ENS Lyon - L3 27 avril 2009 Analyse complexe
Corrig´e (succinct) du partiel
(il s’agit juste desid´ees, la r´edaction serait consid´er´ee comme insuffisante un jour d’examen)
I.(voir planche 2, exercices 1 et 2) 1. Rappel :
∂
∂z := 1 2
∂
∂x −i ∂
∂y
et ∂
∂z¯:= 1 2
∂
∂x +i ∂
∂y
;
attention aux signes ! Une fa¸con de ne pas les confondre est de v´erifier rapidement que ∂z∂z = 1.
On en d´eduit ∂x∂ = ∂z∂ + ∂¯∂z et ∂y∂ = i ∂z∂ −∂¯∂z
, puis une expression de ∂x∂22 et ∂y∂22 en utilisant la relation ∂z∂¯∂2z = ∂∂z∂z¯2 (qui d´ecoule facilement du th´eor`eme de Schwarz et de la d´efinition des op´erateurs). Tous calculs faits :
∆f = 4 ∂2f
∂z∂z¯= 4 ∂2f
∂¯z∂z. 2. L’hypoth`ese devient donc ∂∂2z∂z(f¯ f)¯ = 0,i.e.0 = ∂z∂
∂f
∂z¯f¯+f∂∂¯fz¯
. Rappelons que ∂∂¯fz¯= ∂f∂z (penser `af comme `a une s´erie enti`ere enz), et que sif est holomorphe : ∂f∂z¯ = 0, ∂f∂z =:f0etf0 est holomorphe.
En rempla¸cant dans le laplacien, il vient : 0 = ∂
∂z 0 +f f0
= ∂f
∂zf0+f∂f0
∂z =f0f0+ 0 =|f0|2.
On obtient donc quef0est identiquement nulle sur le connexeU, ce qui implique quefest constante.
II. Par l’absurde, supposons que f(C) n’est pas dense dans C : il existe a ∈ C, r > 0 tels que f(C) n’intersecte pasD(a, r). Alors z 7→ f(z)1−a est bien d´efinie et holomorphe surC. Puisqu’elle est born´ee (par 1/r), elle est constante d’apr`es le th´eor`eme de Liouville, et f est aussi constante : contradiction.
III. (voir planche 2, exercice 6) On utilise la fonction f : z 7→ z2−a2 z2+a2
eiz
z (qui est holomorphe sur C\ {±ia}) et le contour form´e par le demi-cercleDC(R) ={Reiθ/ θ ∈[0;π]}, le segment [−R;−ε], le demi-cercledc(ε) ={εeiθ/ θ∈[π; 0]}et le segment [ε;R].
Pourquoi eiz et passinz? Parce quesinz= 2i1(eiz−e−iz)explose en l’infini :
eiReiθ
=e−Rsinθ−−−−−→R
→+∞ 0 mais |2 sin(Reiθ)| ≥
e−iReiθ −
eiReiθ
=eRsinθ−e−Rsinθ→+∞. La formule des r´esidus montre que R
contourf(z)dz = 2πiResia(f) puisque le seul pˆole de f dans le domaine consid´er´e est ia. La formule habituelle pour le r´esidu en un pˆole simple (planche 4, exercice 4) donne Resia(f) = ((ia)+ia)(ia)2−a2 ei(iaia) =e−a. De plus, puisque |f(Reiθ)iReiθ| ≤ RR22+a−a22e−Rsinθ, le th´eor`eme de convergence domin´ee (o`u la fonction dominante est une constante) donne R
DC(R)f(z)dz −−−−−→
R→+∞ 0.
D’autre part, le th´eor`eme de continuit´e sous l’int´egrale donne R
dc(ε)f(z)dz −−−→ε
→0 iπ. On obtient donc RR
−Rf(x)dx+iπ−−−−−→
R→+∞ 2πie−a. Comme la partie r´eelle def|R est impaire et que sa partie imaginaire est paire,
Z +∞ 0
x2−a2 x2+a2
sinx x dx=π
e−a−1 2
.
1
IV.
1. (question difficile, mais seul le r´esultat ´etait important pour la suite de l’exercice) Pour l’unicit´e : si f et g conviennent, la fonctionf2−g2= (f −g)(f +g) est nulle sur l’ouvert connexeU, donc (principe des z´eros isol´es) ou bien f −g ou bien f +g est identiquement nulle. Vu la condition initiale,f+g ne s’annule pas au point 1, doncf =g.
Pour l’existence, on aimerait pouvoir prendre la racine carr´ee d´efinie par e12Log, mais pour cela il faudrait que la fonctionU 3z7→6z2−5z+ 1 = 6(z−1/3)(z−1/2) soit `a valeurs dansC\]− ∞; 0] ; or ce n’est pas tr`es dur de montrer que 6z2−5z+ 1 est `a valeurs r´eelles n´egatives non seulement pour z∈[13;12], mais aussi sur{Rez= 125}(il s’agit d’un polynˆome d’une variable complexe).
Par contre, on peut d´efinir Log(z−1/3) surC\]− ∞;13] et Log(z−1/2) surC\]− ∞;12], et donc f1(z) =√
6e12Log(z−1/3)e12Log(z−1/2) sur U1:=C\
−∞;1 2
. De mˆeme, on pose
f2(z) =−√
6e12Log(1/3−z)e12Log(1/2−z) sur U2:=C\ 1
3; +∞
.
Ces deux fonctions sont holomorphes et v´erifient f1(z)2=f2(z)2= 6z2−5z+ 1 sur leur domaine de d´efinition. Elles co¨ıncident surU1∩U2=C\R: en effet, par le mˆeme argument d’unicit´e que pr´ec´edemment, il suffit de v´erifier qu’elles co¨ıncident en un point de chaque composante connexe de C\R. Par exemple, en utilisant la formule Log(reit) = lnr+it, on calculef1(31+6i) =f2(13+6i) = q√
2
6 ei5π/8 et f1(13−6i) =f2(13−6i) = q√
2
6 e−i5π/8. On peut donc d´efinirf sur U =U1∪U2 en posant f(z) =fj(z) siz∈Uj : alorsf(z)2= 6z2−5z+ 1 surU, etf(1) =f1(1) =√
2.
Remarque : pour toutx∈U∩R,f(x) =±√
6x2−5x+ 1; en notant (x)le signe correspondant, la fonctionest continue (comme quotient de deux fonctions continues) `a valeurs dans un discret, donc constante sur chacune des composantes connexes ]− ∞; 1/3[et ]1/2; +∞[, et la condition f(1) =√
2forcef(x) =√
6x2−5x+ 1sur]1/2; +∞[. On peut aussi voir directement en utilisant l’expression explicite de f que la fonctionf co¨ıncide avec √
6x2−5x+ 1surU∩R.
2. Non : sinon, l’extension ˜f v´erifierait encore ˜f(z)2= 6z2−5z+ 1 surC(principe des z´eros isol´es), en particulier ˜f s’annulerait enz= 1/3. On aurait doncf(z) = (z−1/3)h(z) avechune fonction enti`ere, et (z−1/3)2h(z)2 = 6(z−1/3)(z−1/2) puis (z−1/3)h(z)2= 6(z−1/2)... or le second membre ne s’annule pas enz= 1/3.
3. C’est vrai si R = 1. Sinon, notons CR+ la demi-couronne {z ∈ C/ R < |z| < 1, Rez > 0} (si 1/2< R <1) ou{z∈C/1<|z|< R, Rez > 0}(si 1< R), et CR− l’autre demi-couronne. Alors CR+(resp.CR−) est dans l’ouvert ´etoil´eC\]− ∞; 0] (resp.C\[0; +∞[) sur lequelf est holomorphe.
En appliquant la formule de Cauchy sur ces deux domaines (attention `a l’orientation des bords), on obtient que chacune des deux int´egrales est nulle, et que la somme vaut l’int´egrale de f sur le bord de la couronne ; d’o`u le r´esultat.
4. Posonsg(z) =zf(1/z) pour 0<|z|<2 (alors 1/z∈U) : ainsig est holomorphe surD(0,2)\ {0}. Puisque g(z)2 = 6−5z+z2, la fonction g est born´ee au voisinage de 0, et se prolonge donc holomorphiquement en 0 :g(z) =P+∞
n=0anzn surD(0,2). La remarque faite `a la fin de la question 1 montre que pourx∈D(0,2)∩R,g(x) =xf(1/x) =xq
6
x2 −x5+ 1−−−→x
→0
√6, d’o`ua0=g(0) =√ 6.
Or si|z|>2,f(z) =zg(1/z) =a0z+zP+∞ n=1an 1
zn. En posantϕ(z) =f(z)−√
6z, on a bien l’´egalit´e voulue, etϕ(z)/z =
|z|>2
P+∞ n=1an 1
zn −−−−−→
|z|→+∞ 0. Alors Z
|z|=R
1 f(z)dz=
Z 2π
0
√ 1
6Reiθ+ϕ(Reiθ)Rieiθdθ=i Z 2π
0
√ 1
6 + ϕ(ReReiθiθ)dθ−−−−−→
R→+∞ i Z 2π
0
√1 6dθ d’apr`es le th´eor`eme de convergence domin´ee. Vu la question 3., on obtient I=iR2π
0
√1
6dθ= 2iπ√ 6. 5. Si U ´etait simplement connexe, la formule de Cauchy donnerait I = 0 (int´egrale d’une fonction
holomorphe sur un lacet trac´e dansU).
2