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DÉCIDER DE SA VIE EN EHPAD

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Academic year: 2022

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DÉCIDER DE SA VIE EN EHPAD

Aurélie Chopard-Dit-Jean

Fondation Nationale de Gérontologie | « Gérontologie et société » 2012/4 vol. 35 / n° 143 | pages 133 à 136

ISSN 0151-0193

DOI 10.3917/gs.143.0133

Article disponible en ligne à l'adresse :

--- https://www.cairn.info/revue-gerontologie-et-societe1-2012-4-page-133.htm ---

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DÉCIDER DE SA VIE EN EHPAD

AURÉLIE CHOPARD-DIT-JEAN

DIPLÔMÉE D’UN MASTER 2 VIEILLISSEMENT ET SOCIÉTÉ UNIVERSITÉ DE FRANCHE-COMTÉ. MEMBRE DU RÉIACTIS

Dans les événements rupteurs du parcours de vie des personnes âgées, l’entrée en établissement d’hébergement et la mise en place des pro- jets de vie renvoient aux questions fondamentales de ce numéro sur le pouvoir que les personnes âgées peuvent exercer sur elles-mêmes, mais aussi sur leur environnement proche ou lointain. Les questions de recherche développées dans les travaux des master 1 et 2 Vieillissement et société au sein des universités de Bourgogne et Franche-Comté abordent le pouvoir des résidents à partir des contextes institutionnels et familiaux. Comment la parole des aînés et celle de leurs familles sont-elles prises en compte dans les choix qui les concernent et pour quels types de choix ?

Le cadre législatif, posé notamment par la loi de 2002-02 rénovant l’action sociale et médico-sociale, agit déjà sur les relations entre l’ins- titution et les résidents en renforçant leurs échanges par la mise à disposition obligatoire d’informations sur le fonctionnement de l’éta- blissement les accueillant et par la contractualisation (contrat de séjour, règlement intérieur, livret d’accueil, charte des droits et libertés de la personne accueillie). Le second pilier porte sur la mise en place d’inter- faces obligatoires permettant la médiation entre les personnes âgées et l’institution à l’exemple des conseils de vie sociale (CVS) ou des

* Booster est un programme développé dans le cadre du partenariat entre le Réiactis et la Fondation nationale de gérontologie (Fng). Il encourage les étudiants de master à choisir les thèmes de l’âge, de la citoyenneté et de l’intégration socio- économique des personnes âgées pour leurs mémoires de recherche. La Fng et le Réiactis accueillent les étudiants et mettent à leur disposition des ressources d’expertises et bibliographiques et valorisent les résultats de leurs travaux.

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médiateurs. Les travaux de Weber et Prévost démontrent toutefois que la plupart des attentes des résidents ne s’expriment pas par le canal institutionnel des CVS mais sont formulées directement auprès des personnels de première ligne. En effet, « 86 % (des résidents) s’adressent directement au personnel de l’établissement et 18 % à d'autres personnes (proches, bénévoles…), seuls 2 % des résidents s'adressent au conseil de la vie sociale » (Prévost & Weber, 2010, p. 187). D’où le défi posé à la construction de pratiques professionnelles inclusives induisant, dans les pratiques quotidiennes, le maintien ou le développement de l’autono- mie décisionnelle des personnes âgées dès lors que celles-ci souhaitent garder le contrôle sur leur existence.

À travers une étude de cas réalisée dans un Ehpad, la recherche pré- sentée ici (Chopard, 2011) s’intéresse à l’élaboration des projets de vie et à leur utilisation plus ou moins effective dans la pratique profession- nelle. Le directeur, la cadre de santé, quatre résidents, trois membres de famille de résidents, six soignants (trois aides soignantes, une aide médico-psychologique, deux infirmières), deux psychologues et une animatrice ont été rencontrés en entretiens dans l’objectif de cerner les interactions et les espaces de négociations rendus possibles par l’insti- tution et les pratiques professionnelles.

Il ressort que le temps de l'accueil des nouveaux résidents et de leurs familles et leur accompagnement dans l’adaptation à l’établissement sont essentiels pour définir une première attitude vis-à-vis de la struc- ture. Grâce à l’outil du projet de vie personnalisé, les résidents peuvent donner des indications sur leurs habitudes de vie, leurs affinités et leurs valeurs qui permettent aux professionnels de mieux adapter les animations et l’ensemble des interventions aux caractéristiques indivi- duelles des résidents. Le rôle de la famille est fondamental (lorsqu’elle est présente pour accompagner son parent) : elle apporte des infor- mations complémentaires à propos de son proche. Se dessine ici une triangulation entre le résident, sa famille et les professionnels sur laquelle l’établissement peut fonder un partenariat à la fois négocié et constructif. Nos observations amènent néanmoins quelques réserves notamment sur les phénomènes de découplage entre expression et action où l’interaction se limite souvent à l’ouverture d’espaces de com- munication sans impact réel sur le quotidien ni changement notable dans les modes de fonctionnement. À tel point que la communication est parfois qualifiée de « discours de sourds » et considérée au final comme inutile. Elle se résume dans les propos d’une fille de résidente en ces termes : « ça sert à rien de réclamer puisqu'on ne peut rien faire

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tiques professionnelles de face à face que dans le management des équipes et les pratiques de direction elles-mêmes.

Dans le cas du projet de vie, il apparaît que la loi est bien respectée : dès l’entrée du nouveau résident, un projet de vie est effectivement établi. Du strict point de vue juridique, le contrat est rempli mais l’esprit de la loi est-il compris et respecté ? À l’analyse, il apparaît que le récit de vie est recueilli et formalisé par un membre du personnel présent au moment de l’entrée mais pas nécessairement pris en compte ensuite dans des relations durables avec le résident. C’est ensuite à la personne référente qui sera désignée par l’établissement de se soucier de la mise en application et de l’évolution du projet de vie. La dissociation entre la personne formalisant le projet de vie et la référente du résident peut être questionnée. En outre, la mise à disposition du projet de vie sur une plateforme informatique permet a priori un partage de l’infor- mation large à l’ensemble de l’équipe mais il apparaît que peu de ses membres s’approprient réellement ce type de contenu contrairement aux données médicales qui sont souvent priorisées.

L’existence et l’animation d’équipes larges et pluridisciplinaires impli- quant l’ensemble des personnels pour une mise en phase entre le projet de vie et les différents temps ordinaires du quotidien de la per- sonne (toilette, change, animation, placement aux repas...) constituent des atouts importants dans la mise en place effective du projet de vie et le respect quotidien des personnes âgées. Les réunions d’équipes plutôt classiques pour les questions médicales ne sont pas toujours considérées comme indispensables lorsqu’il s’agit de questions sociales comme le respect du projet de vie. Enfin l’implication et les valeurs des personnels de première ligne comme de l’encadrement et de la direction font souvent la différence dans la manière dont les résidents sont intégrés dans les décisions et dans l’implémentation des grands principes de l’établissement visant à promouvoir l’écoute, l’empower- ment et la qualité de vie.

Avec l’arrivée à l’âge de la retraite des personnes issues de la généra- tion du babyboom qui se caractérisent par des expériences de vie dif- férentes de celles des générations passées et par une forte attente en matière de participation et de codécision, comment les établissements se prépareront-ils à accueillir ces nouveaux résidents ? Il conviendra d’observer le développement d’autres formes d’établissements (comme

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les résidences autogérées de type Babayagas) ainsi que l’évolution des pratiques dans les Ehpad. Ces dernières permettront-elles aux résidents, quelles que soient leurs difficultés, de s’exprimer et de déci- der dans le quotidien comme dans les options plus fondamentales de l’existence ?

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

AMYOT J.J. & MOLLIER A. (2007).

Mettre en œuvre le projet de vie dans les établissements pour personnes âgées.

Paris : Dunod, 242 p.

CHARPENTIER M. (2007). Vieillir en milieu d’hébergement. Le regard des rési- dents. Collection Santé et Société : Presses de l’Université du Québec, 180 p.

CHOPARD-DIT-JEAN A. (2012). Exister et vivre au grand âge en demeurant acteur de ses choix. Travail de mémoire Master 2 vieillissement et société. Université de Franche-Comté.

CHOPARD-DIT-JEAN A. (2011).

L’entrée en Ehpad : vers une meilleure prise en compte de la volonté des per- sonnes âgées. Travail de mémoire Master 1 vieillissement et société. Université de Franche-Comté.

PRÉVOT J. & WEBER A. (2010).

Participation et choix des personnes âgées vivant en institution. Retraite et société, 59, p. 181-193. DRESS.

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