglionsde la ma¬tièrecaséeuse qu'ils renferment.
1°Lésions tuberculeuses des
ganglions tracliéo-bronchiques.
— Sous l'influence de la dégénérescence tuberculeuse, les ganglions
trachéo-bronchiques
sont généralement hypertro¬phiés.
Leur coloration estjaunepâle; tantôt cette coloration est uniforme ets'étend à tout le ganglion; tantôt au contraire elle est disséminée sous forme d'îlots tranchantsurla colo¬
rationrosée ou gris cendré du reste du ganglion. Cette colo¬
ration répond à la distribution des noyaux caséiformesdans l'intérieur du ganglion : au débutces noyaux sont dissémi¬
nés; puis, au fur et à mesure que la lésion progresse,
la
caséification atteint la totalité du ganglion.
La consistance du ganglion tuberculeux varie suivant le degré plus ou moins avancé de la lésion :au début, le gan¬
glion caséifié est rénitent, élastique et résiste au doigtqui
le
presse. Plus tard, sa consistance diminue etressembleassez à « du marron cuit », suivant
l'expression
de M. Richet,ou à « du fromage blanc caillé, maisépais
», suivantBecquerel.
Plus tard encore, le ganglion se ramollit
progressivement
du centre à la
périphérie.
Mais quelles sont les lésions tuberculeuses
proprement
dites des ganglions
trachéo-bronchiques?
D'après
M. Barety, la tuberculisation des ganglionsbron¬
chiques
peut se diviser en trois périodes : 1°période de dé¬
but; 2° période d'état; 3° période de terminaison.
« 1° La période de début de la lésion
comprend deux
formes;
»
a) tTà forme infiltrée : infiltration tuberculeuse grise,
lardacée.
» b) La
forme disséminée : granulations tuberculeuses
grises,
brillantes, saillantes à la coupe, semi transparentes,
et
granulations miliaires, mates, jaunâtres, non saillantes à
la coupe.
»2° La
période d'état comprend la caséification. Celle-ci
présente
aussi deux aspects ou deux formes reliées aux deux
formes
précédentes
:» a) L.a forme
infiltrée (caséification en masse).
»
b)
Laforme disséminée (caséification par noyaux).
» 3° La période
de terminaison qui trahit la tendance à la
guérison;
elle
semontre lorsque les lésions de la période
d'état ontatteint un degré où la
résolution
oubien l'état sta-
tionnaire devient impossible.
» Cette tendance à la guérison se
manifeste
:» 1° Ou bien par le
ramollissement.
» 2° Ou bien parla
crétification.
»Le plus souvent,
chez les enfants, le début de la tubercu-
lisation desganglions
bronchiques revêt la forme dissémi¬
née: leganglion renferme une
quantité plus
oumoins con¬
sidérable de granulations
tuberculeuses grises, brillantes,
saillantes à la coupe, demi
transparentes.
A la période d'état, la
lésion présente également la forme
disséminée : c'est la caséification par noyaux.
Les dimen¬
sions deces noyaux
easéiformes sont variables; ils occupent
tantôt le centre, tantôtla
périphérie.
La durée de la
période
decaséification est très variable.
Puis vient la période de
ramollissement. Ce ramollisse¬
ment suit la même marche que la
caséification
: oubien il
envahit d'emblée la totalité du ganglion, ou
bien il débute
au centre pour gagner peu à peu la
périphérie.
« Bientôt le ganglion, plus au
moins volumineux, repré¬
sente une poche, une sorte de kyste,
remplie d'une matière
puriforme, granuleuse, la membraned'enveloppe
étantfor¬
mée par la capsule fibreuse du
ganglion
oudes ganglions
aggloméréset soudés ensemble. »Ce processusde tuberculisation
s'accompagne
d'uncertain degré d'inflammationperi-ganglionnaire,
sous l'influencé duquel se produisent des adhérences entre lasurface,
exté¬rieure du ganglion d'une part, et le poumon, les bronches et les vaisseaux d'autrepart. De ces trois organes, les bronches étant celui qui se laisse le plus facilement
déprimer,
il s'en suit qu'il s'établit uneadhérencebeaucoup plus
intimeen¬tre elleset les ganglions que entre ces derniers et le paren¬
chyme pulmonaire ou les vaisseaux.
Lesadhérencessontconstituées par un tissucellulairequi, d'abord unpeu lâche, devient de plus en plus serré. Ce tissu cellulaire renferme parfois des vaisseaux établissantla com¬
munication du ganglion à la bronche.
2° Lésions de la
paroi
des conduits aériens. — Ces lésions sont toujours consécutives aux altérations des ganglions.Après la formationdes adhérences entre le ganglion tuber¬
culeux et la paroi
bronchique
ou trachéale, le travail inflammatoire poursuit sa marche, attaque bientôt la paroi elle-même eten provoque l'ulcération. Au bout d'un temps plus ou moins considérable, cette ulcération, gagnant en profondeur, aboutit à une véritable perforationd'après
un processus analogue à celui qui préside aux perforations intestinales de nature tuberculeuse. Dès lors, la communi¬cation est établie entre la cavité des voies aériennes et le ganglion caséeux qui pourra s'y déverser.
3° Cavités résultant de Vissue de la matièrecaséeuse hors des
ganglions.
—Lorsque la matière caséeuse contenue dans le ganglion tuberculeux a atteint un degré suffisant de ra¬mollissement, elle peut se déverser dans la broncheou dans la trachée à travers la perforation dont nous venons de par¬
ler. Le ganglion forme alors une cavité qui a reçu le nom de caverne ganglionnaire par analogie avec les cavernes pulmonaires. « En réalité, ce n'est qu'Un kyste
purulent
ou puriforme ouvert dans une cavité voisine. »Levolume des civernes ganglionnaires est variable; les
plus'petites
sontde la grosseurd'un pois, les plusgrandes
arrivent parfois au volume d'un œuf de pigeon.
D'après Barthez et Rilliet, la paroi de ces cavernes est lor-
rnée par
la capsule fibreuse du ganglion. Sa surlace inté¬
rieureest tapissée par une
fausse membrane rouge, inégale,
assezépaisse,
doublée
par unecouche de tissu blanchâtre
assez dense, de nature
tuberculeuse.
Lecontenu est formé par une
quantité plus ou moins con¬
sidérable dematière
tuberculeuse, caséeuse, ramollie et gra¬
nuleuse, ou bien
crétacée.
La confusion de cescavernes
ganglionnaires
avecles ca¬
vernes pulmonaires
est
assezfacile.
«Pour distinguer ces
fausses cavernes des véritables, disent
Barthez et Rilliet, il
faut avoir égard à diverses
circonstances
;d'une part à leur
situation, d'autre partà leur
structure et
aumode d'altéra¬
tion des tissus avoisinants. Ainsi, le plus
ordinairement, la
caverne ganglionnaire est lisse
à
sonintérieur et revêtue de
la fausse membrane rougedont nous avons
déjà parlé; en
général elle est peu volumineuse; sacommunication avec
les bronches existesur les parties
latérales de
cesconduits,
et l'ouverture est ordinairement arrondie, à bords
minces et
tranchés. De plus, ces fausses cavernes
aboutissent presque
toujours à la racine du poumon et
offrent
pourparois inter¬
nes des masses tuberculeuses attenantes aux masses gan¬
glionnaires bronchiques.
» Les cavernes pulmonaires
présentent des caractères dif¬
férents.Ainsi, elles sont plus
considérables, irrégulières à
leurintérieur, souvent parcourues par
des brides du tissu
pulmonaire hépatisé ou infiltré de
matière tuberculeuse, ou
bienencore par des vaisseaux. Les
bronches communiquent
directementavec elles parleurs
extrémités et
nonpoint la¬
téralement;
de plus, elles sont séparées dela racine du
pou¬mon par une étendue plusou moins
considérable, et ainsi
complètementisolées des ganglions
bronchiques.
»Si nous nous étendons un peu sur ces cavernes
ganglion¬
naires, dont l'existence quoique rare est
indéniable
enclini¬
que, c'estparce qu'elles sont la conséquence
de la possibilité
d'ouverturelente etd'élimination progressive
de ganglions
- 20 —
caséeux, tandis que nousétudions surtout ici les rares cas d'élimination
brusque
déterminant des accidentsd'asphyxie
rapidement graves.Disons, enterminant, que le
parenchyme
pulmonaire qui avoisine le ganglion tuberculeux est tantôt souple, rosé,crépitant,
tantôt dans un état voisin del'hépatisation.
CHAPITRE III
ÉTIOLOGIE -
PATHOGÉNIE
De même que
l'adénopathie trachéo-bronchique semble
avoir une
prédilection marquée
pourle sexe masculin, les
quelques cas
d'asphyxie due à l'obstruction des voies aérien¬
nes par des
ganglions tuberculeux
quenous citons dans ce
travail,se rapportent tous
à des
garçons.C'est généralement
depuis la naissance jusqu'à six ans
que se produit cette
complication de l'adénopathie trachéo-
bronchique.
Le
tempéramentlymphatique prédisposantà l'engorgement
ganglionnaire, il n'est pas
étonnant
quedans les observa¬
tions que nous avons pu
recueillir les petits sujets soient
touslymphatiques,
Mais à quelles causes
attribuer la dégénérescence tuber¬
culeuse des ganglions
trachéo-bronchiques ?
La cause la plus puissante et
la plus fréquente est
sanscontredit la tuberculose pulmonaire.
On sait
quedans la
majorité des cas la phtisie
pulmonaire s'accompagne à
son début d'une inflammation desganglions trachéo-bronchi¬
ques: or, cette inflammation
n'est
souvent quele premier
stade de la tuberculisation des ganglions.
D'autre part, il faut faire entrer en
ligne de compte les
phlegmasies pulmonaires dela rougeole, de la coqueluche,
de la