• Aucun résultat trouvé

25 52

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "25 52"

Copied!
64
0
0

Texte intégral

(1)
(2)
(3)

30 jours 4

Débat/Opinion 6

Actualité 8

• Peillon reçoit le SNES

• Vers une nouvelle loi d’orientation

• FGR-FP

• Retraités : ne pas rater l’occasion

• Réforme des retraites

• Salaires

• Calendrier scolaire

• Pourvoir tous les postes, recruter davantage

• Non-titulaires

• Décentralisation des CO-Psy

• Rétablissement de l’histoire-géographie en Terminale S

Éco/social 22

• Interview avec Michel Angot (SNUCLIAS-FSU)

• Zone euro : épicentre de la crise

• Conférence sociale : le changement ?

• Maternité : congés à la carte ?

Dossier 25

• L’internat scolaire

Droits et libertés 32

• Dossier immigration : où en sommes-nous ?

25

DossierL’internat scolaire

Édito

Attente vigilante ...

Sept tables rondes pour décider des réformes : ainsi titraient plusieurs organes de presse récemment.

Très attendue, la conférence sociale devrait non pas déboucher sur des mesures mais poser des problématiques et donner des orientations sur la politique sociale.

Au regard de la situation de l’emploi, des salaires, les attentes sont fortes ; l’inquiétude est grande devant la multiplication des plans sociaux, la faiblesse des rémunérations est de plus en plus flagrante.

La conférence sociale aura donc à répondre à ces préoccupations majeures des Français. À une nouvelle cure d’austérité, il lui faudra privilégier l’augmentation des recettes par une réforme en profondeur de la fiscalité.

Or, le matraquage sur la crise organisé par les libéraux, les protestations du Medef vont peser dans les choix du gouvernement.

D’ores et déjà, l’annonce par Jean- Marc Ayrault du gel des dépenses de l’État pour 2012 et la faiblesse de la hausse du Smic laissent présager des difficultés.

La FSU et ses syndicats, avec les autres organisations, aura donc une partie à jouer dans la période.

En attendant une rentrée revendicative, le SNES vous

souhaite de bonnes vacances.

40

Fenêtre sur

Les politiques culturelles

SOMMAIRE

Frédérique Rolet cosecrétaire générale

L’Université Syndicaliste, hebdomadaire du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES, 46, avenue d’Ivry, 75647 Paris Cedex 13. Tél. standard : 01 40 63 29 00).

Directeur de la publication :Roland Hubert (roland.hubert@snes.edu). Rédacteurs en chef :Carole Condat, Nicolas Morvan. Secrétaire de direction :Bénédicte Derieux.

Collaborateurs permanents :Nicolas Béniès, Matthieu Niango, Thierry Pétrault, Véronique Ponvert. Régie publicitaire :Com d’habitude publicité, 25, rue Fernand-Delmas, 19100 Brive. Clotilde Poitevin, tél. : 05 55 24 14 03 – Fax : 05 55 18 03 73 – www.comdhabitude.fr. Compogravure :C.A.G., Paris.Imprimerie : SEGO, Taverny (95). C.P.N° 0113 S 06386.

I.S.S.N.N° 0751-5839. Dépôt légal à parution. Conception : Voltaire & Associés, 15, rue de la Banque, 75002 Paris. Photo de couverture : ©Philippe Bonnarme. Prix du numéro : 1,30. Abonnement : 1) Personnels de l’Éducation nationale : France 30; étranger et DOM- TOM : 44. 2) Autres, France : 42; étranger : 56. Publicité : MAIF (p. 2), GMF (p. 5), MAE (p. 19), CASIO (p. 33), ARVEL (p. 54), CASDEN (p. 63), Monnaie de Paris (p. 64). Joint à ce numéro : 24 p.Retraités.

Entretien avec Albert Jacquard

52

Métier 34

• GRETA

• Évaluation des personnels

• Contrôle continu au bac

• Diplôme national du brevet

International 36

• Espagne

• RIO+20 : les syndicats au rendez-vous

Catégories 38

• Agrégés : une voie étroite

• Assistants de Sécurité et de Prévention : fausse solution

• Mouvement Intra 2012 : premier bilan de l’action résolue du SNES

Fenêtre sur 40

• Les politiques culturelles

Résultats élections 42

Culture 46

Livres/Revues

Cinéma/Arts plastiques/Spectacles

Multimédia

Entretien 52

• Albert Jacquard

C

Caahhiieerr ssppéécciiaall ffeessttiivvaallss

55

(4)

4

« T’as pas 100 balles ! » La rémunération des patrons du public plafonnée à 450 000 euros.

Impunité.

Amnesty évoque des crimes contre l’humanité en Syrie.

Minute je parle ! Morano piégée par un humoriste parle du talent de Marine Le Pen.

La vie en rose.

Nette victoire de la gauche aux législatives.

17

juin

Niké. Un accord de gouvernement possible en Grèce après les nouvelles élections.

Sale temps. L’ONU tire la sonnette d’alarme sur l’environnement avant Rio.

juin

6

1eravril en juin. Éric Raoult propose la candidature de Sarkozy au Nobel de la Paix.

juin

4

Fin de chronique. Ray Bradbury, l’auteur de Farenheit 451 et des Chroniques martiennes est parti.

juin

5

Un peu d’... Amour de Michael Haneke, Palme d’or à Cannes.

Rien d’étrange.

La circulaire sur les étudiants étrangers est abrogée.

31

mai

Cher le buffet à volonté. Le déjeuner avec Warren Buffett vendu 3,46 millions de dollars.

10

juin

BILLET D’HUMEUR

À droite toute.

L’UMP unanime pour s’opposer au « front républicain ».

11

juin

13

juin

14

juin

15

juin

Paix... rsévérence.

Plus de vingt ans après, Aung San Suu Kyi reçoit son prix Nobel.

16

juin

27

mai

À part. Le gouvernement Ayrault à parité égale : 17 hommes, 17 femmes.

16

mai

Aung San Suu Kyi

reçoit enfin son prix Nobel E

n résidence surveillée mais autorisée par la junte militaire à se

rendre à Oslo pour le recevoir, elle avait préféré rester en Birmanie par crainte de ne plus pouvoir y revenir. Plus de vingt ans après, l’opposante birmane a reçu en main propre, le 16 juin dernier, en Norvège, le prix Nobel de la Paix attribué en 1991.

La « Dame », comme on la surnommait en Birmanie lorsque son nom était proscrit, a profité de cette occasion pour demander la libération des prisonniers politiques dans son pays et s’est dite prête à jouer « tout rôle » en vue de la réconciliation nationale conduisant du régime militaire à la démocratie.

Celle qui a été privée de liberté pendant plus de quinze ans a exprimé ses craintes que « parce que les détenus les plus connus ont été libérés, les autres, les inconnus, seront oubliés ». Elle a ainsi rappelé qu’« un prisonnier d’opinion est un de trop [...]. S’il vous plaît, souvenez-vous d’eux et faites tout ce qui est en votre pouvoir pour parvenir au plus tôt à leur libération inconditionnelle ».

© Daniel Sannum Lauten/AFP

Sale air

30 JOURS

18

juin

Tapis rouge. Londres veut dérouler le tapis rouge aux sociétés françaises pour échapper à l’impôt.

Remake de la guerre de « cens » ans.

19

juin

La Grèce quitte l’euro. L’Allemagne sort la Grèce de « l’euro 2012 » en l’éliminant... 4 buts à 2. La France l’imite.

22

juin

Pas en avant ? L’islamiste Mohamed Morsi nouveau président égyptien.

24

juin

U

n proviseur, très irrité d’en- tendre les enseignants du second degré se plaindre de leur salaire, a envoyé à la rédaction de France Inter un fichier Excel récapitulant les rémunérations de ses professeurs… D. Seux, rédacteur en chef des Échos et chroniqueur sur Inter, a décidé de faire sa chronique du jour sur ce thème, extrapolant à partir du cas d’un agrégé en fin de car- rière enseignant en classe pré- paratoire. Sans aucune analyse journalistique. Jetant en pâture des chiffres qui ne sont jamais mis en perspective. On s’inter- roge sur la méthode et les moti- vations d’un chef d’établisse-

ment qui fabrique des fichiers sur les salaires de ses person- nels pour ensuite les trans- mettre, courageusement et ano- nymement, à une rédaction.

On peut suggérer à ce proviseur, pour avoir une vision plus nuan- cée des rémunérations des col- lègues du second degré, de demander sa mutation dans un collège de l’Éducation priori- taire de l’Île-de-France. Nul doute que les chiffres des tableaux Excel qu’il ne manquera pas de fabriquer et d’envoyer à la presse seront différents. Mais D. Seux n’en fera sans doute pas une chronique…

Nicolas Morvan

(5)
(6)

PROPOSITION POLÉMIQUE DU PROGRAMME DE FRANÇOIS HOLLANDE, la question du droit de vote des étrangers n’est pourtant pas nouvelle en France. Le programme socialiste de 1981 annonçait déjà pour les « travailleurs immigrés » le « Droit de vote aux élections municipales après cinq ans de présence sur le territoire français ». Adoptée le 3 mai 2000 par l’Assemblée nationale, votée par le Sénat en décembre 2011, cette mesure implique cependant une réforme

DÉBAT/OPINION

vote communautaire : il n’y a pas de vote pakistanais ou indien au Royaume-Uni, ni de vote « latino » en Espagne ou au Portugal.

Alors, pourquoi y aurait-il un vote algérien ou, moins probable encore, un vote musulman en France ? Et, si un tel vote devait exister, ce serait déjà fait puisque de nombreux citoyens français sont d’origine algérienne, voire Français et Algériens (doubles nationaux taxés parfois d’illoyalisme), sont de confession musulmane, mais aussi bouddhiste ou zoroastrienne...

Le droit de vote sanctionne une inté- gration à la société du pays d’ac- cueil. Il ne peut donc que la favoriser et contribuer à la cohésion sociale.

En quatrième lieu, on entend souvent dire que, si les étrangers veulent voter, ils n’ont qu’à devenir français. C’est un faux argument.

D’une part, parce que les conditions d’acquisition de la nationalité française sont telles – notamment au regard de l’exigence d’un certain niveau de ressources et d’un bon état de santé, entre autres (eh oui, pour devenir Français, mieux vaut être riche et en bonne santé que pauvre et malade...) – qu’un nombre non négligeable d’étrangers bien enracinés en France ne les remplissent pas et ne seraient, donc, ni naturalisés ni, partant, électeurs, ce qui rétablirait une forme de suffrage censitaire. D’autre part, certains pays n’admettent pas la double nationalité et retirent donc leur nationalité à leurs citoyens qui en acquièrent une autre. On comprend, dans ces conditions, que ces étrangers-là ne veuillent pas renoncer à leur nationalité pour devenir Français. Et l’on imagine mal une législation qui leur ouvrirait, à eux seuls, le droit de vote, en écartant les étrangers qui pourraient devenir Français sans cesser d’avoir leur nationalité première. [...]

Voici en quels termes on peut poser la question du droit de vote des étrangers en France [...] Comme beaucoup de problèmes fonda- mentaux pour les cinq ans à venir, ce débat n’a pas été traité comme il l’aurait mérité. ■ Article initialement paru dans Le Monde (version numérique) du 4/05/2012

D

’abord, un bref regard comparatif sur les réponses apportées à cette question dans les autres pays, de l’Union européenne et d’ailleurs, montre qu’il ne s’agit pas d’une incongruité. Ainsi, parmi les 27, si la situation est contrastée, il n’empêche que les tenants du « non » absolu, comme la France, sont nettement minoritaires, puisqu’ils ne sont que 11 (outre la France, l’Allemagne, l’Autriche, la Bulgarie, Chypre, la Grèce, l’Italie, la Lettonie, Malte, la Pologne et la Roumanie).

À l’opposé, l’Irlande a accordé, dès 1963, le droit de vote aux élections municipales à tous les étrangers vivant sur son territoire, sans condition, notamment, de durée de résidence. Et, même, depuis 1985, les citoyens britanniques peuvent y voter aux élections législa- tives. Entre ces deux solutions extrêmes, il existe des

régimes variés. Ainsi, l’Espagne et le Portugal réservent le droit de vote, aux seules élections municipales, aux ressortissants de certains pays – pour l’essentiel, leurs anciennes colonies – sous condition de récipro- cité. Quant au Royaume-Uni, il permet aux « citoyens » du Common- wealth (54 pays) de participer à tous les scrutins, locaux et nationaux.

Le dernier groupe, le plus nombreux, est constitué par les 12 États de l’Union qui posent deux condi-

tions : d’une part, une condition de durée de résidence, variant entre deux et cinq ans ; d’autre part, le droit de vote est limité aux scrutins

locaux – municipaux et, parfois, provinciaux. On peut même relever que, hors Union européenne, certains pays ouvrent toutes les élections à tous les étrangers résidents depuis un certain temps : cinq ans au Chili, par exemple. [...]

Ensuite, il existe un précédent dans l’histoire constitutionnelle et politique française : la Constitution « montagnarde » de 1793 conte- nait ce bel article 4 : « Tout homme né et domicilié en France, âgé de vingt et un ans accomplis ; tout étranger âgé de vingt et un ans accom- plis, qui, domicilié en France depuis une année, y vit de son travail, ou acquiert une propriété, ou épouse une Française, ou adopte un enfant, ou nourrit un vieillard ; tout étranger enfin, qui sera jugé par le Corps législatif avoir bien mérité de l’humanité, est admis à l’exercice des Droits de citoyen français. » Les éléments d’intégra- tion et l’utilité sociale comptaient alors davantage que le lieu de naissance ou celui des parents.

En troisième lieu, on peut difficilement soutenir que les États, euro- péens ou extra-européens, qui ont accordé le droit de vote aux étran- gers, aux scrutins locaux ou nationaux, avec ou sans condition de

« stage » ou de réciprocité, aient perdu leur identité, aient vu remis en cause leurs principes fondamentaux, soient devenus des juxtapo- sitions de communautés repliées les unes sur les autres. Rien n’indique que les étrangers votent différemment des nationaux, qu’il existe un

François Julien-Laferrière

Professeur émérite de droit public, militant et essayiste.

Il est l’auteur, entre autres, du Droit des étrangers (PUF, 2000)

Le droit de vote sanctionne une intégration à la société du pays d’accueil

© DR

Le vote des immigrés

Le droit de vote des étrangers

ne mettrait pas la France en danger

(7)

Supplément au no721 du 2 juin 2012 - US MAGAZINE- 7 constitutionnelle, soit par le Congrès, soit par référendum. À quels préjugés se heurte-t-elle ? Quelle difficulté réelle pose-t-elle ? C’est à ces deux questions que, respectivement, François Julien-Laferrière, professeur de droit public émérite à l’université de Paris-Sud, et Caroline Fourest, journaliste, s’efforcent ici de répondre.

aux élections locales

A

insi 61 % des Français se disent favorables au droit de vote des étrangers aux élections locales.

C’est une nouvelle plutôt réjouissante dans un climat où l’instrumentalisation de ces questions atteint parfois son paroxysme. On se prend à rêver des débats sereins et constructifs sur l’immigration et la nationalité, où les arguments remplaceraient les réflexes pavloviens.

Dans cette France rêvée, on pourrait se demander s’il est judicieux de déconnecter le droit de vote local de la nationalité. […] Sans que l’extrême droite entame son couplet sur l’invasion. Mais aussi sans qu’une certaine gauche dégaine le soupçon de racisme envers toute personne non convaincue d’avance. Car, non, la déconnexion de la natio-

nalité du droit de vote, même aux élections locales, n’est pas une évidence.

Dans l’absolu, c’est même un renoncement à l’un des

traits marquants du modèle hérité de la Révolution française : où l’exercice de la citoyenneté est conditionné par le désir d’appartenir à la nation. Il mérite donc qu’on en discute. On peut se demander, par exemple, s’il ne vaut pas mieux faciliter l’accès à la nationalité

française plutôt que de fermer cette porte, tout en laissant une fenêtre ouverte : le droit de vote aux élections locales.

On peut se demander si accorder cette concession ne contribue pas à dévaluer l’un des privilèges de la nationalité. Quitte à prendre le risque d’un retour de flamme : la reven- dication d’une conception plus ethnique de la citoyenneté.

On peut rétorquer que, dans un monde ouvert, la fermeture de cette petite fenêtre n’a plus beaucoup de sens. Nous pouvons tous être amenés à vivre et à vouloir s’investir dans un autre pays que le nôtre, sans pour autant désirer devenir membre de cette nation. Si la nationalité doit absolument continuer à structurer le droit de vote aux échéances nationales, la vie locale, elle, relève plus de la démo- cratie participative que représentative. Vu ainsi, permettre à des résidents de longue date de s’investir dans la démocratie locale renforce plutôt l’appartenance citoyenne.

Cette mobilité citoyenne, au cœur de la mondialisation en marche, a déjà généré des aménagements. Puisque les résidents de l’Union européenne ont le droit de voter aux élections locales en France. Dès lors, comment refuser ce droit à d’autres ? Peut-on accepter qu’un Britannique ayant acheté une maison de campagne en France puisse voter, mais pas les chibanis, ces travailleurs maghrébins ayant quitté leur pays et leur famille pour travailler dans nos usines depuis plus de quarante ans ?

Voilà qui soulève des questions passionnantes. Reste à savoir s’il est urgent d’y répondre. Traversons-nous une période où la mondialisation est vécue comme heureuse au point de donner l’envie de s’ouvrir et de s’adapter ? Ou, au contraire, une période où cette adaptation peut être vécue comme une trahison supplémentaire de l’État-nation, et donc générer plus de mal (la xénophobie) que de bien (l’ouver- ture) ? Tenir compte de ce contexte permet de se faire une idée. ■ Article initialement paru dans Le Monde du 3/12/2011 Rubrique réalisée par Matthieu Niango

LE POINT DE VUE DU SNES

La position du SNES sur cette question est claire. Le congrès de Reims la rappelle : « Le SNES estime que c’est par l’approfondissement des droits que la xénophobie recule, c’est pourquoi il soutient les propositions en faveur du droit de vote et d’éligibilité de tous les résidents étrangers aux élections locales ».

Car c’est une exigence d’égalité, de justice et de démocratie. Si la démocratie ne se limite pas au droit de vote, celui-ci est un symbole fort de la citoyenneté.

Pour la plupart, ces personnes sont en France depuis longtemps, y travaillent, paient des impôts, participent à la vie associative. Il ne saurait y avoir des citoyens de seconde zone.

C’est pourquoi le SNES participe activement au collectif Votation citoyenne qui regroupe syndicats, associations, maires… Il soutient notamment les votations citoyennes organisées dans certaines municipalités ou dans les universités.

Marylène Cahouet

Caroline Fourest

Journaliste indépendante, militante féministe et essayiste.

Elle est notamment l’auteur de La Tentation obscurantiste

(Grasset, 2006)

© DR

Séparer citoyenneté et nationalité ?

Traversons-nous une période où la mondialisation est vécue comme heureuse au point de donner l’envie de s’ouvrir et de s’adapter ?

(8)

V. PEILLON REÇOIT LE SNES : ROMPRE AVEC LA POLITIQUE PRÉCÉDENTE

Longuement attendue, l’audience réclamée par le SNES au nouveau ministre de l’Education, Vincent Peillon, a eu lieu jeudi 28 juin.

L

e SNES a fait part au ministre des diffi- cultés rencontrées dans les académies pour que change réellement la nature du dialogue social, que soit respecté le parita- risme, que la décharge annoncée pour les stagiaires 2012 soit effective et dédiée à la formation.

Questionné ensuite sur le calendrier et le périmètre de la future loi d’orientation et de programmation, Vincent Peillon est revenu sur son projet de refondation de l’École en citant quelques grands axes : inscription dans la loi des Écoles supérieures en professorat et de l’Éducation, retour à une véritable éducation prioritaire, etc.

Ouverte le 5 juillet sous la houlette du Premier ministre, la concertation devrait rassembler très largement, depuis les asso- ciations, les organisations des parents, des représentants des chefs d’établissement, des universitaires jusqu’aux membres de collec- tivités territoriales, autour de quatre grandes thématiques : la réussite des élèves, les élèves, les personnels, le système éducatif.

Le SNES a alerté sur le fait qu’il ne faut pas prendre la question des rythmes scolaires sous l’angle de la réduction des horaires élèves.

Des mesures rapides

Nous avons insisté sur le besoin de mesures rapides, sur les conditions de travail comme les rémunérations, les lycées, le LPC et l’ori- entation.

Manifestement, le ministre, sans être un apôtre du socle commun, n’a pas encore tranché sur la conception de la structuration du système éducatif et les apprentissages.

Soumis à des pressions fortes de la part d’or- ganisations auto-baptisées réformistes, il a cependant laissé entrouverte une porte dans la dernière rédaction de sa lettre aux person- nels de l’Éducation nationale, à travers le préambule affirmant l’éducabilité de tous, reprenant les propos de François Hollande sur

l’école de l’exigence et l’ambition pour tous, ce que défend le SNES. En l’état nous avons souligné l’absence de rupture sensible avec la politique éducative antérieure et la rentrée préparée par le ministre précédent, que ce soit sur le dispositif ÉCLAIR, l’enseigne- ment des langues, le lycée et en particulier les séries technologiques.

Sans laisser filtrer ses intentions, le ministre a semblé à l’écoute, a fait part de la dureté de la future bataille budgétaire, de l’intérêt qu’il portait à notre insistance sur les pré- recrutements.

Les semaines qui viennent seront lourdes d’enjeux pour les mesures et engagements pris ; le SNES développera fermement ses demandes en lien avec la profession. ■

Frédérique Rolet

8

ACTUALITÉ

CONFÉRENCE SOCIALE DES 9 ET 10 JUILLET

Les 9 et 10 juillet se tiendra une conférence sociale introduite par François Hollande et conclue par Jean-Marc Ayrault, destinée à dégager les problématiques et fixer les objectifs de la politique économique et sociale. D’abord réservée aux cinq confédérations, cette conférence a ensuite été ouverte à l’ensemble des organisations, la FSU notamment ayant protesté contre son éviction. Cette ouverture constitue une évolution possible dans la conception du dialogue social mais la FSU regrette son absence à la table ronde sur l’Emploi.

Les sept tables rondes thématiques, présidées chacune par un ou une ministre et une personnalité compétente dans le domaine, porteront sur : l’emploi, et tout particulièrement la priorité de l’emploi des jeunes ; la formation professionnelle, initiale et tout au long de la vie ; la rémunération et le pouvoir d’achat ; le redressement de l’appareil productif national ; l’égalité professionnelle entre hommes et femmes et la qualité de vie au travail ; l’avenir des retraites et le financement de la protection sociale ; l’État, les puissances publiques, les collectivités et le service public.

OÙ SONT LES POSTES ?

La presse a fait état de postes supplémen- taires pour le second degré à la rentrée 2012.

En réalité, l’utilisation des listes complé- mentaires aux concours et des admissibles à l’agrégation devrait permettre de recruter 280 professeurs de plus (70 en anglais, 60 en lettres, 90 en mathématiques et 60 en EPS) et 75 CPE. Il ne s’agit donc pas de « postes » mais d’une augmentation du nombre de recrutés.

1 500 AVSI et 2 000 AED seront recrutés, 500 assistants chargés de la prévention et de la sécurité le seront à la fin de l’année 2012.

©Freshidea/Fotolia.fr

(9)

Supplément au no721 du 2 juin 2012 - US MAGAZINE- 9

OUVRIR LES DISCUSSIONS...

MAINTENANT

L

a méthode retenue et les éléments du calendrier ne sont pas encore tous stabili- sés, mais après la publication de son plan d’urgence, le SNES a fait connaître les axes de discussion qui lui paraissent incontournables pour le second degré et ses personnels.

Après des années de suppressions de postes, de diminution de l’offre de formation, de dégra- dations constantes des conditions de travail des personnels, de mises en concurrence à tous les étages du système éducatif, il est temps de reconstruire un second degré de la réussite de tous et de redonner un avenir à nos professions.

C’est dans cet esprit que le SNES participera aux discussions qui vont s’ouvrir. Mais c’est aussi sans concession sur les éléments centraux de son projet éducatif qu’il portera les attentes et exigences des collègues : formation initiale et continue des personnels ; salaires ; maintien du principe statutaire ; définition des missions

dans le respect des professionnalités et des spécificités de nos métiers d’enseignement, de vie scolaire et d’orientation ; refondation du collège et remise à plat de la réforme des voies générale et technologique du lycée dans le cadre de la prolongation de la scolarité obli- gatoire à 18 ans ; conditions du dialogue social et défense du paritarisme...

Le SNES entend assumer sa responsabilité de syndicat majoritaire dans le second degré alors que d’autres organisations, beaucoup moins représentatives de la profession mais qui se proclament réformistes, tentent d’imposer le maintien des principes de la loi de 2005, notamment la structuration du système par le socle commun, et continuent de défendre des réformes contestées comme celle du lycée, l’autonomie des établissements... tout en se disant favorables à une rupture avec la poli- tique éducative du précédent gouvernement.

Dès son arrivée rue de Grenelle, le nouveau ministre a annoncé l’ouverture de discussions pendant l’été pour préparer la nouvelle loi d’orientation et de programmation pour l’école.

Sans doute n’avaient-ils de désaccord avec la politique Chatel que sur le plan budgétaire ! L’enjeu est immense pour les jeunes et pour les personnels, d’autant plus que ces discussions se dérouleront en même temps que le débat, au Parlement, sur le collectif budgétaire qui, dans un contexte de crise qui se prolonge et même s’amplifie dans plusieurs pays européens, pèsera lourd sur les possibilités de finance- ment des arbitrages à venir.

Le SNES tiendra les collègues informés du contenu des discussions et en fera le point avant la rentrée. Alors que les éléments essen- tiels de la future loi d’orientation seront sans doute connus, septembre sera le moment de préparer les États généraux du second degré qui devront, dans les établissements, être un temps de mobilisation forte pour se faire entendre et remettre le second degré sur les rails de la réussite de tous. Roland Hubert

VERS UNE NOUVELLE LOI D’ORIENTATION

ONT ÉGALEMENT PARTICIPÉ À LA RÉDACTION DE CES PAGES :

Fabienne Bellin, Alice Cardoso, Sandrine Charrier, Monique Daune, Anne Féray, Xavier Marand, Bruno Mer, Catherine Remermier, Thierry Reygades, Valérie Sipahimalani

© Clément Martin

(10)

VERS UNE NOUVELLE L OI D ’ORIENT A TION

10

ACTUALITÉ

L’offre de formation réduite et discriminée

Les suppressions massives de postes et les réformes structurelles pour dégager des « gisements d’emplois » ont conduit à une diminu- tion importante de l’offre de formation et à la fragilisation de nom- breuses disciplines : disparition d’options, regroupement d’élèves de séries différentes, diminution des horaires et tentatives de regroupe- ment de disciplines, dénaturation des disciplines technologiques… Dans le même temps, l’orientation scolaire, durement touchée par les sup- pressions d’emplois, est sous la menace d’une dilution dans un service public régionalisé qui ne distinguerait plus le travail spécifique avec les jeunes en formation des problématiques de l’insertion des adultes dans l’emploi.

Alors que le taux d’accès au baccalauréat est resté stable, les résultats scolaires restent très corrélés avec l’origine sociale et les inégalités sociales se sont encore creusées. L’introduction du socle commun et de son LPC, et l’assouplissement de la carte scolaire couplée aux dispositifs dits d’excellence ou au programme ECLAIR qui tourne le dos à l’ambition initiale de l’éducation prioritaire n’ont pas renversé cette tendance.

Les premières victimes de cet abandon de l’ambition scolaire sont les jeunes issus des classes sociales les plus défavorisées, souvent renvoyés à un hypothétique apprentissage dont l’inefficacité en l’absence de for- mation initiale solide est pourtant largement reconnue.

Les conditions de travail et d’étude dégradées

Hausse des effectifs de classe couplée à une hétérogénéité grandissante, pro- grammes contestables ou incompatibles avec le socle, mise en compétition des disciplines au lycée pour l’attribution des heures dédoublées, apparition de hiérarchies intermédiaires qui brident toute réflexion et travail collectifs, mul- tiplication de services partagés, précarisation des conditions d’emploi... sont le lot quotidien de personnels qui portent à bout de bras, sans reconnaissance réelle de leur engagement et de leur professionnalité, un système éducatif qui n’a plus de boussole et sort exsangue de près de dix années de déstructuration et de restrictions.

La théorisation de l’aide et de l’accompagnement, version actuelle du renvoi à la responsabilité individuelle de la réussite ou de l’échec et sur laquelle s’est construite l’adhésion des parents et des lycéens à la réforme Chatel du lycée, a de fait justifié les diminutions horaires dans les disciplines, l’indigence de la réflexion pédagogique dans l’écriture de nombreux programmes et le renonce- ment à tout cadrage national des conditions d’enseignement.

Des métiers bafoués

Ces réformes ont été accompagnées d’une transformation du pilo- tage du système éducatif, plaçant le recteur au centre des politiques éducatives différentes suivant les académies et le chef d’établisse- ment comme seul maître à bord dans les établissements. Si le SNES a fait échec à la mise en place de la réforme de l’évaluation des per- sonnels, clé de voûte de cet ensemble, le bilan de la déclinaison d’une telle idéologie est catastrophique : personnels et établissements mis en concurrence là où il faudrait au contraire travail collectif et soli- darité, formation initiale des personnels remplacée par l’imposition de bonnes pratiques qui tiennent lieu de réflexion sur les pratiques démocratisantes, glissements de missions qui brouillent le sens de nos métiers et nient leur complémentarité. Tout cela sans aucune revalorisation salariale ! Tout est réuni pour installer durablement la crise de recrutement dont nous connaissons aujourd’hui les pre- mières manifestations. ■

Le débat sur la nouvelle loi impose de dresser au préalable un état des lieux du système éducatif.

Tant sur le plan matériel qu’humain le bilan est lourd et il faudra du temps pour reconstruire ce qui a été systématiquement détruit. Mais rien ne sera possible sans la volonté politique de retrouver le chemin de la démocratisation du second degré dans le système éducatif laïque au cadre national renforcé.

ÉTAT DES LIEUX

© Thierry Nectoux

© Tobias Machhaus/Fotolia.com © Tiero/Fotolia.com

(11)

Supplément au no721 du 2 juin 2012 - US MAGAZINE- 11

VERS UNE NOUVELLE L OI D ’ORIENT A TION

rieures soit une insertion professionnelle sécurisée par une qualification reconnue.

Pour tout cela, des moyens humains seront indispensables car pour apprendre il faut une médiation, des passeurs. On ne fera pas l’économie de la formation, du recrutement et de la revalorisation des enseignants, et des équipes pluriprofessionnelles. Il convient en particulier de trouver une solution à la pénurie de vocation pour l’exercice des métiers de l’éducation. La formation des enseignants doit être revue, intégrant des formations universitaires de haut niveau et une formation professionnelle permettant l’exercice du métier de professeur en toute sécurité.

L’avenir des jeunes mérite que l’on s’y engage pleinement

L’éducation est une responsabilité collective, un enjeu pour l’avenir de notre société tant sur le plan économique que social. C’est aussi un défi humaniste, un outil pour la démocratie, un investissement pour l’avenir.

Ce sont tous ces aspects qu’une loi de pro- grammation pour l’école devrait considé- rer, le SNES interviendra afin qu’aucun ne soit oublié, pour l’avenir des jeunes, le déve- loppement du second degré et la reconnais- sance des personnels.

LES DÉFIS D’UNE LOI DE

PROGRAMMATION POUR L’ÉCOLE

Il s’agit de permettre aux jeunes d’atteindre un niveau de qualification reconnu, leur permettant de prendre leurs responsabilités personnelles, citoyennes et professionnelles.

© Clément Martin

Trois voies complémentaires

Par la diversité des approches proposées et des disciplines enseignées, les trois voies de formation du lycée sont la réponse à ce défi.

Mais environ un quart des jeunes n’atteint pas le baccalauréat : l’abandon est trop fréquent en classe de Seconde, et le bilan des forma- tions en apprentissage montre qu’elles fragi- lisent les parcours des jeunes. Il faudra réaf- firmer chacune des voies et des séries dans leurs spécificités, sans concurrence et en complémentarité. Il faudra donner les moyens au collège pour armer tous les adolescents en vue d’une orientation réussie vers le lycée. Il faudra permettre à tous les bacheliers d’en- visager soit une poursuite d’études supé-

N

otre société évolue, ses besoins se diversifient, les savoirs se complexi- fient, les élèves changent. L’État doit donner aux futures générations les outils d’émancipation pour faire face aux défis de demain. Cela nécessite de transformer le fonctionnement du système éducatif pour en réussir sa démocratisation.

Aujourd’hui, l’école doit faire face à un fléau insupportable : l’échec et le décrochage sco- laire. Ces phénomènes sont étroitement cor- rélés aux inégalités sociales et territoriales, et se traduisent notamment par des sorties sans qualification de milliers de jeunes. Il convient de construire un second degré qui soit un vecteur de lutte contre ces inégalités et qui permette de répondre au besoin de qualifica- tion pour la décennie à venir.

Culture commune pour tous

Permettre à chaque jeune de réussir et de sor- tir du système éducatif avec une qualifica- tion, c’est aussi répondre à la question : que doit-on enseigner au collège et au lycée ? Il est nécessaire aujourd’hui de repenser les contenus d’enseignement pour que tous les élèves y trouvent sens et pour qu’ils répon- dent mieux aux exigences de notre époque.

Ils doivent intégrer toutes les dimensions d’une culture commune conçue pour tous et pour chacun. Car c’est bien au service public d’éducation que revient la mission de per- mettre à chaque jeune, et en particulier à ceux qui n’ont que l’école pour les acquérir, d’avoir accès et de maîtriser les connais- sances et la culture déclinée sous toutes ses composantes : littéraire, scientifique, éco- nomique et sociale, artistique, sportive, tech- nologique, professionnelle...

L’ensemble d’une génération doit avoir accès au lycée et la nation doit se donner les moyens d’y faire réussir tous les jeunes.

ÉDUCATION PRIORITAIRE

Après les RAR, le programme ÉCLAIR imposé en 2010 a démantelé et dévoyé l’éducation prioritaire au profit d’une déréglementation pour les élèves comme pour les personnels.

Or, le creusement des inégalités sociales et la libéralisation de la carte scolaire notamment ont encore accentué les difficultés des établissements qui recrutent sur des territoires défavorisés : 84 % Des élèves des sections pour jeunes en difficulté au collège sont issus des catégories sociales défavorisées. L’enjeux social et humain est immense. Le système éducatif se doit de faire entrer tous les jeunes dansles apprentissages et assurer le même niveau d’exigence pour tous. Le SNES revendique une relance de l’éducation prioritaire qui renoue avec ses principes fondateurs pour

« donner plus à ceux qui ont le moins ». Les établissements, identifiés sur la base de critères nationaux et transparents, doivent recevoir les moyens à la hauteur des besoins.

(12)

12

LES MÉTIERS DE L’ÉDUCATION

FAIRE VALOIR NOS MÉTIERS

Depuis dix ans, les métiers de l’éducation ont connu de profondes transformations.

Nos conditions de travail se sont dégradées, l’entrée dans le métier des néorecrutés a été sacrifiée, la dévalorisation de nos salaires s’est accentuée et notre travail a été régulièrement dénigré. Il est temps que les personnels reprennent la main sur leurs métiers.

L

a crise du recrutement montre la nécessité de redonner leur attractivité aux métiers de l’enseignement, de l’éducation et de l’orientation.

Le SNES défend la nécessité de disposer d’un haut niveau de qualification pour exercer.

C’est un point d’appui pour nombre de ses revendications.

Entrée dans le métier

L’élévation du niveau de recrutement aurait dû être une juste reconnaissance des diplômes réellement détenus par la plupart des per- sonnels d’enseignement d’éducation et d’orientation. Dans un contexte où le niveau de qualification requis pour accéder aux emplois qualifiés ne cesse d’augmenter, l’exi- gence du master permet de replacer les métiers de l’éducation et de l’orientation à leur juste place dans l’échelle socio-écono- mique des emplois. Le gouvernement précé- dent a utilisé cette réforme pour économiser des emplois en supprimant toute formation aux personnels d’enseignement et d’éducation néorecrutés. Pour le SNES, des prérecrute- ments doivent permettre aux étudiants d’ac- quérir le master et une progressivité dans l’acquisition d’éléments de préprofessiona- lisation. Le recrutement doit s’accompagner d’une réelle formation professionnelle tant durant l’année de stage que tout au long de la carrière. Pendant l’année de stage, elle doit articuler didactique, prise de recul sur le métier et sociologie des élèves. Le service des stagiaires ne doit donc pas dépasser un demi- service.

Nos missions sont attaquées voire détournées de leurs buts initiaux et nos statuts mis à mal

par les contre-réformes qui nous sont impo- sées. Cela génère chez les personnels désar- roi et mal-être professionnel, tandis que l’écart entre le travail prescrit et le travail réel ne cesse de s’accentuer.

Missions, statuts et conditions de travail

Pour le SNES, les missions de chaque caté- gorie de personnels doivent être rappelées et respectées telles qu’elles sont définies dans leur statut. Le travail en équipe pluriprofes- sionnelle doit être développé. Pour cela, le temps de travail de tous les personnels doit être diminué en y incluant du temps laissé à la libre organisation des personnels et réservé à la concertation aussi bien pour les équipes dis- ciplinaires que pour les équipes éducatives.

Des décharges de service, pour compenser des difficultés particulières ou des tâches spé- cifiques, doivent être envisagées. Le nombre d’élèves en charge doit être réduit.

Il faut aussi repenser les fins de carrières : retour de la cessation progressive d’activité, diversification des activités, accompagnement des jeunes collègues...

Évaluation et carrières

Le SNES considère que l’évaluation des per- sonnels doit être améliorée, plus fréquente et recentrée sur l’aide et le conseil. Le main- tien de la double évaluation pour les person- nels enseignants et son extension aux CPE et CO-Psy est impérative. Cela doit s’accom- pagner de la création d’inspections spéci- fiques là où il n’en existe pas, dans le respect des exigences spécifiques des métiers, et de la reconstruction de la formation continue. Mais cette évaluation ne doit pas contraindre nos carrières. Celles-ci doivent être identiques pour tous, la pénalisation financière n’étant pas un bon moyen pour favoriser l’investisse- ment de tous.

Depuis 1982, le point d’indice de la fonction publique ne cesse de perdre du pouvoir d’achat. Depuis 1989, nos carrières n’ont pas connu de revalorisation. Il faut que soit pro- grammée une revalorisation régulière du point d’indice et que la masterisation soit réellement traduite dans une reconstruction de nos car- rières. La hors-classe doit y être incluse afin qu’aucun personnel ne parte à la retraite sans avoir atteint l’indice terminal de la hors-classe de son corps.

© Thierry Nectoux

© Thierry Nectoux

VERS UNE NOUVELLE L OI D ’ORIENT A TION

ACTUALITÉ

(13)

PILOTAGE DU SYSTÈME ÉDUCATIF

UN CHANGEMENT DE CAP S’IMPOSE

S’appuyant sur le postulat de « services publics manquant d’efficacité et trop coûteux », théorisant la mise en concurrence comme outil pour rendre établissements et personnels plus performants, le précédent gouvernement laisse le système éducatif face à des difficultés majeures.

P

rès de 34 000 emplois ont été suppri- més dans le second degré public depuis la rentrée 2008, et ce sans commune mesure avec les évolutions d’effectifs.

Les besoins en terme de créations d’emplois sont très importants :

– rétablir dans un premier temps une année de formation avec un service en responsabilité devant élève réduit d’un tiers ;

– baisser la part des heures supplémentaires en attribuant aux établissements des moyens en heures postes ;

– créer les divisions ou groupes supplémen- taires pour desserrer les effectifs, rétablir des moyens de remplacement ;

– renforcer l’encadrement de la vie scolaire ; – arrêter l’hémorragie des départs non com- pensés chez les CO-Psy ;

– revenir sur les réductions de moyens liées à la mise en place de la réforme du lycée...

La création de plusieurs dizaines de mil- liers d’emplois est nécessaire pour couvrir ces besoins sans compter la remontée des effectifs en collège dès 2012 et en lycée les années à venir.

(Pré)recruter : une urgence

Au-delà de la question du coût budgétaire, celle des dispositions à prendre dès mainte- nant pour parvenir à recruter le « sang neuf » nécessaire se pose avec une terrible acuité.

Ces dispositions doivent comprendre des prérecrutements à tous les niveaux univer- sitaires, une amélioration significative du temps et des conditions de service des AED afin de leur permettre de poursuivre leurs études, un plan pluriannuel de recrutement rendant lisible sur au moins cinq ans les perspectives élargies de recrutement, une amélioration des conditions d’entrée dans le métier, une amélioration des conditions de préparation au concours.

Assurer le réemploi de tous les non-titu- laires, donner un service à temps plein à ceux qui ont un temps partiel imposé ou à ceux qui ne travaillent que sur une partie de l’année sont des mesures de nature à appor- ter des moyens supplémentaires et cela sans préjuger des dispositions à prendre y com- pris à courte échéance en terme de titulari- sation.

Nombre de décisions prises par le minis- tère l’ont été au nom du développement de l’autonomie comme moyen de répondre aux difficultés rencontrées par le système édu- catif.

Rompre avec les logiques de concurrence

Cela s’est traduit par le renforcement des pouvoirs des chefs d’établissement au détri- ment de l’instance délibérative de l’établis- sement qu’est son conseil d’administration, l’imposition d’expérimentations souvent contre l’avis des enseignants et même des CA (ÉCLAIR par exemple), et des pres- criptions de plus en plus nombreuses et détaillées, les plus grandes difficultés voire l’im- possibilité pour les équipes p é d a g o - giques de faire valoir leurs choix.

Il est indis- pensable de repenser le rôle de cha- cun au sein de

l ’ é t a - blissement – chefs d’éta- b l i s s e m e n t , équipe pédago- gique, conseil d’ad- ministration –, en commençant par abroger le décret du 27 janvier 2010 et sup- primer le conseil pédago- gique.

Il faut revoir la question de l’évalua- tion des établissements comme celle des personnels dans une optique tout autre que celle qui a été adoptée ces dernières années avec le développement d’une contractuali- sation tous azimuts dans une logique de concurrence destructrice.

Le renforcement du rôle des recteurs à l’image de celui des chefs d’établisse- ment des EPLE découle aussi de la volonté de faire porter aux acteurs locaux le poids de décisions qui leur

échappent. Il est donc nécessaire de revoir ce qui relève de la gouvernance acadé- mique, ce qui relève du fonctionnement des instances de concertation à ce niveau comme au niveau national, de rompre avec la méfiance envers les enseignants et avec l’autorisation qui en découle. ■

VERS UNE NOUVELLE L OI D ’ORIENT A TION

© 2jenn/Fotolia.com

Supplément au no721 du 2 juin 2012 - US MAGAZINE- 13

(14)

VERS UNE NOUVELLE L OI D ’ORIENT A TION

14

ACTUALITÉ

STRUCTURATION DU SYSTÈME

CONSTRUIRE

UNE SCOLARITÉ COHÉRENTE

Les collèges et lycées publics ont été les principaux gisements d’emplois de la politique Chatel (voir p. 10), tout en étant asservis à l’idéologie des dons et du mérite individuel : moins d’heures de cours au prétexte que les élèves seraient aidés hors la classe, repérage et exfiltration des bons élèves des établissements défavorisés, etc. Il est de plus en plus difficile de faire son métier convenablement, en ayant les mêmes exigences et de l’ambition pour tous les élèves.

P

our le SNES, la rupture s’impose. Le tiers d’une génération n’atteint pas le baccalauréat, ce n’est pas acceptable.

Tous les élèves peuvent réussir si on crée les conditions pour qu’ils entrent efficacement dans les apprentissages et il faut viser à terme pour tous l’acquisition du niveau du bac. Pour cela, il est nécessaire de rétablir pour les personnels des conditions de travail conve- nables et pour les élèves des conditions d’étude motivantes :

– des effectifs de classe raisonnables ; – un cadre national pour les horaires des élèves et les dédoublements ;

– une réflexion sur l’ensemble des pro- grammes, de façon à leur donner un sens global ;

– le maintien de l’offre de formation : éta- blissements de proximité, filières diversifiées, options, en collège comme en lycée.

Un collège commun

Le collège doit rester la première étape du second degré mais il doit être refondé pour être plus juste, plus commun et plus humain. Il doit retrouver sa vocation initiale de préparer tous les élèves au lycée en leur offrant une culture commune accessible et exigeante. Mais il faut repenser son organisation (ni « petit lycée », ni « école primaire supérieure ») et lui donner les moyens, dans le cadre d’une sco- larité obligatoire portée à 18 ans, de faire entrer tous les élèves dans les apprentissages.

Les programmes doivent rompre avec la

logique du socle et viser à donner aux élèves tous les outils pour entrer dans l’activité intellectuelle, pour s’approprier des connais- sances et concepts qui ont du sens. Souvent vécue comme une source de difficultés pro- fessionnelles, l’hétérogénéité des classes constitue pourtant un levier de réussite, mais cela suppose de rechercher la mixité sociale et scolaire dans tous les collèges et de pou- voir varier les pratiques pédagogiques dans des classes aux effectifs strictement limités à 24 élèves (20 en éducation prioritaire).

Des études obligatoires permettraient par ailleurs à tous les élèves d’être accompa- gnés pour faire tout ou partie de leur travail personnel au sein du collège.

Un lycée diversifié

En lycée, il est indispensable de maintenir les trois voies, professionnelle, générale et technologique, ainsi que leurs spécificités.

Elles répondent à des poursuites d’appren- tissage différentes, qui conduisent les lycéens à la réussite chacune à leur façon.

La classe de Seconde doit permettre aux élèves un premier contact avec toutes les disciplines nouvelles du lycée, et sur un horaire suffisant pour donner du sens aux choix d’orientation.

En Première et Terminale, il faut travailler l’équilibre entre les disciplines, de façon à entamer une spécialisation tout en poursuivant l’acquisition de la culture commune (voir p. 15). Les enseignements technologiques doivent être confortés, tant en STI2D qu’en STL, STMG ou ST2S.

Accueillir tous les jeunes au lycée et les y faire réussir pose la question de leur accom- pagnement : quels dispositifs proposer, en particulier à ceux pour qui étudier ne va pas de soi ?

Réfléchir avec les lycéens sur la liaison Troi- sième/Seconde, leur temps de présence dans l’établissement, l’aide et le travail personnel, mais aussi sur l’évaluation et l’orientation, est une nécessité.

L’organisation des études dans les collèges et les lycées ne saura donc se contenter d’un toilettage. La loi d’orientation doit être l’oc- casion d’une remise à plat réfléchie et concer- tée, de façon à mener l’ensemble d’une classe d’âge à réussir au lycée. ■

© Clément Martin

© Thierry Nectoux

(15)

VERS UNE NOUVELLE L OI D ’ORIENT A TION

Supplément au no721 du 2 juin 2012 - US MAGAZINE- 15

Les discussions sur l’avenir du système éducatif devront mettre au cœur de la réflexion

la question des contenus d’enseignement et des modalités d’organisation des enseignements, et réaffirmer la structuration du second degré par les disciplines.

LEVIERS DE RÉUSSITE

LES CONTENUS AU CŒUR U

ne remise à plat des contenus enseignés

est indispensable, commençant par une réflexion globale sur les objectifs, la nature et le contenu de la culture transmise à tous les jeunes.

Il ne s’agit pas de définir un socle, ensemble de savoirs supposés préalables à tous les autres, conçus comme un viatique, mais au contraire de préciser pour chaque discipline les concepts et savoirs incontournables, les éléments permettant une propédeutique, véritables tremplins permettant de construire d’autres savoirs.

L’élémentation des savoirs en partant des concepts spécifiques à chaque discipline est indispensable pour les mettre à la portée des élèves, tout en leur donnant une dimen- sion culturelle plus large et en tissant des liens avec d’autres disciplines. Cette concep- tion dynamique est aux antipodes de

« l’abréviation des savoirs », qui consisterait à donner des bases, un minimum, dans une perspective utilitariste.

La Loi d’orientation devra se garder de l’op- position stérile savoirs/compétences et proposer une définition des compétences qui les remette à leur juste place, c’est-à-dire comme un « savoir en action », une capacité d’action pour répondre efficacement à un problème auquel on n’a jamais été confronté.

La question de l’évaluation des élèves devra être travaillée. La logique d’évaluation inces- sante par le biais d’un livret de compétences doit être abandonnée tant au collège qu’au lycée, où les tentatives de l’imposer via le livret scolaire ou à l’occasion de transfor-

mations des épreuves du baccalauréat doivent cesser.

L’évaluation doit être conçue comme une partie intégrante du processus d’apprentis- sage, être plus soucieuse de repérer les réus- sites, de valoriser les progrès, sans déma- gogie. Dans le même temps, tout parcours de formation doit déboucher sur des diplômes nationaux qui garantissent l’accès à la culture commune et à un niveau de qualification reconnu. À cet égard, le caractère national du baccalauréat, ensemble cohérent d’épreuves terminales, devra être réaffirmé.

Dès cet été le SNES réinterviendra sur les équilibres disciplinaires dans les différentes séries au lycée (le rétablissement annoncé de l’histoire-géographie en Terminale S ne réglant pas la question), sur les enseigne- ments d’exploration en Seconde, et la nature des disciplines technologiques.

Il portera auprès du ministre son appel pour une autre méthode de construction des programmes, signé par des organisations syndicales et associations :

http://www.snes.edu/Appel-Pour-une- autre-methode-de,23202.html ■

Le débat sur l’orientation doit pouvoir sortir l’orientation en milieu scolaire de la spirale qui l’entraîne vers un service public régionalisé de l’orienta- tion et de la formation tout au long de la vie dans lequel il sera complè- tement absorbé.

Pour cela, il est indispensable de rompre avec la conception d’une orien- tation scolaire centrée uniquement sur l’information que les enseignants seraient capables de fournir, pour peu qu’ils y soient formés. Remettre l’éla- boration du projet au cœur de la démarche d’orientation et s’en servir comme levier pour développer les ambitions nécessite de prendre en compte les aspects sociaux et psychologiques que, seuls, des psychologues non directement impliqués dans l‘évaluation formative peuvent faire dans le cadre d’un conseil personnalisé et d’un suivi tout au long de la scolarité.

Le SNES réaffirmera avec force l’impérieuse nécessité de développer le ser- vice public national d’orientation scolaire, composante du service public d’éducation, articulé avec le service public d’orientation et de formation tout au long de la vie.

L’ORIENTATION SCOLAIRE : UN ENJEU DÉMOCRATIQUE

© Thierry Nectoux © Thierry Nectoux

Références

Documents relatifs

Les aides attribuées au titre du présent règlement font l’objet de conventions de financement conclues entre la Région et le bénéficiaire (et éventuellement les

Si cet examen peut avoir des conséquences « vertueuses », il n’en apparaît pas moins que ces deux projets ne relèvent nullement du même objet pour leur

La région Île-de-France et l’association de préfiguration de Rungis Académie ont signé une convention d’investissement (délibération n° CP 2018-552 du

Les crédits nécessaires au versement des 7 292 bourses de la rentrée de septembre 2016 sont évalués à 16,720 M€ pour le secteur sanitaire et à 3,910 M€ pour le

Pour répondre aux objectifs régionaux de réduction et de valorisation des déchets, accompagner les acteurs franciliens dans le développement de pratiques en matière

Pour cela, nous avons analysé l’évolution de la maîtrise de la compétence « établir un programme de construction d’une figure complexe » chez trois élèves du groupe 1, nommés

Approuve la convention de mise à disposition d’équipements sportifs de la commune de Courcouronnes au bénéfice du lycée Georges Brassens figurant en annexe 4 à la délibération,

Dans le cadre des orientations politiques qu’elle s’est donnée dans le domaine de la santé, la Région entend soutenir le CRIPS qui contribue à la prévention des