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Submitted on 1 Jan 1969
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Nucléation de l’état mixte dans le niobium supraconducteur
B.P. Letellier, J.C. Renard, Y.A. Rocher
To cite this version:
B.P. Letellier, J.C. Renard, Y.A. Rocher. Nucléation de l’état mixte dans le niobium supraconducteur.
Journal de Physique, 1969, 30 (10), pp.819-822. �10.1051/jphys:019690030010081900�. �jpa-00206846�
NUCLÉATION
DEL’ÉTAT
MIXTE DANS LE NIOBIUMSUPRACONDUCTEUR
Par B. P.LETELLIER, J.
C. RENARD et Y. A.ROCHER,
Alcatel, 9I-Bruyères-le-Châtel.
(Reçu
le 28 avril1969.)
Résumé. 2014 Les conditions d’établissement de l’état mixte ont été étudiées
expérimen-
talement dans le niobium
supraconducteur.
Au-dessus de HC1 et au-dessous duchamp
desurchauffe HSH,
quelques
vortex sont nucléés à une vitesse très faiblequi
augmenteprès
de HSH.Au-delà de HSH, le
système
évolue vers des étatsmagnétiques
métastables bien définis avec une vitesse depénétration
du flux très lente. Les constantes detemps correspondantes
ont étédéterminées. Au contraire,
quand
lechamp
est diminué de HC2 à HC1, des états stables thermo-dynamiquement
sont obtenus.Abstract. 2014 Nucleation of the mixed state has been studied in
superconducting
niobiumsamples.
Above HC1 and below thesuperheating
field HSH, a few vortices are nucleated in thesuperconductor
at anextremely
low rate which increases as the fieldapproaches
HSH.Above HSH, the system evolutes towards well defined metastable
magnetic
states. Fluxpenetration
appears as a very slowphenomenon
controlledby
time constants which have been determined. On the contrary, when theapplied
field is decreased from HC2 to HC1,thermodynamically
stable states are obtained.A. Introduction. - Nous nous sommes
propose
d’etudier les conditions
statiques
etdynamiques
de1’etablissement de 1’6tat mixte dans un
supraconduc-
teur de deuxieme
espece.
On saitqu’une
surchauffeimportante
de 1’6tat Meissner peut retarderl’apparition
de 1’6tat mixte si des
precautions ad6quates
sontprises
pour 61iminer les effets
magnetisants susceptibles
decreer des concentrations locales de
champ.
C’est ainsi que dans du niobium[1]
on a pu determiner une limite inferieureexperimentale
duchamp
de surchauffeH., :
une valeur
proche
de la valeurthéorique [2]
a 6t6obtenue,
soit1,15 He
a4,2
OK.Nous avons
entrepris
un certain nombred’exp6-
riences li6es a
l’apparition
de 1’6tat mixte dans du niobium. Le choix de ce materiau a ete dict6 par lapossibilite
de l’obtenir a 1’6tatultra-pur
etexempt
de d6fauts de volume ou de surfacesusceptibles d’engen-
drer par eux-memes une
quelconque hysteresis
del’aimantation.
Effectivement,
dans ce niobiumpurifi6
par
d6gazage
a 2 100°C sous unepression
de 10-1° torr,on a pu obtenir des courbes d’aimantation
parfaitement
r6versibles dans 1’6tat
Meissner,
et ce resultatsuggere
bien une absence
complete
de centres depi6geage
localises en volume ou a la surface des 6chantillons.
Nos
experiences
ont revetu deuxaspects :
l’un sta-tique
par la determination de l’aimantation d’unellipsoide
soumis a diverschamps magn6tiques,
l’autredynamique
par 1’etude de la diffusivite duchamp magn6tique
dans cetellipsoide
et dans des tubes de niobiumexposes
a deschamps paralleles
a leur axe.Ces
experiences
ont montre quel’apparition
de 1’6tatmixte est retardee au-dela de
HC1
etqu’une
barrierede surface subsiste au-dessus du
champ
desurchauffe,
ce
qui
se traduit par 1’etablissement d’une induction inferieure a l’induction a1’equilibre thermodynamique.
La nucleation de 1’6tat mixte
apparait
comme unphénomène
tres lent auxvoisinages
inferieur etsup6-
rieur du
champ
de surchauffe.B. Aimantation d’un
ellipsoide.
- Nous nous pro-posions
d’6tudier l’aimantation d’unsupraconducteur susceptible
depresenter
une certaine surchauffe. 11est
n6cessaire,
pour une telleetude,
dedisposer
dedonn6es
thermodynamiques correspondant
al’équi-
libre stable et donc de courbes d’aimantation tres r6versibles.
Des courbes d’aimantation tres r6versibles sont obte-
nues pour des 6chantillons
cylindriques pr6sentant
unrapport longueur
sur diametreélevé,
enchamp paral-
16le a l’axe. En
effet,
dans uncylindre
delongueur finie,
lechamp
atteint aux bouts une valeursup6rieure
au
champ
de surchauffe pour unchamp
ext6rieurinferieur a
HCI’
et ceci par effetdemagnetisant :
onobserve donc la
presence
delignes
de flux dans les bouts au-dessous deHe,.
L’existence de ceslignes
elimine toute
possibilite
de surchauffeglobale
de1’echantillon et la
penetration
du flux s’6tend danstout 1’echantillon des que la valeur de
HC1
est atteinte.En
champ decroissant,
si leslignes
de vortex sontstabilis6es aux
bouts,
leurexpulsion
dans lapartie
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:019690030010081900
820
centrale necessite une courbure et donc un accroisse-
ment
d’6nergie
d’autantplus important
que la valeur du rapportlongueur
sur diametre est faible. Unepartie
du flux est donc stabilisee dans 1’echantillon. On observe une
hysteresis
d’autantplus
faible que lerapport longueur
sur diametre estplus
élevé etqui
varie en gros comme le volume relatif des bouts par rapport au volume total.
Des courbes tres r6versibles ont pu etre obtenues pour du niobium
ultra-pur
soit par Finnemore et al.[3], soit
parnous-memes, permettant
une d6termi- nationeXpérimentale
duchamp critique thermodyna- mique He,
deschamps HCl
etHC2
et des relationsB ( H)
a
1’equilibre thermodynamique.
La
figure
1 arepr6sente
la courbe d’aimantation a4,2
OK d’unellipsoide allonge
enchamp parallele
àFIG. 1.
a)
Courbe d’aimantation d’unellipsoide
de niobium,a T = 4,2 oK.
b)
Details des variations de l’aimantation pour despetits cycles
duchamp
extérieur, pour le meme échan- tillon a T = 4,2 OK.1’axe
(longueur
de 1’axe : 45 mm ; diametre au centre :9
mm).
On note une excellente réversibilité dans 1’6tat Meissner et une certainehysteresis
dans 1’6tat mixte.La courbe obtenue pour les
champs
d6croissants suitexactement le chemin
correspondant
a1’equilibre thermodynamique
telqu’il
a pu etre d6fini apartir
de courbes tres r6versibles. On en conclut que la courbe obtenue pour les
champs
croissantscorrespond a
des6tats m6tastables lies a des effets de surface
puisque
lareversibilite dans 1’6tat Meissner
indique
l’absence decentres de
pi6geage.
La surchauffe totale ne seprolonge
pas
jusqu’A
la valeurthéorique,
mais ceci n’est pas etonnant car 1’echantillonpresentait quelques 16g6res imperfections
de surface et surtout unpetit appendice cylindrique
destine a le maintenirpendant
lesop6ra-
tions de
d6gazage
etpolissage électrolytique.
11
apparait important
de noter que l’inductionconserve une valeur inf6rieure;h la valeur
correspondant
a
1’equilibre thermodynamique
au-dela dupoint
desurchauffe et apparemment
jusqu’h HC2.
Lafigure
1 brepr6sente
les variations de l’aimantationlorsqu’on
fait d6crire des
cycles
auchamp magn6tique
ext6rieur.On note que l’induction reste constante au
voisinage
des
points d’augmentation
ou de diminution duchamp,
ce
qui suggere
bien lapresence
d’une barriere.C.
llftude
de la diffusivité duchamp magndtique.
-Nous avons cherche a 6tudier les conditions
dynamiques
de 1’etablissement de l’induction. Ces
experiences
ont6t6 r6alis6es sur
1’ellipsoide
dont nous avions 6tudi6l’aimantation,
tant pour lapenetration
du fluxqu’a 1’expulsion.
Nous avons ensuite 6tudi6 lecomportement
detubes,
mais exclusivement a lapenetration
du flux.ELLIPSOIDE. - Nous avons
proc6d6
de deux ma-ni6res :
a)
Nous nousplacions
a unchamp
donnejuste
au-dessous du
champ
depremiere penetration
etajoutions rapidement
des increments dechamp
va-riables nous amenant de
plus
enplus
loin dans le domaine mixte. Nous observions alors la rentr6e du flux pour des variations d’inductionpouvant
etre assezimportantes,
et ceci apartir
d’une induction nulle.b)
Nousplaçant
soit sur une courbe enchamp croissant,
soit sur une courbe enchamp décroissant,
nous
ajoutions
ou retranchionsrespectivement
despetites quantites
dechamp
et observions 1’evolution de l’induction. L’id6e etait de conserver une conducti- vit6 du milieu relativement constante lors de chacune de cesoperations a N
03C3 nHc2 B
si 03C3n est la conductiviteB
a 1’6tat
normal)
et de comparer lescomportements
à des inductionsdifferentes,
a lapenetration
comme à1’expulsion.
Dans tous les cas, les
phenomenes
sont d6tect6s etmesures
grace
a une bobine enroul6e sur 1’6chantillonet reli6e a un
enregistreur potentiométrique.
Le
premier type d’experiences
a revele que lapenetration
du flux a l’int6rieur de 1’ echantillon est unphénomène
extremement lent. Pour unchamp
ext6rieur
donne,
la vitesse moyenne depenetration
duflux
dB
dt d6croitexponentiellement
suivant une loi dela forme :
Les
experiences
ontpermis
une bonne mesure dela constante de temps 03C41
qui regit
1’allure despheno-
m6nes aux temps
longs.
Il est apparu que il d6croitexponentiellement
avec lechamp
totalapplique :
Les constantes de temps
passent
dequelques
centainesde secondes à
quelques
secondeslorsque
lechamp
total
applique
passe duchamp
depremiere penetration
au
champ correspondant
a la fin de lapartie
lin6airede la courbe d’aimantation.
Le second
type d’expériences
apermis
d’obtenir àla
penetration
desphenomenes
de diffusion du flux ob6issant aux memes lois. A1’expulsion
du flux et pour des inductionscomparables,
on observe despheno-
FIG. 2. - Variations de la constante de temps corres-
pondant
a lapenetration
et al’expulsion
du flux pourl’ellipsoide
de niobium a T = 4,2 OK. Les barresindiquent
la variation totale d’inductioncorrespondant
aux variations du
champ :
x : Points obtenus en
champ
croissant(a
lap6n6- tration).
o : Points obtenus en
champ
decroissant(a
1’ex-pulsion).
menes
beaucoup plus rapides ;
la diffusivite du fluxest
analogue
a celle que l’on observerait dans un mat6- riau dont la conductivite serait donnee par(voir fig. 2) :
TUBES. - Ces resultats ont ete conf irmes dans des cas ou la surchauffe totale de 1’6tat
supraconduc-
teur
s’exercait pratiquement jusqu’a
la limite th6o-rique HIH’
En
effet,
nous avons observe lapenetration
du fluxdans des tubes de niobium
[4].
Cestubes,
delongueur
120 mm, diametre 10 mm et
epaisseur 3/10
de mm,etaient soumis a un
champ
uniformeparallèle à
1’axesur une
longueur
de 30 mm situ6e autour de lapartie
centrale.
Au-dela,
lechamp
d6croissaitrapidement
pour éviter les effets de bouts. Des bobines de detec- tion etaient
placees
a l’int6rieur et au centre du tube.Si l’on augmente le
champ magnetique depuis zero,
un
premier signal,
extremementfaible,
estenregistr6 lorsque
lechamp
atteint une valeur tresproche
deHC1,
soit
1,440
0152 a4,2
OK. Une tres lentepenetration
estensuite
observée,
a vitesse inferieure a 1G/s, jusqu’a
ce que le
champ atteigne
une certaine valeurHD
aFIG. 3. - Variation de la vitesse initiale de
penetration
du flux dans un tube de niobium a 4,2 OK, soumis à
un
champ
axial H.partir
delaquelle
la vitesse depenetration
augmenterapidement (voir fig. 3).
Leschamps HD
ont varieselon les 6chantillons de
1,01 He
a1,10 He
et sont doncpeu
6loign6s
duchamp
de surchauffethéorique.
Operant
comme nous 1’avons decritplus
haut pourle
premier type d’expériences,
nous avons observe lapenetration
du flux pour deschamps
ext6rieurs deplus
en
plus
6lev6s. Les lois de lapenetration
sont tout a faitsemblables à celles
qui
sont observ6es pour1’ellipsoide,
tant en ce
qui
concerne la vitesse depenetration dB
dt a
champ
donnequ’en
cequi
se rapporte a la variation de la constante detemps
aux tempslongs
avec lechamp
ext6rieur. 11 faut noter que, pour 1’ensemble des tubes
822
6tudi6s,
la constante detemps
T suit une loi de la forme :ou
Ho
estpratiquement
une constante d’un echantillon a 1’autre :Ho
=20 ±
2 0152. Enparticulier, Ho
nedepend
pas de la valeur duchamp HD
pourlaquelle
cesse la surchauffe
globale.
Des mesures a des
temperatures
differentes ont 6t6 r6alis6es. Si l’on compare lesrésultats,
ons’aperçoit
que la constante de temps est une fonction de la seule difference
(H - HD ( T ) ),
cequi indique
que 1’acti- vationthermique
nejoue
aucun role dans le processus de nucleation des vortex au-dela duchamp
de sur-chauffe. Ce resultat
apparait
clairement sur lafigure
4.FIG. 4. - Variation des constantes de
temps
observeesa la
penetration
du flux pour un tube en fonction duchamp applique (parallele
al’axe).
Les valeurs ont 6t6 relevees a differentestemperatures
et sontreportees
en fonction de la difference
H - HD ( T )
entre lechamp applique
et lechamp experimental
de sur-chauffe.
D. Discussion. - L’ensemble de ces resultats peut etre
interprete
d’une maniere tresqualitative.
Nousavons
represente
sur lafigure
5 les variations deFenergie
libre du
supraconducteur
en fonction d’unparametre quelconque capable
de d6crire correctement 1’6tat dusysteme.
Deux cas sepr6sentent,
selon que lechamp
FIG. 5. - Variation de
1’6nergie
libre dusupraconducteur
en fonction d’une variable X decrivant 1’6tat
magn6- tique
dusyst6me.
Deux cas sontpossibles :
a)
HCl H Hsn.b)
H > Hsg.ext6rieur est
plus
faible ouplus
élevé que lechamp
desurchauffe. En dessous du
champ
desurchauffe,
desvortex ne
peuvent
etre nuclees etp6n6trer
a l’int6rieur dusupraconducteur
que par des processusthermique-
ment actives ou par diffusion
quantique :
commel’indiquent
les resultatsrepr6sent6s
sur lafigure 3,
cesprocessus sont
possibles.
La surchauffe totale cesse pourun
champ qui
est determine enpratique
par des effetsmagn6tisants
locaux. Au-dessus duchamp
de sur-chauffe,
lesysteme
6volue vers un nouvel 6tat m6ta- stableXl
et non vers 1’6tat leplus
stablethermodyna- miquement Xo :
la vitesse d’evolution nedepend
que de la loi de variation de1’energie
libre dusysteme
enfonction de la variable X
qui repr6sente
en fait 1’6tatmagn6tique
dusysteme.
Iln’y
a pas de barrière depotentiel
et l’activationthermique
enparticulier
nejoue
aucun role dans un processus de ce genre.La
reproductibilité
des resultats d’un echantillon à 1’autreindique
que les differents 6tats metastables associ6s auxchamps magnetiques
ext6rieursappliques
successivement sont bien d6finis et ne
dependent
que de la difference H -HD.
II serait int6ressant de d6ter- miner s’il estpossible
d’observer des transitions de 1’6tatXl
a 1’6tatXo qui
estthermodynamiquement
leplus
stable.L’ensemble de ces resultats serait certainement mieux
compris
s’il existait une theorie desph6nom6nes
denucleation des
lignes
de vortex et des 6tats m6tastables au-dela duchamp
de surchauffe.Remerciements. - Les
experiences
d6crites ont 6t6r6alis6es
grace
a une subvention de la D.R.M.E. Nous remercions les Docteurs C. Caroli et D.Saint-James
des discussions fructueuses que nous avons eues a ce
sujet.
BIBLIOGRAPHIE
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