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Les élus fédéraux romands et Twitter - Analyse de l'implication des élus fédéraux romands sur Twitter à travers la campagne de votation du 19 mai 2019

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Academic year: 2022

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Master

Reference

Les élus fédéraux romands et Twitter - Analyse de l'implication des élus fédéraux romands sur Twitter à travers la campagne de votation

du 19 mai 2019

DUJOUX, Valentin Julien

Abstract

Twitter est un outil relativement nouveau dans la communication politique en Suisse. La présence ou non d'un élu sur ce réseau social varie fortement et si certains l'utilisent régulièrement, d'autres en font un usage plus modéré. Ce travail vise donc à s'intéresser à l'utilisation qu'en font les élus fédéraux romands à travers la campagne de votation du 19 mai 2019. Pour ce faire, le présent document s'interroge sur les caractéristiques des élus qui sont sur Twitter, ainsi que leur manière de communiquer dans le cadre d'une votation en proposant un profil-type et en s'intéressant aux styles de communication mobilisés sur ce réseau social.

DUJOUX, Valentin Julien. Les élus fédéraux romands et Twitter - Analyse de l'implication des élus fédéraux romands sur Twitter à travers la campagne de votation du 19 mai 2019. Master : Univ. Genève, 2019

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:123415

Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.

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Medi@LAB-Genève, Institut des sciences de la communication des médias et du journalisme

MEMOIRE DE DIPLÔME

Master en Journalisme et Communication

Les élus fédéraux romands et Twitter

Analyse de l’implication des élus fédéraux romands sur Twitter à travers la campagne de votation du 19 mai 2019

Par Valentin Dujoux N°12-419-628

Sous la direction du Dr. Sébastien Salerno

Août 2019

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Remerciements

Si ce travail est une réalisation personnelle, il n’aurait pu voir le jour sans de nombreuses personnes. Ainsi, mes remerciements vont :

à M. Sébastien Salerno, directeur de ce mémoire, pour ses conseils permettant à ce travail de dépasser les limites initialement fixées ;

à mes collègues de master avec qui j’ai pu partager mes doutes, questionnements et réflexions autour de ce travail ;

à mes amis, ma famille et mes collègues qui ont su s’adapter au rythme de la rédaction d’un tel travail, et pour leurs encouragements et soutien sans faille ; à mes parents qui m’ont donné toutes les cartes permettant de mener à bien l’ensemble de mon parcours scolaire et universitaire ;

à la personne qui partage ma vie pour son soutien indéfectible au quotidien.

« Étudie, non pour savoir plus mais pour savoir mieux. » Sénèque

J’atteste avoir réalisé seul le présent document, sans avoir utilisé de sources autres que celles citées.

Afin de ne pas alourdir la lecture du mémoire, le recours au langage épicène n’a pas pu être retenu. Il n’en demeure pas moins que je crois fermement en l’égalité des genres et le besoin de mettre en avant le rôle des femmes dans l’ensemble des domaines de la société.

Genève, le 12 août 2019

Valentin Dujoux

Dans un souci écologique, le présent document été imprimé sur du papier composé de fibres 100% recyclées.

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3 TABLE DES MATIERES

1. LEXIQUE ... 5

2. INTRODUCTION... 6

3. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES ... 8

3.1. PROBLÉMATIQUE ... 8

3.2. HYPOTHÈSES DE RECHERCHE... 9

4. CADRE THÉORIQUE ... 12

4.1. TWITTER NEST PAS FACEBOOK ... 12

4.2. DES UTILISATEURS POLITIQUES AUX MULTIPLES PROFILS ... 12

4.3. UN POTENTIEL DE COMMUNICATION À DÉVELOPPER ... 13

4.4. DES STYLES DE COMMUNICATION VARIÉS ... 15

4.5. TWEETER REVIENDRAIT À EXISTER ... 16

5. METHODOLOGIE ET TERRAIN VISE ... 18

5.1. OPÉRATIONNALISATION ... 18

5.2. ÉCHANTILLON DE RECHERCHE ... 20

5.3. PÉRIODE DE RECHERCHE ... 21

5.4. CONSTRUCTION DES DONNEES DE RECHERCHE ... 22

5.5. CODAGE DES DONNÉES SOCIODÉMOGRAPHIQUES ... 25

5.6. CODAGE DES DONNÉES DE RECHERCHE... 25

6. ANALYSE DES DONNEES... 27

6.1. ANALYSE INTRODUCTIVE ... 27

6.2. ÉLÉMENTS DE RÉPONSE CONCERNANT LHYPOTHÈSE H1 ... 28

6.3. ÉLÉMENTS DE RÉPONSE CONCERNANT LHYPOTHÈSE H2 ... 40

6.4. ÉLÉMENTS DE RÉPONSE CONCERNANT LHYPOTHÈSE H3 ... 53

7. SYNTHESE ... 66

7.1. CONCLUSION ... 66

7.2. ENSEIGNEMENTS GENERAUX SUR TWITTER ET LES ELUS FEDERAUX ROMANDS ... 68

7.3. APPORTS ET LIMITES DU TRAVAIL ... 68

8. SOURCES ... 70

9. ANNEXES ... 74

9.1. ANNEXE ADONNÉES SOCIODÉMOGRAPHIQUES ... 74

9.2. ANNEXE BEXEMPLE DE GRILLE DANALYSE ... 82

9.3. ANNEXE CPYRAMIDE DES ÂGES ... 84

9.4. ANNEXE DCODAGE DES TWEETS DES ÉLUS EN FONCTION DES STYLES DE COMMUNICATION .... 85

9.5. ANNEXE ETABLEAU RECAPITULATIF DES STYLES DE COMMUNICATION ... 86

9.6. ANNEXE FDETAIL DES STYLES DE COMMUNICATION DE TROIS ELUS ... 87

9.7. ANNEXE GCLASSEMENT DES ELUS EN FONCTION DE LEUR ACTIVITE SUR TWITTER ... 88

9.8. ANNEXE HCLASSEMENT DES ELUS FEDERAUX ROMANDS EN METTANT EN AVANT LEUR APPARTENANCE POLITIQUE ... 89

9.9. ANNEXE IREPARTITION DES PUBLICATIONS DES ELUS FEDERAUX ROMANDS SUR TWITTER... 90

9.10. ANNEXE JEXEMPLES DE TWEETS CONSIDERES COMME APPARTENANT AU STYLE DE COMMUNICATION MOBILISATEUR ... 93

9.11. ANNEXE KEXEMPLES DE TWEETS MOBILISATEURS DE R.NORDMANN ... 94

9.12. ANNEXE LPART QUE REPRESENTENT LES TWEETS ET RETWEETS DES ELUS FEDERAUX ROMANDS AYANT DU CONTENU SUR TWITTER ... 95

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LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES

Complément 1. Indicateurs de T. Keller et K. Kleinen-von-Königslöw (2018b) pour identifier les styles

de communication employés sur Twitter... 15

Complément 2. Répartition des élus fédéraux pour chaque canton ... 23

Complément 3. Explication du codage des variables sociodémographiques ... 25

Complément 4. Explications du codage des données relatives aux publications répertoriées ... 26

Complément 5. Présentation des 7 élus romands les plus actifs sur facebook du 15 avril au 20 mai 2019 ... 30

Complément 6. Présentation des 7 élus romands les plus actifs sur twitter du 15 avril au 20 mai 2019 ... 30

Complément 7. Répartition des élus fédéraux romands en 6 tranches d'âge ... 32

Complément 8. Répartition des élus ‘jeunes’ sur twitter ... 33

Complément 9. Position des jeunes élus en fonction de leur activité sur twitter ... 33

Complément 10. Représentation de la force de chaque parti dans la délégation romande, ainsi que de la représentation de chaque parti parmi les élus présents sur twitter ... 36

Complément 11. Représentation de la part des élus de chaque parti présents sur twitter ... 37

Complément 12. Graphique représentant la répartition des 1076 tweets recensés à travers les différents partis politiques ... 38

Complément 13. Détail des indicateurs utilisés dans le cadre de cette recherche ... 43

Complément 14. Synthèse du contenu et des réactions pour les 432 tweets des élus fédéraux romands ... 44

Complément 16. Récapitulatif des différents styles de communication de notre échantillon de recherche ... 46

Complément 17. Poids de chaque indicateur dans notre recherche ... 47

Complément 18. Répartition des tweets parmi le style de communication pseudo-discursif ... 48

Complément 19. Tableau présentant le poids des trois indicateurs permettant d’identifier le style de communication pseudo-discursif chez roger nordmann, adèle thorens et manuel tornare ... 49

Complément 20. Précision sur les 13 élus ayant un nombre de tweets orientés vers le citoyen supérieur ou égal à 5 ... 50

Complément 21. Fréquence du style mobilisateur en fonction des élus fédéraux romands ... 54

Complément 22. Présence de tweets mobilisateurs chez les élus ayant publié leurs propres tweets . 56 Complément 23. Classement des élus fédéraux romands en fonction de leur nombre de tweets ... 57

Complément 24. Présentation des élus fédéraux romands en fonction de leur nombre de tweets et de la présence ou non de tweets considérés comme mobilisateurs ... 57

Complément 25. Présentation des élus fédéraux romands en fonction de leur nombre de tweets et de celui relatif aux tweets considérés comme mobilisateurs ... 58

Complément 26. Présentation de la répartition des tweets mobilisateurs sur les cinq semaines de recherche ... 61

Complément 27. Présentation de la répartition des tweets mobilisateurs sur les 36 jours de recherche ... 62

Complément 28. Présentation de la répartition des tweets mobilisateurs en lien avec les votations sur les cinq semaines de recherche ... 63

Complément 29. Répartition des tweets mobilisateurs en lien avec les votations sur les 36 jours de recherche ... 63

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1. Lexique

Dans le cadre de ce mémoire de recherche, des abréviations ou termes particuliers ont été utilisés. Afin de faciliter la lecture et la compréhension du présent travail, certaines précisions sont apportées ci-après :

- AVS : Assurance-vieillesse et survivants - CN : Conseil National

- CE : Conseil des États - FR : Canton de Fribourg

- GE : Canton de Genève - JU : Canton du Jura

- MCG : Mouvement citoyen genevois ; l’élu au Conseil National siège avec l’UDC

- NE : Canton de Neuchâtel - PDC : Parti Démocrate-Chrétien - PLR : Parti Libéral Radical

- POP : Parti Ouvrier Populaire ; l’élu au Conseil National siège avec les Verts - PS : Parti socialiste

- RFFA : Réforme fiscale et financement de l’AVS - Twitter : Nom du réseau social

- Tweet : Nom donné à la publication sur Twitter

- Tweeter : Action de réaliser une publication sur Twitter - UDC : Union Démocratique du Centre

- VD : Canton de Vaud - VS : Canton du Valais

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2. Introduction

L’évolution de la vie politique dans les démocraties occidentales, combinée à l’émergence des nouvelles technologies de l’information et de la communication a profondément bouleversé le champ de la communication politique. Si cette dernière dépend, entre autres, de la culture politique, des contraintes liées aux règles qui régissent la vie politique ou des différents enjeux et multiples échéances politiques, l’évolution technologique de ces deux dernières décennies représente une véritable révolution dans le monde de la communication politique digitale.

Aujourd’hui, « le Web offre désormais à la classe politique de nombreuses possibilités en matière de communication politique » (Eyries, 2018: 4). En effet, forums, blogs, chats et réseaux sociaux sont autant de possibilités d’amener le message souhaité aux bons destinataires, tout en pouvant affiner la visibilité et la portée des contenus.

Ce tournant, s’il a bouleversé la communication politique contemporaine, demeure néanmoins récent puisqu’il s’inscrit dans le contexte des présidentielles américaines.

En effet, c’est à l’occasion de l’élection présidentielle américaine de 1996 que le site internet fait son apparition comme outil de campagne. Cette plateforme online devient alors le support des discours et de présentation des affiches. A ce stade, ce « centre de documentation » (Serfaty, 2009: 371) ne permet ni l’échange, ni la confrontation d’idées. Il offre néanmoins l’opportunité de bouleverser la communication politique en l’amenant sur le terrain du digital, permettant alors de toucher un nombre élevé de personnes, sur une zone géographique extrêmement large et ce, à moindre coût.

Après ces balbutiements, la rupture s’est surtout produite en 2004 avec la campagne du démocrate Howard Dean puisque la campagne du sénateur démocrate a véritablement ancré les campagnes politiques dans l’ère du 2.0 (Brustier, 2017).

L’émergence des vidéos, du son, puis le développement des réseaux sociaux ont progressivement fait des sites internet de campagne de véritable relais d’information, sources de contenus et points de départ de partages massifs et ciblés à travers les différentes plateformes. Dès lors, c’est toute une nouvelle manière de faire de la communication politique qui s’est développée en parallèle à l’évolution du monde digital. Avec un gain aussi bien dans le volume des informations transmises, que dans la rapidité à laquelle elles peuvent aujourd’hui être diffusées.

En Suisse, les sites internet ont fait leur apparition dans l’arène politique et ont commencé à être étudiés. En 2006, Bonhomme et Stadler mènent une recherche sur les pages d’accueil des 16 partis représentés au Parlement de l’époque. Pour eux, les pages d’accueil « sont une carte de visite » (Bonhomme et Stadler, 2006) qu’il convient de soigner. Peu à peu, celle-ci s’est doucement doublée d’une ouverture aux réseaux sociaux, en lien avec le développement d’un usage de la part de la société civile. Sur une population totale de 8,4 millions d’habitant-e-s [donnée de 2016, Office fédéral de la statistique], l’utilisation et l’assiduité des Suisses sur les réseaux sociaux varient fortement. Premier réseau social en Suisse, Facebook totalise plus de 4 millions de résidents inscrits. Suivent LinkedIn (2,4 millions d’utilisateurs actifs), Instagram (1,5 millions d’utilisateurs actifs) puis enfin Twitter (625’000 utilisateurs actifs) (FrankrAgence, 2018). Ce dernier chiffre est ainsi à rapprocher de celui présenté par Latzer, Büchi et Just qui annoncent que 17% des Suisses sont sur Twitter de manière passive, et qu’ils ne sont que 6% à tweeter de manière active (Latzer et al., 2015: 6).

Twitter semble donc être peu utilisé par la population et cela est d’autant plus marqué lorsque l’on compare les données suisses à celles de pays voisins où le réseau social

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7 à l’oiseau bleu est davantage populaire. Pour ne prendre que ces deux exemples, 30%

des Français possèdent un compte et 14% des Allemands (soit près de 12 millions de personnes) tweetent.

Un usage limité de Twitter peut donc être constaté dans la société civile et ce constat peut être partagé au monde politique suisse. Ainsi, dans le cadre d’une étude, Keller et Kleinen-von-Königslöw ont identifié 108 parlementaires possédant un compte Twitter sur les 246 que compte l’Assemblée fédérale (Keller et Kleinen-von-Königslöw, 2018: 5). Deux élus fédéraux sur cinq avaient donc un compte à leur nom. Cette donnée lève ainsi de nombreuses interrogations, aussi bien sur l’identité de ces élus et sur l’intensité de leur communication via ce canal, que sur le contenu de leurs publications. Il nous faut également noter que dans le cadre politique national, les occasions pour utiliser les réseaux sociaux en politique peuvent être variées. Que ce soit lors de campagnes de votation ou d’élection, pour réagir à l’actualité ou pour mettre en avant un engagement, un élu peut avoir recours à différents supports de communication.

Afin d’approfondir l’utilisation de Twitter par les élus, ce travail s’inscrit donc dans le cadre de la votation fédérale du 19 mai 2019. Durant une période de recherche s’étendant du 15 avril au 20 mai 2019, les comptes Twitter des élus fédéraux romands ont été répertoriés, classés et analysés. A la différence de nombreux travaux, il ne s’agit donc pas ici de la communication autour d’une élection nationale mais bien autour d’une votation fédérale. Dès lors, le cadre de ce présent travail diffère de nombreux travaux déjà réalisés autour de la communication politique digitale et s’intéressant principalement aux élections nationales.

Si certaines difficultés peuvent apparaître, notamment en ce qui concerne une éventuelle comparaison des résultats, l’essence de la communication politique sur Twitter peut également être bouleversée. En effet, dans le cadre d’une votation, l’élu ne communique pas prioritairement pour sa réélection. Or, l’intérêt de notre votation du 19 mai 2019, outre les sujets complexes et importants qu’elle met en avant, est également d’être la dernière avant les élections fédérales du 20 octobre 2019. Dans cette optique, la communication des élus pourrait alors faire sortir des logiques différentes de celles éventuelles reliées à des votations moins cruciales et se situant au milieu d’une législature.

Twitter est un canal de communication particulier. Relativement nouveau pour des élus impliqués depuis plusieurs décennie, son format court de 280 caractères et son impact direct sont autant de défis auquel chaque élu peut, ou non, souhaiter relever. En ce qui concerne le contenu des publications, il n’en demeure pas moins que son utilisation varie également sur le sens qui est donné aux publications, leur fréquence et les styles de communications employés. C’est donc dans cette optique que ce travail de recherche va se diriger. Sans jugement sur le bien-fondé ou non d’une communication politique sur Twitter, ce document propose un état des lieux de l’utilisation de Twitter par les élus fédéraux romands lors d’un rendez-vous politique majeur, à moins de six mois du renouvellement des deux Chambres du Parlement suisse.

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3. Problématique et hypothèses 3.1. Problématique

Lors des élections fédérales de 2015, Keller et Kleinen-von-Königslöw ont mis en avant le fait que 44% des parlementaires fédéraux étaient présents sur Twitter (Keller et Kleinen-von-Königslöw, 2018b : 5). Ainsi, nous pouvons constater sur la base de ces données, que l’utilisation de Twitter au Parlement fédéral n’est pas acquise puisqu’en 2015, une majorité des élus au niveau fédéral n’y était pas présente. Être sur Twitter est une nouveauté des dix dernières années pour le monde politique et ceci est encore marqué en Suisse. Après s’être arrêté sur la présence ou non sur Twitter, d’autres éléments tels que la fréquence d’utilisation ou le nombre de publications sont autant d’indicateurs qu’il faut rechercher et analyser pour affiner le constat sur l’utilisation du réseau social à l’oiseau bleu qui est faite par les élus fédéraux romands.

En effet, gérer un réseau social demande une certaine rigueur et un suivi presque quotidien si l’élu en question désire être considéré dans le monde digital, politique et médiatique.

Cette nouvelle présence permet donc de concrétiser de grandes opportunités. Mais mal utilisés, les réseaux sociaux peuvent également devenir des pièges où agressivité, maladresses, polémiques et scandales peuvent précipiter la fin de carrières (Mercier, 2015). Dès lors, la création et la gestion d’un compte Twitter demeure un acte réfléchi et délicat qu’il faut par la suite pouvoir alimenter et surtout maîtriser. Dans le cadre de ce mémoire, il s’agira alors de répondre à la question de recherche suivante :

Qui sont les élus fédéraux romands présents sur Twitter, dans quels buts et de quelles manières assurent-ils leur présence sur ce réseau social ?

Cette question principale sera alors abordée à travers plusieurs sous-questions qui permettront de construire nos hypothèses de recherche. Qui sont ces élus présents sur Twitter ? Est-ce que certains points communs permettent de les relier ? Comment utilisent-ils ce réseau social à l’oiseau bleu ? Quels sont les styles de communication qui y sont mobilisés ? Pour quelles raisons une partie des élus utilise ce canal de communication encore peu populaire en Suisse ? Quelles sont les limites à cette communication politique digitale ? Permet-elle réellement un renouveau de la communication avec la population ? En quoi tweeter participe à l’exercice démocratique que représente une votation fédérale ?

Ce sont ces multiples questions qui seront abordées tout au long de ce mémoire de recherche qui vise donc à apporter une réponse globale, tout en s’inscrivant dans un cadre précis. Il ne s’agira donc pas ici de fournir une théorie, mais bien de s’interroger sur des usages à l’occasion d’un moment politique spécifique.

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9 3.2. Hypothèses de recherche

Afin de répondre au mieux à notre problématique qui s’intéresse à connaître les profils des élus fédéraux romands actifs sur Twitter, les buts qu’ils poursuivent et les manières de communiquer, trois hypothèses de recherche ont été définies. Celles-ci sont des étapes permettant d’avancer dans notre questionnement et sont indépendantes les unes des autres. Chacune sera alors testée, analysée et discutée afin de déterminer dans quelle mesure elle peut être validée ou non. Quel que soit le résultat de chaque hypothèse, celui-ci permettra d’affiner les réponses qui seront apportées, en fin de travail, à notre question de recherche.

H1 : Les élus fédéraux romands présents de manière active sur Twitter sont des élus qui répondent à un « profil-type ».

La première hypothèse de ce travail de recherche part du constat posé par la donnée de Keller et Kleinen-von-Königslöw : une majorité d’élus ne semble pas être sur Twitter (Keller et Kleinen-von-Königslöw, 2018). Dans le cadre de ce mémoire, 62 élus romands à Berne ont été identifiés. Représentant les cantons de Genève, Vaud, Neuchâtel, Fribourg, du Jura et du Valais, ils sont 50 au Conseil National1 (et représentent la population) et 12 au Conseil des États2 (et représentent les Cantons).

La liste de ces élus est disponible en annexe A de ce travail. Sur ces 62 élus romands, 39 possèdent un compte Twitter. Au final, deux élus romands à Berne sur trois disposent donc d’un compte sur le réseau social à l’oiseau bleu. Notre première hypothèse irait alors dans le sens où il existerait des éléments communs à ces élus qui tweetent. Afin de préciser cette idée, nous proposons alors de la décliner en trois sous-hypothèses :

H1(a) : Les élus fédéraux romands présents de manière active sur Twitter sont des élus particulièrement investis sur les réseaux sociaux. Cette présence sur Twitter se fait en parallèle d’une présence sur Facebook.

H1(b) : Les élus fédéraux romands sur Twitter sont les élus parmi les plus jeunes de l’Assemblée fédérale.

H1(c) : Les élus qui se représentent pour les élections fédérales ont davantage recours à Twitter que les élus qui ont annoncé ne pas faire de prochain mandat fédéral.

Cette première hypothèse permettra notamment de voir s’il existe des éléments communs aux élus fédéraux romands présents sur Twitter à travers les trois variables que sont la présence sur Facebook, l’âge et le fait de se représenter. En ce qui concerne l’âge, notre H1(b) s’inscrit dans un cadre similaire à celui de Keller et Kleinen-

1 Composé de 200 sièges, le Conseil National représente la population suisse. Pour les élections fédérales de 2015, les sièges romands se répartissent selon la taille de la population de chaque Canton, soit Fribourg avec 7 sièges, Genève avec 11, le Jura avec 2, Neuchâtel avec 4, Vaud avec 18 et le Valais avec 8 sièges. La répartition évoluera lors des élections fédérales du 20 octobre 2019 puisque Genève et Vaud auront respectivement 12 (+1) et 19 (+1) sièges en raison de l’évolution démographique.

2 Composé de 46 sièges, le Conseil des États représente les Cantons suisses. Chaque Canton y possède 2 sièges, peu importe la taille de sa population. Les 6 demi-Cantons ont un représentant au Conseil des États. Réunis, le Conseil National et le Conseil des États composent l’Assemblée Fédérale.

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von-Königslöw. En effet, dans leur étude sur Faceook et Twitter, ils ont avancé l’idée que les jeunes élus qui déposaient des textes au Parlement et représentaient les régions urbaines attiraient davantage de public sur Facebook et Twitter (Keller et Kleinen-von-Königslöw, 2018a). Notre hypothèse sur l’âge reprend donc ce critère en l’associant à la présence ou non sur Twitter. Cependant, au vu des lectures mobilisées et qui seront détaillées dans la partie suivante de ce travail, nous avons à l’esprit que ces trois indicateurs n’expliqueront pas à eux seuls le recours ou non à Twitter dans la communication de ces élus. Des variables tels que le genre, le niveau de formation, le canton d’origine ou les fonctions parlementaires et politiques jouent certainement aussi un rôle dans l’utilisation ou non de Twitter. Afin de les avoir à l’esprit, ces éléments seront présentés dans la conclusion relative à notre première hypothèse mais sans être analysés dans le détail.

H2 : Les élus fédéraux romands ont recours à un style de communication orienté vers le citoyen. Ce choix participerait alors à la construction d’un sentiment de proximité entre les élus et les citoyens.

La communication politique est souvent présentée comme le produit d’une interaction entre le système politique, le système des médias et le citoyen-électeur. Nous partons alors de l’idée que l’objectif final de toute communication, y compris sur Twitter, vise à

« influencer et contrôler […] les perceptions publiques des événements politiques majeurs et leurs enjeux » (Gerstlé et Piar, 2017 : 12). Dès lors, les élus actifs sur Twitter emploieront certains styles de communication particuliers. Ici, nous faisons donc l’hypothèse que les élus orientent leur communication, du moins en apparence, vers les citoyens. Dans leur recherche, Keller et Kleinen-von Königslöw parlent alors d’un style « pseudo-discursive » (Keller et Kleinen-von-Königslöw, 2018b qui émet l’idée selon laquelle les élus font au mieux, souvent par manque de ressources (matérielles, personnelles ou temporelles), pour donner au minimum l'impression qu'ils sont disposés à participer à des débats et discussions sur les réseaux sociaux (Keller et Kleinen-von-Königslöw, 2018b : 4). Ce style de communication aurait alors pour conséquence de renforcer un certain lien avec la population, en jouant notamment sur la proximité permise par un réseau social tel que Twitter. En effet, le fait de pouvoir répondre directement à une personne et à n’importe quelle heure assurerait la création d’un lien direct. C’est donc dans cette direction que se dirige notre seconde hypothèse de recherche, notamment en lien avec la création ou le maintien d’une relation de proximité à travers une campagne de votation.

H3 : Le style de communication mobilisateur est un style de communication qui se développe au cours de la campagne de votation.

Après s’être intéressé au style de communication pseudo-discursif orienté vers le citoyen, notre troisième et dernière hypothèse s’arrête sur le style de communication mobilisateur. En effet, une campagne de votation est un moment de rencontre entre le monde politique et le corps électoral (Bennett et Segerberg, 2012). A ce titre, dans le cadre d’une votation, pour faire gagner son camp, chaque acteur politique (parti, association, élu …) va développer un argumentaire visant à mobiliser l’électeur et le motiver à voter en faveur du OUI ou du NON. Dès lors, les appels à l’action (qu’ils soient ‘traditionnels’ ou digitaux) sont des éléments de langage attendus lors d’un rendez-vous politique. Keller et Kleinen-von Königslöw, dans leur travail de 2018, définissent ce qu’est, selon eux, un style mobilisateur. Il s’agit notamment de

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« reminders » (Keller et Kleinen-von Königslöw, 2018b : 5) qui appellent à l’action (‘Votez OUI’ ; ‘N’oubliez pas de poster votre enveloppe de vote’), mettent en avant les arguments essentiels en faveur d’un point de vue (‘Votez NON pour …’) ou sont là pour convaincre les non-votants de prendre part au vote (‘Partagez et identifiez un ami pour qu’il aille voter’). Afin de tester notre troisième hypothèse, celle-ci est divisée en deux sous-hypothèses qui seront testées séparément pour valider ou non notre H3 :

H3(a) : Le style de communication mobilisateur est utilisé par les élus les plus actifs sur Twitter.

H3(b) : Le style de communication mobilisateur est davantage utilisé à mesure que l’échéance de la votation se rapproche.

Cette troisième hypothèse viserait donc à voir dans quelle mesure le style mobilisateur est présent sur Twitter dans le cadre de notre recherche, ainsi que le contexte dans lequel celui-ci peut s’inscrire. Et ce, aussi bien en termes d’acteurs que de contexte temporel.

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4. Cadre théorique

Le présent cadre théorique vise à présenter l’ancrage dans lequel ce travail de recherche se situe. Il fait état de travaux similaires tout en mettant en avant des différences possibles. Par ailleurs, cette partie permet de présenter ces concepts théoriques qui seront ensuite utilisés et développés dans la partie relative au test de nos trois hypothèses de recherche.

4.1. Twitter n’est pas Facebook

Le présent travail s’intéresse à Twitter. Or, dans de nombreuses recherches concernant la communication digitale, c’est davantage Facebook qui est étudié. En ce qui concerne le réseau social à l’oiseau bleu, les recherches qui portent uniquement dessus sont moins nombreuses ou amènent une démarche comparative entre Twitter et Facebook. Or, dans le cadre de cette recherche, il convient de rappeler dans un premier temps que Twitter n’est pas Facebook.

En effet, pour Keller et Kleinen-von Königslöw, les élus utilisent davantage Facebook pour le grand public, Twitter s’apparentant davantage à une communication publique entre élus, mais aussi avec les journalistes (Keller et Kleinen-von Königslöw, 2018a : 3). D’autres, dans le cadre de leur recherche, vont jusqu’à présenter le réseau social à l’oiseau bleu comme un « elite networks » (Rauchfleisch et Metag, 2016 : 2417).

Quant à une étude sur l’utilisation de Twitter menée en Autriche, elle a montré́ que « the network formed by Austria’s most relevant political Twitter users is dominated by an elite of political professionals » (Ausserhofer et Maireder, 2013 : 291). Ce réseau social s’apparenterait donc à une plateforme de communication réservée à deux acteurs principaux que sont le monde politique (élus, administration, partis politiques et associations) et le monde médiatique (journalistes, médias). Le présent travail ne vise pas à apporter d’éléments quant à cette idée. Cependant, de telles affirmations issues de différents travaux permettent de placer l’utilisation de Twitter dans un contexte qui se veut moins ouvert au grand public et qu’il est important de garder à l’esprit dans le cadre de ce travail.

En ce qui concerne l’utilisation du réseau social par la classe politique, il nous faut là aussi rappeler qu’en Suisse, Twitter est moins populaire que Facebook. Dans notre cas, sur les 62 élus romands à l’Assemblée fédérale, 39 possèdent un compte Twitter.

En comparaison, ils sont 46, soit 74%, à être présents sur Facebook. Utiliser Facebook ou Twitter ne répond donc pas aux mêmes logiques et une distinction claire doit être faite en ce qui concerne l’utilisation de ces deux réseaux sociaux.

4.2. Des utilisateurs politiques aux multiples profils

Notre première hypothèse s’attache à présenter un « profil-type » des élus présents sur Twitter en se fondant sur trois dimensions : leur utilisation des réseaux sociaux (avec le fait d’avoir également un compte Facebook), leur âge et le fait d’être en campagne pour une réélection ou non.

Afin de poser le cadre théorique relatif aux bases de cette première hypothèse, il convient de rappeler que certaines études révèlent des disparités d’utilisation en fonction des variables retenues. La première, en fonction des contextes nationaux,

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13 porte sur la différence entre nouveaux élus et titulaires restés en place. Si dans certains États, les élus déjà̀ en place dominent la communication politique digitale (Australie, Royaume-Uni et Finlande), dans d’autres comme Israël ou l’Allemagne, ce sont les outsiders qui ont davantage recours à ces outils numériques (Rauchfleisch et Metag, 2016 : 2415).

La seconde différence porte sur l’utilisation croisée avec la variable de l’âge. Par exemple, lors des élections australiennes de 2004, « age might also be expected to play a significant difference, with younger candidates (i.e. those below 40 years of age) showing a greater familiarity with the medium, compared to older candidates » (Gibson et McAllister, 2006 : 250). Rauchfleisch et Metag ont également montré que ceux présents de manière active sur Twitter sont principalement les élus les plus jeunes de l’Assemblée fédérale (Rauchfleisch et Metag, 2016: 2420).

Dès lors, il semblerait que l’âge et le statut électif (nouvel élu ou élu restant en place) soient des variables qui influent sur l’utilisation des réseaux sociaux, et notamment de Twitter. Le genre aurait également pu être une composante à étudier puisque des études sur 18 candidates et candidats américains aux postes de gouverneurs en 2014 (Mc Gregor et al., 2017), ou portant sur 16 pays (Sandberg et Öhberg, 2017) ont montré́ qu’il y avait une différence dans la mise en avant entre candidats et élus à travers les réseaux sociaux en fonction de leur genre.

Enfin, l’affiliation partisane pourrait également expliquer une différence d’utilisation des réseaux sociaux. En Suisse, si l’ensemble des partis présents à l’Assemblée Fédérale ont des élus présents sur Twitter, des disparités demeurent. Et ce sont notamment les élus socialistes qui sont les plus présents sur Twitter (Rauchfleisch et Metag, 2016).

La provenance de régions suisses urbanisées pourrait également être un facteur expliquant la présence et l’utilisation de Twitter par les élus suisses (Rauchfleisch et Metag, 2016: 2423).

Si les profils des élus sont variés et renvoient également à des contextes nationaux, politiques ou culturels divers, notre recherche ne cherchera pas à apporter une réponse détaillée sur l’ensemble des variables mentionnées. Néanmoins, des variables non présentées dans le cadre de notre H1 seront brièvement traitées afin de dresser un profil-type davantage précis en ce qui concerne les élus fédéraux romands présents et actifs sur Twitter.

4.3. Un potentiel de communication à développer

Pour de nombreux chercheurs, l’utilisation de Twitter par les élus politiques ne répond pas correctement aux attentes, notamment dans le sens où cet outil ne permet pas une communication aussi directe qu’attendu. Certains auteurs iront même jusqu’à présenter cette communication comme celle d’un « Web 1.5 » (Keller et Kleinen-von Königslöw, 2018a: 2), expression que l’on retrouve également dans les travaux de Jackson et Lilleker (Jackson et Lilleker, 2009) et qui traduit à quel point les possibilités liées aux réseaux sociaux en communication politique semblent ne pas être pleinement exploitées par les élus.

Cette utilisation, qui peut ne pas paraître optimale, est le résultat de plusieurs facteurs.

Tout d’abord, des auteurs comme Keller et Kleinen-von-Königslöw pointent le manque de ressources, que ce soit en termes de temps à disposition ou d’absence d’une équipe voire de collaborateurs dédiés à cette tâche (Keller et Kleinen-von-Königslöw, 2018 : 2).

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Nous pouvons également émettre l’idée qu’en termes de communication politique digitale, certains élus mettent davantage l’accent sur Facebook ou des réseaux sociaux en lien avec leur parcours professionnel ou domaine d’activité tels que LinkedIn.

Par ailleurs, l’utilisation de ce nouvel outil (créé en 2006) est réservée à une certaine part de la population que l’on peut définir comme des innovators, à savoir des individus qui adhérent à une technologie alors que celle-ci n’en est qu’à ses balbutiements. Et cette distinction se retrouverait également au sein de nos élus. C’est ce que présentent Rauchflesich et Metag en se basant sur la classification de Rogers. Selon eux, en 2011, les élus fédéraux pouvaient être classés en trois catégories en fonction de leur intérêt pour Twitter : les innovators (de jeunes élus masculins, représentants de zones urbanisées, principalement membres des Verts), les early adopters (des élus d’âge moyen, avec de plus en plus de femmes et l’émergence d’élus socialistes) et enfin la early majority (des élus plus âgés que la moyenne représentant l’ensemble des forces politiques et qui se sont mis sur Twitter au moment des élections fédérales de 2011) (Rauchflesich et Metag, 2016 : 2421-2423). Dès lors, ce cadre théorique nous permet d’envisager une différence d’âge dans les élus ayant recours à Twitter, à la différence près qu’il ne s’agit plus ici de voir uniquement la présence des élus sur ce réseau social, mais également leur activité. En effet, il nous semble important, dans cette recherche, de ne pas partir de l’idée qu’être sur Twitter suffit à dire que cet outil est utilisé. Au contraire, la donnée relative au nombre d’élus fédéraux romands présents sur ce réseau social peut cacher de profondes disparités en ce qui concerne la régularité des publications (date du dernier tweet et fréquence de publications), la quantité des publications (nombre de tweets), le nombre d’abonnés (followers) ou d’abonnements (following).

Enfin, pour compléter cet aspect d’une communication via Twitter incomplète, il est important de s’intéresser au profil des utilisateurs en Suisse. Or, pour Keller et Kleinen- von-Königslöw,

« In many countries, such as Switzerland, for example, Twitter users are a more specific community: they tend to be younger, better educated, and more media savvy; they oftentimes belong to a political or economic elite or to the media sector, and they commonly use Twitter in a professional capacity »

Keller et Kleinen-von-Königslöw, 2018b : 3

En partant de ce constat, il convient alors de rappeler ici les thèses de Mabi et Théviot relatives à l’engagement sur Internet. Pour ces auteurs, la communication politique peut refléter deux rapports à la politique. Tout d’abord, Internet peut mobiliser de nouveaux acteurs qui participaient peu à la politique jusqu’alors (thèse de la mobilisation). Cette mobilisation serait alors permise par l’espace de liberté́ qu’offre Internet, avec des paroles libérées et un espace de critique autorisé. « L’information politique serait aussi plus facilement accessible et plus diversifiée sur Internet ce qui permettrait, selon les partisans de cette thèse, d’amener des internautes à s’intéresser à la politique, voire de les pousser à participer à des discussions politiques en ligne » (Mabi et Theviot, 2014 : 8-9). Dans cette logique, la participation active d’un élu sur Twitter permettrait d’impliquer des membres jusqu’alors peu engagés dans le monde politique. Ce point peut ainsi être rapproché de celui selon lequel la présence d’élus sur les réseaux sociaux peut attirer de nouveaux membres dans les partis politiques, et ainsi endiguer un phénomène de désidentification partisane (Gibson et al., 2017).

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15 La seconde thèse avancée (thèse de la normalisation), met en avant le fait que l’implication sur Internet n’amène pas de nouveaux acteurs, elle ne fait que transposer un engagement de terrain sur le monde digital (Mabi et Theviot, 2014 : 8). De plus, il peut être difficile de mobiliser à travers les réseaux sociaux notamment parce que les individus ne veulent pas forcement que leur entourage digital sache ce qu’ils pensent politiquement ou en raison d’un nombre important d’informations publiées. Dans ce second cas, le public s’engagerait donc peu vis-à-vis des contenus politiques (Keller et Kleinon-von-Königslöw, 2018 : 3).

Si certains éléments laissent à penser qu’il existe un potentiel de communication à développer, il demeure important de noter que l’engagement digital ne provient pas que du rôle de l’émetteur du message. Comme le montrent Mabi et Theviot, le récepteur joue également un rôle dans la construction d’une relation et dans sa mobilisation ou non. Cette donnée semble donc particulièrement intéressante, notamment lorsqu’il sera question de traiter nos hypothèses 2 et 3 relatives aux styles de communication.

4.4. Des styles de communication variés

Si les médias ont longtemps joué un rôle d’interface et de plateforme d’échange, cette dimension tend donc à s’amenuiser, ou du moins à se réinventer, avec l’essor des réseaux sociaux. En effet, lorsqu’un tweet est rendu public, celui-ci est visible par les personnes qui suivent l’élu en question (followers). Cependant, il est possible d’étendre la visibilité́ de la publication par différentes méthodes. La première repose sur la création et/ou l’utilisation de hashtags. Ces mots-clés permettent alors de retrouver la publication à travers la quantité́ de tweets publiés quotidiennement via des mots-clés utilisables par tous. Ensuite, le fait de liker ou de retweeter une publication la rendra visible sur le profil d’individus qui ne sont pas directement en contact avec l’auteur du tweet. Dès lors, c’est tout une stratégie de communication qui peut se mettre en place en fonction des effets recherchés par les élus.

Dans leur recherche, Keller et Kleinen-von Königslöw définissent quatre styles de communication sur les réseaux sociaux : citizen-oriented, mobilizing, entertaining et emotional communication style.

Complément 1. Indicateurs de T. Keller et K. Kleinen-von-Königslöw (2018b) pour identifier les styles de communication employés sur Twitter

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Ces différences de communication permettent alors de voir que les stratégies mises en œuvre par les élus sur Twitter varient et ce, en fonction des différents publics-cibles qu’ils veulent atteindre. Or, en Suisse, ces auteurs privilégient l’utilisation d’un style citizen-oriented ou pseudo-discursive par les élus. En effet, selon eux, « on Twitter, it is at least more successful than the emotional or mobilizing style in motivating users to react. » (Keller et Kleinen-von Königslöw, 2018b : 11). Dans leur recherche, les deux auteurs établissent la présence d’un style de communication dans les publications à travers différents indicateurs. Ceux-ci sont divers et pour le style pseudo-discursif, trois indicateurs sont mis en avant et portent sur les destinataires des tweets. Il peut s’agir du monde politique, des médias ou des citoyens. Dans ce travail, ce sont ces indicateurs qui seront repris afin de déterminer la présence ou non des styles pseudo- discursifs et mobilisateurs dans les tweets étudiés.

A travers le test de nos deux dernières hypothèses, notre recherche visera donc à s’intéresser aux styles de communication mobilisés par les élus fédéraux romands les plus actifs sur Twitter en se concentrant sur les styles pseudo-discursifs et mobilisateurs. Et ce, notamment afin de voir si la conclusion énoncée au niveau national par les deux auteurs précédents peut s’appliquer à notre cas d’étude romand.

4.5. Tweeter reviendrait à exister

Nous l’avons vu, pour certains auteurs, Twitter s’apparente à un réseau social d’initiés, notamment composé de journalistes et d’élus. En Suisse, les élus politiques twittent « with peers who tweet in the same language » (Rauchfleisch et Metag, 2016: 2424) et Twitter apparaît comme un lieu où « mainly political journalists, politicians and lobbyists interact with each other » (Rauchfleisch et Metag, 2016: 2427).

Dès lors, une compétition peut s’installer entre élus afin de gagner en visibilité́ et Twitter peut ainsi être un outil pour construire et améliorer cette dernière.

Dans ce contexte, plusieurs théories s’affrontent. Si certains affirment que « in online communication, the resources of political parties are less significant compared to the offline world » (Rauchfleisch et Metag, 2016: 2415) (thèse de l’égalisation favorable aux petits partis), d’autres abondent dans le sens où « politicians who are powerful in the offline world will likely dominate the political debate on Twitter » (Rauchfleisch et Metag, 2016: 2415).

En ce qui concerne la Suisse, Strandberg privilégie la première option, notamment en raison du fait que « the fragmented party system should favour equalization tendencies in political online media use in Switzerland because the electoral system is not favourable to major parties » (Rauchfleisch et Metag, 2016: 2417-2418).

La visibilité et les liens créés sont donc un véritable enjeu pour les élus. Le style de communication mis en avant à travers les publications peut donc participer à l’émergence de tentatives visant à exister, ou du moins à être davantage présent que d’autres élus.

Cette partie du travail visait à présenter l’ancrage universitaire et théorique dans lequel s’inscrit ce document de recherche. Si certains éléments sont repris dans les pages suivantes, comme les indicateurs et les styles de communication, d’autres ne seront

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17 pas étudiés dans les prochaines pages. Néanmoins, ce travail s’inscrit dans un contexte de recherche similaire à de nombreuses publications qu’il était important de mettre en avant.

Par ailleurs, le cadre théorique ne justifie pas à lui seul la construction, la récolte et l’analyse des données qui suivra. Comme ce mémoire de recherche ne s’inscrit pas dans une démarche comparative, de nombreux éléments ont dû être pensés, discutés et réfléchis pour s’adapter à notre contexte et notre échantillon de recherche. Certains éléments théoriques de travaux similaires ont ainsi été mis en perspective et adaptés pour les besoins de cette recherche et ceci va désormais être présenté dans la partie relative à la méthodologie et au terrain de recherche spécifiques à ce travail de mémoire.

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5. Méthodologie et terrain visé

Dans le cadre de ce travail, il ne s’agira ni d’établir une évolution de l’utilisation de Twitter sur plusieurs années, ni d’étudier l’utilisation qui est faite de ce réseau social par les 246 parlementaires fédéraux. Ce travail n’a pas non plus pour vocation de tirer des conclusions applicables à l’ensemble des élus et encore moins à être représentatif sur le long terme.

Ce mémoire de recherche se veut avant tout être une analyse sur une période délimitée visant à traduire les buts recherchés ainsi que les manières employées par les élus fédéraux romands sur Twitter. Il s’agit donc ici d’une étude portant sur un échantillon défini dans un cadre temporel cadré. Il n’est pas à exclure que des similitudes puissent apparaître avec d’autres résultats ; il convient cependant de noter que notre travail ne s’inscrit nullement dans une étude comparative.

5.1. Opérationnalisation

Considérant le sujet exposé, la question de recherche posée, les hypothèses présentées ainsi que le cadre théorique proposé, ce travail de recherche s’inscrit davantage dans une tradition dite ‘user-centric’. En effet, l’objectif de ce travail vise à s’intéresser aux usages et effets de la communication des élus fédéraux romands sur Twitter.

Notre première hypothèse vise à dresser un « profil-type » des élus fédéraux romands actifs sur Twitter à travers les variables de l’âge, de la présence sur Facebook et du souhait, ou non, d’être réélu. Pour ce faire, nous avons dressé la liste des élus fédéraux romands puis avons isolé ceux qui possèdent un compte Twitter.

Tout d’abord, pour ce qui est de l’activité sur Facebook, il a d’abord été nécessaire de vérifier qui avait un compte Facebook (ou une page) à son nom parmi les 62 élus fédéraux romands. Ensuite, étant donné que notre H1(a) évoque la notion de

‘présence active’, celle-ci a dû être définie aussi bien pour Twitter que pour Facebook, en fonction du nombre total de publications. C’est donc à ce titre que pour Facebook, un élu y a été considéré comme actif lorsqu’il a réalisé au moins 10 publications durant les 36 jours de notre recherche.

En ce qui concerne la variable de l’âge, il nous faut noter que l’âge moyen des élus romands à Berne est de 53,6 ans3. Dès lors, la question se pose en ce qui concerne la signification que l’on donne au terme ‘jeune’ dans notre H1(b). Plusieurs options ont ainsi été envisagées. La première émettait l’idée de se référer aux bornes utilisées dans les statistiques fédérales et critères sociologiques4. Dans l’effectif de la population suisse à la fin du premier trimestre 2019, est considérée comme ‘jeune’

toute personne entre 0 et 19 ans inclus. Si l’on se réfère maintenant aux statistiques et enquêtes sociologiques, « l’extension à la fois sociologique et statistique des frontières de la jeunesse conduit donc à retenir 15 ans et 29 ans pour délimiter la jeunesse » (Roudet, 2012, 3). Or, en se basant sur ces critères, aucun élu fédéral à Berne ne peut être considéré comme ‘jeune’ étant donné que la benjamine Lisa

3 État au 20 mai 2019. Cette date a été retenue car elle correspond à la fin de notre période de recherche.

4 Site internet de l’Office fédéral de la statistique, Effectif de la population au 1er trimestre 2019, https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/population.gnpdetail.2019-0481.html, consulté le 3 août 2019

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19 Mazzone a 30 ans. Une seconde option a donc porté sur le fait de mettre cette notion de jeunesse en perspective vis-à-vis de l’âge de notre échantillon de recherche. Or, avec une moyenne d’âge de 53,6 ans, et un âge médian de 55,5 ans (voir annexe C), la notion de jeunesse s’appliquerait donc aux élus qui ont moins de 53 ans. Cette définition nous a semblé quelque peu éloignée des réalités statistiques et ne pouvait alors pas être retenue. Enfin, pour Gibson et McAllister (2006), un élu ‘jeune’ est un élu de 40 ans ou moins La solution retenue a alors été de préciser cette notion de jeunesse dans notre hypothèse en mettant en avant les élus « parmi les plus jeunes » de l’Assemblée fédérale. Nos 62 élus ont ainsi été répartis en trois groupes distincts.

Ainsi, nous avons pu avoir un compromis entre la réalité qu’implique notre échantillon de recherche, et une définition socialement acceptable de la ‘jeunesse’. C’est également ce choix qui a été retenu par Keller et Kleinen-von-Königslöw dans leur recherche puisque les auteurs mettent en avant les « younger politicians » (Keller et Kleinen-von-Königslöw, 2018a :4) tout au long de leur étude, sans pour autant préciser les âges.

Enfin, au sujet de la participation ou non aux élections fédérales 2019, les informations ont été récupérées dans les médias ou directement auprès des sites internet des différentes formations cantonales. Les données ont ensuite été recueillies et analysées.

Concernant notre seconde hypothèse, qui met en avant l’idée que les élus utilisent un style de communication tourné vers le citoyen à travers un style pseudo-discursif, celle-ci sera testée à travers une analyse de contenu. Dans leur recherche, Keller et Kleinen-von Königslöw définissent quatre styles de communication sur les réseaux sociaux : citizen-oriented, mobilizing, entertaining et emotional communication style (Keller et Kleinen-von Königslöw, 2018). Ces différences de communication permettent alors de voir que les stratégies mises en œuvre par les élus sur Twitter varient et ce, en fonction des différents objectifs qu’ils veulent atteindre. Chaque tweet peut effectivement poursuivre une visée différente. Pour ce qui est de la Suisse, les deux auteurs privilégient l’utilisation d’un style citizen-oriented ou pseudo-discursive par les élus qui sont, selon eux, « at least more successful than the emotional or mobilizing style in motivating users to react. » (Keller et Kleinen-von Königslöw, 2018 : 11). Pour ce faire, nous avons répertorié les tweets des élus sur Twitter. Ici, les retweets et commentaires dans les discussions n’ont pas été retenus car ils ne correspondent pas à des publications originales des élus et ne reflètent pas pleinement le style de communication qu’ils emploient. Néanmoins, l’origine et le ton des différents retweets représente une matière de recherche importante qu’il serait intéressant d’étudier dans le cas d’autres études. Enfin, si cet échantillon s’avère trop élevé, la possibilité de se concentrer sur les 7 élus qui tweetent le plus durant notre période de recherche peut être envisagée.

En classant le contenu des tweets relevés sur la base de mots-clés, il nous sera ensuite possible de faire ressortir les styles de communication les plus présents dans le cadre de notre recherche. Un premier aperçu des stratégies de communication élaborées par élu pourrait éventuellement être visible bien qu’il ne s’agisse pas d’une des finalités de ce travail.

Enfin, notre troisième et dernière hypothèse avance l’idée que le style de communication mobilisateur est utilisé et se développe en fonction de l’avancement de la campagne de votation. Pour ce faire, deux sous-hypothèses ont été présentées.

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Si la première s’intéresse aux acteurs, en indiquant que ce sont les élus les plus actifs sur Twitter qui y ont recours, la seconde suppose que ce style de communication est de plus en plus fréquent à mesure que la date de la votation se rapproche. Pour le vérifier, le style mobilisateur est étudié à travers l’ensemble des tweets recensés.

Comme dans notre seconde hypothèse, les retweets et commentaires n’ont pas été étudiés dans le cadre du test de cette H3. Les résultats ont été recoupés avec les élus fédéraux romands les plus actifs sur Twitter. Cela permet alors de quantifier le nombre de tweets considérés comme mobilisateurs au regard de l’activité. Enfin, une analyse de ces publications a été réalisée sous un angle temporel en les inscrivant sur un axe dont la finalité se trouve être la date de la votation, à savoir le 19 mai 2019.

Pour ce qui est des tweets mobilisateurs, une distinction a été faite entre les tweets mobilisateurs génériques, et ceux qui portent exclusivement sur les votations. Les résultats seront ainsi affinés et permettront une réponse complète quant aux éléments avancés dans notre troisième et dernière hypothèse.

Pour ce qui est de l’éventualité de réaliser des entretiens avec certains élus, la question a été ouverte dans le cadre de la préparation de ce mémoire. S’il ne s’agissait évidemment pas de rencontrer les 62 élus fédéraux romands afin de connaître les raisons qui les poussent à être ou non sur Twitter, il aurait pu être intéressant de s’intéresser à la vision des stratégies que quelques-uns pouvaient avoir sur le contenu publié sur Twitter. Or, afin de se concentrer principalement sur le contenu et pour ne pas apporter des compléments ne pouvant pas être complétement analysés dans le cadre de ce mémoire, le choix a été fait de ne pas avoir recours à des entretiens.

Aucun contact n’a donc été établi avec les élus faisant partie de cette recherche.

Néanmoins, il pourrait être intéressant de mettre en relation, à travers le travail de recherche d’un tiers, les données recueillies dans ce travail et les élus. Et ce, notamment afin de rechercher un lien entre les perceptions et réflexions qu’ils peuvent avoir et la réalité observée dans le cadre des votations du 19 mai.

5.2. Échantillon de recherche

La méthode de récolte des données sera expliquée dans la suite de ce travail. La présente partie vise ici à présenter les grandes lignes de l’échantillon de recherche.

Afin de cadrer cette étude, un échantillon de recherche est donc nécessaire. Dans cet échantillon, nous prenons en compte l’ensemble des élus fédéraux romands qui possèdent un compte Twitter à leur nom (n = 39, soit près de 63% des élus fédéraux romands).

Néanmoins, nous l’avons vu dans le cadre théorique, posséder un compte Twitter ne signifie pas forcément y être actif. En effet, plusieurs élus en possèdent un mais leur activité peut être considérée comme faible voire quasi-nulle. Dès lors, afin de pouvoir répondre à nos hypothèses, il nous faudra opérer une sous-distinction entre les élus présents sur Twitter (mais qui ne l’utilisent pratiquement pas) et ceux qui l’utilisent régulièrement (en définissant alors la notion de ‘régulièrement’)

Au final, notre échantillon de recherche se compose de 29 (soit 74,4%) hommes sur les 39 élus disposant d’un compte Twitter. Ce taux est comparable à celui de la répartition des genres de l’ensemble de la délégation romande. Les Conseillers nationaux représentent 82% des élus fédéraux romands présents sur Twitter. Par ailleurs, aucun des 6 élus jurassiens ne sont présents sur Twitter alors que la

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21 délégation valaisanne est la plus présente en termes de proportion puisque 80% de ses élus sont sur Twitter. Les élus qui tweetent sont également 29 (soit 74,4%) à se représenter et près des deux tiers disposent de fonctions parlementaires.

5.3. Période de recherche

En raison du sujet de ce mémoire, il convient de prendre une période assez large, tout en couvrant un certain contexte politique. Dès lors, afin de cadrer au mieux la période de récolte des données, divers éléments ont été pris en compte.

Tout d’abord, la période de récolte de données doit être assez longue pour avoir suffisamment de matière, sans pour autant être submergé par les données, au risque de ne pouvoir les exploiter pleinement. Il convient en effet de rappeler ici que ce sont le contenu de 39 comptes Twitter (soit 63% des élus fédéraux romands actuels) qui sont analysés. Bien que certains utilisent le réseau social à l’oiseau bleu plus que d’autres, il serait extrêmement dommageable d’avoir une fenêtre de recherche trop large, au risque de se perdre dans la récolte de données, entraînant une analyse partielle. Dès lors, une période d’un mois nous a semblé être un bon équilibre.

Concernant le calendrier politique, les votations fédérales du 19 mai représentent la dernière occasion pour les élus d’exprimer leur point de vue et leurs différences sur des sujets concrets avant les élections fédérales d’octobre. C’est aussi l’opportunité de mobiliser son électorat en montrant son adéquation avec la bas, d’autant plus que les deux sujets fédéraux pour les votations du 19 mai étaient des thématiques importantes pour la politique fédérale.

En effet, l’arrêté fédéral modifiant la directive de l’Union européenne sur les armes est un élément intéressant à travers son impact sur les accords bilatéraux. Quant à la question de la réforme fiscale, couplée au financement de l’AVS (RFFA), celle-ci a été un dossier important de la législature écoulée. La population a rejeté aussi bien la première version de la réforme fiscale nommée RIE 3 en février 2017 (à 59,1% des voix)5, que le projet de Prévoyance vieillesse 2020 en septembre 2017 (à 52,7% des voix)6. Or, ces deux sujets sont des enjeux cruciaux pour la politique fédérale. La participation des élus sur cette thématique permet, là aussi, de donner une certaine vision de la place que doit occuper la Suisse dans la politique fiscale internationale, ainsi que son rapport avec son système de retraite.

Des lignes claires se démarquent alors et celles-ci se retrouvent très probablement à travers les élus en campagne pour leur réélection. En effet, si le travail ne porte pas sur la campagne des élections pour le renouvellement du Parlement fédéral qui se tiendra à l’automne 2019, il n’est pas sans rappeler que certains élus sont peut-être déjà en campagne. Cette votation fédérale peut dès lors permettre de se distinguer lorsque l’on souhaite poursuivre son mandat politique à Berne. C’est pour cette raison notamment que nous avons introduit la notion de réélection dans notre H1(c). La votation du 19 mai s’opère donc dans un contexte politique particulier qu’il est important de rappeler et de prendre en compte dans le cadre de cette recherche.

5 Site de la Confédération Suisse, Votation n°611 Tableau récapitulatif, https://www.bk.admin.ch/ch/f/pore/va/20170212/det611.html, consulté le 29 avril 2019

6 Site de la Confédération Suisse, Votation n°614 Tableau récapitulatif, https://www.bk.admin.ch/ch/f/pore/va/20170924/det614.html, consulté le 29 avril 2019

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En effet, le renouvellement du Conseil National et du Conseil des États à l’automne 2019 va être important. Sur les 62 élus fédéraux romands actuellement en poste, 45 sont candidats à leur réélection et/ou à un siège pour le Conseil des États. Ce dernier cas s’applique pour certains conseillers nationaux actuels, candidats à leur réélection ainsi qu’à la conquête d’un siège au Conseil des États. C’est par exemple le cas de Philippe Nantermod (PLR/VS), Mathias Reynard (PS/VS) ou Adèle Thorens (Les Verts/VD). Par ailleurs, sur les 39 élus fédéraux romands disposant d’un compte Twitter, 29 se représentent à Berne. Il peut donc être avancé l’idée selon laquelle une communication pour ces votations est également une communication en vue de préparer la campagne d’élection de l’automne. En effet, ce cas de figure pourrait bien pousser les élus en campagne à se profiler davantage et à mettre en avant leur bilan et leur souhait de poursuivre leur engagement sur les réseaux sociaux, et notamment Twitter.

Enfin, une session parlementaire extraordinaire pour le Conseil national s’est tenue du 7 au 9 mai 2019. Celle-ci a notamment porté sur la péréquation financière et une modification de la loi sur la chasse7. Les conseillers nationaux étaient donc amenés à tweeter sur le contenu, les enjeux et les résultats de cette session extraordinaire tant l’enjeu de la chasse, comme le rappelle Fathi Derder (PLR/VD), déchaîne les passions :

« On s’éclate à Berne : une journée entière à débattre de chasse. De la folie au Palais. Normal : on réunit trois des cinq « a » évoqués dans les Petits Secrets du Palais : animaux, armes, et agriculteurs. »

Fathi Derder sur Twitter, le 8 mai 2019

Dès lors, au vu des différents éléments mentionnés ci-dessus, une période d’analyse des données s’est dessinée. Il s’agit d’analyser l’utilisation de Twitter par les élus fédéraux romands entre le lundi 15 avril et le lundi 20 mai 2019, soit durant 36 jours.

Ces deux bornes temporelles permettent de couvrir les cinq semaines de campagne avant la votation, tout en incluant le lendemain des résultats. Par ailleurs, commencer le 15 avril nous permet d’augmenter le volume des tweets et retweets analysés et de combler un éventuel manque lors des vacances de Pâques qui interviennent durant les 36 jours de recherche.

Au final, cette période nous a amené à répertorier 1076 publications réparties entre 531 tweets et 545 retweets.

5.4. Construction des données de recherche

Ce travail repose sur une analyse de contenu relatif aux publications (tweets et retweets) des élus fédéraux romands. Dans ce contexte, les données de recherche ont donc dû être construites avant d’être analysées. Le présent paragraphe vise alors à rendre compte de la méthodologie employée en ce qui concerne la récolte des données visant à apporter les éléments de réponse à notre question de recherche.

7 Parlement suisse, « Programme de la session – Session spéciale mai 2019 », https://www.parlament.ch/centers/eparl/sessions/2019%20Ia/1-Sessionsprogramm%202019-05- 07%20N%20DFI.pdf, consulté le 4 mai 2019

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