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L'industrie en matières dures animales des couches 60 à 47

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L'industrie en matières dures animales des couches 60 à 47

OZAINNE, Sylvain

Abstract

L'étude des industries en os et bois de cervidés des couches 60 à 47 est abordée selon plusieurs problématiques. Elle est consacrée, dans un premier temps, à l'élaboration d'une structure globale pour le matériel des couches 60 à 53, permettant d'alimenter la discussion ayant trait au cadre techno-culturel des occupations du Néolithique ancien rhodanien. Sur cette base, il s'agit ensuite de déterminer si le Néolithique moyen des couches 52 à 47 s'inscrit dans une continuité avec les occupations antérieures ou marque au contraire une rupture culturelle. La question d'une éventuelle survivance jusqu'au début du IVe millénaire des techniques héritées des chasseurs mésolithiques se devait également d'être éclaircie.

L'étude est réalisée selon une démarche analytique simplifiée. Les différentes structures des outils et chutes de débitage sont décrites à partir de formules utilisant un vocabulaire principalement inspiré des travaux de Jean- Louis Voruz et André Billamboz. La terminologie employée est détaillée dans l'annexe (langage documentaire). Les effectifs d'outils sont assez faibles, [...]

OZAINNE, Sylvain. L'industrie en matières dures animales des couches 60 à 47. In: Voruz, J.-L.

La grotte du Gardon (Ain). Volume 1 : le site et la séquence néolithique des couches 60 à 47 . Toulouse : Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), 2009. p.

367-396

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:14596

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Chapitre 21

L’industrie en matières dures animales des couches 60 à 47

Par

Sylvain OZAINNE

L’étude des industries en os et bois de cervidés des cou- ches 60 à 47 est abordée selon plusieurs problématiques.

Elle est consacrée, dans un premier temps, à l’élaboration d’une structure globale pour le matériel des couches 60 à 53, permettant d’alimenter la discussion ayant trait au cadre techno-culturel des occupations du Néolithique ancien rhodanien. Sur cette base, il s’agit ensuite de déterminer si le Néolithique moyen des couches 52 à 47 s’inscrit dans une continuité avec les occupations anté- rieures ou marque au contraire une rupture culturelle.

La question d’une éventuelle survivance jusqu’au début du IVe millénaire des techniques héritées des chasseurs mésolithiques se devait également d’être éclaircie.

L’étude est réalisée selon une démarche analytique simplifi ée. Les diff érentes structures des outils et chutes de débitage sont décrites à partir de formules utilisant un vocabulaire principalement inspiré des travaux de Jean- Louis Voruz (1984, 1997) et André Billamboz (1982). La terminologie employée est détaillée dans l’annexe (lan- gage documentaire). Les eff ectifs d’outils sont assez fai- bles, surtout en ce qui concerne les objets en os, mais la représentation des chutes de bois de cervidés a permis une relativement bonne approche technologique. Il convient toutefois de signaler que la supériorité numérique de cette dernière catégorie de vestiges est en partie due au prélè- vement individuel d’un grand nombre de petits éclats et esquilles corticaux lors de la fouille. Une description sim- plifi ée de l’ensemble des pièces enregistrées est disponible dans l’annexe (catalogue).

Les couches 60 à 53

(Néolithique ancien rhodanien)

Les premières occupations du Gardon semblent surtout se caractériser par une faible exploitation des supports osseux, les ramures de cervidés ayant été nettement pri- vilégiées. Quelques pièces en bois de cervidé et un frag- ment d’os plat attribués aux couches les plus profondes de la séquence (64 à 61) ont été pris en compte dans le corpus étudié ; elles semblent en eff et bien s’intégrer dans le matériel des couches supérieures, qui, nous le verrons plus loin, est issu de traditions techniques anciennes.

L’outillage en os

• Choix des supports

L’industrie sur os est faiblement représentée dans les niveaux du Néolithique ancien, avec seulement 15 indi- vidus, chutes de débitage comprises. Trop restreint, ce corpus ne permet pas d’établir avec certitude si certains supports anatomiques ont été privilégiés. Les détermina- tions semblent , toutefois, bien refl éter le spectre fauni- que général, dominé par les espèces sauvages avec plus de 86 % des restes, et plus particulièrement par le sanglier (tab. 53 ; Voruz et al., 2004 ; infra, chap. 22). Ce dernier est représenté dans l’industrie par cinq pièces, dont deux canines inférieures et trois fragments de fi bula. Nous

notons également la présence d’un fragment proximal de métacarpe droit de chevreuil ; des ramures de la même espèce, bien qu’apparaissant de façon anecdotique, ont également été utilisées (infra). Le cerf n’est en revanche pas directement attesté dans cette série, mais nous ver- rons plus loin que ses bois ont largement été exploités.

Un fragment de côte et un d’os long sont respectivement attribués à des individus de taille grande et moyenne, sans que nous puissions affi rmer s’il s’agit de cervidés.

Enfi n, quatre pièces n’ont pu faire l’objet d’aucune attri- bution, même partielle. En rappelant que ce petit eff ectif n’autorise pas l’élaboration d’un modèle de gestion des supports osseux, il est intéressant de relever que, dans le sud-est de la France, l’industrie osseuse néolithique semble se caractériser dès le début du Cardial par une prédominance des supports provenant d’espèces domes- tiques, et tout particulièrement du métacarpe de mouton adulte (Sénépart, 1995).

Tableau 53 - Industrie osseuse du Néolithique ancien. Choix des supports (support/espèce).

Chevreuil Sanglier Capriné X taille grande X taille moyenne X Total

Canine inf. gauche 0 1 0 0 0 0 1

Canine inf.droite 0 1 0 0 0 0 1

Côte 0 0 0 1 0 0 1

Fibula 0 1 0 0 0 0 1

Fibula gauche 0 2 0 0 0 0 2

Métacarpe droit 1 0 0 0 0 0 1

Métatarse 0 0 1 0 0 0 1

Os long 0 0 0 0 1 0 1

Os plat 0 0 0 0 0 1 1

X 0 0 0 0 0 4 4

Total 1 5 1 1 1 5 14

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• Débitage et façonnage

Le faible corpus de l’industrie amenuise aussi certaine- ment la perception de l’éventail des opérations de trans- formation de la matière (tab. 56). Nous remarquons que les outils sur métapodes ont été débités en moitiés de fûts par rainurage longitudinal ; des traces de la même tech- nique sont visibles sur deux petits fragments de chutes.

Les fi bules semblent, en revanche, avoir été débitées par simple fracturation. Concernant le façonnage, nous constatons l’utilisation récurrente du raclage au silex, souvent associé à des traces de polissage (tab. 56) ; en eff et, le raclage est, dans ce corpus, surtout représentatif du raff ûtage des pointes. Nous le retrouvons également sur deux canines de sanglier, où il a certainement été pratiqué pour faciliter un rainurage, lui-même destiné à fendre le support en deux par percussion indirecte à l’aide d’un coin, comme en témoignent plusieurs petits enlèvements internes (Chiquet et al., 1997). Si la recons- titution intégrale d’une chaîne opératoire mettant en scène des supports privilégiés reste plus qu’hasardeuse, on remarque que les trois pointes sur épiphyse du corpus ont été aménagées sur fi bula de sanglier, et que deux d’entre elles ont été débitées par fracturation. Ces trois objets présentent également tous des traces de raclage, qui, comme évoqué plus haut, doivent être associées à des raff ûtages.

• Classement des outils,

répartition stratigraphique et typologie

Sur 10 outils, on constate que 6 sont des pointes. Quatre d’entre elles ont été façonnées sur des épiphyses, et deux sur de simples esquilles (tab. 60 ; fi g. 244) ; un fragment proximal et une ébauche sont attribuables à la même famille. Signalons que les pointes sur épiphyses présen- tent des caractéristiques morpho-métriques rappelant les rares pointes du niveau XI de la grotte de la Baume de Gonvillars (Pétrequin, 1970). À cet ensemble vien- nent s’ajouter deux canines de sanglier façonnées, dont l’une, réduite à un petit fragment, est aménagée en burin (fi g. 244) ; il s’agit peut-être d’un outil de récupération sur une chute ou une canine cassée lors de son utilisation. Ce type d’outil est déjà connu au Mésolithique, notamment à Birsmatten-Basisgrotte (David, 2000, p. 84-85). Un exemplaire a également été découvert dans la couche IV de la grotte de la Baume de Montandon, datée entre 5200 et 4800 av. J.-C. et correspondant soit à une occupation de la fi n du Mésolithique, soit à un Néolithique ancien indéterminé (Cupillard et al., 2000). Enfi n, un outil par- tiellement comparable est également connu à la grotte Lombard ; il comporte, en eff et, une perforation (Binder, 1991, p. 150).

Sur ces 10 pièces, 8 sont attribuées à la seule couche 58, qui est aussi la plus riche en restes de bois

Support Débitage Façonnage

Frac Rain long Ref IND Total Racl Pol Pol+racl Racl+pol Ret+racl Aucun IND Total

Canine suidé 0 0 1 1 2 1 0 0 0 1 0 0 2

Fibula 2 0 0 1 3 0 0 2 1 0 0 0 3

Métacarpe 0 1 0 0 1 0 0 1 0 0 0 0 1

Métatarse 0 1 0 0 1 0 0 0 0 0 1 0 1

Côte 1 0 0 0 1 0 0 0 0 0 1 0 1

Os long 1 0 0 0 1 0 1 0 0 0 0 0 1

Os plat 1 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 1 1

IND 0 2 0 2 4 1 1 0 0 0 1 1 4

Total 5 4 1 4 14 2 2 3 1 1 3 2 14

Tableau 54 - Industrie osseuse du Néolithique ancien. Tableau de contingence support/techniques de débitage et de façonnage.

58 56 55-56 54-56 54 53-56 49-53 Total

Canines de suidé façonnées CSF 2 0 0 0 0 0 0 2

Pointes sur épiphyse diverse P ED 2 0 1 0 0 1 0 4

Pointes sur esquille de diaphyse P ESQDIA 1 0 0 1 0 0 0 2

Fragments de pointe, support indéterminé FmP SupIND 0 1 0 0 0 0 0 1

Ébauches de pointe sur épiphyse diverse EB P ED 1 0 0 0 0 0 0 1

Chutes de débitage CHTE 2 1 0 0 1 0 0 4

Total 8 2 1 1 1 1 1 14

Tableau 55 - Industrie osseuse du Néolithique ancien. Classement et distribution stratigraphique des outils.

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Figure 244 - Néolithique ancien, outils en os. 145 et 19. Pointes sur fibula de sanglier ; 97. Pointe sur métacarpe de chevreuil ; 96. ca- nine de sanglier façonnée ; 110. Canine de sanglier aménagée en burin. Dessin : 145, 19 : Sébastien Perret ; 97, 96, 110 : Pierre-Yves Nicod, Sylvain Ozainne.

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de cervidés (infra). Cette distribution, ajoutée à l’eff ec- tif extrêmement réduit et les attributions imprécises des autres artefacts, qui fl ottent entre les couches 56 et 53, rendent invisible toute évolution éventuelle au sein du Néolithique ancien.

L’industrie en bois de cerf

Numériquement nettement supérieur à celui des os, le corpus des vestiges de bois de cerf est caractérisé par une forte proportion des chutes de débitage, qui représen-

Tableau 56 -Industrie en bois de cervidé du Néolithique ancien. Description, classement et distribution stratigraphique des chutes de débitage. Voir le lexique dans l’annexe 1.

64-626160-54595858-5357-5457-535656-5456-5355-5354Total% A.Parties basilairesFmMeu000030000000032,3 FmMeu+MerA/px000010000000010,8 Meu000160000000075,3 Meu+AndB/px000010000000010,8 Meu+AndB/px+MerA/px000030000000032,3 Somme parties basilaires000114000000001511,4 B.Parties médianesMerA/dist+AndC/px000020000000021,5 MerA/dist+AndC/px+MerB/px000020000000021,5 MerA/px+AndG000010000000010,8 MerX000010000000010,8 Somme parties médianes000060000000064,5 EmpaumuresEp-Emp000030000000032,3 Mer/dist+PteM+PteP/px000010000000010,8 MerB/dist+Ep/px000010000000010,8 MerB/dist+Emp/px000100000000010,8 Somme empaumures000150000000064,5 Andouillers

AndG100000000000010,8 AndX101018100011002317,4 Exand000100000000010,8 Somme andouillers201118100011002518,9 E.Chutes corticalesAndX000010000000010,8 FmMerX010160000000086,1 X3004430313100137153,8 Somme chutes corticales3105500313100138060,6 Total511893131311113132 %3,80,80,86,170,50,82,30,82,38,30,80,82,3

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tent près de 80 % des pièces (tab. 58). La restitution d’un canevas à bonne résolution des caractéristiques techno- logiques inhérentes à cet ensemble est donc possible. En revanche, aucune distribution stratigraphique particu- lière n’a pu être mise en évidence, la majorité des objets se concentrant, comme pour les os, dans la couche 58.

L’abondance des bois de cervidé n’est certainement pas directement liée à la chasse, puisque aucun bois de mas- sacre n’a été observé. Le grand nombre de ramures est donc plutôt imputable à une collecte de bois de mues, ressource facilement accessible dans un milieu encore essentiellement forestier.

• Techniques de débitage

La localisation des chutes de débitage sur la ramure s’est souvent avérée délicate, puisque nous constatons une importante présence de petits fragments corticaux (tab. 63). Les andouillers seuls, dont la plupart n’a pu être déterminée avec précision, sont les mieux représentés ; viennent ensuite les parties basilaires, au sein desquelles nous retrouvons surtout des meules, souvent très frag- mentées. En revanche, nous ne comptabilisons que très peu de parties médianes ou d’empaumures ; l’unique extrémité de bois de chevreuil de la série est incluse dans cette catégorie.

La terminologie employée pour décrire et classer les diverses techniques de débitage des ramures est inspi- rée de plusieurs travaux (annexe). Plusieurs grands modes de séparation de la matière ont été identifi és. Construit à partir de formules descriptives générées automati- quement par la base de données, le tableau 66 décrit les traces de débitage observées sur l’ensemble des vestiges en bois de cervidé (chutes, ébauches et outils), et donne un aperçu des grandes catégories techniques s’y rappor- tant. De nombreuses pièces comprennent des traces de plusieurs types de débitages distincts mais non associés (tab. 63 ; annexe).

Les opérations de fracturation s’avèrent être les plus employées. Elles correspondent pour la plupart à l’emploi de la percussion directe, souvent destinée au débi- tage des andouillers. La cassure par fl exion est également documentée dans le corpus. Cette technique, déjà connue au Mésolithique (David, 2004, p. 144), est généralement utilisée pour achever le détachement transversal d’un segment de ramure (infra, « sectionnement partiel ») ; elle peut aussi être employée directement, par exemple pour séparer des andouillers. La présence d’un grand nombre de petits éclats et esquilles n’a pu faire l’objet d’aucune détermination précise ; ces pièces, qui représentent plus de 30 % de l’ensemble, semblent toutefois confi rmer l’im- portance de la fracturation.

Le sectionnement transversal en segments de mer- rains ou d’andouillers a largement été utilisé, réalisé soit

par entaillage (fi g. 245, nos 4, 6), soit par sciage (fi g. 246), ces deux procédés pouvant eux-mêmes être accomplis à l’aide de plusieurs méthodes. Les techniques préci- ses n’ont pas toujours pu être déterminées, mais dans la majeure partie des cas l’entaillage a été obtenu par percus- sion tranchante lancée directe à l’aide de percuteurs plus ou moins grossiers. Des traces pouvant indiquer l’utili- sation de percussion lancée indirecte ont également été observées. Il convient toutefois de rester prudent quant à l’emploi de cette dernière technique, qui peut parfois diffi cilement être distinguée de la percussion directe (Provenzano, 2004, p. 206). Le fait qu’elle apparaisse dans notre corpus souvent sur de petites pièces rend son iden- tifi cation formelle encore plus délicate, et sur plusieurs pièces érodées et fragmentées, elle peut aussi être confon- due avec un entaillage par raclage. Les traces d’entaillage incertaines ont ainsi été regroupées sous le terme d’EntX dans les tableaux de comptage. Le sciage est, quant à lui, souvent eff ectué au silex (fi g. 246, nos 49, 129 ; fi g. 249 a), mais nous constatons la présence de plusieurs traces de sciage à la fi celle (fi g. 249 b ; fi g. 252, n° 75). Cette tech- nique originale se distingue par une disposition très abrupte ou verticale des surfaces de sciage, des gorges à fl ancs parallèles et profi l en U, ainsi que des parois lisses et parfois ondées (Poplin, 1974 ; Billamboz, 1982).

Le sectionnement dit partiel regroupe les objets débités selon une technique mixte consistant à entamer une partie de la ramure par sciage ou entaillage, géné- ralement sur un tiers ou la moitié du pourtour du mer- rain ou de l’andouiller, avant d’achever le débitage par fracturation. Les combinaisons possibles sont multiples, avec d’abord un sectionnement partiel par entaillage ou sciage, puis une séparation complète par percus- sion directe ou cassure par fl exion. Ce type de débi- tage, observé au Gardon sur plusieurs parties basilaires (fi g. 245, 246), semble correspondre à la technique dite d’entame cassure en biseau, qui permet « par entaillage ou sciage partiel puis cassure en biseau, de préformer le bord actif des outils lourds biseautés en bois de cervidés » (David, 2004, p. 133). Globalement, la segmentation des ramures par sciage ou entaillage transversal suivi d’une cassure par fl exion semble spécifi quement caractéristi- que du Mésolithique (David, 2000). Dans l’horizon 4 de Birsmatten, c’est même l’unique méthode de segmenta- tion employée (David, 2000, p. 91-92).

La technique consistant à séparer des baguettes corticales par rainurage longitudinal n’est en revanche visible que sur une pièce, attribuée à la couche 54. Ce type de débitage est bien connu dans le Mésolithique. On l’ob- serve notamment à la Baume d’Ogens, associé à un raclage préalable, où il est toutefois destiné à aménager des ciseaux de type Ogens en séparant en demi-fûts des métapodes de cerf ou des os longs de grands ruminants ; cette association technique-outil serait même typique du Sauveterrien du Mésolithique moyen de Suisse occidentale (David, 2000).

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BAS MED EMP AND CORT Total %

FRACT CassFlex 0 0 1 3 2 6 3,7

PercDir 0 0 0 6 7 13 8,1

PercDir -CassFlex 0 0 0 1 0 1 0,6

Sci slx 0 0 0 0 1 1 0,6

IND 5 2 2 13 34 57 35,4

5 2 3 23 44 78 48,4

SECTot Ent TrDir+PercDir 1 0 0 0 0 1 0,6

EntTr Dir+Scitrsv 0 0 1 0 0 1 0,6

Ent X 0 0 0 1 0 1 0,6

Sci fi c 1 0 0 2 4 7 4,3

Sci slx 0 2 0 1 5 8 5,0

Sci slx ou fi c 0 0 0 1 2 3 1,9

Sci trsv 0 0 0 0 1 1 0,6

2 2 1 5 12 22 13,7

SECTPart Ent TrDir+CassFlex 0 0 0 1 0 1 0,6

Ent X+CassFlex 0 0 0 1 0 1 0,6

Sci slx obl+PercDir 0 0 0 1 0 1 0,6

Sci slx+CassFlex 0 0 0 0 1 1 0,6

Sci slx+IND 1 0 0 0 0 1 0,6

1 0 0 3 1 5 3,1

FRACT - SECtot IND-EntX 0 1 0 0 0 1 0,6

PercDir-IND 0 0 0 0 1 1 0,6

0 1 0 0 1 2 1,2

SECTot - FRACT Ent TrDir-PercDir 0 2 0 0 0 2 1,2

Ent X 0 0 0 1 0 1 0,6

Ent X -CassFlex 0 0 0 1 0 1 0,6

EntTrInd-PercDir 0 0 0 1 0 1 0,6

Sci fi c-PercDir 0 0 0 2 0 2 1,2

Sci slx -IND 0 0 0 1 1 2 1,2

Sci slx-PercDir 0 0 0 0 1 1 0,6

Sci slx-PercDir 1 0 0 0 1 0,6

1 2 0 6 2 11 6,8

SECTot - SECTot CassFlex -PercDir 0 0 0 1 0 1 0,6

Sci slx ou fi c -Sci slx ou fi c 0 1 0 0 0 1 0,6

Sci slx -Sci slx 0 0 1 0 0 1 0,6

0 1 1 1 0 3 1,9

SECTPart - FRACT Ent X+CassFlex-CassFlex 0 0 0 1 0 1 0,6

Sci slx+CassFlex-CassFlex 1 0 0 0 0 1 0,6

Sci slx+IND-PercDir 1 0 0 0 0 1 0,6

Sci slx+PercDir-PercDir 1 0 0 0 0 1 0,6

3 0 0 1 1 4 2,5

SECTPart - SECTot Sci slx+PercDir-Ent X 1 0 0 0 0 1 0,6

Sci slx+PercDir-Sci slx 0 1 0 0 0 1 0,6

1 1 0 0 0 2 1,2

SECTPart - SECTPart Ent TrDir+IND-Ent X+IND 0 0 0 1 0 1 0,6

SECTPart - IND Sci fi c+PercDir-IND 0 0 0 1 0 1 0,6

BAG Rain long 0 0 0 0 1 1 0,6

IND 2 0 2 8 19 31 19,3

Total 15 9 7 49 81 161 100

Tableau 57 - Industrie en bois de cervidé du Néolithique ancien. Relations entre techniques de débitage et support. Les catégories de débitage comprenant deux types de techniques séparées par un « - » (discontinuité) décrivent, en fait, les pièces qui présen- tent plusieurs traces différentes mais non associées. À l’intérieur des formules descriptives, les « + » indiquent en revanche une complémentarité, signifiant au contraire l’association de deux techniques pour une seule opération de débitage, et concernent essentiellement la catégorie du « sectionnement partie ». L’ensemble des pièces en bois de cerf du Néolithique ancien (chutes et outils) a été pris en compte dans ce tableau.

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Nous savons, en revanche, que le double rainurage longi- tudinal est appliqué au travail du bois de cerf dans l’Ouest de la France, en tant qu’héritage direct du Paléolithique supérieur (Poissonnier, Kayser, 1988). Cette technique a ensuite tendance à être remplacée au Néolithique par l’uti- lisation de baguettes obtenues par fracturation (Billamboz, 1982 ; Poissonnier, Kayser, 1988).

• Mise à profi t de la ramure

La comparaison des supports identifi és au sein des chutes de débitage et de ceux utilisés pour l’outillage dévoile que l’exploitation de la ramure est loin d’être optimale (tab. 58). Il est toutefois nécessaire de rappeler que la série des outils est modeste, et que les pourcentages évoqués ici doivent être considérés avec prudence. Le comptage des chutes met tout d’abord en évidence un sous-emploi des fragments corticaux, qui constituent 60,6 % des chutes mais seulement 3,4 % des outils. Nous observons égale- ment une absence totale des parties basilaires au sein des supports d’outils. En revanche, les andouillers forment

le support privilégié de cette série (82,8 % des outils et 18,9 % des chutes). Le tableau 58 permet également, en comparant le nombre d’outils et de chutes, une estimation du degré d’exploitation des ramures ; nous remarquons l’imposante majorité des chutes, qui représentent 82 % des pièces du Néolithique ancien. Ce faible rendement est à mettre en relation avec l’importance de la fracturation, qui, souvent employée pour séparer les andouillers, pro- duit beaucoup d’éclats qui ne sont quasiment pas exploi- tés. L’imprécision de la fracturation sans aménagement préalable d’une gorge par entaille ou sciage est également à l’origine d’accidents de débitage qui peuvent conduire à l’abandon de certains andouillers.

• Classement des outils et typologie

Les pointes sur andouillers ou extrémités d’andouillers sont les outils les plus représentés dans le corpus du Néolithique ancien (tab. 59 ; fi g. 247, n° 5). Cet ensem- ble comprend plusieurs pièces dont l’attribution est pro- blématique. En eff et, plusieurs extrémités d’andouillers présentent des traces de compression ou d’esquillage qui pourraient correspondre soit à une usure naturelle, soit à une utilisation ponctuelle. Un fragment distal d’an- douiller façonné par raclage, à extrémité émoussée et esquillée, et comportant une perforation bi-cônique cen- trale, a été enregistré comme pointe-mousse (PMOUS ; fi g. 248, n° 9) ; il a été considéré lors d’une première description comme un « probable retouchoir à silex, la perforation centrale étant destinée au passage d’un lien permettant un usage portatif permanent » (Voruz, docu- ment inédit). Cette pièce évoque un outil du Néolithique ancien de Gonvillars, d’abord décrite comme étant un

Chutes Outils

N % N %

A. Parties basilaires 15 11,4 0 0,0

B. Parties médianes 6 4,5 3 10,3

C. Empaumures 6 4,5 1 3,4

D. Andouillers 25 18,9 24 82,8

E. Chutes corticales 80 60,6 1 3,4

Total 132 29

Tableau 58 - Industrie en bois de cervidé du Néolithique ancien.

Mise à profit de la ramure (distribution des chutes et outils se- lon la provenance de leur support).

62-64 59 58 57-54 55 Total %

Biseau interne sur andouiller BISint And 0 0 2 0 0 2 6,9

Biseau interne sur fragment de merrain BISint FmMER 0 0 1 0 0 1 3,4

Pointe sur andouiller P AND 1 0 1 0 0 2 6,9

Pointe sur extrémité d’andouiller P EXAND 0 1 2 1 0 4 13,8

Pointe (?) sur extrémité d’andouiller P? EXAND 0 1 5 0 0 6 20,7

Fragment de pointe sur fragment cortical Fm P Fmcort 0 0 0 0 1 1 3,4

Ébauche de pointe perforée sur extrémité d’andouiller EB P EXAND PERF 0 0 1 0 0 1 3,4

Pointe-mousse perforée sur andouiller PMOUS AND PERF 0 1 0 0 0 1 3,4

Manche sur andouiller MAN AND 0 0 3 0 0 3 10,3

Manche sur fragment de merrain MAN FmMER 0 0 0 1 0 1 3,4

Pendeloque sur andouiller PEND AND 0 0 0 1 0 1 3,4

Parure sur extrémité d’andouiller PAR EXAND 0 0 0 1 0 1 3,4

Segment d’empaumure perforé SEG EMP PERF 0 0 1 1 0 2 6,9

Segment de merrain SEG MER 0 0 1 0 0 1 3,4

Segment court de merrain SEGC MER 0 0 1 0 0 1 3,4

Segment d’andouiller SEG AND 0 0 1 0 0 1 3,4

Total 1 3 19 5 1 29 100,0

Tableau 59 - Industrie en bois de cervidé du Néolithique ancien. Description, classement et distribution stratigraphique des outils.

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Figure 245 - Néolithique ancien, bois de cerf. 4 et 6. Chutes de débitage (andouillers) ; 84. Bois de cerf, chute de débitage (merrain). Dessin : 4, 6 : Jean-Louis Voruz ; 84 : Jean-Louis Voruz, Sylvain Ozainne.

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Figure 246 - Néolithique ancien, bois de cerf. Chutes de débitage (meule). Dessin : Jean-Louis Voruz.

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lissoir (Pétrequin, 1970), puis comme un « retouchoir à silex avec trou de suspension » (Billamboz, 1977, p. 129) ; la perforation est toutefois aménagée dans ce cas sur la partie proximale de l’objet, et semble plus modeste. Ce type d’outil pourrait également rappeler les chasse-lames du type de Videvallier, dans l’Yonne (Poplin, 1979) ; ces derniers ne sont toutefois pas perforés. Signalons égale- ment la présence d’une extrémité d’andouiller en partie façonnée par abrasion, et comportant une ébauche de perforation par entaillage centripète. Cassée aux deux extrémités, elle reste diffi cile à interpréter et a été enregis- trée comme ébauche de pointe perforée. Des pièces sem- blables sont interprétées dans la littérature comme pic ou élément de pic destiné à être inséré dans un manche (Billamboz, 82, p. 58 ; Sénépart, 2004, p. 162).

Un autre objet sur andouiller est beaucoup plus énigmatique (fi g. 248, n° 150). Il a été façonné par raclage et polissage, afi n d’isoler sur sa partie distale une sorte de bulbe, au centre duquel une perforation d’environ 10 mm de diamètre a été pratiquée. Ses deux extrémités sont cas- sées, et il est ainsi diffi cile d’affi rmer si cet objet a été éla-

boré dans un but utilitaire ou s’il s’agit d’une pendeloque.

Cette dernière dénomination (PEND) a toutefois été rete- nue lors de l’enregistrement. Une autre pièce, enregistrée de façon téméraire comme parure, est également pro- blématique. Il s’agit d’une petite extrémité d’andouiller mesurant moins de 20 mm, débitée par sciage à la fi celle (fi g. 247, n° 149) ; une sorte d’étranglement semble avoir été pratiqué au centre de l’objet par bouchardage.

Le corpus compte également 3 biseaux, qui, comme évoqué plus haut, ne sont pas représentés dans l’outillage sur os. L’un d’entre eux a été aménagé par raclage et polis- sage sur une extrémité d’andouiller ; son tranchant est ébréché et esquillé, et il est cassé à son extrémité proxi- male (fi g. 249, n° 80). Les deux autres biseaux diff èrent radicalement de cet outil, tout en arborant entre eux des caractéristiques similaires (fi g. 250, nos 73, 62). En eff et, s’ils ont été élaborés sur des supports diff érents (un seg- ment d’andouiller et un de merrain), ils ont tous deux été débités par sciage au silex, puis façonnés par un polissage très soigné. Cette dernière opération ne s’est d’ailleurs pas cantonnée au seul aménagement du biseau, puisque les deux pièces présentent sur leurs deux faces un aspect entièrement lustré. Elles ont également en commun le fait d’être cassées longitudinalement. Leur tranchant large et esquillé, ainsi que la nette cassure longitudinale évo- quent une utilisation en percussion lancée. La très faible longueur de ces biseaux semble aussi rendre diffi cile un emmanchement et ne plaide pas en faveur d’une inter- prétation comme lame de herminette, bien qu’ils en aient la morphologie. L’industrie mésolithique de la Baume d’Ogens (Suisse) comporte plusieurs ciseaux sur métapo- des de cerf possédant un tranchant comparable (David, 2000, p. 83-84). Une des pièces publiées présente une res- semblance troublante avec les biseaux en bois de cerf du Gardon ; elle est interprétée comme déchet de réaména- gement de la partie active des ciseaux pré-cités (David, 2000, p. 85, fi g. 15 et p. 96, fi g. 34). Il est diffi cile d’affi rmer si cette interprétation est applicable aux pièces du Gardon, qui semblent avoir été cassées après leur sciage transver- sal. S’agit-il bien d’une chute de réaménagement entrepris lors de l’apparition de fi ssures sur les tranchants, ou de pièces simplement utilisées comme coins et cassés lors de leur utilisation ?

Quatre pièces ont été enregistrées comme man- ches à main (MAN), bien que leur état fragmentaire rende hasardeuse toute dénomination précise (fi g. 250, n° 151).

Trois d’entre elles correspondent d’ailleurs certainement à un seul et même objet, interprété comme un hypothétique manche lors d’une publication antérieure (Voruz, 1993).

Il s’agit d’un segment d’andouiller prélevé par sciage à la fi celle, caractérisé par plusieurs petites zones quadrillées d’incisions se recoupant à angle droit et obliquement (fi g. 250, nos 87, 88, 90). Ce type d’attribut pourrait être d’origine mésolithique (Voruz, 1993 ; Nicod, 1995). Des objets gravés d’incisions croisées et transversales sont, en

Figure 247 - Néolithique ancien, bois de cerf. 5. Pointe sur andouiller ; 149. Extrémité d’andouiller débité par sciage à la ficelle. Dessins : 5 : Juliette Bois-Gerets ; 149 : Hélène Vergély.

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eff et, signalés en Suisse, dans le Tardenoisien de Birsmatten-Basisgrotte (David, 2000, p. 87), mais également dans le Mésolithique du sud-ouest de la France, à Rouffi gnac (Rozoy, 1978, p. 334 et pl. 93), ainsi qu’en Bretagne, à Téviec (Rozoy, 1978, p. 785 et pl. 222).

Plusieurs segments de merrain ou d’an- douiller polis ou partiellement polis ont été adjoints au corpus d’outils, en tant que probables ébauches (fi g. 252, nos 75, 76). L’un d’entre eux (n° 75), presque entièrement poli et débité par sciage à la fi celle, correspond peut-être à une partie abandonnée d’andouiller destinée à être séparée en plusieurs anneaux. L’amorce d’une deuxième gorge de sciage, toujours à la fi celle, est en eff et visible du côté de l’extrémité cassée de l’objet. Un segment de merrain très court complètement poli, interpréta- ble comme une autre éventuelle ébauche d’anneau, a également été observé. Deux autres segments, sur empaumure ceux-ci, comportent des perfora- tions centrales importantes. Leur mauvais état de conservation rend une interprétation diffi cile. Le premier, dont la perforation semble médiane, est cassé longitudinalement. Le second, brûlé, a été cassé aux deux extrémités (fi g. 252, n° 24).

Enfi n, il faut souligner l’absence totale de harpons dans le corpus.

Un ensemble morpho-technique complexe d’origines multiples

L’industrie en matières dures animales des cou- ches 60 à 53 présente une structure morpholo- gique et technique assez complexe, tout d’abord caractérisée par le rôle prépondérant du bois de cerf, qui représente, avec 161 pièces, 92 % des ves- tiges. Rappelons toutefois que l’on compte dans ce corpus surtout des chutes de débitage. En ne tenant compte que des outils, le rapport reste tou- tefois nettement favorable au bois de cerf (tab. 68).

L’outillage en os est, quant à lui, essentiellement réalisé sur des supports provenant d’espèces sau- vages. Ces éléments ne semblent pas plaider en faveur d’une ambiance culturelle essentiellement néolithique. Si nous nous tournons vers le Sud, nous constatons, en eff et, que la sphère cardiale est surtout caractérisée par une exploitation préféren- tielle des espèces domestiques, essentiellement le mouton. Ceci ne s’explique pas forcément par un facteur environnemental. Le bois de cerf semble également très peu exploité plus au nord, puisqu’il est notamment sous-représenté dans les industries du Rubané récent du bassin parisien, et ne marque

Figure 248 - Néolithique ancien, bois de cerf. 150. Objet énigmatique sur andouiller (voir texte) ; 9. Andouiller perforé. Chasse-lames ou retouchoir portatif (?) Dessin : Hélène Vergély.

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qu’une timide progression à Villeneuve-Saint-Germain (Sidéra, 2000). L’industrie sur os est largement domi- nante, avec un choix favorisant, comme dans le Sud, les espèces domestiques, principalement le bœuf. La sous- représentation du bois de cerf dans le Rubané doit, tou- tefois, être considérée avec prudence, puisqu’elle pourrait relever de facteurs de conservation ou de sédimentation (Billamboz, 1977).

D’un point de vue technologique et typologique, les outils en os du Gardon présentent une certaine adé-

quation avec ceux du sud-est de la France, avec, dans les deux cas, une bonne représentation du débitage par frac- turation et rainurage, associé à un façonnage par raclage et polissage (Sénépart, 1993, 1995). L’outillage est dominé, dans les deux cas, par les pointes, les biseaux en os étant peu présents dans le Cardial et absents au Gardon. La sphère rubanée semble se caractériser au contraire par un débitage de l’os essentiellement réalisé par percussion et un façonnage par abrasion, ainsi que par des outils plus rudimentaires sur côtes ou grosses esquilles, sans outil entièrement façonné (Sénépart, 1993 ; Sidéra, 2000). Le petit burin sur canine de sanglier rappelle, quant à lui, plutôt certaines pièces mésolithiques.

L’industrie sur bois de cerf arbore certains traits pouvant indiquer des ascendances mésolithiques, notam- ment d’un point de vue technologique. En eff et, nous avons constaté, au sein du corpus, l’existence de pièces débitées par entaillage puis cassure par fl exion. Enregis- trée à Birsmatten-Basisgrotte, cette technique, associée à la présence de lames de herminette sur merrain A, pour- rait être une composante caractéristique de l’industrie osseuse du Beuronien, un courant culturel septentrional du techno-complexe occidental mésolithique (David, 2000, p. 98). Rappelons que les deux biseaux en bois de cerf du Gardon ont certainement été utilisés en percus- sion directe ou indirecte, et présentent une morpholo- gie évoquant de façon troublante les lames et ciseaux de Birsmatten-Basisgrotte et de la Baume d’Ogens. Enfi n, les décors d’incisions croisées (fi g. 250, nos 87, 88, 90), également observés à Birsmatten, pourraient eux aussi indiquer un héritage du techno-complexe occidental du Mésolithique (David, 2000, p. 88), même s’ils semblent être assez ubiquistes. Il est intéressant de constater que des biseaux en bois de cerf interprétés comme herminet- tes sont également bien connus dans le Rubané (Sénépart, 1993) ; un tranchant de hache en bois de cerf est notam- ment signalé dans la couche H de l’abri de Châtillon à Voujeaucourt (Billamboz, 1977).

La quasi-absence de baguettes obtenues par rai- nurage, une technique également comprise dans le techno-complexe occidental du Mésolithique et refl étant plutôt une sphère méridionale du Mésolithique, pourrait indiquer, elle aussi, un héritage plutôt nordique. Signa- lons encore que ce type de débitage est employé dans le Cardial du midi de la France, non seulement pour obtenir des baguettes en bois de cerf, mais aussi des sagaies sur os longs, notamment à Fontbrégoua et Unang (Sénépart, 2004).

La présence importante du sciage transversal, surtout au silex, trahit une culture technique ne faisant pas encore usage de lames en pierres, qui sera plus tard largement utilisée pour le débitage des bois de cerf par entaillage. Le sciage au silex est une technique bien attes- tée dès le Paléolithique supérieur, mais pourrait remon- ter au Paléolithique moyen, voire inférieur (Tartar, 2004,

Figure 249 - Industrie en bois de cervidé du Néolithique ancien, pièces techniques. a : traces de sciage au silex. b : traces de sciage à la ficelle.

Photos Sylvain Ozainne.

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p. 41). Il est ensuite bien connu dans le Mésolithique.

Il est notamment appliqué au débitage du bois de cerf dans tous les horizons de Birsmatten-Basisgrotte, mais a plutôt été utilisé sur des métapodes de cerf à Ogens (David, 2000).

L’usage du sciage transversal à la fi celle, employé à plusieurs reprises au Gardon, est plus problématique.

Cette technique semble ne pas être un trait purement néolithique. Elle aurait en eff et déjà été employée dans le Paléolithique supérieur de Roumanie (Beldiman, 2005), et sa première véritable description a été réalisée à partir d’une pièce de l’Égypte pré-dynastique (Poplin, 1974) ; signalons que, dans ces deux cas, elle a été employée pour débiter de l’ivoire, respectivement de mammouth et d’hippopotame. D’un point de vue régional, le sciage à la fi celle serait spécifi que de la première phase du Néolithique moyen, et se limite géographiquement au nord de la Franche-Comté ainsi qu’au nord et à l’ouest de la Suisse (Billamboz, 1977). Ce type de débitage est notamment attesté sur un segment de merrain dans le niveau Xb de Gonvillars (Billamboz, 1977). En Suisse, il est essentiellement rattaché au débitage du bois de cerf dans les sites lacustres du Néolithique moyen, surtout au

IVe millénaire, bien qu’il n’apparaisse jamais de manière intensive (Billamboz, 1982 ; Chauvière, 2004 ; Ramseyer, 2004). Nous peinons, en revanche, à retrouver sa trace au Néolithique ancien, et c’est avant tout le sciage au silex qui est décrit dans les publications ayant trait au Mésolithique.

Est-elle réellement une technique mineure, ou sa sous- représentation dans la littérature relative au Néolithique ancien est-elle due à un problème de détermination ou de conservation des vestiges ?

Les vestiges en os et bois de cerf du Néolithique ancien du Gardon ne font en aucun cas preuve de monoto- nie industrielle, en intégrant des éléments très variés, sur- tout du point de vue technologique. L’ensemble ne refl ète assurément pas une arrivée brusque d’agriculteurs-éle- veurs du sud, faisant table rase de toute tradition techni- que antérieure, ni d’une persistance exclusive de chasseurs mésolithiques. Il semble préférable d’adopter un modèle postulant la cohabitation d’un artisanat d’origine méridio- nale pour le travail de l’os, qui serait eff ectivement lié à l’ar- rivée des premiers néolithiques de la fi n du Cardial dans la région ; les vestiges en bois de cerf refl ètent pour leur part un héritage mésolithique à penchant septentrional non négligeable, ainsi que des traits attribuables au Rubané.

Figure 250 - Néolithique ancien, bois de cerf. 80 et 73. Biseaux sur andouiller ; 62. Biseau sur merrain. Dessin : 80 et 73 : Pierre-Yves Nicod, Sylvain Ozainne ; 62 : Sylvain Ozainne.

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Les couches 52 à 47 (Néolithique moyen I)

La couche 52, bien que représentant un Néolithique moyen I indéterminé et constituant une phase de tran- sition avec le Néolithique ancien, a été traitée conjoin- tement aux autres couches. En eff et, seules trois pièces, dont aucune ne peut vraiment être considérée comme signifi cative, lui sont clairement attribuées. Il en va de même pour la couche 47, à laquelle seulement trois objets ont été attribués. Ces derniers comptent parmi eux une remarquable pointe à façonnage proximal et base perfo- rée, qui reste insuffi sante pour mieux défi nir ce niveau correspondant à un Néolithique moyen indéterminé. Les nombreuses attributions imprécises et les eff ectifs relati- vement restreints rendent également diffi cile la vérifi ca- tion d’une éventuelle bipartition chrono-culturelle entre couches 53-51 et 50-48 à partir de l’os et du bois de cerf (tab. 62, 66).

L’outillage en os

• Choix des supports

Bien que comprenant 22 pièces et donc plus étoff ée que celle du Néolithique ancien, l’industrie osseuse du Saint- Uze n’autorise que peu de considérations quant au choix des supports (tab. 60). Ce fait s’explique aisément par une importante proportion de chutes de débitages, ainsi que par la présence de pointes réalisées sur esquilles de diaphyses. On remarque néanmoins la présence de méta- podes de cerf, une espèce qui n’a pu formellement être identifi ée au Néolithique ancien ; en revanche, le san- glier n’est plus représenté que par une canine inférieure dans cette série. Il est délicat d’affi rmer une éventuelle tendance vers l’exploitation d’espèces domestiques, puisqu’on compte un métapode de capriné, la plupart des autres supports étant attribués à des petits et grands ruminants.

• Débitage et façonnage

Identifi é sur 9 pièces, le rainurage longitudinal est la tech- nique la mieux représentée dans la série (tab. 61). Bien que surtout visible sur des chutes, elle a été utilisée pour débiter deux métatarses de cerf en quarts de fûts ; l’un a été, par la suite, aménagé en biseau, l’autre n’est présent qu’à titre de chute. Le rainurage longitudinal a également été employé pour scier en demi-fût le distum d’un capriné lors de la fabrication d’une petite pointe sur épiphyse en poulie, ainsi qu’un imposant métacarpe de cerf, cassé à ses deux extrémités. Sur un petit fragment de diaphyse, nous remarquons aussi les traces d’un débitage original associant deux techniques distinctes, avec, dans un pre- mier temps, une séparation en quart de fût par rainu- rage longitudinal, puis un sectionnement transversal par entaillage, vraisemblablement opéré par raclage. Cette pièce ne mesure malheureusement que quelques centi- mètres et n’autorise pas de diagnostic quant à sa fi nalité.

Seul un tiers des pièces du corpus présente des traces de façonnage, mais il faut rappeler ici que la série n’inclut pas moins de 10 chutes de débitage. Les traces de façonnage identifi ées correspondent surtout à des opérations de polissage, associé dans deux cas au raclage, notamment sur la bipointe en canine de suidé (infra). Nous relevons

Tableau 60 - Industrie osseuse du Néolithique moyen I. Choix des supports (support/espèce).

Cerf Capriné Suidé Grand ruminant Petit ruminant X taille grande X taille moyenne X Total

Canine inf. 0 0 1 0 0 0 0 0 1

Côte 0 0 0 1 0 1 0 0 2

Métacarpe 1 0 0 0 0 0 0 0 1

Métapode 0 1 0 0 1 0 0 0 2

Métatarse 3 0 0 0 0 0 0 0 3

Os long 0 0 0 0 0 0 1 2 3

X 0 0 0 0 0 0 1 9 10

Total 4 1 1 1 1 1 2 11 22

Tableau 61 - Industrie osseuse du Néolithique moyen I. Tableau de contingence support/techniques de débitage et de façonnage.

Support Débitage Façonnage

Sup Frac Rainlong Rainlong+frac Rainlong+Ent IND Total Pol Racl+pol IND Aucun Total

Canine suidé 0 0 0 0 1 1 0 1 0 0 1

Métacarpe 0 1 0 0 0 1 1 0 0 0 1

Métatarse 0 2 1 0 0 3 1 0 0 2 3

Métapode 0 2 0 0 0 2 1 0 0 1 2

Côte 2 0 0 0 0 2 0 0 0 2 2

Os long 0 0 0 0 3 3 2 1 0 0 3

IND 0 3 0 1 6 10 5 0 2 3 10

Total 2 8 1 1 10 22 10 2 2 7 22

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