A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
P IERRE A IMÉ
Sur la dynamique des systèmes mécaniques
Annales de l’I. H. P., section A, tome 64, n
o2 (1996), p. 155-176
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155
Sur la dynamique des systèmes mécaniques
Pierre
AIMÉ
Département de Mathématiques, U.R.A. C.N.R.S. n° 758, Université de Nantes, 2, rue la Houssinière, 44072 Nantes Cedex 03, France.
Vol. 64, n° 2, 1996, Physique théorique
RÉSUMÉ. - Dans ce
travail,
nous proposons un modèlegéométrique
pour les
systèmes mécaniques
à un nombre fini dedegrés
deliberté,
soumis à liaisons
cinématiques, permettant
le lien entre ladescription
dusystème (mouvements
etefforts),
surl’espace
d’évolution et sur la variété deconfiguration.
ABSTRACT. - In this
study,
we propose ageometrical
frame for mechanicalsystems
with finitedegree
offreedom,
withconstraints, allowing
the relation between thedescription
of thesystem (motion
andstress),
on évolutionspace and
configuration
manifold.I. INTRODUCTION
Dans l’édition de 1926 du Traité de
Mécanique,
à la suite de la thèse deBeghin, Appell présente
deux notions de « liaisonscinématiques parfaites »,
avec ou sans
asservissement,
conduisant à des mouvementsdifférents,
selon lepoint
de vueadopté.
La nature
géométrique
despropriétés mécaniques
obtenues se révèlelorsqu’on procède
à une formalisationgéométrique intrinsèque
dessystèmes
à liaisons
cinématiques.
Ceci a été étudié récemment
(Dazord [6],
Marie[ 11 ] ),
en considérant ladescription
des mouvements sur la variété deconfiguration.
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Physique théorique - 0246-0211
Vol. 64/96/02/$ 4.00AO Gauthier-Villars
Ce travail est
complémentaire
dans le sens suivant :On s’intéresse ici à la
représentation
des efforts surl’espace
danslequel
évolue le
système,
et à la relation entre deuxdescriptions
dusystème :
d’unepart
surl’espace d’évolution,
d’autrepart
sur la variété deconfiguration.
Cette relation est
obtenue,
tant dupoint
de vuecinématique
quedynamique,
ensupposant (hypothèse
demodélisation),
que leschangements
de
configuration possibles
dusystème
libéré de toutes les liaisons devant êtreprises
encompte
dans ladescription
desefforts,
sont des éléments d’un groupe de Lie G.(par exemple
le groupe desdéplacements
del’espace
usuelpour un
solide,
un groupe de transformations affines pour lessystèmes
àdéformation
homogène).
On obtient en outre une condition suffisante de « détermination du
système
», c’est-à-dire du mouvement et des effortsinconnus,
enprésence
de liaisons
cinématiques,
éventuellement nonparfaites.
Dans le cas
particulier
des liaisonsparfaites,
la formulationgéométrique proposée
ici devraitpermettre
de mieuxcomprendre
les deux notions introduites parAppell,
et cequi
lesdistingue.
On trouvera des
exemples
et des démonstrationsplus complètes
dansAimé
[1].
II.
SYSTÈMES MÉCANIQUES,
LIAISONSRésumons d’abord les notions de
cinématique
et decinétique
utiliséesdans la suite :
Convenons
d’appeler système mécanique
l’ensemble des donnéesoù E est une variété connexe
(l’espace dévolution), B
est une sous-variété de Ereprésentant
un modèle dusystème,
ses éléments sont lesparticules,
Gun groupe de lie de
difféomorphismes
de E(le
groupe desconfigurations
du
système libre).
Le fibre
tangent (resp. cotangent)
à G estl’espace
des étatscinématiques (resp. l’espace
desphases)
de S.~
estl’algèbre
de Lie de G.Le choix de G est une
hypothèse
de modélisationqui
concerne letype
de transformationspermises
pour lesystème
évoluant dansl’espace
E.Par
exemple
le groupe des isométries d’une variété riemanienneE,
pourreprésenter
unsystème indéformable,
on diraqu’il s’agit
d’unsolide,
ouAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Physique théorique
bien un groupe de transformations affines d’un espace euclidien
E,
pourreprésenter
unsystème
à déformationshomogènes
On suppose que l’action naturelle 03A6 de G sur E est
effective, ainsi,
lemorphisme x d’algèbres
deLie, de g
dansl’algèbre
r(TE)
deschamps
de vecteurs sur
E, qui
associe à toutélément ç
E9,
lechamp
fondamentaldéfini par
=2014 (e, ) (ç-)
=Te 03A6x (03BE),
estinjectif.
On écrira indifféremment 03A6
(g, X )
ou g(X ) pour X
E lEtLes
champs
de vecteursappartenant
à x(9) (resp.
audual)
sontappelés
G-cotorseurs
(resp. G-torseurs),
ou parabus,
cotorseurs et torseurs.L’ensemble E =
U (g, g (B))
est un fibrédifférentiel,
à trivialisation gEGglobale,
de base G de fibretype B, appelé
fibre despositions
dusystème.
Une liaison
géométrique
est la donnée d’une sous-variété M de C(ou
de
G),
dont les éléments sontappelés configurations compatibles
avecla liaison.
Notons p : T M ~ M le fibré
tangent
à la variété deconfiguration
M.Une liaison
cinématique (Marie [94]),
est la donnée d’un sous-ensemble C de TM tel que p(C)
==Ml
soit une sous-variété deM,
C soit unesous-variété de
TMl,
et la restrictionp’
de p à C soit une submersion.Les éléments de C sont les états
cinématiques compatibles
avec laliaison. La liaison est dite holonome
lorsque
C est un sous-fibre vectorielintégrable
de TM.Un mouvement de S est un arc
paramétré gt
deux fois différentiable(le paramètre
est letemps),
tracé surG,
le relèvementtangent g
est lavitesse du mouvement. En cas de liaison
cinématique,
lacondition g
E Cest
caractéristique
des mouvementscompatibles
avec la liaison.Les
relèvements xt
== P(gt, X),
X e Bde gt
dans le fibré despositions,
sont
appelés
mouvementsspatiaux
desparticules
dusystème.
V
(t, X) (X ) _ ~t
est le vecteur vitesse de laparticule
X àl’ instant t,
etVt
og-1t
est lechamp
des vitesses à cet instant.On note et
SZt
les éléments de9,
translatésrespectivement
à droiteet à
gauche de gt
parPROPOSITION 1. - A
chaque instant,
iechamp Vt
est larestriction à gt
du cotorseur xwt
(appelé
cotorseurcinématique à
cetinstant).
Dans la
suite, l’espace
d’évolution E estsupposé riemannien,
la formede connexion
canonique
est notée v.Un mouvement de S étant
donné, envisageons
le mouvementspatial
x : t d’une
particule
X .Vol. 64, n° 2-1996.
L’ application x : t ~ = Vt
définit unchamp
de vecteurs lelong
Notons x : t ~
Tt (~) (1)
le deuxième relèvementcanonique
de x(on
sait
que xt
ET2 lE).
Alors,
le vecteurtangent
à E aupoint
xt, défini parest
appelé
vecteur accélération de laparticule
X àl’instant t,
etest le
champ
des accélérations à cet instantUne masse est une mesure de Borel
positive
bornée mo àsupport
contenu dans
B,
la masse sur g(B) étant la mesureimage
m = g* mo(cette
définition revient àpostuler
la conservation de la masse sous l’action deG).
En
général,
la masse est absolument continue pour la mesurevolumique canonique
de E.A l’ aide de la
métrique
riemannienne( , )
deE,
les relations :où ?/ == l == ==
Ad g u ~ ~~ - e ~
définissent une forme
symétrique
surG,
que l’on suppose nondégénérée,
J’C est
appelée métrique (riemannienne) cinétique.
L’isomorphisme
deLegendre correspondant
à J’C est le tenseur d’inertie,7
dusystème.
Lorsque
G est un groupe d’isométries deE,
lamétrique cinétique
estinvariante à
gauche.
Si un mouvement est
donné, l’énergie cinétique
dusystème
àchaque instant,
est le réelIII. VITESSES VIRTUELLES ET FORMES
SEMI-BASIQUES
III.1. Vitesses virtuelles
Un
système mécanique (E, B, G)
étantdonné,
notons TG -+ Gla
projection canonique
du fibretangent
àG, T pG : T (T G )
-+ T GArtnales de l’Institut Henri Poincaré - Physique théorique
son
prolongement
aux vecteurs, et(TG) 2014~
T G laprojection canonique
du fibretangent
à T G.DÉFINITION 1. - Pour un état
cinématique 7/
ET G,
un élément X de T(TG), tangent
en y àTG,
estappelé
un étatcinématique
d’ordre 2.Ce vecteur X est
appelé
G-vitesse virtuelle(dans
l’étatcinématique ~/)
s’il est
vertical,
c’est-à-dire si(X)
= 0.L’expression
locale d’un étatcinématique
d’ordre 2 est donc X =(q,
u,Q, V)
ouQ
2014
+ V_-,
pour ?/ =(q, V),
etQ
= 0 pour uneG-vitesse virtuelle.
On utilisera librement
l’isomorphisme
du fibretangent
aux fibres T G x G T G sur le fibre verticalvTG, d’expression
localeH(q,
v,Y) _ (q,
v,0, V) (Godbillon [8]).
Un état
cinématique
y étantdonné,
onpeut
identifier une G-vitesse virtuelle( ~, y’ )
aucouple ( y, E)
E T G x9,
avec 2 == et9’ = pG
(y).
Il est donc
possible de
considérer les G-vitesses virtuelles commecouples (~, Xç)
E TG x x(~) formés
d’un étatcinématique
et d’un cotorseur.Lorsqu’un
mouvement gt estdonné,
onpeut
associer àchaque
élémentç
E~,
une G-vitessechaque instant,
il suffit deprendre
DÉFINITION 2. -
Inversement,
le cotorseurXç (ou l’élément ç
E~),
associé à une G-vitesse virtuelle de la forme
( qt, 7/)
seraappelé
uncotorseur
cinématique
virtuel à l’instant t.Supposons
maintenant que lesystème
est soumis à une liaisongéométrique,
la variété deconfiguration
étant notée M.DÉFINITION 3. - Pour un état
cinématique compatible
~/, une M-vitesse virtuelle dans l’étatcinématique compatible 7/
est un élément Y du fibre vertical v TM:Si M est de la forme
p-l (s),
pour une submersion F : G 2014~Q
ets E
Q, l’expression
locale Y =( q,
v,0, V)
doit vérifier les relations : .Vol. 64, n° 2-1996.
qui expriment respectivement
les conditionsDÉFINITION 4
(d’après
Marie[ 11 ] ). -
Si lesystème,
dont la variété deconfiguration
est Maprès
laprise
encompte
de liaisonsgéométriques,
esten outre soumis à une liaison
cinématique correspondant
aux données de(Ml, C, p’),
une C-vitesse virtuelle dans l’étatcinématique compatible
?/ E
C,
est un élémentLorsque
C =f -1 (0),
pour une submersion deTMl
dans les C-vitesses virtuelles sont caractérisées par :Remarque. -
Enmécanique,
cette relation caractérise habituellement les«
déplacements
virtuelscompatibles
avec laliaison »,
ou « conditions de Chetaev »(Pironneau [ 12], d’après
Chetaev[5]).
Ces vecteurs de nesont autres que les coordonnées locales des G-vitesses virtuelles.
III.2. Formes
semi-basiques
associées aux torseursPar
dualité,
un élément( y, C)
E T G x ~*~,
c’est-à-dire uncouple
état
cinématique-torseur,
définit uncouple (y, 0152C) E
T Gx ~,
d’où unélément
(y, z)
E TG x G T* G défini par lecouplage
avec une G-vitessevirtuelle
(y, ?/) :
où
(y, ç-)
et(~/, ~’)
sont associés commeindiqué
ci-dessus.DÉFINITION 5. - Le résultat
(réel)
ducouplage
estappelé puissance
virtuelle du torseur C pour la vitesse virtuelle
( y, y’ ) (ou
bien pour le cotorseur~ associé).
Finalement,
un torseur Cdé, finit
une sectiondu fibré
T G x G T* G ---+T G,
c’est-à-dire
une forme semi-basique,
surT G,
relativement à laprojection canonique
de T G surG,
que l’on notera encore 0152C, telle que lecouplage
de 0152C
(y)
avec une vitesse virtuelle(~/, ~’)
soit lapuissance
virtuelle dutorseur C pour le
cotorseur ç correspondant
à la vitesse virtuelle(?/, 7/).
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Physique théorique
IV. DYNAMES
Introduction
En
prenant
comme variété deconfiguration
d’unsystème mécanique
ungroupe de Lie G de
difféomorphismes
de E(avant
que soientprises
encompte
d’éventuellesliaisons),
on a obtenu une relation entre les torseurs,qui
sont deschamps
de covecteurs surE,
et les formessemi-basiques
sur G.Ce choix
permet
d’établir le lien entre les deuxaspects
de ladynamique
d’unsystème :
mouvement « abstrait » de laconfiguration
surG,
et mouvement «physique »
desparticules
dusystème
dansl’espace
d’évolution.
Il reste à étudier comment on associe un torseur à un
champ
de vecteursou certains
champs
de tenseurs surE,
pour obtenir la modélisation des efforts et de l’accélération d’un mouvement.La modélisation des efforts sur un
système mécanique
se fait en deuxétapes :
1 - Donnée de
champs
de vecteurs ou de tenseurs surE, représentant
une densité
volumique
oumassique.
2 - Construction d’un torseur
associé,
enpostulant
que leschamps précédents interviennent,
en tantqu’effort
sur lesystème, uniquement
par leur torseur associé(Germain [7]).
Remarquons
que dans certains cas, telqu’un
solide euclidien soumis à uneforce concentrée en un
point,
on donne directement le torseurqui représente l’effort,
sansexprimer
lechamp
des forces exercées surchaque particule.
IV.1.
Constructions
de torseurs(E, G)
est unsystème mécanique
muni d’une mesuremassique dm,
un
mouvement gt
dusystème
estdonné,
etl’espace
d’évolution E estsupposé riemannien,
lamétrique
étant notée(, ).
Décrivons deux
procédés fréquemment employés
pour obtenir des torseurs.Un
premier procédé
consiste àenvisager
unchamp
de vecteurs surTE, dépendant
éventuellement dutemps,
et vertical pour la fibrationtangente
T
E,
soitxt
E r( v lE) (autrement dit,
unchamp pouvant dépendre
de lavitesse et du
temps
si on le restreint à latrajectoire
d’uneparticule).
Selon que le
champ x représente
une densité« volumique »
ou«
massique
», il définit un torseurdépendant
dutemps,
notéxt
E x(9)*,
Vol. 64, n ° 2-1996. ’
par le
couplage
ou bien par
DÉFINITION 6. - Le résultat est
appelé puissance
virtuelle duchamp x
à
l’instant t,
pour la vitesse virtuelle associéeà ~.
Cette
puissance
virtuelle nedépend
que de la restriction de x au fibré despositions.
On définirait de même un torseur à
partir
d’unchamp
de vecteurs surle bord de
B~.
Expression
locale. - Lechamp x
étantdonné, exprimons
le torseur xdans la base naturelle duale associée à une carte de
G,
parexemple
pourune densité
massique (1 bis) :
compte
tenu del’expression
locale d’un cotorseur :D’ où
Un deuxième
procédé
consiste àenvisager
unchamp
de 2-tenseurs euclidiens T E r T*pouvant dépendre
dutemps.
Ce tenseur définit un torseur T
(dépendant
dutemps),
par lecouplage
où et S sont les
parties antisymétriques
etsymétriques, B7
la dérivationcovariante " dans
E,
et : la contraction(2, 3), (1, 4)
définie "localement,
pourAnnales ’ de l’Institut Henri Poincaré - Physique " théorique "
T ==
a~
ei (g) e. et T’= b~ eÍ
tOI e~, par T:T’ =(T
tOIV) (ei
ee~, e2) _ bi (Ce produit
contracté est donc la trace duproduit
des matrices de T etT’.)
DÉFINITION 6 bis. -
Appelons
le réel obtenupuissance
virtuelle du tenseur T àl’instant t,
pour la vitesse virtuelle associée àç.
Un
exemple simple
consiste àprendre
T =2014p7,p
étant une fonctionréelle
donnée, dépendant
dutemps,
sur le fibré despositions.
Eneffet,
on obtient dans ce cas :La
proposition
suivante est essentielle pour obtenir leséquations
dumouvement dans E
lorsque
T estsymétrique.
PROPOSITION 2. -
Lorsque
T estsymétrique (S
T =T, AT
=0),
etque B vérifie
leshypothèses
du théorème de ladivergence,
lapuissance
virtuelle de T se
décompose
v étant le vecteur normal unitaire sortant du bord orienté de 0. D Suivant une
terminologie
introduite par Brelot[3],
dans un casparticulier,
on
appellera dynames
les torseurs définis par l’un de ces deuxprocédés.
IV.2.
Exemple
duchamp
des accélérationsDÉFINITION 7. -
Appelons
torseurdynamique
oudyname
desaccélérateurs le torseur
,A
associé auchamp A
des accélérations du mouvement dansE,
par lepremier procédé
décrit auparagraphe IV.I,
enutilisant la mesure
massique.
Comme pour les
vitesses,
ondispose
d’une deuxième notion d’accélération : Le vecteur accélération relatif àG,
pour laconfiguration
gt, est l’élément de T G défini par :
~ 9 g,
à l’aide de la dérivation covariante associée à lamétrique cinétique
1C sur G.En raison de cette
métrique,
le tenseur d’inertiey
coïncide avec latransformation de
Legendre
si d est la dérivationverticale,
0 = d dTest une forme
symplectique
sur TG.Enfin, y
est unsymplectomorphisme
de T G sur T* G muni de la 2-forme de Liouville c,v.
Vol. 64, n° 2-1996.
Lorsque
lesystème
est soumis à des liaisonsgéométriques,
la variété deconfiguration
M est riemannienne pour lamétrique induite,
et la relation entre ces deuxaspects
de l’accélération s’établit ainsi:PROPOSITION 3. - Le
champ
desaccélérations ~ 9 g
du mouvement sur Mest
transformé,
parJ-1
dela f’orme semi-basique
03B1 associée au torseurdynamique ,,4
sur lE.Autrement dit:
Cette
proposition,
bien connue dans sa formulationlocale,
se démontreen vérifiant que les
expressions
locales des deux membres s’écrivent :La relation entre " la forme "
semi-basique
" 0152Ã et lechamp x
est assuréepar la
structuresymplectique
" de TM associée àl’énergie
"cinétique :
PROPOSITION 4. - Pour tout mouvement du
système, la
, relation de laProposition
3 entre ’ les deux aspects de l’accélération s’écrit:où x est
l’équation di, f~ f ’érentielle
du second ordre sur M dont le mouvement estsolution,
et lagerbe géodésique de
lamétrique cinétique.
DDémonstration
abrégée :
- Sur la variété riemanienne
(M, 1C),
l’accélération d’un mouvement gts’exprime par 03BAgg = 03B3(~-E) (g )
où 03A3 est lagerbe canonique et 03B3
l’isomorphisme
naturel de VTM sur T M.- De
plus, l’ isomorphisme
deLegendre ,CT
transforme ry( X - ~ )
en-
Enfin,
lagerbe géodésique 03A3
est aussi unchamp
hamiltonien :== -dT.
V.
DYNAMIQUE
D’UNSYSTÈME
LIBREComme
précédemment, (E, B, G)
est unsystème mécanique
muni d’unemesure
massique dm,
pourlaquelle
la variété B estsupposée intégrable.
Dans le modèle de la
mécanique
diteclassique,
les mouvementsauxquels
on
s’intéresse,
pour unsystème libre,
sont caractérisés par le théorèmeAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Physique théorique
suivant,
que l’on utilisera dans la suite sous ladénomination
« Théorème fondamental de ladynamique » .
V.1 Théorème Pour
- un torseur ~ E x
( ~ ~ *
et
- un mouvement du
système,
les
propriétés
suivantes sontéquivalentes : PI)
Newton 1687Le mouvement xt de
chaque particule
dans E est telqu’à
toutinstant,
le torseurdynamique .4
soitégal
au torseur .~.Une condition
équivalente portant
sur le mouvementreprésenté
dans Gest
l’égalité
des formessemi-basiques
associées :a~
= a~.P2) 1743, Lagrange
1788A tout instant du mouvement, et pour toute (9-vitesse
virtuelle,
lespuissances
virtuelles des torseurs ~ et~4,
sontégales :
P3)
Formulationsymplectique
sur TG(Klein [9],
Godbillon[8])
La
vitesse gt
du mouvement sur la variété deconfiguration
est, surT G,
une courbe
intégrale
duchamp
de vecteurs x défini par :où T est
l’énergie cinétique, 03A3
lechamp géodésique
sur T G pour lamétrique cinétique,
et 03A9 = d dT la 2-formesymplectique
sur T G associéeà cette
métrique.
P3
bis)
Formulationsymplectique
sur T * GLe relèvement
contangent zt
=y o gt
du mouvement, surl’espace
desphases
T*G,
est une courbeintégrale
duchamp 3
E r(TT* G)
défini par :où cv est la 2-forme de Liouville sur T*
M,
ety
le tenseur d’inertie(isomorphisme
deLegendre).
DCOROLLAIRE. - Pour tout torseur
.~’, l’unique champ x
vérifiant(P3),
définit une
équation différentielle
du second ordre sur G. DRemarque. - Moyennant quelques
modifications de cesénoncés,
onpourrait
supposer que le torseur .~’dépend
dutemps.
Vol. 64, n° 2-1996.
DÉFINITION 8. - Pour un
système mécanique (E, G, dm),
s’il existeun
couple (gt, .~’)
constitué d’un mouvement et d’un torseur, vérifiant le théorèmefondamental,
.~’ estappelé
torseur des efforts sur lesystème,
pour le mouvement g~ .
Du
point
de vuephysique,
le corollaire montre que- la donnée du torseur .~’ et d’un état
cinématique
« initial » détermineun mouvement admissible
qui
est alorsunique.
Sansévoquer
lesapproximations
decalcul,
une différence entre ce mouvementthéorique
et le mouvement observé
peut signifier
que lesystème
ne relève pas dece modèle
classique (par exemple
en raison d’effet relativiste dû à des vitessesélevées),
ou bien révéler uneinadéquation
dans le choix du torseurdes
efforts,
ou del’espace E (Pendule
deFoucault),
ou du groupe G(par exemple
le groupe desdéplacements
del’espace lorsque
lesystème présente
desdéformations).
- la donnée
(ou l’observation)
d’unmouvement gt
détermine de manièreunique
unchamp
desaccélérations,
donc un torseur .~’.Entre ces deux situations
extrêmes,
onpeut envisager
que soient donnésa
priori
seulement certainespropriétés
du mouvement et du torseur desefforts,
résultant del’expérimentation (hypothèses
demodélisation).
Sil’application
du théorème fondamental conduit à l’existence et l’unicité d’uncouple (gt, .~’)
vérifiant lesprorpiétés requises,
on dira que lesystème
est déterminé.
Des situations de ce
type
sont étudiées auparagraphe
VI.Cas
particuliers. - 1 )
Si le torseur .~’ estconservatif,
autrement dit laforme 0152:F
basique,
exacte : 0152:F ==d (U o p),
lespropriétés
énoncées dans le théorème fondamental de ladynamique prennent
la forme suivante(en abrégé) :
H et H’ sont
appelés
Hamiltoniens dusystème (respectivement
pour 03C9 etS2).
Les flotsrespectifs g
et z de ~ et3
sont dessymplectomorphismes.
Appelons Lagrangien
dusystème,
la fonctionL,
définie sur T G parP3) prend
alors la formeéquivalente: Lx^
= dLoù n est la 1-forme de Liouville sur TG.
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Physique théorique
En
effet, LX^
=iXd
 et, sachant que L+ H’
=2 T ,
celarevient à vérifier que
iX^
=2 T,
cequi
est immédiat avecl’expression
locale  = 2014.9L
PROPOSITION 5. - H est transformée de
Legendre
deL,
Marle
[10]),
autrement dit: H =(V.
L -L)
o:1-1 (V champ de
Liouvillesur
TM).
DEnfin
toujours
dans le cas dessystèmes conservatifs,
on a la formulation variationnelleéquivalente (Hamilton, 1834) :
L’arc gt, sur un intervalleb~
deR,
avec extrémitésdonnées,
est une courbe extrémale de la fonctionnelle d’action2) Lorsque
le torseur .F estgyroscopique, (Wang, Krishnaprasad [ 13 ] ),
c’ est-à-dire : ac
(Y)
==z y
d(J~).
pour unchamp
de vecteurs donnéy
surG,
lapropriété
PI s’écrit :VI.
DYNAMIQUE
D’UNSYSTÈME LIÉ
VI.l.
Dynamique
d’unsystème
soumis à une liaisongéométrique
VI.1.1. Caractérisation des mouvements étudiés
On suppose désormais
qu’une
liaisongéométrique
sur unsystème mécanique (E, G, dm)
estreprésentée
par uncouple (M,
constituéd’une sous-variété M de
G,
et d’une formesemi-basique
0152l, pour le fibrétangent
TG(représentant
les efforts de laliaison).
On s’intéresse aux
couples (gt, F),
- constitués d’un
mouvement gt
dusystème,
et d’un torseur .~’ dont laforme
03B1F associée
s’écrit où 0152dreprésente
les efforts horsliaisons;
- vérifiant la
propriété
suivante :(i)
gt est un mouvement(cinématiquement) compatible
avec la liaison(c’est-à-dire gt
EM)
et lecouple (gt, F)
vérifie le théorèmefondamental.
DÉFINITION 9. - La liaison
géométrique
estparfaite lorsque
la forme c~s’annule sur le sous-fibre des M-vitesses virtuelles à
chaque
instant d’unmouvement.
Vol. 64, n° 2-1996.
VI.l.2. Détermination du
système Envisageons
les situations suivantes :1 )
On connaît tous les efforts :Supposons
donnésM, .~’,
et un étatcinématique
initial(appartenant
àT M). Alors, d’après
le corollaire du théorèmefondamental,
il existe auplus
un mouvementrépondant
auxconditions
posées
ci-dessus.(On peut
dire que le mouvement existetoujours
si l’on
accepte qu’il
soit réduit à unpoint
deM).
DÉFINITION 10. - La liaison
géométrique
est diteprimitive lorsque
laforme c~~ - induit une forme
semi-basique {3
surT M,
et que lapropriété (i)
estéquivalente
à(ii)
gt est un mouvementcompatible
avec la liaison et vérifie lapropriété
P2 du théorème fondamental où l’on
remplace
G parM,
c’est-à-dire uneG-vitesse virtuelle par une M-vitesse
virtuelle,
et o;~ 2014 par{3.
Cette restriction de la variété de
configuration,
utile poursimplifier
lecalcul de
l’énergie cinétique T,
et diminuer le nombre devariables,
estsouvent
opérée implicitement.
Exemple. -
Pour unpoint
del’espace
usuel E(G
=E),
de masseunité,
astreint à rester sur un
plan,
avec unrepère convenable,
et enposant
=
Q.c
dx +Qy d?/ + Qz dz,
les mouvements vérifiant les conditions(i)
et
(ii)
sontrespectivement
solutions de :On constate que la liaison est
primitive lorsque
tous les efforts sonttangents
auplan,
ou encorelorsque
0152F est une somme de formes dont lescomposantes
selon dz s’annulent.2)
On suppose maintenant que seuls M et 0152d sont donnés.Alors,
PROPOSITION 6. - Si la liaison
est parfaite,
le mouvement ainsi que al sontdéterminés par uh état
cinématique
initial. DLorsqu’une
liaison estparfaite,
certains auteursappliquent
au mouvement la condition
(nécessaire)
suivante :(iii)
gt est un mouvementcompatible
avec la liaison et vérifie lapropriété
P2 du théorème
fondamental,
où l’onremplace
une (7-vitesse virtuelle parune M-vitesse virtuelle.
On n’obtient
plus
dans ce cas les conclusions de laProposition 6,
maisseulement une relation dont
l’expression
locale est :Annales de l’Institut Henri Poincaré - Physique théorique
On a
supposé
que M était définie par unesubmersion,
de sorte que dansune carte
adaptée,
lesconfigurations appartenant
à M soient caractérisées par g == et(q03B1)
fixé.Qf
etQli
sont les coordonnéesrespectives
des formes
ad
etcxl.
Ceci,
par un raisonnementclassique d’algèbre linéaire, équivaut
ausystème :
L’apparition
des« multiplicateurs
deLagrange » À
conduit à uneconclusion
partielle :
le mouvement estdéterminé,
mais les efforts de liaison restent inconnus.Pour
l’exemple précédent, l’application
de la relation(iii)
conduit à :On voit que les
multiplicateurs
deLagrange
nereprésentent
pas nécessairement des efforts de liaisons : dans cetexemple, A
est lacomposante
de lapuissance
virtuelle de tous les efforts normaux auplan.
VI.2.
Dynamique
d’unsystème
soumis à une liaisoncinématique
VI.2.1. Caractérisation des
systèmes étudiés, équations
du mouvementa)
Les données sont les suivantes :- Un
système mécanique,
soumis éventuellement à des liaisonsgéométriques primitives,
de variété deconfiguration
M.- Une liaison
cinématique, représentée
maintenant par uncouple (C, al)
où C est une sous-variété de
TM,
satisfaisant les conditions décritesprécédemment, (en particulier,
C est une sous-variété deTMl,
oùMl
est la
projection
de C surM),
et 0152I une formesemi-basique représentant
l’effort de
liaison,
comme pour une liaisongéométrique.
- F est un sous-fibré vectoriel de
v TM, plus précisément, l’image réciproque,
parl’ isomorphisme H,
de T M x M T M surVTM,
d’unsous-fibré de v TM.
b)
On s’intéresse auxcouples (gt, .~’) qui
vérifient lespropriétés
suivantesà tout instant :
( 1 )
gt EMl
etgt
E C(Le
mouvementrespecte
la liaisoncinématique.
(2)
Les restrictions à M des formes 0152A et 0152:F vérifient les relations 0152A == 0152:F et 0152A - ad E[F° (plus précisément,
ils’agit
d’une section del’annulateur F0 de F).
Vol. 64, n° 2-1996.
a,~ et 0152:: sont des formes
semi-basiques
surT M,
est la somme d’une formesemi-basique
cxd connue(représentant
les « effortsdonnés »),
etd’une forme
semi-basique
inconnue ar(représentant
des efforts deliaison), appartenant
(F
c formulation due à Dazord[6]
dans le casparticulier
desasservissements,
que l’on étudiera auparagraphe suivant).
Compte
tenu de laProposition 3,
la seconde relation de lapropriété (2)
s’écrit aussi :
en
notant #03B1d
lechamp
associé à la forme ad par dualitésymplectique
dans
(TM, H),
etlFo l’orthogonal symplectique
de IF.Rappelons que X
définit une
équation
différentielle du secondordre,
c’est donc une section du fibre T(T Ml)
vérifiant lapropriété T p
o x = P o x =Id,
où p et P sont lesprojections respectives
des fibrestangents 03C4 M1
et T(TMi).
D’autre
part, E
est lagerbe géodésique
de la variété riemannienne( G, (cf. Prop. 3 ),
De
plus, compte
tenu de( 1 ),
x(flt)
ET9t
C.Dans une carte locale de
M, adaptée
à la sous-variétéMl,
lespropriétés ( 1 )
et(2)
se traduisentrespectivement
par :(2)
Si est une base locale de sections de1F0,
0152d =Qi dq2
ett~ ==
dq2
lesexpressions locales,
on aLes
jJ;{3
sont des fonctions inconnues dutemps.
c) Lorsque
les efforts hors liaison sont conservatifs(de
hamiltonienH),
la deuxième relation de la
propriété 2) s’exprime
ainsi pour le relèvementeotangent z = V o g
du mouvement sur(T* M, 03C9),
avec lechamp hamiltonien #dH
ou2; 2014
XH (z) appartient
àl’orthogonal sgmplectique
dusous-fibré
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Physique théorique
VI.2.2. Détermination du
système
,Pour étudier les
questions
d’existence " et d’unicité " d’un mouvement, résumons les conditionsimposées précédemment,
sous la forme :(3)
Conditions initialesen
rappelant
queM, C,
ad,T, F
sont donnés.Notons
Tcp
la restriction del’application T p :
T T M -~ TM aux vecteurs Y tels que y = P(Y )
EC,
et(Tc (T M1 )
le fibre vectoriel de baseC,
ensemble des Y E TT M tels que P(Y)
E C etTCp (Y )
ET Ml.
L’expression
locale des éléments de(TC p) ~ 1 (T Ml )
estdonc,
dans unecarte
adaptée
à la sous-variétéMi :
~ _
(q, v)
vérifiant leséquations
de C.Il en résulte que == ~ + m
Ces données étant
posées,
remarquons que si un mouvement vérifie lespropriétés ( 1 )
et(2),
on a, avec ?/ ==gt, # ( y)
Ecar E est le
champ
d’uneéquation
du secondordre, et #03B1d
est vertical.D’autre
part,
x( y)
ETy C, qui
est un sous-espace de(T~ p) -1
de dimension 2 m - r.
En
résumé,
on a laPROPOSITION 7. -
Si,
pour tout ~ EC, le
sous-espace~~ vérifie
les deuxpropriétés :
dim
F~
dimm-r)
etF~ nTyC
=={ 0 }
alors les conditions
(1), (2)
et(3)
déterminent un mouvementunique
etpar suite al. D.
On s’intéresse maintenant à deux situations où la
Proposition
7s’applique :
1 )
Corollaire 1 et définition 11. -Supposons
que lapuissance
virtuelle des effortsinconnus, représentés
par cxr, s’annule pour les C-vitesses virtuelles.Autrement
dit,
choisissonsVol. 64, n° 2-1996.
Alors les
hypothèses
de laProposition
7 sont vérifiées. Une telle liaisoncinématique
est diteparfaite (Marie [ 11 ]).
2) Asservissements. -
Pour unsystème
de variété deconfiguration M,
associons à la double donnée d’une submersion
surjective f :
M 2014~Q,
surune variété
Q,
et d’uneapplication
fibréeXo : V/-
M =KerT f T Q,
la sous-variété C de
T M,
définie par :où i est
l’injection canonique
i deYf
M dansT M,
et hor le relèvementhoriztontal pour la connexion
(dite
connexioncinétique
surM),
dont ladistribution horizontale est le sous-fibre
k-orthogonal
deYf
M. Notons (Dla forme de connexion.
Ce sont les données de l’une des situations étudiées dans Dazord
[6].
Proposition
8 et définition 12. - La sous-variété C de T M définit une liaisoncinématique,
et les mouvementscompatibles
sont caractéristisés parAppelons
asservissements ces liaisonscinématiques.
Le sens
physique
des choix def
etXo apparaît
si l’onenvisage
le casparticulier
suivant :DÉFINITION 13
(Dazord [6]). -
Un asservissement est ditparfait
siIF = T M x M
Yf
M. Autrementdit,
on suppose que lapuissance
virtuelledes efforts inconnus s’annule pour les vitesses virtuelles
qui respectent
la liaisongéométrique
consistant àbloquer
lesparamètres
asservis.Remarquons
que lesexpressions
locales de ces conditions ont été donnéesrespectivement
par Chetaev en 1932[5]
etBeghin
en 1922[3].
Remarque. -
Comme pour les liaisonsgéométriques,
on nepeut
éliminer les efforts de liaison en serestreignant
aux M-vitesses virtuelles ou auxC-vitesses virtuelles. Cela fait
apparaître
desmultiplicateurs
dans leséquations.
VII. EXEMPLES
Exemple. -
Unpoint
de masse 1 dansl’espace
usuel E est astreint à rester sur uncylindre
de rayon 1.Dans un
repère
convenable deE,
la variété deconfiguration M,
identifiée à R xS1,
estparamétrée
par q =(x, 8).
Une liaison
cinématique
est donnée par la relation : x ve = 0.Cette
équation
définit une sous-variété C de dimension 3 dans TM parl’équation
deCq
= C nTq
M.Annales de l’Institut Henri Poincaré - Physique théorique