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UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY

FROM THE

CANADA COUNCIL SPECIAL GRANT

FOR

HISTORY

(3)

QUELQUES MOTS

SUK

L’ATTAQUE ET LA DEFENSE

. DE

CONSTANTINOPLE

DU COTJE DE LA TERRE

PAR

31

.

31

.

Motto;

En general, des villes de 1/2 million d'habitants ne peuvent pas etre conquises par la force des armes,.

mais elles tombent par elles-memes.

Moltke. Ld guerre ttirco-russe en 1828—29,

)

><^<

CONSTANTINOPLE

OTTO KEIL, LIBRAIRE DE S. MAJESTEl 1. LE SULTAN.

LEIPZIG, FRANZ WAGNER, LIBRAIRE.

1896.

TOLS DEOITS KESERVES.

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in 2019 with funding from University of Toronto

https://archive.org/details/quelquesmotssurlOOunse

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PREFACE.

Dans Petude que nous nous proposons, nous ne cherclierons ni a etablir les degres d’efficacite des divers systemes de forti¬

fications proposes par des ingenieurs militaires ainsi que par des commissions chargees de s’en occuper, ni des mesures maritimes qu’on jugerait necessaires de prendre; nons nous occuperons encore moins des circonstances politiques qui pourraient jouer un role quelconque dans toiite cette affaire; d’autant plus que tout ceci a deja ete suffisamment traite par d’autres auteurs. Nous nous bornons presque exclusivement a examiner les choses — dans une situation donnee et precise — qui out rapport aux cotes tac- tiques'et strategiques de la question — tout en ayant soin de ne

pas nous ecarter du vrai et du probable.

Notre but est surtout d’attirer Pattention sur certains cotes aibles de la defense de Constantinople, desquels on n’a encore point oil peu parle, et porter les esprits vers la solution de la situation qui serait creee par une nouvelle apparition d’une armee ennemie devant Constantinople. II est bon de ne jamais trop oublier les paroles qu’un des plus grands politiciens de tons les temps, Bis¬

marck, prononqa, pas plus tard qu’en 1891: «La Russie pent bien oser debarquer un beau jour 30COO homines au Bosphore, s’emparer de Constantinople et depouiller le Sultan de sa domination absolue sur les detroits.» II est vrai que la Russie parait momentanement etre la meilleure amie de la Turquie, tandis que la Bulgarie — qui

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poiirrait, en cas de guerre, s’avancer par Andriuople sur Cou- stantiople — promet la tranquilite; mais, rien n’est si capricieux que la politique, surtout quand elle cache des arrih*es-pensees. II ii’est done jamais inutile de s’occuper de sa surete, quelque sur que Ton puisse etre de ses voisins et amis.

Nos considerations, nous chercherons a les baser sur des an¬

tecedents historiques. La guerre de 1877—78 nous offre deja cer- taines bases sur la conduite des operations pres de Constantinople meme. Quoique aucun acte belliqueux ne soit venu confirmer les avantages ou desavantages de la situation que les deux armees adversaires s’y etaient crees, toujours est-il d’une grande utilite de les examiner, car on y trouvera I’oiigine de certaines idees qui predominent encore aujourd’hui, en ce qui concerne la defense de Constantinople. La brochure ci-devant se composera done de deux parties essentielles dont I’une traitera de la situation que les armees belligerantes de 1877—78 s’etaient creee devant la capitale de I’Einpire ottoman, tandis que I’autre aura a exposer celle qui se produirait avec Vapparition d’un nouvel agresseur.

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j^Vpres avoir fait prisonniere I’annee cle Plevna, franchi les Balkans et mis en deroute complete Tarmee de Suleiman Pacha, les Busses s’etaient avances jusqu’a Andrinople, abandonne par les Ottomans, et avaient commence a y concentrer, vers la fin de Janvier, les forces dont ils pouvaient disposer pour poursuivre les

operations jusqu’a Constantinople.

Les troupes russes, dont le gros s’amassait a Andrinople et dont la cavalerie ainsi que les avants-gardes avaient deja depasse cette ville en se rependant vers Test et le sud, se composaient de 13 divisions d’infanterie, dont 3 de la garde et 2 des grenadiers, 2 brigades de chasseurs, et 17 regiments de cavalerie.

Le gouvernement ottoman jugcant desormais toute resistance inutile, avait deja expedie, le 14. Janvier, le marechal Namik Pacha ainsi que le ministre des affaires etrangeres Server Pacha, comme delegues, au quartier general du grand-due Nicolas a Kasanlik pour entamer les pourparlers en vue de conclure la paix.

Le 26. Janvier, le quartier-general russe s’etant etabli a Andrinople, ce fut la que les delegues ottomans poursuivirent les pourparlers. La, pour le cas ou les preliminaires de la paix resteraient infructueuses, les Russes designerent deja les troupes qui devraient continuer la marche vers Constantinople. Elies se composaient de neuf divisions d’infanterie et 2 brigades de chasseurs qui devaient former trois colonnes sous les commandements des generaux Gourko, Radetzki et Skobeleff II, et pendre les routes qui passent par Rodosto, Lule-Burgas et Visa. Le reste etait destine a assurer les communications pres et au sud d’Andrinople.

Pendant ce temps les Turcs avaient reussi a concentrer a Constantinople une force d’environ 20 000 hommes qui avaient occupe les lignes solidement fortifiees de Tchataldja, tandis que les restes de I’armee de Suleiman, a pen pres 35000 hommes, etaient

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transportes par mer a Constantinople.

La position de Bulair, cette clef des Dardannelles du cote de la terre, etait defendue par 93 canons de differents calibres et avait ime garnison, qui fut bientot renforcee par une partie des troupes de Suleiman a 120C0 hommes. Des renfoits, quoique assez in- signifiants, expedies de lointaines provinces asiatiques de I’Empire, s’approchaient de la Capitale.

L’Angleterre avait deja declare qu’elle debarquerait des troupes a Gallipolis ou a Constantinople aussitot que la Russie essayera de mettre pied a ces points, et, la tiotte anglaise se tenait a la bale de Besika, toute prete a faire cause commune avec la Turquie. Une force anglaise de 8000 hommes se tenait egale- ment a Malte.

L’Autriche menagait aussi et concentrait une partie de son armee sur ses frontieres orientales.

Enfin, le 31. janvier, une suspension d’armes fut signee a Andrinople, a,yant pour base les articles qui se formulerent plus tard dans le traite de San-Stepbanos. Une des premieres conditions fut celle de degarnir immediatement la ligne de Tchataldja.

La ligne de demarcation russe passa en consequence par le lac de Derkos, le Grand-Tcliekmedje, Kirdjali jusqu’au Marmara; celle des Ottomans passait par le Petit-Tchekmedje, Bogaskeui, Akbounar.

Le 13. fevrier, la flotte anglaise ayant franchi les Dardannelles et jete I’ancre devant les iles des Princes, le grand-due Nicolas se decida a exercer une plus grande pression sur le gouvernement ottoman, qui cherchait a gagner du temps, afin de hater la signa¬

ture de la paix; et, il proposa a la Sublime-Porte, tandis que le 14.

des troupes russes s’avanqaient deja dans la zone neutre et occupaieiit quelques vieilles redoutes turques, une modification des lignes de d^narcations, grace a laquelle les Russes arrivalent jusqu’aux portes de Constantinople. Cette proposition, faite en forme d’ultimatum, stipulait roccupation de la ligne St. - Stephanos- Kalfakeui-Bogaskeui par les Russes. Les Turcs durent s’y con- former et le 23, ils se replierent sur la ligne de Makrikeui- Kavaskeui-Alibeykeui-Maslak, tandis qu’environ 20000 hommes de I’armee russe a Tchataldja occuperent la nouvelle ligne de de¬

marcation. Le grand-due quitta aussi Andrinople pour se rendre a San-Stephanos.

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A cetle epoque, I’armee turque devant Contantinople, qui etait commaiidee par le marechal Galizi Moukhtar Pacha, rappele de I’Aiiatolie, avait deja acquis line force de 40000 hommes, et etait ricliement pourvue d’artillerie et de toute sorte de inoyeiis.

Enfin, le 3. mars, la paix fut siguee a Saii-Stephano sans qiie les armees changeassent de positions, et, vers la fin dii meme mois, une grande partie des prisonniers de guerre, entre autres le marechal Gahzi Osman Pacha, retournm’ent a Constantantinople, ce qui servit a en augmenter considerablement la gainisou, qui put compter environ 65 000 hommes.

Le mecontentement des cabinets de St. James et de Vienne, qui etaient jaloux des avantages que le traite de San-Stephanos assurait a la Russie, venant s’ajouter aux desirs de revanche qu’entretenaient les generaux ottomans, la paix commenga a paraitre ephemere, et les Ottomans piocherent de plus belle pour fortier lours positions, malgre toutes les protestations des Russes.

Le 28. avril, le general Totleben piit le commandement en chef a la place du grand-due Nicolas qui retournait en Russie.

Afin de nous procurer une base solide sur laquelle nous puissious edifier nos calculs, precisions d’abord la situation politique et militaire des Russes dans la peninsule des Balkans, vers la fin de la guerre.

Comme allies, la Russie avait eu des le debut les Roumains;

vers la fin de la guerre il y eut encore la Serbie et le Montenegro qui se rejoignirent aux Moscovites pour s’assurer une part dans le butin. Mais, ces derniers furent toujours tenus en echec par des forces ottomanes contre lesquelles ils furent impuissants a remporter un succes notable, et, quoiqu’ils retinssent des forces turques qui, autrement, auraient pu etre employees contre I’armee russe, ils ne furent pas non plus un grand soutien pour celle-ci.

La nation qui avait le plus aide les Russes, les Roumains, allait pourtant etre payee d’ingratitude, ce qui I’obligea a abandonner bientot leur cause pour se mettre contre eux. En effet, pendant les preli- minaires de la paix avec la Turquie, la Russie proposait a la Rou- mauie de ceder a celle-ci la Dobroudja en echange de la Bessarabie quelle voulait annexer. Cette pretention souleva en Roumanie beaucoup d’indignation. Les chambres declarerent que le pays etait decide a maintenir son integrite contre-qui que ce soit, et, les troupes roumaines, qui se trouvaient sur la rive droite du Danube, regurent aussitot I’ordre de retourner en Roumanie, ou ils prirent une

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position defensive clans la ligne de Slatina-Pjetesti-Vesta. Pour pouvoir briser, s’il le fallait, cette resistance, les troupes russes, dans la Roumaine, atteignirent jusqu’au 1. mai, le nombre de 56 000 hommes. Get evenement enlevait done a la Russie du premier coup plus de 100000 hommes.

La suspention d’armes avait stipule cpie les places fortes du Danube, Vidin,Roustchouk et Silistria, qui se trouvaienttoujours, en possession des Turcs, seraient livrees aux Russes, tandis que Choumla et Varna restaient toujours entre les mains des Ottomans et etaient defendues par environ 23000 hommes et 14 batteries de campagne, ce qui obligeait les Russes d’y maintenir I’annee du general Zimmermann, 40000 hommes.

Ainsi I’armee d’operation russe dans les Balkans, qui, vers la hn de janvier, comptait en tout, a pen pres, 320 000 hommes, apres tous detachements faits pour observations de places fortes, pour assurer ses communications et couvrir ses flancs exposes, n’avait atteint Andrinople qu’avec environ 150000 combattants. Pour les memes raisons, elle n’arriva a Tchataldja qu’avec a peine 100000 homm.es, qui representent aussi le maximum des forces russes devant Constantinople.

Grace a la sagesse du Gouvernement, la Turquie avait su gagner, depuis la destruction de Tarmee de Suleiman Pacha jusqu’au transport de celle-ci pour la defense de Constantinople, un temps precieux qui fut utilise a fortifier le terrain devant la capitale; et, lorscpie les Russes se hasardaient a s’avancer jusqu’a San-Stephano, les Ottomans etaient deja en etat de leur imposser halte, si telle eut ete Tintention. Surtout vers la fin de mars la situation po¬

litique et militaire de I’empire ottoman s’etait tellement relevee, qu’elle avait toutes les chances du succes pour soi si les hostilites allaient recommencer. En effet, il y avait la Roumanie, qui, entrainee dans cette guerre bien malgre elle centre la Turquie, etait deja prete a en venir aux mains avec les Russes au sujet de la Bessarabie; il y avait TAngleterre qui, cjuoiciue promettant tou¬

jours plus qu’elle ne fait et qu’elle ne pent, se montrait cependant disposee a participer a la guerre centre la Russie, et qui, si memo elle n'en faisait rien — comme la Turquie pouvait s’y attendre malgre toutes ses fanfaronnades, — oftrait du moins cet avantage que, toujours dans la crainte d’un debarquement, les Russes etaient obliges de detacher des troupes considerables sur les cotes de la

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o

Meditenaiiee, du Maimara, et de la Mer-Noire. 11 yavait enfin TAutriche, qui par son inaintien belliqueux paivenait egalemcnt a paralyser beaucoup de forces moscovites.

Pour etablir en priiicipe la possibilite d’lme resistance victorieuse devant Constantinople, qu’il nous suffise de constater que 40000 soldats turcs a Plevna resisterent a toutes les attaques d’une armee ennemie de pres de 150000 hommes. L’armee de Constantinople etait plus nombreuse, et aussi avantageusement basee que possible;

elle pouvait accepter le combat dans des situations beaucoup plus favo- rables que celle de Tarmee de Plevna et avait enfin un adversaire qui etait tres gene par ses longues communications. Le moindre echec subi pai' les Ptusses pouvait occasionner une retraite definitive et avec toutes les malchances qu’une si longue retraite renferme en soi.

Pour donner un exemple de la faiblesse qui resultait des longues communications de I’armee riisse, qu’il nous soit permis de citer ici un fait capable d’illustrer ce qui aurait pu resulter de pareilles entreprises si la Turquie, dans une continuation de la guerre, se donnait le loisir d’organiser un pen la guerre de guerilla sur les derrieres de Tarmee ennemie.

Vers la fin d’avril, des bandes formees de soldats ayant appartenu a I’armee de Suleiman ainsi qu’a la garnison de Niche, et renforcees par des Pomaks et des Yuruks, firent leur apparition dans le versant de TArda ainsi que dans les mpntagnes de Rodope, inquieterent serieusement les communications des Russes etsoutinrent plusieurs combats avec leurs troupes d’etapes. On ne put les apaiser et s’en defiiire que grace a une commission formee par les attaches militaires des diverses puissances a Constantinople, qui se rendit sur les lieux d’action et fit droit a leurs reclamations.

Ceci s’est passe pendant la paix; que Ton se figure done la situa¬

tion difficile dans laquelle les Russes se trouveraient si de telles entre¬

prises (Haient dirigees avec mcHhode et persistance tandis que des troupes turques ou alliees seraient debarquees a Boulair ou a Varna, menaceraient directement les communications des Russes, que Ton tiendrait en echec devant Constantinople par 40 a 60 mille hommes bien abrites dans des retranchements — qui etaient garnis d’une forte artillerie se composant meme en partie de canons de gros calibres,

— et richement pourvus de toutes sortes de vivres et munitions.

Pour nous rendre bien compte des difficultes interieures que les Russes avaient a soutenir, ajoutons encore ce que Rustow dit

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dans sou «la Guerre OrientaIe» sur Fetat sanitaire de Farmee russe a cette epoque: «En liiver, les troupes avaient eu tuiormement a soufFrir, cependant elles s’etaient bien tenues et u’avaient pas eu trop de pertes. Mais, ce qui arrive generalement lorsqiFon atteint tout d’un coup, apres Fextension de toutes ies forces et apres de grandes fatigues, im etat de repos relatif, se fit egalement sentir chez Farmee russe. II y eut plus de maladies qui se repandirent plus i-apidement que pendant les grands efforts qiFon avait faits.»

Dans son „Conduite de la guerre “ le general baron von der Goltz ecrit: «La defensive de la retraite trouve-t-elle a la fin d’un longue ligne d’operation un solide refuge dont Fenlevement n’est plus possible a Fagresseur, qui, pendant ce temps, s’est affliibli, alors la feuille se tourne. II se laisse alors appliquer aussi bien a d’autres theatres de guerre qu’a un theatre de guerre russe (1812).

Supposons qu’en 1870 Farmee de Mac Mahon n’avait pas etc aneantie a Sedan, mais qu’elle etait refoulee a la fin, apres une serie de combats qui Fauraient affaiblie, dans la capitale fortifiee, les pertes de la III® armee et de Farmee de la Meuse des Allemands auraient ete beaucoup plus considerables, jusqiFa ce qu’elles eussent atteint Paris, que par Foperation de Sedan. II est par consequent des jhus douteux si elles auraient ete encore assez fortes pour corner efflcacement Paris avec sa garnison augmentee.»

«.L’exemple de Wellington a Torres-Verdas est encore plus significatif. An printemps de 1810 la cause espagnole, dans la guerre contre la France, etait sans espoir. La peninsule hiberique, a Fexception du petit Portugal, etait conquis. Napoleon, a Fapogee de sa puissance, venait de vaincre FAutriche et pouvait penser a y mettre egalement une fin. II formait, sous les ordres de Massena une armee principale qui devait compter 123 000 hommes, et qui paraissait plus que suffisante pour chasser les 30 OCO Anglais qui se trouvaient encore sur la terre ferine de la peninsule, dans leurs vaisseaux. Mais, le sage due se retira lentement en combattant jusqu’a Fextreme angle de terre devant Lisbonne oil il s’adossait contre Felement ami de la mer dominee par la fiotte anglaise. A droite, a gauche et sur le dos il y avait la mer qui le protegeait, et, devant le front il avait cree une forte position qui faisait sur Fagresseur qui arrivait une impression d’autant plus grande qiFil en ignorait Fexistence. Par suite des troupes qu’il avait dii laisser

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pour assurer les communications, ainsi que des pertes et des dc- tachements sur une longue ligne d’operation, il s’etait vu, tout pres dll but, trop faible pour I’atteindre completement. A partir du mo¬

ment oil Ton s’en apergut, le reviremerit commenga dans la guerre de la peninsule, et meme dans la fortune militaire de Napoleon en general. La meme chose serait arrivee si, apres la perte de Plevna et de la ligne des Balkans, les armees ottomanes s’etaient retirees dans la ligne de Tchataldja qui a la mer sur ses deux flancs, et y etaient restees de pied ferme. L’armee russe qui arrivait aifaiblie n’aurait ni pu s’emparer des lignes fortitiees, ni les envelopper ou tourner, surtout si I’Angleterre s’etait resolue a seconder la Sublime-Porte non seulement par des notes diplomatiques, mais aussi par des troupes. Les flottes ennemies, auraient pii inquieter I’agresseur sur ses deux flancs, et la raarche en avant d’une armee alliee qu’on pouvait facilement concentrer dans le quadrilatm-e de forteresses du Danube, qui etait toujours tenu par les Turcs, aurait rendu necessaire la retraite du vainqueur.»

«Jamais on n’a vu dans I’histoire militaire moderne laisser echapper avec taut de negligeance une situation favorabe, qui quoique desesprh'ee en apparence, offrait cependant, quand on I’exa- mine de pres, tons les moyens pour une delivrauce eclatante».

La supposition de I'iHustre auteur, est, comme ou le devine facilement, une retraite en ordre de toute rarniee de Suleiman vers Constantinople, aussitot apres que les Russes auraient franchi les Balkans. Nous savons cependant que les evenements n’ont pas permis une telle retraite parce que rarniee de Suleiman Pacha, dissemiuee comme elle letait sur une trop grande etendue dans et derriere les Balkans, fut coupee, morcelee et dispersee par les Russes. Ainsi, lorsque les avant-gardes russes se montraieut dejii devant Tchataldja, les restes de 1’armee turqiie des Balkans etaient encore en train de se rassembler pen a peu sur le golfe de Lagos, et les forces qu’on avait deja pii concentrer a Con¬

stantinople ne pouvaient continuer la lutte que sous certaines conditions. Cependant, I’idee du general von der Goltz, consideree d’une fagon generale, recommande eminemment la continuation de la guerre et forme par consequent un precieux appui pour notre these.

Dans chaque guerre il y a de ces moments psychologiques on i’agresseur comme le defenseur se sentant defaillir, tombent facile¬

ment d’accord a conclure un armistice. Un vainqueur sur de son

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siicces lie laisse point prendre haleine a son adversaire, il ne depose les arines qu’apres avoir dicte ses conditions de paix. Ainsi chaque armistice pent etre cbnsidere comme iin signe evident de faiblesse des deux partis. Ldmpiiissance de la Tiirquie avait sa source surtout dans la defaite de ses armees tandis que celle des Russes etait de nature, autant politique que inilitaire.

Le gouvernement ottoman sut avec beaucoup d’habilete trainer a la longue les pourparlers d’armistice et de paix, afiu de pouvoir rassembler les forces necessaires pour la defense de la capitate. A la fin, pour conclure I’annistice, on abandqnna meme une ligne fortifiee, celle de Tcliataldja, que les Russes tinrent pour avan- tageux d’enlever ainsi a rarmee turque. Ici nous commencerons nos considerations sur la defense meme de Constantinople.

II y a trois lignes principales bien distinctes qu’on pent utiliser pour defendre Constantinople du cote de I’ouest: d’abord c’est celle de Tchataldja-Derkos, ensuite celle d’larimbourgas-Bogaskeui, et en troisieme lieu il y a la ligne de Makrikeui-Kavaskeui-Alibeykeiii.

La premih’e de ces lignes a entre autres le grand avantage de s’etendre de rner en mer, et d’etre la plus eloignee de la capitale, mais par contre elle a le ties grand inconvenient d’avoir une etendue de defense d’environ 35 km. Pour etre defendue avec succes, un tel front demande aussi des troupes qui puissent le garnir.

Dans un terrain uni, comme celui de Tcliataldja, un corps d’armee de 30000 combattants ne pent pas s’etendre a plus de 5 ou 6 km, d’apres les experiences qui ont abouti a faire de ce cliiftre une etendue reglementaire. Ainsi done pour tenir une telle ligne on aurait eu besoin d’environ 200000 homines, ce qui ne s’accordait guere avec les moyens dont on disposait. Du reste, quant on possede une telle force, ce n’est pas derriere des lignes de defense que Ton s’oppose a I’ennemi.

Vu la grande etendue de la ligne de Tchataldja, ainsi que le manque de routes praticables a tout moment, le deplacement des forces d’un point a I’autre est fort difficile. L’agresseur pent masquer son front par des forces insignifiantes, attaquer decisive- ment une extremite, meme le centre de la position et s’en emparer sans que le defenseur ait le temps, de s’en apercevoir, ou de prendre les mesures necessaires. Ce ne sont jamais les retranchements et les canons seuls qui peuvent defendre une position, quand ils ne sont pas fortement soutenus par I’element vivant.

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D’apres ce que nous venous de dire, les Turcs ue perdireut done rien en abandonnant cette ligne qui ne poiivait leur etre d’aucune utilite, comme Tout pretendii beaiicoup de critiques,

Une des conditions les plus essentielles des positions entre deux mers manque egalement a la ligne de Tchataldja. C’est qu’en effet, le concours de la flotte aux deux bouts de la ligne de bataille est ici impossible, attendu que les deux ailes sont separees et eloignees de la mer par deux lacs, ceux du Grand-Tchekmedje et de Terkos. Les positions de Tchataldja n’offraient done rien de particulier. Ajoutons, du reste, qu’elles se trouvent dans un pays aride et depourvu d’eau et de bois.

La seconde ligne sur laquelle rarmee ottomane se replia fut , celle du Ft. Tchekmedje-Asatli-Bogaskeui; elle domine partout le terrain qui se trouve a Touest, et va en s’elevant vers le nord oil elle atteint son point culminant, 112,1 m, an sud de Bogaskeui.

De cette ligne-ci on ne pent dire la meme chose que de la premiere.

A part la petite langue de terre qui relie le Petit-Tchekmedje avec Hambarli, et qui pent devenir infranchissable si on le protege du cote de la mer par un cuirasse, la position elle-meme ne commence qu’aii nord du lac de Petit-Tchekmedje et s’etend en passant par Saint Georges jusqu’a Buyukderbent, e’est-a-dire, elle comprend les positions entre le lac de Petit-Tchekmedje et Alibeysou, avec un front de 14 km. Ceci est une etendue raisonnable qui pent meme etre assez surement defendue par une quarantaine de mille homines, que comptait deja alors I’annee de Constantinople, aussitot qu’on dis- posait d’une artillerie nombreuse avec des canons a longue portee.

La position avait I’avantage de n etre qu’a une journee de marche de la capitale, ce qui facilitait de beaucoup les communications. On avait cependant assez de place derriere soi pour pouvoir, en cas de retraite, prendre une derniere position devant Stamboul. L’aile gauche y est protegee par un grand lac et est completement sure, tandis que Taile droite repliee sur la base, s’appuie sur la vallee profondement encaissee d’Alibeysou et est a I’abri contre tout mouvement enveloppant.. L’ensemble forme un arc dont le centre se trouve environ a Kutschuk-keui, lequel est lie par de nom- breuses routes (d’ete) qui paitent excentriquement en forme de rayons, le relient, a 16 km a peu pres, avec les difterents points de la ligne de defense, et favorisent au plus haut degre une contre- offensive dans toutes les directions.

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II est vrai qiie cette position ne s’appuyait sur la iner qu’au Slid, tandis qu’aii nord elle en etait eloignee de 14 km environ. On avait alors cru, ct on croit encore aujoiird’hui que c’est la le cote faible de cette ligne. Objectons y d’abord qne le terrain an nord d’Alibeysou, etant tres tourmente et convert ])Oiir la plus grande jiartie d’epaisses forets, ne pent etre franchi par des troupes noin- breuse^ qu exclusivement sur les routes. Or, celles-ci y ont ete de tout temps d’un nombre fort restreint et dans un etat lamentable;

ainsi, I’adversaire qui voudrait faire un mouvement tournant au-dela d’Alibeysou est force de ne se servir que du seul chemin qui se lui offre, celui de Taiakadm-Petnakor, qui est plutot un mauvais sentier qu’une route et ou une longue colonne composee d’infanterie et d’artillerie ne pent faire tout au plus que trois kilometres a I’heure.

Le defenseur qui a par consequent toutes les facilites pour apprendre un tel mouvement a temps, aura aussi tout le loisir de prendre les mesures necessaires afin d’arreter I’ennemi soit aux defiles de Petnakor soit au sud de Pirgos. Un ennemi qui agit correctement, et on doit toujours le supposer, ne se hasardera jamais a prendre une telle direction avec ses forces principales, ni meme avec une grande partie de ses forces, parce que le defenseur, pour peu qu’il soit entreprenant, profitera de ce moment ou I’ennemi est divise et attaquera decisivement Tune des deux parties. S’il attaque et parvient a battre les forces qui sont restees vis-a-vis de lui, il coupe en meme temps toute retraite au corps qui s’avance sur Petnakor, et se trouve en etat de tomber avec vehemence sur le flanc et les derrieres de ce dernier, qui se trouve engage- dans des defiles, serre dans un terrain etroit et, ne pouvant se remuer nulle part. Secondement, le defenseur peut se Jeter avec une force importante, en passant par Bogas-Keui et Pirindji-Keui, centre le lianc de I’ennemi, qui se trouve en marche en une seule colonne et dans une situation tres critique, et la disperser completement.

11 est vrai qui ceci est moins probable, car, il sera difficile d’apprendre si la colonne tournante represente des forces qui vaillent le risque de degarnir la position principale pour y diriger des masses. Du reste, le defenseur ayant une fois pour toutes solide- ment occui)e les defiles de Pirindjikeui peut defier tout ennemi de s’aventurer jusqu’a Petnakor.

Ainsi done, du cote du nord I’agresseur ne peut entreprendre (jiie des demonstrations et ne peut avancer que des forces in-

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11

signifiaiites qui s’arreteroiit d’eUes-mOuies clevaDt (iiiel(iue poste fortifie.

Nous pouvoiis done conclure et avancer qu’aussi lieureux etait rabaiidon de la ligne de Tchataldja, aussi faiitif etait celui de la seconde qui ouvrait, pour ainsi dire, les portes de Constantinople.

En troisieine lieu ce fut la ligne qui commence a Makrikeui et qui en passant par Kavaskeui et Alibeykeui s’etend jusqu’a Maslak, qui fut occupe par les troupes turques.

Le terrain indique en etfet une telle ligne de defense, mais il s’agit d’en bien distinguer la partie essentielle et celle qui ne pent etre exposee a aucune attaque serieuse, et, de I’occuper en consequence.

11 y a d’abord I’aile gauche, an nord de Makrikeui qui, tout en poiivant etre energiquement attaquee par un corps russe venant dll Petit-Tchekmedje et San Stephano, est cependant assuree centre tout mouvement enveloppant tou tournant et pent, parconsequent etre tenue par des forces relativement pen nombreuses,surtout quand celles- ci sent bien retranchees et secondees par des pieces de gros calibres ([ui domineraient le terrain a de grandes distances. Quoique qu’une attaque principale dirigee vers cette partie de la positition offre des dangers pour Tagresseur, qui se trouverait dans une situation des plus difficiles en cas de revers, ayant la retraite presque complete- ment coupee par le lac dii Petit-Tchekmedje ainsi que par la mer, en revanche, elle ne lui offre pas moins d’avantages. En effet, I’annee turque, battue sur cette aile, serait tout simplement enroulee vers le nord, et, sans pouvoir plus rien taire elle serait rejetee vers la Mer-Noire et forcee de capituler. Cependant, si la mer est dominee par le defenseur et que des vaisseaux de guerre postes pres de la cote assurent le flanc, alors I’agresseur est force de s’en eloigner pour attaquer beaucoup plus an nord, afin de mettre ses colonnes a Tabri des canons a longue portee dont la marine est armee. Si nous admettons par consequent que les vaisseaux ancrent dans la bale de Barouthane, d’ou Ton pent enfiler le terrain tout le long de Daoud-Pacha-Dere, le front principal d’attaque commence a partir de la Caserne de Daoud-Pacha et ne s’etend, comme nous allons le demontrer, que jusqu’a Kutchukkeui.

N’ayant pas de donnees precises, {{ui puissent nous guider sur la dislocation et les positions de I’armee russe devant Constantinople, sinon qu’ils tenaient en general la ligne de San Stephano-Kalfakeui, Pirindjikeui, nous chercherons a I’edifier et nous irons mtune jus-

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qii’a faire ime supposition qui nous sera utile pour rapreciation tie la situation strategique en general.

Pirindjikeui, situe dans la vallee meme d’Alibey, forme le debouche entre les deux cotes de cette vallee. Soit pour des coups offensifs ou

<lemonstratifs, soit pour les empecher, Pirindjilteui est e^alement pre- cieux aux deux partis; aussi les Russes, comme etant les plus forts n’hesiterent-ils pas a s’en assurer des le debut. Ils s^ouvraient ainsi les cliemins de Pirgos-Kiadhane et de Pirgos-Bagtchekeui- Maslak. Pirgos meme etait neutre et servait a separer les deux ad- versaires; mais, vu la docilite que les Russes rencontraient ton^

jours chez le gouvernement ottoman, quand ils voulaient reciP/- la ligne de demarcation, rien ne garantissait les commandants es troupes turques qu’un beau jour les Russes ne s’avanceraient inopine- ment jusque dans la ligne Pirgos-Belgrade-Bagtchekeui. line telle situation, — que nous aurons surtout a examiner dans la seconde partie de nos considerations, dans le cas d’un debarquement ennemi du cote de la Mer-Noire, au nord de Pirgos, — supposons qii’elle fut creee et que toute celle ligne entre Pirindjikeui, Belgrad et le Bosphore fut deja entre les mains des Russes, pour etablir le groupement de Parmee russe, nous devrions nous baser d’abord sur le groupement des villages, ensuite sur la situation des dernieres stations de la ligne ferree Tchekmedje-Andrinople.

L’armee russe, etant loiigtemps restee devant la capitale turque, avait du chercber abri dans des cantonnements. Or les villages autour de Constantinople nous en offre deux groupements dans la ligne de demarcation russe, dont Tun est compris entre le Davoud-Pacha-Dere et le lac du Petit-Tchekmedje, tandis que Pautre se trouve a Pest d’Alibey-Sou. Le premier est limite au sud par la Marmara, s’etend au nord jusqu’a Kiteli et Tchamlar, et se trouve placee vis-a-vis du front ouest de Constantinople, c’est-a-dire duvieil Stamboul. Le second comprend les villages de Pirindjikeni, Petuakor, Pirgos, Belgrad ■■•') et Bagtchekeui. Les troupes Nord qui y seraient placees menacent Pera et ses dependances. 11 y a maintenant un troisieme groupe de cantonnement au dela de la ligne Bogaskeui- Pladjilmuslime, qui a du, pour ainsi dire, etre occupe par des reserves strategiques pouvant se porter centre Pera aussi bien que centre Stamboul.

La forme de la ligne de chemin de fer favorise egalement un

*) Ce village n’existe plus aujourcPi.ui.

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groupemeiit comme nous I’avons indique. La ligne ferree etant toujours reside intactc, les Lasses I’avaieut tout de suite utilise pour toutesorte do transport juscpi’a San Stepliano. dependant si la guerre allait con¬

tinuer oil recoininencer, le cheinin de fer pres de la nier u’etant plus sur, on aurait etc oblige d’ctablir la derniere station an nord du lac dll Petit-l'cliekmedje, d’ou Ton fournirait les troupes operant centre Stainboul, tandis (pi’iine autre station pres de Hadimkeui serait destinee aux cor])S se trouvant sur la ligne de Bogaskeui-Bagtchekeu].

Quand aux forces respectives des deux groupes principaux, la con¬

juration du terrain, rimportance de I’objet, la surete des bases, . ''i (pie le nombre des cantonnements indiipie facilement (pie e’est celiii devant Stainboul (jui devait etre la plus iinportante.

Aiusi done, I’attaque principale devait etre attiunlue du c6t(^ de Stainboul, tandis que renneini qui s’avancerait par la ligne Pirgos- Bagtcln^keiiT ne pouvait presenter que Ties forces secondaires.

Ajoutous du reste ipi’iine situation dans laipielle la ligne Pirgos Belgrade se trouverait entre les mains du Nor.d ne pent guere etre durable, car alors, comme les eaux de Constantinople provenant des versants du Strandja passent par cette ligne, il serait aisi^ an parti Nord de priver d’eau la Capitale, dont les (Lfenseurs seraient ainsi forciTs de clierclier line (Lcision rapide.

Nous avons iLja (^tabli que e’est la ligne de Daoud Pacha- Kavaskeui-Kutcliukkeui qui aurait eu ii souteuir reftbrt principal des Busses, du cote de Stamboul. Cherclions a diVouvrir I'galement I’endroit ou pourrait iirincijialement se dirigi'r I’ennemi marcliant dans la direction de Piu’a. Essayons d’abord de donner uue idee exacte du terrain ii Test de rAlilieysou. A premiere vue e’est I’asjiect topograi»hique de cette partie des emvirons de C'onstantinople (pii nous frai)pe, comme f'tant comi)l(B(mient difterent de celiii a Test de la valbm d’Alibey. En effet, tandis que nous voyous dans cette dernicu’e partie, un terrain uni, pr('‘sentant des formes et des ondulations assez n'^guliiu'es, offrant Ix^aucoiq) de facilit(‘ ])our le mouvement des. troupes et renfiTinant de vastes et magnifiques positions pour de nombreuses anm'es, tout le tluxitre (ropi'ratiou sitiui entre I’Alibeysou et le Bosiibore pivsente une configuration indi(iuant des origines volcaniqiu^s; il est cou])('‘ par des valbkvs tres forteimait (‘ncakss(k‘s ayant des jxuites tiEs escarja'cs, et il est sillonm"' par di'S coiirs d’eau (pii, sans eaii en (de, forment en partie des b'arrieres en hiver et an printemps; aiusi, le Kiaghidliaimsou a

L'Attaquo et la Defense. 2

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partir trAjasaga, et I’Alibeyson a partir de Tchaoiichkeui n’offrent souveiit passage (pie la on il y a des ponts. Le terrain y est tres toiirment('^ et plein de ravins et de cavit(% qni sent dominAs i)ar des hantenrs isob^'es et coiivertes de broussailles qni einpechent le mouvement. A partir de la ligne qni passe par Pirindjikeni, Pirgos et T(A'ai)ia, tonte la partie an nord est coiiverte d’nne epaisse foret sillonn(^e par de inauvais seutiers. Dans tonte cette (^space c’est a peine si Ton tronve de la place on Ton pnisse d(‘velopper line division entiere. On n’en rencontre guerre qii’a deux endroits, dont Tim est le plateau sitiui entre les valP^es d’Alibeysou et de Kiathanesou, et Tautre, pres de Maslak. Un tel terrain accidentia ex eluant I’lisage dune nombreuse cavalerie, il n’y a done ipie les divisions d’infan- terie qiii peiivent y inanoeiivrer, et, le plus qii’on piiisse y d("ve- lopiier ce sent a peine deux divisions de chaqiie ciUe. L’une ‘des divisions nord devrait marcher parrallelenient a rAlibeysoii, en suivant la route de Pirgos a Kiadliamq et I’autre ne pent avancer qiie par BagtcliA^eiii, .en deux colonnes centre .la ligne Ajasaga-Maslak, la configuration ne permettant jias ailleiirs le d(3boucli(* de cette division vis-a-vis d’lin ennemi qni aurait d(qa occupe les positions entre Ajasaga et Djend(^r(i sur le cbti^ gauche de la vallt*e de Kiad- haimsoii. Ces deux divisions russes, marchant ainsi separOnent, se seraient bientbt (^loign('‘es rune de Taiitre d’line bonne journ(% de inarche, comme nous I’etablirons plus has, et auraient laissi' Tad- vcTsaire dans la ligne intiirieure d’operation.

Revenons maintenant aux Tiircs. Coninie aux-ci se trouvaient dans la defensive, ils avaient le plus grand interet a avoir toujours toiites leurs forces autant que possible ensemble sur le point dt'cisif, imiir pouvoir, non seulement y repoiisser les asseauts de rennemi, mais aussi pour pouvoir entreprendre des contre-ohensives et meuer line di^fensive active, sans laipielle tout succees ne pent etre qn’(q)lic- mere et illiisoire. Par consApient, malgres toiites les diversions de rennemi et ses diunonstrations sur leurs derrieres, les Turcs, ne devraient di^tacher cpie juste ce qii’il faut pour y arreter rennemi, aussi longtemps qu’il est indispensable pour remporter im succes dll cbti'i de Stamboiil, oii seule la dt^cision (itait a cherclier. Les troupes tiirqiies (pii (lUaient ainsi diistim^es a dt^fendre Constanti¬

nople dll C(it('‘ de P('ra et a gagner du temps, (Client merveilleuse- immt soutennes, comme nous venous de constater, par la formation meme du sol. Outre I’isolement on elle mettait les divers colonnes

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ennemies niarcliant siir Maslak et siir KiadhantS elle avait I’avan- tage d’offnr aux Ottonmiis d’cxcelleiites positions qui permettaient line defensive des plus opiniatres.

De tout ce que nous vcnons de dire il resulte (pie, les troupes de la defense, se trouvant dans la ligne interieure, (dant particu- lierement favorisees i)ar le terrain et n’ayant pour mission principale que de gagner du temps, elles pouvaient etre beaucoup i)lus faibles que Tagresseur. Nous pouvons, parconse(pient, designer la quantite des troupes destinf'es ii iirott'ger et a couvrir Pera et les derrim^es de rarmee principale, c’est-a-dirc, des forces turques opiirant entre le Bospliore et TAlibeysou, par une division environ.

La surface du triangle qui a le sonimet a Pera et dout les cotes sont formes i)ar le Bospliore et rAlibeysou, est divise en trois i)arties bien distinctes par les vall('‘es ipii la i»arcourent. Nous remaniuons d’abord la jiartie comprise enfre le Bosphore, la Come d’Or, la vallee de Kiadhaue et la ligne Ajasaga-Maslak, qui, etant toiijoiirs a la portiie du defenseiir, se troiive des le di^but en sa possession, et est necessaircment occiipee par lui soit vers le nord, soit vers le nord-ouest. Nous voyons ensuite le plateau qui se trouve au sud de Pirgos et qui est situe entre les vallties de Kiadbane et d’Alibey. Ce petit plateau olfre trois excellentes positions placiies Fiine derriere Tautre, dont la premiere, an nord, domine parfaitement tons les deliltis aux environs de Pirgos ainsi que la plaiue de Pirgos et st^pare presque coinplctement les colonnes enneinis de Pirgos et de BagtclK%eui.

Jia seconde position, sitimm sur la ligne de Pribolichdja et Kiraslimandra, coiivre eflicacement le tianc droit de I’armee prin¬

cipale; et, la troisieme, sur la ligne de Tacliekeui)ri-l)jen(pTe, pro- longe, pour ainsi dire I’aile droite de rarmee, tout en maintenant la separation entre les deux groupes de rennemi marchant sur Kiadbane et sur Maslak. Ainsi cette seconde partie du terrain, a cause des grands avantages qu’elle offre, devra etre (^‘galement inaintenne par les Turcs.

La troisieme section est celle qui est comprise entre la ligne Maslak-Ajasaga-Pirgos, c’est-a-dire, cette partie de la vallee de Kiadbane, et le Bospliore. Elle est subdivisee en trois autres i)arties principales par les ravins d’Ajasagasou et de CbeitandtAe, qui viennent aboutir a Ajasaga. N’oliraut aucune position defensive il proximiti', tout ce terrain doit rester ouvert au parti Nord. Cepen-

V

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daiit, ce dernier ne i)eut y avaiicer qiie siir deux routes: celles qui se trouvent aux deux cotes du Cheitandere, car taut (]ue le Bospliore est doiniiie par la liotte turque, il lie pent le cotoyer; ce (]ui olfrirait toujours, du reste, beaiicoup d’obstades; et, une inarche de tlauc a I’ouest d’Ajasagasou, si pres d’un eimemi occupant rOusondja-Ova, n’est pas possible non plus. De cette fagon, une colonne russe qui se serait avancee jusqu’a Maslak, n’aurait pu coin- niuniquer avec Pirgos que par la ligne Bagtchekeui-Belgrade, et en serait ainsi eloignee d’environ 25 km. Ainsi done, les Turcs ayant pris position sur rOusondja-Ova et a Maslak, toute communi¬

cation et entente directe entre les groupes de Pirgos et de Bagtchekeui deviendrait impossible et une cooperation, assez illusoire.

Nous avons, il me semble, suffisement demontre que tout le secteur situe a Test de TAlibeysou ne pent etre destine an iioint de vue topograiihique et tactique aussi bien (pfau point de vue strategique qu’a jouer une role completement secondaire. La pre¬

sence dune force russe trop grande sur ce c6te-ci ne pouvait causer (pie de I’embarras a aux-memes et favoriser le succes des dhircs de lautre c6t(i d’Alibeysou. Il n’etait done pas juste de la part de ces derniers, de dihacher tout un corps d’armee ayant son quartier-ghiK^ral et ses forces principales a Maslak. Il y a ici encore une question a resondre: est-il juste de choisir justenient Maslak coniine centre de di^fense?

Maslak est un point excentriquement detache n’ayant qu’un avantage: celui de se trouver an milieu de la route directe con- duisant de Bagtchekeui a Pch*a. Par centre, il est (^doigmi de I’aile droite de rariiK^e princi])alc, iires de Kiutchukkeui d’une distance de plus de 20 km. Il (hait iiarconsi^quent impossible de tirer rapidement une ])artie de cette force, en iiassant par Alibeykeui, ])Our pouvoir s’en servir, dans un cas di^sicif, centre I’armee prin- cqiale des Busses.

Une offensive des Turcs dans la direction de Bagtehedveui' n’offrait aucuii avantage, le terrain favorisant de beaucoup le ]iarti Nord. Le plus complet succes ne servirait d’ailleurs qu’ii les (doigner d’avantage de leur base et de leur arniee, sans meme nie- nacer les Busses. On ne serait done meme jias, etant a Maslak, en (dat de profiter de Tisolement de Tadversaire pour battre separement et dcicisivement ses colounes veiiant de Bagtclmkeui et de Pirgos.

Le role (ju’une force turipie pent jouer pres de Maslak ne

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l)eut done etre quo d’lme nature absolumont defeirsivc et ])assiYe.

j\Iai^, i)Oiir ceci, on ida pas besoin d’y paraliser do grandes forces. Un detachement de 4 on 5 bataillons, solidenient retranclies et avec qiielques batteries ayant siirtont des canons a longue portee, poiivait siiftire et y iinposer halte, pour assex longtenips, a des forces triples de I’ennemi.

Pour le gros des forces, il fallait done cherclier un autre en- droit, plus central et plus pres de rarniee principale et qui assurerait surtout line plus grande liberte d’action. Un tel point pouvait se trouver, si Ton ne voulait pas se liasarder trop en avant, pres de Kiadliane.

En etfet, nous voyons le village de Kiadhane, dans la vallee du inejne nom, occuper juste le centre de toute celle region. II est lie avec Maslak par plussieurs bonnes routes et n’en est eloigne, que de 6 km, e’est-a-dire, dune heure environ. A Kiadhane, on occupe et on domine directement la vallee nuune, de sorte qu’un debouclie de rennemi entre Ajasaga et Djendere, on bien, une entre- prise nocturne de celui-ci dans la vallee meine contre Kiadhane est prevenue.

Cependant, nous avons deja ressorti Timportance du plateau d’Ousoundja-Ova. Autant il olfrait de grands avantages aux Turcs, s’il etait occupe et defendu, antant il les mettait dans des condi¬

tions defavorables s’ils se bornaient a ne defendre que la vallee de Kiadhane en occupant les hauteurs au sud; car, ils ne se retiraient pas seulement jusqu’a la derniere limite et a la derniere position de la zone de defense, on un seul insucces livrait dejii la ville a rennemi, ils cedaient aussi toute la vallee d’Alibeysou que les Pusses pourraient franchir a leur aise et inquieter siAieuseinent le daiic et les derrieres de I’annee principale turque qui serait ainsi completement separee de Tautre i)artie.

Une telle situation occasioimait aussi entre les forces russes a Pirgos et a Bagtch(_%eui un raprochement sensible. En elfet, elles pourraient alors directement communiquer sur leur ligne de front, et, utilisant toutes les cinq routes qui conduisent de la ligne Pirgos- Pagtchekeui vers le sud, elles pourraient former cinq ou six colonnes principales de marche au lieu de n’en avoir que trois, ce qui les mettraient en contact permanent entr’elles et en etat de se soutenir eflicacement.

Les Turcs etaient done forci^s d’occuper le plateau d’Ousoundja-

• Ova, et en elfet, plus ils se i)la^aient au nord et s’api)rachaient

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de Pirgos iiiieux (;a vallait. Pendre positiou an milieu de ce plateau sur la ligiie de Priboliclidja-Kiraslimaiidra, avait Favautage de domiuer TAlibeysou au moins jusqu’a Tchaouchekeiu et d’assurer aiiisi le lianc de rarmee principale. De I’autre cote, rimportaiit chemiu qui relie rOusoundja-Ova avec Bagtcliekeui en passant par le Kirasli-M. ainsi que la hauteur 85,2 se trouveut egaleinent au pouYoir des Turcs.

Si Foil va de 3 ou 4 km plus au nord, outre les avantages deja aimonces, on s’assure encore (Fun autre plus important que tons les prec(idents. C’est que, s’installer ici dans une position retranclm'e, sur les hauteurs formidables (|ui domine toute la plaiue de Pirgos et tons les d(ibouclms de Fennemi, cest dieter imperieusement la loi ii Fadversaire; en effet, vis-a-vis d’nne telle position aucun ennemi, quelque entreprenant qu’il puisse ctre, ne pent ristpier de faire des d(Hachements importants du cott^ de Bagtehekeui, de sorte que la chaussee de Maslak ainsi que les derrieres de Farnu^e se trouveut d’elle meme prott%(:'es. Eufin, une telle position imposante sur les hauteurs nmridionales de Pirgos, que Fennemi n’oserait probablement meme pas attaquer, possede encore un immense avan- tage, c’est qu’elle forme pour ainsi dire, le prolongement direct de la ligne de d(''feuse turque et constitue un hauc offensif d’ou Fon pent eutreprendre des mouvements tournants et enveloppants en passant par Tchaouche-keui et Tachekeupri sur Fade gauche de Farnu^e russe de Tchekm(3dj(i. Car, c’est la le point essentiel de notre calcul, aucune force, quelque petite (pi’elle puisse etre ne doit resfer hors du sphere de Faction decisive, aussitot qu’il y a possibilit(3 de s’en servir. En elFet, vis-a-vis d’uu corps d’armee turc a Maslak, les Busses pouvaieut parfaitement masquer leur d(3part par des rideaux de troupes, conceutrer toutes leurs forces sur Fautre c6t(^ de FAlibeysou et attaquer avec v(^hemence les positions principales de Farnuie ottomaue, sans que celle-ci fut en etat de se reiiforcer (Egaleinent par le corps de Maslak. Pareille chose n’est pas possible au nord d’Ousoundja-Ova, parce qu’on y domine tons les mouvements de Fennemi.

Yoila done ou Fon devrait chercher le point principal de Faction, dans le secteur a Fest d’Alibeysou.

Les troupes etaient a partager en cons(Equence, et Fon aurait du laisser un rcEgiment a Maslak, pour couvrir cette route, un laEgiment a Kiadhan(E, comme riEserves g(Enerales, et le reste de la

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divisioiJ, aiiisi qiie sou quartier general, siir les hauteurs au suddePir- gos; taiidis que la cavalerie divisonaire, accomj^agnee de petits soutiens d’infaiiterie, observerait coiistemment, surtout la forets de Belgrade, et niaintiendrait toujours les communications avec I’armee principale.

Les 4 bataillons a Kiadhane pouvaient renforcer dans une heure, soit le detachement de Maslak, soit le gros de la division sur rOusoundja-Ova; et, aussitot qu’une attaque decisive des Busses se pronongait de I’autre cote de la vallee d’Alibey, une brigade entiere, pouvaient la franchir a Alibeykeui' et a Tacliekeupri pour prendre part, en moins de deux heures, a Faction geuerale, tandis que le reste de la division, Fautre brigade, masquerait son depart, et meme, par des demonstrations offensives chercherait a erapecher son adversaire d’aller egalement se porter la oil la deci¬

sion droit tomber.

Le mouvemeut est le principal element de la guerre; ce iFest jamais en se fixant sur un ou plusieurs points qiFon remportera des succes importants, c’est en operant qu’on pent s’assurer de la superiorite et, partant, de la victoire. Or, toute operation demande a etre bien calculee et arretee d’avance, et les plus importants fac- teurs pour ce calcul sont: Fespace, le temps et la force. Tout depend de leur juste appreciation et application. La force seule, u’est qiFim moyen imparfait, et toujours, les deux autres facteurs aussi demanderont irnperieusement leur part, surtout dans les operations sur la ligne interieure. Napoleon, ce grand maitre de Fart militaire, resume tout en recommandaut: „activite, activite, vitesse“.

Avant de terminer cette premimn partie de nos considO’ations recapitulons en les resultats:

1. La ligne de Tchataldja etaut beaucoup trop etendue et depourvue de bonnes communications ainsique d’eau et de bois, et ne pouvant meme pas etre soutenue sur ses ailes i)ar une ffotte, ne fera jamais une bonne position.

2. La seule position qiFil importe vraiment de defendre et qui offre le plus d’avantage, se trouve dans la ligne Bogaskeui- St. George-Iarimbourgas. Mais malheureusement, cette position n’est prcparee d’aucune fagon a former la barriere supreme eiitre la Capitale et Farmee ennemie. Ou devrait done abandonner la ligne de Tchataldja pour occuper celle-la aussi fortement que possible.

3. Tout le terrain compris entre FAlibeysou, le Bosphore et la Mer-Noire n’aura toujours qu’une importance tout-a-fait secon-

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daire. On ne devrait y detacher qn’au plus line division d’iufanterie, et encore, celle-ci devrait ctre placee de fagon a pouvoir toiijonrs prendre part a raction principale, a I’ouest de la vallee d’Alibey.

Examinons maiutenant le cas onrenneini ntiliserait laMer-Noire pour faire un debarqiiement soiidain siir la rive eiiropeenne dn Bos- pliore, alin de marcher directement et rapideinent centre Constan¬

tinople; cas oh le Bosphore serait domine par les Turcs.

All point de viie strategiqiie comme topograjiliiqne, I’endroit le plus favorable, pour iin debarqiiement se troiive entre Kilios et Kara- boiiroim. C’est line espace d’environ 35 km.

Natiirellement, il y aura aiissi des debarqiiements siir la cote asiatiqiie. Mais cette question, nous preferous la laisser pour le moment de cote et nous occuper exclusivement du cote eiiropeen pour la defense duqiiel on rencontre le plus de divergence de vue.

De Kilios jiisqu’a Tchiftalan les cotes etant generalement escarpees et tombant a pis dans la Mer-Noire, il n’y a que pen d’eudroits qiii permettent le debarqiiement, et comme il manque aussi dans ces parages, qiii sont montagneux et converts de forets, de routes qni puissent relier les differentes parties des troupes dc^arquees, on pent conclure que ragresseur ne pent y lancer que des forces relativement pen importantes. * **)) A partir de Tchiftalan la cote prend un aspect plus doiix et tout permet d’y debarquer de nombreuses troupes.

Apres avoir edimine les parties de la cote qui s’opposent an debarqiiement, il reste environ 25 km. Les vaisseaux devant avoir un intervalle de 500 m a pen pres, on pent calculer que le debar- quement pent etre entrepris par 50 bateaux a la fois. Ce qui, dans des conditions normales, vent dire que les troupes de de- barqiiement seront fortes environ d’line division d’infanterie et dhiue brigade de chasseurs, dotees des pares etcolonnesnecessairesA*) Le debarqiiement prend an moins toute line journee et un

*) Une batterie de cote placee a Hissar-Kaia ainsi qii’iine seconcle, pres de Kilios, opposeraient a im debarquement taut de difficultes que reiiiiemi serait force de n’entreprendre le debarquemeut qu’au dela de Tchiftalan, ce qui faciliterait sous tous les rapports de beaucoup la tache du defenseur.

**) Pourtant, comme les Russes n’ont pas I’liabitude de menager le soldat, on peut aussi bien s’attendre a ce qu’ils embarqueut dans le meme nombre de transports le double de ces forces, saus que cependant les relations

que nous allons etablir puissent varier.

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noiivel oclieloii — si les circoiistanccs Ic pernietteiit — ne i)eiit, au ])]iitot coiiiiiieiicer a son tour le dobarcjiieinent que 24 lieiires apres, ])enclant qiie le gros des troupes du premier echelon s’avance pour gagner du terrain, atin de sortir et de s’assnrer des debouches au Slid de la foret de Belgrade, entre Bogaskeui et Bagtchekeii’i.

L’arrivee du second echelon est liee a une serie de circon- stances qui ne dependent nullement de Tagresseur seul, au reste, s’il reussit meme a arriver un ou deux jours ])lus tard, le premier choc i)eut dejii parfaitement avoir eu lieu entre les troupes d’exi)e- dition et la garnison de Constantinople, et alors c’est le resultat de ce premier engagement, pent etre decisif, (jui dicterait sii conduite. Ainsi pour ne pas nous hasarder dans le domaine de la fantaisie, nous nous boriierons a considerer le developpement uaturel des premieres forces et des premiers evchiements. C’est par consequent, du mouvement et de la conduite des troui)es debar- quees en premik'e ligne, ainsi que des mesures strategiques que devraient tout d’abord prendre les troupes turques que nous nous

occuperons seulement.

D’apres ce que nous avons deja dit des cotes, renuemi que nous pourrons desormais aj)peler le parti Xord — i)our ne pas detruir les liens, sera proi)ablenient porte a dcdDarijiier la brigade de chasseurs aux environ de Hissar-Kaja, et la division plus a I’ouest

Tandis que le gros du corps expiklitionnaire marchera par terre contre Constantinople, il sera de la i)lus grande importance l)our le parti Nord de s’emparer en meme temps des ouvrages (pii defendent I’entree du Bosphore. B sera done oblige d’y diriger egalement des troupes. Les batteries qui defendent le Bosphore n’etant pourvues d’aucun inoyen de defense contre des attacpies par derriere, il sera facile de leur tomber sur le dos et de s’en em])arer.*j Cette besogne devra etre faite par la brigade de chasseurs debarquee pres d’Hissar-Kaja — qui a ce sujet pourrait marcher avec ses trois bataillons contre la ligne Fanaraki-Roumelikavak, tandis que le 4. bataillou s’assurerait des defiles i)res de Bagtchc- keui et Belgrade. Cette brigade pent etre encore renforcee par un regiment d’infanterie qui, debarque pres de Tchiftalan, pent

*) 11 y a pour un petit detachement une excellente position tout pres de Sekeria-Keui, qui peut arreter court tout mouvement contre ces batteries, mais elle demande a etre preparee et occupee d’avance.

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siiivre la route directe a Belgrad en passant par Sooiik-Boimar et arriver le lencleinaiii dii debarqueinent gentd'al a Bagtchekeni.

Le gros dcs forces, qiii sera oblige de passer la niiit qiii suit dans la ligne Agatclili-Karaboiiroim, n’anra qne le choix de suivre le lendeniaiu les chemins qui condiiisent a Bogaskeui et a Piriud- jikeni. Ainsi, le point central des operations sera necessairement

mis du cote de la vallee d’Alibeysoii.

Examinoiis maintenant les clioses an i)oint de viie des Tiircs.

Etant adinis qn’ime puissance telle que la Riissie pent inopi- neinent debarqner des troupes tout i)res de Constantinople, et (jue la garnison de cette ville, pour des raisons qiul serait inutile d’enurnerer, ue sera alarmee que lorsqiie le debarqueinent est deja en train de se faire, ce qui du reste ne saura etre empeche, il s’agit des lors pour les troupes ottomanes, d’aller s’oi)poser a la marclie de I’enneini, de le battre, si possible, avant qu’il fut renforce i)ar Tarrivee dam second echelon, on, de resister an inoins jusqiCa ce que d'autres troupes des garnisons avoisinantes aient le tein})S de se rendre a Constautiuoi)le. J^es troupes de cainpagne du i)reinier corps siegeant a Constantinople (28 bataillons, 28 cscadrons et 39 batteries), devront done etre tout de suite dirigees de fa^'on a rencontrer le gros des forces de I’adversaire. On ce dernier i)ourra se trouver, nous Tavons deja dit plus haiit. Mais, outre les consukTations topogra-

phiqiies, le commandant des forces ottomanes se dira encore:

1. Dans le cas on rennenii avancerait son gros par Bagtclie- keui contre Maslak, n’ayant qu’uu detacliement de banc du cote de Pirgos oil Pirindjikeiii, il risquerait fort d’etre coupe de sa base aussitot que ce detacliement subirait un ecliee par le gros des forces tuniiies se dirigeant contre la ligne Pirgos-Piriudjikeui, car ce dernier pent alors se tourner centre le banc droit et les derrieres du coiqis enuemi ipii se trouverait deja a Maslak en prises avec le detacliement turc charge de defendre ce point, et I’attaqiier d’une facon aussi avantageuse que decisive.

2. Si rennenii s’avance avec des forces egales par Pirgos et par Bagtchekeni, alors, raison de plus pour occuper I’liiie des deux colounes par des forces secoiidaires pour tomber vehemeu- tement avec autant de forces qu’il est possible d’economiser et de concentrer, sur I’antre colonne. Et, e’est encore le coiqis de Pirgos oil Pirindjikeiii qu’il imimrterait de battre d’abord parce qu’if est celui qui a le plus de liberte de mouvement et d’action.

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3. L’eiiiieiiii pent suivre avec le gros de ses troupes la route (]ui conduit par Pirgos a Kiadhane, ce (pii est moius improbable, faisant une diversion contre Maslak; dans ce cas on iieut chercbei’

a arreter renneiui directement en s’oi)posant a sa niarclie sur rOusoundja-Ova meme, on bien, indirectement eu prenant une posi¬

tion de danc qui Toblige a changer de direction et a attaquer. En voulant s’opposer directement, si Ton arrive a temps pour occuper les hauteurs immediatement an sud de Pirgos, il est alors evident (pie rennemi est forcement oblige d’y donner Fasseaut; mais s’il est le premier a s’y thablir, alors il se contentera probablement de s’y maintenir jusqii’a ce qiie des renforts soient arrives, et ce sera an parti Sud d’enlever la position et, le risque d’etre repousse.

Si I’ennemi a done de I’avance sur le parti Sud, il sera plus efficace de marcher a I’encontre de I’adversaire par la ligne Kutcliukkeui- Pirindjikeui, apres avoir laisse un detachenient sur la ligne Tcho- liantclukhme-Kiadhane-Maslak. En eftet, le gros des forces Sud se trouvant du cote de I)j('b(_kljikeui sur le lianc et les derrieres de la colonne ennenii qui s’avance par rOusoundja-Ova, ce dernier ne lieut plus ni s’avaucer contre Kiadhami ni meme se tenir passive sur rOusoundja-Ova, car d’une fagoii comme de Fautre il nous olfrirait sa ligne de retraite et ses communications. Il sera done force a se retourner contre nous, a traverser la vall(‘e d’Alibey sous notre feu et a nous attaquer en passant pimiblement par plussieurs colonnes i)ar des dehEes qu’il nous sera possible de dominer.

Ainsi dans une telle situation nous pourrons dieter la loi a Fennemi.

4. Enhn, le gros de Fennemi pent franchir les d('‘files et la vallee d’Alibey entre Pirindjikeui et Bogaskeu’i i)our s’avancer dans la direction de Kutchukkeui-Stamboul, et couvrir cette marche par un dcHachement qui pent })endre position soit pri'S de Pirgos, soit ail sud de ce village, tandis qu’uii autre detachenient compose des trois armes s’avancerait du cote de Bagtcludveui pour y detourner Fattention des Turcs. Dans ce cas-hi, il ne reste plus ([u’a s'opposer directement ii Fennemi, car toute position a Fest d’Alibeysou laisse Stamboul a decouvert, attendu que le terrain ne permet pas ici de le retenir par des forces inferieures.

En r('‘sume, (pie le gros des forces de Fennemi marche jiar Bagtclu'keui', ce (pii est assez invraisemlilable, ou jiar Pirgos, le plus avantageux pour nous est d’avancer contre Pirgos, et cela

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pas dtre occnpees avaiit nous par le gros de I’adversaire, autreinent, de le tourner en inarchant de la ligue Djebedjikeui-Piriiidjikeni centre Pirgos - Petnakor. Dans le cas entin, oil la masse de reuneini viendrait par Bogaskeni, Pirindjikeni, il fant jirqiarer le choc dans les environs de Djebedjikeui. L’essentiel reste toujonrs de dieter ses conditions.

De toutes ces considinvitions il ressort riinjmrtance manifeste des liantenrs qni doininent siirtont les defiles de Pirgos, Pirindjikeni et Bogaskeni. En eftet, (pie renueini vienne de I’onest, on (ju’il soit didiaripie de la .Mer-Noire, nn fort d’arret an Snd de Pirgos, nil autre an iioint 112,1 an Snd de Bogaskeni ainsi qn’nn troisieine a Maslak iienveut nn jonr joner nn role d’nne iiniiortance vitale, tandis (jne toiite la ligne deTchataldja ne pen seivir arien. Ce sontla des questions qni valent assnreinent la iieine d’etre ineditees en Tnrqnie.

Pour terminer ajontons encore les (jiielqnes lignes snivantes.

Le systinne de fortification jiropose par le general Brialmont avait dn etre mis de cote coinine etant in executable, vn la detresse linanciere de rEmpinq et meme eoinine etant inutile, attendn qne Fagressenr, qn’il vienne iiar Andrinople on qn’il arrive par vole de mer, ne iient jias transiiorter ni employer nn jiarc de siege, comme on s’en servirait dans I’Enrope ceutrale. Et pnis, comme le iirojet Brialmont demaude beanconi) de temps pour etre execute, on n’etait pas silr si I’enuemi anrait la conqilaisance d’attendre jiendant des aiinees, pour essayer son conj) de main — anqnel on est toujonrs en droit de s’attendre — j’nsijn’a ce ipie Constantinople hit transforme en nn vaste camp retranebe cajiable de se moffiier de tontes les forces

moscovites.

C’ependant il serait egalement fiinx de s’abriter derriere I’attente jiassive d’nne meillenre idee. On devrait an moins songer a assurer la Capitale d’nne faqon qnelconqne contre tonte snrinise qn’nne brise politiipie pent bien emmener nn bean matin, i.e meillenr systinne a adopter doit assnreinent etre celni qni, tout en ofirant les gai*an- ties necessaires iionr permettre a la garnison de (Vmstantinojde de s’ojiposer a I’agressenr snr nn terrain qni Ini offre le pins d’avantages, se laissera anssi a])])liqner avec le inoiiis de depense en argent et en teinjis.

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liuprimerie liar ilerinann, Leipzig.

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Explication des signes a AAA/W\AAA b La ligne de defense qui

s'offre d Maslak.

Sail Stephanos

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