Ministère de l'emploi, de la cohésion sociale et du logement
Juillet 2005 - N° 28.1
LES EXPOSITIONS AUX PRODUITS CANCÉROGÈNES
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2 370 000 personnes, soit 13,5 %
des salariés du champ étudié,
sont exposées à un ou plusieurs
produits cancérogènes (encadré
1). Ce constat résulte de
l'en-quête Sumer 2003. 1 800
méde-cins enquêteurs ont cherché à
identifier les produits chimiques
auxquels 50 000 salariés étaient
exposés lors de la semaine
pré-cédant leur visite médicale
(encadré 2).
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70 % des salariés exposés sont
des ouvriers, et plus
particulière-ment des ouvriers qualifiés.
Autre catégorie touchée, les
pro-fessions intermédiaires de
l'in-dustrie et du secteur de la santé
représentent près de 20 % des
personnes exposées.
Cinq secteurs parmi 36 exposent
au moins 35 % de leurs salariés
aux cancérogènes : commerce et
réparation automobile,
métallur-gie et transformation des
métaux, industries du bois et du
papier, industrie des produits
minéraux et construction. Dans
l'industrie de la chimie, 26 %
des salariés sont exposés. Cinq
secteurs concentrent à eux seuls
la moitié des salariés exposés
aux cancérogènes : la
construc-tion (18 % des salariés exposés),
le commerce et réparation
auto-mobile (10 %), la métallurgie, les
services opérationnels et la
santé (chacun 7 %).
Les salariés employés à des
fonctions de type installation,
entretien, réglage et réparation
sont les plus exposés : une fois
et demie plus que les salariés de
production et quatre fois plus
que les salariés de la
manuten-tion, du magasinage ou du
transport. Dans ces fonctions de
maintenance, on trouve une plus
grande proportion de jeunes
apprentis ou en contrats de
for-mation. Ces derniers sont
d'ailleurs les plus exposés (19 %
contre 15 % des intérimaires,
10 % des CDD et 14 % des CDI).
Les salariés exposés de la
main-tenance sont plus souvent en
contact avec plusieurs produits
cancérogènes : 46 % d'entre eux
sont exposés à deux
cancérogè-nes ou plus, contre 30 % des
salariés exposés de la
produc-tion et 22 % de l'ensemble des
salariés exposés.
Les hommes sont quatre fois
plus exposés aux cancérogènes
que les femmes. Les secteurs où
l'exposition est la plus forte sont
en effet très majoritairement
masculins. Même dans des
secteurs très féminisés comme
l'éducation et la santé - action
sociale, les femmes sont deux
fois moins exposées que les
hommes. Le secteur des services
personnels et domestiques, aux
trois quarts féminin, est le seul
qui expose davantage les
fem-mes que les homfem-mes (28 %
contre 14 %). Les femmes ne
représentent que 16 % des
sala-riés exposés à des cancérogènes,
et la moitié d'entre elles se
concentrent dans ces trois
sec-teurs du tertiaire.
Tous les produits évoqués ici
n'ont pas les mêmes effets
can-cérogènes, mais ils ont en
com-mun la difficulté ou
l'impossibi-Tableau 1
Les cancérogènes pris en compte en 2003
Classement Nombre Taux Proportion
Produit de d’exposition de
euro- CIRC salariés pour « scores »
péen exposés 1 000 supérieurs
salariés à 2 *
2A Gaz d'échappement diesel ... 727 500 42 28 1 Huiles entières minérales ... 669 100 38 24 1 1 Poussières de bois ... 379 900 22 43 1 Silice cristalline ... 269 000 15 36 2 2A Trichloroéthylène ... 153 600 9 10 3 1 Formaldéhydes ... 153 600 9 11 1 1 Goudrons de houille et dérivés ... 117 100 7 35 1 1 Chrome et dérivés ... 108 000 6 25 1 1 Amiante ... 106 600 6 10 2 2B Hydrocarbures halogénés et/ou nitrés ... 104 100 6 20 2 2B Fibres céramiques ... 104 000 6 13 1 1 Nickel et dérivés ... 97 700 6 26
1 Fumées dégagées par les procédés
dans la métallurgie (HAP) ... 92 900 5 44 1 et 2 1 à 3 Amines aromatiques ... 70 800 4 22 1 à 3 Cytostatiques ... 69 200 4 10 2 2B Cobalt et dérivés ... 47 600 3 28 1 1 Benzène (sauf carburants) ... 47 400 3 21 3 2A Perchloroéthylène ... 47 400 3 28 3 1 Résines formophénoliques... 39 400 2 31 1 Fumées de vulcanisation ... 38 300 2 43 2A Carbures métalliques frittés ... 36 500 2 19 2 2A Acrylamide ... 27 800 2 20 2 1 Cadmium et dérivés ... 27 700 2 25 2 2A Épichlorhydrine ... 19 700 1 17 1 1 Arsenic et dérivés... 13 800 1 14 2A PBB et PCB ... 9 900 1 19 2 1 Oxyde d'éthylène ... 8 900 1 17 2 2A Nitrosamines... 8 500 0 9 * voir encadré 3 Évaluation du CIRC
- groupe 1 : l'agent ou le mélange est cancérogène pour l'homme - groupe 2 : 2A = probablement cancérogène pour l'homme
2B = pourrait être cancérogène pour l'homme
- groupe 3 : l'agent ou le mélange ne peut être classé du point de vue de sa cancérogénécité pour l'homme - groupe 4 : l'agent ou le mélange est probablement non cancérogène pour l'homme
Évaluation de la directive européenne
- catégorie 1 : substances et préparations que l'on sait être cancérogènes pour l'homme
- catégorie 2 : substances et préparations pour lesquelles il existe une forte présomption que l'exposition de l'homme à de telles substances et préparations peut provoquer un cancer ou en augmenter la fréquence - catégorie 3 : substances et préparations préoccupantes pour l'homme en raison d'effets cancérogènes possibles, mais pour lesquelles les informations disponibles sont insuffisantes pour classer ces substances et préparations dans la catégorie 2.
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Sources : Dares, DRT. Sumer 2003.
Encadré 1
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Parmi les 83 produits ou familles de produits chimiques répertoriés dans le questionnaire SUMER 2002-2003, 28 sont identifiés comme cancérogènes. Les rayonne-ments ionisants ne sont pas pris en compte dans le cadre de cette étude.
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Cette identification repose sur l'appartenance aux catégories 1 ou 2A du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) ou aux catégories 1 ou 2 de la classifi-cation européenne. Les produits certainement cancérogènes pour l'homme sont dans les catégories 1 du CIRC et de l'annexe de la directive européenne. Les produits probablement cancérogènes pour l'homme sont les catégories 2A du CIRC et 2 de la liste européenne.
Le choix de cette définition est motivé par la volonté d'établir une vision large des situations d'exposition à des produits cancérogènes. Les classements ne sont pas identiques dans les deux listes pour certains produits : par exemple les gaz d'échappement diesel sont en 2A pour le CIRC et ne sont pas classés dans la liste euro-péenne, le perchloréthylène est classé 2A par le CIRC et 3 par l'Union européenne. A contrario, les fibres céramiques sont en catégorie 2 pour l'Union européenne et 2B pour le CIRC.
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Selon que l'on se réfère à l'une ou l'autre liste, le nombre de situations d'expositions varie. Si on se réfère aux catégories 1 et 2 de l'Union européenne, SUMER recense 1,4 millions de situations d'exposition concernant 6,3 % salariés. Si on se réfère aux catégories 1 et 2A du CIRC, le nombre de situations d'expositions est de 3,4 millions touchant 13,3 % salariés. Enfin, si l'on prend en compte l'ensemble des catégories citées des deux listes, ce qui est le choix opéré ici, Sumer repère 3,6 millions situa-tions d'exposisitua-tions concernant 13,5 % des salariés. Ce choix a été opéré dans le souci de couvrir le champ le plus large.
Comme les intitulés du questionnaire sur les produits chimiques ne correspondent pas systématiquement aux intitulés de la liste du CIRC ni de celle de l'Union euro-péenne, il a fallu parfois opérer des choix. Pour les produits cancérogènes non repérés nominativement dans le questionnaire mais rentrant dans l'intitulé d'une famille, nous avons conservé celle-ci quand plusieurs produits de cette famille sont cancérogènes, par exemple pour le chrome et dérivés ou pour les amines aromatiques. En revanche, d'autres familles ne sont pas retenues comme cancérogènes car l'utilisation de produits cancérogènes n'y est pas majoritaire. Exemple : la famille des acides minéraux où l'excès de risque n'a été mis en évidence que pour l'acide sulfurique. Il en est de même pour la famille des fongicides, où seuls ceux à base d'arsenic sont dans les catégories 1 de l'Union européenne ou du CIRC.
Ces choix ne sont pas parfaits et sont susceptibles d'être critiqués. Pour certaines familles, en assimilant certains produits non cancérogènes de cette famille à des produits cancérogènes ; les expositions sont majorées ; pour d'autres, elles sont minorées pour des raisons inverses. Par ailleurs, certains produits cancérogènes ou situations de travail n'ont pas été repérés dans le cadre du questionnaire de cette enquête.
Enfin, le questionnaire SUMER ne repère pas un certain nombre de produits cancérogènes lorsqu'ils sont très rares. Néanmoins, les contours de cette description sont probablement très proches de la réalité des expositions aux produits cancérogènes.
Tableau 2
Proportion de salariés exposés à des produits cancérogènes
En pourcentage
dont : sans
Catégorie de salariés Ensemble protection
collective pour au moins un produit Ensemble ... 13,5 42,3 Hommes... 20,4 43,3 Femmes ... 4,3 36,3 Moins de 25 ans... 17,1 42,6 25 à 29 ans ... 13,6 41,3 30 à 39 ans ... 13,5 42,7 40 à 49 ans ... 12,8 42,3 50 ans ou plus... 12,6 42,3 Agriculture ... 21,9 77,8 Industrie ... 21,2 33,9 Construction... 34,9 51,8 Tertiaire... 8,7 42,9 Production ... 28,1 41,9
Installation, entretien, réparation ... 43,3 45,0
Nettoyage, gardiennage... 5,5 37,6
Manutention, magasinage, transport... 10,6 52,0
Guichet, saisie, standard, secrétariat ... 2,0 40,9
Gestion, comptabilité, administration... 1,2 37,8
Commerce, vente, technico-commercial... 3,9 44,8
Recherche, étude, méthode, informatique ... 5,9 18,2
Direction générale ... 3,1 23,5
Enseignement, santé, information, autres ... 8.1 38,5
Cadres... 3,3 24,0
Professions intermédiaires ... 11,1 35,0
Employés administratifs... 1,3 45,6
Employés de commerce et de service * ... 5,3 49,0
Ouvriers qualifiés... 30,9 43,6
Ouvriers non qualifiés ... 22,5 47,1
Apprentis ou formation en alternance... 18,8 40,3
Intérimaires ... 14,9 38,0
CDD ... 9,8 48,5
CDI ... 13,8 42,5
Fonctionnaires ** ... 8,3 39,7
* - Sont regroupés dans cette catégorie, les employés de commerce, de service et les employés de la fonc-tion publique ayant une activité de service.
** - Fonctionnaires travaillant à la Poste ou dans les hôpitaux publics exclusivement. Sources :
Dares, DRT. Sumer 2003.
lité de définir un seuil
d'exposi-tion en dessous duquel le risque
serait nul. C'est pourquoi le
décret du 1
erfévrier 2001, relatif à
la prévention des risques
cancé-rogènes, mutagènes et toxiques
pour la reproduction, impose
une obligation de substitution. Il
stipule que tout produit
cancéro-gène doit être remplacé par un
produit non dangereux ou moins
dangereux. Si cela n'est pas
tech-niquement possible, les
entrepri-ses doivent prendre toutes les
dispositions pour que les
exposi-tions soient les plus faibles
pos-sibles : système clos ou moyens
de protection collective ou
indi-viduelle (cf. annexe). L'ensemble
de ces produits est donc traité
ci-dessous comme une catégorie
homogène dite « produits
can-cérogènes ».
Les expositions sont ponctuelles
dans près de la moitié des cas,
mais une fois sur quatre, leur
durée au cours de la semaine
précédant l’enquête est
supé-rieure à dix heures. Les
méde-cins enquêteurs ont utilisé un
barème d'« intensité de
l'exposi-tion » qui tient compte des
pro-tections collectives existantes.
L'intensité est jugée très faible
ou faible dans 70 % des cas. Elle
est estimée forte ou très forte
(dépassant la valeur maximum
admise) pour 15 % des
situa-tions d'exposition. Le médecin
ne s'est pas prononcé sur
l'in-tensité dans 12 % des cas ; cela
peut s'expliquer par le fait qu'il
s'agit alors principalement de
produits de dégradation. En
effet, dans ce cas, le produit
n'est pas introduit délibérément,
mais résulte du processus de
production et l'intensité de
l'exposition est plus difficilement
évaluable.
Il n'y a aucune protection
collec-tive pour 39 % des expositions,
avec de grandes variations selon
les produits. 23 % des
exposi-tions au benzène ne bénéficient
d'aucune protection collective,
et 36 % des expositions au
tri-chloroéthylène. Les protections
collectives les plus citées sont
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Tableau 3
Les expositions aux produits cancérogènes en 2003
En pourcentage
Répartition des situations d'exposition selon…. La durée d’exposition par semaine
Moins de 2 heures... 45
2 heures à moins de 10 heures ... 27
10 heures à moins de 20 heures ... 8
20 heures ou plus ... 18
Non déclarée... 2
L’intensité d’exposition * (mesurée ou estimée) Très faible ... 36 Faible ... 37 Forte ... 13 Très forte... 2 Inconnue... 12 Le score d’exposition * Niveau 1 ... 45 Niveau 2 ... 16 Niveau 3 ... 11 Niveau 4 ... 9 Niveau 5 ... 6 Inconnu ... 12 La protection collective Aucune ... 39 Aspiration à la source ... 14 Vase clos... 3 Ventilation générale ... 14 Autre ... 3 Non déclaré ... 23
La protection individuelle mise à disposition Cutanée... 37
Respiratoire ... 19
Oculaire... 19
Aucune protection individuelle déclarée... 55 * - Voir encadré 3.
Sources : Dares, DRT. Sumer 2003.
Encadré 3
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L'intensité d'exposition tient compte des protections collectives, mais pas des protections individuelles. L'intensité est dite « très faible » quand elle est à peine supérieure à l'exposition de la population générale. Elle est dite « faible » quand elle est inférieure à 50 % de la valeur limite d'exposition (VLE), « forte » quand elle est au niveau de la VLE, et « très forte » quand elle lui est supérieure.
Le score d'exposition synthétise l'intensité du risque en croisant intensité et durée hebdomadaire. Il est composé de cinq niveaux qui définissent une échelle d'exposition et non un risque de pathologie. Les niveaux 1 et 2 indiquent une exposition de courte durée ou maîtrisée, tandis que les niveaux 3, 4 et 5 dénotent des situations où le niveau d'exposition est plus élevé.
Score
Durée hebdomadaire de l’exposition
Intensité de l’exposition Moins 2 à 10 10 à 20 20 heures
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Très faible... 1 1 2 3 Faible ... 1 2 3 4 Forte ... 2 3 4 5 Très forte... 3 4 5 5
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l'aspiration à la source (14,5 %
des situations) puis la
ventila-tion générale (14 %). Cependant,
cette dernière ne peut pas
réelle-ment être considérée comme
une protection efficace dans le
cas des cancérogènes.
Le vase clos est très rarement
cité (3 %), un résultat
vraisem-blablement sous-estimé. Les
médecins n'ont, en effet, pas
for-cément cité les produits
concer-nés, considérant que le salarié
n'y avait pas été exposé lors de la
dernière semaine travaillée, sauf
en cas d'intervention ou de
rup-ture du « vase clos ».
Dans l'ensemble, plus du quart
de la population exposée à des
produits cancérogènes l'est de
façon importante, soit du fait
d'un long temps d'exposition,
soit du fait de l'insuffisance des
protections collectives, que ces
produits soient reconnus par le
Centre International de
Recherche sur le Cancer (CIRC)
ou par l'Union européenne. Pour
ces salariés, le « score
d'exposi-tion » est supérieur à 2
(enca-dré 3).
Dans l'ensemble des produits
considérés, deux groupes assez
différents émergent quant à la
maîtrise des expositions.
Le premier comporte cinq
pro-duits apparaissant comme bien
contrôlés : les amines
aroma-tiques, l'acrylamide, les
cytosta-tiques, les polychlorobiphényles
(PCB) et polybromobiphényles
(PBB) et l'arsenic et dérivés.
Pour chacun d'eux, l'intensité a
été déclarée faible ou très faible
dans plus de 85 % des cas. Les
protections collectives de type
« aspiration à la source » ou
« vase clos » sont présentes
dans 30 % des expositions ; des
protections individuelles
cuta-nées ou respiratoires sont
sou-vent mises à disposition
(respec-tivement 80 % et 30 %). Ces
pro-duits ne sont pourtant pas tous
classés « certainement
cancéro-gènes » par l'Union européenne,
mais ils sont utilisés dans des
processus de production ou des
Encadré 2
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L'enquête Sumer, lancée et gérée conjointement par la Direction des relations du travail (Inspection médicale du travail) et la Dares dresse un état des lieux des expositions des salariés aux principaux risques professionnels en France.
La force de cette enquête repose d'une part sur l'expertise du médecin du travail qui peut administrer un questionnaire parfois très technique, et d'autre part sur le grand nombre de salariés enquêtés, ce qui permet de quantifier des expositions à des risques relative-ment rares. L'enquête s'est déroulée sur le terrain de juin 2002 à fin 2003. 1 792 méde-cins du travail, soit plus de 20 % des médeméde-cins du travail en exercice, ont tiré au sort 56 314 salariés, dont 49 984 ont répondu.
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Lee cchhaammpp :: 8800 %% ddeess ssaallaarriiééss
En 1994, l'enquête couvrait l'ensemble des salariés surveillés par la médecine du travail du régime général et de la Mutualité sociale agricole. En 2003, le champ a été étendu aux hôpitaux publics, à EDF-GDF, La Poste, la SNCF et Air France. Les résultats de 2003, présentés dans cet article, sont alors dits à « champ complet ».
Ce « champ complet » ne couvre cependant pas les fonctions publiques d'État et territo-riale, une partie des transports (régies urbaines, et transport par eau), les mines, la pêche, France Télécom…
Parmi les 21,7 millions de salariés, 17,5 millions sont représentés dans le cadre de l'en-quête Sumer 2003.
C
Coommppaarreerr lleess rrééssuullttaattss ddee 22000033 àà cceeuuxx ddee 11999944
Analyser les évolutions entre 1994 et 2003 ne peut se faire qu'à « champ constant ». On s'est donc restreint au champ de 1994, soit 15,5 millions de salariés parmi les 17,5 millions représentés par l'enquête Sumer 2003.
En dix ans, le recueil des expositions a gagné en qualité : la présentation du questionnaire est plus structurée ; les médecins du travail enquêteurs ont une meilleure capacité d'expertise, en particulier pour les expositions courtes ; enfin, ils repèrent mieux les multi-expositions, en prenant en compte l'environnement du poste de travail.
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Laa ppoonnddéérraattiioonn :: uunn ccaallaaggee ssuurr mmaarrggeess
La pondération a été réalisée à l'aide d'un calage sur marges (macro CALMAR). Les critères utilisés sont le sexe, la tranche d'âge, la catégorie socioprofessionnelle, le secteur d'activité et la taille de l'établissement. Les distributions de référence sont issues des Déclarations annuelles de données sociales (DADS), de l'enquête Emploi et de sources spécifiques pour les grandes entreprises intégrées au champ 2003 et la Mutualité sociale agricole.
L
Leess ppéérriiooddeess ddee rrééfféérreennccee ddeess eexxppoossiittiioonnss aauuxx rriissqquueess
Toutes les expositions à des produits chimiques, à des agents biologiques ou à des péni-bilités sont recensées sur la dernière semaine travaillée, afin de cerner au plus près la réalité concrète du travail des salariés enquêtés. Cette méthode a comme effet de sous-évaluer les expositions liées à des activités ponctuelles ou irrégulières, qui ont moins de chances d'avoir eu lieu au cours de cette période que les activités régulières. Pour chacune de ces expositions, la durée hebdomadaire est précisée.
En revanche, les horaires, les rythmes de travail, l'autonomie, les relations avec le public, les collègues ou la hiérarchie, c'est-à-dire toutes les questions relatives à l'organisation du travail font référence à la situation habituelle de travail.
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Lee rreeppéérraaggee ddeess iinnttéérriimmaaiirreess
Les intérimaires sont classés dans le secteur d'activité « travail temporaire ». L'activité de l'entreprise dans laquelle l'intérimaire est en mission ne peut être repérée que par quatre postes figurant dans le questionnaire : industrie, construction, transports et tertiaire. Il est impossible, pour eux, de se référer à un niveau d'activité économique plus fin.
protocoles bien définis qui
per-mettent un contrôle de la
situa-tion. 190 000 personnes, soit
9 % des salariés exposés le sont
à ce groupe de produits.
À l'autre extrême, un deuxième
groupe concerne 1,4 millions de
salariés, soit 64 % des exposés.
Il comporte les gaz
d'échappe-ment diesel, les goudrons de
houille, la silice cristalline, les
poussières de bois, les fumées
de vulcanisation et les fumées
dégagées par les procédés de la
métallurgie. Ce sont en majorité
des produits de dégradation,
avec des expositions d'intensité
souvent forte ou très forte (au
moins 30 %) et des temps
d'ex-position longs. C'est pour ces
produits, les plus répandus, que
le principe de substitution peut
difficilement être mis en œuvre
et que la mise en place d'une
protection collective efficace (en
l'occurrence l'aspiration à la
source) est possible mais
com-plexe. La mise à disposition de
protections individuelles semble
plus destinée à protéger contre
le risque à effet immédiat et
immédiatement identifiable que
contre le risque à effet différé.
Ainsi pour les goudrons, les
gants préservant de la chaleur
protègent aussi contre le risque
de cancer de la peau et sont
sou-vent mis à disposition (64 %).
Ce n'est pas le cas des
protec-tions respiratoires protégeant
des émanations (16 %).
Toute-fois, seuls deux produits relevant
de ce groupe (les poussières de
bois et les goudrons de houille)
sont classés 1 par l'Union
euro-péenne.
Entre ces deux extrêmes, les
autres produits ont des
intensi-tés d'exposition faibles ou très
faibles dans 70 à 85 % des cas.
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Certains produits cancérogènes
sont souvent associés. Les
métaux le sont très fortement,
notamment dans les secteurs
métallurgie et transformation
des métaux : parmi les salariés
exposés à au moins un métal
cancérogène, 40 % le sont à au
moins deux et 20 % à au moins
des expositions (encadré 2). Les
expositions de courte durée sont
plus fréquentes en 2003 : 43 %
versus 40 %. En revanche, les
intensités et les scores
d'exposi-tion sont quasiment identiques.
Si l'exposition aux produits
can-cérogènes a peu augmenté entre
1994 et 2003, les protections
col-lectives se sont, en revanche,
développées : les situations
d'ex-position sans aucune protection
collective diminuent, de 47 % à
39 %, alors que la protection par
aspiration à la source devient
plus fréquente : 17 % des salariés
peuvent en bénéficier en 2003,
contre 13 % en 1994. De même,
les protections individuelles sont
plus souvent mises à
disposi-tion : + 9 points pour les
protec-tions cutanées.
trois. Un salarié exposé à
l'a-miante ou aux fibres céramiques
a une probabilité de 20 % d'être
exposé à l'autre produit. De
même, un salarié exposé aux
huiles minérales ou aux gaz
d'é-chappement a une probabilité de
30 % d'être exposé à l'autre
pro-duit. Ces quatre produits sont
souvent associés dans le secteur
« commerce et réparation
auto-mobile ».
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En dix ans, la part des salariés
exposés aux produits repérés en
1994 comme cancérogènes a
très légèrement augmenté :
+ 1 point à champ constant et à
liste de produits identiques. Le
nombre d'expositions recensées
pour chaque salarié est plus
important en 2003
qu'en 1994, mais
cela est dû, en
par-tie à une meilleure
qualité de recueil
Nicole G
UIGNON
(Dares)
Dr Nicolas S
ANDRET
(DRTEFP-IDF)
Remerciements à Raymond V
INCENT
de l'INRS
Tableau 4
Évolution de 1994 à 2003 pour les produits retenus cancérogènes en 1994
Comparaison à champ constant
Répartition des situations d'exposition selon…. 1994 2003 La durée d’exposition par semaine
Moins de 2 heures ... 40 43 2 heures à moins de 10 heures... 26 27 10 heures à moins de 20 heures ... 9 9 20 heures ou plus... 23 20 Non déclarée ... 2 1
L’intensité d’exposition (mesurée ou estimée) ...
Très faible ... 37 36 Faible... 38 36 Forte... 12 14 Très forte ... 2 3 Inconnue ... 11 11 Le score d’exposition Niveau 1... 42 43 Niveau 2... 15 16 Niveau 3... 12 11 Niveau 4... 12 10 Niveau 5... 7 8 Inconnu... 12 12 La protection collective Aucune ... 47 39 Aspiration à la source... 13 17 Vase clos ... 3 3 Ventilation générale ... 10 13 Autre ... 2 3 Sans précision ... - 3 Non déclarée ... 25 22
La protection individuelle mise à disposition
Cutanée ... 34 43 Respiratoire ... 2 1 Oculaire ... 11 22 Sources : Dares, DRT. Sumer 2003.
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Premières Synthèses, 2005-06-Annexe au n° 28.1, Huit produits cancérogènes parmi les plus fréquents,
N. Guignon et N. Sandret.
Premières Synthèses, « Les expositions aux produits mutagènes et reprotoxiques », N. Guignon et N. Sandret
à paraître.
Premières Synthèses, n°98-07, « L'exposition aux produits cancérogènes dans le travail », N. Sandret et
N. Yahou 1998-07 N° 31-2.
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PRREEMMIIÈÈRREESS IINNFFOORRMMAATTIIOONNSS eett PPRREEMMIIÈÈRREESS SSYYNNTTHHÈÈSSEESS ssoonntt ééddiittééeess ppaarr llee MMiinniissttèèrree ddee ll’’eemmppllooii,, ddee llaa ccoohhééssiioonn ssoocciiaallee eett dduu llooggeemmeenntt,, D
Diirreeccttiioonn ddee ll’’aanniimmaattiioonn ddee llaa rreecchheerrcchhee,, ddeess ééttuuddeess eett ddeess ssttaattiissttiiqquueess ((DDAARREESS)),, 3399--4433,, qquuaaii AAnnddrréé CCiittrrooëënn,, 7755990022 PPaarriiss CCeeddeexx 1155.. w
wwwww..ttrraavvaaiill..ggoouuvv..ffrr ((RRuubbrriiqquuee ÉÉttuuddeess eett SSttaattiissttiiqquueess)).. DDiirreecctteeuurr ddee llaa ppuubblliiccaattiioonn :: AAnnnniiee FFoouuqquueett.. Téléphone Publications : 01.44.38.22.(60 ou 61). Documentation : 01.44.38.23.(12 ou 14). Télécopie : 01.44.38.24.43 Réponse à la demande : 01.44.38.23.89 / e-mail : dares.communication@dares.travail.gouv.fr Rédacteur en chef : Gilles Rotman. Secrétariat de rédaction : Evelyn Ferreira et Francine Tabaton. Maquettistes : Daniel Lepesant, Guy Barbut, Thierry Duret. Conception graphique : Ministère de l’emploi, de la cohésion sociale et du logement. Reprographie : DAGEMO. Abonnements : La Documentation française, 124, rue Henri Barbusse 93308 Aubervilliers Cedex. Tél. : 01.40.15.70.00. Télécopie : 01.40.15.68.00 / www.ladocumentationfrancaise.fr PREMIÈRES INFORMATIONS et PREMIÈRES SYNTHÈSES Abonnement 1 an (52 n°) : France (TTC) 118 €, CEE (TTC) 124,30 €, DOM-TIM (HT) : 123 €, hors CEE (TTC) 127 €. Publicité : Ministère de l’emploi, de la cohésion sociale et du logement.