1030
Revue Médicale Suisse–
www.revmed.ch–
9 mai 2012actualité, info
revue de presse
Le managed care pourrait augmenter les hospitali- sations
Depuis l’entrée en vigueur du nou
veau financement hospitalier en jan vier dernier, les cantons et les con tribuables prennent en charge en viron la moitié des frais lorsqu’un patient séjourne à l’hôpital et les caisses maladie payent le reste. Lors d’un traitement ambulatoire, les as
surances s’acquittent par contre de l’entier des coûts.
Actuellement, les médecins n’ont aucun intérêt financier à envoyer leurs patients à l’hôpital. Mais cela pourrait être parfois le cas si le «oui»
passe la rampe le 17 juin, puis qu’ils devront travailler avec un budget.
Le budget couvre seulement la part des caisses maladie prévue pour les séjours hospitaliers, soit environ la moitié des coûts. «Les médecins dans les réseaux de soins peuvent faire des économies lorsqu’un pa
tient séjourne à l’hôpital. Le canton paie la moitié», dit Jacques de Hal
ler, président de la Fédération des médecins suisses (FMH), qui sou
tient le référendum contre le «ma
naged care».
L’économiste de la santé indépen
dant Willy Oggier partage cette crain
te. Le problème réside dans le fait
62_63.indd 1 07.05.12 11:58
Revue Médicale Suisse
–
www.revmed.ch–
9 mai 20121031
que les médecins doivent gérer un budget dont ils assument la respon
sabilité, estimetil dans un entretien avec l’ATS. Avec le «managed care», les médecins travaillant en réseaux de soins recevront un forfait pour cha
que patient adhérant à ce modèle, in
dépendamment de la prestation qui sera réalisée.
Si les coûts effectifs sont plus élevés, le réseau devra combler le déficit. A l’inverse, le réseau et ses médecins profiteront des éventuels excédents : une partie de l’argent économisé pourra leur être redistribué comme bonus.
«Un médecin responsable d’un bud
get voudra donc adresser ses pa
tients à des hôpitaux», prévoit Willy Oggier. En cas de séjour hospitalier, il payera seulement environ la moitié des coûts, soit la part qui incombe aux caisses maladie. Si le patient est soigné en ambulatoire, l’entier des frais pèsera dans le budget du méde
cin.
Mais selon les assureurs, le nombre de séjours hospitaliers ne devrait pas augmenter. Comme ceuxci coûtent plus cher, ni les caisses, ni les méde
cins n’y trouvent un intérêt, selon Sil
via Schütz, de santésuisse, la faîtière des assureurs.
Willy Oggier réfute cet argument, Si des médicaments très chers doivent être utilisés, par exemple pour soi
gner un cancer, les médecins ont in
térêt à envoyer leurs patients à l’hôpi
tal, affirmetil. En effet, les frais pour le lit d’hôpital et les soins s’ajoutent certes au prix du médicament, mais les caisses maladie paient la moitié du total.
L’hôpital soignera un patient en am
bulatoire à chaque fois que c’est pos
sible, répond Silvia Schütz, de santé
suisse. Et dans une telle situation, le médecin qui y envoie son patient n’y trouve aucun intérêt, car il doit pren
dre l’entier des frais en charge sur son budget, sans rien pouvoir factu
rer à la caisse maladie.
Là encore, l’économiste de la santé n’est pas d’accord. Avec le «mana
ged care», les assurés pourront aller d’euxmêmes à l’hôpital uniquement en cas d’urgence, explique Willy Og
gier. Ces établissements sont donc incités à accepter les patients que leur adresseront les médecins. Ils devront remplir leurs lits.
Les réseaux de soins et assureurs disposent donc d’un moyen de pres
sion pour que les patients envoyés à l’hôpital y séjournent. «Si 60% des patients sont assurés selon le mo
dèle du "managed carte", la pression sur les hôpitaux sera grande», pré
vient Willy Oggier. (...)
24 Heures du 3 mai 2012
Hôpital Riviera
62_63.indd 2 07.05.12 11:58