J
OURNAL DE
T
HÉORIE DES
N
OMBRES DE
B
ORDEAUX
J
EAN
-L
OUIS
C
OLLIOT
-T
HÉLÈNE
L’arithmétique du groupe de Chow des zéro-cycles
Journal de Théorie des Nombres de Bordeaux, tome
7, n
o1 (1995),
p. 51-73
<http://www.numdam.org/item?id=JTNB_1995__7_1_51_0>
© Université Bordeaux 1, 1995, tous droits réservés.
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L’arithmétique
du
groupe
de Chow des
zéro-cycles
par Jean-Louis
COLLIOT-THÉLÈNE
1. Introduction
Je fais le
point
sur diversesquestions
etconjectures
naturelles sur le groupe de Chow deszéro-cycles
modulol’équivalence
rationnelle sur une variétéprojective,
lisse etgéométriquement intègre
X définie sur un corpsk, lorsque
ce corps estarithmétique
(corps
local ou corps denombres).
Au
premier
paragraphe, après
unrappel
de résultats valables pour toutesles variétés
projectives
et lisses(corps
de basealgébriquement
clos,
réel,
fini),
j’énonce
desconjectures,
qu’il
vaudraitpeut-être
mieuxrebaptiser
questions,
sur les variétés sur un corpsp-adique
et sur un corps de nombres.Au second
paragraphe,
je
fais le tour des résultats connus pour les surfaces.Au troisième
paragraphe, j’expose
lesquelques
résultats obtenus pour les variétés de dimensionsupérieure.
’La
plupart
des résultats concernent la torsion du groupeCHo(X).
Ilsportent
sur des variétésqui
géométriquement
sont raisonnables : surfaces de genregéométrique
zéro,
variétés fibrées au-dessus d’unecourbe,
la fi-bregénérale
étant un espacehomogène
sous un groupealgébrique
linéaire. Il y acependant
déjà quelques
résultats sur certaines surfaces de genregéométrique
non nul.Le
présent
texte passe en revue laplupart
des résultats obtenus dans cedomaine,
mais ne contient pas de démonstrations(à
l’exception
de celle duthéorème
2.1,
et des indicationscomplémentaires
sur la démonstration de2.5 et de
2.8).
Beaucoup
de ces démonstrationsreposent
sur les résultatsde Merkur’ev et Suslin
[28],
qui permirent
dedévelopper
une méthode deS. Bloch
( (1~, [2]).
Dans la
généralité
où elles sont énoncéesici,
lesconjectures
1.4 et 1.5paraissent
pour lapremière
fois.Groupe
de Chow deszéro-cycles :
définitionsSoient k un corps et X une k-variété
algébrique.
Etant donné unpoint
P E
X,
on note le corps résiduel en P. Lepoint
P est fermé sur X si et seulement si le corpsk(P)
est une extension finie de l~. On note alorsdegk (P)
=[k (P) : k~.
On noteZo(X)
le groupe abélien libre sur lespoints
fermés de X. Les éléments de
qui
sont les combinaisons linéaires finies à coefficients entiers£ p
n pP,
sontappelés zéro-cycles.
On définit ledegré
d’unzéro-cycle
par la formuleNotons
qu’il
existe unzéro-cycle
dedegré
un sur X si et seulement si lep.g.c.d.
des extensions finies de corps.K/k
avecX(K) ~ ~
estégal
à un. Ils’agit
là d’une conditionplus
faible que l’existence d’unpoint
rationnel(X(~) ~
0).
Etant données une courbe
intègre,
de corps des fonctionsk(C),
etune fonction
f
Ek(C)*,
on sait définir lezéro-cycle
div( f )
EZc(C)
([21]).
Le groupe des
zéro-cycles
rationnellementéquivalents
à zéro surX est par définition le sous-groupe de
Zo (X)
engendré
par tous lesdiv( f )
EZo(C)
C pour C C X variantparmi
les courbes ferméesintègres
tracées sur X etf
fonction rationnelle sur une telle courbe C. On définitalors le groupe de Chow comme le
quotient
Ce groupe est fonctoriel covariant parmorphismes
propres.Plus
généralement,
sur une variétéX,
on définit([21])
des groupes de Chow(cycles
dedimension i,
moduloéquivalence
rationnelle)
et(cycles
decodimension i,
moduloéquivalence
rationnelle).
Si est une courbe
projective intègre,
on sait que pour toute fonctionf
Ek(C)*
ledegré
duzéro-cycle
div( f )
est nul.Ainsi,
si est une variétécomplète
(c’est-à-dire
propre sur1~),
l’application degré
deZo(X)
vers Zinduit une
application degré
deCHO(X)
vers Z. On note alorsAo(X)
lenoyau de cette
application :
c’est le groupe deszéro-cycles
dedegré
zéro,
modulo
l’équivalence
rationnelle.Le groupe
Ao(X)
est un invariant k-birationnel stable des k-variétésintègres,
propres et lisses : Si X et Y sont deux telles variétés et si l’on a unk-isomorphisme
birationnel entre X x kP~
et Y x ~Ps (r
et s entiersnaturels),
alorsAo (X )
etAo (Y)
sontisomorphes
( ~21~,16.1.11 ) .
Soit une k-variété
projective,
lisse, géométriquement intègre
sur unhypothèses arithmétiques
variées sur lecorps k.
Onpeut
essayer d’étudierle groupe
Ao ~X~
en le mettant enrapport
avec divers autres groupes.Ainsi,
on sait définir unhomomorphisme,
dithomomorphisme
d’Albanese :
où
Albx /k
désigne
la variété d’Albanese de X : c’est une variété abéliennedéfinie sur
k,
qui lorsque
X/k
est une courbe s’identifie à lajacobienne
deX. Si est une courbe
projective, lisse,
géométriquement
intègre,
avecX ~ 1~) ~ 0,
cethomomorphisme
est unisomorphisme,
mais c’est loin d’êtrele cas en
général.
On
peut
aussi étudier desaccouplements
deZo (X)
avec divers groupes decohomologie
étale.),
qui
passent
auquotient
modulol’équivalence
rationnelle
grâce
à despropriétés
de fonctorialité et à latrivialité,
sur ladroite
affine,
des groupes decohomologie
considérés. NotantBr(X) =
le groupe de Brauercohomologique
deX,
ondispose
enpar-ticulier
d’accouplements
bilinéaireset
induits par
l’accouplement
bilinéairequi
à unpoint
fermé P E X et à a EBr(X)
associel’image
par lacores-triction
Br(k)
del’image
de a par l’évaluationBr(X) -
,Faute de
pouvoir
contrôler le groupeAo(X)
lui-même,
on sera souventcontent d’obtenir des informations sur la n-torsion
nAo (X)
et la n-cotorsionAo (X ) /n
pour n > 0 entier.(Un
certain nombre de résultats énoncés ici sur la torsion du groupeCHo (X)
pour les surfaces valent pour la torsion du groupe de Chowpour les variétés de dimension
quelconque
(voir
lerapport
[8]);
j’ai
choisi ici de centrerl’exposé
sur leszéro-cycles.)
1. Résultats
généraux
etconjectures
THÉORÈME
1.1. Soit X une variétéprojective,
lisse et connexe sur uncorps k algébriquement
clos. Ators :(a)
Le groupeAo(X)
est divisible.(b)
L’application
d’Albanese al b :Albx/k(k)
estsurjective,
et son noyau estuniquement
divisible.(c)
Soit g la dimension de la variété d’Albanese. Pour tout entier n > 0premier
à lacaractéristique
dek,
l’application
d’Albanese induit unisomorphisme
de groupesfinis
La
partie
(a)
s’établit par réduction au cas des courbes. Les énoncéséquivalents
(b)
et(c),
sont dus à Roitman pour lapartie
première
à lacaractéristique
pde k,
et à Milne pour lapartie p-primaire.
Ils ont étéensuite été établis de diverses manières par S. Bloch. Voir
[8], §4.
Il convient ici de
rappeler,
comme il a été établi pour lapremière
foispar
Mumford,
puis
par une méthode toute différente par S.Bloch,
quel’application
d’Albanese atb est engénéral
loin d’être unisomorphisme.
C’est une
question
ouverte de savoir si c’est unisomorphisme lorsque
l~ estune clôture
algébrique
du corps des rationnels.Etant donnée une variété X
projective,
lisse etgéométriquement intègre
sur un corps
k,
on note7rl b()
le groupe fondamental abélienet on note groupe fondamental abélien
géométrique qui
estle dual de
Pontryagin
du groupeOn
dispose d’accouplements
évidentsTHÉORÈME
1.2. Soient F un corpsfini
etX/F
une variétéprojective,
lisse et
géométriquement intègre.
Alors le groupeAo (X ~
estfini,
et on a unisomorphisme
de groupes(finis)
indu2t par
l’accouplement
ci-dessus.Ce théorème
(dit
du corps de classes deHilbert),
classique
pour lescourbes,
est dû à K. Kato et S. Saito pour les surfaces. Unargument
simple
permet
de déduire le casgénéral
de celui des surfaces. On connaît maintenantplusieurs
démonstrations de ce résultat. Je renvoie à[8], §5,
pour une discussion détaillée.
THÉORÈME
1.3. SoientX/R
une variétéprojective,
lisse etgéométrique-ment
intègre
sur le corps desréels,
etXc
= X xR C. Soit s le nombre decomposantes
connexes del’espace
topologique
X (R) .
SoitD(X)
cAo(X)
le sous-groupe divisible maximal de
Ao(X).
Alors(a)
Lequotient
Ao(X)/D(X)
estfini,
nul siX(R) =
0,
etisomorphe
à
(Z/2)s-l
sinon.(b)
Soit p : -.Xc --+
X Zaprojection
naturelle. ,On a alorsD(X )
-p*(Ao(Xc)) =
(c)
Le sous-groupe de torsionn(X)tors
deD(X)
estisomorphe
à(Q/Z)9,
où g désigne ta
dimension d e la variété d’AZbanese de X.(d)
Pour tout entier n > 0 les groupes etn Aa (X )
sont
finis.
Ce théorème regroupe des résultats anciens
[9]
et des résultats récents[16].
Le même énoncé vaut pour un corps de base réel closR,
enremplaçant
composantes
connexes réelles parcomposantes
semi-algébriques.
Dans l’énoncé suivant on s’intéresse au cas d’un corps de base
p-adique
k. On
dispose
alors de l’invariant localBr(k) N
Q/Z.
CONJECTURES 1.4. Soient k un corps
p-adiq2ce
(extension
finie
deQp)
et X une variétéprojective,
lisse etgéométriquement intègre
sur k. SoitD(X)
CAo(X) le
sous-groupe divisible maximal deAo(X ).
(a)
Pour tout entier n >0,
les groupesnAo(X)
etAo (X) /n
sontfinis,
et le groupeAo (X) /1
est nul pour presque tout nombrepremier
1.est un
isomorphisme.
Leshomomorphismes
naturelsru "
ont un noyau ,
fini.
(c)
SoitX/O
un rrzodèlerégulier
et propre deX / k
au-dessus de l’an-neau 0 des entiers de k.L’image
deshomomorphismes
~~ et ’P2 coïncide avecHom(Br(X)/(Br(X)
Q /Z) .
Quelques
jours
avant monexposé
àBordeaux,
Parimala et Suresh[31]
ont trouvé des
exemples
montrant que dans 1.4(b),
le noyau deshomo-morphismes
cpl et cp2peut
être non nul.L’énoncé 1.4
(c)
faitl’objet
d’un travail en cours avec S. Saito. Le casdes surfaces rationnelles est étudié en détail dans la thèse de Dalawat
[19].
Il est aussi naturel de poser les
questions suivantes,
sans lesériger
enconjectures :
1.4
(e)
Le groupeAp (X)tors
est-il fini ? ,1.4
(f)
Le groupeD(X)
est-iluniquement
divisible ?1.4
(g)
Le groupe est-ilisomorphe,
à groupes finisprès,
àun groupe
ZI ?
Le cas des courbes
Soit h un corps
p-adique
(extension
finie deQp).
Soit une courbeprojective, lisse,
géométriquement intègre,
et soit J sajacobienne,
qui
estune variété abélienne sur l~. On
dispose
alors d’une inclusion naturelleAo(X)
cJ(1~),
à conoyau fini(et
nul si Xpossède
unpoint
rationnel).
Le groupeJ(k)
est un groupe de Lie abélienp-adique,
extension d’un groupeabélien fini par un groupe
isomorphe
à(Zp)~
(où
N est leproduit
du genrede X par le
degré
de k surQp).
On voit donc que lesquestions
(a), (e)
et(f)
ont dans ce cas uneréponse
afhrmative(le
sous-groupe divisible maximalD est réduit à
zéro).
Il en est de même desquestions
(b)
et(c).
Pour laquestion
(b),
onpeut
direplus
(dualité
deTate,
voir[26]
et[30]) :
les flèches cpl et p2 sontinjectives
et,
au moinslorsque
Xpossède
unpoint
(Pour
lescourbes,
c’est uneconséquence
de la dualité de Tate que le groupeBr(X)
estnul.)
Dans l’énoncé suivant on s’intéresse au cas d’un corps de base k
qui
estun corps de nombres. On note Q l’ensemble des
places
de k. Pour vE 0,
onnote kv
lecomplété
de k en v. Ondispose
de la suite exacte du corpsde classes
»-", - -.
V ’-BIV y
où les flèches ~
Q/Z
sont les invariants de la théorie du corps declasses local.
Pour
projective,
les invariants locauxpermettent
de construire unaccouplement
donné par
Cet
accouplement
s’annule surl’image
deCHo (X )
dans(image
parl’application
diagonale).
CONJECTURES 1.5. Soient k un corps de nombres et X une variété
pro-jective,
lisse etgéométriquement intègre
sur k.(a)
S’il existe unefamille
ETIvEO ZO(Xkv)
dezéro-cycles
dedegré
1 telle queEVEO
= 0 pour tout a EBr(X),
alorsil existe un
zéro-cycle
z EZo(X)
dedegré
1 .(b)
Le groupeAo(X)
est un groupe detypes
fini,
etl’application
d’Albanese alb :
Ao(X) -~
a noyau(et conoyau)
finis.
(c)
Lecompte
est
exact,
où lapremière
flèche
est laflèche diagonale
évidente etoù la deuxième
flèche
u est obtenue par somme desaccouplements
locaux.
(d)
SoitX/V
un modèlerégulier
propre deX/k
au-dessus de l’anneaudes entiers C~ de k. Alors le conoyau de u dans le
complexe
ci-dessusoïc
Br’(x)
cBr(X)
CBr(X)
est le sous-groupeformé
des élémentsde
Br(x)
qui
s’annutent sur pour touteplace
réelle v E Q.Remarques.
La
conjecture
1.5(a)
s’exprime
aussi sous la forme : l’obstruction deBrauer-Manin à l’existence d’un
zéro-cycle
dedegré
1 est la seule. Pourune courbe
X/k
de genre un, Manin[27]
aremarqué qu’il
en est bien ainsisi le groupe de Tate-Shafarevich de la Jacobienne de X est
fini,
et Saito[33]
a étendu cet énoncé conditionnel au cas des courbes de genre
quelconque.
Cette
conjecture
est aussi motivée par différents résultats obtenus sur leprincipe
deHasse, rappelés
ci-dessous(Théorèmes
2.9 et3.6).
La
conjecture
1.5(b)
est dueindépendamment
à Bloch et à Beilinson. Laconjecture
1.5(c)
est une extension au cadre de toutes les variétés d’uneconjecture
de Cassels[6]
sur les courbeselliptiques
(conjecture
éten-due aux variétés abéliennes par
Tate,
voir Milne[30]
p.102),
et d’unecon-jecture
de Sansuc et l’auteur sur les surfaces rationnelles([12],
voir aussi[40]).
Kato et Saito(~24J (7.6.2)
p.303,
et[33], (7.8)
p.394)
ontproposé
certains
énoncés,
qu’on
peut
relier à cetteconjecture,
ainsiqu’à
laconjec-ture
(a)
([33],
Th.8.4).
Saito me dit que Kato et lui-même aiment voir laconjecture
1.5(c)
sous une formeduale,
qui
évite le recours aux limitesprojectives
ou auxtopologies.
Kato et Saitopostulent
quel’application
naturelleoù
Hom f
désigne
les caractèresd’exposant fini,
estsurjective.
La
conjecture
1.5(d)
est motivée par le cas descourbes;
elle a été aussisuggérée
par S. Saito. Dans un futur travail commun, sanspouvoir
rien dire sur la finitude des groupesconsidérés,
nous établirons un énoncéproche
del’énoncé "dual"
qui
dit que que le noyau de 0 est essentiellement2. Surfaces
Pour les surfaces sur un corps
p-adique,
on aquelques
résultatsgénéraux.
Dans l’énoncé
qui suit,
les résultats(a)
et(b)
sont connusdepuis
1982. Lesrésultats
(c)
et(d),
qui
auraient pu être trouvés à la mêmeépoque,
n’ont étéremarqués
que récemment : l’énoncé(c) (sous
une formeessentielle-ment
équivalente)
apparaît
pour lapremière
fois dans un article de SaitoTHÉORÈME
2.1. S’oit k un corpsp-adique
(extension
deQp).
X ~k
unesurf ace
pro jective,
lisse, géométriquement intègre.
(a)
Pour tout entier n >4, le
groupenAo(X)
est(b)
Pour tout nombrepremier 1 ,
le groupe de torsion1 -primaire
est de
cotype
estisomorphe
à la somme directe d’un groupefini et
d’un groupe avec N = 0.(c)
Pour n > 0premier
àp, le
groupeAo(X)/n
estfini.
(d)
p, le groupeAo(X )
est la somme directe de son’
sous-groupe maximal et d’un groupe ,
fini
Démonstration. Pour n > 0
premier
à lacaractéristique
dek,
notonsJ.Ln le faisceau étale défini par le groupe des racines n-ièmes de
l’unité,
et~c~2
= ¡.Ln Q9
¡.Ln. Pour toute variété lisse sur uncorps k
et tout entier n > 0premier
à lacaractéristique
dek,
le groupe est unsous-quotient
du groupe ceci est uneconséquence
du théorèmede Merkur’ev et Suslin
[28],
des résultats de Bloch etOgus
[4]
et d’uneanalyse
de S. Bloch(voir
parexemple
[8],
Théorème3.3.2).
Demême,
pour l
premier,
le groupe de torsionl-primaire
est unsous-quotient
du groupe(ici
est la limite inductivesur les entiers m > 0 des faisceaux étales
®2.
Pour k un corpsp-adique,
le groupe
~I t(X, ~c~2~
est fini et le groupe est decotype
fini.De ceci résulte les énoncés
(a)
et(b)
pour X une surfaceprojective
etlisse sur un corps
p-adique : pour 1 premier,
onpeut
écrireoù F
= Fl
est un groupe abélienfini,
et N un entier(dépendant
apriori
Pour X une variété
projective,
lisse etgéométriquement intègre
sur uncorps k
p-adique,
et 1premier
différent de p, on aAo ( X ) ®
0. Ceci est en effet clairlorsque
X est une courbe(puisque
Ao(X)
est alors extension d’un groupe fini par une somme directed’exemplaires
du groupeadditif
Zp).
Le casgénéral
en résulte par uneapplication
du théorèmede
Bertini,
qui
permet
de voirchaque zéro-cycle
sur X comme unzéro-cycle
sur une courbeprojective,
lisse etgéométriquement intègre
tracéesur X. De
l’égalité
Ao(X) 0
= 0 on déduitque pour tout entier
n >
0,
l’application
naturelle est unisomor-phisme.
Cecipeut
se voir aussi directement(sans
recourir au passage à lalimite inductive
Ql/Zl) :
cette flèche est clairementinjective,
et pour laprojective,
lisse etgéométriquement
connexeC,
pourlaquelle
l’assertionrésulte immédiatement de la structure de
Lorsque
X est deplus
unesurface,
pourlaquelle
comme on l’a vu
ci-dessus,
on en déduit unisomorphisme
naturelpour tout entier > 0. Choisissant n = t tel que
lt.F
=0,
onobtient que
l’application composée
naturelle F -Ao(X) --+
estun
isomorphisme. Ainsi,
dans la suite exactedéfinissant
D,
laprojection
Ao(X)jlt
estscindée,
cequi
donne unisomorphisme
D E3F,
etl’égalité
DII
= 0 : legroupe D est
donc le sous-groupe 1-divisible maximal de
Ao(X).
Ceci établit l’énoncé(d).
L’énoncé(c)
est uneconséquence
évidente de(d).
DL’énoncé ci-dessus laisse les
questions
suivantes ouvertes : La torsion deAo (X )
est-elle finie ? Le groupeAo(X)
est-il 1-divisible pour presque toutpremier 1 ?
Le sous-groupe divisible maximal deAo (~X )
est-iluniquement
divisible ? Dans certains cas, onpeut
répondre
à cesquestions.
Je renvoieà
~8J,
§ 8,
pour les deux énoncés suivants.THÉORÈME 2.2
([10]).
Soit X unesurface
projective, lisse,
géométrique-ment
intègre
sur un corps kp-adique.
SiH2 (X,
0 x)
=0,
alors lesous-groupe de torsion de
Ao (X)
estfini.
THÉORÈME
2.3(S.
Saito).
Soit X unesurface
projective,
lisse,
géométri-quement
intègre
sur un corps kp-adique.
Si.H2 (X,
Ox)
=0,
et si la variétéd’Albanese de X a bonne réduction sur le corps
p-adique k,
alorsl’accouplement
naturel induit uneinjection
Si de
plus
laflèche
alb :AO(X) ,
Albx/k(k)
est unisomorphisrrte,
alorsl’accouplement
naturel induit uneinjection
(Selon
uneconjecture
de S.Bloch,
l’hypothèse supplémentaire
selonlaquelle
alb est unisomorphisme
résulte de la nullité deH2(X,
OX)
=Parmi les surfaces
auxquelles
le théorème 2.3s’applique,
on trouve les surfacesrationnelles,
les surfacesd’Enriques,
deGodeaux,
les surfaces de Barlow(ces
diverses surfaces satisfontH2 (X, OX )
= 0 et = 0et aussi
Ao (X )
=0);
on trouve aussi les surfaces fibrées enconiques
au-dessus d’une courbe
ayant
bonne réduction(dans
ce casH~ (X,
Ox) =
Comme viennent de le montrer Parimala et Suresh
[3I~,
on nepeut
omettre cette dernière condition : ces auteurs ont en effetex-hibé un
exemple
de surface X fibrée enconiques
au-dessus d’une courbe(la
courbeayant
mauvaiseréduction)
telle quel’application
Hom(Br(X), Q /Z)
ne soit pasinjective.
Le cas des surfaces avec
H2 (X,
0 semble difficile à atteindre. Defait,
en utilisant unetechnique
développée
par Bloch et Srinivas[5~,
on seconvainc facilement que dans ce cas, sur un corps
p-adique, l’application
naturelle
Albx (k)
a un noyauqui
n’est pas de torsion.On
dispose cependant
dequelques
résultats de finitude pour le sous-groupe detorsion,
dus à Raskind[32,
Cor.1.10],
Mildenhall[29],
Shen[Sh94].
THÉORÈME
2.4(Raskind).
Soit k un corpsp-adique
de corps résiduel F.Soit une
surface
projective, lisse,
géométriquement
intègre
avec bonneréduction
Y /F. Si les
rangs des groupes de Néron-Severigéométriques
deX et de Y
co2ncidertt,
alors lapartie
première
à p du sous-groupe de torsionde est
finie.
Raskind montre comment certaines variétés abéliennes et certaines
sur-faces K3 satisfont la condition
(assez restrictive)
du théorème. Les deux résultats suivantsportent
sur des surfacesqui
ne satisfont pas leshypothèses
du théorème 2.4.
THÉORÈME
2.5(Mildenhall).
S’oitE/Q
une courbeelliptiques
modulaire,
de bonne réduction en p. Soient X = E x ~ E la
surfaces produits
de E avecelle-même,
et = X XQQp.
Alors la torsionpremière
à p du groupeest un groupe
fini.
Ce théorème n’est pas
explicité
dans[29],
mais résulte facilement de laProp.
4.10,
loc. cit.Indiquons
comment. Soitx/Zp
un modèleprojectif
et lisse de X et soitY/Fp
la réduction modulo p. Mildenhall établit que le noyau del’application
surjective
de restrictionCH~ (x) --~ CH2 (X )
est fini. Ainsi la torsion1-primaire
de est finie si et seulement si celle de l’est. Maispour 1 premier
à p,
la torsion1-primaire
deCH2(X)
est unsous-quotient
deH2t(X,
Ql/Zl(2))
(cf.
[8],
démonstrationdu théorème
6.2),
et ce dernier groupe estisomorphe
àH2t(Y,
Des
conjectures
de Weil on déduit que ce groupe estfini,
et l’onpeut
montrer
qu’il
est nul pour presque tout 1(cf.
[14],
Thm. 2 p.780).
0THÉORÈME
2.6(Shen).
Soient k un corpsp-adique
etEl
etE2
deux courbeselliptiques
sur k. Soit X =El
XkE2.
Sous deshypothèses
suivantes :
(a)
El
a bonne réduction etE2 a
réductionmultiplicative,
(b)
El
etE2
ont réductionmultiplicative,
et sontisogènes,
la torsionpremière
à p
deAo(X )
estfinie.
Shen a aussi des résultats de finitude pour certaines surfaces
produits
dedeux courbes modulaires.
Passons maintenant au cas des corps de nombres. On
dispose
duthéo-rème suivant
(Raskind
et l’auteur[10],
Salberger
[39]) :
THÉORÈME 2.7. Soient k un corps de nombres et une
surfaces
pro-jective,
lisse,
géométriquement
intègre.
SiH2 (X,
Ox)
=0,
alors lesous-gro2cpe de torsion
Ao(X)tors
deAo(X)
estfini.
Si deplus
laflèche
alb :Ao (X ) --~
est unisomorphisme,
alors le groupeAo (X )
est un groupe detype
fini.
Ce théorème recouvre de nombreux résultats antérieurs. On renvoie à
[10]
et[8]
pour une discussion et une évocation des résultats ultérieurs(dont
celui de Saito[34]),
assurant la finitude de pour unesurface
projective
lisse sur un corps 1~ detype
fini surQ,
sousl’hypothèse
que.H(.X,0) =
0 etH1(X, Ox) =
0,
etque X
possède
unpoint
k-rationnel).
Lorsque
le groupeOx)
n’est pasnul,
on nedispose
pas de résultatgénéral. Cependant
certaines surfacesproduits
d’une courbeelliptique
avecelle-même ont été étudiées.
TÉORÈME
2.8(Mildenhall).
SoitE/Q
une courbeelliptiques modulaire,
deconducteur N. Soit X = E x Q E la
surface produits
de E avec elle-même.Soit n un entier
premier
à 6N. Alors le groupe de n-torsion estfini.
Ceci résulte facilement du Théorème 1.3 de
[29],
par unargument
et lisse de X au-dessus de
Spec(Z[1/6N]).
Soit 1 un nombrepremier
nedi-visant pas 6N.
D’après Mildenhall,
le noyau de la flècheest un groupe de torsion. Il en est donc de même du noyau de la flèche
CH2 (X ),
puisque
ce groupe est unquotient
duprécédent
(on
note = XXZ[l/6N]
Z[1/61N]).
On en déduit que la torsion1-primaire
CH2(Xlll)fll
deCH2(X1/l)
sesurjecte
sur la torsionl-primaire
de
CH2 (X ) .
Mais le groupe est un groupe detype
cofini(somme
d’un groupe fini et d’un nombre finid’exemplaires
decar
quotient
du groupe detype
cofini(cf.
[8],
dém. du théorème9.2).
C’est donc un groupe de torsion detype
cofini. Il en est donc de même du groupe ce
qui
implique
quepour tout entier m >
0,
la lm-torsion deCH2 (X )
= est finie. L7Depuis
monexposé
à Bordeaux enSeptembre
1993,
desprogrès
danscette direction ont été
accomplis
par A.Langer
et S. Saito(25~.
Supposant
la courbeelliptique
modulaireE/Q
sansmultiplication complexe,
et le conducteur lV sans facteurcarré,
ces auteurs montrent que pour ppremier
ne divisant pas la torsionp-primaire
deAo (X )
est finie. La difficultéest de montrer que
l’exposant
de la torsion est fini. Uningrédient
essentielest fourni par certaines classes dans le groupe
H1ar(X,
K2),
découvertespar Bloch et Mildenhall
[29],
et utilisées par Flach[20].
Passons maintenant à
l’aspect local-global.
Laconjecture
1.5(a)
et,
sous une forme un peuplus précise,
laconjecture
1.5(c),
furent d’abord énoncéespour les surfaces rationnelles
[12].
Etant donné un corpsk,
onappelle
k-surface rationnelle une k-surface
projective,
lisse,
géométriquement
intè-gre,
qui,
sur la clôturealgébrique
deI~,
devient birationnelle à unplan
affine. Pour une surface
rationnelle,
le groupeAo(X)
est un groupe detorsion.
Pour toute surface rationnelle on
dispose
d’uneapplication cycle
où S =
Sx
est le k-tore dual du modulegaloisien
libre detype
fini donnéPour J~ un corps de
nombres,
surface rationnelle et S =S‘X
lek-tore associé comme
ci-dessus,
le corps de classes donne naissance à une suiteexacte,
définisssantoù le dernier terme
peut
êtreréinterprété
commeHom(Br(X) /Br(k) , Q /Z) .
Le théorème suivant regroupe les résultats connus sur les surfaces
ra-tionnelles.
THÉORÈME
2.9. Soient k un corps de nombres et unek-surface
ra-tionnelle. Alors
(a)
Le groupeAo (X )
estfini.
(b)
Les groupes sontfinis
pour touteplace
v ES2,
et nuls pourpresque toute
place
v.(c)
Lesapplications -D :
Ao(X )
--+S)
et --+Hl
(kv,
S)
sontinjectives.
(d)
Si X est unfibré
enconiques
sur la droiteprojective,
alors l’obstruc-tion de Brauer-Manin à l’existercce d’unzéro-cycle
dedegré
1 surX est la seule: S’il existe une
famille
EITvEO
ZO(Xkv)
dezéro-cycles
dedegré
1 telle que21L11v(a(zv))
= 0pour tout
a E
Br(X),
alors il existe unzéro-cycle
z EZo(X)
dedegré
1 .(e)
Si X est unfibré
enconiques
sur la droiteprojective
Pl,
alors lecomplexe
de groupesfinis
est exact.
(f)
Si X est urtfibré
enconiques
sur la droiteprojective,
alors l’inclu-sioninduite
par ~
est unisomorphisme.
Le résultat
(e)
dit que pour une famille dezéro-cycles
dedegré
zéro,
l’obstructionproduite
par le groupe de Brauer est la seuleobstruc-tion à l’existence d’un
zéro-cycle global
z dedegré
zéro donnant naissanceLe
résultat (f)
dit que d’une donnée"motivique",
la donnée du modulegaloisien
Pic(X),
onpeut
déduire le groupe Ker~Ao(X) -~
et en
particulier
dans des circonstancesconvenables, prédire
l’existence declasses non nulles de
zéro-cycles,
qui
partout
localement sont triviales..
Pour les surfaces rationnelles fibrées en
coniques,
les résultats(a)
et(b)
sont dus à Bloch
[2],
le résultat(c)
est dans[12],
les résultats(d), (e)
et(f)
sont dus àSalberger
[38].
Pour les surfaces rationnellesquelconques,
par
exemple
les surfacescubiques lisses,
les résultats(a), (b)
et(c)
sontdans
[7],
mais les énoncés(d),
(e)
et(f) (conjectures
de Colliot-Thélène etSansuc
[12])
ne sont pas encore établis.Des extensions
possibles
de l’énoncé 2.9(f)
à de vastes classes de variétésont été
esquissées
par S. Bloch([3],
Conj.
3.16),
mais on nedispose
pas à cejour
d’autre évidence que celle fournie par l’énoncé ci-dessus(voir
cependant
[29]
et[25]).
3. Variétés de dimension
supérieure
En dimension
supérieure,
on nepossède
pour l’instant de résultats que pour des variétésqui
géométriquement
(i.e.
après
passage à une clôturealgébrique
du corps debase)
sont dominées par leproduit
d’une courbe etd’un espace
projectif.
Parmi ces
variétés,
on trouve cellesqui
sontgéométriquement
unira-tionnelles. Pour une telle variété
X,
il existe un entierpositif n
> 0 tel quepour tout surcorps
K/k,
le groupeAO(XK)
soit annulé par n. Par ailleursle groupe
Br(X) /Br(k)
est fini.Pour ces
variétés,
on a envie depréciser
lesconjectures
duparagraphe
1de la manière suivante :
CONJECTURES 3.1. Soient k 2cn corps de nombres et X une k-variété
pro-jective,
lisse etgéométriquement intègre, géométriquement
unirationnelle. Alors :(a)
le groupe est un groupefini.
(b)
Pour presque touteplace
v dek,
le groupeAO(Xkl1)
est nul.(c)
Pourchaque place
v dek,
le groupeAO(Xkl1)
estfini.
où les
applications
Hom(Br(X)/Br(k),
sontin-duites par
l’accouplemerct
(e)
L’obstruction de Brauer-Manin à l’existence d’unzéro-cycle
dedegré
un est la seule.
Remarque
3. .1.Même pour de telles
variétés,
et même pour cellesqui
sont(géométrique-ment)
rationnelles,
il n’est pas raisonnable deconjecturer
quel’accouplement
est non
dégénéré
àgauche
(à
la différence de cequi
se passe pour les surfaces(Théorème
2.3)).
Pour le cas desplaces
réelles,
il est facile de donner descontre-exemples
en utilisant le résultat de[9] :
onprend
pourXIR
uneintersection lisse de deux
quadriques
dansPR,
telle queX(R)
possède
deuxcomposantes
connexes réelles. Pour un corps de basep-adique
k,
Parimala et Suresh
[31]
ont donné unexemple
de variétéX/k
de dimension3,
fibrée enquadriques
de dimension deux au-dessusde
la droiteprojective
sur un corpsp-adique,
toutes les fibres étantgéométriquement intègres,
ettelle que
0,
alorsqu’on
vérifie facilement = 0.Remarque
3.1.,~.Soient l~ un corps de nombres et X une
k-compactification
lisse d’unk-groupe algébrique
linéaire connexe G. Onpeut
alors établir l’énoncé(b)
(nullité
de pour presque touteplace
v) :
cela résulte de[11]
(Corollaire
à laProp.
14,
p.205).
Par contre, mêmelorsque
G est unk-tore,
on ne sait pas établir la finitude des groupes et ni la suiteexacte de la
conjecture
3.1(d).
On sait que le groupequotient
du groupe despoints
rationnels par laR-équivalence,
est fini(Gille, [22]).
Quand
G est un k-toreT,
ondispose
( ~11~,
Prop.
19)
pour le sous-groupeT(K)IR
CAo(X)
([11],
Prop.
13)
d’une suite exacte comme souhaitée en(d),
ainsi que d’unisomorphisme
où S
désigne
le k-tore dual dePic(X),
cequi
implique
que le groupeS)
est un sous-groupe du groupe(ce
Les résultats de finitude obtenus pour le groupe en dimension
supérieure
portent
sur des variétés X fibrées au-dessus d’unecourbe,
la fibregénérique
étant"presque"
rationnelle. Plusprécisément,
soient k un corps,C/k
une courbeprojective,
lisse etgéométriquement intègre,
puis
X/k
unek-variété
projective,
lisse,
géométriquement intègre
et 7r : X - C unk-morphisme
plat, surjectif,
à fibregénérique
lissegéométriquement intègre.
On étudie le groupe(qui,
lorsque
C est de genrezéro,
coïncide avecAo(X)).
Soit K =k(C)
lecorps des fonctions de
C,
et soitXq
la fibregénérique
de 7r. On définit le groupe des normes N =NXfJ(K)
de la K-variétéX1]
comme le sous-groupeN C K*
engendré
par les sous-groupesNL~K(L*)
pourL/K
extension finie telle queX~ (L) ~
0.
On définit ensuite le sous-groupe C K* commele sous-groupe de K* formé des éléments
f
tels quedivc ( f )
On a alors laproposition
suivante([17]):
PROPOSITION 3.2. Soit : X -~ C comme ci-dessus.
Supposons
que pourtout
point
fermé
P EC, de
fibre
associéeXplk(P),
on aitAo(Xp)
= 0.Alors on
dispose
d’unisomorphisme
,Dans cet
énoncé,
la flèche n’est autre que cellequi
à une fonctionf
EKdn’
de diviseurdivc(f)
=7r*(z),
associe la classe duzéro-cycle
z.On notera que le groupe est annulé par le
degré
de toute extension avecX’TJ(L) =F 0.
Il en est donc de même des groupesKdnlN
etDans certains cas, on
peut
contrôler lequotient
Ainsi,
siest une variété de Severi-Brauer
d’algèbre simple
centrale associéeD/K,
alors N coïncide avec le sous-groupe
Nrd(D*)
C I~* des normes réduites.Si de
plus
D est d’indice n sans facteurcarré,
etpremier
à lacaractéristique
de
J~,
alors un théorème de Merkur’ev et Suslin[28]
donne unplongement
K* /N -
H-3 (K,
M02)@
l’application
associant à une fonctionf
E .~* lecup-produit
de la classe def
dansK*/.K*n ^_J
avec la classede D dans
H2(K, /-ln)
(groupe
qui
s’identifie à la n-torsion du groupe de Brauer deK) .
Onpeut
alors étudier le groupeCHo (XI C)
en étudiantl’image
de par la flècheH3(K, itO2).
Le
premier
résultat definitude,
obtenu par une méthode essentiellementTHÉORÈME 3.3. Soit X une variété
projective
et lisse sur un corpsk,
équipée
d’une ,fibration
7r : X - sur la droiteprojective,
la ,fibre
généri-que étant une variété de Severi-Brauer d’indicepremier.
(a)
Si k est un corpsp-adique,
le groupeAo(X)
estfini.
(b)
Si k est un corps denombres,
le groupeAo(X)
estfini,
et pourpresque toute
place
v dek,
le gro2cpe est nul.E. Frossard vient d’étendre ce résultat au cas où la droite
projective
estremplacée
par une courbeprojective
lisseG/k
de genrequelconque,
et où le groupeAo {X )
estremplacé
par sagénéralisation
CHo {X/C) .
Le cas où l’indice est 2
correspond
aux fibrations enconiques.
Latech-nique
évoquée plus
hautpermet
de traiter les variétés de dimension 3 fibrées au-dessus d’unecourbe,
la fibregénérique
étant unequadrique
de dimension 2(le
point
est que là encore on a un bon contrôle sur le groupe lV =N x 17
(K)
associé à une
quadrique
lisse de dimension2).
Le résultat suivantprovient
de[17],
complété
par[31] :
THÉORÈME
3.4. Soit X une variétéprojective, lisse, géométriquement
con-nexe sur un corpsk,
équipée
d’unefibration
1r : X -~ C sur urte courbeprojective,
lisse etgéométriquement
connexe C.S1.Lpposons
que lafibre
générique
est unequadrique
lisse de dimension 2. Alors(a)
Si k est un corpsp-adique,
le groupeC.Ho{X/C)
estfini.
(b)
Si k est un corps denombres,
le groupeCHo (X/C)
estfini,
et le groupeCHO(Xkv/Ckv)
est nul pour presque touteplace
v de k.Pour toute
quadrique
lisseY/F
définie par une formequadratique
q, on a uneinterprétation
simple
deNY {.F) :
c’est le sous-groupe de .~*engendré
par lesproduits
d’un nombrepair
de valeurs non nulles de q sur F. Maislorsque
le rang de q est au moins5,
on n’a pasd’interprétation simple
duquotient
F* /1VY {F) .
Cependant,
par une réductioningénieuse
au cas des dimensions relatives un et deux(Thm.
2.2 et Thm 3.4ci-dessus),
dans le casp-adique,
Parimalaet Suresh
[31]
ont réussi à établir le :THÉORÈME
3.5. Soit X 2cne variétéprojective,
lisse, géométriquement
con-nexe sur un corpsp-adique
k,
équipée
d’unefibration
7r : X -~ C’ sur unecourbe C
projective,
lisse etgéométriquement
connexe.Supposons
que lafibre
générique
de 7r est unequadrique
lisse de dimension au moins 1. Alors le groupeCHo {X/C)
est un groupefini.
ci-dessus,
et pour une fibration enquadriques
de dimension relative au moins3,
le groupepeut
être non nul. Sous les mêmeshy-pothèses
sur k etC,
onpeut
en fait poser laquestion
suivante. Soit q une formequadratique
nondégénérée
de rang 5 sur le corpsI~ ( ~’~ .
Lesous-groupe du groupe
multiplicatif
k(C~*
engendré
par lesproduits
d’unnombre
pair
de valeurs non nullesde q
est-il toutl~ { C ~ * ‘?
Ce serait le cas si toute formequadratique
sur en au moins 10 variables avait un zéro nontrivial,
a fortiori si c’était le cas pour les formes en 9 variables - c’estlà encore une
question
ouverte,
même pour C =Pl.
Lorsque k
est un corps denombres,
on ne sait établirl’analogue
duthéorème 3.4 que sous une
hypothèse
restrictive,
à savoir que la formequadratique
définissant la fibregénérique
contient une forme voisine d’une3-forme de Pfister
([17], [31]).
La
conjecture
1.5 ci-dessus fut formulée par Sansuc et moi-même[12]
en1981,
pour les surfaces rationnelles. L’évidence dont nousdisposions
alorsétait
numérique
(voir
aussi[40]).
Elle fut ensuite établie([15])
pour les surfaces deChâtelet, qui
sont les surfaces fibrées enconiques
non trivialesles
plus
simples.
PuisSalberger
[38]
l’établit pour toutes les surfaces fibréesen
coniques.
Dans le récent article[18], Syvinnerton-Dyer
et moi-même reprenons latechnique
deSalberger
et l’étendons à un cadreplus large.
Soit F un corps,
Fi /F
(i
=1, ... ,
n)
des extensions finiesséparables
deF, puis
Zil F
des F-variétés de Severi-Brauer. La variétésera
appelée
variété de Severi-Brauergénéralisée
(la
notationRFi/ F
désigne
la restriction à la
Weil~ .
Desexemples
de telles variétés sont bien sûr fournispar les variétés de Severi-Brauer
usuelles,
mais aussi par lesquadriques
lisses de dimension deux.
THÉORÈME
3.6([18]).
Soient k un corps de nombres et 7r : : X -P’
une k-variétéprojective, lisse,
géométriquement
intègre,
fibrée
au-dessusde la droite
projective.
Supposons
que lafibre générique
sur le corpsK .- est
K -isomorphe
à une variété de Severi-Brauergénéralisée.
Alors
(a)
L’obstruction de Brauer-Manin à l’existence d’unzéro-cycle
sur X(b)
Si Xpossède
unzéro-cycle
dedegré
1,
lesapplications
naturellesinduisent une suite exacte
Outre la
technique originale
deSalberger
[38],
nous utilisons une variantedans le cadre des
zéro-cycles
de l’énoncésuivant,
dégagé
dans la thèse de D. Harari[23] :
THÉORÈME
3.7. Soient k un corps de nombres etX/k
une variétéprojec-tive, lisse,
géométriquement intègre.
Soit U C X un ouvert de Zariski nonvide de
X,
soit A EBr(U)
un éléments du groupe de Brauer(cohomologique)
de U. Si A ne
provient
pas deBr(X),
alors il existe uneinfinité
deplaces
v de k telles quel’image
del’application
U(kv) -~
Br(kv),
qui
à M EU(kv)
associe
A(M),
contienne un élément non nul.(Ce
théorèmeprend
lecontrepied
de l’énoncéclassique
disant que si Aappartient
àBr(X),
alors pour touteplace v
de k sauf un nombrefini,
pourtout M E
X(kv),
on aA(M)
=0.)
’
Au cours des Journées
Arithmétiques,
P.Salberger
m’a informéqu’il
venait d’obtenir un résultat voisin du théorème 3.6. Satechnique
est assezdifférente,
il utilise les torseurs universels de[13].
Il serait intéressant d’étendre le théorème 3.6 au cas des fibrations 7r : X -
pl
dont la fibregénérique
est(birationnelle)
à un espaceho-mogène
d’un groupealgébrique
linéaire connexe.BIBLIOGRAPHIE
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