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Article pp.9-13 du Vol.25 n°143 (2007)

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Texte intégral

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Présentation

Patrice Flichy Frédéric Moatty

La recherche sur les technologies d’information et de communication se développe simultanément dans plusieurs disciplines des sciences sociales : sociologie, économie, gestion, sciences d’information et de communication.

Aussi, la littérature de plus en plus abondante produite dans ce domaine ne trouve pas toujours sa place dans Réseaux, l’organisation thématique de la revue ne nous permettant pas de publier suffisamment rapidement les travaux qui nous sont proposés. Ce numéro prend donc un caractère exceptionnel puisqu’il est volontairement non thématique, pluridisciplinaire, et qu’il propose des articles écrits par de jeunes chercheurs. Il présente cinq textes issus des 4e doctoriales organisées en janvier 2007 par le Groupement de Recherche (GDR) CNRS « TIC & Société », l’ensemble des communications présentées en janvier 2007 étant disponible sur le site de ce GDR http://gdrtics.u-paris10.fr. C’est la seconde fois que Réseaux publie une sélection de textes issus de ces doctoriales (cf. n° 125, 2004) en lien avec un objectif de publication de jeunes auteurs et de diversification de sa politique rédactionnelle1. Le regard renouvelé que cette jeune génération de chercheurs nous apporte sur les TIC permet de saisir des sujets émergents ou des façons innovantes d’aborder des thèmes récurrents.

En conséquence ce numéro de Réseaux est caractérisé par une grande variété thématique qui illustre la multiplicité actuelle des usages des TIC, allant par

1. Des sélections de textes issus des doctoriales du GDR TIC & Société sont également parues dans les revues Sciences de la Société en 2003 (n° 59) et Communication & Stratégies en 2005 (n° 59).

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exemple de l’univers des jeux à celui, moins ludique, des changements organisationnels de l’administration fiscale. Les cinq textes présentés permettront de passer de la sphère privée à la sphère professionnelle. Dans la sphère privée, il peut s’agir de pratiques nouvelles comme les jeux en ligne peu étudiés par la recherche francophone, ou d’une analyse comparée des pratiques d’information sur les médias classiques et sur les nouveaux médias (presse gratuite, presse en ligne, téléphone mobile de troisième génération).

Ces nouveaux champs de recherche posent aux chercheurs des questions inédites. La séparation entre la production et la consommation s’estompe.

Quand l’usager dispose de multiples supports, son choix est souvent lié aux opportunités, aux contextes des situations. L’innovation n’est pas seulement dans les objets de recherche et dans les approches, elle est aussi dans les méthodes : observation participante, enregistrement vidéo…

Les études concernant la sphère professionnelle et le domaine des organisations, domaines également difficiles à explorer, ne cèdent pas, quant à elles, à l’inflation des études sur internet et ses avatars. L’informatisation et les changements organisationnels restent en effet des thématiques dominantes comme le montrent les articles portant sur l’administration fiscale, les éditeurs de logiciels ou sur les relations entre usage des TIC et satisfaction au travail. La question de l’innovation sous ses différentes formes techniques et organisationnelles, ainsi que celle de son appropriation ou de son impact sur les utilisateurs, constitue donc un des fils directeur de ce numéro de Réseaux, le lien entre l’innovation et la demande ne se résumant plus à une offre d’innovation ou à une innovation à la demande dans la mesure où c’est la dynamique de la rencontre entre offre et demande ou entre conception et usage qui permet l’innovation. En quelque sorte ce sont des usages croisés et frontaliers qui font émerger des produits ou des services innovants en mariant les imaginaires des concepteurs et des utilisateurs, ce qui ne produit pas que des chimères mais concrétise bel et bien des hybridations. Ainsi, la coupure entre prescripteurs et agents, ou entre conception et usage est remise en cause, tandis que se profile l’importance du rôle joué par les médiations techniques, humaines et organisationnelles.

Vinciane Zabban s’est intéressée à un type de jeu vidéo particulier, les jeux en ligne massivement multijoueurs à univers persistant. Comme dans les univers virtuels, les participants se comptent en dizaines de milliers et parfois en millions. Le jeu évolue donc en permanence dans un cadre défini par les concepteurs. Les analyses de la sociologie de la réception sur

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l’activité du récepteur ne peuvent plus vraiment s’appliquer dans ce cas, puisqu’il ne s’agit plus seulement de se réapproprier une œuvre, mais de la co-construire. Les joueurs, à travers leurs avatars, interagissent entre eux et modifient ainsi les situations de jeu. Les concepteurs doivent, de leur côté, adapter leur jeu pour tenir compte des actions non prévues des joueurs. De même, les analyses sur le marketing et sur l’innovation qui montrent qu’à travers un jeu de médiations successives les concepteurs tiennent compte des goûts supposés des consommateurs ne sont plus adaptées. En effet, il ne faut pas seulement s’intéresser au client pendant la production, mais durant toute la vie du jeu. Comme dans la relation de service, il faut maintenir le lien en permanence. Il faut gérer la communauté, faire remonter ses difficultés, ses demandes vers les concepteurs. Ce difficile travail de médiation collective est en partie assuré sur le réseau par des animateurs salariés de l’éditeur ou des bénévoles. A travers ce dispositif complexe de médiation, apparaît tout un continuum de positions entre celle du joueur et celle du concepteur.

La sociologie des médias s’est peu intéressée à l’analyse comparée de l’usage des différents médias. Cette question abordée par Julien Figeac est particulièrement d’actualité dans un contexte où on assiste à un entrelacement des usages des médias. Les usagers ne choisissent pas seulement tel ou tel média en fonction de son contenu, de sa plus ou moins grande légitimité culturelle, mais aussi en fonction du contexte de la réception : individuel ou familial, au bureau ou à la maison, dans un lieu fixe ou dans une situation de mobilité. Ces différentes situations sociales amènent l’usager à privilégier tel ou tel média, mais aussi à entrelacer des pratiques, à construire un « cocktail » spécifique de médias. L’originalité du travail de Julien Figeac est d’inscrire cette préoccupation dans un projet d’élaboration d’une pragmatique des pratiques d’information. Si la sociologie de la réception a pris en compte le fait que la réception des médias est souvent collective et que les interactions entre les usagers jouent un rôle déterminant dans le choix, mais aussi dans l’interprétation, elle s’est peu intéressée aux conditions de la réception et notamment aux phénomènes de multi-activités.

On ne s’informe pas de la même façon quand on conduit sa voiture, quand on fait la cuisine, quand on travaille sur son ordinateur ou qu’on est assis dans son salon. Toutes ces situations créent des propensions à choisir une pratique d’information plutôt qu’une autre.

Laura Parente aborde quant à elle la question des changements concomitants entre organisation et informatique, dans le domaine de l’administration fiscale française. Les changements organisationnels sont ici de grande

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ampleur et correspondent à la redéfinition des missions entre deux directions, les Impôts (DGI) et le Trésor (DGCP) s’accompagnant d’une nouvelle conception des métiers des agents et des rapports avec les contribuables. Leur ampleur ayant même provoqué un conflit social conduisant à scinder un projet unique de réforme en deux projets autonomes, l’un expérimental concernant l’organisation et le second plus opérationnel portant sur l’informatisation. Du point de vue des outils, il s’agit de passer d’une infrastructure informatique cloisonnée voire hermétique, structurée par impôts, à une informatique centrée sur le contribuable. En resituant les différents changements dans leur histoire, son analyse montre une tension et un renforcement mutuel entre informatique et organisation, les deux projets n’étant pas indépendants. Les objets techniques apparaissent comme le produit de choix organisationnels antérieurs tandis que les potentialités de leur utilisation dépendent de la mise en œuvre des réorganisations. Mais, sortant d’une dialectique classique entre « la poule et l’œuf », où le lecteur se demande quel est l’effet premier, l’auteure pose et répond à une question pertinente : l’organisation dépasse t-elle l’informatique ?

Si les économistes se sont beaucoup intéressés aux liens entre l’adoption des TIC et les performances des entreprises notamment à propos du « paradoxe de la productivité », ils se sont relativement moins interrogés jusqu’ici aux relations entre TIC et conditions de travail. C’est à la délicate question de la satisfaction au travail que s’attèlent Nathalie Colombier, Ludivine Martin et Thierry Pénard en utilisant les données de l’enquête permanente sur les conditions de vie des ménages d’octobre 2005 dont un volet s’intéressait à l’usage des TIC dans les domaines privé et professionnel. De nombreuses études ont souligné l’absence de déterminisme technologique et les effets ambivalents des technologies ne serait-ce qu’en raison de l’entrelacement des changements technologiques et organisationnels. Les auteur(e)s se proposent donc de tenter de distinguer les « effets propres » liés à l’introduction des TIC des « effets indirects », c’est-à-dire des effets croisés des TIC avec l’organisation du travail. C’est ce qui fait toute l’originalité de cette étude même si le lecteur pourra s’interroger sur la possibilité d’une telle distinction ou sur ses limites compte tenu des variables prises en compte pour caractériser l’organisation du travail. Mais les hypothèses de recherche doivent être mesurées à l’aune de leurs résultats et le lecteur pourra confronter ses idées préconçues sur le sujet (s’il en a) avec les conclusions obtenues grâce aux modélisations : le téléphone portable est-il

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un facteur de satisfaction au travail ? L’usage d’internet ajoute-il toujours quelque chose à celui de l’ordinateur ?

Les TIC constituent un cas privilégié pour étudier de nouvelles formes de relations entre concepteurs et utilisateurs, comme nous l’avons déjà vu dans le premier article de ce numéro. François Scheid s’intéresse ici à l’émergence d’innovations radicales chez un éditeur de logiciels destinés aux entreprises. Dans ce domaine la prise en compte des besoins des clients et leur rôle dans l’émergence et l’orientation de l’innovation logicielle est désormais bien documentée. Aussi choisit-il de porter son attention sur la tension inhérente à ce domaine pour l’entreprise conceptrice : elle doit d’un côté satisfaire les besoins spécifiques d’un client, ce qui est source d’apprentissages, et de l’autre tirer parti des connaissances qui émergent de l’enchaînement de différents projets en créant des produits génériques lui permettant de répondre à des besoins suffisamment vastes pour correspondre à un marché futur. Cette tension entre produit spécifique et produit générique, entre apprentissage flexible et incorporation et donc fixation des connaissances acquises dans un produit le conduit à s’interroger sur qui est finalement l’auteur de l’innovation. Est-ce encore le concepteur ou bien l’utilisateur a-t-il lui aussi un rôle structurant dans le processus d’innovation notamment lorsqu’il s’agit d’un « lead-user » ? Enfin, quelles sont les solutions adoptées afin de modulariser les systèmes et leur conception et comment personnaliser une offre de produits innovants ?

On trouvera en varia deux approches différentes du monde de l’information.

Michel Barthélémy consacre sa réflexion aux étapes de la connaissance journalistique face à la critique. Dans une démarche etnométhodologique, il examine la manière dont les médias ont rendu compte de l’affaire dite du bagagiste de Roissy.

De son côté, Camille Laville aborde la question du changement journalistique à partir du concept de configuration d’Elias. Elle analyse notamment les transformations des contenus et des formats journalistiques depuis 1945 à travers le prisme de la dépêche d’agence.

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