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Sur une industrie en cristal de roche dans le Valais néolithique

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Sur une industrie en cristal de roche dans le Valais néolithique

SAUTER, Marc-Rodolphe

Abstract

La station néolithique de Saint-Léonard en Valais (Suisse) a livré un ensemble assez important de fragments de cristal de roche local, qui permet de se faire une idée de la technique du débitage et de la typologie des formes obtenues: éclats, lamelles, brutes ou avec retouches, pointes de flèches. On explique cette relative abondance par la carence en silex, importés. Ces observations sont complétées par un catalogue des objets en cristal de roche des stations néolithiques de la Suisse et (plus incomplètement) des pays limitrophes, ainsi que par une liste provisoire d'un certain nombre de stations paléo-mésolithiques où le quartz a été travaillé. On se demande enfin si l'emploi du cristal de roche n'aurait pas eu, au Néolithique, des raisons relevant aussi de la magie, comme aux époques historiques.

SAUTER, Marc-Rodolphe. Sur une industrie en cristal de roche dans le Valais néolithique.

Archives suisses d'anthropologie générale , 1959, vol. 24, no. 1-2, p. 18-44

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:95772

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(2)

Tome XXIV, N°• 1-2, 1959.

Sur une industrie en cristal de roche dans le Valais néolithique

par

Marc-R. SAUTER.

Contraria huic causa crystallum /acit, gelu vehe- mentiore co1wreto. Non aliubi certe reperitur quam ub-i maximae hibernae rigent, glaciemque esse cert.um est ...

Pline l'Ancien, Histoire 11aturelle, XXXVII, 23.

L'exploration de la station de Saint-Léonard, en 1956-1959, nous a fait constater la présence d'un grand nombre de fragments· de cristal de roche, avant de découvrir un petit outillage bien caractérisé. Il nous a paru que ce petit ensemble méritait d'être décrit avant même que, sauvée de la destruc- tion par les coups de mine des carriers, elle ait été entièrement fouillée.

Cette description appelait la comparaison; il n'a pas fallu chercher longtemps pour se rendre compte que, si le cristal de roche (ou, plus généra- lement, le quartz) était relativement rare dans les stations préhistoriques, il était pourtant signalé assez souvent. Sans faire une recherche exhaustive, qui aurait exigé le dépouillement systématique de centaines de périodiques locaux et une enquête auprès de nombreux fouilleurs, nous avons cherché à établir une liste - disons d'échantillons des stations où le quartz a été utilisé. Cette liste comporte moins de lacunes pour le Néolithique de la Suisse, grâce surtout au fait qu'elle complète et corrige celle qu'avait publiée Strôbel en 1939, grâce aussi aux précieux Annuaires de la Société· suisse de Préhistoire, qui évitent bien des recherches dans la littérature régionale. Pour les régions limitrophes de la Suisse, la liste de Strôbel conti- nuait à fournir une base à laquelle nous avons peu ajouté. Quant aux régions plus éloignées, seul le hasard de quelques dépouillements de publica- tions nous a permis simplement de montrer la grande répartition de l'emploi occasionnel du quartz en Europe occidentale.

Il nous a paru intéressant d'autre part de nous tourner vers le Paléo- Mésolithique des mêmes régions, pour rattacher les faits néolithiques au passé qui les conditionne partiellement. Enfin, pour la raison inverse et sans plus de prétention, nous rappelons quelques utilisations du cristal de

(3)

INDUSTRIE EN CRISTAL DE ROCHE 19 roche à des époques postnéolithiques. Les citations bibliographiques clas- siques ou nouvelles qui accompagneront ces rappels offriront peut-être quelque utilité à ceux que la question intéresse.

I. LE CRISTAL DE ROCHE A SAINT-LÉONARD (VALAIS).

I. La station. - Station de << Sur le Grand-Pré» (ou de la << Carrière de quartz») 1, commune de Saint-Léonard, district de Sierre, Valais. Nous renvoyons ceux qui s'intéresseraient plus particulièrement à ce site pré- historique, aux quelques notes préliminaires que nous avons déjà eu l'occa- sion de publier à son sujet (Sauter 1957, 1958, 1959, 1960). Contentons-nous de rappeler ici qu'il s'agit d'un site sur colline rocheuse culminant au flanc de la montagne, à l'altitude de 598.1 m, à une centaine de mètres au-dessus de la plaine d'alluvions du Rhône; que le remplissage de !'ensellure de rocher qui s'ouvre un peu au-dessous de ce sommet (environ 593 m) conte- nait, à peu près intacte (dans la partie non détruite par l'exploitation des quartzites encaissants), les vestiges d'un habitat néolithique creusé dans le limon loessoïde jaune stérile sous forme de niches, de fosses et de banquettes présentant une morphologie assez compliquée et difficile à interpréter pour le moment, et dont le matériel archéologique et faunique est emballé dans une couche de terre brune fine et compacte, due en partie aux apports éoliens continuels.

Les Néolithiques de cette station ont laissé une assez grande quantité de céramique variée, apparentée dans ses formes communes à celle de Cortaillod récent, mais enrichie de types nouveaux, où les influences exté- rieures, surtout méridionales, ont probablement persisté plus longtemps que dans la zone du Plateau - et des lacs - de la civilisation classique de Cortaillod. Le reste du matériel consiste en os travaillés communs aux sites de cette période, sauf un ou deux objets dont il sera question plus loin; en rares bois de Cerf débités (dont une gaine de hache simple, appartenant probablement à ce niveau); en deux fragments polis et perforés de gros coquillages probablement méditerranéens (évoquant ceux de Chamblandes);

en quelques canines de Sanglier taillées et polies en pendeloques à une ( ou deux ?) perforation; en haches, erminettes et tranchets en pierre verte;

en silex relativement peu abondants, de types assez divers (lames, pointes de flèches, couteaux), et de nature très variée; en cristaux de roches débités et taillés entre autres en pointes de flèche; en polissoirs et meules de grès, etc.

1 C'est sous ce nom qu'on désigne dans la région une carrière de quartzite.

(4)

La faune est presque exclusivement domestique (Capra, Ovis, Sus, Bos, Canis), à part un ou deux débris osseux appartenant à Cervus elaphus, Capreolus capreolus, Ursus arctos (peut-être post-néolithique), Castor fiber, Pisces.

Ajoutons que, soit dans quelques lambeaux de couche épargnés par ceux qui avaient autrefois défoncé le terrain pour y établir une vigne, soit dans la couche résultant du mélange des niveaux ainsi remués, nous avons recueilli du matériel archéologique attribuable à plusieurs époques protohistoriques (Bronze ancien, moyen et récent, Hallstatt peut-être, plusieurs moments de La Tène) et de l'époque romaine; comme le niveau néolithique avait été en partie atteint par le défonçage, nous avons retrouvé de nombreux objets en provenant, et que nous nous croyons autorisé à joindre au matériel néolithique en place. Un argument intéressant dans ce sens nous est fourni par le matériel recueilli dans un lambeau de couche en place, attribuable à l'âge du Bronze final: il ne comporte pas le moindre débris de quartz. Il se peut pourtant que l'on ait continué à travailler occasionnellement le cristal de roche sur la colline après le Néolithique;

mais la probabilité est faible, et de toute façon il ne pourrait guère s'agir de pièces importantes 1

Il nous faut revenir sur l'emploi que les Néolithiques de Saint-Léonard ont fait de certaines matières premières. La pierre verte n'a pas été très honorée, malgré sa relative fréquence dans les terrains morainiques immé- diatement voisins; pourtant plus d'un objet fabriqué en ce type de roche est peu habituel: nous pensons à telle pointe de flèche. On retire de cela l'impression que nos Néolithiques cherchaient à pallier la relative rareté du silex importé en travaillant autre chose; car, outre la pierre, verte c'est l'os qui a fourni la matière de pointes de flèches (ou de sagaies).

Mais cette impression est encore renforcée par ce que nous montre le cristal de roche. C'est par poignées qu'on peut manier les éclats de débitage, alors que le silex se présente en un volume beaucoup plus restreint. La statistique ci-jointe (tabl. r), toute approximative qu'elle est 2, donne cependant des ordres relatifs de grandeur qui sont parlants. ta rareté des déchets de travail du silex démontre bien le souci qu'avait l'artisan néo- lithique de tirer le parti maximum de cette matière étrangère; certes il y a un ou deux nucléus en silex, prouvant qu'on savait se procurer de la matière première, mais l'impression subsiste d'une rareté du silex.

1 Les objets provenant de la couche néolithique en place sont désignés expressément dans la légende des figures I à 4.

2 Elle ne concerne que ce qui a été trouvé en 1956-1958, tandis que nous figurons quelques bonnes pièces découvertes en 1959.

(5)

INDUSTRIE EN CRISTAL DE ROCHE 2I

TABLEAU r. - Proportion des éléments en quartz et en silex de la station de Saint-Léonard (I956-I958).

(On a distingué les pièces trouvées en place dans la couche néolithique de celles qui ont été recueillies en terrain remanié, pour les grouper ensuite).

QUARTZ SILEX

N. de pièces Poids en g N. de pièces Poids en g

En Re- Total En Re- Total 811 Re- 'rotnl En Re- Total

place manié place manié plllce mrulié place manié

I. Pièces non retou- chées.

Nucléus, etc. 2 17 19 90 286 376 3 2 5 II5 19 134

Déchets de taille,

etc. 260 505 765 291 887 II78 17 7 24 23 30 53

Eclats à bulbe de

percussion - 16 I6

-

48 48 5 I 6 II I 12

Lames et lamelles 36 21 57 13 13 26 25 9 34 36 14 50

- - -- - - - -

- - -

- - - - - - -

- - - -- - -

Total. 298 559 857 394 1234 r628 50 19 69 185 64 249

- - - -

Proportion quartz

et silex 92.5% 86.7% 7-5% IJ.J%

2. Pièces retouchées

Lames et lamelles 2 6 8 3 9 12 25 17 42 78 51 129

Eclats épais 2 8 IO 3 24 27 - 7 7

-

25 25

Pointes et pointes

de flèches 7 2 9 7 2 9 I3

-

13 22

-

22

-- - - - - - -- - - - - - - - - -

- --

- - -- - - -

Total II 16 27 13 35 48 38 24 62 100 76 r76

- - - - - -

Proportion quartz

et silex 30.3% 2I.4% 69,7% 78.6%

Total global . 309 , 575 884 407 1 1269 r676 88

1

43 IJI II8 [ 140 425

- - -

- - -

Proportion quartz

et silex 87.0% 79.8% IJ.0% 20.2%

(6)

Par contraste les éclats provenant du travail du cristal de roche sont largement les plus nombreux, alors que les objets finis, même s'ils peuvent passer, par comparaison, pour assez fréquents, n'atteignent de loin pas la quantité de ceux en silex.

2. La matière première. - Les tailleurs de quartz ne devaient pas avoir de peine à se procurer leur marchandise. Le minéral se trouve en effet en place dans les massifs alpins en amont de Saint-Léonard; plusieurs gise- ments en sont encore actuellement connus, dans la région du Grimsel par exemple ou dans la vallée de Binn 1, où une petite industrie artisanale perpétue la tradition des tailleùrs de cristal de roche. Mais on peut imaginer que la plus grande partie de la matière qu'employaient les Néolithiques de Saint-Léonard provenait des moraines issues de ces zones alpines, et qu'ils

n'avaient pas de longues randonnées à faire pour avoir de quoi travailler.

La plus grande partie du quartz débité dans la station est soit un quartz hyalin pur, soit un quartz fumé. Quelques prismes et certains éclats portent parfois des dépôts de chlorite. Il y a aussi du quartz blanc translucide.

Nous avons recueilli quelques morceaux de cristaux où sont encore recon- naissables des éléments de facettès du prisme (fig. I, 2, 4, I5) ou de la pyra- mide terminale (fig. I, 5, rn); on y voit que l'on a utilisé des cristaux de dimensions variées.

3. La technique. - Le mode de débitage ne se laisse pas toujours déduire de l'examen des éclats informes qui constituent la plus grande partie de ce matériel. La quantité même de ces éclats (non figurés ici) montre que cette technique ne pouvait présenter aucune régularité; trop d'inégalités existent dans la matière, qui ont dû empêcher l'artisan de calculer la position de l'impact, la direction et la force des coups. Tout se passe comme si l'on avait cherché un peu au hasard à obtenir des éclats rappelant ceux du silex. Un autre hasard nous a fait retrouver, parmi la masse des déchets de taille, un document intéressant: d'une part un gros fragment de la base du prisme d'un cristal de grandes dimensions (fig. I, I a-d) à dépôt chloriteux, dont avait été détaché par percussion un fort éclat et d'autre part l'éclat lui- mêmè, qui s'applique très exactement dans le négatif (fig. I, I e); cet éclat n'a pas la netteté de forme que fournit le silex, les stigmates classiques (bulbe et esquilles de percussion) sont beaucoup moins nets, mais la technique employée a bien été celle du tailleur de silex. Cet éclat est le plus gros que nous ayons observé; encore n'était-il pas utilisable tel quel. La grande

1 Desbuissons, 1909; Bader, 1934.

(7)

INDUSTRIE EN CRISTAL DE ROCHE 23

FIG. i. - 3Jnl-L<!onartl, VS. Tnohniquc do dôbllngc du erlslnl do rocho.1. Gros 111:lsmo nveo l'l-clot (dl qnl en nvail Hl: détncM (a c_l d, l'éclM o éli! r mis en pince; b, le prls,nc sans l'éel"l; c, l'(.:h1l ,n, pnr a fac d'énlnl ·mr.nt). - 2, 4, 10. utléus oi1 cl • lnccs du 1,rlomc se vol nt em:or~ - 3, 6, 7. Nuclêus nJ•anl pu sc,:vk do moloirs•((l"nltoirs (6 ov(lc con,eréllcn c;1h:nir ), - 5. Nuclé11s,grollolr sur >51m111 l ,Le crl~t11I. - 8, Potits nucléu~·grntlolrs épais. - 1 r-13. llclnls lnrgcs n bulbe dt porcUS!oi011 Ilion mnrqué. - "1· loclnl allong<I (nvcc fac~Ho do prlsm,c). (Les 11•• ·1, 8, 10 et tt provionno111 de ln coucho nl'Olithiqu on pince).

Ecu.: 2: 3.

(8)

majorité des éclats est de dimensions moyennes à faibles (fig. 1-2). Cer- tains d'entre eux, mieux réussis, présentent un plan d'éclatement bien net, avec un bulbe et - parfois - des esquilles de percussion caractéristiques (fig. I, I, II-IJ). Les plus réussis sont les éclats lamell~ires (fig. 2, I-23), qui soutiennent la comparaison avec ce que peut offrir une industrie méso- lithique du silex, et qui démontrent l'habileté des artisans de Saint-Léonard.

Le contraste est frappant entre ces quelques pièces «classiques» et les cen- taines de déchets de taille, informes, mentionnés ci-dessus.

Fm. "· - Sninl·l.l!Onnrd, V . Tcclrnlqu • de débitage et typologie du cristal do roche. 1-23. l.,)n,clk'S 11611'

retouchées (l.5 n1>6 cl 8 cepr<::sentant 13 mÇm lnmellc). - 2,1, 26, z7. Poinl(?S rnQ,u.sscs ?I r touches bif-a ..

clnles (2,1), nllcme,; (26) ou simples (27). - :s. Eclnt retoutM sur le bord basal. - •H-30. Pointes (léjetl-cs.

(Les n•• 2-4, 7, 101 12-14, 1 ?, 20, ,:,: cl 25 proviennent de la couche néolithique en place). Ech.: 2: 3.

On retrouve donc les trois grandes catégories de techniques connues pour le travail du silex: sur rognon, sur éclat large et sur éclat lamellaire.

Mais le nombre restreint de pièces achevées rend illusoire toute déduction fondée sur les proportions de ces techniques. La plus perfectionnée - celle de la lame - qualifie en quelque sorte l'ensemble, en démontrant les capacités maximums des tailleurs de quartz; c'est elle qui a laissé le plus d'exemples, dans la catégorie des pièces (avec et sans retouches) recon- naissables.

Remarquons que les vrais nucléus sont rares (fig. I, 2-ro), et qu'ils peuvent aussi avoir servi d'outils.

4. La typologie. - Si l'on ne s'arrête maintenant qu'aux produits finis ou presque, on peut distinguer deux grandes catégories, dont la limite n'est

(9)

INDUSTRIE EN CRISTAL DE ROCHE

25

pas nette. La première est formée de fragments manifestement travaillés mais où l'on ne peut pas déceler des formes méritant un nom; il s'agit peut- être d'outils de fortune, occasionnels. La seconde catégorie groupe les quel- ques pièces bien réussies, conformes à ce qu'on a coutume de voir sortir de l'atelier du tailleur de silex; appelons-les outils classiques.

r0 Outils de fortune. C'est dans cette catégorie qu'on trouve les outils sur nucléus ou sur éclat, obtenus par débitage plus ou moins régulier puis par retouches sur un morceau de cristal de roche. Nous avons fait mention des nucléus peut-être utilisés; le n° 9 de la figure r, très petit, imite gros- sièrement un grattoir caréné.

Mais le plus souvent il s'agit d'éclats (y compris des lames) moyens et petits portant des traces de débitage puis de retouches en général frustes, ce qui a donné des outils asymétriques et irréguliers qui défient la nomen- clature typologique, à moins qu'on se contente de parler de pointes mousses

(fig. 2, 24, 26-27), de pointes déjetées (fig. 2, 28, 29), d'éclat retouché sur la base (fig. 2, 25), et de lames à retouches limitées, alternes (fig. 2, 30;

fig. 3, 5).

2° Outils classiques. Ils ne sont pas très variés. Nous y distinguons des lames et lamelles à retouche marginale, une pointe imitant le type de Châtelperron, et les pointes de flèches.

a) Lames et lamelles à retouches marginales. Une pointe symétrique (fig. 3, I), une lame incurvée retouchée sur presque tout son pourtour (fig. 3, 2) et, de façon moins nette, une lame retouchée irrégulièrement sur les deux tranchants (fig. 3, 3) et une courte lame épaisse (fig. 3, 6) répondant à la définition de la technique de la« lame à bord abattu» (ou« à tranchant abattu », ou « à dos ») 1.

Il est à noter que l'outillage en silex du niveau néolithique de Saint- Léonard n'a pas fourni de pièce analogue à ce type, pas plus que de la suivante.

b) Pointe d'allure Châtelperron (fig. 3, 4). Il est évident que nous ne faisons ici qu'un rapprochement typologique sans songer le moins du monde à une relation génétique. Du reste les petites dimensions de notre pointe !'apparentent plutôt à certaines pointes mésolithiques.

1 Nous nous contentons de ce choix de désignations, sans ignorer la vivacité des controverses qui, dans le cadre de la Société préhistorique française) ont cherché à donner à ce type de lame (et de pointe) - important à certains moments du Paléolithique supérieur et du Mésolithique - un nom conforme aux exigences de la langue française en même temps qu'à celles de la technologie. Nous adoptons le premier pour suivre dans leur accord Mme D. DE SONNEVILLE-BORDES, Lexique ty(>ologique, 1956, p. 546, et le Dr A. CHEYNIER, Les lamelles à bord abattu, 1956, p. 657. Cf. SCHWABEDISSEN, 1954, pp. 7-8 et fig. II.

(10)

c) Pointes de fièches (fig. 4). La chasse, nous l'avons vu, ne constituait qu'une part très réduite de la vie économique des Néolithiques de Saint- Léonard; la guerre, elle, devait être rare. Cela suffit à expliquer la faible quantité de pointes de flèches rencontrées, qu'elles soient en silex, en quartz,

2

FIG. 3. - Saint-Léonard, VS. Lames retouchées en cristal de roche ... 1-3. Pointe (r) et lames (2-3) à bords abattus.

- 4. Pointe incurvée imitant le type de Châtelperron. - 5. Lame à retouches alternes. (Les n°9 4 et 6 pro- viennent de la couche néolithique en place). Ech.: :2: 3.

en pierre dure, en os ou en corne. Certaines des pointes de flèches en silex, très finement travaillées, ont sans doute été importées à l'état fini. La valeur qui semble s'être attachée à cette arme aide à comprendre qu'on ait essayé de réaliser sa pointe en quartz hyalin. Il n'est à cet égard pas sans intérêt de constater que dans les stations néolithiques de la Suisse, pour ne parler

FIG. 4. - Saint-Léonard, VS. Pointes de flèches en cristal de roche. 1. Base rectiligne. - 2-4. Bases convexes. - 5-6. Bases à pédoncule large peu différencié. - 7, Pédoncule irrégulier. - 8. Pointe de flèche du type de Varèse. (Les n°s 1-4i 7 et 8 proviennent d,e la couche néolithique en place). Ech.: 2: 3.

que de ce pays, où figurent un ou deux objets finis en quartz, il s'agit le plus souvent de pointes de flèches (cf. tableau 2).

A Saint-Léonard nous pouvons aligner 8 pointes de flèches dont l'iden- tification ne laisse pas de doute. Il n'est naturellement pas exclu que d'autres pointes moins typiques aient été emmanchées à l'extrémité d'une hampe de flèche. Elles sont petites (la plus grande, fig. 4, I, a 24 mm de

(11)

INDUSTRIE EN CRISTAL DE ROCHE

27

hauteur), et la plupart sont d'une facture malhabile. Aucune ne présente la retouche bifaciale envahissante du Néolithique tardif, qu'on observe.

sur quelques-unes dES pointes de flèches en silex de notre station. La typo- logie de nos pointes est simple: sur 8 pièces, une a une base droite à légère- ment concave (fig. 4, I}, trois ont la base convexe (fig. 4, 2-4), deux ont un

Fm. 5. - Collombey-Muraz, VS. Barmaz 1. Bronze an- cien, mais peut-être repris de la couche néolithique.

Nucléus en cristal de roche.

Ech.: 2: 3.

F1G. 6. - Outillage en cristal de roche de stations lacustres, 1-3.

Tâuffelen, BE. Gérolfin-Üfeli. Deux nucléus-grattoirs (un avec faces du prisme) et pointe de flèche. - 4. Locras-Lüscherz, BE. Pointe de flèche. - 5. Cheseaux-Noréaz, VD. Charnpittet. Pointe de flèche.

Musée historique bernois, Berne. Ech.; 2: 3.

semblant de pédoncule large et atypique (fig. 4, 5-6), une possède un pédon- cule bien différencié quoique irrégulier (fig. 4, 7), la plus jolie enfin a une base concave avec deux ailerons très asymétriques (fig. 4, 8). Cette dernière pièce mérite une mention particulière, non du fait de sa facture, mais à cause de sa forme; en effet cette asymétrie ·des ailerons se retrouve chez l'une des pointes de flèches en silex de la couche néolithique de Saint- Léonard, mais elle caractérise un type peu fréquent certes mais bien loca- lisé: c'est la pointe de flèche de Varèse, connu par exemple à l'Isolino 1 .

Ce rapprochement typologique par-dessus les Alpes s'ajoute à ceux que nous avons déjà eu l'occasion de relever dans d'autres secteurs de la civilisation matérielle de notre station valaisanne.

Que conclure de cette rapide description du matériel travaillé dans du cristal de roche par les Néolithiques de Saint-Léonard ? On peut dire que, pour des raisons où l'économie (la rareté du silex), les conditions géologiques et géographiques (abondance de cristal de roche à faible distance du site) et le goût pour une belle matière doivent entrer en composition, ces gens ont su maîtriser une substance d'un travail particulièrement délicat; ils

1 CASTELFRANCO, 1913, pl. III, 6-II. - STRÔBEL, 1939, p. 44, 15.

(12)

TABLEAU 2. - Le cristal de roche dans les statîons néolithiques de la Suisse et du Liechtenstein.

Objets Musée, etc.

C.111- Lac.2 Station, lieu dit ' Commune nistrir.t

\On 1 Ter.

N, P. a 11!,:.lals

et Flèches Lames Autres source 4

Sur le Grand-Pré Saint-Léonard Sierre vs T N, P.5 xxX6 X X 0 X X X6 X X ~ Sion b)

Barmaz I-II CoUombey-Mnraz Monthey vs T N•, p XX -

-

- Sion b)

Vallon des Vaux Chavannes-le-Chêne Yverdon VD T

-

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Champittet Cbeseaux-Noréaz Yverdon VD L - - X 7

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CorceUes Corcelles-pr. -Concise Grandson VD L

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? a)

Lac de Sempach:

Mauensee Mauensee Sursee LU L - X -

- -

Lucerne a)

Sennhausern Oberkirch Sursee LU L N -

- - -

Sempach Lenzburg a) &

Trichtermoos Schenkon Sursee LU L N

-

-

- -

Sursee a)

Lac de Baldegg:

Seezopf 15 Retschwil Hochdorf LU L

-

X -

-

X ? m)

Ricbensee Hitzkirch Hochdorl LU L p X -

- -

Lucerne(Rath.)aJ

Seematte Hitzkirch Hochdorf LU L - -

- -

X Lucerne (GIM)aJ

Lac de Zoug:

Bachgraben Cham - ZG L - X -

- -

Speck, Zoug a)

St-Andreas Rothenbacb Kemmathen Cham Steinbausen Hünnenberg --- ZG ZG ZG L L L -

-

N

-

X X

-

--

- - - - - -

Id. Id. Id.

Schwarzbach Buonas-Wert Risch Risch -- ZG ZG L L -N

-

X --

- - - -

Id. Id.

Robenhausen Wetzikon Zürich ZH L - XX X

- -

? a)

Himmerich 16 Wetzikon Zürich ZH L - XX -

- -

? a)

(13)

INDUSTRIE EN CRISTAL DE ROCHE 29

TABLEAU 2 (suite)

Objets Musée, etc.

Can· Lac.~

Station, lieu dit Commune District Inn• Ter.

• I

Eclats et

N, P. Fh,chos Lames Autres source 4

La& de Constance:

Ennatingen Ermatingen Kreuzlingen TG L -

-

X 16 - - Frauenfeld a)

Ile Werd Eschenz Steckbom TG L - X - - - Frauenfeld a)

Thurberg Weinfelden Weinfelden TG T - X - - - Weinfelden a)

Petrushügel Cazis Heinzenberg GR T p X - - X Coiren)

Grotte supérieure de

Tzivaderli 16 Haldenstein Unterlandquart GR T - X - - - Coire a)

Lac de la Suisse

occidentale ? L - -

-

- X 17 Bâleo)

Liechte11-stein - -

Altschellenberg Schellenberg - FL T - - X

-

- Vaduz p)

Borscht Schellenberg

-

FL T -

-

X - - Vaduz q)

Lutzengüetle Gamprin

-

FL T - - X - - Vaduz r)

Malanser Eschen

-

FL T - - X - - Vaduz,)

1 AG, Argovie-Aargau. - BE, Berne-Bern. - FR, Fribourg-Freiburg. - GR, Grisons-Graubünden. - LU, Lucerne-Luzern. - NE, Neu- châtel-Neuenburg. - SO, Soleure-Solothurn. - TG, Thurgovie-Thurgau. - VD, Vaud-Waadt. - VS, Valais-Wallis. - ZG, Zoug-Zug. - ZH, Zurich-Zürich.

2 Stations « lacustres n ou terrestres (voir le texte}.

s N, nucléus. - P, prisme de cristal.

4 a) STRÔBEL, 1939, pp. 146-147.

b) SAUTER.

c) Vu au Musée historique bernois.

d) PEISSARD, 1941, p. 40.

e) Vu au Musée historique bernois.

/) SSP, 1927, p. 45.

6 Fig. 1-4.

6 Fig. 5.

7 Fig. 6, 5.

g) SSP, 1953, p. 37.

h) PINÔSCH, 1942, p. 72.

i) SSP, 1954/55, p. 49.

k) SSP, 1946, p. 44.

m) SSP, 1938, p. 78.

n) SSP, 1939, p. 55.

8 Fusaïole (?) subspbérique aplatie, en cours de perforation. fïg. 7,

o) STRÔBEL, 1939, p. 28.

P) BEcK, 1954, p.ro3. q) BECK, 1949, p. 95.

r) SSP, 1940/41, p. 63.

s) BECK, 1953, p. 202.

9 Il semble y avoir eu confusion dans la littérature entre Forel FR et Chavannes BE pour la même pièce.

10 Fig. 6, 4.

11 Fig. 6, I-2.

12 Fig. 6, 3.

10 Fig. 8, I-2.

14 Fig. 8, 3.

16 Pas sûrement néolithique.

10 L'une des deux pointes de flèches d'Ermatingen est polie (STRÔBEL, 1939, fig. 1, p. 29. - KELLER-TARNUZZER et REINERTH, 1925, fig. 71 8, p, 47).

17 cc Hameçon poli 11,

ont réussi, à la faveur d'un véritable gaspillage, exprimé par la grande quantité de déchets de débitage inutilisables, à réaliser des outils relative- ment variés. Ce que nous verrons d'autres stations néolithiques nous prou- vera que par la quantité de pièces en quartz, brutes et retouchées, Saint- Léonard occupe une place privilégiée.

Il. LE CRISTAL DE ROCHE A L'ÉPOQUE NÉOLITHIQUE.

Rappelons-le: les considérations qui suivent ont pour seul but d'élargir un peu le débat, en faisant connaître de manière incomplète mais pourtant significative, croyons-nous, le degré d'ampleur de l'utilisation du quartz

(14)

TABLEAU 3. - Le cristal de roche dans les stations néolithiques des pays limitrophes de la Suisse.

Station, lieu dlt 1 Commune I Département, etc. l Objets • 1 Musée, etc, 1 Source•• 1

- - - -- - - - ---'- - -- - ----'-- - - ----'--- --'-- ---'-- - - -- -

France Grotte de la. Parcon-

naire

Grotte Roche d' Ane Voujancourt Camp de Grammont Dolmen

de Coutinargues St, des Launes ou des

Pas-de-l'Echelle Montbéliard Voujancourt Boncourt Fontvieille

Sables ?

St. de Campuzet ? Grotte de Chaffaud

(1•• caverne) Savigné

Italie Isolino Stopani Bodio Ponti Centrale Cave Gagg-io Maresco-Desor Grotte

des Arene Candide, niveaux II-26 niveaux 27-28 Grotte Pipistrelli,

niveau II Pescale

Alba, niveau D Allemagne Bachbrunnen Auf dem Hafele Mainau

Aichbüehl Riedschachen

Aurtiche Mondsee

Bardello Bodio Càzzago Bodio Bodio Bodio Finale Ligure

Finale Ligure Prignano sul

Secchia Alba

Wallbach Sâckingen Mainau Schussenried Schussenried

• N, nucléus. P, prisme de cristal.

•• Str., STRôBEL, 1939, pp; 145-147;

1 Fig. 9.

Haute-Savoie Doubs Doubs Doubs B.-d.-Rh.

Hérault Hérault Vienne

Lombardie Lombardie Lombardie Lombardie Lombardie Lombardie Lombardie Ligurie

Ligurie

Modène Cuneo

Bade Bade Bade Wurtemberg Wurtemberg

Pointe flèche 1

N Eclat Net éclat

2 pendeloques

Genève Montbéliard Montbéliard Montbéliard Arles ?

Quartz taillés ? Quartz taillés ? Pendeloque ?

Eclats, lames, pointe flèche?

Net éclat Net éclat Net éclat Eclat Net éclat Eclat

44 P, 6 éclats { N, éclats,

2 lamelles N

Pointe

Net outils N

Eclat Pointe flèche Pointe flèche

Varèse Varèse Varèse Varèse Varèse Varèse Varèse Gênes

?

Sackingen Zurich Tubingue Tubingue

Oberôsterreich Pointe flèche

Str.

Str.

Str.

Str.

Arnal, etc.

1953, 49 Louis 1949, 16

Id.

Brouillet 1864, 30 Str.

Str.

Str.

Str.

Str.

Str.

Str.

Bernabo Brea, 1946 et 1956, passim.

Almagro 1955,

22

Malavolti 1951-52, 20 Lo Porto,

1956, fig. 7 Str.

Str.

Str.

Str.

Str.

/

Munro 1908, 1681

(15)

INDUSTRIE EN CRISTAL DE ROCHE 31 dans l'outillage néolithique de la Suisse et des régions limitrophes. Grâce aux autorités des musées de Berne et de Genève 1 nous avons pu examiner un certain nombre de pièces, dont nous publions les plus importantes.

F10. 7, - Corcelles-sur-Concise, VD. Fusaïole (?} en cristal de roche, abandonnée en cours de perforation Collection S. W. Poget, Morges. Ech.: 2: 3.

r. Suisse. - Le tableau 2 donne - groupés par cantons, en allant grosso modo de l'ouest à l'es_t - les principaux renseignements relatifs aux objets en quartz. Nous y avons indiqué, outre le nom et la situation admi- nistrative et géographique des stations, leur nature cc lacustre» ou cc ter- restre», ceci pour les caractériser très grossièrement. Les objets sont désignés de manière sommaire; comme nous n'avons pas pu vérifier tous les renseigne-

3

J

FIG. 8. - Seeberg1 BE. Burgàschi-Sud. Outillage en cristal de roche. 1-2. Eclats un peu retouchés. - 3. Pointe de flèche. Musée historique bernois, Berne. Ech.: 2: 3.

ments recueillis dans la littérature, nous ne garantissons pas l'exactitude de ces données; il en va de même, dans bien des cas, de la mention de la collection où sont actuellement conservées ces pièces 2 Le fond de ce catalogue est formé par la liste publiée par Strobel en 1939; la mention de cet auteur nous évite de citer d'autres sources, qu'il fournit.

, os rom rcfoments va11l à uolrc coll,'suu cl ntni le profe,5(!Ur H.-G. Bnndi, oou,-dtrcctcur du Muwo his-

\orlquc bernois, cl à M. Ed. SolJbcrgcr, directeur n. i. du M~c d'Art cl d'Histoire de Cci,~vc, 11ui ont Ir<

obligoarnmcnl ml,; à noire disposition les pi~cs n qucslion. Nous remercions nu i M. S. W. Pog l, Il Mo,·g,is, qui nous n Jl<'rmis d'ox:uninor el dl) tiublicr 1111 lorl lnléressanl obj t de st1 bcllo coll lion, ninsl 11u~ le D' I',· ·. Koby, h 8~Je, qui nous n cunfi6 des pi~ces du !OJllerri, ut lo. D• J. HObsr.hcr, A Dillc, qui nous " ~ignal6 un doc:u- 111ci11 c,1 sa 1JOSSCSSlon. .

2 C'est ainsi que nous avons pu constater que plusieurs objets figurant <laps la liste de [Strôbel, 1939, pp. 145-147, comme étant au Musée de Berne, ne s'y trouvent pas - ou plus.

(16)

On arrive à un total - provisoire, répétons-le, et donc minimum - de 59 stations néolithiques suisses où du quartz a été signalé. Quarante d'entre elles sont des stations cc lacustres n ou cc palùstres n ou, pour employer un terme plus neutre traduisant l'allemand Ufersiedlungen, des stations littorales. Il nous est malheureusement impossible, pour la plupart des stations, de préciser de quel niveau provient le matériel mentionné. Il semble toutefois qu'on puisse dire qu'il appartient à l'ensemble du Néo- lithique; en effet, à côté du niveau Cortaillod récent de Burgaschi-Sud et Est, on trouve Cazis-Petrushügel aux Grisons, qui se rattache à la civilisa- tion de Horgen, et la station palafittique de Sutz sur le lac de Bienne, qui appartient à la civilisation de la céramique cordée. Ajoutons que nous avons dû être plus d'une fois très large dans l'appréciation chronologique, en acceptant dans la liste des documents dont l'âge néolithique n'était pas assuré (p. ex. Cornol-Monterri, BE).

Fw. 9. - Pas-do-l'Echclle (Rte-Savoie, France).

Grotte de la Pnrconnalre (Salêve). Pointe de flèche en quartz grossier. Musée d'Art et d'His- toire, Genève. Ech.: 2: 3.

2. Pays limitrophes de la Suisse . ...:. Le tableau 3, rappelons-le, donne en plus des quelques stations mentionnées par Strobel dans le voisinage de nos frontières, quelques noms de stations plus éloignées, surtout vers l'ouest, et sans qu'un ordre quelconque préside à cette liste, qui pourrait être fortement allongée au gré de recherches plus systématiques. Telle quelle elle montre que le travail (toujours occasionnel) du quartz au Néo- lithique est un phénomène assez répandu. Il nous parait vain de commenter ce tableau, qui n'a d'autre prétention que de fournir une amorce de docu- mentation.

*

*

*

Il convient de relever que parmi les objets en cristal de roche trouvés dans les stations néolithiques de la Suisse et des pays voisins, il existe, à côté des éléments bruts et des outils éclatés, quelques pièces polies. C'est le cas, en Suisse, de l'objet subsphéroïde aplati à début de perforation axiale bipolaire, recueilli par M. S. W. Poget dans la station de Corcelles (Vaud) (fig. 7). Il pourrait s'agir d'une fusaïole en cours de fabrication, que

(17)

INDUSTRIE EN CRISTAL DE ROCHE 33

l'éclatement de quelques esquilles aurait fait abandonner. C'est peut-être aussi le cas du <c hameçon poli », provenant d'un lac de la Suisse occiden- tale, que Strobel a vu au Musée de Hâle. En France, trois pendeloques perforées, dont deux du dolmen de Coutinargues à Fontvieille (Bouches- du-Rhône) et une dans la grotte r de Chaffaud (Vienne), démontrent une maîtrise remarquable de la matière.

III. LE CRISTAL DE ROCHE AU PALÉOLITHIQUE ET AU MÉSOLITHIQUE.

Là encore nous nous contenterons de mentionner quelques-unes des stations paléolithiques (et plus exceptionnellement mésolithiques) où l'on a signalé la présence d'objets en cristal de roche.

r. Suisse. - Th. Schweizer-a publié un beau nucléus de 750 g, à enlève- ments lamellaires, qu'il a trouvé dans le niveau magdalénien final de l'abri du Mühleloch (Starrkirch, Soleure; Musée d'Olten) 1• Amrein 2 a signalé une petite pointe provenant de « la moitié supérieure de la couche paléolithique » de la grotte de Steigelfadbalm; l'âge de ce niveau n'est pas clair.

2. Allemagne du Sud. - Le niveau magdalénien final (c), de la station d'Oelberg (Ehrenstetten, Fribourg-en-Brisgau, Bade), a livré des outils (cc Werkzeuge ») a.

3. France. - Notre liste, quoique très incomplète, est plus longue, pour des raisons de circonstances. Nous groupons les stations par départe- ment, en partant des frontières de la Suisse, puis du nord.

Haute-Savoie. Les Magdaléniens supérieurs de l'abri des Douattes (Frangy) ont utilisé à l'occasion le quartz; Jayet 4 signale un nucléus.

Somme. Un petit biface acheuléen provient de Saint-Acheul 5 •

Morbihan. Les stations mésolithiques tardives de Téviec et d'Hoéâic 6 ont donné, la première deux outils (pointe et grattoir) atypiques, la seconde un trapèze microlithique.

Yonne. Leroi-Gourhan a recueilli dans la grotte de l'Hyène à Arcy-sur- Cure (niveau moustérien final) des fragments de quartz hyalin 7•

1 SSP, XIII, 1922, pp. 39-40 et pl. III. - STRôBEL, 1939, pp. 27-28.

2 AMREIN, 1939, p.· 51.

s LAIS Cl Sc111,11D, 19s1, pp. 30-31.

4 JAYET, 19-13, Jlll• 66 I 'li•

6 AL1'1l<S, 1950, pl. XVJII, 97.

6 PtQUART, B0u1.o: cl V AJ.L01s, 7ëviec, 1937, p. 86 et fig. 37. - l'tQUART, Holdic, 1954, p. 20, fig. 12, r8 bis.

- La présence œOvfa à Téviec nous reod sceptique sur l'âge mésolithique de lo stnUon.

7 LRQOf-GOURIIAN, 1958, p. 100.

Arch. suisses d'anthrop. gén. - T. XXIV. - 1959.

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