R EVUE DE STATISTIQUE APPLIQUÉE
E. V ENTURA
Correspondance. I. Remarques sur le calcul du taux de rentabilité dans l’étude de la gestion des stocks
Revue de statistique appliquée, tome 3, n
o4 (1955), p. 95-101
<
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CORRESPONDANCE
I. - REMARQUES SUR LE CALCUL DU TAUX DE RENTABILITÉ
DANS L’ÉTUDE DE LA GESTION DES STOCKS
par E. VENTURA Ingénieur
en Chef des MinesIl semble que le calcul correct du taux de rentabilité doive s’effectuer diffé- remment de celui
indiqué
par M. Hénon.La valeur actuelle du bénéfice brut s’obtient en retranchant de la valeur actuelle des recettes la valeur actuelle des
dépenses.
VALEUR ACTUELLE DES RECETTES Vo.
Les ventes se
faisant,
parhypothèse, régulièrement
dans letemps,
entret et t +
dt,
l’onvend L 03B8·dt,
dont la valeur actualisée en intérêtssimples
estdonc
VALEUR ACTUELLE
DEL’ACHAT Au.
On
peut
supposer que l’on payecomptant
la valeur du lot L et que, d’autrepart,
on paye immédiatement lesprimes d’assurance,
leloyer, qui
nedépendent
que de la dimension du lot
L,
dutemps
deséjour
d’unesérie,
cequi majore
dansla
proportion
a leprix
d’achat p, a est doncindépendant
parhypothèse
durythme
d’écoulement du stock.Donc :
A0 = pL + 03B8 L.ap = pL(1 + a6)
VALEUR ACTUELLE
DES FRAISD’ENTRETIEN
DUSTOCK Eo.
On
peut
estimerqu’une partie
des frais demagasinage
estproportionnelle
àla
quantité
de marchandises restant en stock. Il estlogique
de supposerd’après
les notations de M.
Hénon,
que ces frais sont :Les frais d’entretien
correspondants
sontIl est utile de
développer log(1+i6)
en ne s’arrêtantqu’au
3- terme en iLe
développement
conduit à03B8 2 -
6 pour le terme entreparenthèses .
En
définitive,
le bénéfice brut actualisé est par franc affecté à lagestion
dustock,
c’est-à-dire en divisant parpL :
En
développant
et en divisant par 0 pour avoir le bénéfice par franc investi et par an. On obtientri
En
négligeant (03B2-a)03B8 3 on
trouveLa formule diffère de celle de M. Hénon si a est une fraction
importante
deet surtout à cause du terme
soustractif 1 2.
Dans
l’exemple
fourni par M. Hénon(p. 39)
on trouvek =
14, 75 %
Si nous prenons a = o, on trouve ici k =
12,25 %
et, si nous prenonsa = 4 %,
on trouve k =10, 25 %
Valeurs
qui
diffèrent sensiblement de celles données par M.Hénon,
ettoujours
en moins
RÉPONSE
DE M. HENONLes observations si intéressantes de M. Ventura me
conduisent,
à mon tour, àcompléter
ces notes parquelques
commentairesqui, je
crois, viendrontpréci-
ser définitivement la solution de ce
problème .
VALEUR ACTUELLE
DESRECETTES V .
Pour de courtes
périodes,
en intérêtssimples,
il estpréférable d’employer
la formule des
comptables :
i - it au lieude 1 1 + it pour
calculer les valeurs ac-tuelles.
L’approximation
est bien suffisante :VALEUR ACTUELLE DE
L’ACHAT Ao
Très
judicieusement,
M. Ventura fait remarquer l’intérêt dedistinguer
deuxcatégories
de frais : ceuxproportionnels
au stock restant et ceuxproportionnels
au
temps, qui
nedépendent
pas durythme
d’écoulement des stocks.Dans ce cas, il
part
d’un coefficient demajoration
a actualisé àl’époque
zéro.
Or,
dans lapratique,
on n’actualise pas chacun despaiements
effectués autitre de ces frais : ils se trouvent
répartis
dansl’année,
et lacomptabilité
nedonne que le taux moyen de ces frais F’
rapporté
au chiffre des achats pq. Soitce taux :
oc =
pq
ouF’ pL (coefficient
sansdimension)
Les frais élémentaires par
période
élémentaire dt sontF’dt,
leur valeur actuelleF’dt 1+it
àl’époque
t et, en fin depériode :
d’où A0
Ici,
oc est unparamètre connu,
tiré de lacomptabilité,
cette forme est doncpré-
férable à celle
proposée
pourAo = pL [
1 +a 03B8 ] . (La
relation entre a et oc estdonnée par
l’égalité :
a = ex.( 1 - i 03B8 2))
VALEUR ACTUELLE DES
FRAIS D’ENTRETIEN
DUSTOCK Eo
Il
s’agit
des fraisproportionnels
au stock restant, c’est le cas où l’on sto-ckerait ces marchandises aux
magasins généraux,
ou encore le cas de matièrespérissables
telles que matières alimentaires ouproduits biologiques qui exige-
raient
l’emploi
deréfrigérateurs
et de services de contrôle.Appelons (3
le coefficient de fraisspéciaux appliqué
au stock restant. Cecoefficient sera notre deuxième
paramètre
tiré de lacomptabilité .
Les frais élé-mentaires,
parpériode élémentaire,
sonts8dten désignant
par s le stock res-tant à l’instant t. La valeur actuelle de ces frais élémentaires est
sp(l-it)dt.
D’ou,
enremplaçant
s parpL ( 1 - t 03B8)
la valeur actuelleEo
des frais d’entretien :Le
prix
de revient en valeur actuelle des achats s’écrit donc finalemend’où la valeur de
k,
fonction des deuxparamètres
ex.et 03B2
propres àl’entreprise :
Remarque
1La valeur définitive des frais d’entretien est, par
cycle,
endésignant
par F"le montant annuel de ces frais inscrits en
comptabilité :
F"03B8
= 03B2pL 03B80 ( 1 - t 03B8) dt = 03B2 pL 03B8 2
Si -(
est le taux moyen de ces frais parrapport
au chiffre des achats pq, on a :Le montant total F des frais de
gestion
du stock serépartit
donc en deuxcomposantes :
soit
ou encore
d’où
en
désignant
par X le taux moyen de l’ensemble des frais .La valeur
([3-a)
du taux utilisé dans le calcul par M. Ventura doit donc êtreremplacé
par2 0 (B - a.).
Exemple -
Pour a =0, avec
=0, 1,
on a : CL = 0et A
= 03B1 +-
=0,
025et
l’,
on trouve bien k = 12, 25 2Par contre, pour a = 4
%,
avec À = 0,025,
on tire ex. de la relation :,
La nouvelle valeur de
(5 (qui
était de0, 10,
dansl’exemple
dupremier
arti-cle) devient : 2 03B8(03BB - 03B1)
=0, 1 - 0, 0811
=0, 0189
d’ouk
k =
(0, 1 - 0,02027) 1,975 - 0, 03445
=12,30 %
au lieu de 10, 25
Remarque
2Si ex. = o, on doit retrouver
l’expression
du taux de rentabilité kqui figure
àla page 32.
Or,
il manque le terme eni/2.
Ceciprovient
de la manière de calcu- ler lavaleur actuelle des fraisimputables
à chacune des tranches élémentaires ds du stock. Eneffet,
il est courant encomptabilité
d’évaluer leprix
de revient àl’époque
de sortie t par :(1 + (3 t)ds
et d’en déduire la valeur actuelle àl’époque
zéro :
(1 + 03B2t)(1 - it) ds qui
faitapparaître
le termeprincipal
en(f3 - i) :
(3)
valeur actuelle de ds =1
1 +(p- i)t - 03B2it2 ]
dsLes observations de M. Ventura ont attiré mon attention sur ce mode de cal- cul
classique
à intérêtssimples .
Eneffet,
en touterigueur,
il fautpartir
de lavaleur élémentaire
actuelle : 03B2d s d 03C4 i + i 03C4
pourchaque
élément du stock ds etchaque
intervalle de
temps
dï . Lapremière intégration
suivant l’une des variables con-duit aux
équations :
On
peut
vérifier quel’intégration
de ces deux formes conduit au même résul- tat final.La
première
forme(4)
est utilisée pour calculerE .
La deuxième forme
(5) permet
d’écrire leprix
de revient àl’époque
de sor-tie t, de la valeur actuelle d’une tranche élémentaire
ds,
valeurégale
àvaleur actuelle de ds = 1 1
+ 03B2 t (
1 -it 2)]
dsau lieu de
l’équation (3)
quej’avais
utilisée initialement. C’est cette différenceanalytique qui
entraîne surl’expression
de la rentabilité k la différence dei 2.
Pour
conclure,
il fautadopter
la formule(2)
avec ses deuxparamètres
aulieu de celle donnée à la page 32 de l’article
précité .
Remarque 3
Pour
l’emploi
del’abaque
page39,
il suffira deprendre
comme fonctionk
+ i + 03B2 2
au lieu de k+f
et de tenircompte
du secondparamètre
en lisant sur leréseau des
parallèles
de lafigure
5 les cotesgraduées(0394P P - ex.)
au lieude 0394P P.
Remarque
4L’intervention de deux
paramètres
au lieu d’unseul,
la substitution de(i +
au lieu
de ?
conduit à donner àl’expression
du lotoptimum indiqué
page40,
uneexpression plus précise
etplus générale.
Si le bénéfice de
l’opération
destockage
estnul,
leprix
de sortie x estégal
au
prix
de revient r, et sa valeur actuelle s’écrit :d’où,
enremplaçant
p par a +bx, l’expression
finale de r :qui
est minimum pour(la
racinecarrée représente
letemps
d’écoulementoptimum
du lotL.)
II. - JOURNÉES D’ÉTUDES ET DE DISCUSSIONS DES ANCIENS STAGIAIRES DU CENTRE DE FORMATION DES CADRES
M. Hénon, Président
de.
la Réunion "Textile" ayant été saisi par écrit rlr cloirrrNr sou siii, tortains points de l’exposéde M. Monfort, présenté lrar Il( GRIGNET (Peltzer et Fils) tioits lmbliorrs iri sa réponse :
Je pense
qu’avant
derépondre
auxcinq points
surlesquels
M. Monfort a bien voulu attirer monattention, je
dois donner mon avis sur deuxproblèmes
d’unegrande importance pratique, problèmes qui surgissent
dèsqu’on organise
uneroutine de contrôle de fabrication et
qui
sont les suivants :-
a)
Celui ducentrage
initial du taux au début de lapartie ,
-
b) Celui du décentrage
en cours de fabrication soit parchangement
intem-pestif,
soit par variationpseudo-périodique.
a) Centrage
’Le
centrage,
ouplus précisément
le domaineacceptable
pour le numéro mé-trique
d’unepartie,
est situé entre les limites de tolérancesT1
etT2, distantes, d’après
les contrats commerciaux, de2,5%N; N
étant le standardimposé.
Considérons
(fig. 1)
l’intervalle 203C3 =T,M
sur l’axe desnuméros,
il est évi-dent que le
risque
a de refuser un bonréglage (celui.dont
le numéro seraitpréci-
sément au
point
M ou à sadroite)
est auplus égal
à 2,5%,
lerisque (3 d’accepter
un mauvais
réglage (celui
dont le numéro tomberait aupoint T,
ou à sagauche)
estlui aussi au
plus égal
à 2, 5%.
La distance dupoint
Mdépend
du nombre d’échan-tillons et ce
point (voir fig. 2)
décrit dans leplan
des numéros et du nombre k d’échantillons une courbeparabolique qui
délimite une aired’acceptation.
En choi-sissant convenablement l’échelle de l’ordonnée k on obtient un
graphique simple
(fig. 3)
avec des droites délimitant l’aired’acceptation
entretolérances.
Avec un intervalle de tolérance
T, T?
de 5% N
et une variation de 2, 5 % pourun
changement
depignon
on voit sur le gra-phique (4)
que si la moyenne des kpremiers
échantillons tombe àgauche
de laligne AB
ily a
avantage
àchanger
lepignon,
cequi
pro- voque une translation à droite dupoint repré-
sentatif mesurée par
T T
. En B la situation estdifférente,
il en est de même lelong
deBC où les
risques
d’erreur sur le choix dupignon
sont alors ex.= f3
= 0, 50.On
peut
encore trouver des frontièresplus significatives
pour le choix depignons
avec des
risques
oc= 03B2
= 0, 025 de setromper
en
traçant
desparallèles
DCsymétriques
comme il est
indiqué
surla figure. On déter-
mine ainsi trois zones
quasi-certaines qui correspondent
à troispignons
successifs . Mais pour atteindre ces zones il faut augmen- ter le nombre k deséchantillons.
Finalement, la méthode
opératoire
con-sistera à contrôler sur le
graphique (5)
lecheminement de la moyenne
progressive
enchangeant
depignon
s’il le faut.Un tel
graphique,
facile à construire, devrait rendre degrands
services ; il per-mettrait, ultérieurement,
d’introduire un testséquentiel plus
"efficace" . Lesfigures
ontété tracées sur la base d’un CV =
0, 03.
Ellesmontrent que
l’emploi
d’un échelonnement despignons
par sauts de l’ordre de 1%
se-rait
probablement illusoire,
sauf si l’on pou- vait consentir à faire ungrand
nombre deprélèvements .
b) Décentrage
Dans le cas d’un
changement intempestif,
dèsqu’un
doute intervient onpeut
momentanémentaugmenter
la cadence desprélèvements
et utiliser la méthode ci- dessous :On examine la
séluence des
résultatsdes 03BB dernières moyennes des numérosobtenus [ N (5
x1n0) et
l’on cherche laprobabilité
p d’obtenir cetteséquence
unefois sur 1.000. En d’autres termes, on cherche, à
partir
de lagrande
moyenneexpérimentale N (supposée
bienréglée)
un intervalle de contrôleB03BB03C3 n
des moyen-nes de n essais, tel que, pour
ces X points,
on ait simultanément :Four B = 1, on sait que
B, = 3,09.
Pour À. > 1 , laprobabilité
p est donnée par la relationd’où
BÀ correspondant
à la fonction inverse deLaplace-Gauss,
on trouve ainsi :Il suffit donc de superposer sur la carte de contrôle un
calque comportant,
tracéesd’avance,
les limites de contrôleindiquées
sur le tableauprécédent.
Par
exemple,
si 5points
consécutifs sont tous du même côté etdépassent
lalimite :
0,6203C3 n
onpeut
en déduire que cet événement aléatoire nepeut
seproduire qu’une
fois sur mille etqu’il
estsignificatif :
la moyenne est décentrée. Enparti- culier,
àpartir
de 9points,
iln’y
aplus
de limite decontrôle,
ceci veut dire que la moyenne estcomprise
entre lespoints
extrêmes avec uneprobabilité
de setromper
de0, 002 .
Cette méthode a été
indiquée
par H. Weiler dans lejournal
de l’A. S.A. deDécembre 1953 et Juin 1954
(The
Use of Run, to control the mean inquality
Con-trol,
et : A newtype
of control chart limits for Mean,Ranges
andsequential runs) .
Il serait intéressant de considérer l’arrivée d’un
décentrage intempestif
comme un accident suivant une loi de Poisson, la variable étant
proportionnelle
aux durées de marche des machines . La moyenne
journalière
obtenuepermettrait
de calculer le coût des
risques
courus pour des intervalles deprélèvement
fixésd’avance et de trouver un
optimum économique.
Il n’est pas certain que l’interval- le choisi de 8 heures soit leplus
rationnel. Est-iltrop
court outrop long ?
Lecalcul est à faire .
Le cas de variations
pseudo-périodiques pourrait
être rnis en évidence par des méthodesclassiques ;
ilappartient
au domaine de la recherche etje
ne le cite que pour mémoire.Les
réponses
queje puis
donner auxquestions posées
par Monsieur Monfort sont alors les suivantes :le
Question :
Réduction du contrôle parl’emploi
d’une carte de contrôle de la moyenne seuleR :
D’accord, cependant,
à intervalleséloignés
il faudrait vérifier que la dis-persion
resteinchangée
ou est devenue meilleure.De
plus,
la connaissance du CV réellement atteint par votre bonneorganisa-
tion devrait être utilisée au lieu du CV
professionnel 0,03 indiqué
dans le texte.La
signification
des courbes d’efficacité se trouverait ainsi fort améliorée.2e
Question :
Effet d’unchangement
depignon interprété
sur la courbe d’efficacité R : D’accord surl’interprétation indiquée
mais celle-ci doit êtrecomplétée
à mon avis par l’observation
(a)
relative aucentrage
et ma remarque à la lèrequestion.
3e
Question : Jugement
sur double échantillonquand
un résultat semblesuspect
R : Deux échantillons successifs
correspondent
au cas deÀ
= 2indiqué
dansl’observation
(b),
relative audécentrage.
4e
Question : Quelle
est la valeur dudécentrage
R : Il faut refaire le test du
centrage
pour le savoir . 5eQuestion : Centrage
initial du tauxJ’ai