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EN CAMPAGNE SUR TWITTER : AU RISQUE DE L’EMPOWERMENT ?

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AU RISQUE DE L’EMPOWERMENT ?

CÉCILE DOLBEAU-BANDIN

BÉATRICE DONZELLE

Lors de la campagne pour les élections européennes de 2014, l’utilisation par les candidats des sites web et des réseaux sociaux numériques (RSN) s’est généralisée. Ces outils de communication sont venus compléter les moyens plus traditionnels d’information et de mobilisation de l’électorat : tracts, affiches, porte à porte, présence sur les marchés, réunions et meetings, plans médias, spots radiotélévisés, interviews et tribunes dans la presse. Nous nous demandons si les usages faits de Twitter en campagne électorale peuvent constituer un environnement favorable, ou au contraire de mise en péril, des processus d’empowerment des citoyens. Dans un premier temps, nous interrogeons le degré et le type d’interactivité des tweets postés. Dans un second temps, nous proposons une typologie des risques pour l’image des candidats, les droits politiques des citoyens, la qualité des échanges et la crédibilité du système représentatif auprès des citoyens.

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1. Introduction

Lors de la campagne pour les élections européennes de 2014, l’utilisation par les candidats des sites web et des réseaux sociaux numériques (RSN) s’est généralisée. Ces outils de communication sont venus compléter les moyens plus traditionnels d’information et de mobilisation de l’électorat : tracts, affiches, porte à porte, présence sur les marchés, réunions et meetings, plans médias, spots radiotélévisés, interviews et tribunes dans la presse. Nous nous intéressons ici plus particulièrement aux usages (Eyries et Poirier, 2013) qui ont été faits de Twitter pendant la campagne électorale pour les Européennes, du 10 au 25 mai 2014, par six candidats tête de liste dans la circonscription Grand Est, en nous interrogeant sur les bénéfices et les risques que ces usages peuvent engendrer pour la démocratie représentative.

Notre questionnement principal peut se formuler ainsi : les usages faits de Twitter en campagne électorale peuvent-ils constituer un environnement favorable, ou au contraire de mise en péril, des processus d’empowerment des citoyens ? Pour tenter d’y répondre, nous avons observé comment les candidats ont utilisé l’interface de microblogging dans le cadre de leur campagne électorale.

Ces usages ont-ils favorisé une interactivité entre candidats et électeurs ? Grâce aux opérateurs facteurs d’interactivité (@, RT, links, réponse),

« d’intensification discursive » (Cervulle et Pailler, 2014) et de thématisation (#), le réseau social peut-il apporter un bénéfice à la démocratie en mettant en lien des acteurs qui ne se rencontrent pas d’habitude, en leur permettant de participer ensemble à des discussions et à des actions politiques, ou simplement en leur facilitant l’accès à des contenus et à des informations politiques ? Ont-il rendu opérationnelles des formes de démocratisation participative (Talpin, 2006 ; Blondeau, 2007 ; Greffet et Wojcik 2008 ; Mossberger et al.., 2008 ; Monnoyer-Smith 2010, 2011 ; Wright, 2012) ? Les relations entre représentants et représentés sont-elles modifiées, renforcées, élargies ? Le dispositif et les opérateurs du réseau social favorisent-ils une mutation vers une démocratie plus « forte » (Barber, 1997), par exemple par la mise en visibilité et en confrontation avec des contre-discours ? Permettent-ils à des catégories d’acteurs traditionnellement considérés comme profanes, d’entrer dans les sphères délibératives et décisionnelles ? Permettent-ils de rendre ces dernières visibles et attrayantes, afin que davantage de citoyens soient exposés et intéressés à l’actualité politique ? Observe-t-on une remise en question de la structuration hiérarchisée distinguant représentants légitimes et rationnels et représentés (Levy, 2004) ? Que l’on considère Twitter comme un forum, une agora, ou un ensemble d’arènes discursives (Chibois, 2014), quels sont les risques encourus ou imaginés face à cette ouverture de l’espace publicisé de parole politique ? En quoi et comment l’usage des RSN lors d’élections

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électorales peut-il être un facteur de risque et de vulnérabilité pour les candidats, les internautes, et la démocratie ?

En effet, en fonction du terrain observé, les chercheurs qui s’intéressent aux liens entre les NTIC et le fonctionnement démocratique en viennent à trois grands types de conclusions (Mulberger, 2003 ; Wojcik, 2009 ; Mabi et Théviot, 2014). Les uns alimentent la « thèse de la mobilisation » (Mabi et Théviot 2014), en constatant par exemple « une meilleure communication entre les leaders politiques et les citoyens », propre à intéresser ces derniers à la vie démocratique (Goupil, 2007, 40), voire une « inclusion plus forte des citoyens dans la vie politique » (Goupil, 2007, 40), avec l’apparition de nouveaux publics politiques, mais aussi de nouveaux émetteurs citoyens de contenus politiques (Vitalis, 1999, 36). Certains voient ainsi dans les NTIC « un potentiel de création d’une démocratie continue et d’un nouveau citoyen, le netizen, apte à naviguer à son gré sur les réseaux et à stimuler cette nouvelle démocratie » (Goupil, 2007, 33).

La thèse de la différenciation se fait jour à travers des travaux qui constatent l’émergence sur Internet de formes d’engagement « plus fluides et éphémères », moins routinisées, en dehors des structures partisanes (Wojcik, 2009, 2). La troisième thèse, celle de la normalisation, considère que « seuls les individus déjà intéressés par la politique vont être en capacité de se diriger vers ce type de contenu et ainsi démultiplier leurs sources d’information » (Mabi et Théviot, 2014, 6). Pour les plus pessimistes, « l’espace public pourrait tout simplement disparaître en raison de l’augmentation exponentielle de discours individuels, davantage juxtaposés qu’interconnectés » (Wojcik, 2009, 1). Pour Thierry Vedel (2003, 81) par exemple, les TIC constituent un facteur de risque pour l’expression citoyenne.

Nous avons souhaité chercher sur le terrain des réponses à notre questionnement, en observant les usages faits de Twitter par les candidats et leurs interlocuteurs, au sein de leur « espace Twitter ». Nous appelons « espace Twitter » d’un candidat, l’ensemble composé par son ou ses compte(s) Twitter, mais aussi par les comptes non officiels, voire non autorisés ou parodiques, qui lui sont consacrés. Nous incluons également à cet « espace Twitter », les mentions, les réponses et les hashtags faisant référence aux candidats mais n’étant pas publiés par eux ou leur équipe de campagne. Notre corpus rassemble 2 061 tweets postés par les candidats, et 2 271 tweets postés par d’autres interactants, du 10 au 25 mai 2014.

Dans une première partie nous précisons notre cadre théorique autour des notions d’interactivité, de participation et d’empowerment. Nous proposons dans un deuxième temps une analyse quantitative et qualitative des tweets postés par les candidats et les internautes, dans « l’espace Twitter » des candidats. Nous interrogeons le degré et le type d’interactivité (Chevret-Castellani 2014 ; Eyries

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2014) des candidats à travers leur usage des opérateurs (RT, @, #, liens) et observons avec quels types d’acteurs ils interagissent (militants, sympathisants, citoyens, journalistes, etc.), pour déterminer si les échanges relèvent de l’entre- soi des élites politiques et journalistiques ou dénotent un élargissement de l’espace public délibératif propre à favoriser l’empowerment (Alinsky, 1971 ; Breton, 1994 ; Ninacs, 2002 ; Le Bossé, 2003 ; Talpin, 2008 ; Bacqué et Biewener, 2013) d’internautes sensibilisés aux enjeux politiques européens.

Dans une troisième partie, nous abordons la question de l’insécurité et de la vulnérabilité (Beck, 2001 ; Dolbeau-Bandin, 2014) liées à ces pratiques pour les personnalités politiques, les citoyens et le fonctionnement démocratique. En partant de l’observation des usages prévus et imprévus de l’interface Twitter par les socionautes, nous proposons une typologie des risques pour l’image des candidats, les droits politiques des citoyens, la qualité des échanges et la crédibilité du système représentatif auprès des citoyens.

2. Cadre théorique. Interactivité, participation, empowerment

Tout comme celle de participation, les notions d’interaction et d’empowerment sont polysémiques et renvoient « à des réalités très différentes, à une gradation dans le niveau de prise en compte des citoyens ordinaires et dans leur intégration dans le processus décisionnel » (Jouve, 2007, 1). Il nous semble nécessaire de préciser notre approche de ces trois notions dans le cadre du questionnement qui a guidé ce travail.

Le dispositif Twitter est porteur d’une potentielle interactivité qui dépend des usages et appropriations qui en sont faits par ses utilisateurs. En effet, le dispositif permet aux usagers de s’adresser à un ou des destinataires, de les interpeller, de les impliquer. Mais contribue-t-il à nous « faire interagir » (Badouard, 2014, 13), est-il facteur d’une réelle interactionnalité entre socionautes ? En effet, si la notion d’interactivité fait référence aux relations entre une technique de diffusion et un utilisateur, la notion d’interaction, plus large, regroupe toute situation dans laquelle des protagonistes interagissent par des actes, qui peuvent notamment mais pas exclusivement être des actes de langages (Charaudeau, 2006 ; Donzelle, 2014). Parmi ces situations interactionnelles autorisées par des dispositifs techniques, on peut également distinguer plusieurs degrés de collaboration entre protagonistes : « mise à disposition d’information, consultation verticale, consultation horizontale, espaces d’échange et espaces délibératifs enrichis » (Monnoyer-Smith 2010, cité par Badouard, 2014). Quand ces dispositifs collaboratifs deviennent de réels espaces d’interlocution, autrement dit qu’ils aboutissent à « une situation de communication dans laquelle la prise de parole alterne entre les interlocuteurs,

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par opposition à une situation monolocutive » (Donzelle, 2014), on peut parler de participation. Et quand la participation des citoyens dépasse la simple consultation et qu’ils sont réellement impliqués, au sein d’échanges symétriques et horizontaux, dans les prises de décision, cela peut engendrer une forme d’empowerment.

Le terme empowerment a été successivement et alternativement traduit en français par les expressions « pouvoir d’agir » (Ricœur, 1995), « prise de pouvoir » (Charlier, 2006), « renforcer ou acquérir du pouvoir » (Calvès, 2009, 735), « pratique émancipatrice » (Bacqué et Biewener, 2011). Les situations d’empowerment peuvent se déployer dans les champs du social, de l’économique et du politique. Dans l’action publique, la formation, l’éducation, deux grands types d’approche ont été identifiées par les théoriciens : l’une suit une logique top-down et disciplinaire, à visée normalisatrice, l’autre s’inscrit dans une initiative bottom-up et interactive, à visée transformatrice. Les démarches d’empowerment portées par les institutions, la société civile et les ONG fluctuent également entre ces deux modèles. Celui des précurseurs, radical, civique, repris aujourd’hui par les courants altermondialistes et des mouvements comme Act Up, Occupy Wall Street, ou les Indignés favorisant « un processus politique de revendication d’un pouvoir et de capacités politiques. Et celui plus récent, néo- libéral et conservateur, d’approche gestionnaire, largement appliqué par les ONG de développement et les institutions internationales (Blanc, 2013 ; Cantelli, 2013).

Nous nous intéressons ici à l’empowerment politique, c’est-à-dire aux droits politiques des citoyens, et notamment à leurs « capacités individuelles et collectives d’accéder à la sphère politique », notamment en participant à l’inscription des problèmes publics à l’agenda et en contrôlant les moyens et ressources publics (Charlier 2006 ; Jouve, 2007). En d’autres termes, nous pouvons définir l’empowerment politique comme un processus de modification des rapports de forces et des conditions d’accès au sein de l’espace public qui, à travers des luttes et une redistribution des ressources, aboutit, via des procédés bottom up et top down, à l’acquisition par des individus ou des groupes de nouvelles capacités citoyennes. Ces combats peuvent consister à lutter contre des situations de pauvreté, d’inégalités, de domination, d’exclusion, de déni de droits, de défaut de pouvoir (powerlessness), d’absence de reconnaissance et de vulnérabilité (Cantelli, 2013 ; Calvès, 2009). La redistribution peut passer par une nouvelle répartition des moyens et des ressources sociales, culturelles et politiques : confiance en soi et estime de soi, individuelle et collective ; réattribution et reconnaissance de compétences, de droits, de places, de rôles.

Ces situations d’empowerment peuvent être le produit de procédés bottom up : émancipation, élévation (Donzelot, 2005, 88), affirmation de soi, ou top down :

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reconnaissance des droits et compétences, politiques de développement individuel et collectif. Les capacités citoyennes générées par le biais de ces processus variés peuvent être synthétisées ainsi : acquérir ou renforcer les capacités et le sentiment d’avoir le droit de faire des choix, d’agir de façon autonome, de revendiquer, de participer à la définition des objectifs et aux prises de décisions, d’accéder à une prise de conscience critique, de s’organiser et de se structurer collectivement pour être capable d’exercer un contrôle, une vigilance sur le pouvoir, d’influencer les institutions et les autorités (p. 80), de faire pression, de négocier avec elles (Cantelli, 2013 ; Charlier, 2006 ; COTA, 2012 ; Paulay, s.d.)

3. Étude empirique et résultats

Twitter peut être considéré comme interactif du fait de ses opérateurs, égalitaire dans son dispositif puisque le format (140 signes) est le même pour tous, tout comme la couleur, la typographie, et la taille police. De même, il n’établit pas de hiérarchie entre les messages en fonction de leur énonciateur, le mode d’affichage étant anté-chronologique. Enfin, le système de hashtags permet créer des lieux de discussion thématiques franchissant les frontières entre ilôts idéologiques. On pourrait donc penser que Twitter est un facteur d’amélioration des interactions représentants-représentés, un moyen « de répondre à un déficit démocratique » (Goupil, 2007, 27), de relancer la participation citoyenne et donc d’aller d’une démocratie représentative vers une démocratie plus participative et vers un empowerment des citoyens. Nous avons placé ces questionnements face à notre terrain en observant quels étaient les usages faits de ces outils par les candidats et leurs interlocuteurs pendant la campagne pour les Européennes 2014.

3.1. Degré d’interactivité recherché par les candidats à travers leurs usages des opérateurs

Nous nous sommes intéressés au degré d’interactivité recherché par les candidats à travers leur usage des opérateurs Twitter (RT, @, #, liens). Nous avons retenu les tweets utilisés de façon à relayer la parole, donner la parole, susciter la parole, donc qui interpellent une personne ou un groupe de personne, et non qui font référence à un thème ou un lieu (figure 1).

Nous nous sommes ensuite intéressés aux liens présents dans les tweets des candidats et avons identifié sept types de contenus (figure 2).

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0 20 40 60 80 100 120 140 160 180

Amard Bélier Griesbeck Martin Morano Philippot

RT

@

# liens

Figure 1. Tweets contenant des opérateurs interactifs

Figure 2. Types de contenus pointés par les liens dans les tweets

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Nous constatons que 62 à 84 % des liens sont dirigés vers le candidat lui- même, ses sites web et réseaux sociaux, son actualité, une tribune qu’il a publiée ou un article qui lui est consacré. Les liens vers des actualités ne concernant pas directement la campagne de chaque candidat sont rares :

@sandrinebelier : #BringBackOurGirls ! #eelv

#ee2014 http://t.co/mdnzSFrRNs May 11, 2014

@EdouardMartin : Auj. Commémoration de l’abolition de l’esclavage. Mes pensées pr #NigerianSchoolGirls enlevées.

#BringBackOurGirls http://t.co/qAOuXbneI6 May 10, 2014

De même, si Nadine Morano et Florian Philippot consacrent une proportion importante de leurs tweets à remercier leurs soutiens, quand ceux-ci contiennent un lien, il pointe en réalité là encore vers leur propre actualité. Ces deux candidats twittent également des liens vers des actualités concernant leurs adversaires politiques, pour les fustiger, les dénoncer, moquer un échec :

@f_philippot : "Demain l’Europe sociale" : 30 ans de promesse et de blabla ! Ne tombons plus dans le panneau ce

dimanche https://t.co/qOmgQzgpJP May 22, 2014

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@f_philippot : Ah ah ! http://t.co/tzAhR4e7zM May 17, 20141

@nadine__morano : RT @leLab_E1: Michel Rocard dénonce le "drame d’absence de leadership en Europe" et "l’absence de leadership" en France

> http://t.co/gTZtK… May 23, 2014

La seule à publier un lien vers un discours d’un citoyen ordinaire (qui n’est ni membre de son staff de campagne, ni cadre du parti, ni militant ou sympathisant, ni journaliste) est Nathalie Griesbeck :

1. Le Figaro.fr, « Martin Schulz réunit 150 personnes à Forbach », 17 mai 2014.

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Entre 1 et 12 % des liens sont consacrés à mettre en visibilité des enjeux.

Gabriel Amard fait exception, avec 32 % de liens vers les luttes et combats menés par le FDG et ses alliés à propos du droit des travailleurs et de l’écologie notamment. Dans l’ensemble, on relève peu de contenu idéologique dans les liens, mis à part pour Nathalie Grisebeck. Il s’agit principalement, de discours sur l’Europe et de slogans.

Nous avons également observé les RT des candidats en nous demandant quels types de profils ils retweetaient. Cinq catégories sont apparues à l’analyse : le camp du candidat au sens large (colistiers, élus du parti, cadres, candidats d’autres circonscriptions), des adversaires politiques, des instances médiatiques et des journalistes, des citoyens militants et sympathisants non membres de l’état-major ni élus, et enfin des associations, ONG et lobbies.

Figure 3. Profils retweetés par les candidats

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Dans 60 à 88 % des cas, les candidats retweetent un message qui les concerne ou qui concerne leur camp (les cadres du parti, les élus, les co-listiers).

Nathalie Griesbeck et Gabriel Amard relaient très rarement des tweets publiés par les médias, et Florian Philippot jamais. Ce dernier, à l’instar de Nadine Morano et, dans une moindre mesure, de Nathalie Griesbeck, accorde une visibilité non négligeable à ses militants et sympathisants. Précisons qu’il s’agit de citoyens non cadres ou élus, qui publient des tweets de soutien, d’encouragement, de félicitations à leur candidat, des appels à voter pour lui, ou des témoignages de campagne sur le terrain : collage, tractage, présence sur les marchés, à un meeting, etc. Dans la catégorie adversaire, nous n’avons relevé qu’un seul cas dans l’ensemble du corpus :

@sandrinebelier : RT @lterrenes: #EYE2014 Très bonne proposition, ou plutôt position, de @sandrinebelier, au sujet de l’apprentissage des langues dans l’UE !… May 10, 2014

Loic Terrenes est président des jeunes démocrates isérois, mais le contenu de son message est plutôt élogieux. Sandrine Bélier accorde par ailleurs une visibilité relative aux associations, lobbies et ONG concernant l’écologie et les droits de l’Homme et de l’enfant.

Parallèlement à cette observation des usages de Twitter par les candidats, nous avons analysé la façon dont les socionautes utilisaient l’interface et les opérateurs dans une recherche d’interaction avec les candidats, en nous demandant si ces derniers prenaient en compte ces demandes, invitations et incitation à l’échange.

3.2. Recherches d’interactions avec les candidats par les citoyens

Nous avons étudié les 2 271 tweets postés par des socionautes et mentionnant les candidats par une mention (@) ou un hashtag (#). Nous avons dans un premier temps distingué les tweets de soutien (auxquels s’ajoutent quelques annonces médiatiques) et ceux qui contiennent une forme d’interpellation du candidat concerné (figure 4). Puis nous avons observé dans le détail l’identité et la posture des socionautes interpellant les candidats (figure 5).

Les sympathisants qui s’expriment à travers ces tweets ont une posture critique, ils questionnent leurs candidats, ou font des propositions. Nathalie Griesbeck et Sandrine Bélier sont interpellées par relativement beaucoup de lobbies, qui leur demandent de signer un manifeste, un plaidoyer, de soutenir une cause. Nadine Morano et Florian Philippot récoltent respectivement 80 et 90 % de tweets hostiles. Quant à Edouard Martin presque tous les messages de

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sympathisants de gauche dénoncent sa candidature2 : il est considéré comme un

« arriviste », un « vendu », qui a « trahi les syndicats » ou à l’inverse qui est

« indigne de représenter le PS ». Pour Gabriel Amard on note une proportion importante de sympathisants qui débattent, critiquent, questionnent, expriment leur avis, définissent les enjeux de lutte.

Enfin, parmi les socionautes de la catégorie « sympathisants », nous avons sélectionné ceux qui interpellaient directement un candidat par une question, une demande précise, qui appelle une réponse. En voici quelques exemples :

@gabrielamard Comment proposez-vous d’arriver à cet objectif? Pour arriver à quoi? Avec qui?

@nadine__morano @GLarrive tafta vous en pensez, quoi traite transatlantique

@nadine__morano je viens de voir un tweet qui dit que vous êtes pour la GPA éclaircissez et corrigez SVP merci

@nadine__morano @OlivierRimmel Et votre avis sur la PMA et la GPA Madame Morano ?

@f_philippot profitez en pour clarifier votre position sur la famille, le mariage homo et l’immigration svp...

Nous n’avons trouvé aucune réponse à ces sollicitations de citoyens ordinaires de la part des candidats auxquels elles s’adressent. Autrement dit, ni retweet, ni reply, aucune mention indirecte ou directe de l’internaute (par un arobase ou un hashtag), aucune référence au contenu de la question.

Nous avons constaté sur le terrain que les opérateurs ne sont pas utilisés comme outils d’interactivité et d’empowerment par les candidats. Des citoyens cherchent à interagir avec les candidats, mais ces derniers prennent très rarement part au dialogue avec les profanes, préférant échanger avec des journalistes, des organisations, des professionnels de la politique. Leur utilisation de Twitter est de type marketing électoral, leur stratégie de communication est descendante et informative. Cette posture ne limite pas les risques encourus par les candidats du fait de leur présence numérique, et crée un frein aux potentialités d’empowerment des citoyens contenues dans le dispositif.

2. Avant d’être investi par le PS pour se porter candidat aux élections européennes de 2014 en tant que tête de liste dans la circonscription Grand Est, Edouard Martin, en tant que syndicaliste CFDT délégué du personnel à l’usine ArcelorMittal, avait dirigé la lutte contre la menace de fermeture du site de Florange.

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Figure 4. Tweets de soutien vs interpellation adressés aux candidats

Figure 5. Profil des socionautes qui interpellent les candidats

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4. Discussions

Quels sont les risques liés à l’usage de Twitter à des fins politiques et à l’ouverture de cet espace publicisé de parole politique ? Ce qui nous intéresse ici, c’est l’insécurité numérique et la vulnérabilité de l’espace public. À partir de notre analyse empirique des échanges dans leur « espace Twitter », nous dressons une typologie des situations repérées dans notre corpus de mise en péril des candidats, de leurs stratégies, de leur image, de leur réputation, de leur identité ou de leurs discours (Dolbeau-Bandin, 2014), que celles-ci soient le fait de dérapages ou d’imprudences de la part des candidats eux-mêmes, ou de détournements dus aux internautes. Nous nous intéressons notamment aux risques de mise en dérision, de détournement, de trivialisation, de falsification (rumeur) du politique par des militants adversaires ou des internautes en recherche de jeu ou de polémique (Merzeau, 2013 ; Mercier, 2014).

4.1. Risques pour les candidats

4.1.1. Omniprésence numérique et dérapages

La vitesse à laquelle certains socionautes tweetent et retweetent crée une forme d’injonction à une « disponibilité permanente », à une « omniprésence numérique », à une rapidité, voire une instantanéité de publication à laquelle cèdent certains candidats. Cette « tyrannie de la rentabilité » (Rieffel, 2014) est facteur de plusieurs risques. L’emprise du temps réel, les pratiques d’écriture en direct ou de tweet-live, peuvent conduire à un manque de réflexion, à des dérapages, à une écriture réactive et émotionnelle. La viralité des réseaux sociaux accentue la portée de ces risques. Du fait de la diffusion des contenus à vitesse exponentielle (rumeurs malveillantes, images volées, maladresses), un tweet effacé pourra continuer à circuler en dehors de toute maîtrise de la part du candidat et de son équipe. Du fait de cette forte viralité et des pratiques de vigilance et de fact-checking de la part de nombreux socionautes, la « mémoire du web » est tenace. En 2014, Nadine Morano fait de sa lutte contre le FN, l’un de ses principaux chevaux de bataille :

Quand la gauche est au pouvoir le FN est fort... Marine le Pen a appelé à faire battre Sarkozy..FNPS. @leJDD http://t.co/Wb5lEAXmSd May 11, 2014 RT @Levercors: "Le programme du FN est dangereux pour l’influence de la France en Europe." (Nadine Morano) Très juste, Madame !

@nadine__mo… May 12, 2014

"Le FN n’est pas patriote mais nationaliste. Il veut la destruction de l’Europe.

Voter FN peut soulager 1 min mais faire mal pendant 5 ans" May 14, 2014

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RT @Jeunes_NMorano: Un patriote est qq un qui se bat pour son pays au contraire de ce que propose le FN @nadine__morano #EE2014 May 22, 2014 RT @F3PoitouChtes: Jean-Pierre #Raffarin : une victoire du FN "ferait beaucoup de tort à la France"

#européennes2014 http://t.co/XzmgunsDbA May 23, 2014

Mais les socionautes n’ont pas oublié qu’en 2012, à l’occasion des élections législatives, elle avait « appelé les électeurs FN à la rejoindre »3 :

@xxxx : @nadine__morano @leJDD «Je n’ai aucun état d’âme à en appeler aux électeurs du FN» #morano 2012, les temps changent mais les valeurs restent 11 mai 2014

@xxxx : @nadine__morano facile de dire ca mais quand vous faites des alliances avec FN pour les elections de maire vous trouver ca normal 14 mai 2014

@xxxx : @nadine__morano @NicolasSarkozy avant d’aller voter dimanche n’oubliez pas que l’umpfn ne vous veut pas que du bien! 22 mai 2014

4.1.2. Standardisation, ventriloquisme et polyphonie

De plus, les candidats en campagne ne sont pas toujours les auteurs des messages publiés sur leur compte. Faute de temps ou d’intérêt, ils confient souvent cette tâche à un ou plusieurs membres de leur équipe. Le manque de temps et la présence de professionnels de la communication parmi les rédacteurs des tweets de candidats conduit à une standardisation de l’écriture, un conformisme des contenus, un rapprochement avec les formats d’écriture journalistiques voire avec ceux du communiqué de presse. La standardisation et le fait que le candidat ne soit pas l’auteur de tous ses tweets entraîne un risque de

« ventriloquisme ». Ce « ventriloquisme » engendre une « perte de présence » pour le candidat (Crawford, 2009), mais aussi un risque de perte de crédibilité.

En effet, on ne sait pas si le candidat est effectivement présent dans l’échange, et on ignore qui publie : un acteur engagé du champ politique (le candidat), ou un professionnel de la communication, du marketing politique ? De même, le caractère composite de la plupart des tweets, lié notamment à l’usage intensif des retweets, introduit une dimension largement polyphonique des messages publiés.

Il est alors quasiment impossible d’identifier le ou les locuteurs énonciateurs des propos publiés, ou d’attribuer la prise en charge des points de vue énoncés.

3.http://www.liberation.fr/france/2014/05/12/europeennes-morano-aux- fourneaux_1015796.

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RT @popoche69008: @Lorraine__NM @chrisquette @nadine__morano

@PPE @Europeennes2014 UMP c’est des pépés Morano..c’est pas du gâteau .. May 22, 2014

RT @fiatlux49: @joan25000 @LACPURE @nadine__morano

@ArnaudDanjean @CedricBole Belles campagnes en France, en europe, bien agréable http://… May 18, 2014

RT @EE_GrandEst2014: @sandrinebelier : Je suis contre #tafta -

(Vidéo) http://t.co/NTeiZ5pbOi via @Dailymotion #EE2014 #EP2014 May 23, 2014

4.1.3. Détournement et réputation

L’un des risques encourus par les candidats est l’occupation de leur espace Twitter par des partisans, des opposants ou des commentateurs dont ils ne peuvent maîtriser les propos. Un compte pirate consacré à Nadine Morano rassemble les socionautes qui n’ont plus accès à son compte officiel : « Plus le droit de t’abonner à @nadine__morano ? Voici la chaîne du LOL de rattrapage pour les bloqué-e-s ! ». Un compte de soutien à Florian Philippot, non officiel, publie davantage de tweets que le candidat lui-même pendant la campagne.

Mais au-delà de ces exemples, les candidats sont exposés au quotidien aux risques liés à la circulation sur les réseaux sociaux de contenus les concernant, parfois indépendamment de ce qu’ils ont publié eux-mêmes. Par exemple, Nadine Morano effectue, devant des caméras de télévision, un selfie avec des vaches en arrière plan. Elle ne publie pas cette image en ligne, mais des internautes la tweetent, accompagnée de commentaires tels que, par exemple :

@xxxx : @nadine__morano " Selfie entre copines, comme dab pas peur du ridicule.criccridamour

@xxxx : Selfie de @nadine__morano avec des vaches (jamais publié, hélas)

#LNE "insultant pour la vache je trouve

@xxxx : Tiens il y a aussi Nadine Morano

Ce qu’ils publient peut être détourné, mis hors de son contexte, dénaturé. Il peut être fait mention de leur nom, avec ou sans opérateur, comme ici :

« Edouard MARTIN vs Nadine MORANO : le traître et la benête dans l’est.

Abstention record inévitable ! ». Twitter est bien un espace de vulnérabilité pour l’identité numérique des candidats, dont ils ne peuvent contrôler les contours (Rieffel 2015) :

@xxx : #EdouardMartin n’était il pas contre le gouvernement actuel? Le voilà encarté PS pour les européennes. #JeRis

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@xxx : Au secours #EdouardMartin assurant la propagande PS pr les européennes , ce vendu me dégoute

@xxx : Amis #Lorrains n’oubliez pas de vous souvenir qu’il faut punir ce traitre arriviste d’#ÉdouardMartin qui ne doit en aucun cas être élu !

@xxx : Passer d’ouvrier à agent de communication ! #EdouardMartin #PS

#bulletindevote #EP2014

4.1.4. Risques juridiques

Le 21 mai 2014, Florian Philippot publie sur son compte Twitter une affiche invitant à voter pour le FN le 25 mai. Cette affiche est composée d’une photo de Léonarda Dibrani, et d’une citation de propos tenus par la jeune fille le jour- même sur France Info. En utilisant l’image d’une enfant mineure, sans son consentement ni celui de ses parents, il contrevient à la législation française sur le droit à l’image et la protection des mineurs et provoque l’indignation de nombreux socionautes :

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@xxx : @f_philippot Une enfant mineure sur une affiche électorale sans autorisation de sa part c’est un délit en France

@xxx : @f_philippot utilisation de l’image d’une mineure sans le consentement des parents, elle peut vous attaquer

@xxx : @f_philippot @MLP_officiel J’espère qu’elle portera plainte auprès du parlement européen pour son droit à l’image.Quelle bassesse le FN!

@xxx : @f_philippot C’est honteux. Le FN ne sait que surfer sur la haine des autres, jusque sur des enfants. Pitoyable.

@xxx : @f_philippot vous connaissez le droit à l’image, honte à vous, rien ne vous arrête, prêt à tout pour gagner

@xxx : @f_philippot J’espère que vous lui avez demandé son autorisation à la demoiselle. Le droit à l’image, ça vous connait? #racisme #xenophobia

@xxx : @f_philippot Non mais franchement vous n’avez pas honte d’utliser le visage d’une enfant pour une manoeuvre si grotesque?!

@xxx : @f_philippot Vous avez bien sûr l’autorisation d’utiliser l’image de cette mineure à des fins de propagande ?

@xxx : @f_philippot qu’elle s’appelle Leonarda, Marie, ou autre, qu’elle soit kosovare ou autre. ON N’UTILISE PAS LES ENFANTS POUR SA PROPAGANDE!

4.2. Au risque de l’empowerment ?

Le dispositif et les opérateurs du site de microblogging constituent un ensemble d’outils propres à favoriser la construction de collectifs et de communauté en ligne. Mais les usages sont déterminants. Nous assistons à la constitution de deux types de communautés, les unes composées « de consommateurs ou d’admirateurs », les autres d’experts et de professionnels de la politique (journalistes et militants encartés) (Cardon et al.., 2014, 85). En effet, les citoyens en recherche de contenus et de discussions politiques ne trouvent pas réponse à leurs attentes. Les candidats, en recherche de visibilité, privilégient des stratégies de marketing politique, voire de branding communication, et interagissent principalement avec des professionnels de la communication politique (personnels politiques et journalistes). Les usages faits de Twitter conduisent bien plus à reproduire les situations de disempowerment qu’à créer des conditions favorables à un processus d’empowerment des citoyens.

4.2.1. Risque de bavardage similaire à du bruit

En théorie, dans une démocratie, « les citoyens ont la capacité de gouverner parce qu’ils peuvent s’informer » (Goupil, 2007, 38). Selon la thèse de la

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mobilisation, « l’information politique serait aussi plus facilement accessible et plus diversifiée sur Internet ce qui permettrait d’amener des internautes à s’intéresser à la politique, voire de les pousser à participer à des discussions politiques en ligne » (Mabi et Théviot, 2014, 6). Twitter pourrait être un facteur d’empowerment politique des citoyens désireux de participer, en leur permettant de s’approprier des biens politiques, autrement dit de trouver les informations et contenus qu’ils recherchent, et donc, de façon éclairée, de consommer des contenu politiques, d’entrer dans l’espace public, et de participer (que ce soit par le vote, la discussion, l’action politique, la prise de décision).

Mais en réalité, de nombreux tweets postés par le candidat, son staff ou d’autres interactants parasitent la discussion politique, font écran entre le citoyen en recherche de contenu politique et ce contenu. La pratique qui consiste à retweeter systématiquement les messages contenant une mention du candidat quand ils sont publiés par des soutiens officiels, conduit à la publication démultipliée de certains messages, ce qui alourdit la timeline et rend plus inconfortable la prise de connaissance des échanges. Voici quelques exemples extraits du compte Twitter de Nathalie Griesbeck :

RT @Les_Europeens: .@Nat_GRIESBECK intervient et nous explique la réalité des frontaliers et ce que l’Europe leur

apporte http://t.co/GAdJM… May 18, 2014

RT @SebDartoisNancy: “@Les_Europeens: @Nat_GRIESBECK intervient, nous explique la réalité des frontaliers et ce que l’Europe leur apporte h… May 18, 2014

RT @udijeunes54: @Les_Europeens à #Nancy: "L’#Europe comme une évidence" @yvesjego @Nat_GRIESBECK @laurenthenart

A.#Rossinot http://t.co/gl… May 23, 2014

RT @SebDartoisNancy: @Les_Europeens à #Nancy: "L’#Europe comme une évidence" @yvesjego @Nat_GRIESBECK @laurenthenart A.#Rossinot http://t.c… May 23, 2014

Seule une recherche avancée, en croisant plusieurs critères, peut permettre d’accéder à des contenus politiques ciblés et thématiques. Cela nécessite un minimum d’expertise, de compétences techniques et de connaissances politiques. Seuls ceux qui sont déjà exposés et informés disposent des ressources nécessaires pour accéder à l’information politique. D’autres travaux ont démontré que « seuls les individus déjà intéressés par la politique vont être en capacité de se diriger vers ce type de contenu et ainsi démultiplier leurs sources d’information » (Mabi et Théviot, 2014), et que « les participants qui investissent les dispositifs numériques sont ceux qui disposent d’un capital militant hors ligne important », soulignant le risque de « voir perdurer les

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mêmes inégalités de ressources entre acteurs, participant ainsi au maintien des positions des groupes dominants » (Chibois, 2014).

4.2.2. Du candidat au branding candidat

La stratégie privilégiée par les candidats, qui consiste à rechercher de la visibilité et de la notoriété en ligne, conduit à trois phénomènes : un processus de marchandisation du politique et de consumérisation de la citoyenneté ; une asymétrie entre recherche d’une forte notoriété et faible production de contenus politiques ; un appauvrissement du débat et du contenu idéologique au profit d’une théâtralisation des candidats-stars.

Nous assistons à un « processus de consumérisation » de la citoyenneté (Goupil, 2007 ; Vedel, 2003 ; Roginsky, 2015), liée à une « vision managériale » de la relation entre citoyens et élites politiques (Vedel, 2003). Les candidats et leurs équipes de communicants mettent en place des techniques de « micro- célébrité » (Roginsky, 2015) pour « intéresser et conserver leur public ». Cela conduit à « une marchandisation de l’homme politique » (Rieffel, 2015). La recherche de visibilité et de notoriété étant la priorité, cela va à l’encontre de la production de contenus à valeur ajoutée politique. En effet, certains acteurs disposent d’une forte visibilité dans l’espace public, et n’ont pas besoin d’une forte activité en ligne pour bénéficier d’une présence numérique suffisante (Cardon et al.., 2014). De ce fait, ils peuvent se contenter d’un mode de communication minimaliste et informatif. Le « paradoxe de cette position est que, bénéficiant d’une très forte notoriété externe et d’une autorité statutaire », ils n’ont pas besoin d’être très actifs sur le web pour bénéficier d’une forte audience » (Cardon et al., 2014).

Le risque est que ces personnalités soient tentées de reproduire de la notoriété à partir de leur capital existant, sans alimenter l’espace public en informations politiques, en éléments de débat, en propositions, en arguments, en contenus idéologiques. La consolidation de la notoriété hors ligne et des rapports de force structurels peut être une stratégie payante pour les partis structurellement forts électoralement, mais n’apporte pas de plus-value à la délibération collective. Si certains candidats bénéficient déjà d’une visibilité publique et d’une couverture médiatique permanente et routinière, d’autres doivent mener une « lutte pour la visibilité » (Voirol, 2005). On observe sur Twitter « des efforts de mise en scène destinés à favoriser l’attraction, (…) influer sur la perception du public » (Chibois, 2014, 223). Twitter est alors utilisé comme un « outil de promotion de soi », dans le cadre d’une « gestion de la désirabilité sociale » (Chibois, 2014, 223). Le « star-système » investit le champ politique, qui devient en « espace de théatralisation » (Rieffel, 2015), dans lequel

« la logique du palmarès (plus de tweets, du buzz, plus de followers) l’emporte sur le

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contenu ». Le risque, là aussi, est que cette recherche de visibilité par le jeu se fasse au détriment des enjeux, du débat, de la définition collective des questions publiques et de leurs solutions.

4.2.3. Risque d’enfermement

L’accès des citoyens ordinaires aux contenus et échanges politiques est limité, nous l’avons vu, par les pratiques de tweet-bavardage qui parasitent la lisibilité des flux de messages d’une part, et par les stratégies de communication adoptées par les candidats, qui privilégient le marketing politique et la recherche de micro-célébrité plutôt que les interactions symétriques avec les citoyens. Un troisième facteur accentue ce risque d’enfermement et de « verrouillage de la parole » (Roginsky, 2015) : les messages sont principalement destinés aux acteurs des champs médiatique et politique et non au grand public (Roginsky et Jeanne-Perrier 2015). D’autre part, les messages, quand ils ont un réel contenu politique, sont très techniques, et difficilement compréhensibles par le citoyen ordinaire (Roginsky, 2015). D’autres recherches récentes ont montré que Twitter permettait « de toucher les individus déjà intéressés par les questions européennes (les journalistes et organisation de société civile) » (Badouard et Malherbe, 2015) et qu’il agissait « sur un type de public bien précis » (Roginsky, 2015).

4.2.4. Risque de managérialisation de l’empowerment

L’empowerment peut être vu « comme une solution démocratique », un

« contre-pouvoir efficace » (Blanc, 2013, 164) mais aussi comme une

« régression liée à un usage managérial » (Cantelli, 2013, 63). Cantelli rend compte en effet de deux conceptions de l’empowerment, l’une gestionnaire, l’autre civique, associées à des instruments et des outils de gestion d’une part et à des engagements politiques et des postures critiques fortes d’autre part. À partir des années 1990, plusieurs auteurs et acteurs sociaux dénoncent une conception gestionnaire de l’empowerment portée par les organisations et institutions internationales (Charlier, 2006). Cette managérialisation se traduit par une approche individualiste, libérale, et à charge de l’empowerment, qui conduit à en détourner le fondement émancipatoire pour en faire au contraire un outil de contrôle des comportements. Les usages de Twitter par les candidats en campagne peuvent être facteurs de risques du même ordre pour les processus d’empowerment.

L’approche individualiste de l’empowerment politique risque de contribuer « à réduire la portée de la notion de citoyenneté en démocratie » (Goupil, 2007, 40), ainsi qu’à un « assujettissement » (Foucault, 1992, 318) des citoyens, ceux-ci étant vus comme des clients, des « consommateurs individuels » (Charlier,

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2006) ou des sujets à manager, à gérer. L’approche libérale se traduit par le passage d’un « empowerment libérateur » (Sardenberg, 2008) à un empowerment

« instrumentalisé pour légitimer les politiques et les programmes top down existants » (Calvès, 2009, 747). C’est une version « individualiste, dépolitisée, verticale et instrumentale », qui ne vise pas la mobilisation politique ou à la participation (Calvès, 2009, 747). Cette approche gestionnaire s’appuie au contraire sur la recherche d’une responsabilisation accrue des groupes concernés, qui ont injonction de se prendre en charge, (Anderson, 1996 ; Blanc, 2013 ; Cantelli, 2013 ; Cantelli et Genard, 2007 ; Charlier et al., 2008 ; Ehrenberg, 2010 ; Yépez del Castillo, 2004), de prendre à leur charge les coûts et les risques liés à leur situation et à leur volonté de la transformer.

Il s’agit, pour les acteurs les plus néo-libéraux, de « faire du pauvre un entrepreneur de soi » (Blanc, 2013, 164). Si l’on transpose cette idée à celle de

« pauvreté politique »4, cela revient à faire peser uniquement sur les citoyens la charge de tenter de modifier les conditions d’accès à l’espace public et les rapports de force asymétriques entre représentants et représentés. Cette

« philosophie gestionnaire » (Lascoumes et Le Galès, 2004), « vue principalement comme l’octroi d’en haut, de certaines parcelles de pouvoir » (Madrigal et al.. 2000), ne contribue pas à remettre profondément en cause les situations de domination, d’inégalité, ou de powerlessness, aboutit à des mécanismes de « mise en conformité » des comportements (Badouard, 2014, 14) et reconduit les situations de disempowerment. Or, ce défaut de pouvoir induit

« la non-possibilité de faire des choix significatifs et raisonnés », du fait du

« non-accès aux moyens permettant de réaliser ces choix individuels et collectifs » (Charlier, 2006), et une participation « réduite à sa plus simple expression (être informé, consulté) » (Calvès, 2009, 744).

4. James Bohman (Délibération, pauvreté politique et capacités, in J. De Munck et B.

Zimmermann ; La liberté au prisme des capacités. Amartya Sen au-delà du libéralisme, Paris, Editions de l’EHESS, 2008, pp. 215-237) et Ângela Cristina Salgueiro Marques (La conversation civique sur internet : contributions au processus délibératif, in Estudos em Comunicação, n°5, 2009, pp. 21-52.) mobilisent le concept de « pauvreté politique » pour désigner les « citoyens inaptes à la participation dans des processus démocratiques de débat public ». Ils lient cette incapacité à la pauvreté matérielle, scolaire et sociale. A contrario, la richesse politique consiste en la possibilité, pour des acteurs plus richement dotés en capital social et culturel, de réinvestir au cours d’échanges délibératifs ou politiques « les sujets, les thématiques et les cadres interprétatifs issus de la conversation quotidienne » (Salgueiro Marques, p. 24).

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5. Conclusion

Nous avons constaté sur le terrain que les opérateurs ne sont pas utilisés comme outils d’interactivité et que ces usages ne créent pas les conditions favorables à des processus d’empowerment politique des citoyens. Les injonctions de « disponibilité permanente », d’« omniprésence numérique », et la « tyrannie de la rentabilité » sont facteurs de plusieurs risques. Les pratiques d’écriture en direct ou de tweet-live, la viralité des réseaux sociaux et la « mémoire du web » accentuent la portée de ces risques : dérapages, standardisation, ventriloquisme, polyphonie, détournement, perte de contrôle de « l’identité numérique ».

Pour bien gérer, exploiter, maîtriser et limiter, voire anticiper ces risques, ces candidats et leurs partis doivent assurer une veille des RSN et d’Internet. Ainsi, ils doivent mener une veille intelligente, totale et complète de ces réseaux sociaux numériques. Il appartient à leurs équipes de campagne ou à des sociétés spécialisées d’appréhender constamment l’ampleur des données disponibles sur les réseaux sociaux numériques. En effet, bien que l’on soit dans une démarche de maîtrise, des informations personnelles ou dérangeantes peuvent apparaître à leurs dépens. Ainsi, il devient stratégique pour leur staff de campagne de surveiller ce qu’ils font et ce qui est dit sur eux sur Internet. Ce sont des outils de communication politique intéressants, à utiliser à bon escient et avec vigilance.

Les candidats, en recherche de visibilité, privilégient des stratégies de marketing politique, voire de branding communication, et interagissent principalement avec des professionnels de la communication politique (personnels politiques et journalistes). Les citoyens en recherche de contenus et de discussions politiques ne trouvent pas réponse à leurs attentes. De nombreux tweets pauvres en contenu politique parasitent l’accès aux informations de fond. Seuls ceux qui disposent déjà d’un capital politique, militant, technique et culturel sont en capacité d’accéder aux contenus qu’ils recherchent, d’en disposer, et d’en faire éventuellement des outils d’empowerment personnel. La recherche de visibilité et de notoriété par les candidats conduit à un processus de marchandisation du politique, de consumérisation de la citoyenneté, et d’appauvrissement du contenu idéologique des tweets.

C’est aux citoyens ordinaires, individuellement ou collectivement, que revient la charge de tenter de modifier les conditions d’accès à l’espace public et les rapports de force asymétriques entre représentants et représentés. Les usages faits de Twitter par les candidats en recherche d’électeurs et de soutiens ne contribuent pas à remettre profondément en cause les situations de domination, d’inégalité, ou de powerlessness, et reconduisent les situations de disempowerment politique, autrement dit la non-possibilité « de faire des choix

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significatifs et raisonnés », et de participer aux processus de mise à l’agenda, de délibération et de prise de décision.

Ceci dit l’usage des RSN est récent dans l’espace public. Et toutes leurs potentialités pour la communication politique n’ont pas encore été exploitées.

Nous sommes dans une période intéressante, incertaine, « attirante et effrayante » : nous réinventons la politique c’est-à-dire le lien politique, les prochaines campagnes 2.0 le confirmeront certainement…

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Références

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