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Hypertension artérielle

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Academic year: 2022

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Hypertension artérielle

L’année 2018 est celle de la publication des nouvelles recomman- dations européennes pour la prise en charge de l’hypertension artérielle chez l’adulte. Ces recommandations présentent plusieurs nouveaux concepts, dont une utilisation plus large de la mesure de la pression artérielle hors du cabinet médical, l’utilisation des combinaisons thérapeutiques en première intention pour la majo- rité des patients sous la forme d’un seul comprimé et le suivi plus soutenu de l’observance thérapeutique avec les partenaires de santé.

Les objectifs à atteindre sont plus stricts (130-140/80 mmHg) pour les patients à haut risque cardiovasculaire et pour les patients de

> 65 ans. Cet article résume également les nouvelles recomman- dations concernant la prévention de l’hypotension orthostatique et les nouvelles publications concernant le risque de cancers cutanés associé à la prise d’hydrochlorothiazide à long terme (> 5 ans).

Arterial hypertension : novelties in 2018 2018 is the year of the publication of the new European guidelines regarding the management of adult patients with hypertension.

These guidelines present several new concepts including a wider use of out-of-office blood pressure measurements, the prescription of dual combinations as first line therapy for most hypertensive pa- tients, a wider use of single pill combinations and a more sustained control of drug adherence with healthcare partners. This article also discusses the new guidelines for the prevention and treatment of orthostatic hypotension and the recently published papers on the risk of skin cancers associated with the long-term use of hydrochlo- rothiazide (> 5 years).

INTRODUCTION

Dans le domaine de l’hypertension artérielle (HTA), l’année 2018 a été marquée principalement par la publication des nouvelles recommandations européennes pour la prise en charge des patients hypertendus adultes, sous l’égide des So­

ciétés européennes de cardiologie (ESC) et d’hypertension (ESH).1,2 Ces recommandations étaient particulièrement atten­

dues depuis la sortie, en fin 2017, des recommandations amé­

ricaines.3,4 En effet, les auteurs américains avaient été très provocateurs en modifiant la définition même de l’hyperten­

sion artérielle (pression artérielle (PA) > 130/80 mmHg) et en étant très agressifs pour ce qui concerne les cibles à atteindre dans les différents sous­groupes de patients hypertendus, à savoir une PA < 130/80 mmHg chez tout le monde. Cette prise de position était basée avant tout sur les résultats de l’étude SPRINT, dont nous avons parlé dans les nouveautés 2017.5 Dans cet article, nous allons présenter les principaux points des recommandations européennes en nous attachant surtout

aux nouveautés. Par ailleurs, nous discuterons du traitement de l’hypotension orthostatique et des syndromes d’intolérance à la suite de la publication des recommandations 2018 sur le diagnostic et la prise en charge des syncopes.6 Finalement, nous prendrons position sur deux publications récentes suggérant un risque augmenté de cancers de la peau associé à la prise d’hydro­

chlorothiazide (HCTZ) pendant de nombreuses années.7,8

QUOI DE NEUF DANS LES RECOMMANDATIONS EUROPÉENNES 2018 ?

Tout d’abord, il est important de signaler que les Européens n’ont pas modifié la définition de l’HTA (hypertension arté­

rielle), qui reste définie comme une PA > 140 et/ou 90 mmHg lorsqu’ elle est mesurée au cabinet médical selon les standards recommandés (position assise, cinq minutes de repos, trois mesures à 1­2 minutes d’intervalle, manchette adaptée). L’éva­

luation du risque cardiovasculaire à dix ans, selon l’échelle de risque SCORE, demeure également nécessaire, l’idée étant de ne pas traiter les patients hypertendus uniquement sur la base de leur PA (pression artérielle), mais plutôt en fonction de leur risque cardiovasculaire global.

Mesure de la pression artérielle

Pour ce qui concerne la mesure de la PA, les nouvelles recom­

mandations insistent sur une utilisation plus fréquente des mesures de PA hors du cabinet médical. Elles préconisent donc une utilisation plus large des mesures de pression à domicile ou de la mesure ambulatoire de la PA sur 24 heures (MAPA).

Ces alternatives de mesure de la PA sont importantes pour le diagnostic d’hypertension, mais aussi pour le dépistage de l’hypertension blouse blanche et de l’hypertension masquée, et également pour le suivi du contrôle de la PA. La figure 1 montre le schéma proposé pour le dépistage et le diagnostic de l’hypertension.

Diagnostic et évaluation des atteintes d’organes

Dans le domaine du diagnostic et de l’évaluation des atteintes d’organes, il n’y a pas beaucoup de nouveautés. Pour l’évaluation des atteintes d’organes cibles, les dosages de la créatinine, de l’albumine urinaire (rapport albumine/créatinine urinaire), l’ECG et l’échocardiographie constituent toujours la base des investigations. L’ultrason rénal avec doppler des artères rénales a été nouvellement introduit dans la liste des examens utiles qui devraient être effectués au début du bilan d’un hypertendu.

En effet, cet examen permet non seulement de détecter une cause rénale ou rénovasculaire de l’hypertension, mais encore d’évaluer l’état de l’aorte abdominale et de mesurer l’index des résistances rénales qui constitue un facteur de risque indé­

pendant pour le développement de complications liées à l’hyper­

tension, non seulement rénales mais aussi cardiovasculaires, Pr MICHEL BURNIERa et Dr GRÉGOIRE WUERZNERa

Rev Med Suisse 2019 ; 15 : 57-61

aService de néphrologie et hypertension, CHUV, 1011 Lausanne michel.burnier@chuv.ch

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telles que l’hypertrophie ventriculaire gauche ou l’épaississe­

ment de la paroi des carotides.9

Seuil pour débuter le traitement de l’hypertension artérielle

Le seuil pour débuter un traitement de l’HTA est une PA ≥ 140/90 mmHg pour les patients âgés de 18 à 79 ans, quelles que soient les maladies associées (diabète, insuffisance rénale, maladie coronarienne, accident vasculaire cérébral). Pour les patients de plus 80 ans, le seuil a été défini à ≥ 160/90 mmHg.

La prise en charge des patients hypertendus comprend toujours les mesures non pharmacologiques (restriction sodée, augmen­

tation des apports en fruits et légumes, perte de poids, aug­

mentation de l’activité physique, arrêt du tabagisme, etc.) pour une période de trois à six mois. Cependant, chez les patients très hypertendus et ceux à risque cardiovasculaire élevé, le traitement médicamenteux doit être introduit sans délai, comme indiqué dans la figure 2. La nouveauté réside dans le fait que même chez les patients avec une PA entre 130-139/

85- 89 mmHg, un traitement médicamenteux est à considérer d’emblée si le risque cardiovasculaire est élevé ou s’il s’agit de

patients coronariens. Le but est d’atteindre les valeurs cibles discutées plus bas dans les trois mois après l’initiation du trai­

tement.

Traitement médicamenteux

Pour ce qui concerne le traitement médicamenteux, l’algo­

rithme se fonde toujours sur les quatre classes habituelles, à savoir les bloqueurs du système rénine­angiotensine (inhibi­

teurs de l’enzyme de conversion et antagonistes des récep­

teurs de l’angiotensine), les antagonistes du calcium, les diuré tiques et les bêtabloquants. L’algorithme de base, qui peut s’appliquer à la majorité des patients hypertendus, est indiqué dans la figure 3. Le schéma thérapeutique présente deux nouveautés : la première est la recommandation de débuter immédiatement avec une combinaison de deux médi­

caments pour augmenter les chances d’atteindre les valeurs cibles dans les trois mois. Les seules exceptions sont : les patients très âgés (> 80 ans) ou très fragiles et ceux présentant une hypertension de grade 1 avec un faible risque cardiovas­

culaire. Chez ces patients, une monothérapie initiale doit être considérée.

PA optimale

< 120/80 mmHg

Contrôler la PA à 5 ans

PA normale 120-129/

80-84 mmHg

Contrôler la PA au moins tous

les 3 ans

PA haute-normale 130-139/

85-89 mmHg

Considérer l’hypertension

masquée

Mesures de PA hors du cabinet (MAPA ou

domicile)

Contrôler la PA toutes les années

Hypertension

≥ 140/90 mmHg

Répéter les visites pour des mesures

au cabinet

Mesures de PA hors du cabinet (MAPA

ou domicile) Confirmer

le diagnostic

(Tirée de réf.1).

Conseils de style de vie Hypertension Grade 1 140-159/90-99 mmHg

Ttt médicamenteux immédiat chez les patients à très haut risque CV

Ttt médicamenteux chez les patients à risque modéré sans maladie CV ou d’IRC après 3-6 mois d’intervention sur le style de

vie si la PA n’est pas contrôlée

Conseils de style de vie

Ttt médicamenteux immédiat chez tous les patients But : contrôle de la PA en 3 mois

Hypertension Grade 2 160-179/100-109 mmHg

Conseils de style de vie

Ttt médicamenteux immédiat chez tous les patients But : contrôle de la PA en 3 mois

Hypertension grade 3

≥180/110 mmHg Conseils de style de vie

PA haute-normale 130-139/85-89 mmHg

Considérer un ttt médicamenteux chez les patients à très haut risque

CV, en particulier les coronariens

FIG 2 Schéma d’initiation du traitement selon le niveau de la pression artérielle au cabinet Ttt : traitement ; PA : pression artérielle.

(Tirée de réf.1).

FIG 1 Dépistage et diagnostic de l’hypertension artérielle PA : pression artérielle ; MAPA : mesure ambulatoire de la PA.

(3)

Il faut remarquer que les bêtabloquants sont indiqués en pre­

mière intention surtout chez les patients hypertendus présen­

tant une affection cardiaque (maladie coronarienne, postinfarc­

tus, insuffisance cardiaque et fibrillation auriculaire) et chez les jeunes femmes avec un désir de grossesse. La deuxième nouveauté est l’utilisation prépondérante des combinaisons thérapeutiques en un seul comprimé (single pill combination) de manière à simplifier la prise médicamenteuse et améliorer l’adhérence thérapeutique à long terme. Cette approche permet de garder un seul comprimé par jour jusqu’à ce que l’on ait besoin d’une quadrithérapie.

Objectifs tensionnels

Quels sont les objectifs de PA à atteindre selon les nouvelles recommandations ? Les cibles du traitement sont définies en fonction de l’âge du patient et des comorbidités. De manière générale, le premier objectif important est de baisser la PA au­dessous de 140/90 mmHg chez tous les patients, quel que soit l’âge. Chez les patients de moins de 65 ans, la PA systolique devrait être idéalement entre 120 et 130 mmHg sous traitement et la diastolique entre 70 et 80 mmHg. Dans cette catégorie d’âge, la PA ne devrait pas être < 120 mmHg, à moins que ces valeurs soient très bien tolérées et sans signe d’hypotension orthostatique. Contrairement aux précédentes recommanda­

tions, les objectifs définis pour les patients de plus de 65 ans sont devenus plus stricts. En effet, à partir de 65 ans, la cible idéale est de 130­140 mmHg de systolique et 70­80 mmHg de diastolique. Toutefois, un point très important à relever est la nécessité de considérer la tolérance du traitement dans toutes les situations, en particulier chez les patients très âgés.

Adhérence et éducation thérapeutiques

La dernière grande nouveauté des recommandations 2018 est

l’importance donnée à l’adhérence thérapeutique et à la nécessité d’impliquer d’autres partenaires de la santé (infirmier­e­s, pharmacien­ne­s) dans l’éducation, le soutien et le suivi des patients hypertendus. En effet, il est maintenant bien reconnu et accepté que la mauvaise persistance des traitements anti­

hypertenseurs constitue un facteur majeur d’échec des traite­

ments de l’hypertension. Il est donc crucial que les médecins évaluent l’observance thérapeutique de manière régulière chez tous les patients dont la pression n’est pas normalisée.

Autres mises à jour

Ces nouvelles recommandations pour la prise en charge des patients hypertendus comportent encore de nombreuses mises à jour de situations cliniques fréquentes telles la grossesse, l’HTA après accident vasculaire cérébral, l’HTA associée à l’alti­

tude ou l’HTA dans le préopératoire. Une version simplifiée et plus accessible des recommandations comprenant essentiel­

lement les tableaux et les figures a été récemment publiée sous la forme de Practice Guidelines.10

QUOI DE NEUF DANS L’HYPOTENSION ORTHOSTATIQUE ?

En mars 2018, ont été publiées les nouvelles recommandations européennes concernant le diagnostic et la prise en charge de la syncope.6 Ces recommandations comprennent plusieurs sections qui concernent l’hypotension orthostatique (HO) simple ou pouvant induire une syncope. Classiquement, l’hypo­

tension orthostatique est définie comme une baisse soutenue de la PA ≥ 20 mmHg pour la systolique et ≥ 10 mmHg pour la diastolique, ou une chute soutenue de la PA à < 90 mmHg de systolique dans les trois minutes qui suivent le passage en position debout. En cas de dysfonction du système nerveux autonome, la fréquence cardiaque n’augmente pas de manière significative alors que c’est le cas lors d’hypovolémie.

Dans les cas d’HO due à une dysautonomie, au­delà des mesures de PA en position couchée et debout, le diagnostic précis doit être effectué par un centre spécialisé capable d’effectuer un tilt­test ou des enregistrements continus de la PA et du pouls. Toutefois, la MAPA peut s’avérer très utile, car les patients présentent souvent une absence de baisse de la PA nocturne, voire même une augmentation de celle­ci en position couchée. En outre, la MAPA permet d’identifier les hypotensions postprandiales ou après exercice, ainsi que celles induites par les médicaments. Les mesures de PA à domicile peuvent aussi aider au diagnostic.

Prévention et traitement

Sur le plan du traitement et de la prévention, plusieurs interven­

tions simples peuvent être efficaces. La première est d’éviter ou de réduire les médicaments hypotenseurs, à savoir non seulement les antihypertenseurs, mais aussi les antidépresseurs ou les agents dopaminergiques. Dans ces conditions, il est préférable de viser une PA systolique de 140 mmHg. En effet, une PA plus basse (120 mmHg) augmente significativement le risque d’hypotension ou de faire une syncope.11 La deuxième consiste à maintenir une volémie élevée en buvant deux à trois litres de liquides par jour et un apport d’au moins 10 g de sel Thérapie initiale

Combinaison double

Envisager une monothérapie chez les hyperten-

dus grade 1 avec faible risque CV ou

chez les patients de ≥ 80 ans, ou les

patients fragiles IECA ou ARA

+ anticalcique ou diurétique 1 cp

Etape 2 Combinaison

triple

IECA ou ARA + anticalcique

+ diurétique 1 cp

Etape 3 Combinaison triple + spirono- lactone ou autre

médicament

Envisager l’envoi à un spécialiste pour la recherche d’une hypertension

secondaire Hypertension

résistante Ajouter spironolac- tone (25-50 mg 1x/j)

ou autre diurétique, alphabloquant ou

bêtabloquant 2 cps

(Tirée de réf.1).

FIG 3 Schéma de prise en charge médicamenteuse de l’hypertension

ARA : antagoniste des récepteurs de l’angiotensine ; IECA : inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine.

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tatique aiguë, l’ingestion rapide d’eau très froide permet de lutter efficacement contre la chute de pression. Le troisième groupe de mesures comprend le port de bas de contentions, l’élévation de la tête du lit à > 10 degré la nuit, l’évitement des facteurs de risque d’HO comme les lieux surchauffés (piscine) et l’éviction de l’alcool. L’utilisation de bâtons de marche et la natation ont également un effet bénéfique. En cas de symp­

tômes imminents, des manœuvres simples peuvent être appli­

quées durant la journée comme croiser les jambes, augmenter la tension dans les bras ou les avant­bras comme indiqué dans la figure 4. Ce n’est que dans un deuxième temps qu’un traite­

ment pharmacologique doit être instauré avec la prescription possible de midodrine ou de fludrocortisone.

AUGMENTATION DU RISQUE DE CANCERS CUTANÉS DUE À L’HYDROCHLOROTHIAZIDE : FAUT- IL S’EN INQUIÉTER ?

Le cancer et les maladies cardiovasculaires sont les deux pre­

mières causes de mortalité dans la population. Depuis le début de leur développement, de nombreuses études randomisées et contrôlées, ainsi que des méta­analyses, ont démontré que les médicaments antihypertenseurs diminuent la mortalité cardiovasculaire lorsque ceux­ci sont comparés à un placebo.

Toutefois, dès les années 1970, la possibilité que les antihy­

pertenseurs augmentent le risque de cancer a été évoquée, tout d’abord pour la réserpine, puis pour les diurétiques, les anticalciques, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine et finalement les antagonistes de l’angiotensine.12 Pour la plupart de ces classes médicamenteuses, il a finale­

ment été considéré par les autorités d’enregistrement que même si le risque existait, il était de faible importance et le rapport risque/bénéfice global était toujours en faveur de leur utilisation pour réduire la morbidité et la mortalité cardio­

vasculaires.

tion du risque de cancer du rein a été suggérée, mais dans ces études initiales, il était difficile de dissocier le risque lié au diurétique de celui lié à l’hypertension artérielle, cette dernière augmentant le risque de cancer du rein même chez les patients non traités.13,14 Dans plusieurs études récentes, les même groupes de pharmacologues et d’épidémiologues danois ont démontré successivement une augmentation du risque de cancer des lèvres,15 de cancers cutanés spino et basocellu­

laires7 et de mélanomes8 chez les patients hypertendus traités avec de l’HCTZ seul ou en combinaison pendant plus de cinq ans avec une dose cumulée élevée. Pour ce qui concerne le cancer cutané de type spinocellulaire, une relation entre la dose d’HCTZ et le risque de cancer a été observée. Elle était faible pour le carcinome basocellulaire et inexistante pour le mélanome à extension superficielle. Ces associations n’étaient pas retrouvées pour les autres médicaments antihyperten­

seurs prescrits dans la même population. La différence de prévalence des cancers spino et basocellulaires était de l’ordre de 1 % dans cette étude qui comprenait 711 553 patients avec cancer de la peau et 1 430 883 sujets témoins. Pour ce qui concerne le mécanisme, les auteurs évoquent une photo­

sensibilisation de la peau qui serait spécifique à l’HCTZ et n’existerait pas avec les autres diurétiques tels que l’inda­

pamide ou la chlortalidone. Ces études d’association ont cependant certaines limites. D’une part, les auteurs n’ont pas corrigé leurs données pour l’hypertension ou d’autres fac­

teurs de risque tels que l’obésité, qui est aussi associée à une augmentation du risque de cancer. Les résultats n’ont pas été corrigés non plus pour l’exposition aux UV, cette dernière étant le facteur de risque principal pour les cancers de la peau. Il faut aussi relever que cette étude a été conduite dans une population scandinave à la peau claire et aux yeux bleus, deux facteurs de risque majeurs pour les cancers de la peau.

Ces données mériteraient donc d’être confirmées dans d’autres populations de patients hypertendus. De manière surprenante, une méta­analyse préalable des risques de cancers cutanés associés aux médicaments antihypertenseurs n’a pas trouvé de risque augmenté avec les diurétiques et les bloqueurs du système rénine­angiotensine. En revanche, les anticalciques et les bêtabloquants étaient associés à une augmentation du risque.16

Dans l’attente de disposer de plus d’information et du position­

nement des autorités européennes, les auteurs recommandent d’informer les patients de ce risque, somme toute assez faible mais réel, et l’autocontrôle régulier des zones cutanées à risque.

Ils ne proposent cependant pas d’interrompre les traitements à base d’HCTZ car les bénéfices cardiovasculaires restent supé­

rieurs au risque de cancer cutané. Une alternative possible serait de remplacer l’HCTZ par d’autres diurétiques thiazide-like qui sont aussi disponibles en combinaisons thérapeutiques.

CONCLUSION

L’année 2018 a donc été marquée surtout par la publication des nouvelles recommandations de prise en charge des adultes hypertendus. Elles devraient nous aider à améliorer le pour­

centage de patients traités pour l’hypertension et bien contrôlés sur le plan tensionnel. L’hypotension orthostatique est une complication fréquente chez les patients hypertendus qui FIG 4 Manœuvres permettant de maintenir

ou d’élever la pression artérielle en cas d’hypotension orthostatique

Croisement des jambes Tension sur les bras Handgrip

(Tirée de réf.6).

(5)

existe aussi chez les non­hypertendus. L’hypotension est souvent plus gênante pour les patients que l’hypertension et les nouvelles recommandations proposent plusieurs solu­

tions simples pour prévenir la survenue de syncopes chez ces patients. Enfin, il semble qu’il existe un risque plus élevé de développer des cancers cutanés chez les patients recevant de l’HCTZ pendant de nombreuses années (> 5 ans). Il est donc nécessaire d’informer les patients de ce risque supplémentaire et de réaliser périodiquement un examen cutané chez nos patients hypertendus et de conseiller l’autocontrôle régulier.

Conflit d’intérêts : Les auteurs n’ont déclaré aucun conflit d’intérêts en relation avec cet article.

Les nouvelles recommandations pour le traitement de l’hyper- tension publiées par les Sociétés européennes de cardiologie et d'hypertension proposent une plus large utilisation de la mesure de la pression artérielle (PA) hors du cabinet, une utilisation des combinaisons thérapeutiques dans un seul comprimé en pre- mière intention et des objectifs thérapeutiques plus stricts en particulier pour les personnes âgées qui ne présentent pas de fragilité excessive

Dans les nouvelles recommandations concernant l’hypotension orthostatique et la syncope, on signalera l’intérêt d’effectuer un enregistrement ambulatoire de la PA sur 24 heures pour le diagnostic, et l’application de mesures simples (arrêt des hypo- tenseurs, hydratation, régime avec 10 g de sel/jour) pour prévenir la survenue des symptômes et une éventuelle syncope

Des données récentes suggèrent une augmentation du risque de cancer de la peau avec l’hydrochlorothiazide. L’augmentation du risque est faible mais nécessite quand même que les patients soient informés et que le status cutané soit contrôler régulière- ment (1 x/an)

IMPLICATIONS PRATIQUES

1 ** Williams B, Mancia G, Spiering W, et al. 2018 ESC/ESH Guidelines for the management of arterial hypertension. Eur Heart J 2018;39:3021-104.

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the Prevention, Detection, Evaluation, and Management of High Blood Pressure in Adults : a report of the American College of Cardiology/American Heart Association Task Force on Clinical Practice Guidelines.

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8 Pottegard A, Gaist D. Hydrochlorothia- zide and the risk of malignant melanoma- reply. JAMA Intern Med 2018;178:1425-6.

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10 Williams B, Mancia G, Spiering W, et al.

2018 Practice guidelines for the manage- ment of arterial hypertension of the Eu- ropean Society of Hypertension (ESH) and the European Society of Cardiology (ESC). Blood Press 2018;27:314-40.

11 Group SR, Wright JT, Jr., Williamson JD, et al. A randomized trial of intensive versus standard blood-pressure control.

N Engl J Med 2015;373:2103-16.

12 Wuerzner G, Burnier M, Waeber B. Cri- tical review of cancer risk associated with angiotensin receptor blocker therapy.

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13 Chow WH, McLaughlin JK, Mandel JS, et al. Risk of renal cell cancer in relation

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14 Dyer AR, Stamler J, Berkson DM, et al.

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15 Pottegard A, Hallas J, Olesen M, et al.

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16 Gandini S, Palli D, Spadola G, et al.

Anti-hypertensive drugs and skin cancer risk : a review of the literature and meta- analysis. Crit Rev Oncol Hematol 2018;122:1-9.

* à lire

** à lire absolument

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