Chapitre 16 : Polynômes.
Dans ce chapitreKdésignera indifféremmentRouC.
I Ensemble des polynômes
A Définitions
Remarque1. On s’autorise à parler indifféremment de du polynôme ou de la fonction polynomiale associée.
Soit P est une application définie sur K à valeurs dansK polynomiale tel qu’il existe un entiernPNet unn`1-upletpa0, a1,¨ ¨ ¨, anq PKn`1 tel que
@xPK, Ppxq “a0`a1x` ¨ ¨ ¨ `anxn“
n
ÿ
k“0
akxk
P sera alors appelée application polynomiale et les ai le coefficient d’indice ideP.
Par convention on noteX l’applicationxÞÑx.
Avec ces notations P :xÞÑ
n
ř
k“0
akxk se note PpXq “
n
ř
k“0
akXk (plutôt que P˝X qui ne sera pas utilisée) et on autoriseP “
n
ř
k“0
akXk.
• On appellepolynôme nulle polynôme dont tous les coefficients sont nuls, c’est donc l’application nulle.
• On appellepolynôme constanttout polynôme de la formeP :xÞÑa0.
• On appellemonôme de degré ktout polynôme de la formeP :xÞÑakxk On note KrXsl’ensemble des polynômes à coefficients dansK.
Définition 1(Notation des polynômes)
B Opérations de base
SoitP “
n
ř
k“0
akXk et Q“
d
ř
j“0
bjXj. On définit alors les polynômes suivants :
• P`Qest le polynôme défini parP`Q:xÞÑPpxq `Qpxq. On a alors P`Q“
maxpn,dq
ÿ
k“0
pak`bkqXk
où, par conventionak“0 si kąnetbk“0 sikąd.
• PourλPK,λP est le polynôme défini par λP :xÞÑλˆPpxq. On a alors λP “
n
ÿ
k“0
λakXk
• P Qest le polynôme défini par P Q:xÞÑPpxq ˆQpxq. On a alors P Q“
n`d
ÿ
k“0
ckXk où @kPJ0, n`dK, ck “
k
ÿ
j“0
ajbk´j
là encore, par conventionak “0 sikąnet bk “0 si kąd.
• P˝Qest le polynôme définit parP˝Q:xÞÑPpQpxqq. Il n’y pas vraiment d’écriture simple deP˝Q.
Définition 2
SoitP un polynôme.P est alors continu sur R Proposition 1
Démonstration. Il est évident queXest continu surR,Xkest donc continu surRen tant que puissance d’une fonction continu. EnfinP est continu surRen tant que somme de fonctions continues.
SoitP “
n
ř
k“0
akXk un polynôme à coefficients réels. AlorsP“0 si et seulement si tous ses coefficients sont nuls.
Théorème 2
Démonstration. — Il est évident que si tous les coefficients deP sont nuls alorsP est le polynôme nul.
— Réciproquement supposons queP est le polynôme nul, on a donc
@xPR,
n
ÿ
k“0
akxk“0
On va montrer par récurrence forte surkque, pour toutkPJ0, nK,ak “0 Initialisation
On aa0“Pp0q “0.
Détaillons comment procéder pour en déduire alors quea1“0, cela n’est pas nécessaire pour la récurrence mais permet d’éclairer la construction de la preuve.
Commea0“0 on a alors
@xPR, Ppxq “
n
ÿ
k“1
akxk “x
n´1
ÿ
j“0
aj`1xj
NotonsP1“
n´1ř
j“0
aj`1xj On a alors
@xPR, Ppxq “xP1pxq “0 D’où
@xPR˚, P1pxq “0 OrP1 est continu, ainsiP1p0q “lim
xÑ0P1pxq “ lim
xÑ00“0 OrP1p0q “a1.
On a donc biena1“0 Hérédité :
SoitkPJ0, nK. On suppose quea0“a1“ ¨ ¨ ¨ “ak´1“0 et on va montrer qu’alorsak“0 Commea0“a1“ ¨ ¨ ¨ “ak´1“0 on a donc
@xPR, Ppxq “
n
ÿ
i“k
aixi“xk
n´k
ÿ
l“0
al`kxl
NotonsPk“řn´k l“0 al`kxl On a alors
@xPR, Ppxq “xkPkpxq “0 D’où
@xPR˚, Pkpxq “0 OrPk est continu, ainsiPkp0q “limxÑ0Pkpxq “limxÑ00“0
P a
Soit P “
n
ř
k“0
akXk un polynôme à coefficients complexes. Alors P “ 0 si et seulement si tous ses coefficients sont nuls.
Théorème 3
Démonstration. — Il est évident que si tous les coefficients deP sont nuls alorsP est le polynôme nul.
— Réciproquement soitP“
n
ř
k“0
akXk oùa0, a1,¨ ¨ ¨, anq PCn`1. Supposons queP est le polynôme nul, on a donc
@xPC,
n
ÿ
k“0
akxk“0
PourkPJ0, nKnotonsak“rk`isk et définissons les deux polynômesR etS par R“
n
ÿ
k“0
rkxk et S“
n
ÿ
k“0
skXk
On a alorsRPRrXs,S PRrXset P “R`iS.
PourxPRon a
<pPpxqq “
n
ÿ
k“0
<pakxkq “
n
ÿ
k“0
<pakqxk “Rpxq
=pPpxqq “
n
ÿ
k“0
=pakxkq “
n
ÿ
k“0
=pakqxk “Spxq
D’où, commePpxq “0,
@xPR, Rpxq “0, et Spxq “0 D’après le théorème précédent on a alors
@kPJ0, nK, rk “0 et sk“0 D’où
@kPJ0, nK, ak“rk`isk “0
On peut alors résumer nos deux théorèmes
SoitP PKrXs,P est le polynôme nul si et seulement si tous ses coefficients sont nuls.
Corolaire 4
Une conséquence importante est le théorème suivant
Remarque2. Nous avons ici enfin la démonstration que deux polynômes sont égaux si leurs
coefficients sont égaux.
L’écriture développée d’un polynôme est unique.
En d’autres termes, si P “
n
ř
k“0
akXk “
d
ř
j“0
bjXj alorsn“det
@kPJ0, nK, ak“bk Théorème 5
Démonstration. SoitP“
n
ř
k“0
akXk etQ“
d
ř
j“0
bjXj. Si P “QalorsP ´Q“
maxpn,dq
ř
k“0
pak´bkqXk “0, où, par conventionak “0 sikąnet bj “0 si jądD’après les théorèmes précédents on a alors
@kPJ0,maxpn, dqKak“bk
C Degré d’un polynôme
1 Définition
SoitP “
n
ř
k“0
akXk un polynôme non-nul. (On posera degp0q “ ´8.)
On appelle degré deP, noté degpPqle plus grand entierktel que ak “0, c’est-à-dire degpPq “maxtkPJ0, nK, ak“0u
On appelle alors adegpPqle coefficient dominant deP etadegPXdegpPqle terme ou monôme dominant deP.
On note KnrXsl’ensemble des polynômes de degré inférieur ou égal àn.
Un polynôme de coefficient dominant égal à 1 est dit unitaire.
Définition 3(Degré d’un polynôme)
2 Propriétés
SoitP etQdeux polynômes etλPK˚. On a alors
• degpP`Qq ďmaxpdegpPq,degpQqq
• degpλPq “degpPq
• degpP Qq “degpPq `degpQq
• degpP˝Qq “degpPq ˆdegpQq Théorème 6
Démonstration. Les trois premiers points viennent des formes développées deP`Q,λP etPˆQ.
On pourrait donner une écriture développé deP˝Qpour prouver la dernière formule mais on va plutôt réinvestir notre connaissance des équivalents.
On a vu quePpnq „
nÑ`8adegpPqmdegpPq et queQpnq „
nÑ`8bdegpQqndegpQq. Ainsi, pourkPJ0,degpPqKon aQpnqk „
`8
`bdegpQqndegpQq˘k
`8„ bkdegpQqnkdegpQq On a, de plus, sikăl,
nÑ`8lim Qpnqk Qpnql “0 D’où
degpPq
ÿ
k“0
akQpnqk „
`8adegpPqQpnqdegpPq „
`8adegpPqbdegpPqdegpQqndegpQqˆdegpPq
Ce qui nous montre que degpP˝Qq “degpPq ˆdegpQqet que le coefficient dominant deP ˝Qest adegpPqbdegpPqdegpQq.
D Polynôme dérivé
1 Définition
Remarque3. SiP est à coefficients réels (et est donc une fonction deRdansRalors le polynôme dérivéP1 coïncide avec la dérivée de la fonction polynomialeP.
SoitP PKrXsavecP “
d
ř
k“0
akXk.
On appelle polynôme dérivé deP le polynôme, notéP1 défini par P1“
d
ÿ
k“1
kakXk´1
Remarque4. SiP est à coefficients
complexes il n’y a (à notre niveau) aucun lien entre les fonctions polynomialesP etP1.
On appellek-ième polynôme dérivée deP le polynôme notéPpkqdéfini par récurrence par
# Pp0q“P
@kPN Ppk`1q“ pPpkqq1 Définition 4(Polynôme dérivé)
2 Propriétés
SoitpP, Qq PKrXs2 etλPK. On a alors
• pλPq1“λP1
• pP`Qq1“P1`Q1
• pP Qq1“P1Q`P Q1
• pP˝Qq1“Q1ˆ pP1˝Qq
Si nPNon a la formule de Leibniz(Hors programme)pour les polynôme pP Qqpnq“
n
ÿ
k“0
ˆn k
˙
PpkqQpn´kq Proposition 7
Démonstration. SoitP“
n
ř
k“0
akXk etQ“
m
ř
k“0
bkXk, on a alors
— λP “
n
ř
k“0
λakXk, d’où
pλPq1“
n
ÿ
k“1
kλakXk´1“λ
n
ÿ
k“1
kakXk´1“λP1
— P`Q“
maxpn,mq
ř
k“0
pak`bkqXk, d’où
pP`Qq1“
maxpn,mq
ÿ
k“0
kpak`bkqXk´1“
maxpn,mq
ÿ
k“0
kakXk´1`kbkXk´1“
maxpn,mq
ÿ
k“0
kakXk´1`
maxpn,mq
ÿ
k“0
kbkXk´1“P1`Q1
— On aP Q“
n`d
ř
k“0
ckXk où
@kPJ0, n`mK, ck “
k
ÿ
j“0
ajbk´j
AinsipP Qq1“
n`m
ř
k“1
kckXk´1“
n`m´1
ř
i“0
pi`1qci`1Xi On a de plus
P Q1“
˜ n ÿ
k“0
akXk
¸ ˜m ÿ
k“1
kbkXk´1
¸
“
˜ n ÿ
k“0
akXk
¸ ˜m´1 ÿ
i“0
pi`1qbi`1Xi
¸
“
n`m´1
ÿ
i“0
diXi
où
@iPJ0, n`m´1K, di“
k
ÿ
j“0
ajpk´j`1qbk´j`1
et
P1Q“
˜ n ÿ
k“1
kakXk´1
¸ ˜m ÿ
k“0
bkXk
¸
“
˜ n ÿ
k“0
pi`1qai`1Xi
¸ ˜ m ÿ
k“0
bkXk
¸
“
n`m´1
ÿ
i“0
eiXi
où
@iPJ0, n`m´1K, ei“
k
ÿ
j“0
pj`1qaj`1bk´j
Ainsi
P1Q`P Q1“
n`m´1
ÿ
i“0
pdi`eiqXi“
n`m´1
ÿ
i“0
fiXi
où, pourkPJ0, n`m´1Kon a fk “dk`ek
“
k
ÿ
j“0
ajpk´j`1qbk´j`1`
k
ÿ
j“0
pj`1qaj`1bk´j
“
k
ÿ
j“0
ajpk´j`1qbk´j`1`
k`1
ÿ
l“1
lalbk´l`1 pl“j`1q
“ pk`1qa0bk`1`
k
ÿ
j“1
ajpk´j`1qbk´j`1`
k
ÿ
j“1
jajbk´j`1` pk`1qak`1b0
“ pk`1qa0bk`1` pk`1qak`1b0`
k
ÿ
j“1
ajpk´j`1qbk´j`1`jajbk´j`1
“ pk`1qa0bk`1` pk`1qak`1b0`
k
ÿ
j“1
ajpk`1qbk´j`1
“ pk`1q
k`1
ÿ
j“0
ajbk´j`1
“ pk`1qck`1
Ainsi
P1Q`P Q1“
n`m´1
ÿ
i“0
pi`1qci`1Xi“ pP Qq1
— La formule de pP ˝Qqse prouve en commençant par le cas Q“X, puis le cas Q“Xm avec mPNpuis en concluant par combinaison linéaire, on l’admettra ici.
— On procède par récurrence : Initialisation : Sin“0 on a
pP Qqp0q“P Q“ ˆ0
0
˙
Pp0qQp0q“
0
ÿ
k“0
ˆ0 k
˙
PpkqQp0´kq
Hérédité :
SoitnPN, on suppose que
pP Qqpnq“
n
ÿ
k“0
ˆn k
˙
PpkqQpn´kq
On a alors pP Qqpn`1q“
˜ n ÿ
k“0
ˆn k
˙
PpkqQpn´kq
¸1
“
n
ÿ
k“0
ˆn k
˙´
PpkqQpn´kq
¯1
“
n
ÿ
k“0
ˆn k
˙´
Ppk`1qQpn´kq`PpkqQpn´k`1q¯
“
n
ÿ
k“0
ˆn k
˙˜
Ppk`1qQpn´kq`
n
ÿ
k“0
ˆn k
˙
PpkqQpn´k`1q
¸
“
n`1
ÿ
i“1
ˆ n i´1
˙
PpiqQpn`1´iq`
n
ÿ
k“0
ˆn k
˙
PpkqQpn´k`1q
“ ˆn
n
˙
Ppn`1qQp0q`
n
ÿ
k“1
ˆ n k´1
˙
PpkqQpn`1´kq`
n
ÿ
k“1
ˆn k
˙
PpkqQpn´k`1q` ˆn
0
˙
Pp0qQpn`1q
“Ppn`1qQp0q`
n
ÿ
k“1
ˆˆ n k´1
˙
` ˆn
k
˙˙
PpkqQpn`1´kq`Pp0qQpn`1q
“ ˆn`1
n`1
˙
Ppn`1qQp0q`
n
ÿ
k“1
ˆn`1 k
˙
PpkqQpn`1´kq` ˆn`1
0
˙
Pp0qQpn`1q
“ `
n`1
ÿ
k“0
ˆn`1 k
˙
PpkqQpn`1´kq
Ce qui prouve l’égalité au rangn`1 et achève la récurrence.
3 Lien avec le degré
SoitP PKrXsun polynôme non constant. On a alors degpP1q “degpPq ´1 et, par suite, si degpPq ěk
degpPpkqq “degpPq ´k Théorème 8
Démonstration. Le premier point vient simplement de la définition deP1 et le second en découle par récurrence.
4 Formule de Taylor : hors programme.
Remarque5. On a une écriture très pratique des coefficients en fonction des dérivées.
Ces résultats sont hors programmes mais extrêmement classiques.
SoitP PKrXsun polynôme de degré n. Alors P “
n
ÿ
k“0
Ppkqp0q k! Xk Théorème 9(Formule de Taylor-Mac Laurin)
Démonstration. SoitP“řn
k“0akXk. On a alors
— Pp0q “a0
— P1“
n
ř
k“1
kakXk´1, d’où P1p0q “1a1
— P2“ řn
k“2
kpk´1qakXk´2, d’oùP2p0q “2ˆ1a2“2a2
— ¨ ¨ ¨
— Ppiq“ řm
k“i
kpk´1qpk´2q ¨ ¨ ¨ pk´i`1qXk´i “ řm
k“i k!
pk´iq!Xk´i, d’oùPpiqp0q “i!ai
— ¨ ¨ ¨ On a donc
@kPJ0, nK, ak “Ppkqp0q k!
D’où le résultat voulu
On peut généraliser ce résultat
SoitP PKrXsun polynôme de degré netλPK. Alors P “
n
ÿ
k“0
Ppkqpλq
k! pX´λqk Théorème 10(Formule de Taylor)
Démonstration. SoitQle polynôme défini par
@xPK, Qpxq “Ppx`λq
C’est-à-direQ“PpX`λq.
On voit alors que
@iPN, Qpiq“PpiqpX`λq On a alors
Q“
n
ÿ
k“0
Qpkqp0q k! Xk “
n
ÿ
k“0
Ppkqpλq k! Xk D’où
P “QpX´λq “
n
ÿ
k“0
Ppkqpλq
k! pX´λqk
II Racines et factorisation
A Racine simple
1 Définition
SoitP PKrXset aPK. On dit queaest une racine deP siPpaq “0.
Définition 5(Racine d’un polynôme)
2 Factorisation
SoitP PKrXsun polynôme non-constant et soitQPKrXs. On dit que P se factorise par Qs’il existe RPKrXstel queP “QR.
Définition 6(Factorisation par un polynôme)
SoitP PKrXset λPK.
P se factorise parX´λsi et seulement siλest une racine deP. Théorème 11(factorisation et racine)
Démonstration. On poseP “ řn
k“0
akXk
Supposons que P se factorise par X ´a, il existe alors R tel que P “ pX ´aqR, on a alors Ppaq “ pa´aqRpaqd’oùPpaq “0.
Réciproquement supposons quePpaq “0.
On rappelle la formule de factorisation vue au chapitre 3 : Soitpa, bq PK2 etkPN˚
ak´bk “ pa´bq ˆ
k´1
ÿ
i“0
ak´1´ibi
PourxPRon a
Ppxq ´Ppλq “
n
ÿ
k“0
ak`
xk´λk˘
““
n
ÿ
k“1
ak
`xk´λk˘
“
n
ÿ
k“1
akpx´λq
k´1
ÿ
i“0
λk´1´ixi
“ px´λq
n
ÿ
k“1
ak k´1
ÿ
i“0
λk´1´ixi
NotonsQk“řk´1
i“0λk´1´iXiPKrXset Q“řn
k“1akQkPKrXs.
On a alors
P´Ppaq “ pX´aqQ D’oùP “ pX´aqQ,P se factorise bien parX´a.
Exemple 1. On a
—
P “6X3`X2´19X`6“ pX`2qp2X´3qp3X´1q
—
Q“X4´6X2`7X´6“ pX´2qpX`3qpX´X`1q “ pX´2qpX`3q ˆ
X´1´i? 3 2
˙ ˆ
X´1`i? 3 2
˙
SoitP un polynôme nul et soitpλ1,¨ ¨ ¨ , λkq PKk des racines distinctes deP. Alors il existe QPKrXstel que
P“ pX´λ1qpX´λ2q ¨ ¨ ¨ pX´λkqQ En particulier on akďdegpPq
Théorème 12(factorisation et racines)
Démonstration. D’après le théorème précédent, comme Ppλ1q “ 0 alors il existe Q1 tel que P “ pX´λ1qQ1.
On a alorsPpλ2q “ pλ2´λ1qQ1pλ2q “0. Ainsiλ2 est une racine deQ1, on peut donc factoriser Q1 parX´λ2.
On en tire alorsQ2 tel queQ1“ pX´λ2qQ2, d’où
P “ pX´λ1qpX´λ2qQ2
On répète ce procédékfois de suite et on trouveQtel que P“ pX´λ1qpX´λ2q ¨ ¨ ¨ pX´λkqQ
On a en particulier
degpPq “degppX´λ1qpX´λ2q ¨ ¨ ¨ pX´λkqq `degpQq “k`degpQq ěk
B Racines multiples
1 Définition
On va préciser la définition d’une racine d’un polynôme
Soit P PKrXset λPK. On dit queλest une racine deP s’il existemPN˚ et QPKrXs tels que
P“ pX´λqmQ avecQpλq ‰0.
On appelle alorsml’ordre de multiplicité deλou simplement la multiplicité deλ.
Définition 7(Racine multiple)
Remarque6. Sim“1 on parle de racine simple, sim“2 on parle de racine double, sim“3 de racine triple, etc.
2 Multiplicité et dérivation
SoitP PKrXset λPK.
P est factorisable parpX´λqmsi et seulement si
Ppλq “P1pλq “ ¨ ¨ ¨ “Ppm´1qpλq “0 Théorème 13
Démonstration. — Supposons que P est factorisable par pX ´λqm„ soit alors Q tel que P “ pX´aqmQ. D’après la formule de Leibniz on a, pourkPJ0, m´1K
Ppkq“
k
ÿ
i“0
ˆk i
˙ m!
pm´iq!pX´λqm´iQk´i D’où
Ppkqpλq “
k
ÿ
i“0
ˆk i
˙ m!
pm´iq!pλ´λqm´iQk´ipλq “0 Réciproquement on va montrer par récurrence surmě1 que, si
Ppλq “P1pλq “ ¨ ¨ ¨ “Ppm´1qpλq “0 alorsP se factorise parpX´λqm
Initialisation
Pourm“1 cela correspond au théorème??
Hérédité
SoitPPKrXstel que
Ppλq “P1pλq “ ¨ ¨ ¨ “Ppmqpλq “0 On a en particulier
Ppλq “P1pλq “ ¨ ¨ ¨ “Ppm´1qpλq “0
Ainsi, par hypothèse de récurrence, P se factorise par pX ´λqm. Soit donc Q tel que P “ pX´λqmQ.
D’après la formule de Leibniz on a alors Ppmq“
m
ÿ
k“0
ˆm k
˙ m!
pm´kq!pX´λqm´kQpm´kq“m!Q`
m
ÿ
k“1
ˆm k
˙ m!
pm´kq!pX´λqm´kQpm´kq
Ainsi
On a doncQpλq “0,Qse factorise ainsi parX´α. SoitR tel queQ“ pX´αqR. On en tire alors
P “ pX´λqmQ“ pX´λqm`1R
P se factorise donc bien parpX´λqm`1ce qui prouve la propriété au rang m`1 et achève la récurrence.
On aurait aussi pu utiliser la formule de Taylor enλpour arriver rapidement au résultat (mais le résultat est hors-programme).
SoitP PKrXset λPK.
λest une racine de multiplicitémdeP si et seulement si
Ppλq “P1pλq “ ¨ ¨ ¨ “Ppm´1qpλq “0 et Ppmqpλq ‰0 Corolaire 14
C Existence de racine
1 Dans C rXs
Existe-t-il toujours des racines à un polynôme ? Il s’agit d’une question qui a intéressé les mathé- maticiens pendant longtemps à laquelle il a fallu plusieurs siècles pour avoir une réponse complète
SoitP PCrXs(remarquons queRrXs ĂCrXs). AlorsP admet au moins un racine dansC. Théorème 15(de D’Alembert Gauss)
Remarque 7. — On appelle aussi parfois ce théorème le théorème fondamental de l’algèbre (bien que la plupart de ses preuves soient analytiques)
— Ce théorème a été énoncé pour la première fois sous cette forme par Jean Le Rond D’Alembert en 1746, Albert Girard en avait eu la première intuition en 1629 mais ne disposait pas des nombres complexes. Il a fallu attendre le 19e siècle pour voir apparaître des preuves complètes, d’abord par Jean Robert Argand en 1814, puis par Gauss en 1815,1816 et 1849.
— Ce résultat est non constructif, il nous assure de l’existence d’une racine mais ne nous donne pas de moyen de la trouver. On connait des méthodes pour les polynômes de degré 1, 2, 3 (méthode de Cardan) et 4 (méthode de Ferrari) et Niels Abel a prouve qu’il n’existait pas de méthode générale pour les degrés supérieurs ou égaux à 5.
Démonstration. Il est bien évident que l’on admet ce résultat
Tout polynôme de degré n à coefficients complexes peut s’écrire comme le produit de n polynôme du premier degré.
Corolaire 16
Démonstration.
Remarque8. Les polynômes réels étant des cas particuliers des polynômes complexes ce résultat s’applique également à eux.
Soit P P CrXs un polynôme de degré n. P admet alors exactement n racines complexes comptées avec multiplicité
Théorème 17
2 Dans R r X s
Le cas des polynômes réels est un peu plus compliqué, si l’on sait qu’ils ont des racines complexes, rien ne nous assure qu’ils ont des racines réelles. On peut toutefois obtenir quelques résultats
SoitP PRrXsetλPCune racine deP de multiplicitém. Alors ¯λest également une racine deP de multiplicitém.
Proposition 18
Démonstration. On a
Ppλq “P1pλq “ ¨ ¨ ¨ “Ppm´1qpλq “0 et Ppmqpλq ‰0 Or, pourkPJ0, mKetxPCon a
Pp¯xq “
n
ÿ
k“0
akx¯k “
n
ÿ
k“0
akx¯k“
n
ÿ
k“0
¯ akx¯k “
n
ÿ
k“0
akxk “Ppxq
On a ainsi
Ppλq “¯ P1pλq “ ¨ ¨ ¨ “¯ Ppm´1qpλq “¯ ¯0“0 et Ppmqpλq “¯ Ppmq¯pλq ‰0 λ¯ est donc bien une racine deP de multiplicitém.
SoitP PRrXsun polynôme de degré impair. AlorsP admet au moins une racine réelle.
Corolaire 19
Démonstration. Les résultats précédents nous assurent que
— P admet degpPqracines comptées avec multiplicité.
— P admet un nombre pair de racines complexes non réelles Ceci implique queP admet forcément une racine réelle.
SoitP PKrXsun polynôme de degré n. SiP s’annule enn`1 points distincts alorsP est le polynôme nul.
Théorème 20
Démonstration. SoitP PKrXsun polynôme de degrénet soitλ1,¨ ¨ ¨ , λn`1n`1 points d’annulation deP.
Alors on ne considère que lesnpremiers, on peut factoriser P parpX´λ1q,pX´λ2q, etc, soit P “ pX´λ1qpX´λ2q ¨ ¨ ¨ pX´λnqK
oùK est un polynôme de degrén´n“0 donc une constante.
Alors, en évaluant cette expression enλn`1 on obtient
0“Ppλn`1q “Kpλn`1´λ1qpλn`1´λ2q ¨ ¨ ¨ pλn`1´λnq Lespλiq1ďiďn`1sont deux à deux distincts, on a ainsi
pλn`1´λ1qpλn`1´λ2q ¨ ¨ ¨ pλn`1´λnq ‰0 D’oùK“0 et, par suite
P “ pX´λ1qpX´λ2q ¨ ¨ ¨ pX´λnqK“0
Exemple 2. — FactoriserP “X6´7X5`17X4´16X3`8X2´16X`16 parpX´2qautant de fois que possible
— FactoriserQ“X5`6X4`11X3`11X2`6X`1 parpX`1“autant de fois que possible
— FactoriserR X4 4X3 8X2 4X 1 parpX 2qautant de fois que possible