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L’interprétation des coïncidences entre compteurs
cosmiques noyés dans un bloc de plomb : gerbes de
rayons pénétrants provenant de l’air ou effets locaux
produits dans le plomb
André Fréon
To cite this version:
L’INTERPRÉTATION
DESCOÏNCIDENCES
ENTRE COMPTEURS
COSMIQUES NOYÉS
DANS UN BLOC DE PLOMB : GERBES DE RAYONSPÉNÉTRANTS
PROVENANT DE L’AIROU EFFETS LOCAUX PRODUITS DANS LE PLOMB Par ANDRÉ
FRÉON.
Laboratoire de
Physique,
École NormaleSupérieure,
Paris.Sommaire. - Un train
plat de trois compteurs en parallèle est orienté verticalement ou horizon-talement à l’intérieur d’un bloc de plomb et mis en coïncidence avec deux ou trois autres compteurs noyés dans ce bloc, ainsi qu’avec un train de dix compteurs en parallèle, mobile au voisinage du bloc.
On déduit des résultats obtenus que pour des distances de l’ordre de 20 cm entre les compteurs
sous plomb, les coïncidences observées sont dues, pour au moins 85 pour 100 des cas, à des effets locaux
produits dans le plomb lui-même, le reste pouvant être attribué à des rayons pénétrants associés
pro-venant de l’air. Une partie des effets locaux peut être attribuée à des secondaires des mésons, tout au
moins pour les coïncidences entre trois compteurs noyés.
Le résultat essentiel de ces expériences est de montrer que les particules pénétrant dans un écran
dense n’agissent pas seulement le long de leur parcours
géométrique,
mais aussi à distance de celui-ci,par leurs effets secondaires.
On élimine ainsi les difficultés qui se présentent lorsque l’on cherche à expliquer les effets observés
à l’intérieur de l’écran par les gerbes de particules pénétrantes de l’air, la densité moyenne du
rayon-nement dans l’écran est, en effet, bien supérieure à celle que l’on peut observer dans l’air environnant
celui-ci.
JOURNAL PHYSIQUE
11,
1950
Introduction. - Les coïncidences
que l’on observe entre des
compteurs
nonalignés
etlogés
individuel-lement dans des cavités d’un bloc deplomb
prouvent
l’existence departicules pénétrantes
simultanées,
qui
peuvent
provenir,
soit de l’airambiant,
soit duplomb
lui-même.Il
s’agit,
dans lepremier
cas, desgerbes
péné-trantes étudiées par
Wataghin
et sescollabora-teurs
[1],
ellesproviennent
d’effets nucléaires dans l’air etpeuvent
être associées à desgerbes d’Auger
(fig.
I a).
Des effetsanalogues
peuvent
prendre
naissance dans l’écran(fig. i
b),
ils ont été mis en évidence parJanossy
Ingleby
et Broadbent[2,
3,
4].
Mais une autre sorte degerbes
a été mise en évi-dence par Daudin etAuger
[5,
6j.
Uneparticule,
chargée
ouneutre,
isolée ouaccompagnée,
produit
des effets nucléairespénétrants
caractérisés par leurgrande divergence angulaire
(fig.
i c),
phéno-mène connu sous le nom degerbes explosives.
Des clichés Wilson obtenus par Daudin[7]
montrent desparticules
sensiblement horizontales ouremon-tantes
qui
sortent du bloc deplomb
contenant lescompteurs
etpeuvent
s’interpréter
comme appar-tenant à de tellesgerbes.
Cesgerbes
ont été récem-ment étudiées au moyen decompteurs
parMaze,
Cachon et Daudin[8, 9].
Avec des
dispositions
decompteurs
analogues
à ceux de lafigure
i, les effets àgrande divergence
Fig. I.
venant de l’air sont
trop
décohérés et lesgerbes
pénétrantes
duplomb
trop
serrées pour êtreenre-gistrées
efficacement. Les coïncidences doivent être692
dues essentiellement aux
gerbes
deWataghin
de l’air et aux effetsdivergents
dans leplomb.
Les
expériences
décrites ici ont pourobjet
de déterminer dansquelle
proportion
l’un et l’autre de ces deuxphénomènes peuvent
rendrecompte
de l’effet observé et si un autrephénomène (effets
secondaires desmésons)
nepeut
paségalement
entrer en
compétition
avec lesprécédents.
Dispositif expérimental. -
Il estreprésenté
à l’échelle
dans lafigure
2. Lescompteurs
sont duFig. 2. - Dispositif expérimental.
Compteurs : diamètre 2,8; longueur 4-., cm. Compteurs 1, 2 et 3 dans coqne de Pb de 4 mm.
Compteur 4, 3 en parailète (nu).
Compteur 5. 10 en parallèle (nu).
1 et 3 fixes; 2 en 2, 2 G ou 2 D; 4 en 4 V ou 4 H; 5 mobile.
type
en verre à cathode externe deMaze,
diamètre interne 28 mm,longueur
elficace42o mm.
Lescompteurs 1,
2 et 3 sont entourés d’une coque deplomb
de 4
mmd’épaisseur.
Le train 4comprend
troiscompteurs
enparallèle,
ilpeut
êtredisposé
verticalement en4 V
ou horizontalement en4H,
la cavité étant modifiée enconséquence.
Dans une sériecomplémentaire
de mesuresayant
pour but d’étudier la décohérence avec ladistance,
il a étédisposé
verticalement et décalé à droite de 5 cm(position
4V’fig. 5).
On
peut
décaler la cavitéqui
contient le deuxièmecompteur
de 5 cm, à droite ou àgauche
del’aligne-ment des
compteurs
1 et 3(positions
2D et2G).
Un train 5 de dix
compteurs
enparallèle
est mobile dans unplan
horizontal situé à4o
cm au-dessus ducompteur
2. Ilpermet
de contrôlerl’accompagnement
extérieur auplomb
etpeut
couvrir unepartie importante
del’angle
solidecommun aux
compteurs
1 et 3.Au cours d’une
partie
des mesures, uneprotection
deplomb
a étédisposée
aux deux extrémités dubloc,
on n’a noté aucun effetmesurable,
l’écran débordantlargement
descompteurs.
Le sélecteur
employé
permet
l’enregistrement
simultané de deux groupes de coïncidences entredeux,
trois ouquatre compteurs,
ainsi que leur combinaison. Sonpouvoir
de résolution est de 2. 1 o-6 S.Méthodes
employées.
Prévision des résultats. - On a utilisé simultanément la méthode du téles-cope,déplacement
ducompteur
2 à droite ou àgauche
del’alignement
descompteurs
1 et 3 et celle de lacomparaison
des coïncidencestriples
etqua-druples
sousplomb,
permettant
d’estimer la densité moyenne durayonnement
dansl’écran,
l’emploi
du train extérieur 5permet
de la comparer à celle durayonnement
dans l’air environnant leplomb.
Méthodesqui
avaientdéjà
étéemployées
par Dau-din[7]
et Maze[91.
Les
gerbes pénétrantes
de l’air doivent donner un effettélescopique
notable[coïncidences (1,
2,
3,
4) > (1,
2D, 3,
4)
et(1,
2G,
3,
4)]
ainsiqu’une
densité moyenne du même ordre degrandeur
dans l’air et dans leplomb.
Aucontraire,
s’ils’agit
d’effets locaux dansl’écran,
on aura un effettéles-copique
faible ou nul et une densité moyenneplus
forte dans leplomb
que dans l’air.La
dissymétrie
du train 4peut,
deplus,
apporter
des indicationscomplémentaires
surl’origine
locale ouextérieure,
des événements observés : si l’effet desgerbes
pénétrantes
de l’air estprépondérant,
le nombre des coïncidencesenregistrées
seraplus
grand
lorsque
le train seradisposé
horizontalement,
tandis que l’on devra observer .l’inverse si les effets locauxprédominent.
On
peut
prédéterminer
l’ordre degrandeur
durap-port
p des coïncidences etdans les deux cas
extrêmes,
l’un ou l’autre des deux effets étant seul efficace :a. Gerbes
pénétrantes
de l’air. - On a déterminéexpérimentalement
lerapport
,pour diffé-rentes
positions
du train 5 dans sonplan,
on en a déduit le « facteur de forme »f
4V
du train 4 pour le4H
flux des mésons
incidents,
c’est-à-dire pour des par-ticules isolées àrépartition
angulaire
encos2,
ontrouve ainsi
f
=o,83.
Onpeut
alors calculer lavaleur de
f
pour d’autres lois derépartition,
pour une loi en cos 8 on af
=0,7 .
Le facteur de forme pour des
particules
distri-buées en cos 4 à cos6 ainsi que les nucléonsqui
leuront donné naissance est de l’ordre de
0,75
ào,80.
Ce
qui
précède
concerne desparticules
isolées,
pour des
gerbes
de forte densité le facteurf -->- i,
endéfinitive,
on doit doncs’attendre,
si l’onenregis-trait
uniquement
des effetspénétrants
associésprovenant
del’air,
à observer unrapport
p expéri-mental de l’ordre deo,8
à o,g.b.
Effets
locaux dans leplomb.
- Onpeut
estimer l’ordre degrandeur
de p de la manière suivante :un
exposant
voisin de2,5
comme pour les bursts.Admettons,
d’autrepart,
que lesparticules
soient sensiblementisotropes,
ainsiqu’il
semble résulter desexpériences
de Daudin[5,
6,
7]
etappliquons
la méthode de calculdéveloppée
pour lesgrandes
gerbes
par Daudin[10].
Fig. 3,
Soit s la surface d’un des
compteurs,
l’angle
solide souslequel
lecompteur
4 est vu du centre degravité
G descompteurs
(fig. 1)
varie sensiblemeut3s
dans le
rapport 3 S S
pour les deuxpositions
4V et 4 H.s
Si les
gerbes prenaient
toutes naissance auvoisinage
du centre degravité,
la surface efficace du train 4 varierait donc de 3 s à s, et lerapport
p= N 1 J 4 H )
N(l, 3, 4U) seraitégal
àMais la zone efficace de
production
desgerbes,
bien
qu’elle
soit vraisemblablement centrée surG,
est certainement
diffuse,
de telle sorte que la surface efficace du train 4 ne varie que dans unrapport
de l’ordre deI,5
s à 3 s ou 2 s à3 s,
cequi
conduit aux valeursrespectives
suivantes :et
Ces formules ont été calculées pour y =
1,5,
2,2,5
et
3,
elles donnent les courbes de lafigure
3.Pour les faibles valeurs de y on a saturation et le facteur de forme du train - i pour y
élevé,
les densités moyennes sont faibles et le facteur de forme devientégal
aurapport
des surfaces efficace. Onvoit,
d’après
cescourbes,
que, si des effets locaux àgrande
divergence
angulaire jouent
le rôleessentiel,
on doit s’attendre à observer un
rapport
expérimental
de l’ordre de1,5
à 2 pour un y de2,5,
de
l’ordre de celui des bursts.Résultats
expérimentaux.
Discussion. - Tousles résultats obtenus sont en faveur de la
prédomi-nance des effets locaux dans le
plomb.
Le rendement du train
5,
placé
dansl’angle
solide descompteurs
1 et 3 a été mesuré au moyen de flux de mésons et trouvéégal
à64 ±4
pour Ioo(valeur
calculée : 60 pourioo).
Si les coïncidences observées étaient dues aux
gerbes
pénétrantes
del’air,
lesrapports N( 1 , 2 , 3 , 4)
2,
3,4)
N( 1, 3, 34,
ë)
d.. 1et
N( 1,
3, 4, 5
devraient
avoir une valeur sen-N(1, 3, 4)siblement
égale
à celle de l’efficacité du train5,
alors
qu’ils
ne sont que de 25 pour ioo.De
plus,
lors d’une coïncidence(1,
3,
4),
le comp-teur 2 est touché dans 5o pour ioo des cas,quelque
soit sa
position :
2,
2 G ou2D,
tandis que dansl’hypothèse
desgerbes
del’air,
les coïncidences(1,
2,
3,
4)
devraient être presque aussifréquentes
que lestriples
(1,
3,
4).
D’autrepart,
toujours
dans cettehypothèse,
la densité moyenne des par-ticules dans l’air ambiant serait au moinségale
à celle observée dans leplomb,
lecompteur
2 de surface s étant touché dans la moitié des cas, le train 5 de surface 1 o X s devrait être touché avecune
fréquence
très voisine de 10o pour i oo, alorsqu’elle
n’est que de 25 pour ioo.Ces résultats
préliminaires
confirmentpleinement
ceux de Maze[8]
et de Daudin etAuger [61,
on acependant
observé un faible effettélescopique
[(N(1,
2, 3,
4)
>N(1,
2G, 3,
4)
et N(1,
2D, 3,
4)]
peu
supérieur
aux erreursprobables,
mais vraisem-blablementsignificatif d’après
lesexpériences
complé-mentairesqui
serontexposées plus
loin.On n’a pas cherché à
augmenter
laprécision
de cespremiers
résultatsidentiques
à ceuxdéjà
obtenus par Maze et Daudin et l’on s’est attaché à mettre en évidence l’effet de l’orientation du train 4. On a effectué une série de mesuresalternées,
train 4 soithorizontal,
soitvertical,
durant unepériode
deplus
de deuxmois,
enregistrant
simultanément lestriples
(1, 3,
4)
et lesquadruples (1,
2, 3,
4).
Lesmesures
ayant
étécroisés
journellement
lapression
moyenne est sensiblement la même dans les deux séries cequi
rend la correction depression
inutile. Les résultats obtenus sont résumés sur lafigure
4.
Une sériepréliminaire
avec lecompteur
2 en2G,
694
On déduit des deux
premières
séries de mesures,1,
2
et3,
alignés,
unrapport
pexpérimentIl = 1,7 + 0,3
donc en faveur des effets locaux dans leplomb,
en yajoutant
les résultats d’une troisième série :1,
2D, 3,
4V,
on trouve - 1,6 ±0,25,
valeurportée
sur lafigure
3 àgauche
de l’axe des ordonnées.Fig.4.
On remarque que les
rapports
quadruples
sont On remarque que lesrapports
,. 1 1:3 4
sont lesmêmes,
aux erreursprobables
près,
pour les deuxpremières
séries,
2aligné;
tandisqu’il
estlégèrement plus
faible pour latroisième,
2 à droite. Lepoint expérimental (1,
2D, 3,
4V)
même en tenantcompte
de la différence despoints (1,
3,
4V)
dans les deux séries de mesures, est situé au-dessous dupoint (1,
2, 3,
4V).
On a recherché si cet écart
pouvait
êtreexpliqué
par des coïncidences fortuites doubles entre letélescope
1,
2,
3 et le train 4. Letélescope
compte I3,9
+0,4
coïncidences par mn et le train coïncidences par mn, lepouvoir
de résolution du sélecteur étant de 2. 10-6 S le nombre des fortuites est donc de l’ordre de4. IO-4,
parminute,
soit uneen. 42 h.
Leur mesure a été faite en retardant les
impulsions
provenant
du train 4 d’une dizaine de microsecondes parrapport
à celles descompteurs
1 et 3. On n’a observéqu’une
seule coïncidence en 12oh,
la valeur calculée a étéportée
sur lafigure
4
(bande
lelong
de l’axe desabscisses).
La différence d’environ 1 o pour 10oo entre les deux
points
(1,
2D, 3,
4V)
et(1,
2,
3,
4V) pourrait
donc être attribuée à un effettélescopique
dû auxgerbes pénétraptes
et auxgrandes gerbes
de l’air. Maze[8]
a montré que 7 à 8 pour i oo des coïn-cidences entre lescompteurs
sousplomb
étaient associées à desgrandes gerbes,
unepartie
de celles-ci est vraisemblablement liée à desgerbes
pénétrantes;
onpeut
estimerqu’environ
la moitié de l’effettélescopique,
soit 5 pour 100, est dû auxgerbes
pénétrantes
de l’air.Mais il serait inexact d’attribuer aux effets locaux
toutes les coïncidences observées
lorsque
le comp-teur 2 est décalé hors del’alignement
descompteurs
1et
3,
bien que les mesurespréliminaires
nous ait montré que, dans ce cas, la contribution des effetspénétrants
de l’air estfaible,
on va chercher à évaluer son ordre degrandeur.
Dans
l’hypothèse
desgerbes pénétrantes
de l’air(fig. i a),
la densité moyenne dans leplomb
est voisine de la densitéextérieure,
nousadmettrons,
enpremière approximation, qu’elle
est lamême,
bien quel’absorption
desparticules pénétrantes
et ladisparition
del’accompagnement
cascade extérieur la rendentplus
faible,
effetqui
peut
setrouver
compensé
enpartie
par lesrayonnements
créés dans l’écran. Soit D cette densité moyenne;on
peut
alorscalculer,
ensupposant
provisoirement
quel’accompagnement
du train extérieur 5(a 5
pour100)
soit dû en totalité auxgerbes
péné-trantes de
l’air,
que lecompteur
2D serait touché dans 3 pour oo des cas. Cette estimation estincor-recte,
car nous n’avons pas tenucompte
de la variation de la bande des densitésenregistrées
avec l’ordre des coïncidences observées. Onpeut
le faire au moyen desexpériences
de Maze[8j,
qui
a mesurél’accompagnement
extérieur au.plomb
pour des coïncidences d’ordre 3 à 8et 4
à 8 sousplomb.
Le facteur de correction est voisin de 2,valeur
approchée
par excès.Finalement,
comme nous avons considéré une densité moyenne dans leplomb supérieure
à sa valeurprobable
et commed’autre
part,
unepartie
desparticules
touchant le train 5provient
duplomb,
ainsi que l’ont montré lesexpériences
de Maze et deDaudin,
onpeut
estimer que la contribution desgerbes pénétrantes
de l’air aucomptage
du comteur 2D est inférieure ouégale
à 5 pour i oo, tandis que l’on observequ’il
esttouché dans 5o pour i oo des cas. On
voit,
endéfi-nitive,
que la contribution totale desgerbes
péné-trantes de l’air est de l’ordre de 5
+ 5
= o pour oo, 85 à go pour zoo de l’effet observéprovient
donc d’effets locaux dans leplomb,
le restepouvant
être attribué auxgrandes gerbes..
En tenant
compte
de cesproportions,
onpeut
calculerqu’elle
serait la valeur durapport
p, si les effets locaux dans l’écran étaient les seuls àintervenir,
on obtient ainsi pcorngc ==1,73
-t-o,3,
valeur
qui
a étéportée
sur lafigure
3.Ces résultats sont
compatibles
avec l’existence d’effetsdivergents multiples
dans leplomb,
ayant
une loi de distribution en densité voisine de celle des bursts.On
peut
objecter qu’une partie
de l’effet observépeut
être dû à la variation de l’efficacité du train 4 dans les deuxpositions
4V et4H,
vis-à-vis despinceaux pénétrants
créés dans lapartie supérieure
duplomb.
Mais,
quand
cetteépaisseur
deplomb
croît,
on devrait observer uneaugmentation
du . nombre des coïncidences par suite de la diminution del’angle
solide moyen souslequel
sont vus lescompteurs
parrapport
aux couchessupérieures
du bloc de
plomb,
alors que lesexpériences
de Maze[8] n’indiquent
aucun effet de cet ordre.Expériences
complémentaires. -
Elles ont pourobjet
depréciser
la nature et lespropriétés
des effets locaux dans leplomb.
On a d’abord étudié la variation de l’effet avec la distance(fig. 5), ,
en décalant le train 4V de 5 cm vers la droite(position 4V’).
Fig. 5.
En haut, à droite de l’axe des ordonnées, Iire : N (1, 3, 4) min-3.
On a
également
effectué des mesures à faible écartement enenregistrant
les coïncidences(1,
2D,
3).
Leur nombre est de(4,4
±0,4). 10-2
parminute,
soit 8 à I o fois
plus
grand
que celui. des coïncidences(1,
3,
4V),
mais la nature duphénomène enregistré
estdifférente,
tout au moins dans une fortepro-portion.
Onconstate,
eneffet,
que dans ce cas,l’accompagnement
du train5,
placé
dansl’angle
solide descompteurs
1 et 3 est de45 ±
io pour oo ;il
s’agit
departicules
isolées et non degerbes,
carl’accompagnement
tombe à une valeur de4 +-
2 pour ioo, si l’ondispose
le train 5 à lalimite de
l’angle
solide dutélescope.
Étant
donné que lecompteur
2D ne se trouveséparé
du flux des mésons traversant letélescope
(1, 3)
que par 2 cm deplomb,
nous pensonsqu’on
enregistre
des effets d’électrons de choc desmésons,
interprétation
confirmée par desexpériences
récentes de Maze et de Thouvenin[12].
On
peut
se demander dansquelle proportion
de tels effetspeuvent
encore intervenir pour lescoïn-cidences
triples
(1,
3,
4),
chacun descompteurs
1 et 3 se trouvent à 8 cm du flux departicules
tra-versant les deuxautres,
tandis que lecompteur
3séparé
de(1-5)
sur 15 cm deplomb,
est très pro-bablement à l’abri de ces effets.On a mesuré le flux-total des rayons
pénétrants
(1,4)-(3,1)
pour les diversespositions
dutrain4;
on trouve que, comme on devait
s’y
attendre,
que pour lespositions
4V et 4V’ il varie en raison inverse du carré de la distance(fig. 5).
Mais on observe
également
que lerapport
dufil
(1, 4V)+(3, 4V) + 3
valeurégale
1, 4.)-L (3, 4 11 )à celle du
rapport
déjà
trouvé pour les coïncidencestriples
etquadruples.
Dans les diverses conditions
d’expériences,
le nombre des coïncidences observées est dans Unrapport
sensiblement constant avec le flux desmésons,
de l’ordre de9. 10-4
pour lestriples
et de4,5.10-4
pour lesquadruples.
On
peut
proposerplusieurs interprétations
de ces faits : .A. Les effets observés sont dus aux mésons incidents.
B. Le flux de mésons
contient,
danschaque
cas,une
proportion
sensiblement constante departicules
à forte interactionnucléaire,
mésons(ou nucléons)
responsables
de l’effet observé.C. La concordance est
purement fortuite,
et résulte des conditions mêmes del’expérience.
Examinons ces trois
hypothèses :
A. Il est très
probable
que les électrons de choc des mésonsjouent
un rôleimportant
pour les coïnci-dencestriples
entrecompteurs
proches
[12],
mais aux distancesplus grandes
et en coïncidencesqua-druples,
qui
exigent
un double processus, leur contribution doit devenir très faible.On ne
peut
écarter, a
priori,
les effets nucléaires desmésons,
mais il estdouteux, compte
tenu de leur faible sectionefficace,
qu’ils jouent
le rôle essentiel(1).
B. Les
angles
des mésons incidents avec la verti-cale sontcompris
entre 60 et goo, laproportion
desparticules responsables
des effets nucléairesqui
lesaccompagnent
estpeut
êtreconstante,
mais trèspetite,
on sait en effetqu’elles présentent
unerépar-tition
angulaire
voisine d’une loi encos6,
alors que celle des mésons est decos2,
il est donc vraisemblable que lamajorité
des effets observés soit due à desparticules
centrées sur la verticale.C. Au cours d’une discussion de ces
résultats,
(1) Nole ajoutée à la correction des épreuves. - Un travailimportant de Cocconi [13] paru depuis le dépôt de cet article met en évidence le rôle des cascades de désintégrations
nucléaires. Et d’autre part une publication récente de Maze [14j montre l’existence des effets nucléaires des mésons
sous le sol.
696
M.
Auger
nous asuggéré
que ceparallélisme
entre le flux de mésons et les coïncidences observéespouvait
être fortuit etprovenir
des conditionsexpérimen-tales. En
effet,
si la densité moyenne desparticules
parcompteur
(I20 cm2)
est voisine del’unité,
ainsiqu’il
résulte de la valeur durapport
entre les coïn-cidencestriples
etquadruples,
les effets observés varient sensiblement comme lesangles
solides,
loi que suitégalement
le flux des mésons. Notonscependant,
pour autant que lepermette
lagrandeur
des erreursprobables,
que les effets locaux diminuent moins vite quel’angle
solide(fig.
5),
cecipourrait
être attribué à deux causes :D’abord la densité moyenne des effets
locaux,
qui
estsupérieure
à l’unité.Ensuite,
lamultipli-cation en cascade des effets nucléaires
(étoiles
associées),
qui
peut
surcompenserl’absorption
desparticules.
Conclusions. - On
peut
tirer de l’ensemble de cesexpériences
les conclusions suivantes :Les coïncidences entre trois
compteurs
proches
(séparés
par moins de 5 cm deplomb)
sont dues essentiellement aux électrons de choc des mésons.Environ
85 pour oo des coïncidences entrecompteurs
nonalignés placés
dans un bloc deplomb
à des distances de l’ordre de 2ocm sont dues à des effets nucléaireslocaux, i5
pour 10o au maximum des coïncidencesprovenant
degerbes pénétrantes
del’air;
les résultats obtenus sontcompatibles
avecl’hypothèse
derayonnements
sensiblementisotropes
possédant
une loi de distribution en densités voisine de celle des bursts.Si ces effets locaux varient en raison inverse du carré de la distance entre
compteurs,
étant donnéle
pourcentage
observé pour 20 cm à 6o cm d’écar-tement entre lescompteurs,
ils doivent encore être de l’ordre degrandeur
des effetspénétrants
de l’air. Il résulte des travaux récents sur les étoiles nucléaires degrande énergie
et notamment de ceux de l’école de Bristol(Powell
et coll.[11])
que, sous lesphénomènes
degrande énergie,
laplus
grande partie
de celle-ci estemportée
par lesfais-ceaux de
particules
à faibledivergence
et que celles-cisont,
engrande majorité,
des mésons 1r. Il semble donc que la source de ces effetsdivergents
doive,
à
part
les effetsprobables
des neutrons et des mésons neutres, être recherchée dans les effets de ces mésons 1r, soit par l’existence depinceaux multiples,
dont on
possède quelques exemples,
soit,
pour laplus
grande
partie,
dans les effets secondaires de cesmésons,
étoiles associées etproduits
dedésinté-gration
(1).
On doit alors s’attendre à un effet depro-jection
versl’avant,
cequi
entraînerait l’extension vers le haut de la zone efficace deproduction
desparticules
et parsuite,
si la loi de distribution en densité a bien la forme que nous avonsadmise,
une valeurplus
forte de sonexposant.
Quels
que soient les mécanismesqui
interviennent dans la création de ces effetslocaux,
le résultat essentiel de cesexpériences
est de montrerqu’une
particule
degrande énergie pénétrant
dans un écran denseagit,
non seulement lelong
de son parcoursgéométrique,
mais à distance decelui-ci,
par ses effets secondaires. On lève ainsi les diffi-cultés
auxquelles
se heurtel’explication
des coïn-cidences entrecompteurs
noyés
dans un bloc deplomb,
par les seuls effetspénétrants
de l’air et dont la densité extérieure à l’écran devrait être biensupérieure
à celle que l’on observe effecti-vement.Manuscrit reçu le 5 août i 95c.
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