FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1 899- 1 900 No 19
DE
LA DILATATION
THESE POUR LE DOCTORAT EN MEDECIf
présentéeet soutenue publiquement le 29 Novembre 1899
far
Jean-Baptiste-Joseph-Emmanuel CARRÈRE
Elève de l'Ecole principale du Service de Santé de la Marine Lauréat de la Faculté
Né àBayonne (Basses-Pyrénées), le 30 mai 1875.
Examinateursde laThèse
MM. PIECHAUD, BADAL, LAGRANGE, POUSSON,
professeur professeur agrégé agrégé
Président.
Juges.
Le Candidat répondraaux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE Y. CADORET
17 rue poquelin-mol1ère 17 (ancienne rue montmejan)
1899
FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DE PHARMACIE DE BOIlIlEAMM. de NABIAS Doyen. | M. PITRES Doyen honoraire.
PROFESSEURS :
mm. micé i
DUPIJY / Professeurs honoraires.
moussous;;;:::::::::::
\
Cliniqueinterne.
MM.
PICOT.
PITRES.
nv . t DEMONS.
Cliniqueexterne
j
LÂNEL0NGUE.Pathologieetthérapeu¬
tiquegénérales VERGELY.
Thérapeutique ARNOZAN.
Médecineopératoire... MASSE.
Clinique d'accouchements LEFOUR.
Anatomiepathologique COYNE.
Anatomie CANNIEU.
Anatomie générale et
histologie VIAULT.
MM.
Médecinelégale MORACHÇ.
Physique BERG0N1E.
Chimie BLAREZ.
Histoire naturelle GUILLAUD.
Pharmacie FIGUIER.
Matière médicale deNABIAS.
Médecineexpérimentale. FERRE.
Clinique ophtalmologique BADAL.
Clinique des maladies chirurgicales Clinique gynécologique.
Clinique médicale des maladies des enfants.
Chimiebiologique DENIGES.
PIECHAUD.
BOURSIER.
A.MOUSSOUS Physiologie JOLYET.
Hygiène LAYET.
AGRÉGÉS EN EXERCICE :
section de médecine (Pathologie interneetMédecine légale).
MM. CASSAET.
AUCHÉ. ,
SABRAZES.
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HOBBS.
section de chirurgie et accouchements
Pathologieexterne
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BRAQUEHAYE CHAYANNAZ.
Accouchements MM. CHAMBRELENT.
FIEUX.
section des sciences anatomiques et physiologiques
Anatomie
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Histoire naturelleMM. ^CHON.
Physique
section des sciences physiques
MM. SIGALAS. 1 Pharmacie M. BARTHE,
COURS COMPLEMENTAIRES
Cliniquedes maladiescutanées etsyphilitiques.
Clinique des maladiesdes voies urinaires Maladies dularynx,des oreilles etdunez
Maladiesmentales
Pathologie externe
Pathologieinterne Accouchements Chimie
Physiologie Embryologie Ophtalmologie
Hydrologieetminéralogie.
Le Secrétaire de la Faculté
mm. dubreuilh.
pousson.
moure.
régis. ,
denuce.
rondot.
CHAMBRELENT.
dupouy.
pachon.
N.
lagrange.
carles.
lemaire.
. . t • j.nQ ipc 1hèses Pardélibérationdu 5 août 1879,laFacultéaarrêtéqueles opinionsémisés
,n'enteud
lui sont présentées doivent être considérées comme propres à leurs auteurs, e qu leur donnerni approbation niimprobation.
A MON PÈRE ET A MA MÈRE
A MON FRÈRE
A MON GRAND-PÈRE
A mon Président de Thèse,
Monsieur le Docteur T. PIÉCHAUD
Professeur decliniquechirurgicaleinfantile, ChirurgiendesHôpitaux,
Officier del'Instruction publique.
AVANT PROPOS
Le choix du sujet de notre thèse inaugurale nous a été ins¬
pirépar M. le professeur Piéchaud. Dans son service,nous avons
vu maintes fois appliquer la dilatation au traitement du phimo¬
sis et nous avons été séduit tout de suite par la simplicité, la rapidité etl'innocuité de ce mode d'intervention. Aussi avons- nousabordé avec plaisir l'étude de cette méthode.
Nous n'avons pas la prétention d'avoir traité à fond notre sujet. Nousnouscontentons desoumettre àl'appréciation denos juges le fruit de nos études sur ce point de thérapeutique chi¬
rurgicale. La bonnevolonté dontnous espérons avoir faitpreuve réclame pour noustoute leur bienveillance.
Avant d'entrer dans l'exposé des faits et des idées que nous
avonspu recueillir, qu'il nous soit permis de remercier M. le professeur Piéchaud de la bienveillance avec laquelle il nous a
toujours accueilli dans son service, et de ses savantes leçons.
Nous n'oublieronspas les conseils si précieux qu'il donne tou¬
jours aux élèves, et qui seront les meilleurs guides de notre consciencedans l'accomplissementdenosdevoirsprofessionnels
Nous le remercions enfin du grand honneur qu'il nous a faiten
acceptant laprésidence de cette thèse.
Que M.le Dr Guyot, chef de clinique, soit assuré de notre reconnaissance pour nous avoir guidé de ses conseils dans le
cours de notre travail.
Que M. le D1' Gourdon reçoive aussi tous nos remerciements
pour avoir gracieusement mis à notre disposition les documents
quilpossédaitsur cette question.
Carrère 2
DE
LA DILATATION
DANS LE TRAITEMENT DU PHIMOSIS
CONGÉNITAL
CHAPITRE PREMIER
HISTORIQUE
La dilatation appliquée autraitement du phimosis est de date
relativement récente. Larghi, en 1856, suppose que,dans l'inté¬
rieur du repli préputial, il existe un muscle orbiculaire cons¬
tricteur; se basant là-dessus, il conseille, dans le cas de pré¬
pucerétréci, d'employerla dilatation graduelle, au moyen d'une
sonde en gomme audébut, puis en forçant l'orifice trop étroità l'aide du gland lui-même ; on conçoit aisément qu'avec un pro¬
cédé opératoire aussi rudimentaire, il était fréquent de voir se produireun paraphimosis.
Dans une thèse de Paris, nous lisons que Thibault dilatait le prépuce graduellement, enplusieurs séances. Il employaità cet effet une pince mousse à deux branches, analogue au dilatateur
trachéal de Trousseau; il obtint ainsi d'excellents résultats dont
il fit part en 1867 à Nélaton. Nélaton adopta la méthode, mais après une première opération chez un enfant de 10 ans atteint
de phimosis congénital, il trouva l'instrument de Thibault trop imparfait. Il fit alors construire par Mathieu son dilatateurà trois branches, qu'il employa plusieurs fois avec succès.
A lamême époque, le Dr Elliot Cônes, chirurgiende l'armée
des Etats-Unis, utilise ce procédé dans le traitement d'un phi¬
mosis syphilitique. Il se servit d'une pince ordinaire, qu'il laissa
en place, recommandant au malade d'écarter les branches de
l'instrument avec une certaine force et de lotionner les parties
avec de l'eau tiède. Trois heures de ces manipulations triomphè¬
rent de l'obstacle et mirent à découvert deux chancres mousqui purent être traités efficacement; lesuccès l'encourageaet il ima¬
ginauninstrumentassez simple, quipermetd'obtenir sans force
une dilatation graduelle. On en trouve la description dans un numéro du Bulletin de thérapeutique de 1867.
En France, Denonvilliers netardapasà adopter leprocédé de
Nélaton. En 1868, Bernard (d'Amiens)opère, parlaméthode de dilatation, un étudiant en pharmacie de 18 ans, porteur d'un phimosis congénital et épuisé par des pertes séminales abon¬
dantes; il constate que la douleur est très légère, l'écoulement
de sang presquenul; l'opérationne produit que quelques
érail-
lures superficielles de la muqueuse, cicatrisées rapidement et
sans rétraction.
La même année, Ansiaux tente cinq fois la dilatation,
mais
chez des adultes, il obtient quatre fois une déchirure; il
signale
une douleur excessive pendant l'opération. Léon Labbé relate
line série de succès obtenus par la dilatation sur des
phimosis
soitcongénitaux, soitacquis. Panas fait des réserves par rapport
aux chances de reproduction du phimosis.
Malgré ces nombreuses tentatives, le silence se fait sur celte question, tant en France qu'à l'étranger, pendant une
période
de temps assez longue. En 1878, dans la séance à la Société
de
chirurgie du 16 octobre, à propos de la communicationde
M. Judes IIuc (de Rouen) sur l'incision dorsale du prépuce au
moyen d'un fil en caoutchouc, M. Yerneuil dit qu'il
emploie la:
dilatation exclusivementpourle phimosis des enfants au-dessous
de 10 ans, et qu'il obtient d'excellents résultats. Plus
tard,
— 13 —
M. Verneuil, clans une clinique faite à l'hôpital de la Pitié, le
15 novembre 1881, déclare que la circoncision estune opération beaucoup plus difficile qu'on ne le pense généralement; qu'il applique la dilatation à presque tous les cas de phimosis. Il faut, dit-il, avoir affaire à un rétrécissementtrès dur pour qu'il
soit nécessaire de recourir au débridement. Une seule fois un
de ses malades a présenté quelques phlyctènes sur le gland ; mais ce sujet était diabétique. Dans la séance de la Société de chirurgie du 11 mars 1882, Lannelongue dit qu'il a essayé suc¬
cessivement tous les procédés sanglants d'opération du phimo¬
sis, qu'il a obtenu plusieurs fois des résultats défectueux; aussi
renonce-t-il de plus en plusà cesinterventions chez les enfants,
pour recourir à la dilatation. A la même séance, Marjolin se range parmi les défenseurs dela dilatation, qui luipermet d'évi¬
terchez les jeunes sujets les accidents immédiats de l'opération sanglante, notammentl'hémorrhagie etla formation d'unthrom-
bus entre la peau et la muqueuse malgré les serres-fines. Th.
Ànger adopte aussi, dans le cas de prépuce sain, cette méthode quia l'avantage, dit-il, dene produire qu'une légère déchirure
à l'union de la muqueuse et de la peau, déchirure qui guérit
sans laisser de cicatrices, sixà huit joursaprès l'opération. Dans
la séance suivante, Trélat dit que, pour son propre compte, il
n'a pas eu à se louer des deux tentatives de dilatation qu'il a
faites, qui ont été toutes deux suivies de récidive.
A l'étranger, la méthode de dilatation a été aussi employée à
celteépoque. Le Deutsche Zeitschr. f. Chirurgie publie une observation de rétrécissement préputial, que Bidder traita par ladilatation. W. Stephenson Richemond, n'est pas satisfait des
résultats obtenus à l'aide des instruments usitésjusque là; il en faitfabriquer un très ingénieux, mais très compliqué, dont on
peut trouver lafigure dans le numéro de The Lancetdu 13sep¬
tembre 1884.
Dans la Thèse de Paris déjà citée, Laylavoix déclare que la dilatation ne peut s'appliquer aux phimosis cicatriciels et cons¬
titue une opération tout à fait incomplète dans le traitement des phimosis congénitaux.
— 14 —
Dans un numéro de la Revue mensuelle des maladies de l'en¬
fance, de 1883, de Saint-Germain publieun long- articlesurcette question; à la pince dilatatrice de Nélaton, il préfère le dilata¬
teur à deux branches, ou bien, comme Verneuil, une simple pince à pansement à mors étroits ; il décrit lemanuelopératoire
et répond à certaines objections faites à ce procédé.
En 1885, dans la Gazette hebdomadairedes sciences médicales de Montpellier, Chalot consacreunlong article à ce sujet : il est
étonné que la dilatation graduelle progressive, procédé si sim¬
ple, si naturel, si rationnel ne soit pas plus enfaveur, et que,
malgré l'autorité de Marjolin, de Verneuil, de Lannelongue,on
donne la préférence aux opérations sanglantes ; il publie égale¬
ment la description d'un nouveau dilatateur qu'il a imaginé. La
même année déjà, sous son inspiration, le docteur Pierre Fauret
choisit pour sujet de sa thèse inaugurale « Le traitement duphi¬
mosis par la dilatation ».
Depuis, plusieurs auteurs ont employé cette méthode. Bruce
Smith publie, en 1889, dans le New-York Médical Record, trois
observations de phimosis compliqués de troubles nerveux, gué¬
ris par la dilatation.
En 1897, Tillaux, dans une de ses cliniques, cite le procédé.
En 1898, Escuerdo, dans laGacetaMedica Catalana,se félicite
d'avoir employé la dilatation, qui lui atoujours donné d'excel¬
lents résultats.
Enfin, cette année même, Schilling, en Allemagne, dans le
numéro du MunschenerMedicinischeWochenschrift du 14mars, décrit la dilatation méthodique et progressive qu'il a employée
avec succès dans une dizaine de cas de phimosis.
Comme on le voit, ce mode de traitement du phimosis a
été
tour à tourpréconisé, puis abandonné, toujours employé parun petit nombre de chirurgiens.
Bien d'autres auteurs que ceux que j'ai cités plus haut
ont
parlé de la dilatation, mais sans s'y arrêter.Dans sa médecine opératoire, Dubrueil ne la mentionne que
pour mémoire; dans une de sesfigures, cependant, il
reproduit
le dilatateur de Georges Martin.
— 15 —
Gauyot et Spillmann citent les instruments
de Nélaton
etd'Elliot Cônes. Malgaigne lui consacre à peine quelques lignes
desa médecine opératoire.
Chrétien et Tillaux, dans leursTraités, disent que la dilata¬
tion peut être employée dans
les
cas oùl'incision dorsale
est indiquée.Kirmisson la cite à côté des autres interventions employées
dans le traitement du phimosis, dans son Traité des
maladies
chirurgicales d'origine congénitale. Ce procédé opératoire estencore décrit dans le Dictionnaire encyclopédique des sciences
médicales et dans YEncyclopédie internationale de
chirurgie de
Gosselin.
CHAPITRE II
observations
Observation I (Nélaton, GazelledesHôpitaux, 1868).
L'enfant X..., âgé de 8 ans, estatteint d'un phimosis congénital, qui rend la miction difficile. On essaye sans succèsla dilatation avec lapince de Thibault.
L'enfantest soumisau chloroforme eton opère la dilatation avec la pince à trois branches de Mathieu; le gland est découvert; on constate surla muqueuse trois érailluressaignantes, linéaires,paral¬
lèles à ladirection de la verge. Comme pansement, une couche de
cold-cream surle gland et on rabat le prépuce. On pratique deux
fois cette manœuvre dans lajournée.
Le lendemain, œdème du prépuce, qui disparait de lui-mêmedans
lajournée.
Le cinquièmejour, il estfacile de découvrir le gland, les érail¬
lures sont cicatrisées. L'enfant a quitté Paris et nousapprenons que la guérison s'est maintenue.
Observation II
(Nélaton).
Enfantporteur d'un phimosis congénital; orifice préputial très
étroit, admet àpeine un stylet ordinaire.
Ladilatation fut pratiquée; ici encore quelques éraillures, de
l'œdème.
Quelquesjours après, les éraillures sont cicatrisées; le phimosis
est guéri.
Observation III
(Nélaton).
Phimosis congénital, avecadhérences formant un anneau complet
et recouvrantla moitié postérieure du gland.
L'enfant est soumis au sommeilchloroformique; lapince est intro¬
duite dans la cavité duprépuce, ses branchessontécartées; on peut découvrir le gland jusqu'au pointoù s'arrête la réflexion de lamu¬
queuse.
Toutse passe trèsbien et sans complication.La guérison se main¬
tient.
Observation IV
(Nélaton).
Enfant de 9 ans, atteint de phimosis avec adhérences légères. On appliqueladilatation; onconstate sur la muqueuse trois éraillures superficielles, dont uneun peu plus étendue que les deux autres, siège surladroite du frein. La tuméfaction œdémateuse du prépuce
seproduit trois heures après l'opération et disparaît spontanément
lelendemain.
Le cinquième jour, l'enfant peut sans danger quitter sa chambre.
Le huitièmejour, il retourne à Rouen.
Observation V
(Schilling,Miitichener Meclicinisclie Wochenschrifl).
Ilyaquelques années, une femme m'amenaitàla consultation un enfantde6 mois atteint de bubonocèle. Jecherchais lacausedecette affection : pas de toux, pas de constipation ; l'orifice anal était nor-
mal, mais l'orifice préputial très étroit ; la mère me raconte qu'il
urinait difficilement, et quelamiction était douloureuse ; quel'urine
distendait le prépuce. Jepropose la circoncision: la mères'yrefuse;
alors je commence à dilater l'orifice préputial avec des sondes de plusenplusgrosses ;déjà l'enfant urinaitplus aisément. Quatre jours après la première séance de dilatation, je ramène le prépuce en arrière du gland,quejedécouvrevite etcomplètement; jerencontre quelques adhérences faciles à rompre ; je répétai ces manoeuvres pendant trois mois tous les 10 ou lojours, le résultat fut excellent;
laguérison du phimosis se maintint.
Observation VI
(Schilling, Munch.en.er Medicinisclie Wochenschri.fi).
G. E..., 2 ans, atteint de bubonocèle, semblant avoir pour cause
un phimosis congénital très serré. L'orifice préputial était si étroit
que l'urine distendaitle prépuce au moment des mictions, à peine permettait-il le passage d'une fine sonde boutonnée. Dès lapremière séance, la dilatation obtenue futassez grande pourpermettre àl'en¬
fant d'urinersansdifficulté ;dans la deuxième séance, le gland fut à
demi découvert, sans douleur. A la troisième séance on put rompre les adhérences, découvrir le gland en totalité et enlever du smegma concrété dans le sillonbalano-préputial.Pendant trois mois,l'onrépéta
ces manœuvres toutes les deux ou trois semaines. Le malade a été
revu six mois après; la guérison s'était maintenue.
Observation VII
(Due àM. Roche, externe duservice de M. leprofesseurPiéciiaud).
Gaston D..., 16 mois, atteint dephimosis congénital,avec prépuce exubérant, phimosis très serré.
Le 7 août, on procède à la dilatation; le gland se découvre assez facilement, on constate de nombreuses adhérences, que l'on rompt
— 19 —
sanseffort, des masses de smegma concrète, pas d'écoulement de
sang.
Le 14août, il revient à la consultation, le gland se découvre faci¬
lement,jusqu'à 2 millimètres environ du sillon balano-préputial; à
ceniveau,de nouvelles adhérencesse sontconstituées, on les détruit facilement;pas d'inflammation, pasd'œdème.
Le 22août, le malade se présente de nouveau, il est en bon état.
Nous sommes allé voirie petit malade chezlui le 14 novembre, la guérison s'est maintenue.
Observation VIII
(Due à M.Roche).
EmileR..., 6ans et demi, se présente à la consultation avec un phimosisserré.
Le7 août, première séance de dilatation, nombreuses adhérences préputiales, que l'on détruit sans effort, légersuintement sanguin,
legland estdécouvert en totalité.
Le 10août, on faitune nouvelle séance de dilatation, très rapide¬
mentfaite etavec plein succès; le gland se découvre facilement.
Observation ix
(Due à M.Rocheû
MarcelG..., âeéde 7 mois, estamené àla consultationpour hernie mguinale droite; on constate chez lui l'existence d'un phimosis con¬
génital très serré, avec de nombreuses adhérences balano-prépu-
tiales.
On pratique la dilatation le 14 août,le gland est découvert sans effort eten totalité.
Lemalade revient à la consultation le 19 août, il est en excellent état.
Le 25août, il se présente de nouveau, son phimosis est guéri.
— 20 -
J'ai revu le petit malade le 14 novembre, la guérison s'estmain¬
tenue.
Observation X
(Due à M. Roche).
Fernand D..., 14mois, vientàlaconsultation pourhydrocèle vagi¬
nale, il est aussi porteur d'un phimosis très serré.
On fait une première séance de dilatation, le 28 août; après avoir
rompu de nombreuses adhérences, on découvre le glanden totalité;
à peineun léger suintement sanguin seproduit au niveau des adhé¬
rences détruites.
L'enfant revient le 25 août; dans l'intervalle, la mère n'a pas su
prendre les soins de propreté nécessaires. En découvrant le gland
du petit malade, elle a produit un paraphimosis qu'elleafait réduire
par un pharmacien. Le prépuce est œdématié; cependant, on peut
encore découvrir le gland. On pratique une deuxième séance dedila¬
tation.
Deuxjours après, l'enfant revient; il présente encore un peude balano-posthite.
L'enfant est revu le 20 septembre; toute trace d'inflammationa
disparu. Le prépucearecouvrétoutesasouplesse; le glandsedécou¬
vre en totalité.
Observation XI
(Due à M. Roche).
Philippe R...,âgé de 8 mois, vient à la consultation pour une her¬
nie inguinaledroite. Il présente un phimosis peu serré, avecprépuce
exubérant. On pratique la dilatation le 1er septembre; nombreuses
adhérences balano-préputiales, aisément détruites. Pas d'accidents.
Recommandation àla mère de découvrir le gland deux ou trois fois
dans lajournée etde le laver à l'eau boriquée.
Lepetit malade se présente de nouveau le 4 septembre. Pas trace d'inflammation. Le gland se découvre très facilement.
Nous avons revule petit maladele14 novembre chez lui. La guéri-
son s'estmaintenue.
— 21 -
Observation XII
(DueàM. Roche).
Louis C..., 22 mois, est atteint de phimosis congénital très serré,
avec de très nombreuses adhérencess'étendantjusqu'aupourtour du
méat.
25 septembre : On pratique ladilatation et détruit les adhérences;
écoulementsanguin presque nul.
27septembre : Le gland se découvre facilement; le prépuce est
unpeu rouge.
29 septembre : On pratique une nouvelle dilatation.
Lamère, ayant essayé de découvrir le gland, aproduit un para- phimosis quiaété facilement réduit aprèsl'application de compresses d'eau blanche.
3octobre : L'enfant se présente à la consultation. Le prépuce est souple etmobile, le gland se découvre sans difficulté.
Revu le 14- novembre, la guérison s'est maintenue.
Observation XIII
(Due à M. Roche)
AndréS...,âgé de 8 ans etdemi, estatteint d'un phimosis serré.
Le4octobre: première séance de dilatation; le gland se découvre facilement; on détruit quelques adhérences, pas d'écoulementsan¬
guin, pasd'accidents.
Le 12 octobre : le prépuce est souple, le gland se découvre très
bien.
L'enfantquitte l'hôpital, le 15 octobre, complètement guéri.
Observation XIY (personnelle)
André L..., âgéde 4 ans, vient àla consultation parcequ'iléprouve desdifficultés poururiner (fréquents besoins, brûlure)et que,depuis
deux ou troisjours, quant on presse le bout de la verge, on en fait sourdreunegouttede pus. On constate qu'il est porteurd'un phimo¬
sis trèsserré.
On entreprend la dilatation, mais on ne peutdécouvrir tout à fait le gland à cause de l'hémorrhagie en nappe consécutiveà la déchi¬
rure des adhérences, qui s'étendaient presquejusqu'au niveau du
méat ; la séance a duré cinq minutes. Des lavages boriqués fontces¬
ser l'écoulementpurulent qui ne provenaitpas ducanal, mais d'une balano-posthite.
Lelendemain, nouvelledilatation, beaucoup plus facile, on décou¬
vre complètementle glandet détruit les dernières adhérences,léger
suintementsanguin.
Lelendemain 8 octobre ; dernière dilatation, le gland se découvre
sanseffort, pas d'hémorrhagies; l'enfant urine sans difficulté.
Observation XV (personnelle).
Henri D..., un mois et demi, présente un phimosis très serré, compliqué de hernie inguinale droite.
Le 6novembre : première séance de dilatation, qui dure 7 à8minu¬
tes, on arrive à découvrirpartiellement le gland.
Le 8 novembre : deuxième séance, le gland estdécouvert complè¬
tementaprès destruction d'adhérences balano-préputiales très nom¬
breuses, maissans consistance; suintement de sanginsignifiant, au niveau du frein; lavage boriqué pour se débarrasser des massesde
smegna concrété.
Le 10, le gland se découvre facilement, sansdilatation; on recom¬
mande à la mère cle le découvrir, et le laver de temps en temps les
jours suivants.
Le 13, le gland se découvre sans difficulté.
Observation XVI (personnelle).
Pierre B..., 13 ans 1/2, vient à la consultation parce qu'il
présente
de l'incontinence d'urine et qu'il a contracté des habitudes de mas-
— 23 —
turbation. Ce sujet est porteur d'adhérences balano-préputiales.
L'orificepréputialest très légèrement rétréci; on peut en effet dé¬
couvrirle gland partiellement.
Les adhérences sontaisément détruites, sansl'aide d'instrument ; aumilieu de ces adhérences, on trouve des masses de smegma con¬
crète;lavage àl'eauboriquée; recommandation à la mère de décou¬
vrir le gland plusieursfoisdans la journée et de le laver à l'eau boriquée. Léger écoulement de sang.
Lejeune malade estrevu, deux jours après, le 15 novembre, le gland se découvre trèsbien, on distingue aux endroits où les adhé¬
rences étaient le plus nombreuses quelques excoriations.
Observation XVII (personnelle).
PaulP..., âgéde 20 mois, vient à la consultation de M. le profes¬
seurPiéchaud, à qui il estadressépar M. le docteurBarde, le 15 no¬
vembre.
Cet enfant est devenu depuis quelque temps très irritable, il pleure la nuit etlejour, etrefuse de marcher. Ni dans le squelette,
nidansl'appareil musculaire on ne peut rien relever pour expliquer
cestroubles nerveux. Seulementcet enfant présente des adhérences balano-préputiales auxquelles le docteur Barde attribue ces phéno¬
mènes.
Eneffet, le prépuce recouvre legland, son orifice estassez large ; mais cependanton nepeutdécouvrir legland àcause des adhérences.
Séancetenante, les adhérences sontdétruites par de simples ma¬
nœuvres digitales, sans écoulement de sang, sans éraillures, on trouve des massesénormes de smegma concrété.
Observation XVIII (personnelle).
PierreM..., âgé de 2 ans1/2, vient à la consultation le 6 novem¬
bre. Cet enfant ade la difficulté poururiner; àl'examendesorganes génitaux externes, on constate l'existence d'adhérencesbalano-pré- putialessans rétrécissement de l'orifice du prépuce.
— 24 —
Ces adhérences cèdent facilement à des manœuvresmanuelles.On découvre sousle prépace des massesde smegma ; le prépuce, souple
etmobile, se laisse facilement porteren arrière.
Observation XIX
(CommuniquéeparM. le D1'Gourdon).
Jean D..., 2 ansetdemi, m'est présentéaumois de mai 1899,parce que, en marchant, ilfrotte souvent sesjambes l'une contrel'autre et les tourne en dedans. L'examen des membres inférieurs n'offre rien de particulier. Maisje constate quel'enfant aun phimosis très serré
et que le bout du prépuce est rouge. La mère me dit alors que l'en¬
fant pleure souvent quand il urine.
J'ai pratiqué la dilatation du phimosis, la mère ne voulant pas entendre parler d'intervention sanglante. Introduisant l'extrémité
d'une sonde cannelée dans l'orifice préputial etlui faisantdécrire un
mouvement circulaire, je pus élargir suffisamment cet orifice pour
ramenerla peaudu prépuce à moitié du gland. Jerenvoie la suiteau lendemain et conseille à lamère de laver l'extrémité dilatée à l'eau
boriquée. Le lendemain je complète la dilatation du prépuceetje
détruis les adhérences nombreuses que je rencontre, il se produit
un léger écoulement de sangdû à une petite déchirure de la mu¬
queuse préputiale. J'enlève avec soin une quantité notable de
smegma. Les suites de cettepetite intervention furent très simples;
la mère maintint la dilatation enpratiquant, plusieurs foisparjour,
les manœuvres queje lui indiquai, et quinze jours après, la petite
plaie était cicatrisée etl'élargissement du prépuce s'était maintenu.
J'ai revu l'enfantau commencement du mois de novembre, il est
en parfait étatau point de vue localet marche trèsbien.
Observation XX
(CommuniquéeparM. leDr Gourdon).
Marcel L..., 4ans, a un phimosis moyennement serré.
Dilatation en un seul temps, le 4septembre.
— 25 —
Peu de smegma. Pas de déchirure de la muqueuse.
Laguérison estcomplète au boutde 10 jours.
Observation XXI (personnelle).
Emile P..., 1 an, éprouve du prurit au niveau du prépuce etse frotte constamment auxvêtements de ceuxquile portent; ilestpor¬
teurd'un phimosis peu serré. Le 20 novembre,je pratique ladilata¬
tion; le gland est facilementdécouvertentotalité; nombreusesadhé¬
rences au tiers postérieur du gland, aisément détruites, quipermet¬
tentde découvrir des masses notables de smegma, quej'enlève avec
soin.
Je recommandeàlamère de découvrir le gland plusieurs fois par jouretde le laver à l'eauboriquée.
Observation XXII
(CommuniquéeparM. Carles,interne du service de M. le professeur Piéciiaud).
Jean L.,., âgé de 4 ans, est conduit à l'hôpital par sa mère, le
13 novembre, à9 heures du soir; ily est admis d'urgence. L'enfant
n'a pasurinédepuis le matin 7 heures, savessie est distendue; dès qu'onlapalpe,l'enfant souffreetéprouveunpressantbesoin d'uriner qu'ilne peutsatisfaire, malgré sesefforts.
Pas de douleurs au niveau des reins; l'enfant était jusque-là en
pleinesanté; on ne peutexpliquer cette crise derétention aiguëque parla conformation de son prépuce.
L'enfant se plaint en effet de douleursà ce niveau etl'on constate qu'il existe sur le pourtour de l'orifice préputial un certain degré d'œdème qui oblitère totalement cet orifice.
Avecbeaucoup de peine, nous introduisonsun fin stylet à travers l'orifice préputial. Aussitôt il s'en écoule deux ou trois gouttes de
pus, ce qui nous fait penser àune balano-posthite, comme cause des accidentsactuels.
En conséquence,nousfinies la dilatation instantanée, telle que la
Carrère 8
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pratique M. le professeurPiéchaud, et une sonde put être introduite
à la suite par le méat urinaire. La vessie se vidait aussitôt.
Lelendemain matin, l'enfant ne peutpasuriner; àpeinequelques gouttes d'urine apparaissent-ellesau méat; mais cette rétention était due sansdoute à la brûlure produite par le contactdes premières gouttes d'urine avec la muqueuse irritée par le cathétérisme et la dilatation, elle cédait à la suite d'applications de cataplasmes au
périnée.
Depuis, l'enfanta toujoursuriné très normalement.
Nous avonscontinué, dès le jour suivant, la dilatation de sonori¬
fice préputial, et nous avons rompules nombreuses adhérencesexis¬
tantes. Le gland se découvre bien, aucun accident àrelever.
CHAPITRE III
MANUEL OPÉRATOIRE
Les nombreux procédés mis en œuvre par les chirurgiens qui
ont appliqué la dilatationau traitement du phimosisne diffèrent
que par des détails insignifiants et peuvent être ramenés à trois
modes opératoires principaux : La dilatation douce et instanta¬
née, la dilatation brusque, la dilatation progressive et métho¬
dique.
La dilatation douce et instantanée est celle que nous avons
toujours vu employer dans le service de M. le professeur Piéchaud, et que nous avons employée nous-même, elle
n'exige
qu'uneou deux séances. Les instruments qu'elle nécessite, d'unusage quotidien, sont à la portée de tous. Il suffit en effet, pour la pratiquer, d'une pince à forcipressure ou mieux d'une pince longuette à mors étroits, et d'un styletou d'une sondecannelée;
il est bon de se munir d'un corps gras, vaseline ou huile
stéri¬
lisée, pour faciliter la progression de l'instrument
dilatateur
àtravers l'orifice rétréci du prépuce. Je signale enpassant que
de
nombreux instruments ont étéimaginés pourproduire la
dilata¬
tion, je me contenterai d'énumérer les principaux; ce sont : le
dilatateur à trois branches de Nélaton, les dilatateurs d'Elliot Cônes, d'Hutchinson, d'Ortis, de Bonnafond, de Zeissl, de GeorgesMartin, la pince dilatatrice de
W. Stephenson, le dila¬
tateuràvis de Charrières, le dilatateurde Chalot.
Ceci dit, passons à la technique
opératoire
:Le malade est placé dans le décubitus
dorsal;
unaide immo¬
bilise ses deux membres inférieurs; l'opérateur fait face au
malade; il ramène autant que possiblevers