A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
G. B ERSON
Sur l’aimantation du nickel, influence de la longueur des barreaux
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 1resérie, tome 6, no4 (1892), p. K1-K10
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K.I SUR
L’AIMANTATION DU NICKEL,
INFLUENCE DE LA LONGUEUR DES BARREAUX,
PAR M. G.
BERSON,
Professeur de Physique à la Faculté des Sciences de Toulouse.
1. Je me suis
proposé
de résoudre pour le nickel l’un desproblèmes
que M. Mascart a traités pour le fer il y aquelques
années(’ ~,
c’est-à-dire de rechercher commentvarie,
dans unchamp
uniformedonné,
l’intensité moyenne d’aimantation d’uncylindre
de nickelplacé parallèlement
auchamp quand
varie lerapport
de lalongueur
ducylindre
à son diamètre.Le
quotient
de cette intensité moyenne A par la force duchamp
donne uncoefficient moyen d.’aimantation
f, qui
aurait pour limite le coefficient d’aimantation k caractérisant lasusceptibilité magnétique
du corps dans cechamp
si lecylindre
était infinimentlong.
L’intensité moyenne d’aimanta- tion étant lequotient
du momentmagnétique
M par levolume,
le calculde ce nombre A
exige
la détermination du momentmagnétique.
2. Le moment
magnétique
M du barreau est mesuré par la méthode deGauss,
l’aimant étantplacé
horizontalement dans unplan perpendiculaire
au méridien
magnétique
etpassant
par le centre du déclinomètre. La lon- gueur de l’aimant du déclinomètre est de3cm, 15.
Laplus grande longueur
des barreaux sur
lesquels j’ai expérimenté
est de 80cm et leur milieu étaittoujours placé
à une distance de du milieu de l’aimant dévié. Onpeut,
dans cesconditions, remplacer
la distance des diverspoints
du bar-{ 1 ) Journal de Physique, ~e série, t. V, p. 293.
reau déviant aux
pôles
de l’aimant du déclinomètre par leur distance aucentre de ce dernier : le moment du
couple qui prod.uit
la déviation n’est altéré que deo,oo16
ou debeaucoup
moins de5 ~
de sa valeur par cetteapproximation.
La formulequi
donne M devient alorsH étant la
composante
horizontale terrestre,r la distance des centres des deux
barreaux,
a la
déviation,
2 1 la distance des
pôles
de l’aimant déviant.La distance de l’échelle au miroir du déclinomètre est de
3~6~’~;
si donc~ est le
déplacement
lu surl’échelle, correspondant
à la déviation a, la formule deviendraLe
nombre S
est déterminé par lepointé
de troisélongations
successives du déclinomètre.La composante horizontale terrestre H est connue à la
place
même oc-cupée
par ledéclinomètre,
au moyen d’unpetit
barreau auxiliaire de mo- mentmagnétique
m, par la détermination de mH et dem.
Elle a ététrouvée
égale
ào, 2/ 8o
C. G. S. Ce nombre élevé(l’Annuaire
du Bureaudes
Longitudes
ne donne pour valeur de H à Toulouse queo, z I 6!t )
s’ex-plique
par le fait que mesexpériences
ont été effectuées dans un labora- toire du sous-sol de la Faculté desSciences,
dont leplafond
est membré defortes
poutres
d’un ferplus
ou moins aciéréqui
s’était certainement aimanté sous l’action de la Terrependant qu’il
était travaillé.La
longueur l
a été déterminée defaçons
diverses. Pour certains bar-reaux
ayant
étédéjà
étudiés dans des recherches antérieures1 ’ ), 1
a étécalculé
d’après
les formulesreprésentant
la distribution de la couche fictivesur les
parois
latérales et sur les basesterminales ;
c’est ainsi que lespôles
(1) Annales de Chimie et de Physique, 6e série, t. VIII, p. ~~6, et Journal de Physique,
2e série, t. V, p. 452.
ont été trouvés à une distance des sommets
égale
àPour
d’autres,
1 a été calculé en mesurant le momentmagnétique
NI àdes distances différentes du déclinomètre. Pour deux distances r et
r’,
ona les
équations
l’égalité
des deux derniersrapports
fait connaître l.Le
champ
uniformeémployé
est lechamp
intérieur d’unelongue
bobinede 130cm de
longueur
et de 3°m dediamètre,
dont l’action propre étaitcompensée
par celle d’une autre bobine courteplacée
de l’autre côté du déclinomètre et traversée par le même courant. Lacompensation
des bo-bines était
toujours
vérifiée avant etaprès
lesopérations
surchaque
bar-reau. La bobine
magnétisante
est formée de trois couches despires
de1030,
1022 et rot5spires,
cequi
donne comme nombre despires
par unité delongueur n,
=25,65.
La force duchamp
est F -=41t nt I,
1 étant l’in-~
tensité du courant mesurée en unités C. G. S. par un
galvanomètre apério- dique Deprez-d’Arsonval, placé
sur un shunt etgradué.
3. J’ai
opéré
sur diverses sortes de nickel dans deschamps
variant de oà
146
C.G.S. Unepartie
de mesexpériences
aporté
sur du fil de nickel deocm,135
dediamètre,
de densité8, ~4 ,à
22°. C’est un nickel contenantun peu moins de 1 pour 100 de fer. Les
tiges découpées
dans ce fil avaient deslongueurs
croissant de 10 en 10 centimètresdepuis
ojusqu’à 80 ;
lesrapports
deslongueurs
aux diamètres étaient donc de74,07
i48,r5 222,22 296,303~0,38
444,44 518,535g2,~o.
J’ai
employé
aussi des barreaux dont la section carrée a 2 de côté et , dont leslongueurs
sont de 18cm et2~~m.
Ce métal a été obtenu par lelaminage
d.e cahiers de feuillesmétalliques déposées
parl’électrolyse.
Aussisa densité n’est-elle que de
7 ,03.
Lesrapports
deslongueurs
aux diamètresdes sections circulaires
équivalentes
sont deCes différents échantillons de nickel ne sont pas
chimiquement
purs,surtout les
premiers.
Laprésence
d’unepetite quantité
de substancesétrangères
modifie certainement leursusceptibilité magnétique ;
on saitque les
alliages
de fer et de nickelprésentent,
aupoint
de vuemagnétique,
de curieuses
singularités.
Leregretté
M.Debray, qui
s’était intéressé àmes
recherches,
avait bien voulu mepromettre
de medonner,
si cela luiétait
possible,
du nickel pur;après
des tentativesmultiples
etégalement
infructueuses pour obtenir des
lingots pouvant
être amenés en barreaux par desprocédés mécaniques,
M.Debray
me remit du nickel pur enpoudre
et engrenaille.
J’ai construit descylindres métalliques
en tassantcette
poudre
et cettegrenaille
dans des tubes de verre deplusieurs
ca-libres : c’était
toujours
le mêmenickel,
recuit constamment à la mêmetempérature
de3!~0°, occupant toujours
le mêmevolume Ioeme, 270
sousdes
longueurs
allant de lesrapports
deslongueurs
aux dia-mètres sont de
3,000 6,458 28,34 62,24 et ]65,44;
la densité est de 2 ,77.
4. Aimantation totale. - Pour les
fils,
les variations de l’intensité moyenne d’aimantation totale sont données par le Tableausuivant,
danslequel
lapremière
colonne contient les valeurs duchamp
F en unitésC. G. S.,
et les autres colonnes les valeurs absolues de A.Tableau 1.
On voit que :
i ° Pour les
petites forces,
A croîtrapidement
avec lalongueur
de latige;
2° Cet accroissement est de moins en moins
rapide
à mesure que la valeur de la forces’élève ;
3° Cet accroissement est surtout
marqué
pour lestiges
depetite
lon-gueur.
Ainsi,
dans unchamp égal
à18,32,
lerapport
de l’accroissement de la valeur de A à sa valeur moyennequand
lalongueur
passe de i ocm à 20cm est de 0,lg0, tandisquelle
n’estplus
que de o, 01 lquand
on passe d’un fil de70cm
à un fil dePour les barreaux
carrés,
dont la densité est moindreque
celle des filsprécédents,
l’intensité moyenne d’aimantation estbeaucoup plus petite.
Tableau II.
Les nombres sont certainement un peu faibles pour le barreau de 18cm dont un des bouts s’est
légèrement
effeuillé. Sous le bénéfice de cetteremarque, les ’conclusions sont les mêmes que les
précédentes.
Enfin,
pour les barreaux constitués avec de lagrenaille
et de lapoudre
de
nickel,
l’alluregénérale
duphénomène
est encore lamême,
commecela résulte du Tableau suivant :
Tableau IIl’.
On
peut
remarquer que, en raison de la faible densité dumétal,
l’in-tensité moyenne d’aimantation varie faiblement d’un
cylindre
àl’autre,
sauf pour les très courts barreaux dont la
longueur
n’est que lesextuple
ou le
triple
du diamètre.5. Si l’on considère d’autre
part
lerapport f
de l’intensité moyenne d’aimantation totale à la force duchamp
de labobine, f = A/F, on
sait quece
nombre,
d’abordcroissant,
atteint bientôt un maximum pour tendre ensuite vers zéroquand
la forcemagnétisante
augmente indéfiniment. Ontrouve ci-dessous les Tableaux des valeurs de
f correspondantes
auxinten-
sités d’aimantation des Tableaux
précédents
etqui,
pour un mêmechamp,
leur sont évidemment
proportionnelles.
Le Tableau IV est relatif auxtiges
de nickel deo~m,135
de diamètre.Tableau IY.
Le Tableau V se
rapporte
aux barreaux de section carrée.Tableau Y.
Enfin le Tableau VI donne les valeurs du coefficient
f
pour lescylindres
de
poudre
de nickel.Tableau YI.
On
voit,
àl’inspection
de cesnombres,
que pour les fils le maximum alieu
beaucoup plus rapidement
que pour les barreaux de faible densité.Ainsi,
pour les fils dont laplus petite longueur
estI ocm,
il est atteint dansun
champ
auplus égal
à4 r , 5,
tandis que, pour les barreaux carrés et lestubes,
il ne seprésente
que dans deschamps dépassant
70 et allantjus- qu’au
delà de go.Pour ces derniers
cylindres,
le coefficientf
estfaible,
il nedépasse guère
Il en résulte que lephénomène
serapproche
de celui des métauxpeu
magnétiques
oudiamagnétiques :
l’intensité d’aimantation est sensi- blementproportionnelle
àF,
sauf pour lesgrandes
valeurs de cetteforce ;
par
suite, f
varie très peu pour un même barreau etmême,
àl’exception
des
cylindres
depetite longueur, change
peuquand
on passe d’un barreau à un autre. Onpeut présumer
que la valeur maxima limite def
diffèrepeu de
o,io3, qui
serait ainsi le maximum du coefficient d’aimantation k du nickel sous cette forme et sous cette densité.D’autre
part,
le maximum de la valeurde f
seprésente
pour une force d’autantplus
faible que le barreau estplus long.
Onpeut
déterminerapproximativement
cette force par la construction de la courbe d’aiman- tation àlaquelle
on mène latangente
issue del’origine.
Pour les filsde
i ocm,
cette force est del~ 1, 5,
tandis que, pour le fil de8o~m,
elle n’estplus
que de25,5 ;
pour les autresfils,
les forcescorrespondantes
au maxi-mum de
f
s’échelonnent entre ces deux nombres.Enfin,
à mesure que s’abaisse cetteforce,
la valeur du maximumde f
s’élève : pour le fil de le maximum est de
t48/,955
-4,566
et, pour lefil de
80cm
il est de~
=6,698.
6. Aimantation résiduelle. - L’aimantation résiduelle du nickel
pré-
sente, en
général,
les mêmesvariations,
maisplus
accentuées que l’aiman- tation totale. .Tableau VII.
Tableau VIII.
Pour les
cylindres
de nickel enpoudre,
y l’aimantation résiduelle est si faible que les erreurs d’observationspeuvent
être une fractionimportante
de sa valeur : nous n’en
parlerons
pas.On
peut
faire sur le coefficientf
relatif à l’aimantation résiduelle lesmêmes remarques que dans le cas de l’aimantation totale. ’
Tableau IX.
7. Aimantation
temporaire.
-- Onconçoit
l’accroissement continu des intensités d’aimantation totale et d’aimantation résiduelle avec lalongueur
du barreau. L’aimantation induite est, en
effet,
la somme des termes d’unesérie convergente à termes alternativement
positifs
etnégatifs.
Lepremier
terme serait l’aimantation uniforme due au
champ
uniforme de labobine;
le deuxième terme, de
signe contraire,
serait l’aimantation due à la forceprovenant
de cette aimantationuniforme;
le troisième terme, de mêmesigne
que lepremier,
résulterait de la force émanée dumagnétisme qui correspond
audeuxième,
etc. Les deuxpremiers
termes sont clairement d’uneimportance
trèsprépondérante.
Or lepremier
terme est le mêmepour les barreaux de toutes les
longueurs
et de toutes lessections,
ledeuxième
dépend
de lalongueur
et de la section. Pour des barreaux de mêmesection,
à une distance donnée d’uneextrémité,
la forceprovenant
de l’aimantation uniforme
correspondant
aupremier
terme de la série estd’autant
plus petite
que le barreau estplus long
et,par suite,
le deuxièmeterme est d’autant
plus petit :
d’où l’accroissement de l’aimantation induiteavec la
longueur
destiges placées
dans unchamp
donné.Le raisonnement ne
s’applique plus
à l’aimantationtemporaire. Sup-
posons, en
effet,
tout d’abord que, dans des fils de même section et de lon- gueursdiverses,
l’aimantation totale soit la même àpartir
des extrémités.La force
démagnétisante
en unpoint
situé à une distance donnée du boutsera d’autant
plus petite
que le barreau seraplus long.
Au momentprécis
où le courant de la bobine est
interrompu,
cette forcedémagnétisante
existe seule et l’on
conçoit
que, conformément aux idéesqui
résultent desexpériences
de M.Ewing,
les aimants moléculairesqui
constituent le bar-reau reviennent vers une
position d’équilibre
d’autantplus éloignée
de laprécédente
que cette forcedémagnétisante
seraplus grande,
c’est-à-dire que l’aimantationtemporaire
varie en sens contraire de lalongueur
de l’ai-mant.
Toutefois,
commeje
l’aimontré,
des barreauxplacés
dans le mêmechamp prennent
une aimantation totalequi
est une fonction croissante durapport
de lalongueur
au diamètre : c’est cequi explique
que, pour lesbarreaux
longs,
l’aimantationtemporaire
cesse de diminuerquand
la lon-gueur
augmente,
et même deviennecroissante,
comme il résulte du Ta- bleau X( ~ ~
relatif aux fils de nickel deocm,135
de diamètre.Tableau X.
Quant
aurapport f
de l’aimantationtemporaire
à la force duchamp,
il( i ) Les Tableaux X et XI ne portent que les différences des nombres homologues des
Tableaux 1 et VII et des Tableaux IV et IX. Ils ne sont donnés ici que pour faciliter la lecture de ce travail.
K.IO
atteint très vite son
maximum;
la forcecorrespondante
pour les fils de nickel esttoujours
inférieure àquinze
unités.Tableau XI.
8. Je ferai remarquer, en
terminant,
que les coefficientsqui
caractérisent les échantillons de nickel soumis à mesexpériences
décroissentbeaucoup plus
vite que la densité destiges,
cequi
nepermet
malheureusement de rien inférer des nombres trouvés sur le nickel enpoudre
pour le nickel puren
lingot.
Il existe d’ailleurs une concordance
remarquable
entre les conclusions de mon étudeexpérimentale
sur le nickel et les résultatscorrespondants
que M. Mascart a déduits de ses recherches sur l’aimantation du fer.