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Asymétrie dans l’acquisition du pronom clitique accusatif produit par les jeunes enfants : rôles du genre, des pronoms de dialogue et de l’omission

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Academic year: 2022

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Master

Reference

Asymétrie dans l'acquisition du pronom clitique accusatif produit par les jeunes enfants : rôles du genre, des pronoms de dialogue et de

l'omission

KRITZINGER, Cyril

Abstract

La recherche psycholinguistique a montré, aussi bien dans le développement ordinaire du langage ainsi que dans les pathologies développementales du langage oral que le pronom clitique accusatif (COD) est maîtrisé plus tardivement que les clitiques nominatifs et réfléchis.

Par ailleurs, des études récentes ont mis en évidence que la 3e personne du clitique accusatif est plus difficilement maîtrisée que les 1ère et 2e personnes. Tuller et al. (2011) forment l'hypothèse que certaines propriétés syntaxico-discursives inhérentes au clitique accusatif 3e personne sont à la source de la difficulté à produire celui-ci. Parmi ces propriétés figurent 1) le double accord morphosyntaxique (la 3e personne a un accord en genre supplémentaire), 2) la référence indépendante du discours énonciatif (la 3e personne n'est ni le locuteur, ni l'interlocuteur) et 3) le phénomène d'omission légitime en français parlé adulte de la 3e personne sous certaines conditions lexico-discursives. La présente étude a pour but, tout d'abord, de vérifier la plus grande difficulté à produire un clitique accusatif 3e [...]

KRITZINGER, Cyril. Asymétrie dans l'acquisition du pronom clitique accusatif produit par les jeunes enfants : rôles du genre, des pronoms de dialogue et de l'omission. Master : Univ. Genève, 2012

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:23486

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Section de Psychologie

RECHERCHE DE MAITRISE EN LOGOPEDIE

Asymétrie dans l’acquisition du pronom clitique accusatif

produit par

les jeunes enfants :

rôles du genre, des pronoms de dialogue et de l’omission

Septembre 2012

Mémoire effectué par Cyril Kritzinger

Sous la direction du Professeur Ulrich Hans Frauenfelder et du Docteur Hélène Delage Jury : Professeur Ulrich Hans Frauenfelder, Docteur Hélène Delage et Professeur Pascal Zesiger

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Remerciements

Je souhaite remercier tous ceux qui m’ont apporté leur aide, conseils, et soutien durant la réalisation de ce mémoire, en particulier :

Le Professeur Ulrich Frauenfelder pour l’encadrement de cette recherche, et spécialement, le Docteur Hélène Delage qui a fait preuve d’une grande disponibilité et qui m’a prodigué de judicieux conseils. Ses orientations et remarques constructives m’ont été d’un grand soutien.

Le Professeur Laurie Tuller pour avoir pris le temps de m’écouter et porter attention à notre recherche.

Le Professeur Zesiger pour sa disponibilité et pour avoir accepté de faire partie des membres de mon jury.

Les directeurs et enseignants des écoles primaires dans lesquelles j’ai pu constituer ma population d’enfants. Un grand remerciement aux enfants et à leurs parents, sans qui cette recherche n’aurait pu exister.

Ma collègue Roxane Deydier, dont l’énergie, la créativité et la motivation ont rendu ce travail de recherche très profitable et avec qui j’ai eu beaucoup de plaisir à collaborer pendant ces deux années.

Enfin, tous ceux qui m’ont aidé, par leur relecture et leurs recommandations, à faire de cette étude de master un travail qui compte.

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RÉSUMÉ

La recherche psycholinguistique a montré, aussi bien dans le développement ordinaire du langage ainsi que dans les pathologies développementales du langage oral que le pronom clitique accusatif (COD) est maîtrisé plus tardivement que les clitiques nominatifs et réfléchis.

Par ailleurs, des études récentes ont mis en évidence que la 3e personne du clitique accusatif est plus difficilement maîtrisée que les 1ère et 2e personnes. Tuller et al. (2011) forment l’hypothèse que certaines propriétés syntaxico-discursives inhérentes au clitique accusatif 3e personne sont à la source de la difficulté à produire celui-ci. Parmi ces propriétés figurent 1) le double accord morphosyntaxique (la 3e personne a un accord en genre supplémentaire), 2) la référence indépendante du discours énonciatif (la 3e personne n’est ni le locuteur, ni l’interlocuteur) et 3) le phénomène d’omission légitime en français parlé adulte de la 3e personne sous certaines conditions lexico-discursives. La présente étude a pour but, tout d’abord, de vérifier la plus grande difficulté à produire un clitique accusatif 3e personnes par rapport à la 1ère, difficulté précédemment observé par Tuller et al. (2011). La suite de notre étude propose de tester le rôle respectif et les interrelations des différentes propriétés impliquées dans la plus grande difficulté à produire la 3e personne du clitique accusatif chez des enfants francophones au développement langagier typique. Nous avons pour ce faire conçu ou adapté quatre protocoles expérimentaux, trois de production induite et un de jugement de grammaticalité. Ainsi, en évaluant 41 enfants âgés de 4 à 8 ans et répartis en deux groupes d’âge (4-6 et 6-8 ans), nous confirmons le décalage de production entre 1ère et 3e personne, notamment chez des enfants âgés de 4 ans. Puis nous montrons que le genre, la référence indépendante du discours énonciatif, ainsi que la sensibilité à l’omission légitime sont autant de facteurs qui rendent plus difficile la production du clitique accusatif 3e personne, et ce d’autant plus chez les enfants plus jeunes de notre étude.

(5)

TABLE DES MATIERES

Introduction 5

1. Partie théorique 6

1.1. Définition et propriétés du clitique accusatif 6

1.2. Acquisition du clitique accusatif 9

1.2.1. Dans le développement typique 9

1.2.2. Dans le développement atypique 13

1.2.3. Acquisition tardive : hypothèses explicatives 17

1.3. Acquisition du clitique accusatif 3e personne 18

1.4. Problématique et hypothèses théoriques 25

2. Partie expérimentale 29

2.1. Participants 29

2.2. Protocoles 30

2.2.1. Protocole de production du clitique accusatif 1ère vs. 3e personne 30

2.2.2. Protocole de production du genre du clitique accusatif 33

2.2.3. Protocole des pronoms de dialogue 37

2.2.4. Protocole de jugement de grammaticalité du clitique accusatif 42

2.2.5. Récapitulatif des hypothèses opérationnelles 45

3. Résultats 47

3.1. Analyses paramétriques 47

3.1.1. Protocole de production du clitique accusatif 1ère vs. 3e personne 47

3.1.2. Protocole de production du genre du clitique accusatif 49

3.1.3. Protocole des pronoms de dialogue 53

3.1.4. Protocole de jugement de grammaticalité du clitique accusatif 55

3.2. Analyses non paramétriques 57

3.3. Analyses complémentaires 57

4. Discussion 60

4.1. Interprétation des résultats 60

4.2. Questions ouvertes, conclusions et perspectives 72

Bibliographie 75

Liste des annexes 82

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INTRODUCTION

Le pronom clitique accusatif (ou pronom personnel COD) est acquis plus tardivement que les autres clitiques (nominatif et réfléchi). Certains auteurs ont proposé l’omission de ce pronom comme étant un potentiel marqueur clinique de trouble spécifique du langage « TSL » en français (Paradis, Crago, Genesee, & Rice, 2003) et de manière plus générale de développement langagier atypique (Tuller et al. 2011). D’après Tuller et ses collaborateurs, ce serait surtout la 3e personne du clitique accusatif (vs. 1ère/2e personne) qui causerait le plus de difficultés en production à ces populations (au développement langagier atypique) comme chez les jeunes enfants bénéficiant d’un développement du langage typique. Ces auteurs énoncent plusieurs propriétés du clitique accusatif 3e personne (que les 1ère/2e personnes n’ont pas) qui seraient à la source de la difficulté à produire celui-ci. Parmi ces propriétés figurent : 1) le double accord morphosyntaxique (la 3e personne a un accord en genre supplémentaire), 2) la référence indépendante du discours énonciatif (la 3e personne n’est ni le locuteur, ni l’interlocuteur) et 3) le phénomène d’omission légitime en français parlé adulte de la 3e personne sous certaines conditions lexico-discursives. Ces propriétés ont été peu étudiées, que ce soit dans le développement langagier typique ou atypique. Le but de notre étude est de mieux cerner le rôle respectif et conjoint de ces trois propriétés dans la production orale du clitique accusatif 3e personne chez des enfants au développement langagier typique âgés de 4 à 8 ans. Une meilleure compréhension des propriétés du clitique accusatif 3e personne, pourrait permettre par la suite de cibler une prise en charge logopédique sur des aspects fins de la morphosyntaxe déficitaire de certains enfants présentant un développement langagier atypique.

Dans la première partie de cette étude, une revue de littérature nous permet de présenter la définition et les propriétés du clitique accusatif, son acquisition dans le développement typique et atypique ainsi que certaines hypothèses explicatives liées à son acquisition tardive.

Nous nous concentrons ensuite sur l’acquisition du clitique accusatif 3e personne par rapport aux 1ère et 2e personnes et particulièrement sur les propriétés spécifiques à la 3e personne.

Dans la seconde partie, nous exposons nos protocoles expérimentaux et nos hypothèses de recherche. Nous abordons ensuite, dans la troisième partie, les résultats issus de nos analyses statistiques. Enfin, la quatrième et dernière partie concerne l’interprétation de nos résultats.

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1. Partie théorique

Dans cette étude, nous cherchons à préciser le rôle des facteurs susceptibles d’expliquer la plus grande difficulté à produire le clitique accusatif 3e personne par rapport aux 1ère et 2e personnes. Tout d’abord, nous commençons cette partie par les terminologies associées aux pronoms clitiques, puis parcourons la littérature psycholinguistique concernant l’acquisition de ce pronom dans le développement du langage typique et atypique. Nous présentons ensuite des hypothèses explicatives quant à la difficulté de maîtrise du clitique accusatif, pour enfin examiner certaines études qui traitent plus particulièrement de l’acquisition de la 3e personne de ce pronom. Nous terminons cette partie par l’exposition de notre problématique, ainsi que nos hypothèses de travail.

1.1. Définition et propriétés du clitique accusatif

Les pronoms clitiques font partie des pronoms personnels dans la grammaire standard de la langue française. On considère les pronoms « faibles », aussi appelés « clitiques ». On en distingue principalement trois catégories : les clitiques nominatifs, objets et réfléchis. Parmi les clitiques objets, on peut séparer les datifs des accusatifs1. Les clitiques « répondent à une micro-grammaire qui leur impose une position syntaxique bien spécifique, différente de celle des constituants nominaux. » (Choi-Jonin & Delhey, 1998). Plus précisément, ils

« s’accrochent pour ainsi dire au verbe (devant lui) ou à l’auxiliaire et ne peuvent en être séparés » (Delage, 2008 : 84). Les clitiques s’opposent aux pronoms « forts » qui ne possèdent pas les mêmes propriétés. Tous sont présentés dans le tableau 1.

Tableau I - Pronoms de la langue française: « faibles » et « forts »

1 Notons que notre étude s’intéresse au pronom clitique accusatif 3e personne (singulier).

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Les pronoms clitiques possèdent diverses propriétés de surface que les pronoms forts n’ont pas et qui sont décrites par Kayne (1975) et Cardinaletti et Starke (1999). Ainsi, les pronoms clitiques ne peuvent pas être :

1. Accentués: JEAN, d’accord. Lui, d’accord.

*Il, d’accord. 2 *Le, d’accord.

2. En isolation: Qui arrive ? JEAN. Lui.

*Il. *Le.

3. Modifiés: Je prends seulement mes jouets. Je prends seulement eux.

*Je prends les seulement.

4. Clivés: C’est JEAN que j’aime. C’est lui que j’aime.

*C’est le que j’aime.

5. Coordonnés: JEAN et LEA viennent. Elle et lui viennent.

*Il et elle viennent.

6. Séparés du verbe: *Je lave souvent le.

Sauf par un autre clitique: Je le lui envoie.

7. Après une préposition: Je parle à JEAN. Je parle à lui. *Je parle à il.

Intéressons-nous plus spécifiquement au pronom clitique accusatif qui possède des particularités que les autres pronoms clitiques n’ont pas. Premièrement, dans la conception de grammaire universelle décrite par Chomsky, l’objet est toujours pronominalisé en position non-canonique dans la phrase (Tuller et al., 2011). La position canonique3 d’un énoncé correspond à un certain ordre dans lequel sont mis les différents syntagmes impliqués. L’ordre dit « canonique » pour la langue française se transcrit par l’ordre suivant : Sujet, Verbe, Objet (SVO). Un exemple tiré Riegel et al. (1994, cité dans Gautier, 2006) illustre en [1] cette ordre linguistique.

[1] S V O

[Marie]

[

[chante] [une chanson]

]

.

2 Le « * » indique la nature agrammaticale de l’énoncé.

3 Comme définie par Riegel et al. (1994, cité dans Gautier, 2006)

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Lorsqu’un locuteur emploie un énoncé comprenant un pronom clitique accusatif, les syntagmes produits sont dans un ordre différent. En effet, le pronom clitique accusatif se trouve dans une position non canonique, c’est-à-dire qu’il vient se positionner en position préverbale, à l’opposé d’une position canonique où il se trouverait après le verbe. Ainsi, selon Belletti (1999) et Jakubowicz, Nash, Rigaut et Gerard (1998), pour pronominaliser le clitique accusatif, le locuteur doit passer d’un énoncé où l’objet est en position canonique (postverbale) à celui où l’objet (devenu pronom) est en position non canonique (préverbale).

Un exemple de cette opération est illustré par un arbre syntagmatique sur les figures 1, 2 et 3.

Cela l’oppose au clitique nominatif qui, lui, est initialement en position préverbale.

Figure 1 – Position canonique de l’objet Figure 2 – Pronominalisation de l’objet

Figure 3 – Position non canonique du pronom clitique accusatif

En outre, dans la langue française, le pronom clitique accusatif est généralement produit en cooccurrence avec un pronom clitique nominatif. Cette cooccurrence arrive même lorsque qu’un sujet sous forme nominale est déjà présent, comme dans l’exemple ci-dessous.

Exemple : Le gâteau, il le mange.

Il s’agit là d’un phénomène de dislocation, donnant aux deux pronoms clitiques une position préverbale (Tuller et al., 2011). Cela l’oppose au pronom clitique nominatif qui, lui, est souvent utilisé seul. Enfin, le pronom clitique accusatif n’a pas son référent dans son domaine local. Ceci fait référence à la théorie du liage (Chomsky, 1981). Elle est composée de deux

proi

pro pro

pro Vj

tj

Vj

tj

tj

Vj

ti

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principes. Le principe A stipule qu’un pronom réfléchi doit avoir un référent directement dans l’énoncé (dans son domaine local). Le principe B indique qu’un pronom non-réfléchi doit avoir un référent en dehors de son énoncé (en dehors de son domaine local). Ceci est le cas du clitique accusatif. Ces deux pronoms se distinguent donc en ce point, ce qu’illustrent les exemples suivants (tiré de Zribi-Hertz, 1994) :

[Principe A] : Jeani sei /∗sej chatouillait (le pronom réfléchi se fait référence à Jean)

[Principe B] : Jeani lej /∗lei chatouillait (le pronom accusatif le n’a pas de référent dans l’énoncé)

1.2. Acquisition du clitique accusatif

Nous continuons par une revue des données présentes dans la littérature psycholinguistique concernant le développement du clitique accusatif d’abord dans le développement du langage ordinaire, et dans un second temps, dans le développement atypique.

1.2.1. Dans le développement typique

Maintenant que nous avons cerné la nature du clitique accusatif, nous allons nous intéresser à son acquisition dans la langue française par rapport aux autres types de clitiques. Les données développementales observées offrent un consensus dans la communauté des chercheurs en ce qui concerne l’ordre d’acquisition du clitique accusatif vis-à-vis des autres clitiques. Ainsi, Hamman, Rizzi et Frauenfelder (1995), dans une analyse de corpus de langage spontané d'un enfant francophone monolingue suivi pendant dix mois à partir de l'âge de 2 ans montrent que le clitique nominatif est présent dès les premières productions, tandis que le clitique accusatif n’apparait qu’à 2;2 ans. Les clitiques nominatif sont produit de manière homogène jusqu’à 2;6 ans et sont dans plus de la moitié des énoncés verbaux. La production des clitiques accusatifs, quasiment absente entre 2 et 2;6 ans, n’augmente que dans les dernières périodes d’enregistrement. À 2;9 ans, le taux de production des clitiques accusatifs n’atteint que 14 % (dans les contextes clitiques obligatoires) contre 63 % pour les clitiques nominatifs. Selon Hamman et ses collaborateurs, il existe donc un délai entre l’émergence du clitique accusatif et nominatif, en faveur de ce dernier. Jakubowicz et al. (1998) observent aussi ce délai entre ces deux types de clitiques chez 20 enfants francophones âgés de 5;6 à 5;11 ans, en

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production induite. Ces auteurs remarquent en plus un délai entre le clitique accusatif et le clitique réfléchi, ce dernier étant produit plus précocement que le premier. Ainsi, Jakubowicz et al. (1998) émettent un ordre hiérarchique d’acquisition des pronoms clitiques. Le pronom nominatif est acquis avant le réfléchi qui lui-même est acquis avant l’accusatif. Jakubowicz et Rigaut (2000) utilisent une évaluation de langage spontané ainsi qu’une tâche de production induite pour observer cette même hiérarchie. Leur population est composée de 12 jeunes enfants monolingues francophones âgés de 2 à 2;7 ans. Zesiger et al. (2010) utilisent une tâche de production induite qui consiste à montrer des photographies à l’enfant et à lui poser une question associée dans le but de lui faire produire trois types de clitiques (nominatifs, réfléchis et accusatifs). Ces auteurs montrent également qu’il existe un délai d’acquisition important entre les trois types de clitiques. Ils testent 99 enfants francophones âgés de 3;5 à 6;5 ans. Les participants n’atteignent des taux de production (du clitique accusatif) de 90 % qu’à partir de l’âge de 6 ans alors que les clitiques nominatifs sont plafonnés dès l’âge de 3 ans. Les clitiques réfléchis, quant à eux, sont déjà produits à un taux de 85 % à l’âge de 4 ans.

Van der Velde (2003) montre des résultats similaires chez 36 enfants âgés de 3 à 6 ans, en production induite. Les enfants de 3 ans ont un taux de 96 % pour les clitiques nominatifs, 85 % pour les clitiques réfléchis et 44 % seulement pour les clitiques accusatifs. Tuller et Jakubowicz (2004) dans une tâche de production induite (où l’enfant doit répondre à des questions suite à la présentation commentée d’une image) observent des résultats chez 36 enfants francophones âgés de 3 à 6 ans qui vont dans le même sens que l’étude de Zesiger et al. (2010). Tuller et al. (2011) ont également utilisé une tâche de production induite, mais chez de enfants francophones de 6 (N = 24) et 11 ans (N =12). Leurs résultats corroborent cet ordre d’acquisition des clitiques. Tsedryk et Punko (2008) observent également dans une analyse de productions spontanées de deux enfants âgés respectivement de 1;9 à 3;1 ans et de 3 à 4;3 ans la même hiérarchie d’acquisition. Ces auteurs ajoutent qu’il existe une dissociation à l’intérieur du groupe des pronoms objets : les clitiques accusatifs apparaissent plus tôt et sont plus fréquents que les clitiques datifs. Ceci complète donc l’ordre d’acquisition des clitiques déjà établi : nominatif < réfléchi < accusatif < datif.4

Ce délai d’acquisition entre les clitiques est aussi observé en compréhension. Zesiger et al.

(2010) utilisent notamment une tâche de jugement. Cette dernière consiste en la présentation d’une image, l’enfant écoute une marionnette décrire une image (photo) et est invité à dire si

4 « < » signifie « est acquis avant ».

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la marionnette a bien décrit cette image. Avec cette tâche, Zesiger et ses collaborateurs observent un délai dans la maîtrise du clitique accusatif et réfléchi, en faveur de ce dernier.

Van der Velde (2003), quant à elle, emploie une tâche de désignation d’images. Elle teste la compréhension des clitiques nominatifs, réfléchis et accusatifs et obtient des résultats allant dans le même sens que la hiérarchie d’acquisition trouvée en production. On observe donc au travers des différentes études présentées ci-dessus que le délai d’acquisition entre les pronoms nominatif, réfléchi et accusatif est visible dans une grande variété de tâches, cela autant dans le versant productif que réceptif.

Concernant la différence entre production et compréhension du pronom clitique accusatif, Zesiger et al. (2010) comparent les résultats de leur tâche de production induite avec ceux de leur tâche de jugement et trouvent un délai en faveur des performances en compréhension.

Van der Velde (2003) trouve la même différence entre production et compréhension avec ses tâches de désignation d’images et de production induite. Les résultats de Grüter (2006) vont dans le même sens. Elle utilise une tâche de jugement sur l’omission des clitiques accusatifs.

Dans cette dernière, les enfants jugent la congruence entre : 1) une phrase avec une omission du clitique accusatif et 2) une image. Certaines des phrases test n’ont pas d’omission de ce clitique. L’auteur observe que les participants jugent correctement la congruence entre images et phrases avec omission du clitique accusatif. Autrement dit, ils rejettent les phrases avec omission de l’objet, alors qu’ils présentent dans une tâche de production (récit d’histoire en images) un pourcentage significatif d’omission du clitique accusatif.

Pour une revue des différentes études qui portent sur l’âge de production du pronom clitique accusatif, on peut se référer à Grüter (2006). Elle présente les différents taux de production du clitique accusatif entre les âges de 2;4 et 6;7 ans. Ces résultats sont présentés dans le tableau 2. On remarque que les enfants avant 3 ans ne dépassent pas un taux de production de 50 %, de même que les plus âgés (6;7 ans) n’atteignent pas un taux plafond de 100 %.

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Tableau II. Taux de production du clitique accusatif par étude (adapté de Grüter, 2006)

Etudes Âge moyen Nombre de participants Taux de production du clitique accusatif Jakubowicz & Rigaut

(2000)

(cf. Jakubowicz et al., 1997)

2;4

2;5

5

7

0 %

21.1 % Van der Velde et al.

(2005) 2;5 3 < 25 %

Pérez-Leroux et al.

(2005) 3;6 27 ~10 %

Van der Velde (2003) - expérience 1 -

3;3 4;2 6;7

12 12 12

44.1 % 78.6 % 91.7 %

Van der Velde (2003) - expérience 2 -

3;5 4;2 6;4

12 12 12

53.2 % 74.0 % 97.6 %

Chillier-Zesiger et al.

(2001, 2003)

4;0 4;9 5;3 5;9 6;3

18 20 19 22 20

68.5 % 88.1 % 88.7 % 93.9 % 90.0 %

Lorsque le clitique accusatif n’est pas produit, différents types de production sont observés.

Jakubowicz et Rigaut (2000) regardent les réponses non attendues produites à la place des clitiques accusatifs et indiquent que les enfants de leur étude produisent surtout un groupe nominal (DP lexicaux) en lieu et place du clitique accusatif.

Exemple : « Elle montre une girafe. » (À la place de « elle la montre »)

Les enfants produisent aussi des pronoms forts (ex. « met ça ») ou font des omissions du clitique accusatif (ex. « Je (la) connais »). Il faut préciser que les DP lexicaux sont considérés comme des réponses grammaticales mais discursivement et pragmatiquement inappropriées, car ils reprennent le référent déjà présent dans l’énoncé précédent. De leur côté, Zesiger et al.

(2010) observent chez leurs participants un taux d’omission du clitique accusatif de 21 % à 4 ans et de 2,5 % à 6 ans. Ils notent aussi la présence non négligeable de DP lexicaux chez des enfants âgés de 3 à 6 ans. Ils relèvent enfin un taux d’erreurs de genre stable entre 4 et 6 ans (entre 10 et 16 %). Ils précisent qu’une asymétrie est observable dans la direction de ces

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erreurs de genre : le pronom accusatif féminin la est plus souvent remplacé par son homologue masculin le, l’inverse ne se produisant que rarement. En bref, les résultats de leur étude tous groupes d’âge confondus montrent que près de 30 % des pronoms clitiques accusatifs produits ont une erreur d’accord en genre. D’autres auteurs ont observé le type de réponses produites en lieu et place du clitique accusatif, notamment Van der Velde (2003).

Elle note un taux d’omission de ce clitique de 25,6 % à 3 ans, 5,7 % à 4 ans et 0 % à 6 ans.

Comme dans les études précédentes, elle observe la présence de DP lexicaux à la hauteur de 20,5 % à 3 ans, 9,3 % à 4 ans et 7,3 % à 6 ans. Van der Velde remarque aussi que les enfants âgés de 3 ans utilisent autant des DP lexicaux que des omissions du clitique accusatif, alors que la production de DP lexicaux domine les réponses non attendues chez les 4-6 ans. Dans sa thèse, Grüter (2006) observe également chez de jeunes enfants francophones (âge moyen = 3;7 ans) un grand pourcentage de DP lexicaux produits. Elle remarque que les omissions sont surtout réalisées entre 3 et 6 ans, et diminuent fortement avec l’âge. Les réponses non attendues reportées par Tuller et al. (2011), chez des enfants francophones âgés de 6 ans, corroborent les résultats obtenus dans les études précédentes. Ayant maintenant une bonne représentation de l’acquisition de ce pronom dans les populations au développement du langage ordinaire, intéressons-nous à la maîtrise de ce clitique dans le développement langage atypique.

1.2.2. Dans le développement atypique

Tuller et al. (2011) et Tuller et Jakubowicz (2004) relatent qu’un faible taux de production du pronom clitique accusatif est reconnu dans la littérature (essentiellement basée sur des études d’enfants avec TSL) comme étant un indice robuste d’un développement atypique de la morphosyntaxe du français. Delage (2008) ajoute dans sa thèse que les enfants ayant un développement du langage atypique ont des productions pour le clitique accusatif qui ressemblent à celles des jeunes enfants au développement langagier ordinaire. Cette ressemblance implique la même hiérarchie d’acquisition (clitiques nominatifs > réfléchis >

accusatifs ; compréhension > production) et le même profil de réponses non attendues (DP lexicaux et omissions du clitique accusatif). Ceci est corroboré par Jakubowicz et al.

(1998) qui remarquent chez 13 enfants avec TSL âgés entre 5;7 et 13 ans cette même hiérarchie de maîtrise des clitiques que pour les jeunes enfants au développement langagier typique (nominatif < réfléchi < accusatif, cf. chapitre 1.2.1.). En effet, c’est d’abord dans des études portant sur des enfants avec TSL que le pronom clitique accusatif a été mis en

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évidence comme étant difficile à produire. Dans leur étude, Jakubowicz et al. (1998) montrent via une tâche de production induite que le pronom clitique réfléchi « se » est significativement plus produit que le pronom clitique accusatif « le », et de la même façon, le taux des pronoms clitiques nominatifs est significativement plus élevé que celui du pronom clitique accusatif.

De leur côté, Paradis, Crago et Genesse (2003) comparent la production de corpus en langage spontané de a) sept enfants avec TSL bilingues (simultanés) français-anglais (âge moyen = 7;3 ans), b) 10 enfants avec TSL monolingues francophones (âge moyen = 7;6 ans) avec celle de c) deux groupes d’enfants au développement langagier ordinaire monolingues francophones5 et d) un groupe bilingue français-anglais6. Paradis et ses collaborateurs observent respectivement pour les groupes avec TSL, a) et b), des taux de production du clitique accusatif de 70 % et 47 %, résultats significativement inférieurs au groupe au développement langagier ordinaire, c) et d) (environ 75 % pour les plus jeunes âgé de 3 ans et un taux plafond pour les plus âgés âgé de 7 ans). Paradis et ses collègues qualifient ainsi le clitique accusatif de « problematic area in French SLI ». D’autres études mettent en évidence la difficulté de maîtrise du clitique accusatif chez des enfants avec TSL, dans des tâches de production induite (Tuller et al., 2011 chez 37 participants francophones âgés de 11;5 à 20;5 ans ; Chillier-Zesiger, 2006 chez 11 enfants âgés de 4;10 à 8;10 ans), mais aussi dans des analyses de corpus en langage spontané, notamment Hamann et al. (2003) chez 11 enfants âgés de 3;10 à 7;11 ans.

D’autres auteurs ont mis en évidence le fait que la difficulté à produire un clitique accusatif 3e personne ne se limite pas aux enfants avec TSL mais touche une population plus étendue. Le faible taux de production du pronom clitique accusatif (comparé aux autres types de pronoms clitiques) est également une difficulté présente chez des enfants apprenant L27, comme observé par Hamann et Belletti, (2006) chez deux jeunes enfants bilingues âgés de 3;5 à 5;5 ans (voir aussi Paradis et Crago, 2000 chez 10 enfants anglophones apprenants L2 âgés de 7 ans ; Prévost, 2006 en langage spontané chez deux enfants apprenants anglophones L2 (français), âgés de 5 ans et suivis pendant 29 mois, cité par Tuller et al., 2011). Les enfants apprenants L2 semblent donc avoir la même fragilité envers le pronom accusatif que des enfants avec TSL. De son côté, Grüter (2005) observe dans une tâche de production induite et dans une tâche d’appariement phrases-images des enfants avec TSL (6 participants de 6 à

5 Les deux groupes sont composés respectivement de 10 participants avec un âge moyen de 3;3 ans pour le premier et 7;3 ans pour le second.

6 Le groupe comprend neuf participants avec un âge moyen de 3;3 ans.

7 L2 = apprenants d’une langue seconde

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9 ans) et des apprenants L2 (7 participants de 6 à 7 ans). Les résultats révèlent des résultats similaires en production et en compréhension du clitique accusatif : les deux populations atypiques ont des taux significativement inférieurs à ceux d’enfants tout-venants âgés de 6 ans sur le versant productif, alors qu’ils ne montrent pas ce délai sur le versant réceptif.

Jakubowicz et al. (2000) et Jacq, Fuet et Tuller (1999) rapportent dans des tâches de production induite que des enfants avec déficience auditive sévère ou profonde âgés de 6 à 13 ans ont un taux important d’omission du clitique accusatif. Les auteurs observent aussi les dissociations déjà mentionnées en amont, entre les clitiques nominatifs et réfléchis d’un côté et le clitique accusatif de l’autre. Delage et Tuller (2007) trouvent aussi une difficulté de maîtrise du clitique accusatif dans une tâche de production induite avec une population de 19 adolescents francophones avec déficience auditive légère ou moyenne (âge moyen = 13;8 ans). Les auteurs ont trouvé que le groupe d’adolescents avec déficience auditive manifestait des difficultés morphosyntaxiques significatives et notamment pour le clitique accusatif. Cela les situait au niveau d’adolescents avec TSL du même âge (N = 12 ; âge moyen = 14;8 ans). Pour sa part, Monjauze (2007), dans une population d’enfants et d’adolescents épileptiques âgés de 7 à 18 ans (présentant une épilepsie rolandique8) suivis de manière longitudinale, a également observé des difficultés spécifiques pour le clitique accusatif alors que les clitiques nominatifs et réfléchis étaient significativement plus produits.

Pour résumer ces données, Delage écrit dans sa thèse que « les variables morphosyntaxiques identifiées comme étant sources de difficultés sont les mêmes, quel que soit le contexte du développement atypique. » (Delage, 2008 : 92).

De plus, la difficulté de maîtrise pour cet item grammatical (le clitique accusatif) est attribuée à des propriétés spécifiques de la syntaxe française et non pas à sa forme de surface. Ces propriétés syntaxiques visent seulement le clitique accusatif et non ses homophones articles définis (Tuller & Jakubowicz, 2004). Pour arriver à ce constat, Tuller et sa collègue utilisent des protocoles de production induite et de compréhension (appariement phrase-image) dans une population de 20 enfants sourds moyens, divisée en deux groupes, un âgé de 6 à 8 ans et l’autre de 9 à 13 ans. Laurie Tuller et Célia Jakubowicz observent aussi 10 enfants avec TSL (âge moyen = 7;5 ans). Tous ces enfants sont testés notamment sur la maîtrise du clitique

8 L’épilepsie rolandique est une épilepsie idiopathique focale (qui n’est pas associée à des lésions cérébrales) qui touche les aires cérébrales du langage. Elle survient dans l’enfance (entre 3 et 13 ans). Les décharges liées à cette épilepsie disparaissent avant l’âge adulte. Elle a tout de même des conséquences sur le développement du langage, notamment en provoquant des déficits dans le domaine de la morphosyntaxe. Il est à noter que ce diagnostic exclut le déficit intellectuel.

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accusatif, mais aussi sur celle des articles définis le, la, les (homophones du clitique accusatif). D’après leurs résultats, les deux auteurs remarquent que les articles définis sont mieux produits que leurs homophones clitiques accusatifs. Ils observent également une différence significative pour la dissociation entre la production et la compréhension du clitique accusatif. Ils en concluent que la difficulté de maîtrise du pronom clitique accusatif serait imputable aux propriétés syntaxiques et non phonologiques de ce pronom. À ce sujet, Paradis (2007b,cité dans Paradis, 2010) examine les données provenant de deux études entre des bilingues simultanés français-anglais âgés de 7 ans avec TSL et leurs pairs monolingues avec TSL dans chaque langue respective (Paradis, Crago, Genesee &, 2005/2006 ; Paradis, Crago, Genesee, & Rice, 2003). Prises ensemble, ces études ont examiné 10 morphèmes grammaticaux différents en production spontanée, dont des clitiques accusatifs en langue française. Sur ce point, Paradis mentionne que la faible saillance phonologique du pronom clitique accusatif n’a pas de rôle décisif dans son acquisition. Elle ajoute que les participants des différentes études ont plus de difficultés avec ce pronom qu’avec l’article défini homophone en français. Le constat selon lequel ces morphèmes grammaticaux ne sont pas touchés de manière identique alors qu’ils sont pourtant tous phonologiquement réduits, ainsi que la dissociation expression/compréhension, invalident dès lors l’hypothèse du déficit du traitement temporel auditif, émise par Tallal en 1976. Selon elle, les enfants avec TSL auraient une capacité réduite dans la reconnaissance et la discrimination phonologique brève, c’est-à-dire qu’ils présentent des difficultés à discriminer les phonèmes courts d’une langue (à savoir les occlusives). Selon cette hypothèse, ces difficultés sont la conséquence d’une difficulté plus globale à traiter des séquences de signaux acoustiques brefs qui se succèdent rapidement. Les items grammaticaux de saillance phonologique réduite comme les clitiques ou les articles définis seraient donc difficilement maîtrisables pour des personnes avec TSL.

Comme mentionné dans le paragraphe précédent, la fragilité dans la maîtrise du pronom clitique accusatif apparaît comme un indice robuste d’un développement atypique de la morphosyntaxe du français. Paradis et al. (2003) proposent l’omission du pronom clitique accusatif comme un potentiel marqueur clinique de TSL en français. Les auteurs définissent un marqueur clinique comme étant un aspect du langage qui est maîtrisé chez des personnes au développement du langage typique, alors qu’il est instable dans une population du même âge au développement langagier atypique. La difficulté de maîtrise de cet aspect du langage permet ainsi de mieux cerner une population clinique. D’autres auteurs font mention de ce marqueur pour les populations avec TSL (Paradis, 2010 ; Parisse & Maillart, 2004). Enfin,

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comme nous l’avons vu au paragraphe précédent, le clitique accusatif constitue actuellement un marqueur de trouble du langage, non spécifique à une pathologie en particulier, mais plutôt sensible à une acquisition atypique en général (Tuller et al., 2011 ; Tuller &

Jakubowicz, 2004). Ce marqueur semble bien être pertinent même après l’enfance. Ainsi, Delage et Tuller (2007) mettent en évidence chez des adolescents avec déficience auditive légère ou moyenne âgés de 11 à 15 ans, comparés à 12 adolescents (et jeunes adultes) avec TSL âgés de 11 à 19 ans, des difficultés spécifiques sur la production du clitique accusatif (3e personne), alors que les autres types de clitiques ont des taux plafonnés. À ce propos, Tuller et al. (2011) observent que 37 adolescents avec TSL (âge moyen = 14;8 ans) ont toujours des difficultés dans la production du clitique accusatif. Il est significativement moins produit que les autres types de pronoms clitiques chez ces adolescents. De plus, les enfants au développement du langage typique de cette étude âgés de 11 ans ont des taux plafonds pour tous les types de pronoms clitiques, alors que les enfants de 6 ans ont le même pattern d’erreur que les adolescents avec TSL.

1.2.3. Acquisition tardive : hypothèses explicatives

L’acquisition tardive du pronom clitique accusatif est donc un fait argumenté. Il n’existe aujourd’hui pas de consensus quant à l’explication de ce phénomène, mais néanmoins certains auteurs ont émis plusieurs idées. Ainsi, Belletti (1999) et Jakubowicz et al. (1998, 2000) proposent une hypothèse impliquant la nature des opérations syntaxiques. Plus précisément, le pronom clitique accusatif nécessite un déplacement en une position non canonique (cf.

chapitre 1.1), ce qui le rendrait plus complexe et donc plus difficile à maîtriser. Zesiger et al. (2010), quant à eux, parlent de croisement de chaîne, opposant ainsi le pronom clitique accusatif au réfléchi. Le croisement de chaînes pour l’accusatif rendrait l’opération de mouvement plus complexe, alors que les chaînes sont emboîtées pour le pronom clitique réfléchi. Une illustration de ce croisement de chaîne est visible sur la figure 4.

Figure 4. Croisement de chaînes pour la production du pronom clitique accusatif

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D’un autre point de vue, Sportiche (1996), Wexler et al. (2004) et Grüter (2005) énoncent l’hypothèse du nombre d’opérations syntaxiques plus importantes lors de l’utilisation d’un pronom clitique accusatif. Cette utilisation implique des vérifications successives et à distance des traits grammaticaux qui rendent le traitement linguistique coûteux en ressource de traitement. Une autre théorie que défendent Jakubowicz et Rigaut (2000), Grüter (2008) et Tuller et al. (2011), quant à la complexité de ce pronom, évoque la référence non locale des pronoms clitiques accusatifs. Ce concept linguistique fait appel à la théorie du liage évoquée par les théories générativistes (cf. chapitre 1.1). Ce paramètre impliquerait des capacités de mémoire de travail9 (MDT). En effet, comme le référent du pronom ne se trouve pas directement dans l’énoncé, le locuteur doit effectuer un plus long cheminement pour aller chercher l’information dans le discours, ce qui requiert des capacités mnésiques de maintien et de traitement de l’information. Enfin, d’autres auteurs invoquent une combinaison de tous les facteurs précédemment explicités, notamment Paradis et al. (2003) et Tuller et al. (2011).

Ils expliquent que le pronom clitique accusatif implique une grande complexité computationnelle ce qui rend difficile son acquisition et/ou sa maîtrise. Sa production requiert de grandes ressources cognitives, impliquant notamment la MDT (voir Grüter, 2006; Hamann et al., 2007; Jakubowicz, 2005; Jakubowicz & Strik, 2008; Tuller et al., 2006, cité dans Tuller et al., 2011). La MDT semble influencée par le degré de complexité syntaxique impliquée dans la maîtrise du clitique accusatif. La complexité syntaxique d’après Jakubowicz (2005, 2011) et Jakubowicz et Strik (2008), correspond au nombre et à la nature des opérations syntaxiques effectuées. Cette complexité du clitique accusatif se manifeste par son faible taux de production, son taux élevé d’erreurs et d’omissions ainsi que d’autres formulations non attendues (DP lexicaux). L’acquisition du pronom clitique accusatif est donc un bon exemple de cette complexité. D’autres auteurs sont allés plus loin en s’intéressant plus spécifiquement à l’acquisition et à la complexité syntaxique du clitique accusatif 3e personne.

1.3. Acquisition du clitique accusatif 3e personne

Jusqu’ici, les données précitées dans des tâches de production induite n’impliquent que des pronoms à la 3e personne, en ce qui concerne l’accusatif. Il est vrai que peu d’études se sont intéressées aux différences d’acquisition en production des différents types de personnes,

9 Définie par Baddeley (1993) comme « un système de maintien temporaire et de manipulation de l’information nécessaire à la réalisation de tâches cognitives complexes telles que l’apprentissage, le raisonnement et la compréhension ».

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comme le mentionnent Coene et Avram (2011). Concernant le domaine de la compréhension, nous ne connaissons aucune étude ayant traité ce thème de recherche. Pour revenir au versant productif, Belzil (2007) explique que pour l’analyse de corpus en langage spontané (en français), la 3e personne est la seule observée, car la présence des clitiques accusatifs 1ère et 2e personnes est insuffisante pour pouvoir tous les comparer (moins de trois occurrences par enregistrements dans son étude). Elle attribue ce phénomène aux types de verbes nécessaires à l’apparition des 1ère/2e personnes, peu fréquents dans les corpus. Elle remarque aussi le fait que l’occurrence d’objets indirects10 est plus élevée et remplace souvent les clitiques accusatifs (objets directs). Pourtant, pour le clitique accusatif, la distinction entre la 3e personne, d’un côté, et la 1ère et la 2e de l’autre, est reconnue depuis longtemps (voir Benveniste, 1966; Forchheimer, 1953, cité par Tuller et al., 2011). Des études récentes en acquisition montrent d’ailleurs qu’il existe une différence entre ces personnes. Coene et Avram (2011) analysent les corpus en langage spontané de deux enfants monolingues de langue roumaine, dans les tranches d’âge respectives de 1;09 à 2;11 ans et 1;09 à 3 ans. Les auteurs relatent que l’émergence de production est précoce pour les trois types de personne.

Cependant, la 3e personne continue à être omise à un stade où les 1ère/2e personnes sont utilisées de manière comparable à celle de l’adulte. Dans une autre étude, Avram et Coene (2006) obtiennent des données qui révèlent une différence évidente entre le mode d'acquisition des pronoms clitiques 1ère/2e personnes et la 3e personne : alors que le taux d'omission de la 3e personne est relativement élevé dans les productions initiales, ces omissions diminuent ensuite progressivement. À l’opposé, le taux d’omissions des 1ère/2e personnes est presque nul dès le début des productions.

De leur côté, Tuller et al. (2011) explorent avec un protocole de production des pronoms clitiques (PPPC) la différence entre la 1ère et la 3e personne du pronom clitiques accusatif, ainsi que cette différence pour d’autres types de pronoms (clitiques réfléchis et nominatifs).

Ce protocole11 évalue des items en production induite sur présentation d’image. Un item clitique accusatif 3e personne est illustré en [2].

[2] Expérimentateur : « Que fait Marie avec le chien ? » Réponse attendue : « Elle le lave »

10 Objet indirect = pronom clitique datif

11 Nous adaptons et utilisons ce protocole dans notre étude. (cf. chapitre 2.2.1.)

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Cette étude porte sur différentes population à savoir, des enfants (N = 24) et adolescent (N = 12) au développement du langage typique (âge moyen respectif : 6;7 et 11;4 ans), 37 adolescents avec TSL (âge moyen : 14;8 ans), 19 adolescents avec déficience auditive légère ou moyenne (âge moyen : 13;8 ans) et enfin 15 adolescents présentant une épilepsie rolandique (âge moyen : 13;6 ans). Concernant les adolescents avec TSL, les auteurs observent que lorsque leur taux de production de la 3e personne n’est que de 50 %, la 1ère personne obtient un taux moyen de 85 %. Cette différence est fortement significative (p <.001). En revanche, les auteurs de cette étude n’observent pas cette différence (entre 3e et 1ère personne) pour le pronom réfléchi. Pour les enfants au développement langagier typique âgés de 6 ans (TD-6), les résultats vont également dans ce sens, seules les productions de la 3e et la 1ère personne du pronom clitique accusatif sont significativement différentes. Ces résultats sont exposés sur la figure 5. On note que la différence dans les taux de production des 3e et 1ère personnes de l’accusatif suit le même pattern entre les deux groupes testés (TSL vs. TD-6).

Figure 5. Taux de production des 3e vs 1ère personnes, chez des enfants avec TSL (SLI) et des enfants contrôles (TD) de 6 ans (tiré de Tuller et al., 2011 : 434) 12

Les auteurs notent que lorsque que le clitique accusatif 1ère personne n’est pas produit, c’est le même type de réponses non attendues que pour la 3e personne qui est obtenu, c’est-à-dire des DP lexicaux et des omissions. Cependant, l’absence de production de la 1ère personne arrive bien moins fréquemment que celle de la 3e personne.

12 NOM-1 = clitique nominatif 1ère personne NOM-3 = clitique nominatif 3e personne REF-1 = clitique réfléchi 1ère personne REF-3 = clitique réfléchi 3e personne ACC-1 = clitique accusatif 1ère personne ACC-3 = clitique accusatif 3e personne

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Une autre observation qui est faite dans cette étude est que les adolescents avec une déficience auditive légère ou moyenne (MMHL) et ceux présentant une épilepsie rolandique (RE) montrent des taux de production de la 3e personne du clitique accusatif significativement inférieurs à ceux d’enfants au développement typique âgés de 11 ans (TD-11). Nous pouvons voir ces résultats sur la figure 6.

Figure 6. Taux de production des 3e vs. 1ère personnes, chez des adolescents avec déficience auditive légère ou moyenne (MMHL), présentant une épilepsie rolandique (RE), et des enfants contrôles (TD) de 11 ans

(tiré de Tuller et al., 2011 : 435)

Lorsque les adolescents MMHL et RE ont respectivement des taux de production du clitique accusatif 3e personne de 80,9 % et de 85 %, les TD -11 plafonnent à 97,9 %. Cette différence intergroupe n’est pas retrouvée pour la 1ère personne, dont les taux de production sont de 88,8 % pour les MMHL, de 95 % pour les RE et de 94,8 % pour les TD-11. On note donc que la 3e personne du pronom clitique accusatif est aussi difficile dans sa maîtrise pour des populations au développement du langage atypique. Ceci n’est pas le cas de la 1ère personne de l’accusatif.

Tuller et al. (2011) abordent le rôle de la référence non locale (cf. chapitre 1.1) du pronom clitique accusatif pour expliquer sa distinction d’avec le clitique réfléchi. Ce dernier, possédant un référent dans son domaine local, n’est pas produit différemment selon le type de personne (1ère vs. 3e). Ceci n’est pas le cas des clitiques accusatifs 1ère et 3e personnes qui eux sont soumis au principe [B] de la théorie du liage, où le référent est en-dehors de son domaine local. Cette référence est donc plus complexe à traiter, nécessitant une recherche d’appariement (pronom-référent) qui demande plus de temps de maintien de l’information, en

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même temps qu’un traitement impliquant un plus grand nombre d’opérations. La MDT est donc plus fortement exploitée. Cependant, Tuller et ses collaborateurs précisent que ce facteur (la référence non locale) n’explique pas à lui seul la différence de production entre les 1ère et 3e personnes du clitique accusatif. Ils concluent que ce sont les propriétés du pronom accusatif et de la 3e personne en particulier, qui construisent la difficulté de maîtrise rencontrée dans la production de ce clitique. Ainsi, nous allons approfondir les différents facteurs susceptibles d’expliquer la différence entre le pronom clitique accusatif 3e personne et les 1ère et 2e personnes.

Propriétés spécifiques

Tuller et al. (2011) énoncent certaines caractéristiques importantes du pronom clitique accusatif 3e personne (cf. tableau III) qui s’ajoutent à celles énoncées pour le pronom accusatif (cf. chapitre 1.1). Ces propriétés différencient le pronom clitique accusatif 3e personne des 1ère/2e personnes.

Tableau III. Propriétés du clitique accusatif 3e personne

Propriétés Noms

Accordé morphologiquement en genre et en nombre [GENRE]

Référence indépendante du discours énonciatif [DISCOURS]

Non spécifié pour le trait [animé] [ANIME]

Soumis à l’omission légitime de l’objet en français parlé [OMISSION]

La propriété [GENRE] fait référence aux marques d’accord morphosyntaxique plus riches en français pour la 3e personne du clitique accusatif. En effet, les 1ère/2e personnes sont seulement marquées en nombre, alors que la 3e personne est, en plus, marquée en genre.

Exemple : Tu vois la poupée/le garçon ? Oui, je la (= féminin) vois.

le (= masculin) vois.

Tu me vois/Je te vois ? Oui, je te (= fém. ou masc.) vois.

Oui, tu me (= fém. ou masc.) vois.

Ensuite, pour la propriété [DISCOURS], les 1ère/2e personnes ont un référent dans le discours énonciatif. Cela veut dire que les référents de ces personnes sont dans l’acte de parole direct (la 1ère personne faisant référence au locuteur et la 2e personne à l’interlocuteur). Ceci n’est pas le cas de la 3e personne dont le référent n’est pas directement présent dans l’acte de

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parole. Sa référence est donc purement syntaxique et non discursif comme le mentionnent Tuller et al. (2011).

Exemple : Tu vois le monsieur ? Oui, je le vois. (le n’est pas un interlocuteur dans le dialogue) Tu me vois ? Oui, je te vois. (me/te sont les

interlocuteurs du dialogue)

La propriété [ANIME] réfère au trait [animé]. En français, les 1ère/2e personnes sont toujours spécifiées [animé], étant donné que les référents sont le locuteur ou l’interlocuteur, comme mentionné précédemment. La 3e personne, quant à elle, n’est pas spécifiée pour ce trait, en ce sens que son référent peut être de nature [animé/inanimé].

Exemple : Tu vois la dame ? Oui, je la vois. (la est [animé]) Tu vois la voiture ? Oui, je la vois. (la est [inanimé])

Tu me vois ? Oui, je te vois. (me/te sont forcément [animé])

Enfin, pour la propriété [OMISSION], il est fait mention de l’omission légitime en français parlé à laquelle est soumise la 3e personne du clitique accusatif. Cette propriété a reçu relativement peu d’attention dans les études sur l’acquisition du pronom clitique accusatif (voir Tuller, 2000). Le fait que la 3e personne soit sujette à l’omission légitime est un fait convenu dans la littérature psycholinguistique (Tuller, 1986). Tuller et al. (2011) mentionnent que cette omission légitime est sujette à deux restrictions : une discursive et une lexicale. En ce qui concerne les conditions discursives, Lambrecht et Lemoine (1996) (voir aussi Lemoine, 1997) avancent que l’omission légitime est possible lorsque le topique13 discursif est suffisamment saillant dans le discours (sa présence dans l’énoncé étant prévisible au moment de son expression). Dans la même lignée, Fónagy (1985) mentionne que l’objet doit être le sujet central de la conversation. Des exemples de ces omissions légitimes et illégitimes sont présentés en [3], extraits de Fónagy (1985) et du protocole de jugement de grammaticalité de notre étude (cf. annexe V, page 94).

[3] Voulez-vous que je vous donne mon numéro ? Non, je connais J’abats ? (Le jardinier avec un mouvement de la tête vers l’arbre)

13 Sujet du discours défini comme « ce dont on dit quelque chose », ce qui est donné comme thème, par la question de l'interlocuteur ou par la situation, par opposition au prédicat, qui est « ce qui est dit de la personne ou de la chose ». (http://www.cnrtl.fr/definition/topique 24.06.2012)

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Tu connais ma maman ? *Oui, j’ai rencontrée.

Comment tu as fait pour avoir un papillon chez toi ? *J’ai attrapé.

Pour ce qui est des contraintes lexicales, cette omission légitime ne semble opérationnelle qu’avec certains verbes transitifs. Ainsi, Fónagy indique que les objets nuls sont fréquents avec des verbes, comme aimer, adorer, connaître et voir, alors qu’ils semblent impossibles avec d'autres, tels que rencontrer ou porter (cf. [4] tirés de Fónagy, 1985).

[4] Le chocolat ? J’aime bien ! J’adore ! * Je porte dans mon cœur ! Marie ? Oui je connais. * Oui je rencontre souvent.

Le sac à dos de Luc pèse une tonne le vendredi soir. T’as déjà vu ? * T’as déjà porté ?

Ce phénomène d’omission n’a pas été étudié pour les 1ère/2e personne. Néanmoins, leur omission semble avoir un caractère illégitime dans la langue française. Delage (2008) écrit dans sa thèse que l’omission légitime n’est pas possible pour les clitiques accusatifs 1ère/2e personnes.

Exemple : *Moi, tu connais ? (au lieu de tu me connais)

*Toi, je connais ? (au lieu de je te connais)

Il est intéressant de mentionner que l’omission légitime est tout de même possible avec le pronom clitique nominatif dans certaines conditions (Tuller, 2004). En effet, les constructions impersonnelles (avec pronom explétif, cf. exemple) peuvent permettre l’omission du pronom clitique nominatif, la différence étant que cette omission ne nécessite pas la maîtrise des conditions restrictives propres au pronom clitique accusatif 3e personne.

Exemple : « Faut avoir un parapluie ! » (au lieu de Il faut avoir un parapluie !) Concernant le pronom clitique 3e personne, Tuller et al. (2011) résument que les caractéristiques décrites dans ce chapitre 1.3. composent les principales sources de difficultés à produire ce pronom. Ils écrivent que c’est un pronom syntaxiquement complexe en terme de mouvement (d’après le cadre de construction des clitiques adopté, cf. chapitre 1.1), d’accord et d’usage adéquat des règles lexico-discursives (savoir si l’on peut omettre légitimement ou pas le clitique accusatif 3e personne). Tuller et ses collaborateurs ajoutent que les propriétés évoquées dans ce chapitre 1.3. expliqueraient la préservation des pronoms clitiques accusatifs 1ère/2e par rapport à la production de la 3e personne qui demanderait une mobilisation plus grande des ressources syntaxiques, ressources qui pourraient être tributaires des capacités de MDT.

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1.4. Problématique et hypothèses théoriques

Dans leur article, Tuller et al. (2011) proposent donc les facteurs énoncés dans le tableau III comme une explication de la difficulté de production du clitique accusatif 3e personne, difficulté qui le différencie des 1ère/2e personnes. Nous nous sommes intéressés à trois de ces facteurs14, à savoir [GENRE] et [DISCOURS], testés dans cette étude à l’aide de protocole de production induite ainsi que [OMISSION], testé avec une tâche de jugement de grammaticalité. Nous avons fait passer ces tests à des enfants au développement du langage typique, afin de préciser le rôle respectif des différents facteurs d’intérêt dans la difficulté à produire le clitique accusatif 3e personne. Avant cela, nous vérifions si ce décalage de production entre clitiques accusatifs 1ère et 3e personnes15 est reproductible dans notre groupe d’enfants (âgés de 4 à 8 ans), ce fait étant le socle des hypothèses émises dans le présent chapitre.

Vérification du décalage [1ère PERSONNE VS. 3e PERSONNE]

Tout d’abord, ce décalage développemental entre 1ère et 3e personne du clitique accusatif dans une population au développement langagier typique n’a été que peu exploré. Tuller et ses collaborateurs n’ont observé ce phénomène que chez 24 enfants de 6 ans (âge moyen = 6;7 ans) en production induite. Dans notre étude, nous tentons de reproduire ce résultat. Nous nous sommes aussi posé la question suivante : qu’en est-il avec de plus jeunes enfants, âgés de 4 ans ? Dans une perspective développementale, nous émettons l’hypothèse que des enfants plus jeunes marqueront d’autant plus ce décalage dans leur production. Nous pensons donc trouver un effet du type de pronoms (clitique accusatif 1ère personne > 3e personne)16, ainsi qu’un effet du groupe d’âge (en faveur des plus âgés), en comparant également nos résultats avec ceux des études de Delage (2008) et Tuller et al. (2011)17. Nous observons alors la production des pronoms clitiques accusatifs 1ère et 3e personne chez des enfants âgés de 4 à 11 ans.

14 Dans notre étude, le facteur [ANIME] énoncé au chapitre 1.3. est simplement contrebalancé dans les différents protocoles (cf. chapitre 2.2.2 et 2.2.3.)

15 Nous ne testons que les 3e et 1ère personnes, car ce sont les items grammaticaux testés par Tuller et al. (2011)

16 « > » signifie « est plus produit que ».

17 Notre étude comporte des enfants âgés de 4 à 8 ans. Nous voulons les comparer à des enfants plus âgés, notamment ceux de l’étude de Delage (2008), âgés de 8 ans, et ceux de l’étude de Tuller et al. (2011), âgés de 11 ans. Ces données seront présentées au chapitre 2.2.1.

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