A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
P. V INCENSINI
Sur trois types de congruences rectilignes
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 3
esérie, tome 19 (1927), p. 93-166
<http://www.numdam.org/item?id=AFST_1927_3_19__93_0>
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SUR TROIS TYPES DE CONGRUENCES RECTILIGNES
PAR M. P. VINCENSINI
Professeur agrégé au Lycée de Bastia.
Le
but essentiel duprésent
travail est d’établir entre troistypes intéressants
decongruences
rectilignes, des
relationsgéométriques, liant intimement
leursétudes,
;et qui,
bien quesimples,
ne semblent pas encore avoir été observées._
Il,s’agit
des congruences : ,’
à surface moyenne
plane,
.à
enveloppée
moyennepoint,
.’ ’
à
foyers
associés(situés
sur un mêmerayon) équidistants
d’une droite fixe.-
Les deux
premiers types de
congruences, sont loin d’être nouveaux.L con-
.
gruences à surface moyenne
plane,
ont été étudiées par C.Guichard,
dans une Note intitulée : : Scir lescongruences
dont las’urjace moyenne
ést unplan (Comptes
rendusde l’Académie des
Sciences, CXIV,
p.7~g).
Dans cette
Note,
l’auteurindique
uneconstruction géométrique
descongruences
en
question,
que nous aurons l’occasion derappeler,
etqui
serattache,
comme lemontre Darboux
(Théorie
desSurfaces,
tomeIV,
p.go),
a un théorème sur les cor-respondances
par éléments linéairesorthogonaux
entre deux surfaces.Les congruences dont
l’enveloppée
moyenne(enveloppe
duplan perpendiculaire
àchaque
rayon au milieu dusegment focal),
est unpoint,
ont étéétudiées,
dans le casparticulier
des congruences de normales par :,
Ribaucour
(Mémoire
sur la théoriegénérale
dessurfaces courbes; chap.
m, Journalde
mathématiques
pures etappliquées,
tomeVII,
4esérie);
M. P.
Appell (Surjaces
telles quel’origine
seprojette
surchaque
normale au milieudes centres de courbure
principaux;
Americanjournal
ofMathematics,
tomeX,
p.
175, 1 888) ;
_94
M. E. Goursat
(Surfaces
telles que la somme des rayons de courbureprincipaux
estproportionnelle
à la distance d’unpoint fixe
anplan tangent ;
même recueil et mêmetome, p.
187).
Enfin M. L.
Bianchi,
dans ses «Leçons
degéométrie
différentielle », déduit des formulesgénérales
deSannia,
toutes les congruences àenveloppée
moyennepoint, auxquelles
il donne le nom de congruencesd’Appell généralisées.
Les congruences à
foyers
associéséquidistants
d’une droitefixe,
sontpeut-être
d’un
type
nouveau.Leur étude se
présente
naturellement àl’esprit
comme constituant uncomplément
presque nécessaire à l’étude des deux
premiers types
de congruences, que l’onpeut
définir en disant :pour le
premier,
que deuxfoyers
associésquelconques
sontéquidistants
d’unplan
fixe(nous
omettons le cassimple
où les rayons sontparallèles
a un mêmeplan) ;.
pour le
deuxième,
que deuxfoyers
associés sontéquidistants
d’unpoint
fixe.Dans chacune des études
qui
viennent d’êtresignalées,
letype
de congruence dont il estquestion
est examinéisolément, indépendamment
de ses relations avec’
les deux
autres,types.
C’est en nous demandant sil’analogie
des énoncéscorrespondant
aux trois
problèmes
ci-dessus n’entraînerait pas des liens entre leurs solutions quenous avons été conduit au
développement qui
va suivre.La
première partie
de cedéveloppement
estpurement géométrique.
L’étude des troistypes
de congruencess’y
trouve rattachée à unsujet unique : le problème
de ladétermination des
correspondances
par aires constantes entre deuxplans.
’ C’est à cette circonstance
qu’est
due lasimplicité
aveclaquelle
onpeut
passer de l’un des troistypes
de congruence aux autres.Dans la deuxième
partie,
l’étude des liensqui
existent entre les troistypes
de congruences, estreprise analytiquement
etprécisée, grâce
àd’intéressantes interpré-
tations
géométriques
des résultats fournis par le calcul.PREMIERE
PARTIE[1] Envisageons
unecongruence rectitigne quelconque,
et supposons ses ~2 rayons,coupés
par deux surfaceségalement quelconques
S et S’ . Sil’on
fait secorrespondre
deux à deux les
points M, M’,
où les différents rayons de la congruencecoupent
lessurfaces S et
S’,
on obtient unecorrespondance ponctuelle
entre les deux surfaces.Considérons l’ensemble des rayons de la congruence
compris
à l’intérieur d’une surfaceréglée
formée par les rayons de la congruences’appuyant
sur un contourfermé,
tracé surS,
de dimensions infinimentpetites.
Un tel ensemble de rayons,qui
est cequ’on appelle
unpinceau infiniment
délié de la congruence,découpe
surla surface S’un contour
homologue
de celui que l’on aenvisagé
sur S.Conformément à
l’habitude,
convenons de dire que lerapport
des aires ds’ etds,
limitées par les contoursprécédents
sur les deux surfaces S’ etS,
estpositif, lorsque,
un
point
décrivant l’un des contours dans un sensquelconque,
lepoint homologue
décrit le contour
homologue
dans le même sens autour deMM’, négatif
dans le cas contraire. Choisissons en outre sur MM’ un senspositif quelconque
d’ailleurs.Il
existe entre
les éléments d’airehomologues
ds’ etds,
les distancesalgébriques
des
points
M et M’ auxfoyers
du rayonMM’,
et lesangles aigus
6’ et 9, forméspar les normales aux surfaces S’ et S en M’ et
M,
avec le rayonM M’,
unerelation, conséquence
immédiate d’un théorème deKummer,
dont la considération vapréci-
sément servir de
point
dedépart
à l’étude que nous nous sommesproposée.
[2] Menons,
par le centre d’unesphère
de rayon i, desparallèles
auxgénéra-
trices de la surface
réglée qui
limite lepinceau
infiniment délié entourant le rayonMM’,
dont il a étéquestion plus haut;
nous obtenons ainsi un côneélémentaire, qui
détache sur la
sphère
une certaine aire de. La section dupinceau
par unplan perpendiculaire
àMM’
en unpoint quelconque P,
a une certaine aire da. Si l’on convient de dire que lerapport
des aires dE et da estpositif lorsque
lespoints homologues
des contoursqui
limitent dE et da tournent dans le même sens autourde MM’ et de sa
parallèle
menée par le centre de lasphère (les
deux droitesprécé-
dentes sont
supposées
orientéespositivement
dans le mêmesens), et négatif
dans lecas
contraire,
onpeut
énoncer le théorème suivant dû à Kummer(!) :
:(1) Allgemeine
Theorie derGeradlinigen Strahlensysteme (Crelle’s
Journal, B.57).
[4] Élude
dupremier problème.
- Soient2)
P et P’ deuxplans parallèles quelconques. Supposons
trouvée une congruence(G) répondant
à laquestion.
~
FIG. 2.
Soient M et M’ les
points
où l’unquelconque
de ses rayons coupe P etP’,
F et F’les
foyers
de ce rayon; si ds et ds’ sont les deux éléments d’airehomologues,
lacondition :
qui
s’écrit :exige
que F et F’ soientsymétriques
parrapport
au milieu 1 dusegment
MM’.Lorsque
le rayon MM’ de la congruencevarie,
lepoint
1 sedéplace
dans leplan parallèle
à P et à P’ etéquidistant
de P et de P’. ’On
peut
donc dire de la congruence(G) qu’elle
admet unplan pour surface
moyenne.
’
Réciproquement d’ailleurs,
à toute congruence admettant unplan pour
surfacemoyenne, sont attachées une infinité de
correspondances
par aires constantes entre deuxplans.
Ilsuffit,
pour en avoir une, de couper la congruence par deuxplans parallèles quelconques symétriques
parrapport
auplan
moyen, et de faire se corres-pondre
lespoints
où un même rayon coupe les deuxplans.
On a en effet dans ces conditions :
‘
[3]
Sil’on
se donne une fois pour toutes les deux -surfaces S etS’,
et si l’on’envisage
toutes les congruencesrectilignes
del’espace,
onpeut
dire que toutes ces congruences vérifient la relation(r).
Il est assez naturel de rendre cette relation aussisimple
quepossible,
endisposant
convenablement des surfaces S et S’.En
cherchant,
parexemple,
à éliminer de la relationprécédente
lerapport
cos 03B8’ cos 03B8, on est conduit à
prendre
pour S etS’,
soit unsystème
de deuxplans paral- lèles,
soit unesphère (les points homologues
surchaque
rayon sont dans ce cas les deuxpoints
d’intersection du rayon avec lasphère),
soit uncylindre de révolution (les
deuxpoints homologues
surchaque
rayon sont alors les deuxpoints
d’inter-section du rayon avec le
cylindre).
Dans ces trois cas, on a 0 =
6’,
et la relation(i)
s’écrit :La relation
(~) s’applique
à loules les congruencesrectilignes’),
Pour isoler del’ensemble des congruences
rectilignes,
celles dont nous nous sommesproposé l’étude,
il suffitmaintenant,
comme on va levoir,
d’introduire la condition fortsimple :
Ayant égard
aux trois choixdifférents
descouples
de surfaces S etS’, qui
ontconduit à la relation
(2),
nous allons étudier les troisproblèmes
suivants : :PROBLÈME I : Recherche des congruences
rectilignes
déterminant sur un sys- tème de deuxplans parallèles quelconques
.descorrespondances
par aires constantes.PROBLÈME II : : Recherche des congruences
rectilignes
déterminant sur unesphère quelconque
desco’respondances
par aires constantes.PROBLÈME III : Recherche des congruences
rectilignes
déterminant sur uncylin-
dre de révolution
quelconque
descorrespondances
par aires constantes.Dans les trois cas,
l’égalité
de deux aireshomologues ayant
lieu en valeuralgé-
. d5’
brique : ~S
== -{- r ..[4] Étude
dupremier problème.
- Soient(fig. 2)
P et P’ deuxplans parallèles quelconques. Supposons
trouvée une congruence(C) répondant
à laquestion.
FIG. 2.
Soient M et M’ les
points
oùl’un quelconque
de ses rayons coupe P etP’,
F et F’les
foyers
de ce rayon; si ds et ds’ sont les deux éléments d’airehomologues,
lacondition :
qui
s’écrit :exige
que F et F’ soientsymétriques
parrapport
au milieu 1 dusegment
MM’.Lorsque
le rayon MM’ de la congruencevarie,
lepoint
1 sedéplace
dans leplan parallèle
à P et à P’ etéquidistant
de P et de P’.On
peut
donc dire de la congruence(G) qu’elle
admet unplan
pour surfacemoyenne. >
Réciproquement d’ailleurs,
à toute congruence admettant unplan pour
surfacemoyenne, sont attachées une infinité de
correspondances
par aires constantes entre deuxplans.
Ilsuffit,
pour en avoir une, de couper la congruence par deuxplans parallèles quelconques symétriques
parrapport
auplan
moyen, et de faire se corres-pondre
lespoints
où un même rayon coupe les deuxplans.
On a en effet dans ces conditions :
et par suite,
d’après
la formule(2) :
Le
problème
que l’on s’estposé prend
donc la forme intéressante suivante : . Déterminer toutes les congruencesrectilignes
àsurface
moyenneplane.
[5]
Leproblème
de la détermination descongruences rectilignes
à surfacemoyenne
plane
a été étudié par C.Guichard,
dans une note que nous avons citée.A la construction de ces congruences
pouvant
serattacher,
comme nous le verronsplus loin, les
constructions des congruences àenveloppée
moyennepoint
et àfoyers
associés
équidistants
d’une droitefixe,
nous allons larappeler rapidement.
’
Elle est basée sur le théorème suivant
(DARBOUX,
t.IV,
p.61) :
« Si deux
surfaces (S)
et(S’)
secorrespondent
avecorthogonalité
des élémentslinéaires,
la droitemenée par
unpoint
de l’une d’elles(S’), parallèlement
à la normaleau
point correspondant
del’autre, engendre
une congruence dont(S’)
est lasurface inoyenne. »
Ce théorème étant
admis,
on en déduit ainsi les congruences cherchées :Soient
(S)
et.(P)
une surface et unplan quelconques,
et(d)
une droite fixe per-pendiculaire
auplan (P).
Si l’on fait tourner’(S)
dego°
autour de(d),
et si l’onprojette
ensuite les différentspoints
de la surface dans sa nouvelleposition,
sur leplan
P, on établit unecorrespondance
entre lespoints
de la surface initiale(S)
etceux du
plan (P).
Cettecorrespondance
est unecorrespondance
par éléments linéairesorthogonaux,
comme on le constate aisément. Il suffit donc, en vertu du théorèmeénoncé,
de mener parchaque point
de(P)
laparallèle
à la normale à(S)
aupoint correspondant
pour avoir une congruence admettant leplan (P)
pour surfacemoyenne. ,
En faisant varier la surfaee
(S),
on obtient par ceprocédé
toutes les congruences à surface moyenneplane.
Il résulte de ce
qui précède, qu’une
nouvelle solution duproblème
de la déter-mination de toutes les congruences à surface moyenne
plane,
repose sur la considé- ration de toutes lescorrespondances
par aires constantes entre deuxplans.
Envisageons
une tellecorrespondance
entre deuxplans (P)
et(Q).
Si l’onplace
les deux
plans (P)
et(Q) parallèlement
l’un àl’autre,
defaçon
que deux contourshomologues
soient parcourus dans le même sens pardeux points homologues,
lesdroites
joignant
lescouples
depoints homologues
sont les rayons d’une congruencepossédant
lapropriété indiquée;
la surface moyenne de cette congruence est leplan
équidistant
desplans (P)
et(Q)..
~Remarquons
que les congruences à surface moyenneplane jouissent,
de la pro-priété
évidente de se transformer en des congruences du mêmetype, lorsqu’on
lessoumet à une
homographie quelconque
conservant leplan
de l’infini.Ainsi,
toutecongruence formée par les
tangentes
communes à deuxsphères
admettant pour surface moyenne le,plan
radical des deuxsphères,
et la transformationhomogra-
’ phique
laplus générale
conservant leplan
dél’infini,
transfortnant les deuxsphères
en deux
quadriques homothétiques,
onpeut
dire que la congruence formée par lestangentes
communes à deuxquadriques homothétiques quelconques
est une con-gruence à surface moyenne
plane.
‘ .Signalons enfin,
à propos decorrespondances
par aires constantes entre’deux * plans,
la constructiongéométrique simple
suivante :Sur deux
plans parallèles (R)
et(S), symétriques
parrapport
auplan équidistant
de deux
plans parallèles
donnés(P)
et(Q) [ fig. 3],
traçons deux courbesquelcon-
FIG. 3.
ques
(C)
et(C’) ;
les droites FF’, joignant
unpoint quelconque
de(C)
à unpoint
’
quelconque
de(C’),
déterminent sur(P)
et(Q)
deuxpoints
M et M’ secorrespondant
avec
égalité
des aires(’).
~
e) Il suffit de supposer que les quatre plans de la figure 3 viennent se confondre en un
seul, pour obtenir des correspondances par aires constantes entre deux points d’un plan,
faciles à réaliser pratiquement.
Pour avoir,
parexemple,
unecorrespondance algébrique
conservant les aires entre lespoints des plans (P)
et(Q),
iln’y
aqu’à prendre
pour(G)
et(G’)
descourbes
algébriques.
[6] Étude du
deuxièmeproblème.
- Considérons unesphère quelconque (S) (fig. Supposons
trouvée une congruencerectiligne
dont les rayonscoupent (S)
.en deux
points
M et M~ secorrespondant
de tellefaçon
que deux aireshomologues quelconques
de(S)
soientégales ~ 20142014= + ~ ) ’
.Désignons
par F et F’ lesfoyers
du rayonMM’,
on a :,par suite :
Cette dernière
égalité
montre que lespoints
F et F’ sontsymétriques
par rap-port
au milieu 1 dusegment MM’.
,
~
FIG. 4.
Il revient évidemment au même de dire que le
plan perpendiculaire
au milieudu
segment
focal FF’ passe par le centre 0 de lasphère. Ainsi,
les congruences .-cherchéesjouissent
de cettepropriété
que leplan perpendiculaire
au milieu d’unsegment focal quelconque
passe par le centre de lasphère ;
ce sont des congruences admettant pourenveloppée
moyenne lepoint 0,
centre de lasphère.
, ,Réciproquement, d’ailleurs,
si lesplans perpendiculaires
aux milieux des seg- ments focaux d’une congruencerectiligne passent
par unpoint
fixede l’espace, 0,
la congruence détermine sur toute
sphère ayant
pour centre lepoint
t 0 une corres-pondance
par aires constantes.On a en effet dans ces conditions :
par suite :
et
d’après (2) :
Il y a donc identité entre le
problème
de la recherche de toutes les correspon- dances par aires constantes sur unesphère
et celui de la recherche des congruencesrectilignes
dont lesplans perpendiculaiers
aux milieux dessegments
focauxpassent
par un
point
fixe(congruences
àenveloppée
moyennepoint).
Le
problème
que l’on s’estposé prend
donc la forme intéressante suivante : :Déterminer toutes les congruences
rectilignes
àenveloppée
moyennepoint.
Il est assez
remarquable
que les deuxproblèmes
de la recherche des correspon- dances par aires constantes entre lespoints
de deuxplans (on peut
évidemment dire d’un mêmeplan),
et de la recherche descorrespondances
par aires constantes entre lespoints
d’une mêmesphère, correspondent respectivement
à uneparticularité
extrêmement
simple
des deux surfaces moyenne etenveloppée
moyenne que Ribau-cour a introduites dans la théorie des congruences
rectilignes.
[7]
Les congruences dontl’enveloppée
moyenne est unpoint
ont été étudiées dans le casparticulier
des congruences de normales par Ribaucour et MM.Appell
et Goursat dans des notes que nous avons
signalées.
M. L.Bianchi,
dans ses « Le-çons de
géométrie
différentielle ))(T. I.),
étudieprécisément
les congruences rales àenveloppée moyenne point
dont nous nous occupons(congruences d’Appell généralisées).
Dansl’ouvrage cité,
les congruencesd’Appell généralisées
sontdéduites des formules
générales auxquelles
Sannia a été conduit en cherchant à caractériser une congruencerectiligne
par deux formes différentiellesquadratiques.
M. Bianchi
indique
lapropriété
quepossèdent
les congruencesd’Appell généra-
lisées,
de déterminer sur toutesphère ayant
pour centre lepoint
par oùpassent
lesplans perpendiculaires
aux milieux dessegments focaux,
descorrespondances
par aires constantes; il dit que cettepropriété
n’est pascaractéristique
des congruencesd’Appell généralisées
etsignale
l’existence d’une autre famille de congruences _rectilignes jouissant
de la mêmepropriété.
Cette deuxième famille est celle pourlaquelle
lerapport
de deux aireshomologues
estégal
à - 1( dS
== 2014i
. Maison
peut
remarquerqu’étant
donnée une congruencerectiligne
de la secondefamille,
il suffit deremplacer
l’un des deuxsystèmes
depoints
déterminés à l’entrée et à la sortie sur lasphère
attachée à la congruence par les rayons de cettedernière,
par lesystème symétrique
parrapport
à unplan
diamétralquelconque,
pour transformer cette congruence en une congruenced’Appell généralisée.
Un
procédé géométrique permettant
deconstruire
un nombre illimité de con-gruences
d’Appell génépalisées
est basé sur la considération d’unecorrespondance
par aires constantes très
simple
entre deuxpoints
d’unesphère,
que nous allons’
rapidement
exposer.Signalons
d’abord le théorèmesuivant,
bien facile à établir d’ailleurs :«
Étant donnés,
un conoïde droit d’axe(A)
dont lesgénératrices s’appuient
surun contour fermé
(C),
et une série desphères,
.ayant
leurs centres sur(o)
etde
rayonsrespectifs,
transpercées
par leconoïde,
si l’ondésigne
parles aires
découpées
par le conoïde sur lessphères,
on a :,(les
aires sontproportionnelles
aux rayons dessphères correspondantes).
Ce théorème étant
admis, envisageons
deuxsphères concentriques (E)
et(E’),
de centre
0,
et soit(d)
un diamètre commun. Soit d’autrepart (C)
un contourquelconque
tracé sur(E),
enfermant une airesphérique S;
si(C’)
est laprojection
conoïdale de
(C)
sur(~’) (l’axe
deprojection
est(d)
et lesprojetantes
sont perpen- diculaires à(A)), et
si S’ estFaire sphérique
enfermée dans(C’)
onpeut
écrire :R et R’ étant les rayons de
(E)
et de(E’);
ou encore :Dans
l’expression
de S’ n’interviennent queS,
R’ etR;
S’ nedépend
donc pas de la direction de(A),
et l’onpeut
énoncer le théorème suivant : :Un contour
sphérique quelconque
seprojette
sur unesphère concentrique quelconque
suivant des contours
équivalents,
lesprojections
étantfaites
au moyen de conoïdes droits d’axesquelconques passant
par le centre de lasphère.
Le théorème
précédent
n’est vrai naturellement que dans les limites où les.conoïdes
projetants percent
lasphère
surlaquelle
s’effectuent lesprojections;
ilconstitue une
généralisation
immédiate de lapropriété
quepossède
un contourplan
de se
projeter
sur unplan parallèle
au sien(projection cylindrique)
suivant des- contourséquivalents (égaux).
,De ce théorème résulte une construction
simple
d’une infinité de congruences-d’Appell généralisées :
Associons à la
sphère (S) ( fig. 5),
unesphère concentrique quelconque
unplan
diamétral fixequelconque (P),
et deux diamètres fixesquelconques (D)
et(A).
Fic.5.
Prenons sur
(~)
unpoint quelconque projetons
~. sur lasphère (S),
enMy.
perpendiculairement
à(D), (M
est l’unquelconque
des deuxpoints
où laprojetante
du
point
~, coupe(S)), et en’M, perpendiculairement
à(~).
Nous établissons ainsiune
correspondance
entre les deuxpoints
M et de(S).
Les aires de deux contours
homologues
sur(S),
étantd’après
cequi précède,
, dans le même
rapport
avec l’airecorrespondante
sur(E),
ces deux contours limitentla même aire
sphérique,
et lacorrespondance
entre M etMt
est unecorrespondance
par aires constantes. .
On voit sans difficulté que le
rapport
de deux éléments d’airehomologues
estnégatif.
La congruence des droitesM M, correspondant
aux différentspoints ~
de(~),
est une
congruence
du deuxièmetype signalée
par M. Bianchi. Pour avoir unecongruence
d’Appell généralisée,
ilsuffit,
comme nous l’avons fait remarquerplus haut,
deremplacer M,
par sonsymétrique
M’ parrapport
auplan (P).
Deux con-tours
homologues
de(S)
sont tels cettefois,
que lerapport
de leurs aires estégal
à +1, et la congruence des droites MM’ est bien une congruence
d’Appell généra-
lisée. En faisant varier
(D)
et(~),
on obtient par leprocédé indiqué
autant decongruences
d’Appell généralisées
que l’on veut. ,Indiquons à
propos descorrespondances
par aires constantes entre deuxpoints
d’une
sphère,
la constructiongéométrique simple
suivante :Soit une
sphère (S) quelconque ( fig. 6); envisageons
unesphère concentrique
à
(S),
soit(~);
traçons sur(E)
deux courbesquelconques (C)
et(C’),
et consi-FIG. 6.
dérons
la congruencerectiligne
formée par les droitess’appuyant
sur(C)
et(C’);
si l’on
désigne
par M et M’ lespoints
où l’un des rayons de cette congruence(FF’)
perce la
sphère (S),
on a manifestement :La
correspondance qui
existe entre M etM’ ,
conserve les aires. Achaque couple
de courbes
sphériques
.tracées sur(E)
est donc attachée unecorrespondance
par aires constantes sur(S).
’
Pour avoir des
correspondances algébriques,
il sumra de définir la congruencerectiligne (M M’)
par deux contours(C)
et(C’)
eux-mêmesalgébriques.
.
[8] Êtude
du troisiémeproblème.
- Considérons maintenant uncylindre
derévolution
quelconque (C) (fig. 7),
et supposons trouvée une congruencerectiligne
dont les rayons déterminent sur le
cylindre
unecorrespondance
par aires cons-tantes (ds’ ds
= + 1 .’ FIG. 7.
Désignons
par F et F’ lesfoyers
du rayonMM’,
on a, comme dans les deuxproblèmes précédents :
d’où :
et les deux
segments
M M’et F F’ ont le même milieuIl revient évidemment au même de dire que F et F’ sont à la même distance de l’axe 0394 du
cylindre (C).
’
Les congruences cherchées
jouissent donc
de cettepropriété
que deuxfoyers
associés
quelconques,
sont à la même distance de la droite A(axe
ducylindre).
Réciproquement d’ailleurs,
si deuxfoyers
associésquelconques
d’une congruencerectiligne
sontéquidistants
d’une droite fixe A del’espace,
la congruence déterminesur tout
cylindre
de révolutionayant
pour axe la droite fixe d, unecorrespondance
par aires constantes
(ds’ ds = +
1 .Il y a identité entre le
problème
de la recherche de toutes lescorrespondances
par aires constantes entre deux
points
d’uncylindre
derévolution,
et celui de la re-cherche des congruences
rectilignes
àfoyers
associéséquidistants
d’une droite fixe.Le
problème à
résoudreprend
donc la forme suivante : :Déterminer toutes les
congruences rectilignes
àfoyers
associéséquidistants
d’unedroite fixe.
. Ce
problème
sera étudiéplus
loin en détail. Nous donnerons alors les formulesgénérales définissant analytiquement
les congruences du nouveautype, lesquelles formules
mettront enévidence
des liens étroits entre ces congruences et celles dont il a étéquestion précédemment.
,L’existence de relations entre les trois
types
de congruencesqui
fontl’objet
del’étude
actuelle, peut
aussi s’établir par des considérationsgéométriques
extrême-ment simples.
’
Nous verrons dans les
paragraphes
suivants comment onpeut
passer de la cons- truction des congruences à surface moyenneplane,
à celle des congruences à enve-loppée
moyennepoint,
et à celle des congruences àfoyers
associéséquidistants
d’une~ droite
fixe,
par desimples procédés géométriques.
Signalons,
avant d’aborder cette nouvellequestion,
leprocédé simple suivant, analogue
à ceuxqui
ont étéindiqués
à propos des deuxproblèmes précédents,
pour obtenir descorrespondances
par aires constantes entre deuxpoints
d’un mêmecylindre
de révolution :Sur un
cylindre
de révolutionquelconque,
coaxial aupremier,
traçons deuxcourbes
quelconques:
les rayons de la congruencerectiligne,
admettant ces deuxcourbes pour courbes
focales,
déterminent sur lepremier cylindre
une correspon- dance par aires constantes. Lacorrespondance
estalgébrique
si les deux courbesenvisagées
le sont.[9] Rapprochements
entre les solutions des troisproblèmes précédents.
- Nousvenons de ramener le
problème
de la détermination des congruences à surfacemoyenne plane,
à celui de la détermination descorrespondances
par aires constantes entre deuxpoints
d’un mêmeplan;
celui de la détermination des congruences àenveloppée
moyennepoint,
àcelui
de la détermination descorrespondances
paraires constantes entre deux
points
d’une mêmesphère;
et celui de la détermination des congruences àfoyers
associéséquidistants
d’une droitefixe,
à celui de la déter- mination descorrespondances
par aires constantes entre deuxpoints
d’un mêmecylindre
de révolution.Dans
chaque
cas, on est conduit à rechercher toutes lescorrespondances
par aires constantes entre deuxpoints
d’une certainesurface,
c’est-à-dire en somme àun
problème
de natureanalytique
bien déterminée.La solution de ce
problème dépend,
comme on lesait,
d’une fonction arbitraire de deux variablesindépendantes ;
onpeut
donc dire que les trois familles de con- gruences .dont il estquestion présentent
le mêmedegré
degénéralité ;
chacune d’elles ’dépend
d’une fonction arbitraire de deux variables.Dans le cas des congruences à surface moyenne
plane,
parexemple,
onpeut
voirl’image
de cette fonction arbitraire dans la surface arbitrairequi
intervient dans la constructionqui
a étérappelée
au n° 5.Envisageons
maintenant unplan,
unesphère
et uncylindre
de révolution. On saitreprésenter
l’unequelconque
de ces trois surfaces sur les autres avecégalité
des éléments
superficiels homologues.
On pourradonc,
si l’on veut, ramenerla
recherche des
correspondances
par aires constantes entre deuxpoints
d’une mêmesphère,
ou d’un mêmecylindre
derévolution,
à la recherche descorrespondances
par aires
constantes
entre deuxpoints
d’un mêmeplan; c’est-à-dire,
la recherchedes congruences à
enveloppée
moyennepoint
et àfoyers
associéséquidistants
d’une ,droite
fixe,
à la recherche des congruences à surface moyenneplane.
Dans
le paragraphe qui suit,
nous mettons àprofit
les observationsprécédentes,,
et nous montrons comment on
peut
effectivement passer de l’une des trois familles de congruences aux autres.[10] Imaginons
unecorrespondance quelconque,
que nousdésignerons
par(C),
entre les
points
d’unplan
et d’unesphère,
danslaquelle
les élémentssuperficiels homologues
ont même aire.(C)
transforme unecorrespondance quelconque
paraires constantes entre les
points
de lasphère,
en unecorrespondance
par aires cons-tantes entre les
points
duplan
(ou cequi
revient aumême,
entre lespoints
de deuxplans distincts),
et inversement. ,Soit dès lors une congruence
(r)
à surface moyenneplane (~) quelconque.
Coupons
les rayons de cette congruence par deuxplans parallèles (P)
et(P’), symé- triques
parrapport
auplan
moyen ; nous obtenons ainsi dans(P)
et(P’)
deux sys- tèmes depoints
secorrespondant
avecégalité
des aireshomologues
+I
.Soient d’autre
part
unesphère quelconque (S)
de centre0,
et une correspon-v
dance
(C)
de naturebien déterminée, permettant
dereprésenter (P)
et(P’)
sur(S)
.avec
égalité
des aireshomologues.
’ .A
tout
rayon de la congruenceprécédente (r), coupant (P)
et(P’)
en M etM’, (C)
faitcorrespondre
unedroite,
mm’, joignant
lespoints
m et m’qui
corres-pondent
sur(S) respectivement
à M et à M’. Cette droiteengendre
une congruence bien déterminée. Les rayons de cette nouvelle congruence déterminent sur(S)
une’
correspondance
par aires constantes. Si donc(C)
est telle que non seulement les aireshomologues
sur(S)
soientégales,
mais que leurrapport
soitpositif,
onpeut
dire que la congruence
engendrée
par m m’est une congruence dontl’enveloppée
moyenne est un
point,
lepoint
0 .Si l’on
imagine
que(P), (P’)
et(S)
restent fixes dansl’espace,
et que l’on rem-place
la congruence(r)
par toutes les congruences dont la surface moyenne est leplan (~), congruences’dont
la construction a étérappelée,
on voit que l’on obtien-dra,
àpartir
de ces congruences, et par l’intermédiaire de lacorrespondance (C),
toutes les congruences
dont l’enveloppée
moyenneest
lepoint
0.En
réalité,
leprocédé qui
vient d’êtreexposé
ne donne pas la construction de tous les rayons d’une congruencedu type précédent;
seulspeuvent
être construitsceux
de]ces
rayonsqui coupent
lasphère (S);
son intérêt estcependant manifeste,
il permet de construire des
portions
de toutes les congruences dontl’enveloppée .
moyenne est un
point.
Lesportions
de congruences obtenues seront d’ailleurs d’autantplus grandes
que le rayon de lasphère (S)
aura étépris plus grand.
Pour que le
procédé qui
vient d’êtreindiqué
pour construiregéométriquement
les congruences dont
l’enveloppée
moyenne est unpoint puisse
êtreappliquée
effec-tivement,
iln’y
aplus qu’à
faire un choix pour lacorrespondance
que nous avonsappelée (C).
Cette
correspondance
est enprincipe quelconque;
nous en choisirons une baséesur la considération d’une courbe intéressante à
quelques égards,
la trisécante de.Delanges (’) d’équation polaire :
courbe
qui
se construit trèssimplement
àpartir
du cercle de centre 0 et de rayon Rfiguré.
Considérons la
sphère (S)
de centre 0 et de rayonR,
et la surface de révolution(T) engendrée par la
trisécante en tournant autour deOz,
etenvisageons
unplan quelconque perpendiculaire
à Oz.On sait que si l’on
prend
dans leplan précédent,
à l’intérieur du cercle déter-(t)
G. LORIA. Ebene Kurven, Leipzig, 1902, p. 2 15.miné
dans ceplan
par lecylindre asymptote
de la surface(T),
unpoint quelconque M,
si l’on élève en M laperpendiculaire
auplan,
et si l’onjoint
son intersection [J.avec
(T)
au centre 0 de(S), O
perce lasphère
en unpoint
mqui correspond
àM dans une
correspondance
par aires constantes entre lasphère
et leplan.
FIG. 8.
Cela
étant, envisageons
deuxplans parallèles fixes, (P)
et(P’),
et construisonsune congruence
quelconque (r)
admettant pour surfacemoyenne
leplan (?:) équi-
distant de
(P)
et de(P’).
Les rayons de(r)
déterminent unecorrespondance
par aires constantes entre lespoints
de(P)
et de(P’).
Attachons
( fig. 9)
à l’ensemble des deuxplans (P)
et(P‘)
lafigure
de révolution formée par lasphère (S)
et la surface(T)
dont il vient d’êtrequestion,
l’axe derévolution étant
perpendiculaire
à(P)
et à(P’).
Si l’on considère un rayon
quelconque
de la congruence(r) coupant (P)
et(P’)
en des
points
M etM,
situés à l’intérieur des cercles(G)
et(G’)
déterminés par lecylindre asymptote
de(T)
sur(P)
et(P’),
et si l’onconstruit,
comme il vient d’êtreexpliqué,
par l’intermédiaire de(T),
lespoints m
et mtqui correspondent
respec- tivement à M etM~
avecégalité
desaires, m
et mi secorrespondent
sur(S)
avecégalité
des aires.,
La congruence dont les rayons sont les différentes droites mm! détermine sur
(S)
unecorrespondance
par aires constantes.Cette congruence n’est pas une congruence à