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Les recherches préhistoriques en Suisse, 1939-1945

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Les recherches préhistoriques en Suisse, 1939-1945

SAUTER, Marc-Rodolphe

SAUTER, Marc-Rodolphe. Les recherches préhistoriques en Suisse, 1939-1945. Bulletin de la Société préhistorique française , 1948, no. 5, p. 183-191

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:95697

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Marc-R. SAUTER

LES

RECHERCHES PRÉHISTOR.IQUES EN SUISSE 1939 à 1945

Extrait dÙ Bulletin de la Société Préhistorique Française.

N° 5, 'MAI 1948.

LE MANS

IMPRIMERIE MONNOYÈR 12, P�ACE DES JACOBINS, 12

Hl48

. "

(3)

Les recher'ches préh�storiques en Suis1Se, d,e 1939 à 1945.

PAR

Marc-R. SAUTER

C'est avec quelque scrupule que je viendrais dire ici, à nos amis de France, que,. peP dant ces six ans de guerre, nous n'avons pas c·essé de travailler, si je ne savais bi·en 'qu'on ne nous en voudra pas, et que tous ceux qu'ont frappés les malheurs de la guerre et de l'occupation nous comprendront d'avoir mainten:u malgré tout notre activité. Il me semble même que ce repli obligé sur nous­

mêmes, comme aussi le retour au pays de plusieurs archéologues suisses de l'étranger, ont eu pour effet de compenser ce que les mobilisations et les ennuis qui en découlèrent avaient fait perdre, dans 1e domaine des fouilles et des découvertes. Je dirai aussi le service que nous ont rendus des internés militaires sur ce plan.

Si je n'aurai pas à parler des internés français, c'est qu'ils ont plutôt travaillé dans des fouilles romaines (Avenches).

De ces fouilles et de ces découvertes, je voudrais passer en revue l'es plus importantes, en doublant cet exposé forcément sommaire et incomplet d'une notice bibliographique et muséographique, elle­

même trop brève. J'ajout,e que nous serons tous heureu:lli, préhis­

toriens de Suisse, de recevoir et de guider les préhistoriens frança:is qui nous feront l'honneur et le plaisir de venir chez nous (1).

l. PALÉOLITHIQUE.

On sait que la Suisse présente, pour les plus anciennes époques du Quaternaire, un aspect particulier. Le « Paléolithique alpin », facies culturel du Moustérien (du Prémoustérien selon Obermaier et d'autres),. découvert en 1904 par M. E. Bachler au Wildkirchli (Appenzell) puis au Dtachenloch et au Wildenmannlisloch (St-Gall), a été retrouvé en plusieurs régions de nos Alpes (comme du reste ailleurs dans le territoire alpin, en Allemagne, en. Autriche et en Yougoslavie). C'est surtout dans le Simmental (Oberland bernois) que des stations ont été repérées et fouillées avec plus ou moins de succès, grâce à la patiente ténacité de MM. Flükiger et Andrist, insti­

titeurs, en relation avec les spécialistes. Leur labeur a connu une nouvelle récompense en 1941, puisqu'ils ont, au-de-ssus du village d'Erlenbach (district Niedersimmental, Berne)", à l'altitude de f.810 mètres, exploré une grotte dite « Chilclili ». Les données stratigraphiques et géologiques, si importantes dans ce cas, les osse- (1) Signalons un article sur le même sujet que le nôtre, paru en Italie:

BANDI H.-G., Le rjcerche preistoriche in Svizzera durante la seconda guerra mon'diale (Riu. cli scienze preistor., I, 4, Florence, 1946, pp. 267-276) çt un autre paru en Grande-Bretagne : KELLER-TARNUZZER K., Prehistoric Re­

search in Switzerland, 1939-1945 (Proceedfogs of the P.rehistoric Society for 1947, XIII, Londres, 1947, pp. 170-174).

("') Après chaque nom de station et de commune, j'indique entre ( ) le district (abrégé en di.) et le canton.

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2 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQl.'E FRANÇAISE

ments d'une faune déjà connue ailleurs (Ours des cavernes sllrtout, Cerf et faune alpine), mais surtout quelques éclats de silex, dénotent la présence d'un habitat contemporain des gisements de la Suisse orientale.

L' Aurignacien, qui_ passait pour absent du territoire helvétique, vient de m'être signalé, avec réserve, par M: Bandi, qui m'écrit avoir examiné sommairement quelques pièces assez typiques parmi l'outillage trouvé par MM. Lüdin et Kohler, dans la couche infé­

rieure de la grotte Ko'il1ler _près dé BNslach (di. Laufon, Jura ber­

nois). Il faut souhaiter que ces fouilleurs amateurs fassent rapi­

dement et amplement connaître ce matériel aux préhistoriens. Ce serait là en tout cas le seul témoignage du séjour des Aurignaciens sur le sol suisse, ce qui s'explique par le fait que les glaciations quaternaires n'ont pas atteint cette région du .Jura. Le Solutréen manque encore.

Puisque j'ai parlé de glaciation, je pense intéresser les géologues du Quaternaire en leur faisant connaître les hypothèses récemment émises par Ùn géologue genevois, M. A. Jayet : se basant sur d'innom­

brables observations faites au cours de 20 ans de recherches sur le terrain, il croit pouvoir affirmer que la seule vraie glaciation dûment constatable - pour la région du bassin rhodanien en tout cas - est celle du Würm. Hypothèse énoncée par d'autres auteurs déjà.

en partant de prémisses différentes, mais qu'il est intéressant de voir proposée sur la foi de constatations précises.

La seconde grande période du Paléolithique suisse, c'est le Mag­

dalénien.. On attend avec impatience la thèse que M. Bandi, assis­

tant au Musée d'E1ihnographie de Bâle et élève de M. Obermaier, a consacrée à ce sujet (2). Si je ne puis pas annoncer de nouvelles découvertes importantes sur notre sol, il me paraît indiqué de si­

gnaler une petite mise au point qui rappelle la jonction des deux moitiés du propulseur aux deux rennes de Bruniquel, effectuée par M. l'abbé Breuil : en prenant en mains quelques-unes des pièces osseuses sculptées de la station célèbre du Kesslerloch près Schaf­

fouse, M. Wanner eut l'idée de rapprocher la petite tête de cheval en ronde-bosse, d'un autre morceau d'os gravé; les deux fragments se complétèrent le mieux du monde, formant une portion de pro­

pulseur à décor caballin du plus heureux effet!

II. MÉSOLITHIQUE.

La question du Mésolithique suisse a progressé au cours de ces derniè,res années. Je rappelle la découverte, en 1938, dans la sta­

tion - proche de la grotte �ohler citée - de Wachtfelsen près Grellingen (di. Laufon, Jura bernois), d'un harpon plat à 2 et 3 cro­

chets, et d'un galet colorié en rouge d'un seul côté; l'ind_ustrie et la faune se rangent dans l' Azilien.

Dans le canton de Soleure, M. Schweizer, infatigablement, occupe· ses loisirs à explorer le terrain, avec succès. Il a fouillé, en 1940- 1941, à Balm (di. Lebern, Soleure), l'abri sous roche d'Unter der Fluh, où une industrie siliceuse présente beaucoup de formes tarde-

(2) Elle a paru en 1947,

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SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 3 n01s1ennes; la faune indiquerait un Mésolithique proche encore du Magdalénien (Renne, Bouquetin, .Chamois, Lagopèdes alpin et arc­

tique), mais dans la faune avienne on ne sait que penser du Geron­

ticus (Comatibis) eremita, parent méditerrané.en de l'Ibis !

La région d'Olten est riche en stations de l'âge de la pierre. Pour le Mésolithique, je signale une station de plein air, toute proche de celle, paléolithique, du Hard, sur la hauteur qui domine, au Sud, l' Aar, dans les faubourgs de la ville : c'est la station de Studenweid­

Dii.niken (di. Olten, Soleure). Il est vrai que les silex recueillis là sont peu différents de ceux des stations magdaléniennes proches;

seuls quelques microlithes géométriques et des microburins per­

mettraient l'identification.

Ailleurs en Suisse alémanique, plusieurs amateurs de recherches préhistoriques ramassent, depuis des années, en surface ou presque, des microlithes que la typologie fait classer dans le Mésolithique.

Malheureusement aucun indice stratigraphique ne permet ·de con­

firmer ces diagnostics.

J'en cite quelques-uns, soit dans le canton ·de Berne, près de Heinrichswil (près de Burgaschi); soit dans celui de Zurich, le long de la Limmat, sur là basse terrasse, près de Dietikon, à Oeiwil; à Kloten, à Robenhmzsen. Les silex sont presque toujours mêlés à des outils de technique néolithique. On attend impatiemment le résultat de l'étude que M. Vogt, conservateur au Musée. national suisse à Zürich, a faite de ces industries, qu'il classe, m'a-t-il dit, dans plu- sieurs subdivisions du Tardenoisien.

UI. NÉOLITHIQUE.

a) Néolithique lacustre. Trois stations sur pilotis ont fait l'objet de fouilles en grand, selon. les méthodes modernes de l'archéologie.

La première fouille a été ouverte dès 1938, puis reprise en 1939, à Baldegg (di. Hochdorf, Lucerne), à l'extrémité méridionale du lac du même nom. Alors que la station de Seematte, à l'autre extré­

mité du lac, s'était révélée, lors des fouilles de 1938, exclusivement néolithique (ancien), le palafitte de Baldegg superposait un village du Bronze ancien à un autre, néolithique (céramique cordée). Orga­

nisée en collaboration avec le Service de traYail archéologique, et dirigée par MM. Vogt, Bosch et Schweizer, l'exploration intéressa la presque totalité du palafitte (17 50 m2), et permit d'intéressantes observations sur sa disposition. Notons surtout que, du côté de l'ancien rivage, on a retrouvé la base des deux palissades succes­

sives, celle du Bronze, un peu plus étendue, montrant un enfon­

cement (porte?). Le village néolithique aYait été habité pendant relativement peu de temps, avant d'être détruit par le feu. Le vil­

lage du Bronze était édifié sur des pilotis dont la base était coincée dans un socle de bois qui devait l'empêcher de s'enfoncer; leur tête, taillée à 4 pans, portait souvent une grosse goupille horizon­

tale. Le mobilier néolithique était assez riche. Presque toutes les trouvailles sont exposées au petit musée du lac de Baldegg, à Hitz­

kirch (Lucerne).

Les deux autres explorations de palafittes ont été possibles grâce

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4 SOCiiTÉ PRiHISTORIQUE FRANÇAISE

à la présence et à la bonne volonté d'internés militaires italiens et polonais, que la compréhension des autorités militaires a permis d'utiliser dans ce but.

Les premiers ont fouillé, en 1944 et en 1945, sous la direction de MM. Tschumi, Pinosch et Flükiger, une nouvelle station sur les bords du lac de Burgii.schi (di. Kriegstetten, Soleure). Que'iques 870 m' de terrain ont été ouverts, permettant d'utiles constatations stratigraphiques, polliniques, fauniques et archéologiques. On a pu relever le plan de plusieurs huttes rectangulaires, la plus vaste - ayant 12 mètres sur 7"'5. Plusieurs amas d'objets font conclure à la présence de foyers, d'ateliers ou de dépôts. L'état de conservation des objets n'est pas des meilleurs; il reste peu de débris en bo.is;

mais la céramique et les outil>' de pierre et d'os sont nombreux. Ils appartiennent à une seule période, très probablement du Néoli­

thique- ancien (céramique à mamelons, pointes de flèches simples, haches sans perforation, etc.). Si le manque de textile peut s'expli­

quer par èe que j'ai dit de la conservation, il n'en va pas de même · pour le manque de fusaïol.e, de poids de tisserand et de filet. Les textiles étaient-ils encore inconnus? Les dernières fouilles de 1945 ont livré une série de 6 figurines d'argile, rèprésentant des ani­

maux (chien ou loup, bélier, taureau) : jouets? statuettes cultuelles?

J'ajoute que les analyses géologiques et malacologiques ont prouvé que cette station avait bien été construite sur l'eau, non sur terrain

sec"'.

Des soldats polonais se sont cônsacrés avec zèle et habileté, sous -la direction de M. Keller-Tarnuzzer, à l'exploration détaillée· du petit village de tourbière de Breitenloo près Pfyn (di. Steckborn, Thurgovie). Les drainages avaient déj à détruit une partie de l'habi­

tat, les fouilles systématiques ont mis à jour tout le reste du palafitte (plus de 960 m'). Il y avait là en tout cas 9 huttes quadrangulaires dont subsistait parfois le plancher recouvert d'argile battue. Devant l'une d'elles, un groupe de poids oarquaù la place d'un métier à tisser. Divers indices ont prouvé qu'il s'agissait, là aussi, de cons­

tructions sur pilotis (planchers carbonisés uniquement dessous, mobilier retrouvé surtout sous les planches, etc.), édifiées sur un marais· tourbeux, et habité peu de temps. Le 'mobilier consiste en céramique (cruches, vases à large ouverture, à décdr simple) qui situe l'ensemble dans le groupe culturel de Michelsberg (mais sans plaque à cuire ni gobelet en tulipe), en haches de pierre, en pointes de flèches et autres silex travaillés. L'outillage en os est rare, tandis que celui de bois abonde. Quelques fragments de tissus sont gros­

siers, l'un ·d'eux recouvrait l'ouverture étroite d'un -grand vase. On récolta des masses de blé; de plus, le pavot se trouvait en abon­

dance, en un tas sur le plancher d'une cabane, et dans plusieurs pots.

("') On sait que le préhistorien allemand Reinerth avait lancé l'affir­

mation selon laquelle les palafittes auraient été construits sur le rivage, tout au plus au, niveau des plus hautes eaux: Plusieurs préhistoriens suisses avaient prouvé la fausseté de cette théorie, tout en reconnaissant qu'en quelques rares cas elle pouvait être admise. Or, récemment un élève et compatriote de Reinerth, Paret, a essayé de reprendre cette théorie, mais sans apporter d'argument nouveau convaincant (Fundber.

aus Schwaben, 19_42; Schriften d. Boaenseeges'chichtsverèins, 19'41-42).

'.

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SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 5 Les trois stations décrites sommairement ici n'ont pas encore été étudiées à fond'. Les publications détaillées qui les concerneront seront de grande valeur pour la connaissance du Néolithique de l'Europe centrale. Je regrette de ne pas pouvoir annoncer de décou­

verte ni surtout de fouille systématique importante en Suisse ro­

man de. En effet, il n'y a guère à citer que les quelques sondages du Dr J. Hübscher dans le palafitte des Chavannes à Cudrefin (di.

Avenches, Vaud, sur le lac de Neuchâtel)· (inédit).

b) Néolithique· terrestre. - Mal connu encore, il s'enrichit de plus en plus. Pour la Suisse romande je mentionnerai la découverte, en 1943, de deux nouveaux cistes de pierre à squelette accroupi, isolé, dans la nécropole célèbre de Chamblandes à Pully (di. Lau­

sanne, Vaud). Le mobilier (coquillages méditerranéens) n'offre rien dè nouveau. J'espère pouvoir bientôt mener à chef la revision systé­

matique de tout ce qui a été trouvé, observé et énoncé sur cette nécropole si importante pour l'archéologie et l'anthropologie de cette période. ·

Mais c'est à l'autre bout du pays que plusieurs sites ont révélé du nouveau, surtout pour cette région .encore si peu explorée. A Cazis près Thusis (d1. Heinzenberg, Grisons), M. W. Burkart, inspecteur­

forestier cantonal, a fouillé, dès 1937, sur une petite colline à flanc de montagne (Petrushügel), un établissement· fortifié (alt. 749) : murs en pierres sèch,es et fonds de cabanes, avec trous de poutre bien marqués. De la céramique sans décor (sauf un vase), des haches en pierre avec emmanchures en corne de cerf, des. scies en séricite fine, quelques silex importé� composent le mobilier. La faune est celle des palafittes, avec. une nuance plus alpine.

La colline abrupte qui domine Mels (di. Sargans, St-Gall), non loin du Rhin grison, porte le nom significatif de Castels. Les fouilles, commencées en 1937, y avaient révélé des restes s'étageant de l'âge du bronze au haut moyen âge ; depuis, on a repéré un habitat néoli­

thique, dont le mobilier se place dans les groupes culturels de Horgen et de Michelsberg.

Ce tour d'horizon serait trop incomplet si je passais sous silence les belles fouilles effectuées dans le Liechten-stein, que tant de liens économiques et sentimentaux relient à la Suisse. Au Nord de cette principauté, sur la colline d'Eschen, non loin de la ville autri­

chienne de Feldkirch, la station en plein air d'Esclmer Lutzengüette a livré, sur une épaisseur de 4 mètres, un ensemble de vestiges du Néolithique, du Bronze et du Fer. Les niveaux néolithiques. appar­

tiendraient (de bas en haut) à un facies à céramique de Schussen­

ried, puis aux types de Michelsberg et de Horgen. Les fouilles, con­

duites par MM. Vogt pour le Musée national suisse et Beck pour la Société 'd'histoirë local�, ont été fertiles en résultats, intéressant la préhistoire de la Suisse dans ses rapports avec l'Autriche et l'Allemagne méridionale.

La place que .j'ai jugé utile de consacrer aux périodes préhisto­

riques m'oblige à réduire au minimum ce qui. se rapporte aux décou-

vertes protohistoriques. ·

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G SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE IV. AGE DU BRONZE.

Pour les stations lacustres du Bronze, je renvoie à ce que j'ai déjà dit de celle de Baldegg, superposée à un palafitte néolithique. La pauvreté en objets de ce village du Bronze ancien s'expliquerait p ar un abandon volontaire de l'habitat.

Des soldats groupés en. un « détachement archéologique » o nt pu faire des sondages dans le p alafitte du Broillet près Cudrefin (di.

Avenches, Vaud) sur le lac de Neuchâtel. La récolte fut maigre.

Les stations terrestres ont été plus fécondes. Je n'évoquerai que trois d'entre elles, aux Grisons de nouveau. A Cazis, au lieu-dit Cresta (di. Heinzenberg) , fonds de cabanes et foyers sur plusieurs niveaux, l'un appartenant à la civilisation des tumulus, l'autre au Bronze récent; à Caschlins sur Coniers (di. Albula), à 1.445 mètres, un e nsemble de murs et de fondations à trous de poutres attend son i nterprétation c ar il ne s'agit pas d'un vrai habitat; à Mutta-Fellers (di. Glenner), 'd'autres murs sur une colline abrupte entourent des foyers. Abondance de meules et molettes ; parmi les objets en bronze, qui datent l'établissement du Bronze moyen, citons une épingle à · disque énorme (long. oms3 ; disque de om125 sur om16), à décors g éométriques arrondis. MM. Vogt et Burkart, qui ont consacré une étude à cet ornement, le rapprochent des épingles spécifiques du Valais d'une part, de l'Europe centrale d'autre part, mais la placent hors de ces deux groupes.

V. AGE DU FER.

On a repéré, sur une hauteur rocailleuse nommée Balla Drame (toponyme celtique ?) près d'Ascona (di. Locarno, Tessin), sur le lac Majeur, un ensemble de murs en pierre sèche qui pourrait être un établissement gaulois fortifié. Quelques objets trouvés en sur­

face confirment cette attribution, que des fouilles doivent v érifier.

a) Période de Hallstatt. - Au Tessin encore, plusieurs nécro­

poles ont livré des tombes : à Novaggio (di. Lugano) et à Minusio (di. Locarno), des cistes à incinération ont été datées de Golasecca II (750-500); à Cademario (di. Lugano), 20 autres cistes de même type chevaucheraient l a fin du Hallstatt et le début de la Tène.

D ans le canton de Schaffhouse, à Hemishofen (di. Stein-am­

Rhein), trois tumuli ont fourni un riche mobilier. Trois autres, étu­

diés à Dinhard (di. Winterthour, Zürich) contenaient une urne funéraire avec du mobilier se classant dans le Hallstatt ancien.

b) Période de La Tène. - A Bâle, près de l'ancienne usine à gaz, des travaux de construction ont permis d'examiner des fosses dont l'une contenait des squelettes de femmes et d'enfants. M. le pr Laur­

Belart se demandait si l'on n'avait pas là le témoignage concret d'une coutume cruelle des Gaulois et des Rhètes, signalée par Stra­

bon : massacre, après conquête d'une ville, des hommes en état de porter les armes, mais aussi des enfants mâles, y compris ceux que le devin identifiait chez les femmes enceintes (Geographica, IV, 6, 8).

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SOCIÉTÉ .J>RÉHISTORIQUÈ FRANÇAISE 7 Une nécropole à inhumations entre dalles a été fouillée à Semen­

tina (di. Bellinzona, Tessin), et daterait de la fin de Golasecca III (250 environ) . Enfin .ie veux faire allusion aux belles fouilles que continue à diriger M. Keller-Tarnuuzzer à Castaneda (di. Mesol­

cina, Grisons) dans un village à maisons plus ou moins quadrangu­

laires. Les trouvailles, plutôt rarPs, suffisent à dater cet établisse­

ment du début de La Tène. M. Burkart a fouillé la nécropole voi­

sine.

L'approche de l'occupation romaine met fin à cette revue-éclair des travaux préhistoriques effectués en Suisse au cours des six années de la .guerre. S'ils ont varié en imponance d en résuJt,,�­

je crois que d'une façon générale ils apporteront d'utiles complé­

ments à notre connaissance de ces époques lointaines oii., déjà comme aujourd'hui, la Suisse composait sa synthèse propre à l'aide des influences venues de diverses provinces de l'Europe.

NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE

1. Liste des périodiques ·et ·des séries de publication�.

Il faut avant tout �e référer aux excellents Annuaires de la Société suisse de Préhistoire, XXXI, 1939 à XXXV, 1944, qui résument sy,stéma­

tiquement toutes les découvertes faites en Suisse, du Paléolithique au haut moyen âge. On complètera ces .données, :dans bien .des cas, par la lecture du petit périodique Ur-Schweiz, La Suisse primitive, publié tous les 3 mois par l'Institut für Ur- . und Frühgeschichte der Schweiz à Bâle, I, 1937 à IX, 1945.

Le Bullefün de la Société s·uisse d'Anthropologie et d'Ethnologie, annuel, XVI, 1939-40 à XXI, 1944-45, contient quelques communications relatives à la préhistoire.

Continuant la série de l'indicateur d'antiquités suisses, et comme lui publiée par le Musée national suisse, la Revue suisse .d'Archéologie et d'Art, I, 1939 à VII, 1945, faitplace à des travaux .d'ordre préhistorique.

Enfin les Archives s11isses d'Anthropologie générale (Anthropologie, Archéologie, E1hnograph'ie) à Genève. sont à citer. Le vol. XI, 2, 1 945, contient une bibliographie raisonnée des travaux consacrés à l'anthropo­

logie historique de la Suisse, parus depuis 1938.

2. Travaux concernant Jes fouilles et découvertes siunalées.

a) Paléolithique alpin.

BAECHLER E. - Das alpine Palaolithikum der Schweiz. Monographien zur Ur- und Frühgeschichte der Schweiz (Société suisse de Préhistoire) , I I , Bâle, Birkhauser, 1940.

VOLMAR F.-'A. - Auf den Spuren simmentalischer Hohlenbiirenjager.

Verlag P. Haupt, 1944, 30 pages.

b) Glaciations.

JAYET A. - Le Paléolithique de la région de Genève. Le Globe (Soc. ·de Géogr. Genève) , LXXXII, 1943, pp. 49-120.

- Origine et âge de l'alluvion ancienne des environs de Genève. C.B..

Soc. de Phys. et d'Hist. nat. Genève, LXII, 1, 1945, pp. 27-30.

- Glaciologie quatC'rnaire et préhistoire. Quelques vues nouvelles.

Archives suisses d'Anthrop. génér., Genève, XI, 2, 1945 (1946) , pp. 201-214.

- A propos de l'âge du maximum .glaciaire quaternaire. Eclogae geo­

logicae Helvetiae, XXXVIII, 2, Bâle, 1946.

c) Magdalén'ien.

·BANDI H.-G. - Die .Schweiz zur Rentierzeit. Verlag Huber, Frauenfeld, 1947.

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8 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE

GuYAN W.-U. - Eine Speerschleuder vom K'esslerloch. Rev. s. d'Arch.

et d'A.rt, VI, 2, 1 944, pp. 75-84. [Propulseur scul_pté.]

d) Mésolithique.

SCHWEIZER Th. dans .Tahresber. f. Solothurn. Geschichte, 1941 et 1942.

[ Unter der Fluh, Balm:]

- Ibidem, 1 944 et 1 945. [ Studenweid-Diiniken.J

STEHLIN H.-G. - Eine interessante Phase in den Wandlungen ùnserer pleistociinen Siiugetierfauna. Eclogae geologicae Helvet!iae, XXXIV, 2, 1 941, · p. 287. [ Faune d'Unter der Fluh.]

e) Néolithique.

BoscH R. Pfahlbauausgrabung in Baldegg. La Suisse primit., III, 3/4, 1939, pp. 34-46 [BaldeggJ .

PrniiscH St. dans Soc. s. de Préh., XXXV, 1 944, (1945), pp. 20-28. [Burg­

iischi]

TsCHUMI O. et KûENzr W. - Jungsteinzeitliche Idolplastik in einem Schweizer Pfahlbau. lblidem, pp. 1 2 7-130 [Burgiischi, figurines ] .

(KELLER-TARNUZZER R'.) . - Ibidem, pp. 28-33 (avec plan au 1/200).

[ Breitenloo-Pfyn] .

BosSET L. - Pully-Chamblandes. Découverte de tombes néolithiques.

La Suisse primit., VII, 2, 1 943, pp. 2 5-27.

-Soc. s. de Préh., de XXIX, 1 937, à XXXII, 1 940-41. [ Cazis.J -Ibidem, XXIX, 1 93 7 ; XXXIV, 1 943 [ Castels-Mels.J

BECK D. dans .Jahrbuch d. Hist. VPr. f. d. Fürstentum Liechtenstein, XLII, 1 942 à XLV,- 1 945 [Eschner Lutzertgüetle] et La Suisse primit., IX, 4, 1 945, pp. 94-97.

f� Bronze.

Pour Baldegg, voir plus haut.

HüBSCHER J. et HoFER P., dans Soc. s. de Préh., XXXII, 1 940-41, pp. 71- 7 7. [ Broillet-Cudrefin] :

BuRKART W. dans .Jahresb. d. Hist.-Antiq. Gesellsch. Graubünden, 1 944, XVI ; et Soc. s. de Préh., XXXV, 1 944, pp. 43-44. [ Cazis-Cresta]

- Ibidem, 1 944, XIV et XVI ; et Soc. s. de Préh., XXXV, 1944, pp. 44-45.

[Caschlins-Conters]

- Soc. s. de Préh., XXXIII, 1 942, pp. 48-50 ; XXXIV, 1 943, pp. 38-40.

[Mutta-Fellers ] .

Id. et VOGT E. - Die bronzezeitliche Scheibennadel von Mutta bei Fellers, (Kt. Graubünden) . Rev. s. d'Arch. et d'Art, VI, 2, 1 944, pp. 65-74.

[Epingle géante de Mu_tta-Fellers]

g) Fer.

IIBLLER-TARNUZZER l{. - Balla Drume, Ascona. Eine grosse eisenzeit­

liche Festung im Ranton Tessin. La Su•isse primif., IX, 1, 1 945, pp. 2-1 1.

1. Halls'fatt.

SILVESTRINI D. �t CRIVELLI A. dans Rivista storica ticinese, 1 941, p. 445 ; et Soc. s. de Préh., XXXIV, 1 943, pp. 87-90. [ Cademario ]

CRIVELLI A . -Ibidem, 1 942, p . 644 ; e t Soc. s. de Préh., XXXIII, 1 942, pp. 59-!iO. [ Novaggio]

GuYAN W.-U. dans Soc. s. de Préh., XXXIV, 1 94:J, pp. 43-44. [ Hemis­

hofen]

VOGT E. -Rapport du Musée nation. suisse., 1938-1943, p.· 1 1 9 ; et Soc.

· s. de Préh., XXXV, 1 944, p. 52. [ Dinhard]

2. �a Tène:.

LÂ.un-BELART R. dan:s. La Suisse pFimit., VI, 3, 1 942, pp. 51-55; et Soc.

s. de PFéh., XXXIII, 1942, pp. 62-63. [Bâle]

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socuhÊ PREHISTORIQUE FRANÇAISE

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CRIVELLI A. dans Riv. stor. tic., 1941, p. 550; La Suisse primit., V, 3, 1941, p. 5 5 ; et Soc. s. de Préh., XXXIII, 1942, pp. 67-68. [Sementina]

(KELLER-TARNUZZER K.) dans Soc. s. de Préh. XXXII, 1940-41, pp. 100-, 103 ; XXXIII, 1942, pp. 63-64. [ Castaneda]

3. Liste alplrnbétique des principaux musées contenant des collections pré- et protohistoriques.

N.-B. - Le .signe "" indique que les collections archéologiques ont été récemment réorganisées et modernisées. Les mentions entre () ne font que souligner telle collection particulièrement intéressante.

Bâle : Musée d'ethnographi e"'· (Mésolithique de Birseck) ; Musée histor. ; Berne : l'vlusée historique bernois ; Bcllinzone; Bienne : Musée Sehwab""

(Néol. et bronze lac.) ; Coire : Musée rhétique ; Fribourg; Frauenfeld"' Geni,oe (Paléol. Veyrier, Hte-Savoie; Néol. et Bronze lac.) ; Lausanne"' (Chamblandes, Bronze lac. ; St-Sulpice, fer) ; Locarno"' ; LZLgano ; Neu­

châtel"" (Paléol. Cotencher ; Néol. et Bronze lac. ; La Tène) ; Nyon"': Olten""; Srl'in t-Gall : Heimai:museum (Paléol. alpin) ; Schaffhouse : Musée de Tous les Saints" (Magdal. ; Néol. Weiher) ; Sion"" (Bronze Valais) ; So­

leure"' (Paléol. Soleure) ; Zürich : Musée national suisse"'.

On sera renseigné ·sur les autres musées, ainsi que sur les sites préhis­

toriques à visiter, par la « Carte archéologique de la Suisse pour excur­

sions », dépliant qu'on peut se procurer à l'« Institut für Ur- und Früh­

geschichte der Schweiz », Bâle.

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