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Jean-Louis Destouches
To cite this version:
BIBLIOGRAPHIE.
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SUR
L’INTERPRÉTATION
PHYSIQUE
DESTHÉORIES QUANTIQUES
Par JEAN-LOUIS DESTOUCHES. Institut Henri
Poincaré,
Paris.Sommaire. - En
s’appuyant sur un théorème établi précédemment (1), l’interprétation prévision-nelle et l’interprétation réaliste de la mécanique ondulatoire sont discutées : si l’on considère un
système microphysique S, celui-ci ne peut être décrit d’une façon objective ou déterministe ; si l’on envisage seulement les couples (S/03B1) d’un système S engagé dans une opération de mesure au moyen
d’un appareil 03B1, une description déterministe et objectiviste peut être fournie faisant intervenir
des paramètres cachés inaccessibles à l’expérience. Si l’observateur décide de ne faire aucune mesure, il
est dans une situation analogue, mais qui a des répercussions physiques; cette fois, le système S doit être décrit dans l’univers pris dans son ensemble, c’est-à-dire dans une théorie unitaire. Ceci conduit
à une complémentarité entre description objective dans l’univers, et description prévisionnelle tenant compte des actions de mesure des observateurs, et fournit une interprétation nouvelle des
résultats obtenus par M. Vigier. Une ébauche d’unification des théories unitaires et des théories
quan-tiques sur cette base est proposée.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE ET LE RADIUM. TOME
13,
JUfLLET-AOUT-SEPTEMBRE1952,
PAGE 385.A.
Interprétation prévisionnelle
et
interprétation
réaliste.1. Prévision et indéterminisme. - Un
phé-nomène
physique microscopique
est unphénomène
qui,
même endroit,
nepeut
être observédirec-tement par les organes. sensoriels de l’observateur. Un
système microphysique
nepeut,
endroit,
êtreobservé
qu’indirectement
au moyen de certainssystèmes macroscopiques
doués depropriétés
parti-culières etqui
sont lesappareils
de mesure[1].
Du fait que le rôle de
l’appareil
de mesure estinéliminable en
droit,
il y a desgrandeurs
non simul-tanémentmesurables,
et si
l’oncherche,
àpartir
du résultat de mesuresinitiales,
à faire desprévisions
concernant des résultats de mesures
ultérieures;
cesprévisions
nepeuvent
jamais
être toutesprécises,
il y aura
toujours
desprévisions
incertainesqui
s’exprimeront
par desprobabilités.
(1) J. -Physique Rad., 19 5 2, 13.
Ces
probabilités
nedépendent
que des connais-sances del’observateur,
c’est-à-dire des résultatsdes mesures
initiales;
elles sont toutes simultanémentvalables à
chaque
instant;
qu’on
les calcule pour des mesurescompatibles
ou non, que l’on effectueraou non.
Comme
l’aprouvé
M. von Neumann[2],
il estimpossible
de fournir unedescription
impliquant
un déterminisme caché de l’évolution d’unsystème
microscopique
observable S. Ladémonstration
de M.’von
Neumann concerne desstatistiques
sur uneassemblée de
systèmes.
M. L. de
Broglie
[3]
a réfuté le théorèmed’indé-terminisme essentiel de von . Neumann en
indiquant
qu’il
supposait
pour sa démonstration que lessta-tistiques
avaient étéobtenues;
or, pour desgrandeurs
non simultanément
mesurables,
on nepeut
avoir à la fois les deuxstatistiques,
cequi
ôte son efficacitéau théorème
et,
parsuite, permet
uneinterprétation
avec déterminisme caché. Cette réfutation est
liée. à
l’interprétation
objective
desprobabilités
selonla
conception
des collectifs. Par contre, selon laconception
ditesubjective,
onenvisage
lesproba-bilités calculées à
partir
des fonctions d’ondes comme évaluant desprévisions,
c’est-à-dire les chances que l’observateur attache à l’obtention d’un résultat s’ileffectue la
mesure; on suppose que les évaluationsde
probabilités
sontadéquates,
c’est-à-direcohé-rentes
(il
estimpossible
deparier
à coup sûr contreces
évaluations),
etadéquates
àl’expérience
(la
probabilité
de l’écart entre lafréquence
et laproba-bilité tend vers zéro avec le nombre N de cas
obser-vés) ;
dans cetteconception
subjective,
l’argument
précédent
cesse des’appliquer;
lesprobabilités
pour des
grandeurs incomposables peuvent
êtreévaluées,
que l’on effectue ou non la mesure de l’une desgrandeurs,
et il estimpossible
àpartir
del’hypo-thèse du déterminisme
caché,
de calculer d’unemanière cohérente des
probabilités
fournissant les mêmes valeurs que cellesqui
sont évaluées àpartir
des fonctionsd’ondes,
cela en vertu de ladémons-tration de M. von Neumann.
On obtient d’ailleurs
la même
conclusion àpartir
de la démonstration de P. Destouches-Février[4],
démonstration fondéeuniquement
sur l’évaluationde
prévisions.
On nepeut
esquiver
les théorèmessur l’indéterminisme essentiel.
Ainsi,
lorsque
l’on considèreuniquement
lespossi-bilités
qui
s’offrent à un observateur concernantles mesures ou les
prévisions
sur unsystèrpe,
on constate que l’observateur atoujours
la faculté de calculer desprévisions,
c’est-à-dire d’évaluer ses chances d’obtenir tel ou tel résultatsi,
à telleépoque,
il effectue une mesure, et de calculer cesprévisions
mêmepour
desgrandeurs
non simultanémentmesurables
(il
peut
toujours
choisir,
après
le calcul de laprévision, quelle
mesure il effectuera depréfé-rence à telle
autre).
Si l’on seplace
à cepoint
de vue,le caractère essentiellement indéterministe des théo-ries
quantiques
consiste dansl’impossibilité
deconstruire un schéma à déterminisme
caché,
c’est-à-dire un schéma
ponctuel
dans un certain espaced’extension en
phase, qui
fournisse pour lesprévi-sions les mêmes
probabilités
que le schémaindé-terministe.
Qu’on
examine ce résultat dupoint
de vuephysique
comme l’ont fait MM. Bohr etHeisen-berg,
ou d’unpoint
de vue formel comme M. vonNeumann ou P.
Destouches-Février,
ces résultatssont
acquis
et nepeuvent
être remis enquestion.
Mais ils
concernent
le cas des diverses éventualitésde mesures et de
prévisions qui
seprésentent
lors-qu’un
observateur étudie unsystème
S au moyende différents
appareils
a,a’,
a",
... Dans ce cas,on n’étudie pas le
système
S commedéjà engagé
dans un certain processus de mesure, mais seulement lesconséquences
qui
résultent pour cesystème
desdiverses
possibilités
de mesure et deprévision qui
le concernent.2. Mesure et
déterminismes
Si,
aucontraire,
on
envisage
lesystème
Squand
il nes’agit plus
seulement de
possibilités,
mais des processusqui
ont été effectivement décidés relativement à son
étude
(mesure,
abstention demesure),
il est néces-saire de tenircompte,
nonplus
seulement desrésul-tats des mesures ou des
prévisions,
mais desopéra-tions de mesure elles-mêmes que l’on doit
analyser,
tandis que dans lepoint
de vueprécédent
elles étaientprises
en bloc. Plusieursaspects
sedistinguent
alors : onpeut,
d’unepart,
considérer lesystème
observé Set
l’appareil
de mesure a comme formant unsystème microscopique (S + aA) qui,
à sontour,
pourra être observé au moyend’appareils
demesure
a’,
a",
... dont certainespaires
corres-pondent
à desgrandeurs
non simultanémentmesu-rables. Ce
système
(S +
a,4)
sera alors. décrit parune
certaine,
fonction d’ondeW,
le fait que a est unappareil
n’intervient pas et(S + aA)
est unsystème
observable
auquel
s’applique
tout ce que nous avons dit ci-dessus dusÿstème
S.Mais on
peut
envisager
lesystème
S soumis àune
mesure au moyen d’unappareil
a.-I comme un certaincouple
(S/aA)
danslequel
le faitque
est un
appareil
de mesuréjoue
un rôle essentiel.Effectuer une mesure, c’est utiliser un
dispositif
expérimental
convenable. Par l’idée desubjectivité
on
exprime
laprise
en considération dans la théoriedu fait
qu’un
observateur est libre de choisir lagrandeur A qu’il
veut mesurer, et s’il la mesureraou non.
Mais,
unefois
l’appareil a,4
choisi et lamesure
commencée,
l’observateur nedispose plus
d’aucun arbitraire concernant la suite du processus
expérimental engagé.
Lesystème
étudié devient l’ensemble(S/a,)
de Scouplé
avecl’appareil
macroscopique aA
surlequel
l’observateur décidede
lire
directement lerésultat,
et non de faire d’autresobservations au moyen
d’appareils
a’, a",
...(éventuellement
inutilisablessimultanément).
Ainsi(SlaA)
nepeut
présenter
à la lecture que lerésul-tat de la mesure d’une seule
grandeur
A,
cellequi
est définie par aA; il en résulte
qu’à
cause de ladécision
del’observateur,
(Sla,4)
neprésente
pas degrandeurs
incomposables,
et,
en vertu d’un théo-rème établi dans un articleprécédent
(2),
peut
êtredécrit d’une manière totalement
objectiviste, (il
n’est pasprouvé
que cettedescription
objectiviste
soit
unique).
Si l’observateur
avait
choisi un autreappareil aB
(inutilisable
simultanément avecaA)’
il aurait euà considérer le
couple
(S /aB)
différent de(S /aA),
admettant lui aussi unedescription
objectiviste,
maisqui
est celle d’unobjet
autre que(Sla,4).
Ni
incompatibilité
ni contradiction nepeuvent
s’introduire entre ces
descriptions
de deuxobjets
non réalisables simultanément.
D’après
unthéo-rème énoncé
plus
haut,
onpeut
donner ducouple
(S fan)
unedescription objectiviste
exactementdu même
type
que celle ducouple
(S /a,),
cela pourn’importe
quelle
grandeurs
B,
c’est-à-dire que l’on décrira lecouplé
(S laA)
ou lecouple
(S la.B)
par un schéma
ponctuel
dans le même espaced’extension en
phase;
mais lesopérateurs
d’évo-lution sont différents dans les deux cas,
puisqu’il
s’agit d’objets
différents;
letype
de la loi formelled’évolution est le
même
quel
que soitl’appareil.
Il semblerait à
première
vue quececi’
est ’en contradiction avec les résultatsindiqués
aupara-graphe
précédent
concernant les lois d’évolutiond’un
système physique
S. Mais la différence entre les deuxpoints
de vue est entièrement fondée si l’onsonge au rôle
joué
par l’intention del’observateur,
qui
peut,
soitenvisager
directement lesystème
observable Sseul,
surlequel
il fait des mesures etcalcule des
prévisions (et
dans ce cas cesystème
n’admet pas une
description objectiviste);
alorss’il
interprète
de la mêmefaçon
lessystèmes (S
+
a,4),
(S
+aB), .. ,
comme dessystèmes
observables,
ilsn’admettent pas non
plus
dedescription
objecti-viste,
présentant
desgrandeurs
non simultanémentmesurables,
et satisfont aux critères d’indéterminismeessentiel de von Neumann et de P.
Destouches-Février ;
soitinterpréter
l’ensemble(S, a,4)
comme
lecouple
formé par unsystème
S soumis àl’obser-vation au moyen de
l’appareil
«A; alors pour(S/aA),
seule la
grandeur
A estprise
enconsidération,
ilne
peut
y avoir degrandeurs
incompatibles
et unedescription objectiviste
estpossible.
3.
Signification physique
d’une
description
objectiviste.
- Onpeut
se demander dansquelle
mesure la
description objectiviste
que l’onpeut
établir une fois le processus de mesure ou de non mesureengagé possède
unesignification
physique.
Le fait que la
possibilité
de cettedescription
est liée àl’intention
parlaquelle
l’observateurenvisage
lesystème a
comme unappareil
ne suffit pas pourlui refuser une
signification
physique, quoiqu’il
soit à retenir.Un
argument
beaucoup plus important
estfourni
par le fait
qu’une
telledescription
implique
unegrandeur
d’étatcachée;
or,d’après
un théorèmede P. Destouches-Février
[7],
il nepeut
s’agir
d’unegrandeur ignorée qu’un
affinement ultérieur de latechnique expérimentale
ou de la théoriepermettrait
d’atteindre
expérimentalement;
mais ils’agit
d’unegrandeur qui
est,
endroit,
inaccessible à la mesureet ne
peut
avoir aucunrapport
avec desexpériences.
Eneffet,
si l’on voulait tenter une observation detelles
grandeurs
cachées,
il faudrait utiliser d’autresappareils, a’
parexemple,
et alors ce ne serait,plus
au
couple (S ja)
que l’on auraitaffaire,
mais ausystème (S + a), système
observablequi,
commetel,
n’admet pas dedescription objectiviste
et obéità des lois indéterministes. Ainsi les
grandeurs
cachées
auxquelles
faitappel
ladescription
objec-tiviste de S sont inaccessibles à
l’expérience,
etl’on
peut
lesqualifier
demétaphysiques.
Le
reproche
fait ici à cesgrandeurs
d’êtreinacces-sibles à
l’expérience
pourrait
êtreenvisagé
par certains comme sansvaleur,
si l’on songe àl’exemple
des
grandeurs
moléculaires etatomiques,
considéréespar les
énergétistes
de la fin du siècle dernier commemétaphysiques’et
inaçcessibles
àl’expérience.
Il ya
cependant
unegrande
différence. Eneffet,
admettrela réalité des
molécules,
confère auxgrandeurs
atomiques
et moléculaires une existencecomplète-ment
objective,
c’est-à-direindépendante
des actionset des intentions des
observateurs;
or, ce n’estplus
le cas
ici,
puisque
c’est l’intention parlaquelle
l’observateur considère
(S, a)
comme
lesystème
en observation
(S/a), qui permet
de construire unedescription objective
de S. On voit ainsi quel’appel
à desgrandeurs
cachées constitue une réelleobjection
contre lasignification
physique
de cettedescription
objective.
A ceci on
pourrait
évidemmentrépliquer qu’un
système microscopique
neprend
un sensphysique
que
lorsqu’il
est soumis à des conditionsd’obser-vation,
que c’est seulement par abstraction que l’onpeut
parler
d’un
système
microscopique
Sseul,
qu’une
observation
leplace
toujours
dans certainescirconstances,
le met dans la situation(S /aA),
parexemplé;
qu’à
cemoment-là,
comme l’observateura fixé son choix et ne
peut
plus
intervenir dans ’lasuite du processus
engagé,
l’objectivité
se manifesteet
qu’alors
ladescription objective
doitêtre,consi-dérée comme réalité
physique.
On
voit,
par cette suited’arguments,
que c’estseulement une attitude
philosophique
réalistequi
vient conférer une
signification
physique
à cettedescription.
Celle-ci,
aucontraire,
seraregardée
commepurement
formelle et dénuée designifi-cation par celui pour
qui
signilication physique
a le sens de mise en connexion avecl’expérience.
Pourcelui-là des
grandeurs
inaccessiblesinvoquées
pourcompléter
ladescription
fournie par cellesqu’on
amesurées, et
qui
restent sans connexion avecl’expé-rience à
laquelle
il selivre,
nepeuvent
constituer une réalitéphysique,
et restentmétaphysiques.
C’est une réflexion du même genre que fait
Heisenberg lorsqu’il
écrit : « Ob man dergenannten
Rechnung
über dieVergangenheit
des Elektronsirgendeine
physikalische
Relalitât zuordnensoll,
ist also eine reine
Geschmacksfrage »
[5].
Nous avons vu,
d’après
un résultat de P.Des-touches-Février
(9),
que si l’onadopte
une telledescription objectiviste,
la forme de la loid’inter-action entre le
système
S etfl’appareil
a estnéces-sairement différente de celle de la loi
d’interaction
desparties
de S entreelles;
autrementdit,
si
l’on considère lesystème
observable(S +
a,4),
on acertaines lois d’interaction entre S et (tA, et si l’on
considère le
couple
(S/aA)
del’appareil
enobser-vation,
etqu’on
le décrive de la manièreobjecti-.
viste,
ilapparaît
entre S et nA des interactions de .forme
différente,
et propres au fait que aA est unappareil.
Ainsi,
quand
onregarde
l’ensemble(S,
aA)
comme unsystème
observable(S
+«,),
il obéit, à certaines lois
d’interaction;
si on leregarde
commeun
couple
(S/aA),
ousystème
enobservation,
il obéit à d’autres lois d’interaction. Dans unedes-cription objectiviste,
ceci n’est pasacceptable,
car il ne
peut
en être ainsi en cequi
concerne uneréalité
objective,
c’est-à-direindépendante
desinten-tions
de
l’observateur. Due, cepoint
de vue, il estinadmissible que ce soient ces intentions
qui
viennent fixer les lois d’interaction. Cetargument
vient doncs’opposer
à l’idée d’unesignification physique
de ladescription
objectiviste.
Aux
arguments précédents
on doitajouter
celui de W. Pauli[8]
selonlequel,
pourque
ladescription
objectiviste
ait unesignification
physique,
il faudraitque la
répartition
statistique
initiale d’uneassem-blée de
systèmes
puisse
être librementchoisie,
alorsqu’on
est conduit pourl’adéquation
àajouter
unpostulat
supplémentaire
venant fixer que cetterépartition
initiale est celle fournie par lamécanique
ondulatoire,
postulat
entièrementétranger
àune
théorie déterministe. De là découle le caractère fictif de la
description
déterministe.4. Forme de la
description
objectiviste.
-Ladiscussion
précédente,
concernant l’existence d’unedescription objectiviste
sous une formegénérale quelconque,
montre dansquels
cas une telledescription
peut
être construite etquelle
est saportée.
Ceproblème
estplus
important
que celuide la forme
précise
et détaillée de cettedescription.
Celle-ci doit fournir pour les résultats de la mesure
de la
grandeur
A les mêmesprévisions
que ladescrip-tion
prévisionnelle,
cequi impose qu’elle
obéisse àl’équation
d’onde ou à unegénéralisation
de cetteéquation.
D’autrepart,
uncorpuscule,
étant consi-déré commeinsécable,
peut,
dupoint
de vuegéomé-trique,
êtrereprésenté
par unpoint,
cequi
conduit alors à poser que ladescription objectiviste
serait celle d’un essaim depoints.
On se trouve ainsiamené,
par des considérations trèsgénérale,
àenserrer d’assez
près
laconception
del’onde-pilote
de L. de
Broglie
(1026-1927).
Mais ces considérationsgénérales
ne suffisent pas pour établir que ladescrip-tion
objectiviste
a la forme de la solution del’onde-pilote.
Inversement,
la réfutation de la. théorie del’onde-pilote
ne viendrait pas nier l’existence d’unedescription objectiviste, puisque
celle-ci s’établitsur
des
considérationsplus générales.
Par
contre,
nous voyons que laconception
del’onde-pilote,
enparticulier
celle de la double solutiondans les cas
particuliers
où elleexiste,
satisfait à toutesles
exigences
que nousavons
rencontrées au coursde cette discussion. En
particulier,
nous voyonsbien
apparaître
la loi d’interactionspéciale
entre S et aa sous la forme dupotentiel
quantique.
Mais l’essentiel de la
discussion
surl’interprétation
physique
de lamécanique
ondulatoire estindépen-dant de ce
problème,
c’est-à-direindépendant
de laforme
particulière
de cettedescription,
dontl’exis-tence
peut
être tenue pouracquise.
L’argument
suivantpeut
enfin êtreopposé
à lathèse qui
attribue. un sensphysique-
à lareprésen-tation
objectiviste.
Selon cettethèse,
laconception
quantique
seraitincomplète,
par ce que nefournis-sant pas une
description
déterministe du mouvementdes
corpuscules; mais,
enfait,
ce sont lesdescriptions
objectivistes qui
sontincomplètes, puisqu’elles . ne
rendent pas
compte
descomportements
desobser-vateurs et de l’arbitraire dont ils
disposent
dans le choix et laconduite
desopérations
de mesure. Lesdescriptions
objectivistes
seprésentent
commegéné-rales,
mais ne le sont pas enfait,
elles sont relatives à la situationsingulière
dusystème
dans un certainappareil,
il est doncimpossible
degénéraliser
le déterminismequ’elles impliquent.
sans se trouver en contradiction avec les critères d’indéterminismeessentiel.
5. Conclusion. -- Si l’on
envisage
dessystèmes
microphysiques
S surlesquels’
on veut calculer desprévisions,
alors il estimpossible
de fournir decès
systèmes
unedescription
comportant
un déter-minismecaché.
Si,
aucontraire,
on décide de ne considérer quedes
systèmes
microphysiques engagées-
dans des processus de mesure, on a lapossibilité
d’imaginer
desdescriptions objectivistes
avec déterminisme caché ducouple
appareil-système
(descriptions
nonréfutables),
mais cesdescriptions
sont fictives ou«
métaphysiques
»,puisque
sans connexion avecl’expérience.
B.
Quanta
etcosmologie.
1. Prévisions pour un ensemble
d’observa-teurs. - La théorie
générale
desprévisions
surlaquelle
nous nous sommesappuyé plus
haut con-cerne un seul observateur. Si nous considérons un ensembled’observateurs,
chacunpeut
pour sonpropre
compte
effectuer des mesures sur unsystème
et calculer des
prévisions
concernant les résultatsde ses mesures ultérieures.
Mais,
enoutre,
ces obser-vateurspeuvent
échanger
dessignaux;
au moyende visées dans des
théodolites,
un observateur Obpeut
fixer lesposition
angulaire
d’un autreobser-vateur
Ob’;
par deséchanges
designaux,
l’obser-vatéur Ob
peut
attribuer
une distance à Ob’. Ainsi un observateurpeut
représenter
les autresobser-vateurs dans
l’espace physique
qu’il
construit etdans son
espace-temps.
Parsignaux,
lesobserva-teurs
peuvent,
enoutre,
secommuniquer
les résultatsle résultat d’une mesure effectuée par
l’observa-reur Ob
peut
êtrepris
comme connaissance initiale pour effectuer un calcul deprévisions
concernantdes
résultats
de mesures, soitqu’il
effectueraulté-rieurement,
soitqu’un
autre observateur effectuera à une certaineépoque
t’ de sonsystème.
De cettefaçon,
s’établit unephysique
collective concernantles mesures et les
prévisions
au mo.yen deséchanges
de
signaux.
Pour
préciser
les lois de ceséchanges
et de ce calculde
prévisions généralisé,
il faut admettre despostu-lats. Le
principe
de relativité est leplus important,
car il vient déterminer la classe des observateurs
pour
lesquels
les loisphysiques (ou
les lois depré--
vision)
ont même forme.Ces conditions
générales
ne sud’isent pas à fixer quepour l’ensemble des
observateurs,
il existe unespace-temps
commun avec unemétrique
déterminée :on trouve seulement une relation entre les
espaces-temps
construits par deuxobservateurs,
qui
résulte d’une transformation decontact,
et lamétrique
deces
espaces-temps
demeurelargement
indéterminée ;
on obtient entretemps
et distanceT,
R etT’,
R’ pour deux observateursObA
etObn
décrivant untroisième observateur
aligné
Obc
où
!2nc
et.!2CB
sont desopérateurs
liés auxéchanges
de
signaux
entreObA
etObc,
de même pourQAc
et
QCA,
et lesigne’ désigne
une dérivationOn en tire la relation
ou, en
abrégé,
En
posant
et des relations semblables avec les variables
primées,
on voit que l’on a
ce
qui exprime
que la relationT*AB
reliant lesrepré-sentations
spatio-temporelles
de deux observateursquelconques
Oba, ObB
est une transformation decontact.
Mais les
métriques
desespaces-temps
deObA
et
ObB
restentlargement
indéterminées. Eneffet,
fixer unemétrique
revient àfixer
les lois de ladyna-mique
en vertu de -la liaison étroitequi
existe entremétrique
etprincipe
de l’inertie.2. La
complémentarité UnzversSysteme.
-Tant que l’observateur choisit de ne faire aucune
mesure
(abstention),
l’évolution dusystème
resteindépendante
de lui. De cefait,
ilpeut
construireun tableau du
monde,
c’est-à-dire élaborer unedescription
dans un universobjectif.
Eneffet,
enchoisissant de ne pas faire de mesure, l’observateur
crée une situation
analogue
à cellequi
résulte de ladécision de faire une mesure.
Qu’il
décide de mesurer ou des’abstenir,
il renonce à l’arbitraire dont ildisposait
avant le choix et ainsi rendpossible
unedescription objectiviste.
Cette
description
sera nécessairement une théorieconcernant l’univers dans son ensemble parce que,
dans le cas
d’abstention,
l’observateurqui
ne sait rien du mouvement ducorpuscule
est amené à ledécrire dans l’univers. Et une théorie de l’univers
dans son ensemble
est,
une théorieobjectiviste
etdéterministe. En
description prévisionnelle,
les connaissances relatives aucorpuscule
se . trouventtout entières décrites dans la forme de
l’opérateur
d’évolution,
ou encore deJ’opérateur
hamiltoniens’il en existe un. Mais les considérations d’ordre
purement
prévisionnel,
appliquées
dans le casd’abstention,
ne suffisent pas à fixerquel
doit être le Weltbild aadopter;
ellesimposent
seulement de construire un tableau tel que l’onpuisse
yrepré-senter des
corpuscules microphysiques,
mais ne’dit paslequel.
Pour
pouvoir
fournir les élémentsqui
permettent
de déterminer leWeltbild,
ladescription
ducor-puscule présent
dans l’univers doitsatisfaire,
d’unepart,
aux mêmes conditionsgénérales
que dans lecas d’un processus de mesure
engagé,
d’autrepart,
à un réseau de relations assurant sa cohérence.De cette
manière, on peut
décrire uncorpuscule
élémentaire
dans
un universobjectif
selon une théorieunitaire de la relativité
généralisée
et del’électro-magnétisme.
Mais dans cettedescription objective,
le
corpuscule
devra obéir aux mêmes lois que dansla
description prévisionnelle
lorsqu’on
ignore
la fonction d’onde initiale. Onpeut
construire des théories unitaires oùle-corpuscule
est lié auchamp
qu’il
crée,
etapparaît
comme unesingularité
duchamp;
il se trouve donc obéir à uneéquation
d’onde.Puisqu’il
apparaît
comme unesingularité
del’onde,
il est en même
temps
ponctuel
et seprête
à unedescription
déterministe,
qui
n’est autre que cellede
l’onde-pilote
avec double solution. C’est cequ’a
objec-tiviste et déterministe satisferait à tourtes les
exigences générales
que nous avons vu sepréciser
dans le cas d’une mesure.
Ainsi,
au cas où l’onpar-viendrait à démontrer sa
cohérence,
la théorie del’onde-pilote
avec double solution satisferait à la fois auxexigences
résultant
dupoint
de vueprévi-sionnel et à celle de la cohérence interne dans la
description
de l’univers.Mais,
contrairement au casoù l’on effectue une
mesure, la
description
objec-tiviste n’est pas ici
purement
gratuite
et sansréper-cussion sur
l’expérience ;
eneffet,
les conditions decohérence interne
imposées
au Weltbildfournissent
des relations. nouvelles
qui
nepeuvent
êtretrouvées
dans le point
de vueprévisionnel
décrivant les actionsdes observateurs. La
description objectiviste
élaboréedans le cas d’abstention revêt une
signification
physique
en fournissant des relations que l’on pourraconfronter
avecl’expérience.
Ainsi,
il estpossible
que les
exigences
internes d’une théorie unitairepuissent
être suffisamment fortes pour fixercomplè-tement le tableau
objectif
de l’univers enapportant
des
relations,
parexemple
fixerl’expression
des loisd’interaction des
corpuscules,
la valeur descharges
électriques
descorpuscules
élémentaires,
les valeurs des masses descorpuscules (ceci
parexemple
aumoyen de conditions de stabilité du
corpuscule
dans lechamp
dont il est unesingularité
faisant interve-nir lestensions),
maisjusqu’à
maintenant il n’a pasencore été
prouvé
d’unefaçon
précise
que cepro-gramme soit effectivement réalisable.
Mais ces conditions de cohérence interne ne
peuvent
rien donner en cequi
concerne lesgrandeurs
dont le
spectre
comprend plus
d’unevaleur,
commeles
grandeurs position,
quantité
de mouvement, momentcinétique, énergie.
Ces conditions doivent donner seulement des relations sur ce que lades-cription
prévisionnelle
laisseindéterminé,
c’est-à-dire les formes de lois d’interaction pour lescor-puscules
et les valeurs desgrandeurs
univalentesqui
les caractérisent. Ondémôntre,
eneffet,
dans la théoriegénérale
desprévisions
que, pourqu’une
grandeur puisse
être considérée comme unepro-priété
intrinsèque
dusystème
observé,
il estnéces-saire
qu’elle
soitunivalente,
c’est-à-dire que sonspectre
se réduise à une seulevaleur;
autrement dit que te soit une constantecaractéristique
del’espèce
du
corpuscule,
comme sa masse ou sacharge
élec-trique.
-En
outre,
quels
que soient les résultatsapportés
par une théorie
unitaire,
en aucun cas on nepeut
revenir à une théorie
qui
soit à la foiscomplète
etde structure relativiste
classique.
On estobligé
de tenircompte,
dans ladescription théorique,
desopérations
de mesureauxquelles
se livrent lesobser-vateurs et de calculer des
prévisions
pour desrésul-tats de mesures ultérieures.
Or,
lesopérations
demesure ne
peuvent
pas être décrites dans le tableauobjectif
de l’univers. On est ainsi conduit à unecomplémentarité
Univers-Système,
qui
met sur lavoie de l’unification des théories de la relativité
générale
et des théoriesquantiques.
Mais il faut bien remarquer que cettecomplémentarité
est d’untype
différent de celle deBohr,
car dans lacomplémen-tarité de Bohr il
s’agit
d’un doubleaspect
desphé-nomènes,
ou encore de lacomplémentarité
entredes
types
de mesuresqui
s’excluent;
tandisqu’ici
il
s’agit
de lacomplémentarité entre
le cas où l’ondécrit des actions des
observateurs
et le cas oii l’onfigure
l’évolution de l’univers. Aucune de ces deuxintentions ne
peut
se suffire niremplacer
l’autre,
toutes deux doivent être
prises
en considération.Nous allons voir ci-dessous comment leur
adoption
simultanée,
sous forme decomplémentarité
Univers-Système,
peut
servir depoint
dedépart
physique
pour la construction d’une théorie unifiante noncontradictoire.
Dans cette fusion de la
description
prévisionnelle
et de la
description
objectiviste
se manifestent lasignification
adéquate
de cette dernière enmicro-physique
et sa véritableportée,
enparticulier
en cequi
concerne la théorie del’onde-pilote.
3. Conditions de raccordement
dans
l’unifi-cation. - La théoriequantique
et la théorie unitaire relativiste que l’on se propose d’unifier doivent satisfaire aux conditions de raccordement suivantes :I0 A
l’approximation
newtonienne,
c’est-à-direà
l’approximation
d’optique
géométrique
nonrela-tiviste,
les deux théories doivent redonner toutesdeux la théorie
classique;
’2° A
l’approximation d’optique géométrique
rela-tiviste(théorie
macroscopique),
la théoriemacros-copique
noncatégorique
issue deséchanges
dessignaux
entre observateurs ousystèmes
réfléchis-sants
macroscopiques
admet comme réalisationla théorie unitaire
prise
à cetteapproximation;
30 Al’approximation
de la relativité restreinte(théorie
microphysique),
la théorie unitaire doitdonner des
équations
d’ondes pour lescorpuscules
qui
soient identifiables à celles de la théoriequantique
(c’est-à-dire
à celle de la théorieprévisionnelle).
Si l’observateur Ob n’effectue pas de mesure,n’échange
pas designaux,
il
construit’alors
untableau du monde
objectif.
Dans un teltableau,
les actions des observateurs ne sont pas
descrip-tibles. Ceux-ci sont seulement décrits par un
repère
quadridimensionnel
passif.
Si,
aucontraire,
unobser-vateur Ob fait une mesure et calcule des
prévisions,
ceci se trouveexprimé
dans ladescription
prévi-sionnelle,
danslaquelle l’opérateur
d’évolutionobéit à des lois tirées du tableau
objectif,
et liées à la cohérence interne de ce tableau. Tout cequi
dans la
description
prévisionnelle
estindépendant
d’une connaissance initiale
(c’est-à-dire’
indépendant
d’unYQ),
et,
parsuite,
estexprimable
àpartir
del’opérateur
d’évolution ’1l, doit avoir unétroite entre les conditions
imposées
à U et leséquations
obtenues dans la .théorie relativiste uni-taire.4. Construction de la théorie unifiante. -Pour unifier théorie unitaire et théorie
quantique,
on tiendra
compte
enpremier
lieu desexigences
de la théorie
générale
desprévisions
enphysique
collective
(conditions
que nous venons derappeler).
Ensuite,
on fixera les éléments laissés indéterminés. dans cette
théorie,
defaçon
à serapprocher
leplus
possible
de la théorie unitaireadoptée.
Deux méthodespeuvent
êtreenvisagées :
I0 On identifie les
espaces-temps
dechaque
obser-vateur avec celui de la théorie
unitaire;
20 On considère en théorie
quantique uniquement .
des observateurs
galiléens (ce
terme étantadéqua-tement
.défini)
et l’on identifiel’espace-temps
de Minkowski d’un observateur Ob en théorieprévi-sionnelle avec un
espace-temps
de Minkowskitangent
en unpoint
del’espace-temps
de la théorieunitaire.
Alors,
cecipermet
de fixer tous les éléments demeurés indéterminés dans la théorieprévision-nelle,
defaçon
à effectuer le raccordement aven ceux de la théorie unitaire. Cettefois,
les élémentsgénéraux
de la théorie unifiante sont fixés. Lacomplé-mentarité
Système-Univers
vient éviter lescontra-dictions. En l’absence de
mesûre,
onadopte
lades-cription
donnée par la théorieunitaire;
lors des mesures et du calcul desprévisions,
onadopte
ladescription
fournie par la théorieprévisionnelle
quantique.
Une fois cette construction effectivementréalisée,
une révision du formalisme de cette théorie unifiantepermettra
une unificationplus
étroite sur leplan
formel,
et rendraplus
visible-la consistancelogique
de lathéorie,
l’interprétation physique
(indiquée ci-dessus)
demeurant la même.Les relations obtenues à
partir
de la théorieunitaire,
qui
permettent
de déterminer les loisd’évolution des
prévisions
pour unsystème
micro-physique,
conduisent à unopérateur
d’évo-lution ’ll
(t, to)
non linéaire. Ceci neprésente
pas dedifficulté de
principe (mais
seulementdes
difficultés d’ordrepratique
pour lescalculs
effectifs);
unesuperposition
de solutions n’estplus
une solution(c’est-à-dire
qu’une
combinaison linéaire de fonctionsd’ondes n’est
plus
une fonctiond’onde),
mais ladécomposition spectrale
demeure valable : unefonc-tion d’onde doit être à l’instant 1
développée
en sériede fonctions
propres
del’opérateur
de lagrandeur
pourlaquelle
on calcule desprévisions
pour cetinstant t,
et lesprobabilités
des diverses valeurssont encore données par
les
Ci
i2
Les
opérateurs
attachés auxgrandeurs
demeurentlinéaires;
seull’opérateur
d’évolutionpeut
ne pas êtrelinéaire.
5. Conclusion. --- Dans la recherche d’une
interprétation
cohérente desphénomènes
micro-physiques
fondée sur le minimumd’hypothèses,
onest conduit : d’une
part,
à conserverl’interprétation
habituelle des théories
quantiques
en cequi
concerne la
description
des mesures et desprévi-sions ;
d’autrepart,
à yadjoindre
lacomplémen-tarité
Univers-Système
en cequi
concerne lades-cription
descorpuscules
et deschamps
en dehorsde toute mesure, dans une
théorie
unitaire(avec
onde-pilote).
Théoriesquantiques
et théories uni-tairespourront
se trouver ainsi unifiées en unethéorie
plus large
et cohérente.Manuscrit reçu le 22 janvier I962.
BIBLIOGRAPHIE.
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C. R.
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[7] DESTOUCHES-FÉVRIER P. - C. R. Acad.
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[8] PAULI W. 2014 Remarques sur le problème des paramètres