G UILLAUME L IBRI
Analise indéterminée. Résolution générale de l’équation indéterminée du premier degré à deux inconnues
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 16 (1825-1826), p. 297-307
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297
ANALISE INDÉTERMINÉE.
Résolution générale de l’équation indéterminée du
premier degré à deux inconnues ;
Guillaume LIBRI, de Florence.
A N A L I S E I N D É T E R M I N E E.
LA
résolutiongénérale
del’équation
indéterminée dupremier
de-gré,
à deaxinconnues, paraît
avoir ététrouvée
pour lapremière
fois par les indiens Les commentateurs de Bhasker ou Bhascara-
Acharya (*),
attribuent cette découverte àArya-Bhatta , géomè-
tre
indien
,que
l’on croit presquecontemporain de Diophante ;
maisles ouvrages de cet auteur ayant été
perdus 3
il est difficile dejuger
dudegré
degénéralité qu’il
avait donné à sa solution. Ce-pendant ,
nouspossédons
le traitéd’algèbre
deBramegupta ( qui, d’après
les calculs de M.Bentley ,
a étécomposé
au commence- ment duseptième
siècle de l’èrechrétienne )
où l’on trouve larésolution
générale
del’équation
dupremier degré
à deux incon-nues. Cette résolution est
exposée
aussi dans lesouvrages
deBhascara-Acharya ,
et dans ceux de tous lesanalistes
indiens(*) Géomètre
indien ,
de la Tille deBidder,
sur la frontièreseptentrio-
nale de l’Indostan , ou il
paraît qu’il enseignait
lesmathématiques ,
versla fin du XII.e siècle.
Voyez l’ouvrage
de M. Huttonintitulé;
Tracts on Ma- thématical, etc., 3 vol in-8.°, Londres , 1812.J. D. G.
Tom. XVI n.°
X,
I.er avril 826.39
298 A N A L I S E
plus
modernes. La méthode dont ils ont faitusage
est sem- blable à celle que Bachet de Mézirlacpublia
en France enI624.
On saitqu’elle
consiste à réduirel’équation proposée
ax+b=cy,
àl’équation axI+I=cyI,
et àrésoudre celle-ci,
en cher-chant le
plus grand
commun diviseur entre a et c.Lagrange
a résolul’équation
dont ils’agit
à l’aide desfractions continues,
et M. Gauss Fa réduite à sa théorie des congruences ; mais toutes cesméthodes , qui
dans le fond sontidentiques
entreelles,
n’ont pas toute lagénéralité qu’on pourrait
désirer. En ef-fet,
il estclair
que les racines d’uneéquation
àplusieurs
incon-nues, de même que celles d’une
équation
à une seuleinconnue,
doivent être fonctions
de
ses coefficiensexprimés généralement ;
etcependant,
même pour résoudrel’équation
dupremier degré
àdeux
inconnues , qui
est laplus simple
de toutes , il faut connaî-tre les coefficiens
en nombres ,
çequi
montre combien les métho-des connues sont
imparfaites.
La note que
nous publions
ici a pourobjet
de donnerl’expres-
sion
générale
des racines entières d’uneéquation
dupremier degré
à deux
inconnues ,
en fonction de sescoefflciens:
Elle est extraite d’un mémoire sur lathéorie
desnombres , présenté
àl’Académie royale
des sciences deParis,
etqui
doitparaître
dans le recueildes Savans
étrangers.
Notre méthodes’applique à
toutesles équa-
tions
indéterminées ;
elle sert aussi àrésoudre directement ,
et avecsimplicité,
leséquations desquelles dépend
la division ducercle ,
et à traiter
beaucoup
d’autresquestions ;
mais cesrecherches
nesont pas de nature à trouver
place ici,
et nous lesréservons pour
une autre
circonstance.
Etant
donné l’équation
à une seuleinconnue
si l’on
représente
parPn, Pn-m, Pn-2m, Pn-3m, ...,
les sommesdes
I N D É T E R M I N É E.
299puissances n.ièmes, (n-m)ièmes, (n-2m) ièmes, (n-3m)ièmes, .... de
sesracines,
on aurade
sorte que, si n est unmultiple
de m , on obtientPn=m ;
et , dans le cascontraire,
on trouvePn=0.
Enexprimant
les racinesde
l’équation (i)
enfonctions circulaires ,
on auraSi l’on transforme le
second membre,
au moyen de la relationconnue ( Cos.z+-1Sin.z)n=Cos.nz+-1Sin.nz ,
etqu’on
Me-glige
lesimaginaires qui,
dans le casactuel ,
doivent nécessaire-ment se
détruire ,
onobtiendra
c’est-à-dire ,
300
A N A L I S E
et la valeur de cette
expression
sera m ouzéro ,
suivant que lenombre n
sera entier oufractionnaire.
m
On sait
qu’étant proposé
de résoudrel’équation ax+b=cy ,
ennombres
entiers ,
il suffit de trouver une valeur 03B1 de x ,comprise entre
zéro et c, car les autres s’en déduisent enajoutant
à celle-là un
multiple quelconque de c ;
de sortequ’on
a , engénéral ,
x=03B1+cz , z
étant un nombre entierquelconque.
Maintenant il faut observer que
si ,
dansl’équation (2) ,
on faitn=ax+b ,
m=c , et que l’on donne à x successivement toutes les valeurs o , I , 2,3,
... c- 1, on obtiendral’intégrale
qui
aura pour valeur crépété
autant de fois que laquantité ax+b c
à de valeurs
entières , lorsqu’ou
y fait xégal
à un nombre en-tier moindre
que c ;
d’où il suit que la formule(*)
Voy.
entre autres , l’Introduction à l’analiseinfinitésimale d’Euler
, tom.l,
chap. XIV,
n.° 260.J. D. G.
I N D E T E R M I N É E.
30Iexprimera
le nombre des solutions del’équation ax+b=cy , en
supposant qu’on
ne prenne pour x que des nombresentiers plus petits
que c.Si l’on considère le terme
général
de la série(3),
on aural’équation
dans le second membre de
laquelle
le numérateur esttoujours
zéro ;
mais dont le dénominateur nepeut
se réduire à zéro quelorsque a
et c ont un diviseur commun ,plus grand que l’unité,
puisque u
esttoujours plus petit
que c. Il résulte de là que, sio et c sont
premiers
entre eux, tous les termes de la série(3)
s’évanouissent, excepté
lepremier ,
dont la valeur se réduit àMais si a
et c ont un facteur commun g , onsupposera
a=mg , c=ng , et, en faisant u=n , onobtiendra
Cette
expression
seréduit à ,
en vertu del’hypothèse
a=mg.302
ANALISE
On devra donc
différentier
le numérateur et le dénominateur parrapport à a,
pour en avoir la valeurdéterminée ,
et l’on trouveraSi,
au lieu deprendre
u=n , onfait,
engénéral ,
u=en , cétant un nombre entier
quelconque,
on trouveet, comme le nombre n est
compris
g-I faisdans
c-I , onpourra
faire successivement e==o , 1 ,2 , 3 ,
.... g-I ; et la valeur de l’in-tégrale (3)
seraexprimée (
dans le casactuel ,
où l’onsuppose que
a et c ont un commun
diviseur g ) par la série
INDETERMINEE. 303
dont la
sommea pour
valeur g; lorsque b g
est unnombre entier 1
et seréduit
àzéro,
dans le cas contraire.De là résulte I.° que
l’équation ax+b=cy
atoujours
une so-lution
entière,
etplus petite
que c ,lorsque a
et cn’ont
d’autresdiviseurs communs que
l’unité ;
2.0
Que
si a et c ont un commundiviseur g ,
différent de l’u-nité, qui
nedivise point b ,
cetteéquation n’admet
aucune solu-tion
entière ;
- 3.°
Qu’enfin, si b g
est un nombreentier ,
on trouvera pour xun
nombre g
de valeursentières , plus petites
que c,qui
satis-feront à l’équation proposée.
Puisque l’intégrale (3) représente
le nombre des solutions en-tières de
l’équation ax+b=cy ,
enprenant pour x
des valeurs moin- dresque c , il
estclair que
la formuleexprimera
la somme des valeursde x,
entières etmoindres que
304 A N A L I S E
c,
qui
satisfont àl’équation ax +b=cy , lorsqu’elle
est résolubleet que,
lorsqu’elle
ne l’est pas, cetteintégrale
se réduit à zéro.Nous avons démontré que , si a et c ont un facteur commun , différent de
I’unité , qui
ne divise pasb, l’équation ax+b=cy
n’admet aucune solution
entière.
et comme , si ce facteur commundivise
aussi b ,
onpeut toujours
lesupprimer,
il serapermis
dans.en cas, de
supposer
que a et c sontpremiers
éntre eux ; et alorson sera assuré
qu’il
existetoujours
une valeur entièrede x ,
com-prise
entre zéro et c,qui
satisfait àl’équation
dont ils’agit ,
etqu’il
n’en existe
qu’une
seule.Acutellement ,
pour trouver cette valeur de x, on considérera le termegénéral
del’intégrale (4) ,
et on auraIl faudra faire successivement u= 1 , 2 ,
3,
...(c-I) ,
etajouter
au résultat le
premier
terme de la série(4) qui
estPuisque 0
et c sontpremiers
entre eux, et que u estplus
pe- tit quec, il
s’ensuit que ledénominateur 2cSin.uan c
dusecond
INDÉTERMINÉE.
305membre de
l’équation (5)
ne pourrajamais s’évanouir ;
on obtien-dra,
parconséquent ,
eu faisant les réductionsnécessaires ,
et
partant
Cette formule
très-simple donne pour
oc laplus petite valeur de
x
qui satisfasse
àl’équation ax+b=cy ,
en nombresentiers ;
ettoutes les autres
valeurs
sontexprimées par l’équation x=03B1+cz ,
z étant un nombre entier
quelconque.
Soit
proposé ,
parexemple ,
derésoudre
en nombresentiers, l’équation
on
aura , encomparant
àl’équation générale ax+b=cy
Tom. XVI.
40
306
AVALISE I N D E T E R M I N É E.
et par
conséquent
c’est-à-dire ,
et toutes les valeurs de x
qui
résolventl’équation 3x+I=4y
se-ront données par
l’équation x=I+4z ,
comme on le sait d’ailleurs.La valeur de (x
peut ,
engénéral ,
se calculer à l’aide des tables du sinus. Il est vrai que, par ce moyen - onn’obtiendra ,
leplus
souvent, que des valeurs fractionnaires
approchées ;
mais comme 3d’après
cequi précède , x
nepeut
avoir que des valeursentières,
on en trouv era la valeur exacte en substituant à cette valeur ap-
prochée
le nombre entier leplus
voisin.On
peut
observer que ,puisqu’on
aet que d’ailleurs
on pourra écrire
THEORIE DES CAUSTIQUES.
307On pourra faire usage de cette
expression,
aussi bienque
de laprécédente ,
pour résoudrel’équation proposée (*).
OPTIQUE.
Démonstration purement géométrique du principe fondamental de la théorie des caustiques;
Par M. GERGONNE.
A la
page14
duprésent volume ,
nousexprimions
le v0153u depouvoir
offrir à nos lecteurs une démonstration duprincipe
fon-damental de la théorie des surfaces
caustiques
par réfractionaussi
simple
que cellequi
a été donnée par M.Dupin,
pour les sur- facescaustiques
par réflexion. Un article de M.Timmermans ,
pro- fesseur deMathématiques
aucollège royal
deGand ,
inséré dairs. la
Correspondance mmathématique et physique
dut royaume desPays- Bas ( tom. 1
,n.° 6 ,
pag.336 ) ,
recueil encoretrop
peu ré-pandu
enFrance,
nous met en situation deremplir
ce v0153u au-delà de nos
espérances.
L’auteur tourne un peucourt , il
estvrai ,
(*) Ces formules , étendues à un nombre
quelconque d’équations
du pre-mier
degré,
entre ungrand
nombre d’inconnues,compléteraient
la théo-rie
exposée
à la pageI47
da III.e volume duprésent
reaueil.J. D. G.