HAL Id: jpa-00206700
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Submitted on 1 Jan 1968
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Émission de champ à partir d’un supraconducteur
A. Léger
To cite this version:
A. Léger. Émission de champ à partir d’un supraconducteur. Journal de Physique, 1968, 29 (7),
pp.646-654. �10.1051/jphys:01968002907064600�. �jpa-00206700�
ÉMISSION
DE CHAMP A PARTIR D’UN SUPRACONDUCTEUR Par A.LÉGER,
Laboratoire de Physique de l’École Normale Supérieure (Laboratoire associé au Centre National de la Recherche Scientifique)
(1),
Tour 23, quai Saint-Bernard, 75-Paris (5e).
(Reçu
le 18janvier 1968.)
Résumé. 2014 Nous calculons la variation de l’émission de
champ
d’un métallorsqu’il
passe de l’état normal à l’étatsupraconducteur. L’expression
obtenue de la différence des courantsprésente
unedépendance
entempérature remarquable :
elle n’est pas maximum à T = 0 °K,et
change
designe
auvoisinage
deTc.
Expérimentalement,
nous avons cherché à mettre en évidence cette variation d’émission lors duchangement
d’état, en utilisant unetechnique
de modulation de la transition N 2014 S.Les résultats obtenus
manquent
dereproductibilité
mais semblent montrer que l’effet existe.Abstract. 2014 We calculate the field émission characteristics for a metal
during
the normal-superconductor phase
transition. The currentchange
is found to have a remarkabletempe-
rature
dependence,
it is not maximum at T = 0 andchanges sign
close toTc.
Experimentally,
westudy
the emission current variation associated with the N 2014 Sphase
transition at
steady
electric field. We modulate the transitionby applying
an a-cmagnetic
field and
detecting synchronous ripples
in the current .Although reproductibility
is notgood,
the effect seems to exist.
1.
Introduction.
- L’action de la transition normal-supraconducteur
sur 1’6mission dechamp
adeja
faitl’objet
de deux travauxexperimentaux;
celui de Gomeret Hulm
[1]
et celui de Klein et Leder[2].
Tous deux ont conclu a l’absence
d’effet,
contrai-rement a ce que
pr6voyait
la th6orie.Mais,
dans lesdeux cas, l’incertitude des mesures était
grande
etproche
de la valeur attendue duphénomène.
Latransition était obtenue par action de la
temperature,
nous avons
pens6 qu’il
serait int6ressant de recommen- cer 1’6tude enproduisant
lechangement
d’état aumoyen d’un
champ magnetique.
Cecipermet d’aug-
menter tres sensiblement la
precision
des mesures.Dans un
premier temps,
nous allonsreprendre
lath6orie de cet effet et
justifier 1’expression prise
par Klein et Leder[2]
du courant 6mis par le metalsupraconducteur.
Nous discuterons ensuite en detail le r6sultat obtenu.II.
Formulation
hamiltonienne de l’émission dechamp.
- Nouspr6sentons
ici uneapproche
de1’effet de
champ particulièrement adaptée
au cas oule metal est
supraconducteur.
Nous
partons
de 1’hamiltonien que l’onprend
habi-tuellement
[3], [4], [5]
dans 1’6tude de 1’effet tunnelentre deux m6taux
supraconducteurs separes
par une mince barri6reisolante,
mais nous lui ferons subir(1)
Travail financé enpartie
par la D.R.M.E.deux transformations.
Premi6rement,
nous lui donne-rons une forme
plus adaptée
au cas ou l’un des deuxsyst6mes
est le vide.Deuxi6mement,
nous tiendronscompte
de ladependance
enenergie
de 1’element de matrice decouplage,
cequi
était inutile dans leprobl6me precedent pour des
tensionsappliqu6es
faibles.Nous retrouverons
ainsi,
dans le cas ou le metalest
normal, 1’expression classique
de Fowler-Nordheim(obtenue
dans1’approximation
des electronslibres).
Mais notre calcul restera valable
lorsque
le metal estsupraconducteur
et que la nature essentiellementcooperative
duphénomène
nepermet plus
une appro- che a un electron.Supposons
donc que lesyst6me (metal
+vide)
soitdécrit par 1’hamiltonien :
où
HT
traduit lapossibilité
de passage des electrons du metal au vide et est traite comme uneperturbation :
Cmk op6rateur
d’annihilation d’un electron dans l’état k dum6tal,
Ck op6rateur correspondant
pour le vide.Le courant d’émission est donne par la
regle
d’orde Fermi :
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01968002907064600
647
les
6tats IF >
different des6tats ] I >
par le passage d’un electron du metal auvide; fl occupation
de1’6tat L
Les 6tats initiaux du vide n’6tant pas
peuplés,
nouspouvons
supprimer
le deuxi6me terme deHT,
car ilcorrespond
a l’entrée dans le metal d’un electronvenant du vide.
Pour calculer le courant
i,
nous devons sommersur les états k du metal et les 6tats k’ du vide. Si nous
supposons une transmission
sp6culaire
deselectrons,
1’616ment de matrice
Tkk, prend
avec des notationsévidentes la forme
Tkk,
=T kx k,x.ÖklJ’
kír La som- mation sur les 6tats du vide se fait facilement. Eneffet,
nous pouvons transformer la somme sur k’ en une somme surk’l
etk’ x
oukí,
et Ek’energie
des 6tatsdu
vide,
a condition demultiplier
par la densite d’6tat.Or,
cette derniere peut etreprise
constantecar
Fenergie
des electrons 6mis est situee dans unebande de
largeur
inferieure a 1eV,
et a une valeurde
quelques keV;
or :Nous effectuons cette sommation en utilisant les deux fonctions
akl/.kí
eta(E1 - EF),
et pour obtenir le courant, il ne nous resteplus qu’une
somme sur les6tats du metal.
Une
faqon 6quivalente,
maisplus concise,
de voirles
choses,
est de d6crire le metal enpresence
d’unfort
champ 6lectrique
par l’hamiltonien :ou
H.
est l’hamiltonien dusyst6me
a N corps des electrons et :la sommation sur les 6tats du vide 6tant incluse dans
1’expression
deT k.
a )
CAS DU METAL NORMAL. - Nous avons :ou ak cree une
quasi-particule
« normale »(trou
ouelectron selon
que k * kF)
avec Ekenergie
de laquasi-particule
Le courant emis est :
Les
etats I I > et IF>
sont des vecteurs propres deHm;
ils s’obtiennent par action desoperateurs
dequasi-particule
sur 1’6tat de base :ou
par suite :
ou
f(§z)
est la distribution deFermi-Dirac,
le secondfacteur 2 venant de la sommation sur les
spins.
Bardeen
[3] (voir
aussi[5], [4],
p. 17 et[6])
amontre que l’élément de matrice
Tkk,
est reli6 a celuidu courant
fkk"
dans la barrière. Les fonctions d’onde peuvent y etre calculees dansl’approximation
deBKW,
et l’on en deduitfkk,.
A cestade,
notre calcul differe sensiblement de celui deSchrieffer,
car, au lieu depouvoir
consid6rerTkk,
comme constant, nous devons tenircompte
de sadependance
enenergie puisque
c’est ellequi
limitera le courant.En prenant pour barriere celle dite « de la force
image »,
et en sommant sur les 6tats duvide, l’approxi-
mation de BKW donne :
où :
est la densite d’6tat a une
dimension,
c et d des fonctionsdu
champ applique,
cf.[7]. L’expression de I Tk 12
ainsi obtenue est celle de 1’habituel facteur de trans- mission de la barriere
[7].
Le courant d’6mission s’écrit donc :
ou
p1(k0153)
est la densite d’6tat enenergie
a une dimen-sion,
et faisant lechangement
de variable[8] :
dont le
jacobien
estparticulièrement simple :
il vient pour la densite de courant :
ou - W est
1’energie
du bas de la bande que l’onpeut prendre 6gal
a - oo, d’ou :avec
explicitement :
F
champ 6lectrique applique, 0
travail de sortie du metal.Notons que d donne la
largeur
enenergie
des élec-trons
6mis,
et que1’augmentation rapide
du oourantd’6mission avec le
champ
estprincipalement
contenuedans
A(F).
Nous retrouvons
ainsi,
par unem6th6de
du pro- bleme a N corps,1’expression classique
de Fowler- Nordheim pour le courant d’6mission dechamp.
Maiscelle-ci est habituellement obtenue dans
l’approxima-
tion des electrons
independants,
alors que notre calculrestera valable dans le cas de la
supraconductivité.
b )
CAS DU METAL SUPRACONDUCTEUR. - CettefOis,
les
quasi-particules
dusyst6me
sont obtenues par la transformation deBogoliubov-Valatin :
et, en abandonnant les indices de
spin :
avec
Ek
=§(
-f-02; A,
bande interdite du supra- conducteur( fig. 1).
FIG. 1. -
ilnergie
desquasi-particules
du supra- conducteur en fonction de k ; elles ne different sensi- blement de celles du metal normalqu’ au voisinage
de kF :-
IUkl ]
etI Vk ]
fonction de k,pour k >> kF;
laquasi-particule
est de type trou(IV k I - 1)
pour k kF, elle est detype
electron(I U k I - 1 ) .
Par contre, Bardeen a montre
[3]
que l’hamiltonien de transfertHT
reste lememe,
car le « caract6resupraconducteur »
des electronsdisparait
tresrapi-
dement dans la barri6re :
En
fait,
le traitement que nous faisons duprobl6me
est
approche,
nous prenons pour hamiltonien dusupraconducteur
isol6 celui duBCS,
cequi
n’estvalable que pour un
syst6me grand canonique;
or,précisément,
le nombre departicules
dusyst6me joue
un
grand role, puisqu’il s’agit
decompter
lescharges 6lectriques
transferees. SuivantBardeen,
nous devonsmaintenant supposer
qu’
« achaque
etat dequasi- particule
caractérisépar k (du systeme grand
cano-nique) correspond
un 6tat de laphase
normale compor-tant un electron en
plus, approximativement
centreen k ». En d’autres termes,
chaque
fois que lesysteme
passe d’un
état I I >
a un 6tatIF>=y’II>
ouYk I I>,
unecharge e
traversel’ampèremètre.
Ceci aete
justifie
parCohen,
Falicov etPhillips [9]
dans untraitement ou ils consid6rent 1’hamiltonien
complet
dusupraconducteur
etou,
cettefois,
N est un bon nombrequantique.
La
r6gle
d’or nous donne alors le courant :soit,
enexprimant les Ck
en fonction des yk :avec :
Les variations de
Tk,
se faisant sur une 6chelled’energie d,
sontn6gligeables,
auvoisinage
de EF,devant celles de Uk et v,
qui
ont lieu sur A. SuivantSchrieffer
[5],
nous groupons, dans cedomaine,
lestermes
en k1
etk2,
telsque Çkl === - Çk2’
car :entraine
Ek1
=Ek2,
et par suite :Les facteurs de coherence se
suppriment
et :Groupant
de meme les termes tels que :et notant que
Le calcul se
poursuit
ensuite comme dans le cas dumetal normal :
le
changement
de variables(kx, ky, kz) - (Çkx, Ek, p)
donne le
jacobien :
où :
649
ps(E)
est la densite d’état des excitations deBCS,
ilvient :
de meme :
et finalement :
Notons que ce r6sultat est celui
auquel
onpouvait
s’attendre en
s’appuyant
sur un modele616mentaire,
ou le
supraconducteur
estsimplement
caractérisé parune densite d’6tat p,. C’est ce
qu’avaient suppose
Klein et Leder
[2].
III. Calcul de la dífférence entre l’émission de
champ
dans I’£tat normal et dans I’£tatsupraconduc-
teur. - Nous reprenons le calcul de cettedifference,
bien que Klein et Leder
[2]
1’aient mene en partant des memesexpressions de js et jN,
car nous sommes endesaccord avec leur
r6sultat,
au moins dans les do- maines T - 0 oK et T -TC.
Calculons :
dans la
limite d » AT et d >>
k T(ou jN - A.d).
Les valeurs
experimentales
seront :CALCUL A T = 0
(voir fig. 2).
-L’expression
de
8i/i
devient :Les termes
I01
etIg
sont d’ordreA0/d.
Mais leurdifférence est d’ordre
(Aojd)2,
car :cette derni6re relation traduisant la conservation du nombre d’61ectrons entre les 6tats N et S.
Posons d’une
façon g6n6rale :
11 nous vient :
Nous voulons un
d6veloppement
de10
au 2e ordreen 1), or :
permet
d’écrire,
enintegrant
parparties :
--9.
avec :
ou
6i(z)
est la fonctionexponentielle int6grale [10]
qui
admet und6veloppement
en s6rie pour z 0.De plus :
Et
finalement, n6gligeant
les termes du 3e ordre en q :I
C est la constante d’Euler.
Remarques :
Atemp6rature nulle,
pour un matériaudonné,
les valeurspossibles de "11
sontpetites
et assezpeu differentes les unes des autres
(pour
avoir descourants
raisonnables,
la valeur de F est presqueimpos6e).
Les variations relatives deLog qj2
serontdonc faibles et dans notre cas :
Lors de leur
experience,
Gomer et Hulm[1]
s’atten-daient a un effet ou les electrons 6mis 6taient décalés
en
energie
d’environkTc,
donc enkTcld.
Ils ne l’ontpas observe et cela n’a rien d’étonnant
puisque,
enréalité, 3ili
est en(kTcld)2.
CALCUL A TEMPERATURE FINIE
(voir fig. 2).
- L’ex-pression
deaili
sedecompose
enöili
=h
+I2
+I3 :
Avec les memes
changements
de variable quepr6- c6demrnent,
il vientpour II et I2 :
FIG. 2. - Fonctions intervenant dans le calcul de :
Calculons ensemble les termes de meme ordre de
grandeur ( fig. 2) :
avec :
Dans
M(t ),
les seules valeurs de t pourlesquelles
la fonction a
int6grer
n’est pascompl6tement n6gli- geable
sont tellesque t to,
avec parexemple :
or
ch to ;-- 1 Ov"t
’10 X 1
5001,
ceci dans les conditions detemperature
lesplus
défavorables.Nous pouvons donc
d6velopper,
dansl’int6grale,
e1)’ch t - e-1) ch f. Il vient :
Pour
I2,
nous utilisons led6veloppement
de Som-merfeld. En
n6gligeant les
termes d’ordre(k T / d) 4 :
soit :
avec :
Finalement :
avec :
ou :
la
figure
3 donne 1’allure de la fonctionf(t) .
FiG. 3. -
Dependance
entemperature
de la difference des courants d’emission :Pres de t = 0, le courant issu du metal normal croit
legerement plus
vite avec t que celui venant du supra- conducteur,8i/i augmente ;
auvoisinage
de t = 1, les excitationsthermiques
et la decroissance de la bande interdite font devenirn6gatif, puis
s’annuler,8i/i.
651
La
dependance
entemperature
obtenueappelle
lesremarques suivantes :
1)
Elle est sensiblement6gale
a celle calcul6e par R. Klein et L. Leder[2]
loin de T = 0 et de T =Tc.
Mais elle en diffère notablement vers ces deux
limites,
y
compris
dans le domaine de validitéindique
par les auteurs.2)
Dans laregion
des faiblestemperatures, lorsque
T
croit, 8z/z
commence par augmenterlegerement ( fig.
3b)
avant de diminuer. Cephénomène,
bien que de faibleamplitude,
estremarquable :
ladifference de comportement
entre le mital normal et le mitalsupraconduc-
teur n’est
pas
maximale a T = 0.La raison
physique
de cet accroissement secomprend
bien dans le modele « semi-conducteur » et est illustree
fig.
4. Dans les 6tats N etS,
le courant d’6missionest le r6sultat de
l’int6gration
duproduit
de troisFIG. 4. - Effet des excitations
thermiques
sur la densited’etat du metal normal et du
supraconducteur.
Pour kT A, 1’effet est fini pour lepremier
et nul pour le second, il en resulte uneaugmentation
de iN parrapport
a is.fonctions : la transparence de la
barri6re,
la fonctionde distribution
f(E)
et la densite d’6tatp(E).
Lessituations a k T = 0 et
k T AT different,
dans lesdeux
6tats,
parl’apparition d’ailes,
étendues surkT, àf(E).
Pour lesupraconducteur,
elles sont dans uneregion
ou la densite d’6tatps(E)
estnulle,
et par suitesans effet. Dans le metal
normal,
il n’en est pas ainsi[Pn(EF) =1= 0];
or la transparence de la barri6re 6tantune fonction
croissante del’inergie,
les 6lectronsdéplacés
donnent une
plus grande
contribution au courantd’emission;
T continuant aaugmenter,
on aboutiraita de la thermo-emission. Le courant S reste constant,
et le courant
N, deja plus fort,
augmente.3)
Dansps(E),
les 6tats retires de la bande inter- dite sontempil6s
de part et d’autre de celle-ci.Quand
kT devient
comparable
aAT,
les ailesde f (E)
attei-gnent la
region
degrande
densite d’6tat du supra- conducteur( fig.
4b),
la croissance du courant dans1’6tat S est alors
plus rapide
que dans 1’6tatN,
carles electrons
qui
sontdeplaces
le sont d’uneplus grande amplitude
vers les hautesenergies.
Aussi8iji
d6croit-il. De
plus, I ’ðili ]
estproportionnel
aAT,
etce terme tend vers zero
lorsque
T tend versTc,
ilen r6sulte donc une décroissance
rapide
deI ’ðili I.
4)
Pres deTc,
lepremier phénomène du §
3 estconsidérablement accentu6
puisque AT -
0 entraineque
kT > AT.
Ladifférence
de courantchange
même designe (fig.
3c).
Le calcul nous donne en effet :pour v - oo :
d’ou :
et l’on
peut
montrer que,pour t
->1, M(t)
croitplus
vite que
Mais ceci se passe tres
pres
deTc,
et( A7, d )"
tendantvers
zero,
les valeursde ] 8iji ]
sont trespetites.
Cer6sultat est
cependant qualitativement remarquable.
IV.
Experience.
- Nous essayons de mettre enevidence cette variation d’6mission de
champ
sur letantale. Le choix du metal tient compte de diff6rents
imp6ratifs.
D’une part, la necessite defabriquer
despointes
dont le rayon de courbure soit d’environ0,2
11impose
unsupraconducteur
« dur ». D’autre part, l’effetaugmentant
comme le carr6 de la bande inter-dite,
celle-ci doit etre aussi 6lev6e quepossible. Cepen- dant,
lechamp critique
ne doit pas etre tropgrand,
car nous utiliserons une excitation
magn6tique
alter-native
d’amplitude H. - Hc.
Nous avons doncécarté les corps tels que
Nb, Nb3Sn, V3Ga...
PRINCIPE : Afin d’obtenir une bonne resolution
exp6rimentale
de8iji,
nous avonsemploy6
une m6-thode de modulation de la transition N - S et de detection
synchrone.
A une valeur donn6e de latension,
donc du courant moyen d’6mission(i),
uneexcitation
magnetique
H= H >
+Hw
sin wt estappliqu6e
a lapointe ( fig. 5).
Si la valeurde H >
est
Hc(T),
lapointe
passe alternativement de 1’6tat N a 1’etatS,
ceci a lapulsation
w. Le courant a uneallure en cr6neaux et comporte une
composante
a lafréquence
fondamentale :i.
=0,45
8i enopposition
de
phase
avec H. Nous mesuronsi,,,
avec une detectionsynchrone.
FIG. 5.
DISPOSITIF EXPERIMENTAL : Partant d’un fil de Ta
assez pur
(99,997 % d’après
lesfournisseurs),
nousfaisons une
pointe
parattaque électrochimique
conven-tionnelle
[11].
Celle-ci est ensuiteplac6e
dans uneampoule
de verre(fig. 6)
sur un cavalierfabriqué
avecle meme fil.
Apr6s
avoir fait unpremier
vide avec uneFIG. 6. - Schema mixte du
montage experimental
une haute tension constante est
appliqu6e
entre1’emetteur et 1’ecran, un
champ magn6tique
fait passerperiodiquement
le tantale de 1’etat N a 1’etat S, etl’on d6tecte de
facon synchrone
les variations du courant emis.pompe
ionique, d6gaz6
et sceII61’enceinte,
nousmaintenons une
pression
dequelque
10-1° mm deHg grace
a 1’effet de pompage d’unejauge Bayard- Alpert (BA 10).
Afin d’obtenir un courant aussi stable quepossible,
lapointe
estr6guli6rement d6gaz6e
a 1 500°C avant
chaque
emission. Celle-ci est obtenueen
appliquant
une tension de l’ordre de 4 kV.A
temperature ambiante,
nous controlons laqualite
de 1’6mission par la
precision
aveclaquelle
la relation de Fowler-Nordheim estv6rifi6e,
et parl’image
elec-tronique
obtenue(cf. ,fig. 8).
Nous faisons ensuite fonctionner le montage dans I’h6liumliquide
ou lecryopompage maintient un vide de 1 X 10-1° mm
de
Hg.
Lechamp magn6tique
estapplique
et lecourant mesure selon le
dispositif decrit figure
6.MESURES PRELIMINAIRES : Pour une
temperature donn6e,
nous d6terminons 1’excitationmagn6tique critique
du tantale comme 6tant celle ouapparait
uneresistance dans le cavalier. La
temperature critique (pour H
=0)
est4,4
oK(2).
Lapente :
nous donne
Hmax ( T
=0)
=3,3
X 105 At(0,42 tesla).
Cette
valeur,
tres6lev6e, indique
que lesupraconduc-
teur utilise est franchement de seconde
espece.
Lelibre parcours moyen peut d’ailleurs se calculer en
partant
des valeurs pour le metal pur[12], Xg -
540A, HID (0)
=0,6
X 105 At(0,084 tesla)
donnent I - 150A.
De ce
fait,
nous prenons soin de moduler treslarge-
ment 1’excitation
(HC1) ’" 0,9
H>)
afin que,pendant
la
plus grande partie
dechaque demi-p6riode,
letantale soit
compl6tement
normal oucompl6tement supraconducteur.
EFFET ATTENDU : Pour calculer la variation d’6mis- sion
pr6vue
par lath6orie,
il nous faut connaitre d et par suite F. La densite de courant est une fonction dechamp qui
varie tresrapidement,
nous avons laune m6thode
precise
de determination de F[7].
Connaissant i
6mis,
et la surface 6mettrice par obser- vation de lapointe
aumicroscope 6lectronique apr6s experience (s N 0,1 p2) ,
nous en d6duisons cette den-site de courant.
Notre travail se fait avec :
- pour t
=0,79,
on obtient :RESULTATS EXPERIMENTAUX : Dans un
premier temps,
nousappliquions
une haute tensionnegative
a la
pointe,
et mesurions le courant collecte par 1’ecran.Nous observions une modulation
parasite importante (2)
Cettetemperature critique
est celle du fillorsqu’il plonge
dans 1’heliumliquide. Quand il
estplace
dansl’ampoule,
il est en contactthermique
avec le bain par l’interm6diaire detiges
demolybdene,
un16ger gradient
de
temperature
s’etablit entre I’h6lium et le tantale caril y a, sur ce dernier, un
apport
de calories lie enparti-
culier a 1’existence de fenêtres au cryostat. Nous avons mesure celui-ci en determinant la
temperature
dubain
(3,9 OK)
en dessous delaquelle
la resistance du cavalier est nulle(pour
H = 0). Il semble raisonnable de consid6rer cegradient
comme variant peu pour 2° T bain 3,9 OK et d’en tenircompte
dans 1’etude de8i/i
fonction de t =T/Tc.
653
de ce courant avec le
champ magn6tique (3ili - 10-3).
Pour une
amplitude H. donn6e,
elle variait defaçon
tres
reproductible avec H >.
Cet effet n’avait rien a voir avec lephénomène qui
nousint6resse,
car il seproduisait
au-dessus deTc.
Nous pensonsqu’il s’agis-
sait d’une action du
champ
sur latrajectoire
deselectrons secondaires
provenant
de 1’ecran. Nous avonsobtenu la
disparition complete
de cesignal
en mesu-rant le courant 6mis par la
pointe,
la haute tension(positive)
6tantappliqu6e
au collecteur.L’emission comporte
toujours, malgr6
lespr6cau-
tions
prises,
depetites
fluctuations al6atoires(de
10’2a 10-3 en valeur
relative).
Enparticulier,
il est pos-sible que des molecules restant dans
l’ampoule,
unefois
ionis6es,
seprecipitent
sur la surface 6mettrice etcausent de
petites eruptions
dans 1’6mission. Pourmesurer un
3ili
dequelque 10-5,
nous sommes donc amenes a reduire au maximum lalargeur
de bande6quivalente
a l’entrée de la detectionsynchrone.
Nousutilisons de
grandes
constantes detemps (30 s)
et pour savoir si la valeur mesur6e dei,,,
estsignificativement
diff6rente de
zero,
aT, H >
etH. fix6,
nous enre-gistrons
lesignal S(6)
en fonction dutemps
0. Nous1
portons
ensuiteM(e) = ij 0 S(u)
du afin de compa-p p
rer valeur moyenne et 6cart
quadratique
moyen.Les courbes
expérimentales
obtenues ont 1’allure de lafigure
7. Uneexperience
est constituée par lecouple
d’une mesure a T >
T,
et d’une mesure a TTc.
FIG. 7. - Courbes
expérimentales :
pour un courant moyen d’emission donne et unchamp magn6tique
sinusoidal assurant la transition N - S de l’émetteur,
nous
portons
lacomposante
alternative du courantS(6)
en fonction du
temps
6, ainsi quem(0),
moyenne de S.Pour
l’experience
ci-dessus, nous sortons du bruit unevariation de courant
8i/i
nulle a T > Tc et finiea T Tc.
Certaines
experiences
nous ont donne des resultatspositifs,
c’est-a-direal/i
= 0 a T >Tc, oili =1=
0avec une incertitude raisonnable a T
Tc.
L’accordavec la th6orie est
satisfaisant,
au moins quant a l’ordre degrandeur :
D’autres
experiences (un
peu moins d’une surdeux),
effectu6es
apparemment
dans les memesconditions,
nous ont donne un r6sultat
nul,
c’est-a-dire311i
= 0pour
T > Tc.
Notons que nous n’avonsjamais
obtenu3ili =A
0 a T> Tc
et8ili
= 0 a TTc.
11 ne nousa absolument pas ete
possible
dedegager
une loiréglant
la succession de cesrésultats,
elle semble tout a faiterratique.
Le critere dereproductibilite
n’estdonc pas
v6rifi6,
et nous ne pouvons pas conclure a 1’existence duphenomene
attendu.DISCUSSION DES RESULTATS :
Etudions
un certain nombre depoints
essentiels a la validite de notre mesure deSz/z.
L’échantillon est
conique
et se termine par unesphere
monocristalline de0,4
[1., la bande interdite n’est donc pas affectée par 1’excitationmagnetique
dans l’alternance ou celle-ci est inferieure a
HCl.
Le
champ magnetique
cree a la surface du tantale par les courants d’6mission utilises est inferieur a 10-4 tesla et ne peut d6truire lasupraconductivité.
Il en est de meme de l’échauffement par effet
Joule
et de 1’effet
Nottingham [11].
Par contre, les courants de Foucaultd6velopp6s
dans lapointe, lorsque
lemetal est
normal,
nousimposent
de travailler a tr6sFIG. 8.
basse
fréquence (1,5 Hz).
Nous avons d’ailleursv6rifi6,
en mesurant la resistance du cavalier de
tantale, qu’il
y avait bien modulation de la transition dans les conditions de
1’experience.
Enfin,
en dehors d’une action sur latrajectoire
deselectrons,
lechamp magnetique
n’a pas d’autre in- fluence sur l’émission : les effets dus a laquantification
des niveaux de Landau sont
n6gligeables
dans le casdes m6taux pour des
champs
dequelque 0,1
tesla[12]
et
[13].
Toutefois, comme J. J.
Hauser 1’asouligné, l’absence d’effet,
dans certains cas, peuts’expliquer
parl’impu-
ret6 du tantale utilise. Les valeurs 6lev6es des
champs critiques permettent
en effet de conclure tres surement a l’irréversibilité dusupraconducteur [14].
Onpeut
concevoir que l’extrémité de lapointe
soit unpoint d’ancrage
pour tout un faisceau delignes
de tour-billons durant la
demi-p6riode
ou HHC2.
Lagrande
densite de c0153urs normaux dans la surface 6mettrice donnerait alors un caractere « normal » a 1’emis- sion
[15].
Pourqu’il
en soitainsi,
il serait n6cessaire que les tourbillonspi6g6s
dans lapointe
soient aussiserr6s que dans 1’6tat mixte a
H # HC2.
Soulignons
d’autre partqu’entre
deuxexperiences
contradictoires
l’ampoule
atoujours
ete réchauffée.Le caractere al6atoire de ces
ph6nom6nes
depi6geages
permet de penser
qu’ils
ne seproduisent
passyst6ma- tiquement,
l’onexpliquerait
ainsil’irreproductibilité
des
experiences.
Conclusion. - Le
probleme
de 1’effet de la transi- tionnormal-supraconducteur
sur 1’6mission dechamp
reste donc
pose.
11apparait
evident que lephenomene
ne
pr6sente
pas d’int6r6t en tant que mesure de gran- deursphysiques (bande interdite, couplage
electron-phonon...).
L’effet tunnel entre deux m6tauxsepares
par un isolant est un instrument
beaucoup plus
fincar il
explore
la densite d’état pourchaque
valeur de1’6nergie,
alors que nous avons affaire a un effet tunnel «int8gr8 »
sur unelargeur
d de l’ordre de 100 meV. Mais il n’en demeure pas moins int6ressant de savoir si lephénomène existe,
et sinond’expliquer pourquoi.
Notre calcul conclut nettement a cette existence.
Les
experiences
faitespr6c6demment [1]
et[2]
sem-blaient montrer le
contraire, mais,
outre uneprecision
de mesure
insuffisante,
lesexplications
donn6es nesont nullement satisfaisantes. Notre travail tendrait a prouver cette
existence,
sans que l’onpuisse l’affirmer,
vu le manque de
reproductibilité
des résultats. 11 estpossible
que nousparvenions
a remédier a cette lacuneen augmentant la
purete
de l’émetteur. Mais cela pose de gravesprobl6mes,
une contaminationimportante
du tantale se faisant au moment de
1’attaque
6lectro-lytique,
ilparait indispensable [14]
de le chauffer a tres hautetemperature,
cequi
estincompatible
avecle maintien de rayons de courbure de
0,2
ti.Remerciements. - Nous tenons a
exprimer
notregratitude
au ProfesseurJ.
Bokqui dirigea
nos tra-vaux, au Professeur Ph.
Nozieres,
a MM. Simon etKlein pour leur fructueuse
collaboration,
ainsiqu’a
Mlle
Gauthier,
MM.Demulder, Florimont,
Giraudet Schroff dont 1’aide fut
pr6cieuse
a la realisationexpérimentale.
BIBLIOGRAPHIE
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et HULM(J. K.), J.
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