HAL Id: hal-02715503
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Réaction à un composé salivaire et tolérance à la coupe
de génotypes de Dactylis glomerata L issus de
populations ayant une expérience contrastée du pâturage
Marie-Christine Fily, C. Tosca, Gerard Balent
To cite this version:
Marie-Christine Fily, C. Tosca, Gerard Balent. Réaction à un composé salivaire et tolérance à la
coupe de génotypes de Dactylis glomerata L issus de populations ayant une expérience contrastée du
pâturage. Agronomie, EDP Sciences, 1991, 11 (4), pp.247-257. �hal-02715503�
Agronomie
Réaction à
un
composé
salivaire
et
tolérance à
la coupe de
génotypes
de
Dactylis glomerata
L issus de
populations
ayant
une
expérience
contrastée
du
pâturage
M Fily
C Tosca
G Balent
2
1 Université Toulouse
III, laboratoire d’écologie végétale, 39, allée Jules Guesde, 31062 Toulouse cedex;
2
INRA, centre de recherche de Toulouse, URSAD BP 27, 31326 Castanet-Tolosan cedex, France
(Reçu le 9 avril 1990; accepté le 5 février 1991)
Résumé — Une étude
comparative
est réalisée sur 8génotypes
dedactyle (Dactylis glomerata
L)
récoltés dans 2parcelles
desPyrénées qui
ne diffèrent que par l’intensité dupâturage
qui
s’y
exercedepuis
30 ans. Nous montrons,à l’aide de mesures de biomasses effectuées sur des
plantes
cultivées enpots
àpartir
d’une talleunique :
-
que certains
génotypes
tolèrent mieux que d’autres la coupe, simulant lepâturage;
-
que la
thiamine,
mimant la salive desbovins,
n’a pas d’effet constant sur la repousse desplantes;
-
qu’il
y a une cohérence entre lacapacité
de repousse desgénotypes
etl’expérience
que lespopulations
ont dupâ-turage
depuis
30 ans.Des notations du stade
phénologique (structure morphologique)
lors dechaque
coupepermettent
d’expliquer
le casparticulier
d’ungénotype présentant
unephotosynthèse
netteparticulièrement
forte en find’expérience (15
semainesaprès l’installation) :
lesplantes correspondant
à cegénotype
avaient en effetépié
avant lapremière
coupe. On enconclut que le stade
phénologique
desplantes
est trèsimportant
à considérer pour l’examen de leurcapacité
dere-pousse et
qu’il
doit êtrepris
encompte
avant de conclure à des réactionsphotosynthétiques spécifiques
à la défolia-tion.biomasse / défoliation / thiamine / herbivore / repousse /
photosynthèse
Summary —
Examination ofpotential
effect of asalivary
chemical and defoliation tolerance ofDactylis
glo-merata L
genotypes
with diverse histories ofgrazing
management.
Eight
genotypes
ofDactylis glomerata
Lplants
were obtained from 2 more or lessheavily grazed
grasslands (grazed
for 30yr).
Yield of individualplants
pro-duced from a
single
tiller werecompared
(table I) and
it was observed that :-
some
genotypes
are more tolerant toclipping (simulated grazing)
than others(figs 1, 2);
-
thiamine,
simulating
cattle saliva has no constant effect onregrowth (fig 1);
-
clipping
toleranceof genotypes
was consistent with thegrazing experience of population
over a30-yr period (fig 1).
Phenologic
records for eachcutting provided
anexplanation
for the case of agenotype
(«D», fig 4)
which exhibitedhigh
netphotosynthesis
at the end of theexperiment (15
wk aftertransplantation).
Theseplants produce
fertile tillers before the first cut. We conclude that thephenologic
stage
ofplants
is veryimportant
to consider in the examination ofregrowth capacity
and must be taken into consideration beforeputting
forward a conclusionrelating
tospecific
photo-synthetic
response to defoliation.biomass / defoliation / thiamine / herbivore /
regrowth / photosynthesis
INTRODUCTION
Les
populations végétales
fortementpâturées
secaractérisent par
des individusplus
petits
etplus
prostrés
que ceuxprovenant
depopulations
nonpâturées.
Dans
de nombreux cas, il aété montré
que ces
différences
morphologiques
sontdéter-minées
génétiquement
etqu’elles
semaintien-nent
durant
plusieurs
années
enenvironnement
commun(Peterson,
1962;
Detling
etal,
1986).
Cette micro-différenciation
sousl’effet du
pâtu-rage survient en peu de
temps
et sur de faiblesdistances
(15
ans etquelques
dizainesde
mDes études
morphométriques
existent
sur ledactyle
(Stapledon,
1928;
Kemp,
1937;
Rebis-chung,
1953;
VanDijk,
1955;
Charles,
1961;
Fily, 1990).
Mais la variabilité de la repousseelle-même
est étudiéedepuis
moinslongtemps
(Madembo,
1986),
que ce soit au niveau duré-sultat
(=
la
production
debiomasse)
ou au ni-veau des mécanismes(=
laphotosynthèse
par
exemple).
Or,
lacapacité
de repousse estparti-culièrement
intéressanteà
connaître,
tant dupoint
de vue de l’évaluation de la ressourcefour-ragère
que de celui duvégétal
lui-même dont lestatut
compétitif
au sein de lacommunauté
dé-pend
fortement de la taille.Le
premier
but de cetteétude
consistera donc à comparer la toléranceà
la coupe dedifférents
génotypes
dedactyle.
Pour
évaluer cettetolérance,
nousutiliserons
la méthode
classique
de la coupe tout ensa-chant que cette
défoliation
mécanique
ne mimequ’imparfaitement
(Archer
etTieszen,
1980)
lepâturage qui
est le seul moded’exploitation
que connaissent lesplantes
in situ dans lesparcelles
sélectionnées.
Pour une
plante,
ledépôt
de salive par lesani-maux lors de la
prise
alimentairefigure
parmi
lesprincipales
différences
entre la coupe et lepâtu-rage. Le
deuxième
butde
cetteétude consistera
à évaluer la réaction des
plantes
à undépôt
d’uncomposé
salivaire,
la thiamine. Nous y voyons 2intérêts :
premièrement,
lastimulation
de lare-pousse par la salive
pourrait
atteindre 40% de la biomasse deplantes
isolées(Reardon
etal,
1972, 1974;
McNaughton, 1985)
et,
bienque la
transposition
au niveau de laproductivité
dupeuplement
soitdélicate,
onimagine
lasous-estimation du rendement
qui
peut
correspondre
à
ceteffet;
deuxièmement,
sur unaspect
plus
théorique
des relationsplantes-herbivores,
McNaughton
(1985)
signale
le caractèreprovo-quant
d’unmécanisme
où desmolécules
rares,mais
ayant
uneforte activité
biologique,
sonttransférées
des herbivores vers lesplantes,
à
contre-courant des flux
principaux
de masses etd’énergie
cequi
contribue à
faireapparaître
lesplantes
commepartenaires
actifs ducouple
«herbe-animal».
De
plus,
2 observations deterrain
nous ontconduits à réaliser
cetteétude dans
unevallée
des
Pyrénées
centrales,
par ailleursbien
connue, tant
du
point
de
vuede la
floreque de
l’histoire
pastorale (Balent, 1986).
Tout
d’abord,
nous avons
remarqué
la bonne
tolérance
decer-taines
prairies
à
unetrès
fortepression
depâtu-rage hivernal.
Ensuite,
ledactyle,
observé dansdes
parcelles
très différentes par leurs histoires
culturales,
est très variablemorphologiquement.
Nouspouvons résumer les
objectifs
de cetteétude
en formulantles
hypothèses
suivantes :
- le
comportement
(biomasse,
photosynthèse)
des
pieds
dedactyle
vis-à-vis
de la coupe et de la thiamineest, pour
partie,
déterminé
génétique-ment;
- le
pâturage
favorise letype
leplus
tolérant à
ladéfoliation,
autrementdit,
il y a unecohérence
entre
l’expérience préalable
despopulations
dedactyle
vis-à-vis dupâturage
et lecomportement
des individusqui
lescomposent
aujourd’hui.
Ce
comportement
seraétudié
ici par lebiais de la
biomasse
cumulée
et dela
cinétique
de laphoto-synthèse
lors d’une repousse.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Les 2
populations
étudiées
Ces
populations
se sontdéveloppées spontanément
(absence
de semis - Balent etDuru, 1984)
sur 2an-ciens
champs
localisés aux abords immédiats duvillage
de Oô(Haute-Garonne, France).
Les 2sta-tions,
nonperturbées depuis
30 ans, sont trèssem-blables par : le substrat
(rankers
établis sur alluvionsglaciaires
fortement remaniées par la construction deterrasses;
pH
légèrement
inférieur à 6 -Nègre, 1972),
l’exposition (versant sud),
l’altitude(1
000m)
et bienentendu le climat
qui
se rattache au climatocéanique
d’abri
(Izard, 1985).
Les 2 stations sont distantes de1 500 m et
séparées
par unemosaïque
deparcelles
et
quelques
haies. Elles se différencientessentielle-ment par le critère de la
pression
depâturage passée
et
présente :
nousappellerons lp30
lapopulation
légè-rement
pâturée depuis
30 ans et FP30 lapopulation
fortement
pâturée depuis
la même date.Le site d’étude a été
présenté
de manièrecomplète
par ailleurs(Balent
etDuru,
1984).
Dispositif expérimental :
facteurs
etmodalités
Notre
expérience comprend
4 facteurs :- le facteur
«population d’origine»
avec 2 modalitéscomme nous venons de le voir. Ce facteur est syno-nyme d’un facteur «histoire des stations vis-à-vis du
pâturage», lp30
a été peupâturée,
FP30 l’a étéforte-ment;
- le facteur
«génotype» :
le nombre de modalités(1
modalité = 1génotype
= 1 individugénétique)
par-
le facteur «coupe» connaît 3 modalités : outre le té-moin «0 coupe», le
pâturage
lâche est mimé par uneréduction de la hauteur des
plants
à 8 cm tous les 21j;
la coupe la
plus
sévère(réduction
à 5 cm tous les 15j)
n’est pas toutefois aussi intense que celle quesubis-sent les
plantes
en condition depâturage
in situ(Des-prés
etSoulas,
1981).
Ces
modalités de coupe ont étéchoisies aussi
d’après
labibliographie (McNaughton,
1979;
Detling
et al,
1979;Detling
et al,
1980);
- le facteur «thiamine» : la
quantité
de thiamine appor-tée est très faible : 0,2 ml d’une solution à 10ppb
(par-tie pourbillion).
Ellecorrespond
à laquantité déposée
par un animal selon Reardon et al(1974)
etMcNaugh-ton
(1985).
Le témoin est obtenu parl’application
de lamême
quantité
d’eau distillée.Le facteur
«génotype»
est hiérarchisé sous lefacteur
«population» (Rognli, 1987)
et le modèle«(«génotype»
<«population»)
x coupe x thiamine»» aété soumis à une
analyse
de variance.Un tel
dispositif
factorielprésente l’avantage
deper-mettre de tester l’interaction entre les
facteurs;
celleentre le facteur
«génotype»
et les facteurs «coupe» et«apport
de thiamine» nous intéresse enpremier
lieu.Les mesures de biomasse ont été faites sur toutes
les
plantes.
Lacinétique
de laphotosynthèse
n’a été déterminée que sur 2génotypes coupés
sévèrement pour chacune despopulations,
soit 4génotypes.
Installation
et conduite dela culture
Quatre touffes de
dactyle
ont étéprélevées
le 12 mars1987 à 4 endroits différents de chacune des 2 par-celles. Nous avons choisi des touffes de taille
suffi-sante pour
pouvoir
yprélever
6 talles devigueurs
com-parables.
Ledispositif
expérimental
impose
dedisposer
de ce nombre d’individusgénétiques
identi-ques
(3
modalités de coupe x 2 modalités de thiamine= 6
talles).
Afind’augmenter
encore la ressemblancedes talles au début de
l’expérience
nous avons retaillé les feuilles et les racines dechaque
talle avant de lesinstaller, isolées,
dans unpot
contenant unmélange
soigneusement homogénéisé
de 50% de terrevégé-tale et 50% de terreau. Les 48
pots
ont étédisposés
au hasard et suffisamment loin les uns des autres pour
qu’il
n’y
ait pas decompétition
entre lesplantes.
Celles-ci ont été arrosées trèsrégulièrement
en fonc-tion de la demandeclimatique.
Dans cesconditions,
nous n’avons pas observé de
perte
de matériel durant les 2 mois del’expérience,
même sur lesplantes
noncoupées. L’expérimentation
a été menée aujardin
desplantes
de l’université de Toulouse.La
première
coupe est intervenue le 18mai,
soit 2mois
après
l’installation,
et les suivantes se sont dé-roulées sur 7 semaines(3
coupes lâches et 4 coupes sévèresauxquelles correspondent
2 et 3phases
derepousse).
Dans les heuresqui
ont suivi la dernièrecoupe à hauteur
précise,
toutes lesplantes
ont étére-coupées (re-coupées
pour letémoin)
au collet. La cinéti-que de laphotosynthèse
a été mesurée lors de latroi-sième repousse consécutive à une coupe sévère.
Les variables
enregistrées
Nous avons
enregistré
2 variables pourchaque
plante :
La biomasse
cumulée
Le choix de cette variable se
justifie
de 2 manières. C’est d’abord leparamètre qui
intéresse leplus
l’ani-mal et,au-delà,
l’éleveur oul’agronome.
C’esten-suite,
dupoint
de vue desplantes (phytocentric
over-view, Dirzo,
1984),
un des meilleurs indicateurs de leuradaptation
à l’habitatpâturé puisque
l’accumula-tion de matériel
témoigne
descapacités compétitives
qui
sontparticulièrement importantes
dans lesprairies
(Donald, 1963).
C’est
pourquoi, privilégiant
le«point
de vue desplantes» plutôt
que celui de l’éleveur ou del’agro-nome
plus
habitués à raisonner en terme debio-masse
récoltable,
nous avonsenregistré
la matièresèche aérienne cumulée durant la totalité de
l’expé-rience
(production
des coupes successives et de lacoupe finale au
collet).
La matière sèche estpesée
après
unséjour
à l’étuve de 72 h à 80 °C.La
photosynthèse
lors
d’unerepousse
Au niveau de la
plante
entière,
la repousseplus
vi-goureuse d’ungénotype pourrait s’expliquer,
notam-ment, par une
récupération plus rapide
de l’activitéphotosynthétique.
Nous avons donc déterminé laci-nétique
de cette activitéphotosynthétique
pour 8 indi-vidus.Le
système
de mesurecomprend
une chambre d’assimilationqui
enferme lesparties
aériennes etdans
laquelle
circule en continu de l’air à débitcons-tant. Les variations de teneur en
CO
2
de l’air circulantsont
enregistrées
par unanalyseur
de gaz àinfra-rouge
(modèle
ANIR-12 deSchlumberger).
Nousnous sommes
inspirés
de Williams etKemp (1978)
pour la construction de chambres d’assimilation
qui
assurent uneséparation
étanche entre lesparties
aé-riennes et les
parties
souterraines desplantes.
Lejoint
au niveau du collet est renforcé par de lapâte
àmodeler,
cequi
permet
d’éliminer efficacement lacontamination de la chambre
supérieure
par le gaz de lapartie
inférieure et ce, endépit
duport
en touffe dudactyle.
Lors des mesures effectuées enphytotron
l’éclairement incident était de 20 000 lux
(420
W.m
-2
)
et la
température
de 18 °C. Enfin lesplantes
étaient uniformément arroséesquelques
h avant la séance de mesure.Chaque point expérimental
est obtenu pardiffé-rence entre 2
enregistrements :
lepremier
est effec-tué à l’obscurité etpermet
de calculer larespiration
obscure;
puis
une seconde mesure est faite à lalu-mière,
la variation de teneur enCO
2
de l’air est alorsle bilan de la
photosynthèse,
de larespiration
obscureet de la
photorespiration.
Par différence avec la(Pa),
synonyme dephotosynthèse
nette(Pn).
Nousavons suivi Sestak et al
(1971)
pour le calcul del’acti-vité
photosynthétique
«F»,
exprimée
en g deCO
2
parindividu et par s.
Les
cinétiques
sont suiviespendant 11 j
etcons-truites à
partir
de 7points expérimentaux.
Lepremier
de cespoints
est obtenu moins de 6 h avant ladéfo-liation,
le second est noté dans l’heurequi
suit lacoupe. Lors de la
phase
de mise aupoint
del’expéri-mentation,
nous avonsrépété
les mesures sur unéchantillon à
quelques
dizaines de min d’intervalle. Elles se sont révélées trèsreproductibles;
enconsé-quence, nous n’avons réalisé
qu’une
mesure pourdé-terminer
chaque point
de lacinétique.
Outre ces 2 variables
principales,
nous avons noté lors dechaque
coupe lavigueur (échelle
de 0 à5)
dechaque plante
et le nombre de tallesépiées.
RÉSULTATS
Biomasse
Le tableau I regroupe les mesures
effectuées
sur les 48plantes
(g
de MS parplante).
Onnote-ra des écarts relativement forts entre ces valeurs absolues.
La
figure
1représente
demanière
synthétique
l’effet des
traitements
sur les différentsgéno-types.
La base 100 est obtenue pourchaque
gé-notype
par letémoin
noncoupé.
On notera :
-
que les
réactions
sonttrès
variablesd’un
géno-type
à l’autre. Avec une coupesévère,
leclone
D voit sa biomasseréduite
à 20% de la valeur du témoin noncoupé
alors que le cloneF,
avec unecoupe
lâche,
voit sabiomasse
augmenter
jusqu’à
atteindre 120 et 139% dutémoin. Mais la
valeur relative la
plus
forte estobservée
pour le cloneC
qui provient
de laparcelle
la moinspâtu-rée;
-
que, en
général,
la coupe lâche diminue moinsla
production
que la coupesévère;
-
que la
production
moyenne de lapopulation
historiquement
peupâturée
estplus déprimée
par les 2
régimes
de coupe que celle de la popu-lation connaissant un fortpâturage depuis
30ans. En
effet,
les individus de lapremière
popu-lation ne«récupèrent»
que38,7
et 60% debio-masse du lot
témoin,
respectivement
pour lacoupe
sévère
etlâche,
alors quepour
lase-conde
population
les valeurscorrespondantes
sont
égales
à65,6
et87%;
-
que la
thiamine
n’a pas d’effet constant(des
stimulations mais surtout 3 fois sur 16 un fort effetdépressif).
La
figure
2permet
de mieux suivre laréponse
à la coupe dechaque
génotype
ainsi que leurproduction
totale,
les 2échantillons,
thiamine(+)
et thiamine
(-),
sont cumulés.-
H,
bien quedéprimé
par la
coupe, reste leplus
productif,
- lesgénotypes
collectés
enIp30
ont uneré-ponse
à
la coupebeaucoup plus homogène
queceux collectés en
FP30,
- les effets
apparemment
positifs (F
etG)
corres-pondent
auxgénotypes
dont les individus noncoupés
sont les moinsproductifs (voir
aussita-bleau
I).
Analyse
de variance
Transformation de données
Nous avons
procédé
à
unetransformation
loga-rithmique
des biomasses cumulées
(incluant
la
biomasse
résiduelle,
ducollet à
5 ou 8 cmde
hauteur)
afind’améliorer
l’ajustement
de ladistri-bution
desrésidus à
une loinormale. Cette
comparons 48
plantes
isolées
sur lecritère
de leur croissance. Lemécanisme
decroissance,
dans ces conditions d’absence
de
compétition,
se
rapproche
d’unmodèle
exponentiel.
La
trans-formation
logarithmique
se trouve doncjustifiée
à la fois par desarguments
statistiques
etbiolo-giques (Dunn,
1981).
Cette transformation
estd’ailleurs très
fréquente
dans cetype
d’études
(Madembo,
1986;
Aarssen etTurkington,
1987;
Jaramillo et
Detling,
1988).
(Génotype
<Population)
xcoupe
xthiamine
(tableau II)
Les éléments les
plus
intéressants
sont : d’unepart,
les interactions hautementsignificatives
(au
seuil
a =0,01 )
entrele facteur coupe
etles
facteurs
«génotype»
et«population»,
et, d’autre
part,
l’absence d’effetsignificatif
de la thiamine(a
=0,09,
tendance à
uneffet
négatif
visible
dans le
tableau
I).
Sur les seules
plantes
noncoupées (résultats
nonfigurés),
le facteur
génotype
restehaute-ment
significatif. Rappelons
que les 3témoins
les moins
productifs
sont ceuxqui
tolèrent
le
mieux la coupe.
Photosynthèse
lors d’une
repousseLa
figure
3représente
lescinétiques
observées
Ces
cinétiques
sontparticulièrement
variéeset il est
difficile
dereconnaître des modes de
ré-action nets. Nous
remarquerons que dans
6 cas sur 8l’activité décroît
de manière nette du fait de la défoliation.Dans
les 2 autres cas la Pn n’apas variée 3 h
après
la coupe. Pour l’individuD-cette absence de
réaction
s’explique
par le faitque la coupe a
enlevé
dumatériel
peu actif -destiges
essentiellement-(nous
n’avons pasd’expli-cation concernant le
comportement
deF+).
La tendancegénérale
est ensuite au recouvrementde l’activité
initiale,
voire à sondépassement
avant la fin du suivi
qui
dure 11j.
On
notera uneplus grande
similarité des courbes
correspon-dant à un mêmegénotype, qu’il
ait reçu ou nonde la thiamine.
Cette ressemblance
estplus
nette encore(analyse
de variance : effetgénotype significatif
à a =0,001)
sur la base des activitésphotosyn-thétiques
ramenées à l’unité de biomasse au9
e
j
de la repousse
(fig
4 : les valeurs de biomasse utilisées sont celles obtenues lors de la coupeef-fectuée
le11
e
j).
DISCUSSION
Biomasse
cumulée
Effet de la coupe
Il n’est pas
surprenant
de noter un effethaute-ment
significatif
de lacoupe étant donné
lecontraste entre les modalités
qui
étaient
appli-quées
pour l’étude de ce facteur. Il estplus
in-structif de sepencher
sur l’effet dechaque
mo-dalité de ce facteur «coupe».
La coupe lâche diminue moins la
production
des
plantes
que la
coupesévère
et ce dema-nière constante
quel
que
soit legénotype.
Nousne pouvons
toutefois
pasgénéraliser
enaffir-mant que «moins un individu est
coupé plus
ilproduit»
car lesgénotypes
F(et
demanière
moins nette
les
génotypes
G
etC)
ont une pro-duction finalesupérieure
aux témoins noncou-pés.
Il y a dans ces cas une croissance nonseu-lement
compensatrice
maissurcompensatrice
(McNaughton, 1983, 1986).
Au-delà
des 3 casparticuliers
desurcompen-sation
apparente,
l’interaction hautementsignifi-cative entre la coupe et les
génotypes
résulte
du faitque les
génotypes
les
plus
résistants à
uneune coupe sévère. Ce résultat
plaide
donc pour une fortedétermination
génétique
de la tolé-ranceà
la coupe sanspréjuger
desmécanismes
en
jeu
etque
nousenvisagerons plus
loin.
De telles différencesintergénotypiques
surla base
de la biomasse avaient
déjà
été mises enévi-dence
pour
ledactyle
par Tinker(1930).
Par
ailleurs,
les différencessignificatives
ob-servées entre lesplantes
noncoupées (8
géno-types) pourraient
résulter
d’uncoût associé à
lacapacité
de
repousse; eneffet les
3génotypes
dont la
production paraît
stimulée
parla
coupesont ceux
dont les
productions
sont lesplus
faibles en l’absencede coupe.
Nosrésultats
concordent
avec ceuxde
Detling
etal
(1986)
surAgropyron
smithii pourqui
lesplantes adaptées
au
pâturage
sonttoujours
moinsproductives
lorsqu’elles
ne sont pasdéfoliées.
Ilsdivergent
toutefois
de ceuxqu’obtiennent
Aarssen etTurkington (1987)
sur Holcus lanatus et Lolium perenne. Il ne semble donc paspossible
dedé-gager de
règle
valable
quelles
que soient leses-pèces.
Effet
de la
thiamineSelon de nombreuses références citées par
McNaughton (1985),
la thiamineinterviendrait
comme unpromoteur
de croissance racinaire
etne stimulerait donc
la
production
des
parties
aériennes
quede
matière indirecte. La
thia-mine estsynthétisée
dans lefeuillage
de toutesles
plantes
et nousconsidérons, ici,
le cas d’unesource
exogène
par l’intermédiaire de
la salive.D’autres
auteursconsidèrent
quela salive
pour-raitagir
sans mimer desphytohormones
mais par son contenu en sels(Detling
et al,
1981).
Lesrésultats
desquelques
études consacrées à
cesujet
sontvariés
etrésumés
dans le tableau III.D’après
nosrésultats,
la
thiamine n’apas
d’effetsignificatif
surla
repousse dudactyle.
Reardon
et al(1974), puis McNaughton (1985),
ont montré que l’effet stimulant
était
plus
net si la défoliationétait modérée voire absente.
Nous n’observons pas cette tendancequi,
parailleurs,
laisse
perplexe
quant
à
l’interprétation
évolutive :
dans
lanature,
la
salive n’est-elle pas
déposée
essentiellement sur les
plantes
défoliées ? Nous
ne notons pas, non
plus,
de différence selonl’ex-périence
dupâturage
qu’ont
connue lespopula-tions.
Sur
ce dernierpoint, rappelons
quel’étude
la
plus
fine actuellementmenée
neporte
que surune
comparaison
de 2espèces,
il est vraiphylo-génétiquement proches
Sporobolus
ioclados
(commune
dansles
sitestrès
pâturés)
etS
pyra-midalis
(McNaughton, 1985);
aucuneétude,
ànotre connaissance ne
portait
sur laréaction
dudactyle.
D’unpoint
de vuepratique,
ilsemble
bien que l’on
puisse
écarter
uneffet de la
salivesur le
dactyle lorsque
l’on tente de mimer lepâtu-rage par une
défoliation
mécanique.
Nosrésul-tats sont donc
concordants
avec ceux deDetling
et al
(1980)
et nous sommesd’accord
avecleur
principale
conclusion,
à savoir quel’importance
quantitative
de l’effet du
dépôt
de salive
estmi-neure.
La tendance
est toutde même à considérer
puisque proche
du seuil designification :
l’effet
en seraitnégatif (signe
observé à
chaque
fois
que l’écart
autémoin
esttrès
net),
soit
l’opposé
de la
majorité
des résultats
rapportés
dans la
lit-térature(une
exception :
Rhoades,
1985).
Effet de l’histoire du
pâturage
(population d’origine)
L’effet
principal
du facteur«population»
ainsi que l’interaction«population
x coupe» sont doncsi-gnificatifs
en termestatistique.
Toutefois,
étant
donné la
petite
taille de notreéchantillon
degénotypes,
etle très
grand
nombre d’individus
génétiques présents
au seinde
chaque
parcelle,
il nous
paraît
hasardeux
d’affirmer quebiologi-quement
les
populations
diffèrent;
cepoint
Nous retenons que la
population
ayant
expéri-menté le
pâturage
FP30présente
une forteten-dance
à
une meilleurerésistance à la
coupe parrapport
à cellequi
n’ajamais
été très
pâturée.
Les
comparaisons
avec lesdonnées
bibliogra-phiques
sont difficiles car un facteur évolutif tel que lepâturage
peut
prendre
de nombreuses formes(combinaisons
entrel’intensité,
lerythme,
etc.).
Deplus,
les différences liées à labiologie
desespèces
étudiées
limitent aussi lespossibili-tés de
comparaison.
Nousrapporterons
simple-ment 3 travaux. Le
premier
va dansle
sens denos résultats : Jaramillo et
Detling (1988),
utili-sant
également
unplan
factoriel à 3 facteurs :«population»
(pâturée
ou non par les chiens deprairie),
«défoliation»
et«compétition»
montrentque les
populations
neréagissent
pasdifférem-ment
à la
défoliation,
quelles
que soient leursex-périences
depâturage. À l’opposé, McNeilly
(1981)
a pumontrer,
mais à l’aide d’unprotocole
plus
lourd,
que le rendement de Poa annua habi-tuellementpâturé,
est moins réduit que celui deplantes jamais
pâturées (il appliquait
une coupeparticulièrement
sévère : durant 13semaines,
toutes les 2 semaines à
1,5
cm dusol).
Enfin,
Hayward
et al(1982)
obtiennent
euxaussi
uneinteraction entre
«population»
et «coupe» sur labase du
rendement;
leurexpérience
estégale-ment
beaucoup plus
lourde quela nôtre
(15
coupes sur 45
populations
de Loliummultiflo-rum).
Photosynthèse
lors d’unerepousse
Il est de
plus
enplus
largement
admis que lare-pousse
dépend
essentiellement de laphotosyn-thèse
et non pas deréserves carbonées
qui
nejoueraient
un rôle déterminant quependant
lestout
premiers jours
suivant unedéfoliation très
sévère
(Davidson
etMilthorpe,
1966;
à
propos dudactyle;
Richards etCaldwell,
1985,
à
proposd’Agropyron
et pour de nombreuses référencessur
le
sujet).
Par le choix
de cette variable«cinétique
de laphotosynthèse»,
nous testonsdonc une
première hypothèse
pourexpliquer
d’éventuelles différences
dans les biomassescu-mulées.
Lavariété
descinétiques
observées
nepermet
pas de conclure
quant
à
d’éventuelles
dif-férences
devitesses
dereprise
del’activité
pho-tosynthétique.
L’ordre de
grandeur
de l’activité
photosynthéti-que
que nous mesurons estcohérent
avec les donnéesobtenues
pard’autres
auteurs sur ledactyle
(Eagles
etOtham,
1978a,
1978b;
Ethe-rington,
1984;
Roy, in Saugier, 1986).
Il se
confirme que le niveau d’activité
photo-synthétique
est fortementdéterminé
génétique-ment. La similitude
des
mesures(fig 4)
corres-pondant
à un mêmegénotype,
qu’il
ait reçu ou non de lathiamine,
entémoigne
mieux encoreque les
cinétiques
de Pn.Eagles
et Otham(1978a)
avaient
notéégale-ment des
différences
significatives
sur cecarac-tère
entre despopulations
de
dactyle
différen-ciées sous des
latitudes
différentes.Le mécanisme de la repousse :
liens entre
photosynthèse
etbiomasse
Il ressort
de la confrontation
desrésultats de
bio-masse avec ceux
d’activité
photosynthétique
une observation apriori paradoxale :
legéno-type D,
qui
recupère
lemoins
bien en terme debiomasse,
recouvrepourtant
une forte activitéphotosynthétique
lors de la 3e repousse. Nousavons tout d’abord vérifié que cette
originalité
neprovenait
pas d’unsimple
port
particulièrement
prostré
de cegénotype.
La coupeétant faite à
une hauteur constante parrapport
ausol,
uneplante
rampante
connaîtrait
unedéfoliation
moins
sévère
qu’une
plante érigée;
lacomparai-son des
biomasses
résiduelles à l’issue
de ladernière
coupe(tableau I)
permet
d’écarter
cettehypothèse, puisque
le clone D se situe dans lamoyenne des autres.
Par
contre, l’examen
du nombrede talles
fer-tilescoupées
àchaque opération explique
de manière satisfaisantela réaction
singulière
du
génotype
D.Celui-ci
a étéamputé
de 7(avec
thiamine)
et 6 talles fertiles(sans thiamine)
alors que tousles
autresgénotypes
n’ontété
amputés
que de 0-2
talles fertiles :
lesplants
témoins
non
coupés (base
100 de lafig 1)
ont puaccu-muler de la
biomasse dans
lestiges
et lesgraines
alors que
lesplantes
coupées
ontété
très sérieusement
déprimées
durant
lespre-mières semaines.
Parcontre,
durant les 15der-niers j
del’expérience,
cegénotype produisant
plus
de tissus
jeunes
que les autres(environ
20%de la
biomasse totale
contre10%).
Or les
tissus
jeunes
sont ceuxqui
présentent
le bilan
photosynthèse -
respiration
le
plus
élevé
(McNaughton, 1986)
etla
forteactivité
photosyn-thétique
parunité de
poids
secs’expliquerait
ainsi.
Le cas
particulier
du clone D conduit àsouli-gner
l’importance
de la structuremorphologique
correspondant
au stadephénologique
desplantes
dans l’examen de leurs
réponses
à la
défoliation.
Plusgénéralement,
lesdifférences
entre
génotypes
que nous avons mises enévi-dence
sontpeut-être
liées essentiellement à des
différences
intergénotypiques
dephénologie.
Lephénomène
desurcompensation
est doncfonda-mentalement
dépendant
de la date àlaquelle
esteffectué le bilan de MS
produite
et il ne nouspa-raît pas
opportun
de considérer cephénomène
comme uncaractère
adaptatif particulier.
Les faibles différences de Pn(exprimée
parunité
debiomasse)
entre les 3 autresgénotypes
suggè-rent d’ailleurs unevariabilité réduite
desréac-tions
physiologiques spécifiques
à la défoliation.
Cette
position
estégalement
celle deMc-Naughton (1974), Detling
et Painter(1983),
Olson et Richards(1988a,
1988b,
1988c),
maismériterait
des travauxdestinés à évaluer
l’impor-tance relative des mécanismes mis en
jeux.
D’ores et
déjà,
onpeut
émettrel’hypothèse
quela sélection naturelle pour des
types
adaptés
aupâturage opère plus particulièrement
sur lenombre de
talles,
la date de leursdifférencia-tions en talles fertiles ou encore la vitesse de
re-nouvellement des feuilles
(Hunt,
1970).
Uneétude
morphométrique
sur dumatériel récolté
dans
lesmêmes
stations ettransplanté
à
Tou-louse a été effectuée dans le but de testercer-tains de ces
points.
REMERCIEMENTS
Ce travail de recherche a été financé par des contrats
du ministère
français
de la Recherche(n° 88R074)
etdu ministère de l’Environnement-Comité EGPN
(n°
2632A)
ainsi que par l’université PaulSabatier,
Tou-louse III.
Nous remercions P
Jacquard
(CEFE, Montpellier)
qui
a bien voulu relire unepremière
version de cetar-ticle ainsi que A Moisan
(INRA,
Toulouse)
pour sonaide concernant
l’analyse statistique.
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