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Educateur et/ ou thérapeute

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Educateur et thérapeute?

Educateur ou thérapeute?

C'est un problème que nous avons posé depuis longtemps, sans jamais trouver une réponse satis- faisante.

C'est pourquoi j'ai voulu Maurice PIGEON dont

avoir un entretien l'expérience peut

avec nous éclairer, cet entretien qui ouvrira un débat auquel nous invitons tous ceux qui se posent le problème.

J.L.G. : Jean LE GAL M.P. Maurice PIGEON

J.L.G. - On parle beaucoup de thérapie A l'Ecole Moderne, que ce soit A propos de l'attitude du maître, ou A propos de nos techniques. J'ai toujours été très intéressé par cet aspect thérapeutique de la relation A l'enfant, peut-être parce que c'est un domaine habituellement peu exploré par l'éducateur, ou peut-être parce qu'être le psychothérapeute de l'autre, c'est un moyen de dominer notre propre vécu.

Mais je préfère les termes libération et épanouissement A thérapie qui implique la maladie... L'enfant serait malade et nous, nous serions ceux qui soigneraient ce malade.

M.P. - On pense aux malades et on pense surtout à cet aspect un peu médical de la question. On est amené à se gargariser de ce terme.

Il est sÛT qu'il y a des effets thérapeutiques, JIlais pour les déterminer, il faudrait les vérifier à partir d'expériences ou d'observations fines.

Lorsque l'on parle de thérapeutique, d'un point de vue pédagogique, on veut dire surtout que l'école est libératrice, ce qui n'est déjà pas mal.

Je sais bien que le Dr. de Mondragon disL:t un jour qu'on était plus ou moins le thérapeute de celui dont l'éducation nous est confiée. D'ailleurs la brochure qui a été réalisée après le congrès de Tours a été intitulée : Aspects thérapeutiques de la pédagogie Freinet. Mais je pense qu'il ne faut pas trop insister là-dessus.

Il est possible que ce soit Freinet lui-même, qui aux environs de 56-57, ait insisté sur le terme, et il était suivi en cela par Mauco, André Berge, Jean Oury ... Cet aspect thérapeutique, il existe, tu le sais, mais non délibéré.

L'ATTITUDE DU MAITRE

J.L.G. - A partir du moment où l'on permet A l'enfant de s'exprimer librement, il amène au jour un certain nombre de problèmes.

Devant ces problèmes, on se demande: dois-je jouer un rt5le thérapeutique ou dois-je jouer un rt5le éducatif?

Par exemple : un enfant arrive le matin. Il est perturbé par un certain nombre de choses qui se passent A la maison, qui le rendent anxieux et agressif. Son attitude empêche les activités décidées par le groupe de fonctionner. Moi, j'interviens pour empêcher qu'il perturbe le groupe, et je pense jouer mon rt5le d'éducateur, alors qu'un psychothérapeute lui permettrait de se libérer de ses problèmes, d'agir d'une façon tout A fait libre.

M.P. - C'est tout à fait ça !

L'allure thérapeutique que l'on veut donner à notre pédagogie est en fait pour chacun des pédagogues, une attitude thérapeutique, mais il y a des limites, et ces limites sont dans le fait même que nous sommes des éducateurs.

EDUCATEUR ET/OU

THERAPEUTE

Jean LE GAL

J.L.G. - Tu a été éducateur dans une classe et thérapeute dans un centre médico-psycho-pédagogique. Quelles différences as-tu été amené A constater ?

M.P. - C'était tout à fait différent.

Dans la classe, c'est l'attitude du maître et l'attitude des camarades qui interviennent dans le sens d'une dynamique de groupe, dans le tête à tête, c'est tout à fait différent. On peut voir de véritables explosions de l'enfant ou du jeune adolescent.

Quand il s'agit de thérapie, il ne s'agit pas d'arrêter l'explosion, comme on est amené à le faire dans une classe, parce que les autres peuvent être perturbés à leur tour. La situation est totalement différente. Etre un vrai thérapeute, c'est être un contact, sans esprit normatif, en permettant la libération et jusqu'à un point assez élevé. Toute l'anti-psychiatrie est marquée par cet aspect-là, mais nous ne pouvons pas l'être en tant qu'instituteurs. Je ne pense pas qu'à aucun moment, ni Freinet, ni Elise, ni tous les camarades qui ont pensé le problème, aient cru qu'ils pourraient être des thérapeutes au sens médical du terme.

J.L.G. - Pourtant il est question parfois de faire prendre conscience A l'enfant des problèmes que son expression libre a mis à jour : "Tiens, tu vois, là, c'est un problème que tu as avec ta petite sœur."

M.P. - Alors, là, je ne suis pas du tout d'accord. Il faut une formation extrêmement complète pour être à même d'interpréter, aux yeux de l'enfant, les phénomènes qui se passent en lui.

Lorsqu'il s'agit de le faire pour nous, sans en faire part à l'enfant, c'est une toute autre attitude, c'est une attitude hypothétique, conjecturale, et on vérifie si l'hypothèse que l'on a formulée s'avérera juste au cours de heures ou des jours qui vont suivre.

Mais quant à dire à l'enfant: «Tu vois, c'est ta petite sœur, ou ta mère ... », alors là je pense qu'il faut être infiniment plus prudent, ou alors on s'engage dans une voie ou notre responsabilité est très importante. On risque non d'être le thérapeute, mais le perturbateur, et quand on a soulevé des instincts, des sentiments, et qu'on a joué à l'apprenti-sorcier, je ne sais où pourrait être le bien.

LES TRANSFERTS

J.L.G. - Les transferts qui se font sur le thérapeute en thérapie individuelle, sont-ils comparables aux transferts qui se font sur le maître?

M.P. - C'est un peu différent; ce que l'on peut appeler transfert par rapport à l'image du pédagogue, c'est davantage de l'ordre de l'identification que de l'ordre d'un véritable transfert.

J'ai eu l'occasion de voir, en particulier, une adolescente de seize ans, qui avait des problèmes énormes dans sa famille. Au moment où il y a eu vraiment transfert de la vision qu'elle avait de sori père sur moi, elle a eu un mot qui marquait bien l'agressivité qu'elle portait à son père; elle m'a dit : «J'aurais aimé vous étrangler monsier!» Je lui ai dit: «Tu as parfaitement raison de le dire.»

Si nous étions simplement des psychologues, chargés de psychothérapie, nous n'aurions pas à nous préoccuper d'un certain nombre de normes, or l'éducation comporte aussi cette dimension sociale, et le fait de ne pas empoisonner le reste du groupe, c'est important. C'est donc une des limites, et peut-être même la principale, qui fait que nous ne pouvons pas être des thérapeutes au sens psycho-médical du terme.

Elle faisait un petit sentiment de culpabilité en me disant cela ; je l'ai rassurée tout de suite, et je lui ai dit : «C'est tout à fait normal! »

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Peu de temps après ; il Y avait une amélioration ; elle avait fait sur moi un transfert de l'agressivité qu'elle déployait, inconsciemment, contre son père. Ça s'est très bien liquidé. En trois mois, à raison de une heure, .une heure et demie par semaine, l'amélioration a été considérable. Il aurait fallu rester plus longtemps en contact avec elle, mais il y avait des histoires d'ordre administratif et la S.S. a estimé que c'était suffisant.

Tu vois donc ici transfert au sens général du terme. Il ne s'agissait pas de psychanalyse ; je .ne suis pas psychanalyste ; il s'agissait tout simplement de thérapeutique d'entretien, de soutien.

Il est difficile que l'attitude de l'éducateur, du maître puisse aller jusqu'à accepter cette agression majeure, même si elle est sous forme imagée.

LES LIMITES DE L'EXPRESSION LIBRE

J.L.G. - Penses-tu que l'attitude, les réactions, l'expression d'un enfant puissent perturber le reste du groupe ? Quelles sont les limites de l'expression libre dans ce domaine ?

M.P. - Je ne sais si l'on peut déterminer a priori les limites. Il faut bien connaître le milieu dans lequel on vit, cela permet de savoir là où on peut aller et où il faut s'arrêter, non pas de vive force, mais d'un mot ou avec d'autres techniques. Tu peux parfaitement passer d'un registre à l'autre. Je pense qu'il ne faut pas jouer à l'apprenti-sorcier. Notre attitude, même si nous avons quelques connaissances en matière de psychologie les uns et les autres,. exige un certain respect de soi-même et des autres, dans une optique éducative.

LA RELATION EDUCATIVE

DOIT-ELLE ETRE UNE RELATION INTIME 7

J.L.G. - J'ai lu qu'il n'était pas bon que l'éducateur soit très proche de l'enfant, soit son confident, soit celui à qui il peut tout dire. Or à l'Ecole Moderne, il est courant d'entendre: .. il faut être disponible à l'enfant, il faut l'écouter ... Il faut en fait être son confident - et je pense que' certains recherchent ces confidences, les suscitent même -. Personnellement, tout en acceptant d'écouter un enfant qui veut me parler de sa vie, quand je sens qu'il a un problème grave, je m'oriente plus - ce qui est peut-être une erreur - vers le groupe, vers renvoyer l'enfant sur le groupe de ses égaux pour que ce soit à eux qu'il se confie.

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M.P. - Je pense que tu as parfaitement raison, parce que les collègues qui sollicitent les confidences du gosse, je ne suis pas absolument sûr que ce soit parfaitement net, je ne suis pas absolument sûr que cette curiosité ne soit pas un peu malsaine, je ne suis pas absolument sûr qu'ils dominent leurs propres réactions, et si ce n'est pas ou par sadisme, ou par une cé:rtaine forme de masochisme, une curiosité inconvenante qui les pousse à faire cela. Et ce n'est peut-être pas tellement le souhait de venir en aide aux autres, que de se satisfaire d'éléments pas très clairs, pas très nets. Ça ne va pas dans l'esprit de l'éducateur, que nous devons quand même rester.

Le groupe c'est autre chose. Nous savons beaucoup mieux agir sur le groupe, mais toutefois en demeurant dans une certaine expectative, dans une certaine attente, dans une certaine inspiration, qui n'est pas d'un ordre un peu désobligeant pour le gosse.

Je le répète, je crains que ce ne soit pas pour satisfaire un esprit d'aide, mais plutôt un esprit de yoyeur quoi!

J.L.G. - Je vois un autre aspect. Un thérapeute, c'est quelqu'un que l'on paie, qui est extérieur à soi, à sa vie de tous les jours.

On va lui faire des confidences, mais finalement c'est un inconnu, un être inexistant dans notre vie quotidienne.

M.P. - C'est l'écran neutre!

J.L.G. - C'est l'écran neutre. Tandis que l'éducateur à qui on aura fait des confidences, à qui on aura tout dit de sa vie, de ses problèmes, c'est quelqu'un avec qui l'on vit tous les jours, quelqu'un que peut-être on ne pourra plus ensuite quitter, qu'on aura besoin de venir voir, de la tutelle de qui on n'arrivera plus à se dégager.

Ce sera un adulte aidant, un adulte pas comme les autres parce qu'on peut tout lui dire, mais un adulte à qui l'enfant sera aliéné.

M.P. - Ce ne sera plus un adulte aidant alors, car il prend une dimension par rapport à celui que l'on appellera le client, l'enfant ici. Les phénomènes d'identification, de transfert, de contre-transfert, vont jouer.

Le type qui va se faire soigner chez le psychanalyste ou le thérapeute, une fois qu'il l'a quitté, il n'est plus avec lui, c'est fini, et il ne vivra pas avec lui. Même la déontologie interdit au psychothérapeute, par exemple, d'épouser une femme qu'il aura eue comme cliente. Il n'est pas question de prendre vraiment possession de quelqu'un même si on lui a rendu quelques services.

Le maître-camarade du type de l'école de Hambourg, moi, ça ne me satisfait pas. Ceux qui vont jusqu'à cette espèce de camaraderie jouent davantage leur personnage, jouent un rôle, plus qu'ils ne jouent avec leur personnalité propre.

MAIS ALORS QU'EST-CE QU'ETRE UN EDUCATEUR 7

J.L.G. - Comment vois-tu l'éducateur alors?

M.P. - Le terme qui me paraît le plus favorable c'est l'authenticité, être soi-même tout simplement, et peut-être demeurer un peu en retrait, pas obligatoirement mêlé intimement à la vie des autres. Je parle pour moi, je préfère rester moi-même.

J.L.G. - Cet été, j'ai lu un dossier sur l'expérience de Deligny avec des enfants psychotiques. L'éducatrice qui arrive dans le réseau va vivre avec un enfant sans rien connaître sur lui, sans savoir quel a été son passé. Elle devra vivre avec lui, tel qu'il sera à ce moment. Deligny dit que les adultes ne sont pas là pour vivre pour l'enfant, mais pour vivre tout simplement comme on est dans un groupe où il y a des adultes et des enfants. On vit A VEC les enfants mais on ne vit pas POUR eux.

Or à l'Ecole Moderne, on a tendance à vivre POUR, TOUT EST FAIT POUR l'enfant; on est à son service en classe, on est là pour lui, on doit être à son écoute, on doit être disponible à lui.

Personnellement je suis plus proche de vivre A VEC l'enfant.

M.P. - J'entre tout à fait dans ta perspective. VIVRE POUR, c'est comme SE PENCHER SUR CES PAUVRES ENFANTS QUI...

C'est une attitude qui marque, qu'on le veuille ou non, qu'on s'estime supérieur à ... On veut se pencher sur ... Afin de ...

Quand on parle de créer un milieu aidant dans la classe, il y a les techniques, il y a la façon d'organiser la classe, et il y a soi- même. Mes étudiants me disaient l'autre jour: «Mais, monsieur, il faut tout de même bien, par 'exemple en dessin, apprendre la ligne d'horizon, au-dessus et au-dessous de la ligne d'horizon!»

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J'ai répondu: «Absolument pas! L'instituteur qui est un éducateur se place au milieu de ses élèves, il est avec eux. Ils ont tout ce qu'il leur faut pour dessiner, pour peindre, lui il peint, il dessine tout simplement avec eux. On pourrait avoir là des références à des auteurs comme Piaget. C'est la façon dont l'éducateur se comporte qui interviendra de façon très inconsciente pour les enfants et il sera normatif mais sans l'avoir voulu expressément. Son attitude simple, naturelle, font qu'il sera bien plus écouté que s'il se manifestait d'une façon ostentatoire.»

J.L.G. - Ce que tu dis rejoint une de mes idées et de mes préoccupations : "la participation du manre à l'expression dans la classe .. où je me fondais sur l'hypothèse que le manre n'avait pas à être le serviteur de l'expression de l'enfant. Quand il avait mis en place le moyen de cette expression, il avait lui aussi le droit de se servir de ces moyens pour s'exprimer, pour créer, par l'écrit (écrire un texte, l'imprimer), l'oral, la musique, le chant, la danse, le dessin.

Cette hypothèse a rencontré pas mal d'opposants pour diverses raisons. Il a été assez mal considéré que le manre lui aussi puisse avoir le droit à l'expression dans la classe. Je maintiens cette hypothèse. A l'époque j'avais écrit: "Plus qu'un éducateur, je suis un homme qui vit avec les enfants ...

M.P. - C'est tout à fait ma formule!

L'éducateur est avec le groupe, dans le groupe, vivant dans le groupe, à la disposition de l'ensemble et à la disposition de chacun, en étant vraiment lui-même. Etre un thérapeute c'est être soi-même, être congruent comme le dit Rogers. Etre soi-même, c'est aussi venir à l'aide de l'autre mais pas d'une façon ostentatoire: «Je suis éducateur, donc je vais vers toi parce que tu as besoin de moi.»

Etre naturel ça s'apprend, ça se vit, en prenant conscience de qui on est. .. Tout à l'heure tu parlais de rapporter au groupe, il n'y a que le groupe qui peut te permettre de bien te connaître.

J.L.G. - Donc nous devrions chercher plus du côté des techniques de groupe que des techniques de psychothérapie.

M.P. - Mais elles le sont aussi, le training groupe de Béthel, le psychodrame de Moreno !

J.L.G. Par techniques de psychothérapie, j'entendais psychothérapie individuelle, car j'utilise déjà le psychodrame depuis de nombreuses années.

PSYCHOTHERAPIE INSTITUTIONNELLE ET PEDAGOGIE INSTITUTIONNELLE

M.P. - On insiste maintenant sur les psychothérapies institutionnelles. Jean Oury a travaillé dans cet esprit-là et à Nantes, Marc Leclerc et Claude David qui s'intitule lui-même psychanalyste institutionnel. Il y a beaucoup à faire dans cette direction car on en est aux balbutiements. Même au point de vue pédagogique on en est toujours aux balbutiements, on n'a pas encore érigé une véritable science de l'éducation.

J.L.G. - Comment ça se passe dans un groupe de psychothérapie institutionnelle ?

M.P. - Je n'ai jamais participé, je ne peux donc pas en parler.

Tu pourrais entrer en contact avec Marc Leclerc.

J.L.G. - Je lui ai déjà parlé à la fac de la manière dont les enfants essayaient de se prendre en main, de nos techniques d'autogestion. Il y a tout l'aspect relations à l'intérieur du groupe que je n'ai pas encore approfondi: comment la personnalité de chaque membre du groupe intervient dans la prise de décision, dans la structuration de l'institution.

M.P. - Je n'ai jamais pratiqué de psychothérapie institution- nelle, mais ce qu'il faut se dire, c'est que la personnalité d'un adulte, même si elle est fluctuante, est en général moins fluctuante que celle des enfants. Dans un groupe de moyenne dimension, comme une classe de perfectionnement avec quinze enfants, l'importance des leaders, l'importance de l'agression des leaders contre le groupe, des leaders entre eux, du groupe contre les leaders, je ne vois pas très bien ce que ça peut donner.

J.L.G. - Je pense qu'il n'y aura d'autogestion qu'avec des individus autonomes et libérés et en tant qu'animateur de groupe, je me demande si je peux aider les individus à se libérer et comment je peux le faire.

Je pense en particulier à la parole: comment faire pour que chacun ait une parole libérée, pour que la parole circule au sein du groupe, qu'elle exprime les désirs, les besoins profonds de l'individu, qu'elle soit outil de confrontation avec les autres.

qu'elle soit instrument de gestion ?

J'ai une enfant bloquée à ce niveau. Elle n'est jamais partie prenante dans les entretiens, les débats et les conseils. Avec elle je me pose un problème de thérapie: comment guérir cette enfant?

M.P. - Je me demande s'il s'agit d'un problème thérapeutique ou simplement d'un problème de langage déficient. Est-ce que le langage n'a pas été défavorisé par le milieu socio-culturel ? J.L.G. - J'ai des cas de langage déficient mais ces enfants s'expriment cependant avec leurs moyens. Je travaille avec eux pour élargir ces moyens, mais pour l'enfant précédente il s'agit d'un blocage. Cette enfant m'a été amenée quasi-autistique, ne parlant pas, ne riant pas, ne jouant pas, un être figé et très stéréotypé dans ses actes. J'ai cherché à connanre son milieu

·environnant par des entretiens avec les parents, j'ai analysé ses

textes, j'ai pris contact avec la psychothérapeute qui l'avait vue, la psychologue, ses manresses antérieures, mais impossible d'avoir un entretien en tête à tête avec elle afin de mieux saisir son vécu. J'ai accumulé des renseignements et je me demande toujours : que puis-je faire de particulier pour elle ? Je dis bien de particulier car je pense que les autres n'ont pas besoin de thérapie, la vie du groupe, l'expression libre sous toutes ses formes, seront des moyens efficaces pour les mener vers leur autonomie. Pour cette petite fille bloquée, je me demande s'il n'existe pas de techniques de thérapie que je pourrais utiliser.

M.P. - Il faut d'abord découvrir la source du blocage et il faut une psychothérapie en profondeur avec quelqu'un qui est très maître des techniques dans un rapport duel. Est-ce qu'elle s'exprime par le texte, le dessin?

J.L.G. - Oui, maintenant elle s'exprime beaucoup par le texte et le dessin, elle rit et s'amuse avec les autres. Le groupe a donc joué un rôle thérapeutique par sa permissivité, son aide, ses sollicitations ; on pourrait parler de psychothérapie par le groupe des égaux. Il n'en demeure pas moins qu'elle a des difficultés dues à une mauvaise vue, à une audition diminuée que j'ai découverte et aux chocs de sa petite enfance.

Face à tout cela, que puis-je faire moi, éducateur ?

Que puis-je faire quand un enfant est troublé par des rivalités fraternelles ?

Que puis-je faire quand un enfant est perturbé par des problèmes relationnels avec une mère surprotectrice ?

Que puis-je faire que je ne fais déjà, c'est-à-dire l'expression libre, la prise de responsabilité, la relation amicale au sein du groupe ? M.P. - Pour l'enfant dont tu parles, il faut chercher aussi autour de cette perte auditive : de combien est-elle ? De quand date-t-elle? Quelle est son origine? La mère a-t-elle fait une rubéole ? Est-ce congénital ? Il faudrait un audiogramme sérieux et interprété par un vrai spécialiste. Quel est son niveau de langage?

J.L.G. - Son niveau de langage est faible bien qu'elle vive dans un milieu où d'autres enfants sont enfants d'étudiants, de professeurs.

M.P. - A priori, on peut dire, en toute hypothèse bien entendu, et jusqu'à vérification, que cette surdité, légère peut-être, est survenue pendant la période d'apprentissage du langage. Il peut y avoir des franges importantes du langage qu'elle n'a jamais perçues, donc qu'elle n'a jamais pu apprendre; comment veux-tu qu'elle puisse alors s'exprimer oralement. Son langage a pu quand même se développer puisqu'elle s'exprime maintenant par le texte. Une fille comme celle-là devrait être vue au C.H.U., qui a des moyens importants d'investigation.

J.L.G. - Oui c'est une direction d'investigations que je vais demander aux parents d'approfondir, car je les y avais déjà engagés. Ils collaborent volontiers avec moi. La mère est venue d'ailleurs spontanément me dire sa joie et son étonnement de voir sa fille retrouver vie, sortir de son état abandonnique, après deux mois seulement de vie dans notre groupe. Mais il reste des problèmes à résoudre. Notre pédagogie institutionnelle devrait pouvoir être renforcée par une psychothérapie institutionnelle je vais donc chercher maintenant dans cette direction.

(pour prolonger ce débat, adressez vos réactions, expériences, questions à L'Educateur.)

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