A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION B
J EAN -P IERRE R AOULT
Propriétés asymptotiques locales des tests
Annales de l’I. H. P., section B, tome 6, n
o1 (1970), p. 61-113
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Propriétés asymptotiques locales
des tests
Jean-Pierre RAOULT
(Faculté des Sciences de Rouen, 76-Mont-Saint-Aignan).
Ann. Inst. Henri Poincaré,
VOL. VI, N° 1, 1970, P. 61-1 13.
SECTION B l
Calcul des probabilités et Statistique.
SUMMARY. - This paper is devoted to the
study
ofenvelope
power functions(defined by Hajek
in[5]) :
theenvelope
power function of anasymptotical problem
of testcharacterizes,
when itexists,
how difficultit is to
distinguish
between thehypothesis Ho
and the alternativehypo-
thesis
Hi,
each of thembeing represented by
a sequence ofparameters, converging
towards theboundary
betweenHo
andH 1,
and named cri-terion
(in Hi)
and reference(in Ho) (see 1.2.).
Two existence theorems for
envelope
power functions aregiven (in 1. 3.), using
as toolsequi-asympto-projective systems
of measures andsimple Lebesgue decomposition
of sequences ofprobabilities :
these notions arestudied in a Thèse de Doctorat ès Sciences
Mathématiques [12],
whichthis paper is the last
chapter of; they
arequicly
described here in 1.1.These results are
improved
forsamples
ofindependent
random varia-bles
(in 2.1.); following
the track of Le Cam[7]
andHajek [4],
one usescentral limit
theorems,
and a sufficient condition ofsimple Lebesgue décomposition [11].
’
The results are still
improved
for location(in 2.2.)
and scale(in 2.3.) problems;
it is thenpossible
tocharacterize,
with thehelp
of thespeed
of convergence of the
criterion,
inHi,
towardsHo,
the digèrenttypes
ofenvelope
power functions and ofasympto-projective systems
involved.62 JEAN-PIERRE RAOULT
INTRODUCTION
Cet article est consacré à l’étude des fonctions de discrimination
(«
enve-lope
power functions » pourHajek,
voir[5]), qui
traduisent la difficultéqu’il
y a àdistinguer,
dans unproblème asymptotique
de test, entrel’hypo-
thèse
Ho
et lacontre-hypothèse H 1, représentées
chacune par une suite deparamètres, convergeant
vers la frontière entreHo
etH et
dénommée critère(dans H 1 )
ourepère (dans Ho) (voir 1. 2.).
Deux théorèmes d’existence de la fonction de discrimination sont donnés
(voir 1.3.),
à l’aide des notions desystème équi-asympto-projectif
et dedécomposition
deLebesgue simple
des suites deprobabilités,
notionsdont l’étude fait
l’objet
d’une Thèse de Doctorat[l2]
dont leprésent
articleconstitue le dernier
chapitre,
etqui
sont décrites ci-dessous en 1.1.Ces résultats sont
précisés
dans le cas des échantillons de variables aléatoiresindépendantes (voir 2.1.) ;
on y fait usage de théorèmes de conver- gence vers la loinormale,
suivant en cela la voie de Le Cam[7]
etHajek [5],
ainsi que d’une condition suffisante de
décomposition simple
deLebesgue (voir [11]).
Ces résultats sont encore
précisés
dans le cas desproblèmes
de testde
position (voir 2 . 2.)
ou d’échelle(voir 2 . 3.)
où oncaractérise,
en fonctionde la vitesse de convergence du
critère,
dansH 1,
versHo,
les différentstypes
de fonctions dediscrimination,
ainsi que le caractère -équi-asympto- projectif
ousimplement asympto-projectif
- dessystèmes préprojectifs
en
jeu ; enfin,
on étudie directementquelques exemples simples
ne rentrantpas dans le cadre des théorèmes
généraux
obtenus.l.
ÉTUDE GÉNÉRALE
1.1.
PRÉLIMINAIRES a) Systèmes préprojectifs
La notion de
système projectif (d’ensembles, d’espaces
mesurables oud’espaces
demesure)
estsupposée
connue du lecteur(il
pourra parexemple
se
reporter
à[l]).
PROPRIÉTÉS ASYMPTOTIQUES LOCALES DES TESTS 63
Étant
donné une suiteprojective d’espaces mesurables,
soitet sa limite on note, pour tout n,
nn la
projection canonique
deSZx
surOn (désormais toujours supposée surjective,
comme dans[I ]) ;
On
appelle
icisystème préprojectif (ou
suitepréprojective)
de mesuresfinies,
de baseé3,
tout termeoù,
pour tout n, /ln est une mesure finie définie sur(Om
on noterapg l’unique
mesure sur dontl’image
par nn est /lu-Un
système préprojectif
M est dit :- asympto-projectif
si et seulementsi,
pour toutno e I et
toutla suite est
convergente.
- équi-asympto-projectif
si et seulement siLe
système (équi-)asympto-projectif
M est ditprolongeable
si et seule-ment si
existe,
sur(Q~, 86 (0)
une mesureappelée prolongement
deM,
et telle que
(voir [13] (où
lessystèmes (équi-)asympto-projectifs
sont dénommés(équi-)asympto-martingales)
et[12]).
b) Contiguïté. Décomposition
deLebesgue simple
Étant
donné deuxsystèmes préprojectifs
de mesures, de mêmebase,
on dit que
- M est
contigu
à N(et
on note M CN)
si etseulement
si- M et N sont
mitoyens
si et seulement si M C N et N C M.ANN. INST. POINCARÉ, 5
64 JEAN-PIERRE RAOULT
- M et N sont
asymptotiquement étrangers (ou orthogonaux)
si etseulement si
(on
note M ilN).
- M est
simplement Lebesgue-décomposable
parrapport
à N(ou
encorele
couple (M, N)
estsimplement décomposable)
si et seulement si il existe deuxsystèmes préprojectifs
de mesures,tels que
la suite converge
(soit
v salimite ;
elle estappelée
valeur caracté-ristique
ducouple (M, N)).
Pour
plus
de détails sur lacontiguïté,
voir[7] (où
elle estintroduite)
et
[5] (VI. 1) ;
sur ladécomposition
deLebesgue,
voir[11] ;
on y démontreen
particulier
que, si uncouple (M, N)
desystèmes préprojectifs
de mesuresadmet une
décomposition
deLebesgue simple,
il esttoujours possible
de considérer une
décomposition
parrestrictions,
c’est-à-dire tellequ’existe,
pour tout n, une
partie ~n)
telle que, avec les notations introduitesci-dessus, ,un
soit la restrictionde ,un
à et,un
la restrictionde ,un
àA~ ; A~
vérifie deplus
c) Complément
sur les fonctions concavesNotation. A toute
application f
de[0, 1]
dans[0, 1],
concave, crois-sante,
continue,
et vérifiantf(l)
=1,
onpeut
associerl’application
g de[0, 1]
dans[0, 1],
définie par :Par abus de
langage
et denotation,
cetteapplication
seraappelée fonc-
tion
réciproque
def,
et notéef - l ; f -1
1 est convexe,croissante,
continueet vérifiant
f -1 (o)
= 0.Une définition
analogue peut
évidemment être donnée pour g,appli-
cation de
[0, 1]
dans[0, 1]
convexe,croissante,
continue et vérifiantg(o) = 0 ;
PROPRIÉTÉS ASYMPTOTIQUES LOCALES DES TESTS 65
alors
(g -1 ) -1
= g, et demême,
pour la fonctionf ci-dessus, ( f -1 ) -1 - f
Nous ne démontrerons pas le lemme suivant :
LEMME 1. 1. - Soit
( fn)~,
une suited’applications
de-[0, 1]
dans[0, 1],
toutes concaves
(resp. convexes), croissantes,
continues etvérifiant
= 1(resp. fn(o)
=0) ;
on suppose que, pour toutx E ]o, 1] (resp.
x E[0, 1[),
lasuite
( f"(x))~
converge, et ondéfinit f~
par :( f~
ainsidéfinie
est aussi concave(resp. convexe), croissante,
continue et telle queAlors pour tout y E
[0, 1 (resp.
y E]0, 1 J), fn-1
tend versf ~ (et
cetteconvergence est
uniforme
sur tout intervalle[c, d]
tel que0
c d 1(resp.
0 cd 1 )).
1.2.
DÉFINITIONS. PRÉSENTATION
DESPROBLÈMES a) Terminologie
de théorie des testsUn
problème (asymptotique)
de test est ici un termeoù
- 8 est un espace
topologique,
et(Ho, H 1 )
unepartition
de8,
- 86 est un
système projectif d’espaces
mesurablesvérifiant
l’hypothèse
desurjectivité
desprojections
nn- - pour toutest un
système projectif
deprobabilités
de base ’66 JEAN-PIERRE RAOULT
1 nterprétations.
8 est l’ensemble des
paramètres susceptibles
derégir
lephénomène
aléatoire
étudié; Ho est l’hypothèse
à tester,Hi
1 lacontre-hypothèse.
Le
système projectif d’espaces
mesurables caractérise le déroulement del’expérimentation effectuée;
tout n~N estappelé
stadeexpérimental : ainsi,
dans le cas où on effectue une suited’expériences,
donnant chacuneun résultat sous forme d’un nombre réel on a :
(N.
B. :remplacer N
parR + permettrait
d’étudier le cas où onprocède
àune
analyse statistique
continue dans letemps (voir
parexemple [l4]).
De
même, l’usage
d’ensembles d’indices 1 munis d’un ordre filtrant à droite mais non totalpermettrait d’envisager
desexpérimentations
aucours
desquelles
on conserve une latitude sur le choix des observations à effectuer(voir
modèle détaillé en[15]).
Le lecteur intéressé à ces
généralisations peut
s’assurer que, àpart
dansquelques
cas où nousindiquons
en remarque commentprocéder,
ellesn’introduiraient aucune difficulté
nouvelle).
On
appelle fonction
de test(ou
enabrégé test) adaptée
auproblème
1toute famille
où,
pour tout n, qJn est uneapplication
mesurable de(Om
dans[0, 1]
(On rappelle (voir [8])
que, pour tout n EN,
et tout 03C9n E est laprobabilité
aveclaquelle,
si au stadeexpérimental n
on a observé onrejette l’hypothèse
à tester(i.
e. on décide que la « vraie valeur » du para- mètre 0qui régit
lephénomène
aléatoire étudiéappartient
àH 1 )).
Par abus de
langage,
onappellera
aussi fonction de testl’application qJ*
de N x
000
définie parLa fonction de test ç est de seuil a
(a
E[o, 1])
si et seulement siOn
appelle puissance
de la fonction de test 03C6l’application 03A6:
PROPRIÉTÉS ASYMPTOTIQUES LOCALES DES TESTS 67
et
puissance asymptotique,
si elleexiste, l’application
b) Étude asymptotique
locale des testsÉtant
donné deux fonctions de test de mêmeseuil a,
cp et depuissances respectives ~
et~’,
cp est diteasymptotiquement plus puissante
que~p’
si et seulement si
autrement dit
On sait
(voir [6] 25.4
et[3] 7 . 3)
que ce critère decomparaison
est depeu
d’intérêt,
vu la facilité aveclaquelle
onpeut,
engénéral,
trouver destests
convergents («
consistenttests »),
c’est-à-dire depuissance asympto-
tique égale
à 1.Il
importe
donc dedisposer
d’un critèreplus précis, permettant
de com- parer entre elles des fonctions de tests de même seuil et depuissance
asymp-totique
1.Pour
cela, guidé
par la remarque que la valeur enol
de lapuissance
d’une fonction de test donnée est, en
général,
à stadeexpérimental n fixé,
d’autantplus
faible que, en un sens àpréciser,
laprobabilité Po,
est «plus proche »
desprobabilités Peo (où 8o
EHo)
- autrementdit,
engénéral,
que le
paramètre 01
estplus proche
deHo
dansl’espace topologique
e -Neyman
aproposé (voir [lo])
de caractériser un test en étudiant comment cetteperte
depuissance qui
survientquand
on serapproche
deHo peut
êtrecompensée
par le renforcement simultané desrenseignements expé- rimentaux,
c’est-à-dire la convergence de n versl’infini ;
de manièreprécise,
nous poserons les définitions suivantes :
DÉFINITION 2.1.
- Étant
donné unproblème
de teston
appelle
critère local(ou
enbrefcritère)
touteapplication
y1 de
N dansO
1vérifiant
,. , ,
68 JEAN-PIERRE RAOULT
(ou, plus généralement,
si e est muni d’unemétrique b,
Étant
donné un test ç,adapté
à1,
depuissance ~,
onappelle puissance asymptotique
locale de ~p selon le critèrey 1 la limite,
si elleexiste,
de lasuite (~(n,
Étant
donné deux tests ~p et~’,
depuissances respectives ~
et~’,
et demême seuil a, on dit que ~p est
(asymptotiquement localement) plus puissant
que
~p’
selon le critère yi 1 si et seulement si(c’est-à-dire,
dans le cas ou ~p et~p’
admettent chacun unepuissance
asymp-totique
locale selon y 1, soit~y
1 etRemarque.
Le Cam[7] déclare,
à propos de cettedéfinition, qu’elle
introduit « la
pratique, classique,
maistraîtresse,
de considérer que leproblème posé
n’estqu’un
élément d’une suite deproblèmes analogues » (i.
e. pour tout n, on testeHo
c)
Thème de l’étudeprésente
Notre but ne sera pas,
ici,
de rechercher des fonctions de testspossédant
de bonnes
propriétés asymptotiques
locales(par exemple
uniformément lesplus puissantes
pour une certaine classe decritères),
mais de chercherune caractérisation de la difficulté d’un
problème
de test, relativement àun
critère ;
il pourraalors,
dans certains cas, êtrepossible
de comparer, pour unproblème
de testdonné,
les différentscritères,
suivant que, selon eux, la distinction entreHo
etHl
1 estplus
ou moinsdifficile ;
on s’attenden
particulier,
dans le cas où 0 == tR et oùHo
estsimple (soit
parexemple Ho = ~ 0 ~)
à ce que le critère yi 1 rende la discrimination entreHo
etHi
1d’autant
plus
difficile que la suiteyi(n)
tendplus
vite pour 0: c’est effec- tivement ce que nous rencontrerons dans les casparticuliers
étudiés en2.,
et on y caractérisera des vitesses de convergence
critiques).
De manière
précise,
nous introduirons la définition suivante(où
onnote, pour tout a,
Sa
l’ensemble des fonctions de test de seuila) :
DÉFINITION 1.2.2.
- Étant
donné unproblème
de test69 PROPRIÉTÉS ASYMPTOTIQUES LOCALES DES TESTS
et un critère yl, on
appelle,
si elleexiste,
fonction de discrimination stricteentre
Ho
etHl,
pour le critère yl,l’application Dyl
de[0, 1]
dans[0, 1] qui
est
définie
parEn
général,
il est difficile decalculer,
pour toutae]0, 1],
et tout n EFà,
la valeur
C’est
pourquoi
nous introduirons la définition suivante : DÉFINITION 1.2.3.Étant
donné unproblème
de teston
appelle repère
touteapplication
yo de ~I dansHo ;
étant donné unrepère
yo et un critère y 1, onappelle,
si elleexiste, fonction
dediscrimination
entreHo
etHl
pour lerepère
yo et le critère yl(ou, plus
brièvement fonction de discrimination entre yo et03B31) l’application
de[0, 1]
dans[0, 1] définie
par
Remarque.
Dans lapratique,
les cas où on sait déterminerD,,1
sonten fait ceux où on connaît yo tel que
Dyl
=Si on
reprend l’interprétation
de Le Cam donnée enRemarque
dans bci-dessus,
onpeut
direqu’on
s’est ramené pour tout n, au testcontre
Pour
chaque
valeur duseuil a,
onconnaît,
pour chacun de cesproblèmes
élémentaires,
le test leplus puissant,
à savoir le test de «rapport
de vrai- semblance » ; la suite de ces tests derapport
de vraisemblance constitue évidemment le testasymptotiquement
localement leplus puissant
pour lerepère
yo et le critère yi ; si elleexiste,
sapuissance asymptotique locale,
70 JEAN-PIERRE RAOULT
constitue un bon indicateur de « ce que l’on
peut
faire de mieux » pourdistinguer Ho
deHj
1 à l’aide de j’o et y 1.Nous
adopterons
désormais les conventions de notation suivantes :on notera, pour
tout j e { 0,
1},
d )
Selon laterminologie
de[~ 1],
pour tout j2, lafonction
est la
j’onction
de concentrationrégularisée
deP;
parrapport
à si laprobabilité P~
est sansatomes, fn
estégale (voir [ll ])
à lafonction de
concentration de
Pn
parrapport
àP°,
soit :Nous ferons alors
l’hypothèse
suivante :HYPOTHÈSE H. - Toutes les
probabilités P°
sont sans atomes.Cette
hypothèse
ne nous fait rienperdre
de lagénéralité
de notreétude ;
tout ce que nous dirons
s’appliquera
au cas deprobabilités
admettant des atomes à condition d’accolerl’épithète régularisée
à « fonction de concen-tration »
(et, ci-dessous,
« d’étalement»).
Si,
pour tout n, onnote gn
=fn-1 (notations
de 1 .1 .c),
gn estappelée fonction
dedispersion
deP°
parrapport
àPn.
On démontre dans[11]
que, pourque 03C0
1 soitsimplement Lebesgue-décomposable
parrapport
à03C00,
il suffit que la suite des fonctions gn converge vers une fonction g y, et alors
De
plus
la suite( fn)~,
vérifie alors :Si on note
~cl 2(
=(Pn 2~~~~
lapartie asymptotiquement étrangère
danscette
décomposition
et, pour tout n,f"2
la fonction de concentration de parrapport
àPfl,
les mêmes résultatsimpliquent
quePROPRIÉTÉS ASYMPTOTIQUES LOCALES DES TESTS 71
d)
Casparticuliers
Il est clair que, sous
l’hypothèse Jf,
les fonctions de concentration sont desapplications croissantes,
concaves, de[0, 1]
dans[0, 1] ;
il en est demême,
si elle existe de la fonction de discrimination cequi implique
que est continue sur
]0, 1] ;
la définition de a été choisie de manière à la rendre continue sur[0, 1],
cequi permettra
ci-dessous del’interpréter elle-même,
dans certains cas, comme une fonction de concen-tration.
En
particulier
-ce
qui
conduit à examiner les deux cas extrêmes suivants : 1. Sinous dirons que
Ho
etHl ne
peuvent pas être discriminés par lerepère
yo et le critère yi(ou plus
brièvement queyo et yi
nepeuvent
pas être discri-minés) ;
eneffet,
dans cesconditions,
tout test de seuil a estasymptoti- quement
localement moinspuissant,
selon le critère yet
lerepère
yo, que le testconsistant,
sans considération des résultatsexpérimentaux,
àchoisir de
rejeter l’hypothèse
à tester avec laprobabilité a ;
on remarquequ’il
est afortiori,
demême, asymptotiquement
localement moinspuis-
sant selon le critère yi
(sans
référence à unrepère particulier
yo ; voir la Définition1. 2 .1.)
et on dira queHo
etHl
nepeuvent
pas être discriminés par y 1.nous dirons que
Ho
etHl
1 sontparfaitement
discriminés par lerepère
yo et le critère y(ou
que yo et yi 1 sontparfaitement discriminés).
1.3. EXISTENCE ET
PROPRIÉTÉS
DES FONCTIONS DE DISCRIMINATION
a)
Soient désormais fixés unproblème
de test, unrepère
yo et un cri- tère yi ;d’après
la définition de la fonction de discrimination(définition 1. 2 . 3.)
notre but est d’obtenir desrenseignements
sur le compor- tement limite des fonctions de concentrationln,
c’est-à-dire sur le compor-72 JEAN-PIERRE RAOULT
tement limite des
probabilités Pn,
«repérées » respectivement
parrapport
aux
probabilités P° (on applique
ici la convention de notation donnée à la fin de 1. 2 .c).
Dans cet ordred’idées,
nousdisposons
d’un théorème obtenu en[13], qui
établit que, si lesystème préprojectif
est
équi-asympto-projectif prolongeable,
alors toutsystème asympto-
projectif
de mesurescontigu
àFP
est aussiprolongeable ;
c’est ce résultatqui explique
le rôle essentiel que vajouer l’équi-asympto-projectivité
deII°
dans cette étude.En
fait,
si03C00 est équi-asympto-projectif,
il est aisé de se ramener au casoù il est
projectif (autrement
dit où lerepère
yo estconstant) ;
c’estl’objet
de la
proposition
suivantePROPOSITION 1.3.1. - Soient
fixés
- un
problème
de testun
repère
y° tel queII°
soit unsystème équi-asympto-projectif
deprobabilités.
On note
le
système projectif
deprobabilités
associé àII°
endéfinissant,
pour tout n,P °
parÉtant
donné un critère y 1, on note, pour tout n,la
fonction
de concentration dePn
parrapport
àP°, fn
lafonction
de concentration dePl
par rapport àP °.
Alors,
pour que l’une des suites defonctions ( fn)~
et( fri )~
converge uni-formément
sur tout intervalle[a, b]
tel que 0 ab 1,
ilfaut
et ilsuffit qu’il
en soit de même del’autre,
et elles ont même limite.Remarque.
Le caractèreprojectif
deII’°
est uneconséquence
élémen-taire du théorème de Vitali-Hahn-Sachs.
Démonstration. On a, avec les notations introduites en 1.1. c, et
grâce
à
l’hypothèse ~,
PROPRIÉTÉS ASYMPTOTIQUES LOCALES DES TESTS 73
Il résulte de
l’hypothèse
selonlaquelle (86, (P°)~)
est unsystème équi- asympto-projectif
queet donc
Supposons
que l’une des deux suites defonctions,
parexemple ( fn )~
converge vers une fonction
f~
sur]0, 1] (et
donc uniformément sur tout[a, b]
tel que 0 ab 1) ; alors, d’après
le lemme1.1,
la suite( fn -1 )~,
converge uniformément vers
/~ ~
1 sur tout[c, d]
tel que0 ~
c d1 ; d’après
la formule(1),
il en est de même de la suite( fn-1)~,
etdonc, toujours
d’après
le lemme1.1,
la suite( fn )~
convergeégalement
versf~,
unifor-mément sur tout intervalle
[a, b]
tel que 0 ab x
1.N. B. - Si on veut étendre ce résultat au cas où N est
remplacé
par un ensembleordonné
filtrant à droite 1quelconque,
il faut remarquerqu’alors
le théorème de Vitali-Hahn-Sachs n’est
plus
valable et que donc il faut introduirel’hypothèse supplémentaire
que est bien unsystème
pro-jectif
deprobabilités ;
onpourrait
parexemple
introduire dès cette propo- sitionl’hypothèse,
dont nous aurons de toutefaçon
besoinplus
loin queII°
est unsystème équi-asympto-projectif prolongeable.
c)
PROPOSITION 1.3.2.1.
Etant
donné :- un
système projectif d’espaces
mesurablesun
système projectif
deprobabilités
un
système équi-asympto-projectif
de mesuresfinies
soit,
pour tout n,fn
lafonction
de concentration de ,un par rapport àPn.
Alors la suite
( fn)~
est convergente(soit f~
salimite).
2. Si de
plus
lesystème projectif
II admet une limiteP~,
et lesystème équi-asympto-projectif
M unprolongement
alorsf~
est lafonction
de concentration de par rapport à
P~.
74 JEAN-PIERRE RAOULT
Démonstration.
1. Avec les notations introduites en 1.1. a sur les
systèmes projectifs
de mesures, on
peut
écrire queSi m > n, on sait que
et
donc,
pour toutXE [0, 1], De plus
Donc
(autrement dit,
pour tout x E[0, 1],
la suite( fn(x))~,
estasymptotiquement croissante). Or,
elle estmajorée
par sup(fini
en raison du carac-tère
asympto-projectif
deM) ;
elle est doncconvergente.
2. Soit
100
la fonction de concentration de /loo parrapport
àP~,
etsoit ~ =
U86:
le clanqui engendre 86 00 ;
on démontre aisément(voir
parexemple [12])
que les fonctions de concentration définies sur et sur ~coïncident ;
autrementdit,
pour tout x,’
donc, quel
que soitN,
ce
qu’on
noteraOr,
par définition de /loo etP~,
on a pour toutXE [0, 1]
et donc
PROPRIÉTÉS ASYMPTOTIQUES LOCALES DES TESTS 75
La suite
( fn(x))~
étantasymptotiquement croissante,
il en résulte qued~
THÉORÈME 1 . 3 . 1 . 1. Soientfixés
un
problème
de test(avec 86
=86m nnm)
- un
repère
yo tel quesoit un
système équi-asympto-projectif
deprobabilités,
un
repère
y 1 tel quesoit une suite
simplement décomposable (notation :
avec
et que
soit un
système équi-asympto-projectif
de mesures.Il existe alors une
fonction
de discrimination entre yo et yl, véri-fiant :
.2. Si de
plus
lesystème équi-asympto-projectij rI°
estprolongeable (soit P0~
sonprolongement ) ,
il en est de même de03A011 (soit
sonprolongement ) .
et est la
fonction
de concentration deoù
P x
est uneprobabili~té
dont lapartie
absolumentcontinue,
dans la décom-position
deLebesgue
par rapport àP° ,
estPxl (et
dont lapartie étrangère
est de masse totale
v ) .
76 JEAN-PIERRE RAOULT
Remarque.
Dans l’énoncé du théorèmeci-dessus, l’hypothèse
«03A011
est un
système équi-asympto-projectif
de mesures », sejustifie
par le fait que, si elle est satisfaite pour une certainedécomposition
deLebesgue,
elle l’est pour toutes les autres
(voir [I1 ]).
Démonstration.
1.
D’après
laproposition 1. 3 .1,
nous pourrons dans toute cette démons- tration supposer queno
est unsystème projectif
deprobabilités.
Soit,
pour tout n,fnl (resp.
la fonction de concentration deD’après
laproposition 1.3.2,
la suite des fonctionsfnl
converge versune fonction concave, croissante et
continue,
notéef~.
Nous allons démon- trer queIl résulte des résultats sur la
décomposition
deLebesgue simple, rappelés
en
1. 2 . d,
queOr,
par définitionmême,
et donc
Pour démontrer maintenant que
on utilise le fait que la
décomposition
deLebesgue peut toujours
êtreprise
« par restrictions »
(voir
1.1.b) ;
soit(A°),~
la suite àlaquelle
elle estassociée,
suite
qui
vérifieD’autre
part
il résulte immédiatement de lacontiguïté
denul
par rap-port
àno
que la suite des fonctions.f"
est terminalement uniformémentégalement
continue.PROPRIÉTÉS ASYMPTOTIQUES LOCALES DES TESTS 77
Étant
fixés G > 0 etXE ]0, 1],
soientdonc
> 0 et tels que, pour tout n >N,
on ait :Pour tout n >
N,
soit alorsA~
tel que(A~
existe en vertu del’hypothèse Yt).
Alors
et donc
1 b)
On a obtenu en la l’existence de la fonction dediscrimination D
qui
vérifieOr
f~
est continue sur[0, 1],
etf~(x)
= 0.Donc,
par définition :2. Si
II°
estprolongeable,
et deprolongement
il résulte de la conti-guïté
de(Pn 1 )~
parrapport
à et des résultatsrappelés
en 1. 3 . a que lesystème équi-asympto-projectif 03A011
estégalement prolongeable ;
soit
P~1
sonprolongement,
de masse totale 1 - v,absolument
continue parrapport
àP~.
D’après
laproposition 1.3.2, f~
est lafonction
de concentration de(SZ~, P° , P~1) ; ( f~
+v)
est bien alors lafonction
de concentration d’uneprobabilité
dont lapartie absolument continue,
dans ladécompo-
sition de
Lebesgue (au
sensusuel)
parrapport
àP~,
estP~1 (et
dont lapartie orthogonale
est de masse totalev).
e)
Le théorème ci-dessous fournit un casimportant
de réalisation deshypothèses
de lapremière partie
du théorème 1.3.1(dont
on conserveles
notations).
78 JEAN-PIERRE RAOULT
THÉORÈME 1 . 3 . 2. - Soient
fixés
un
problème
de test1,
un
repère
yo et un critère y 1, tels queet
soient des
systèmes équi-asympto-projectifs.
Alors la suite
est
simplement décomposable,
et03A011
etpll2
sont dessystènles équi-asympto- projectifs
de mesures.Démonstration.
1.
D’après
lespropositions
1. 3 .1. et1. 3 . 2.,
la suite( f,~),~
des fonctionsde concentration est
convergente
sur]0, 1]
etdonc, d’après
le lemme1.1.,
la suite(g")~
des fonctions d’étalement estconvergente
sur[0, 1 [ (pour
tout n,g" = ce
qui,
nous l’avons dit(voir
1. 2 .d)
est une condition suffi-sante de
simple décomposabilité ;
soit désormais v la valeurcaractéristique.
2. Démontrons que
rI22
est unsystème équi-asympto-projectif
demesures
(le
fait queTIll
en est un s’en déduitimmédiatement, puisque 03A01
en est
un).
La
décomposition
deLebesgue
étantsupposée
dutype
« par restric- tion », soit la suite àlaquelle
elle est associée.Nous remarquons que, pour tout
couple (n, m),
et toutBnEn
Alors, II1
1 étant unsystème équi-asympto-projectif,
ilsuffit,
pour quenI
en soit aussi un que
autrement
dit,
enopérant
surl’espace S2x (on
pose pour tout n,(les applications
~c" sont, parhypothèse, surjectives))
PROPRIÉTÉS ASYMPTOTIQUES LOCALES DES TESTS 79
Supposons qu’il
n’en soit pasainsi,
c’est-à-direqu’existe h
> 0 tel que :Étant
fixé B >0,
tel que q Bn ’
soitNo
tel que, pour tout n >No,
6
o(et
donc aussiAlors,
pour tout N >Nn,
il existe n > N et m > n tels que :et donc
et alors :
D’autre
part,
à tout 8 >0,
onpeut
associerNi
1 tel que, pour tout n >Ni,
et donc aussi :
et donc
On
peut
ainsi mettre en évidence une suite cofinale J de N et, pour toutm E J,
unepartie Âm appartenant
à~m (du type Am,
où nm)
telle que :
- la suite converge vers
0,
ANN. INST. POINCARÉ, B-Vt-1 6
80 JEAN-PIERRE RAOULT
Ceci est
incompatible
avec le fait que u est la valeurcaractéristique
dela suite
simplement décomposable (Om ~n, Pn, P°)~.
f )
CAS PARTICULIER. - Si lessystèmes préprojectifs IZ°
et sup-posés
tous deuxéqui-asympto-projectifs
comme dans l’énoncé du théorèmeprécédent,
ont mêmeprolongement,
ils sontmitoyens
et03B30 et
03B31 nepeuvent
pas être discriminés.
De
plus,
si on sait quena
estéqui-asympto-projectif prolongeable,
il faut et il suffit pour que
n
le soitaussi,
et de mêmeprolongement,
queCe sont là des
conséquences
immédiates de la définition de lamitoyen-
neté.
2. TESTS SUR
ÉCHANTILLONS
DE VARIABLES
ALÉATOIRES INDÉPENDANTES
2.1. CAS
GÉNÉRAL a)
Cadre de l’étudeDans toute cette section
2,
on étudie unproblème
de testet on suppose
que B
et, pour tout
0,
lesystème projectif ne
vérifient la
propriété
suivante : il existeune suite
d’espaces
mesurables(Xn, ~’"),
pour tout n, une
famille
deprobabilités
surtelles que
PROPRIÉTÉS ASYMPTOTIQUES LOCALES DES TESTS 81
pour tout n-et tout m > n, nnm est la
projection canonique
deOn dira
que J
est unproblème
de test sur échantillonsindépendants,
de base
Étant
donné uncritère,
ou unrepère,
y, lesystème préprojectif
est dit du
type produit
dénombrable. On démontre(voir [l2])
que, pour quece soit un
système asympto-projectif,
il faut et il suffit que, pour touti,
pour tout
A~
E la suiteconverge ; de
plus
cesystème asympto-projectif
est alorsprolongeable.
b)
Normalitéasymptotique régulière
Étant
fixés unrepère
yo et un critère yl, on note, pour toutcouple (n, i),
n
où et 1 x i
x n,
et tout ...,xje Xi,
i= 1
Pour
tout n,
les(1 ~
in)
sontindépendants,
que86n)
soit munide la
probabilité Pn ( =
ou de laprobabilité P~ ( =
Alors on définit pour tout n,
(L~
est biendéfini,
sur(Om 86m P~)
comme sur(Om 86m puisque
lesln,i
sont tous + oo avec uneP~-probabilité égale
à 1 et tous > - ooavec une
P1n-probabilité égale à 1.)
82 JEAN-PIERRE RAOULT
D’autre
part
on sait(voir [11]
que, si la suite desprobabilités,
définiessur
(R, ~~),
(autrement
dit la suite des lois des exp(L~)
selon lesP~)
converge faiblementvers une
probabilité
de fonction derépartition F,
alors admet unedécomposition
deLebesgue simple
parrapport
à(P°~,~,
de valeur carac-téristique
(on
dit aussi dans ce cas que la suite(exp (Ln))~
converge enloi,
selon(P°),~).
Cette
propriété, jointe
àl’expression
deLn
comme somme de n variablesaléatoires
indépendantes,
nous conduit à considérer enparticulier
le casoù la suite
(Ln)~ appartient
au domained’attraction,
selon(P°)~,
de laloi
normale,
c’est-à-dire où existent deux suites(an)~, (E
et(bn)~, )~’)
telles que la suite des
lois, selon
des > converge vers la loi normale centréeréduite ;
on dira que la suite deslois,
selon(P°)~,
desLn
est
asymptotiquement équivalente
à la suite des lois normales de moyenne an etécart-type bn,
et on noteraou
Un cas
particulier remarquable
est celui où les suites(an)~
et(bn)~
conver-gent
vers des nombres réels notésrespectivement
J1 et a, et où doncAlors,
pour que la suite soitcontiguë
à la suite(P°)~,
il faut etil suffit que
l’espérance mathématique
de la loilimite,
selon(P°~~,
desexp
(Ln),
soitégale
à1,
c’est-à-dire quePROPRIÉTÉS ASYMPTOTIQUES LOCALES DES TESTS 83
ce
qui
estéquivalent
àCette condition est utilisée par
Hajek
dans son étude sur les lois limites des tests de rang(voir [5], chap. VI).
Nous aurons besoin des conditionsplus générales qui
fontl’objet
de la définition suivante.DÉFINITION 2.1.1. Soient donnés deux
systèmes préprojectifs
de mêmebase,
du typeproduit dénombrable, II°
etOn dit que le
couple (n°, (ou
lecouple (Pn)~))
estrégulièrement asymptotiquement
normal si et seulement si il existe une suite(an)~, (E (1~~)
et une suite
(bn)~ (E (f~* )~),
telles que- les variables aléatoires
ln, bn sont uniformément asymptotiquement négli- geables selon (P0n)
c)
Condition suffisante de normalitéasymptotique régulière Si,
pour tout n,L~ admet,
pourPfl, espérance mathématique
et écart-type finis,
il est clair que, si la suite des lois desLn
est, pour(P°)~, asympto-
tiquement équivalente
à une suitebn))~,
alors elle est enparticulier asymptotiquement équivalente
à la suiteEn
fait, L~
n’admettant pastoujours
depremier
et second momentsfinis,
Le Cam aproposé
deremplacer
l’étude de la suite(Ln)
par celle de la suite définie par84 JEAN-PIERRE RAOULT
En
effet,
pour tout n,Wn admet,
pourPfl,
uneespérance mathématique
et un
écart-type finis ;
lapossibilité
d’utiliser la suite(Wn)~
dans notre étude relève des deux lemmes ci-dessous.LEMME 2.1.1. -
Quelle
que soit la suite de nombres réels strictementpositifs (bn)~,
il y aéquivalence
entrel’uniforme asymptotique négligeabilité
de chacune
des familles
de variables aléatoires suivantes :Démonstration. Résulte immédiatement de la
considération,
au voisi-nage de
1,
des fonctionsLEMME 2.1.2. On suppose que les et les
Wn vérifient
leshypothèses
suivantes :
les variables aléatoires sont
uniformément asymptotiquement négli- geables,
Alors,
si deplus
2. Le