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Submitted on 1 Jan 1958
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L’effet Szilard-Chalmers sur les dérivés bromés. II. Les effets chimiques de l’irradiation du para-dibromobenzène
dans un réacteur nucléaire
R. Henry, C. Aubertin, J. Valade
To cite this version:
R. Henry, C. Aubertin, J. Valade. L’effet Szilard-Chalmers sur les dérivés bromés. II. Les effets
chimiques de l’irradiation du para-dibromobenzène dans un réacteur nucléaire. J. Phys. Radium,
1958, 19 (5), pp.548-551. �10.1051/jphysrad:01958001905054800�. �jpa-00235889�
L’EFFET SZILARD-CHALMERS SUR LES DÉRIVÉS BROMÉS.
II. LES EFFETS CHIMIQUES DE L’IRRADIATION DU PARA-DIBROMOBENZÈNE
DANS UN RÉACTEUR NUCLÉAIRE
Par R. HENRY, C. AUBERTIN et J. VALADE,
Commissariat à l’Énergie Atomique, Centre d’Études Nucléaires de Saclay,
Service des Radioéléments artificiels.
Résumé. 2014 On a essayé de déterminer les formes chimiques du brome radioactif obtenu par irradiation du p-dibromobenzène dans une pile. On observe que les décompositions provoquées
par le rayonnement 03B3 de la pile interfèrent avec les réactions chimiques de l’atome de recul. Selon le flux de neutrons et de rayons 03B3, les proportions de radiobrome libre, sous forme oxydée ou
réduite et de brome recombiné sous forme benzénique ou aliphatique, varient dans de larges pro-
portions.
En conclusion, on admet que : 1° seulement une petite fraction de brome radioactif (3 % maxi- mum) ne se sépare pas de la molécule mère ; 2° l’état chimique primaire du brome de recul semble être un état oxydé (Br+ ou Br·). Le brome sous cette forme se recombine en fonction du flux pour donner des dérivés non benzéniques ; 3° un certain nombre de radicaux vivent probablement jusqu’à la mise en solution, où ils donnent des dérivés hydroxylés par contact avec l’eau (envi-
ron 3 %).
Abstract.
2014Chemical species of radiobromine obtained from pile-irradiated p-dibromobenzene
have been studied.
03B3-radiation-induced decomposition interferes with recoil atom chemical reactions. According
to the magnitude of neutron and gamma fluxes, the abundances of free, oxidized or reduced radio- bromine and of bromine recombined in benzenic or aliphatic compounds vary to a wide range.
It is therefore concluded that : 1° a small quantity only of radioactive bromine (3 % max.)
does not break the chemical bond with the mother-molecule ; 2° chemical primary state of recoil
bromine seems to be an oxidized one (Br+ or Br·). This bromine recombines according to the
flux so as to give some non benzenic derivatives ; 3° a slight proportion of radicals may live until the dissolution occurs, and gives hydroxylated derivatives by water reaction (about 3 %).
JOURNAL PHYSIQUE 19, 1958,
Introduction.
-Dans un réacteur, le flux de neutrons est accompagné d’un flux de rayons gamma très intense formant des ions et des radi-
caux libres.
Aux effets chimiques des réactions nucléaires
(effet Szilard-Chalmers) se superposent donc les effets des radiations ionisantes : l’orientation des transformations chimiques du brome de recul peut
être modifiée d’après l’importance de ces derniers.
Le phénomène est finalement complexe.
Pour l’étudier, nous nous sommes d’abord atta- chés aux effets généraux produits par les conditions
d’irradiation, c’est-à-dire flux de neutrons, durée d’irradiation, position dans la pile (les rayons gamma étant beaucoup plus rapidement absorbés
que les neutrons, le rapport des deux flux varie selon la position choisie dans la pile).
Nous avons essayé, ensuite, de déterminer les formes chimiques du brome radioactif 82Br.
Première partie : Effets produits par les condi- tions d’irradiations.
2013Le résultat d’une irra- diation de para-dibromobenzène comporte, a priori,
du radiobrome minéral et du radiobrome orga-
nique. On a choisi une séparation simple pour être suffisamment rapide : dissolution dans un solvant
organique, extraction à l’eau.
Il y a une question préalable très importante : le
choix du solvant. En effet, après un phénomène de rupture de liaison, les radicaux ou ions ainsi formés peuvent entrer en combinaison dans le cristal même, mais quelquefois ils restent inchangés jusqu’à la mise en solution, étant trappés
dans le réseau cristallin. On peut penser que la nature chimique du solvant va jouer un rôle.
Le benzène étant choisi, nous savons qu’il donne
une réaction d’addition photochimique avec le
brome moléculaire, qu’il réagit très faiblement avec
l’ion bromure. Avec-les formes oxydées du brome,
il est facile de prévoir une forte réactivité. D’autre
part, Libby [1] indique que le brome atomique est
peu soluble dans l’eau : l’expérience nous prouva qu’une extraction réductrice permet de récupérer
du radiobrome restant en phase organique pour des valeurs très faibles du flux d’irradiation. L’extrait aqueux représente donc la totalité des formes Bro et Br-, et une partie des formes plus oxydées. Il y a
également dans l’eau une quantité relativement constante (3 %) de composés organiques bromés.
Dans les essais du tableau I, la variable est la
durée d’irradiation.
Les trois premières irradiations ont été effectuées à Châtillon, la dernière à Saclay : on remarque immédiatement que les valeurs de la dernière ligne
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:01958001905054800
549 ne se placent pas à la suite des autres à cause, pro-
bablement, des conditions d’irradiation différentes.
Le facteur de décomposition est chiffré de la
manière suivante : c’est le rapport du nombre
d’atomes de brome extraits au nombre total d’atomes irradiés. Ce rapport est constant pour les trois essais effectués à Zoé. Comme il est princi- palement constitué de brome inactif, on peut dire
que ce facteur est spécifique des décompositions
par les rayons gamma. Sa constance, remarquable
pour des irradiations de durée différente, semble indiquer que les radiations ionisantes provoquent
des décompositions de courte durée, les recom-
binaisons pouvant avoir lieu dans le cristal même [2]: .
.Dans le tableau II sont réunies les expériences
faites simultanément en différentes positions de la pile Zoé. Les échantillons de 500 mg irradiés ont été dissous chacun dans 10 cm3 de benzène et extraits avec 20 cm3 d’eau saturée de SH.. La
solution aqueuse est lavée avec 10 cm3 de benzène
qui sont joints au benzène de dissolution. Il faut
signaler. que le benzène de lavage entraîne de 2 à 5 % de l’activité totale, et qu’une nouvelle extraction à l’eau saturée de SH2 donne seule-
ment 1 % d’activité. Les dosages de brome sont
effectués par activation et colorimétrie. Les résul- tats se recoupent d’une manière satisfaisante. Les
comptages des rendements d’extraction sont effec- tués au compteur cloche en source ponctuelle sur
verre de montre, après décroissance du soBre Les
mesures absolués sont effectuées au compteur 47t.
Les valeurs du rendement d’extraction ne pré-
sentent aucun ordre apparent : il est possible que
les variations de flux étant différentes pour les neutrons et les rayons gamma, les effets deviennent
complexes. La variation des facteurs de décom-
position présente par contre une suite continue,
avec un minimum pour les flux moyens. Le maxi- mum observé pour le flux neutronique le plus fort est normal puisqu’il correspond à un flux gamma très élevé. L’autre maximum semble difficilement
explicable. Signalons que le para-dibromobenzène
non irradié et extrait dans les mêmes conditions donne 8 . 10-6 de brome minéral et 1 9 , 1 0-6 de brome organique. Enfin, à 109 n /cm2/s, l’extraction est fonction du flux (tableau III). L’augmentation
de la rétention avec le flux correspond proba-
blement à une décomposition plus élevée avec un
flux gamma de plus en plus fort. On observe un
accroissement parallèle de la formation des phénols
ou acides bromés.
Deuxième partie : Nature chimique du radio- brome. - BROME MINÉRAL. 2013 Les différentes réfé-
rences ayant trait à l’effet Szilard-Chalmers de
produits organiques bromés font état surtout
de Br+ [3-4] ou de Br+ et Br atomique [5], quel- quefois de Br- [6].
.
Dans notre cas, on a constaté d’abord que le pH
des solutions d’extraction ne correspondait pas à la formule BrH, compte tenu du brome organique
dissous dans l’eau.
D’autre part, nous savons déjà, qu’à flux faible,
une partie de l’activité ne peut être extraite qu’en
milieu réducteur. Cet effet disparaît à partir
TABLEAU 1
TABLEAU II
550
de 4Y = 1010 n/em2/s. Il s’agit très probablement
de formes Br- ou Br atomique qui réagissent diffé-
remment lorsque l’augmentation de flux leur offre
un milieu plus réactionnel. Ces formes oxydées représentent 40 % de l’activité totale, pour les flux les plus bas, Br° et Br- entrant pour 20 % environ
dans le bilan, quel que soit le flux.
BROME ORGANIQUE.
-On trouve dans le tableau II les résultats d’une hydrolyse ménagée
des phases organiques par la potasse ; le facteur de
recombinaison organique est la fraction de radio- brome qui se trouve sous une forme organique
autre que benzénique ou vinylique. Lu [7] a étudié
l’irradiation du monobromobenzène et observe un
meilleur rendement d’extraction avec une solution diluée de soude. Ce phénomène a une cause proba-
blement identique à ce que nous observons et tend d’ailleurs à confirmer que la recombinaison orga-
nique se produit en partie lors de la mise en solu-
tion. Il y a donc 3 à 12 % de radiobrome benzé-
nique ou vinylique après irradiation, les quantités
les plus importantes se situant aux flux les plus
forts : il s’agit surtout de brome recombiné, car la
rétention réelle doit être constante (elle doit être
de 3 %).
,