• Aucun résultat trouvé

Menaces et gratitudes

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Menaces et gratitudes"

Copied!
1
0
0

Texte intégral

(1)

ActuAlité

www.revmed.ch

22 juin 2016

1251

Pour sa part, Christophe Dagot (UMR Inserm 1092, Université de Limoges) s’in­

téresse à l’évaluation d’activités anthropi­

ques sur la dissémination de l’antibiorésis­

tance dans l’environnement. Soit à l’appa­

rition croissante de bactéries résistantes et multirésistantes du fait d’une utilisation massive et répétée de ces molécules.

C’est dire la somme des difficultés mé­

thodologiques à surmonter pour arriver à une analyse systémique de cette problé­

matique. La lutte contre l’antibiorésistan ce réclame un décloisonnement et l’union de différentes spécialités et acteurs : médica­

les, hospitalières, environnementales, bio­

logie moléculaire et bioinformatique, spé­

cialistes du risque, mais aussi sociologues, parties prenantes, décideurs.

De nouveaux outils sont ici développés,

issus des avancées et des baisses des coûts en biologie moléculaire permettant une exploitation (très) fine des bactéries, des gènes, de leur expression, de leur trans­

fert. Le modèle « intégrons » fait partie de ces nouveaux outils. Il présente l’avantage d’être, dans une première analyse, une sorte d’indicateur de résistance et de tracer de manière quantitative une dissémination glo­

bale de résistance dans les tissus urbains et les matrices environnementales.

Ainsi, le suivi des intégrons de résistance de classes 1, 2 et 3 (IMR) a pu être mené sur le site Pilote de Bellecombe (SIPIBEL), sur différents établissements de soins à l’échel le européenne, sur des technologies de trai­

tement avancé, sur le milieu naturel, dans des sols. Les résultats obtenus montrent une concentration élevée et la diversité

des micro­organismes dans des échantil­

lons des effluents hospitaliers, avec une prévalence élevée d’IMR et une omnipré­

sence de ces éléments avec une préva­

lence élevée dans les eaux usées. Connaître et, si possible, maîtriser les mécanismes de résistance imposent notamment, pour ce chercheur, une standardisation des mé­

thodes d’évaluation, la compréhension des mécanismes d’expression et de transmis­

sion des gènes dans les systèmes anthropi­

sés et l’exploitation des résultats à des fins d’évaluation des risques.

(A suivre)

menaces et gratitudes

Un nouveau patient est arrivé dans le service de psychiatrie. Nous commençons l’entretien d’entrée : – Je me présente : Coralie Wenger- Bonny, je serai votre médecin référent durant votre hospitalisa- tion. Par la suite, il se peut, en raison des problèmes de place dans l’hôpital, que vous soyez transféré dans une autre unité et que vous changiez de médecin référent. Dans ce cas, je trans- mettrai au nouveau médecin tout le travail qui aura été fait.

En effet, trois jours plus tard, je dois annoncer au patient qu’il est transféré dans une autre unité.

Une semaine après, au milieu de ma nuit de garde, le bip « agression » retentit ! Oh quel sursaut. Je bondis de mon lit de garde et me dirige vers l’endroit indiqué, avec quel ques appréhensions en tête.

J’arrive dans l’unité en même temps que le Sécuritas. Je lui adresse un regard reconnaissant. Les soignants arrivent un à un en renfort suite à l’appel. On nous explique la situa- tion : un patient a crié et menacé de frapper toutes les personnes qui l’approchent. Il s’est actuelle- ment enfermé dans sa chambre.

Nous décidons ensemble, et après discussion avec le médecin-chef de piquet, des possibilités d’appro ches, avec alternatives selon la réaction du patient. Le Sécuritas ouvre la porte de sa chambre. Le patient est debout proche de l’entrée et ne lève pas le regard vers nous. Il est très tendu, transpirant et tremble de tout son corps. Il est en train de déchirer les draps de son lit de toutes ses forces. Soudain, il lève la tête et me voit, s’arrête net et me dit :

– « Machine Wenger-Truc », vous m’avez abandonné dans cette nouvelle unité, je vous déteste ! Je lui explique que je peux com- prendre son mécontentement et son désarroi. J’ajoute qu’actuelle- ment, nous voyons qu’il est mal et que nous sommes trop inquiets pour sa sécurité ainsi que la nôtre.

Ainsi, nous lui demandons de prendre un traitement par la bouche en lui expliquant que s’il refuse, nous serons forcés de faire une injection.

Le patient renchérit, en criant avec un regard noir et un visage rouge écarlate :

– Si je vous revois un jour, « Ma- chine Wenger-Truc », je vous tue.

Je vous le promets, je vous tue ! Il tente de m’approcher avec le poing en avant. La situation à ce moment-là étant difficile à gérer, et comme décidé quelques minutes plus tôt, nous demandons au patient de nous suivre pour une mise en chambre de soins intensifs au vu du risque hétéro-agressif. Le patient accepte de suivre le Sécu- ritas mais me lance des regards sombres sur le trajet qui mène à cette chambre. Finalement, il accepte son traitement, parvient à se calmer et à s’endormir pour la suite de la nuit.

Deux semaines plus tard, j’avance dans le couloir de l’hôpital et aper- çois le patient au loin, marchant dans ma direction. Je freine, j’appréhende ; toutes ses menaces…

De quoi se souvient-il lors de cette nuit agitée ?

Il s’arrête, me dévisage et finale- ment me dit : « Bonjour Doctoresse Wenger-Bonny ! », avec un sourire sincère et dans le plus grand res- pect. Il poursuit son chemin sans me laisser le temps de répondre.

Je souris intérieurement. Cette politesse respectueuse résonne pour moi comme une demande de pardon ; comme pour gommer ce qu’il aurait pu dire dans un moment incontrôlé. Je suis soulagée de sa- voir qu’il a pu sortir de la cham bre de soins et qu’il semble aller mieux.

Sans oublier la violence lors de cette nuit de garde, je poursuis ma jour- née le cœur plus léger. Pourquoi me sens-je apaisée ? Est-ce que cette retrouvaille plus calme répond à une attente ? Pourquoi ai-je l’impres- sion que ce bonjour m’apporte une gratitude ? En continuant de marcher dans les couloirs, je me dis que, suite à cette expérience difficile, j’ai vraisemblablement eu besoin de voir les choses ainsi pour continuer…

Cela me fait songer à ce que l’on m’a dit de Bion qui pensait que le thérapeute devrait savoir être sans mémoire, ni désir lorsqu’il est face à son patient.1 carte blanche

Dr Coralie Wenger­

Bonny

Chemin de Pierrefleur 54 1004 Lausanne coralie.wenger@gmail.com

1 bion WR. l’attention et l’interpréta- tion. paris : payot, 1970.

D.R.

42_43.indd 1251 20.06.16 12:02

Références

Documents relatifs

encore mieux cette "inflation" du contraste sanguin sinusoïdal périphérique qui parait correspondre à une stase provoquée par l'hypertrophie des secteurs bien

Travailler la résolution de problèmes en classe à partir d’Ateliers de Compréhension.

Faciliter le réseautage et les pratiques collaboratives des équipes-écoles, des centres de formation professionnelle (FP), des centres de formation générale des adultes (FGA),

Combien de chaussettes prendre pour être sûr d'avoir au moins une paire assortie?. Si je prends 18 chaussettes ou moins, je cours le risque qu’elles soient

La croissance a été un peu plus faible qu’en 2002, l’excédent des nais- sances sur les décès ayant légèrement diminué (les naissances sont restées au même niveau, mais

• accepter et appuyer l’idée qu’à l’intérieur de notre discipline généraliste, nous puissions acquérir des compétences avancées dans des domaines propres à la

En effet, on ne peut envisager un bou- leversement dans des domaines aussi différents que la science des matériaux, l’électronique et les technologies de l’information, la biologie,

o écrire, en respectant les critères d’évaluation, un texte court expliquant l’expression « Voir loin, c’est voir dans le passé », texte qui sera à rendre sur feuille pour