Université Pierre & Marie Curie L3 de Mathématiques
LM 360 (Topologie et Calcul différentiel) Automne 2011
TD n ◦ 9. L’inégalité des accroissements finis et la formule de Taylor 1 L’inégalité des accroissements finis
Exercice 1. On veut montrer que le système des deux équations
x =
14sin(x + y) et y = 1 +
23arctan(x − y) admet une unique solution.
a) En utilisant le théorème des accroissements finis, trouver une norme sur R
2telle que
f : (x, y) 7→
1
4 sin(x + y), 1 + 2
3 arctan(x − y)
soit contractante.
b) Conclure.
Exercice 2. Soient E et F deux espaces vectoriels normés et U un ouvert connexe de E. Soit f : U → F une fonction différentiable telle que sa différentielle Df est constante sur U . Montrer que
∃A ∈ L(E, F ), ∃b ∈ F, f (x) = Ax + b ∀x ∈ E
(où L(E, F ) désigne l’espace vectoriel des applications linéaires continues de E dans F.)
Rappel : Si U est un ouvert connexe de E et h : U → F est une application différentiable telle que Dh = 0 sur U , alors h est constante sur U .
Exercice 3. Soit K un compact de R
n, U un voisinage ouvert de K et f : U → R
nune fonction de classe C
1. On suppose qu’il existe un voisinage V de K, convexe ouvert et relativement compact tel que K ⊂ V ⊂ V ¯ ⊂ U . On pose, pour t ≥ 0, f
t= I + tf, où I : x 7→ x est l’identité de R
n.
a) Montrer que M =sup{kDf (x)k : x ∈ V ¯ } existe et que, pour tout y ∈ V ¯ , kx − yk ≤ kf
t(x) − f
t(y)k + tMkx − yk.
b) On pose t
0=
M1. Déduire de ce qui précède que pour tout t ∈ [0, t
0[, la restriction de f
tà ¯ V est injective.
On suppose désormais que t ∈ [0, t
0[.
c) Montrer que la restriction de f
tà ¯ V est un homéomorphisme de ¯ V sur f
t( ¯ V ).
d) Montrer que pour tout x ∈ V, Df
t(x) =I+tDf(x) est inversible si 0 ≤ t < t
0.
Exercice 4 (À retenir). Soient E, F deux espaces de Banach, U ⊆ E un ouvert, et une suite (f
n) d’applications C
1, f
n: U → F. On suppose :
– ∃a ∈ U tel que (f
n(a)) converge ;
– (Df
n) converge uniformément sur U vers une fonction g.
a) Montrer que pour tout h tel que [a, a + h] ⊆ U , on a
k(f
p(a + h) − f
p(a)) − (f
q(a + h) − f
q(a))k ≤ sup
b∈[a,a+h]
||D(f
p− f
q)(b)|| · ||h||
b) En déduire que (f
n(a + h)) est de Cauchy et que (f
n) converge simplement vers une fonction nommée f . c) Montrer que la convergence est uniforme si khk est borné. En déduire que f est continue.
d) Montrer que f est différentiable en écrivant
kf (b + h) − f (b) − g(b) · hk ≤ k (f (b + h) − f (b)) − (f
n(b + h) − f
n(b)) k + kf
n(b + h) − f
n(b) − Df
n(b) · hk
+ kDf
n(b) · h − g(b) · hk et en majorant chacun des termes.
e) Conclure.
1
2 Différentielles d’ordre supérieur et formule de Taylor
Exercice 5. Soient E
1, E
2et F des espaces normés et B : E
1× E
2→ F une application bilinéaire continue.
Montrer que B est de classe C
∞et déterminer les différentielles D
kB.
Exercice 6. Soient E et F deux espaces de Banach et f : E → F une application de classe C
2. a) Soit h ∈ E et ϕ
h(x) = Df (x)(h). Justifier que
D
2f (a)(k, h) = Dϕ
h(a)(k) pour tout k ∈ E.
b) Supposons que, pour tous t ∈ R et x ∈ E, f (tx) = t
2f(x). Montrer que D
2f (0)(x, x) = 2f (x) pour tout x ∈ E.
c) Soit a, h, k ∈ E et soit ψ : R
2→ F définie par ψ(t, s) = f (a + th + sk). Calculer
∂t∂s∂2ψ(0, 0).
Exercice 7. a) Soit f : R → R une application C
∞et soit n ≥ 1.
Établir l’équivalence des propriétés suivantes : – f (0) = f
0(0) = . . . = f
(n−1)(0) = 0.
– f (x) = x
ng(x) avec g ∈ C
∞.
b) Soit Ω un ouvert convexe de R
ncontenant 0 et soit f ∈ C
∞(Ω, R ). On suppose f (0) = Df (0) = 0. Montrer qu’il existe g
i,j∈ C
∞(Ω, R ) telles que f (x) = P
ni,j=1
x
ix
jg
i,j(x).
c) (la même propriété dans les espaces de Banach)
Soient E
1, . . . , E
net F des espaces de Banach et f : U ⊂ E
1× . . . × E
n→ F une fonction C
ksur l’ouvert convexe U (avec k ≥ 2) telle que f (0) = 0 et Df (0) = 0.
Montrer qu’il existe des fonctions g
ij: U → L(E
i, E
j; F) de classe C
k−2sur U telles que f(x) = P
i,j
g
ij(x)(x
i, x
j) ∀x ∈ U,
où L(E
i, E
j; F ) désigne l’espace des applications bilinéaires continues E
i× E
j→ F et x
i= Π
i(x) où Π
i: E
1× . . . × E
n→ E
iest la projection sur l’espace E
i.
Exercice 8. Soit f (x, y) une fonction C
2au voisinage du cercle x
2+y
2= 1. On pose
∂f∂x(1, 0) = a et
∂x∂y∂2f(1, 0) = b. On définit, pour tout θ ∈ R , F(θ) = f (cos θ, sin θ). Calculez F
00(0) en fonction de a et de b.
Exercice 9. Soient E, F, G des espaces de Banach et u : E → F, v : F → G deux applications C
2. Calculer, à l’aide de la définition, la différentielle seconde de w = v ◦ u.
Exercice 10. Ecrire la formule de Taylor-Young a) à l’ordre deux pour une fonction de trois variables ; b) à l’ordre trois pour une fonction de deux variables ;
c) à l’ordre treize en (0, 0) pour f(x, y) = y
5+ x
3y − x
2+ y.
Exercice 11. Soit E un espace vectoriel normé et f : E → R une fonction de classe C
2sur E telle que
∀x ∈ E, f(x) > 0.
On suppose qu’il existe M > 0 tel que
∀x ∈ E, kD
2f (x)k ≤ M . a) Montrer que si h ∈ E et λ ∈ R , on a :
∀x ∈ E, 0 < f (x) + λDf(x) · h +
λ22M khk
2.
Indication : appliquer la formule de Taylor avec reste intégral à f entre x et x + λh.
b) En déduire que kDf (x)k ≤ p
2M f (x).
3 Pour aller plus loin...
Exercice 12. Soient E un espace de Banach, f : [0, 1] → E et g : [0, 1] → R deux applications continues, différentiables sur ]0, 1[, telles que pour tout t ∈]0, 1[,
||f
0(t)|| ≤ g
0(t).
On suppose de plus que ||f (1) − f (0)|| = g(1) − g(0). Montrer que pour 0 < u < v < 1,
||f (v) − f (u)|| = g(v) − g(u).
En déduire que ||f
0(t)|| = g
0(t) pour tout t ∈]0, 1[.
2
Exercice 13. Soient E, F deux espaces de Banach et k ∈]0, 1[. On considère une application ϕ : E × F → F telle que ||ϕ(x, y)−ϕ(x, z)|| ≤ k||y −z|| pour tous x ∈ E et y, z ∈ F. Pour a ∈ E fixé on définit D
1ϕ(a, b) ∈ L(F) la différentielle de l’application ϕ(a, ·) : F → F au point b ∈ F. De même on définit D
2ϕ(a, b) ∈ L(E, F ).
a) Montrer que, pour tout x ∈ E, il existe un unique f (x) ∈ F tel que ϕ(x, f(x)) = f (x).
On suppose desormais que ϕ est différentiable.
b) Montrer que ||D
2ϕ(a, b)|| ≤ k pour tout couple (a, b) ∈ E ×F. En déduire que id
F−D
2ϕ(a, b) est inversible en L(F).
c) Calculer Df(a) en tout point a ∈ E où f est différentiable.
d) Montrer que pour tous a, h ∈ E on a ||ϕ(a + h, f(a)) − ϕ(a, f (a))|| ≥ (1 − k)||f (a + h) − f(a)||. En déduire qu’il existe une constante M = M (a), dont on fournira une majoration explicite, telle que l’on ait, pour
||h|| assez petite, ||f (a + h) − f (a)|| ≤ M ||h||.
e) On pose w
a(h) = f (a + h) − f (a). Montrer que
w
a(h) − D
2ϕ(a, b) · w
a(h) = D
1ϕ(a, b) · w
a(h) + o(||h||)
lorsque ||h|| → 0. En déduire que f est différentiable sur E et retrouver l’expression trouvée précédement pour Df (a).
Exercice 14. (Application de l’exercice précédent) Soit K : R
2→ R une application telles que
k := sup
y
Z
R
|K(x, y)|dx < 1.
Montrer que l’équation intégrale
g(x) + Z
R