DEA Universit´e de Paris 1
Equilibre g´en´eral, chˆomage et assurance incompl`ete
Le Mod`ele d’Aiyagari [QJE,1994]
Franc ¸ois Langot
GAINS (Le Mans) & Cepremap
24 mars 2004
Risques sp´ ecifiques de revenu
A chaque p´eriode de sa vie active, l’individu fait face `a un risque sp´ecifique sur le march´e du travail. Par exemple, ce risque peut se traduire par la possibilit´e de connaˆıtre des ´episodes de chˆomage. Les transitions entre ces deux
´etats (e ou u) sont mod´elis´ees par le processus de Mar- kov :
t + 1 t
e u
e φ 1 1 − φ 1 u φ 2 1 − φ 2
Soit s la variable al´eatoire donnant le statut d’un indi- vidu sur le march´e du travail, on peut alors noter les pro- babilit´es de transition entre ces diff´erents ´etats comme les probabilit´es conditionnelles de la matrice d´efinie ci- dessus :
π(s 0 |s) = P r{s t+1 = s 0 |s t = s}
o`u s, s 0 ∈ S = {e, u}.
– si s = e, l’individu consacre son temps disponible au travail et re¸coit une r´emun´eration.
– si s = u, l’individu consacre tout son temps `a des ac-
tivit´es hors-march´e (production domestique, moins
productive que l’activit´e de production dans le sec-
teur marchand), et re¸coit des indemnit´es chˆomage
vers´ees par le gouvernement.
Pr´ ef´ erences
Les pr´ef´erences des agents sont r´esum´ees par la fonc- tion d’utilit´e suivante
X ∞ t=0 β t
X
s t+1 π(s t+1 |s t )u(c t )
(1)
o`u le facteur d’escompte psychologique v´erifie β ∈]0, 1[, la consommation c t est strictement positive. Le flux ins- tantan´e d’utilit´e u est une fonction strictement concave de type CRRA :
u(c) = c 1−σ 1 − σ
avec σ le coefficient d’aversion relative pour le risque. Les
m´enages ont acc`es `a un march´e financier, mais ne peuvent
pas s’endetter (contrainte d’endettement). De plus, les
titres sur les march´es financiers ne leur permettent pas
de s’assurer contre tous les risques individuels de revenu.
Le gouvernement
Le gouvernement taxe les revenus salariaux des m´enages afin d’effectuer des transferts vers les chˆomeurs, not´es b.
L’´equilibre de la contrainte budg´etaire du gouverne- ment est assur´e par l’ajustement du taux de cotisation sur le salaire, τ .
L’indemnit´e-chˆomage est suppos´ee inconditionnelle : ind´ependante du nombre de p´eriodes pass´ees au chˆomage (non-d´egressive), et il n’y a pas de dur´ee limite pour l’in- demnisation.
Une ´etude centr´ee sur les vertus et limites de l’allocation-
chˆomage devrait naturellement prendre en compte une
certaine d´egressivit´e jusqu’`a une non-´elligibilit´e.
Les r` egles de d´ ecisions des m´ enages (1)
Le vecteur des variables d’´etat pour le m´enage est le vecteur (k, s) o`u k repr´esente le stock de capital de d´ebut de p´eriode et s la r´ealisation sp´ecifique `a l’agent des
´ev´enements idiosyncratiques. Soit K l’ensemble des va- leurs admissibles du stock d’actif. Le programme r´esolu par le m´enage est le suivant :
v(k, s) = max
c≥0,k 0 ∈K
u(c) + β
X
s 0
π(s 0 |s)v(k 0 , s 0 )
(2) sous les contraintes
c + k 0 = (1 + r)k + wν (s) (3) o`u v repr´esente la fonction-valeur du m´enage, r et w sont respectivement le taux d’int´erˆet et le taux de salaire. ν (s) repr´esente le gain net du m´enage issu de sa participation au march´e du travail :
wν (s) =
(1 − τ )w si s = e (θ + b)w si s = u
avec 1 − τ > θ + b. θ < 1 mesure l’´ecart d’efficacit´e
de la production domestique par rapport `a la production
marchande et b < 1 est le ratio de remplacement.
Les r` egles de d´ ecisions des m´ enages (2) Le probl` eme en certain
L = X ∞
t β t {u(c t ) + λ t [(1 + r )k t + w − c t − k t+1 ] + µ t [k t+1 ]}
Conditions d’optimalit´e u 0 (c t ) = λ t
β t λ t + β t µ t = β t+1 λ t+1 (1 + r) ⇐⇒ λ t + µ t = βλ t+1 (1 + r) 0 = λ t [(1 + r)k t + w − c t − k t+1 ]
0 = µ t [k t+1 ] On en d´eduit que
u 0 (c t ) ≥ u 0 (c t+1 )β(1 + r) = si k t+1 > 0 car µ t = 0 – si k t+1 > 0 alors la dynamique de la consommation
telle que c t+1 < c t car u 0 (c t ) < u 0 (c t+1 ) : comme ρ > r, peu d’incitation aux placements, donc on consomme plus aujourd’hui que de demain.
– si k t+1 = 0 alors
c t = (1 + r)k t + w `a la date t
c t+1 = w `a la date t + 1 car k t+1 = 0 d’o`u c t+1 − c t = −(1 + r)k t < 0.
La consommation est toujours d´ecroissante, jusqu’en t =
T , date `a partir de laquelle elle est constante (c t = w)
Les r` egles de d´ ecisions des m´ enages (3) Le probl` eme en incertain
Soit la variable al´eatoire
M t = β t (1 + r) t u 0 (c t ) On sait que M t ≥ 0 car u 0 (c t ) ≥ 0.
La condition d’optimalit´e du programme du m´enage s’´ecrit alors
u 0 (c t ) ≥ β (1 + r)E t u 0 (c t+1 )
⇐⇒ β t (1 + r) t u 0 (c t ) ≥ β t+1 (1 + r) t+1 E t u 0 (c t+1 )
⇐⇒ E t [M t+1 − M t ] ≤ 0
Th´eor`eme de convergence des “Supermartigales” : comme M t n’est pas n´egatif, on a
M t −→ M ¯ ≥ 0 .
– Si β (1 + r) > 1 ou si β (1 + r) = 1 :
la convergence de M t = ⇒ u 0 (c t ) −→ 0, i.e. c t −→
+∞.
Ceci n’est alors possible que si k t −→ +∞.
– si β(1 + r) < 1 :
la convergence de M t laisse libre la suite des c t : la
consommation est alors une variable al´eatoire pre-
Les r` egles de d´ ecision de l’entreprise
Les entreprises op`erent sur des march´es concurrentiels (output et inputs). Elles disposent toutes d’une techno- logie de production de type
Y = AK α L 1−α
Le programme de l’entreprise, louant ces deux facteurs de production, s’´ecrit :
max K,L AK α L 1−α − wL − (r + δ)K
Les conditions d’optimalt´e indiquent que les producti- vit´es marginales ´egalisent le coˆut unitaire. Le salaire moyen est alors d´etermin´e par la fronti`ere des prix des facteurs :
w = (1 − α)A
r + δ αA
α−1 α
D´ efinition de l’´ equilibre
L’´equilibre stationnaire de cette ´economie est d´efini par l’ensemble des r`egles de d´ecision du m´enage {c(k, s), k 0 (k, s)}, les fonctions valeurs des m´enages v(k, s), les instrument de politique ´economique {τ, b}, une distribution de pro- babilit´e λ(k, s), un vecteur de prix (r, w), et le vecteur des variables agr´eg´ees (K, T, B). L’´etat stationnaire v´erifie alors :
(i) Les prix (r, w) v´erifient
w = ∂F (K, L)/∂L et r = ∂F (K, L)/∂K − δ (4) (ii) Les r`egles de d´ecision k 0 = g(k, s) et c = f (k, s) sont solutions du programme de maximisation des agents.
(iii) τ ´equilibre la contrainte budg´etaire du gouverne- ment pour un ratio de remplacement b donn´e,
B = T o`u B = X
k λ(k, u)bw et T = X
k λ(k, e)τ w (iv) La distribution de probabilit´e λ(k, s) est une dis-
tribution stationnaire associ´ee `a {g(k, s), π(s 0 |s)} v´erifiant : λ(k 0 , s 0 ) = X
s
X
k:k 0 =g(k,s)
λ(k, s)π(s 0 |s) 0 (v) Le capital agr´eg´e est alors d´efini par
K = X λ(k, s)g(k, s)
R` egles de d´ ecision
Fig. 1 – R`egles de d´ecision d’accumulation
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
0 0.5 1 1.5 2
Capital(t+1), r=r*
capital (t)
capital (t+1)
45°
Employé Chomeur
0 5 10 15 20
0 5 10 15 20
Capital(t+1), r=r*
capital (t)
capital (t+1)
45°
Employé Chomeur
Fig. 2 – R`egles de d´ecision de consommation
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
0 0.5 1 1.5 2
Consommation(t), r=r*
capital (t)
consommation (t)
Employé Chomeur
0 5 10 15 20
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
Consommation(t), r=r*
capital (t)
consommation (t)
Employé
Chomeur
Equilibre g´ en´ eral : solution
Fig. 3 – Equilibre g´en´eral
0.005 5 0.006 0.007 0.008 0.009 0.01 0.011 0.012 0.013 0.014 0.015 10
15 20 25 30 35
CAPITAL
RENDEMENT DU CAPITAL (r)
OFFRE DE CAPITAL DEMANDE DE CAPITALFig. 4 – Offre de capital
5 10 15 20 25 30 35
0.004 0.006 0.008 0.01 0.012 0.014 0.016
OFFRE DE CAPITAL
CAPITAL
RENDEMENT DU CAPITAL (r)
OFFRE DE CAPITAL PREFERENCE POUR LE PRESENT
Equilibre g´ en´ eral : distribution du capital
Fig. 5 – Distribution du capital pour le taux d’int´erˆet d’´equilibre
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
0 1 2 3 4 5 6
7 x 10
−4DISTRIBUTION TOTALE DU CAPITAL, r=r*
% DE MENAGES
CAPITAL
Fig. 6 – Distribution du capital : employ´es/chˆomeurs
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
0 1 2 3 4 5 6
7 x 10
−4DISTRIBUTION DU CAPITAL DETENU PAR LES EMPLOYES, r=r*
% DE MENAGES
CAPITAL
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4
1.6x 10−4 DISTRIBUTION DU CAPITAL DETENU PAR LES CHOMEURS, r=r*
% DE MENAGES
CAPITAL