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Redéfinition de la formation crétacée de Blanche au Liban par une étude taxinomique micropaléontologique

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Academic year: 2021

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HAL Id: tel-01868181

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Submitted on 5 Sep 2018

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Redéfinition de la formation crétacée de Blanche au

Liban par une étude taxinomique micropaléontologique

Sibelle Maksoud

To cite this version:

Sibelle Maksoud. Redéfinition de la formation crétacée de Blanche au Liban par une étude taxinomique micropaléontologique. Sciences de la Terre. Université de Bretagne occidentale - Brest, 2015. Français. �NNT : 2015BRES0031�. �tel-01868181�

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THÈSE / UNIVERSITÉ DE BRETAGNE OCCIDENTALE sous le sceau de l’Université européenne de Bretagne

pour obtenir le titre de DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE BRETAGNE OCCIDENTALE

Mention : Géologie

École Doctorale des Sciences de la Mer - EDSM

présentée par

Sibelle MAKSOUD

Préparée à Brest

Redéfinition de la Formation

crétacée de Blanche au Liban

par une étude taxinomique

micropaléontologique

Thèse soutenue le 15 Juillet 2015

devant le jury composé de :

Dany AZAR - Co-Directeur Vincent BARBIN - Examinateur Bruno GRANIER - Directeur Danièle GROSHENY - Rapporteure Alain LE HÉRISSÉ - Examinateur Rossana MARTINI - Rapporteure

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” Je me suis fait étudiant, non pas comme autrefois, mais homme d'étude, à fond de train, et je m'en donne avec furie.

Je n'ai jamais tant étudié de ma vie ; c'est un besoin qui ne me quitte plus.”

Charles-Isidore BLANCHE

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(5)

Remerciements

Je tiens avant tout à remercier mes directeurs de thèse, les professeurs Dany AZAR

et Bruno GRANIER, pour m’avoir soutenue et guidée tout au long de ce travail.

Dany AZAR, par son esprit critique et ses recommandations, m’a permis de préciser

mes idées.

Bruno GRANIER m’a transmis sa passion pour la micropaléontologie et les

carbonates.

La Professeure Rossana MARTINI, la Dr. Danièle GROSHENY, le Professeur Vincent

BARBIN et le Dr. Alain LE HERISSE ont bien voulu participer au jury de ma thèse et

porter un jugement sur mon travail ; je les en remercie vivement.

Le Laboratoire des Domaines Océaniques associé à l’Université de Bretagne Occidentale m'a accueillie dans ses locaux du Bouguen pendant mes séjours à Brest ; je remercie celles et ceux qui m'ont encouragée et apportée leur aide pour accomplir ma thèse dans les meilleures conditions.

Mes vifs remerciements vont à Dr Raymond GEZE qui m’a fait découvrir, avec sa

disponibilité sans pareil, les recoins les plus secrets du Liban. Il avait bien raison en disant « Blanche n’est pas si Blanche que ça ! ».

J'exprime également ma plus sincère gratitude à mes « parents en géologie »,

la

Dr.

Isabelle VELTZ et le regretté Professeur Jean-Claude PAICHELER, pour leurs

précieux conseils et les moments inoubliables que j'ai passés en leur compagnie sur terrain.

Danielle DECROUEZ m'a toujours accordé son soutien et ses encouragements ; je lui

en serai toujours reconnaissante.

Pour écrire ce mémoire, j'ai également bénéficié de l’assistance de plusieurs spécialistes : Bernard CLAVEL pour les échinidés et les orbitolinidés ; Josep A.

MORENO-BEDMAR pour les ammonites, Jean-Pierre MASSE pour les rudistes, Serge

FERRY pour sa connaissance de la géologie de terrain au Liban.

L’aboutissement de ce travail me donne l’occasion d’exprimer ma profonde gratitude à mes parents, auxquels qui je dois tant, mais aussi d'adresser les derniers remerciements à toute ma famille qui m’a toujours soutenue dans mes choix.

Cette thèse a bénéficié de plusieurs supports financiers : d'une part, une bourse doctorante du Centre National de la Recherche Scientifique Libanais (CNRS-L), de l’Agence Universitaire de la Francophonie au Liban (AUF), et de la Walid Joumblatt Foundation for University Studies (WJF) ; d'autre part, d'un soutien par le biais du projet de recherche N° 30959NJ - PHC CEDRE 2014 du programme Partenariat Hubert Curien (PHC) CEDRE, mis en œuvre au Liban et en France par le Ministère des Affaires étrangères (MAE) et le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR), mais aussi d'un soutien par le biais du projet de Recherche "Biodiversité : Origine, Structure, Evolution et Géologie" dirigé par Dany AZAR à

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Résumé

Les calcaires du Crétacé inférieur de la "Falaise de BLANCHE" affleurent sur une

grande partie du territoire libanais. Ils apparaissent dans le paysage sous forme d'escarpements linéaires saillants constituant autant de points d'ancrage remarquables pour tout recalage stratigraphique. Toutefois, jusqu'à très récemment, cette unité était piètrement caractérisée : il lui manquait notamment une définition rigoureuse. Nous introduisons ici l'Étage régional Jezzinien, dont la localité-type est sise à Jezzine. Il s'agit également d'une unité stratigraphique particulière, une "unconformity-bounded unit" (souvent désignée par l’acronyme U.B.U.), une unité qui, par définition, est encadrée par deux discontinuités. Parce que nous avons identifié une limite de séquence supplémentaire, en position médiane, peu exprimée dans la section-type, mais beaucoup mieux à Aazour, à 4,5 km à peine à l'ouest de Jezzine, le nouvel étage régional devrait implicitement couvrir deux séquences. Le canevas lithostratigraphique étant clairement redéfini, nous avons pu étudier les associations micropaléontologiques, constituées essentiellement de foraminifères benthiques et d'algues calcaires, associations dorénavant relativement bien contraintes du point de vue de leur âge. Typiquement sud-téthysiennes, elles facilitent les corrélations holostratigraphiques à haute résolution avec la région du Golfe persique, sur le côté oriental de la Plaque arabique. L'intervalle Jezzinien correspond ainsi à la partie supérieure de l'Étage Régional Kharaïbien (aussi connu comme unité réservoir "Thamama II" dans l'industrie pétrolière). À son tour, le Jezzinien est indirectement corrélé avec les unités stratigraphiques urgoniennes nord-téthysiennes où il correspond à un intervalle relativement court comprenant la limite des étages standards (internationaux) Barrémien et Bédoulien. Localement la discontinuité sommitale est associée à un hiatus intra-Bédoulien significatif. Les associations macropaléontologiques reconnues dans le Jezzinien (échinides) et au-dessus de cette unité (ammonites) viennent à l'appui de notre datation micropaléontologique ou tout au moins ne la contredisent pas.

Douze coupes réparties sur l’ensemble du Liban permettent de visualiser les variations d'épaisseur et les changements latéraux de faciès (depuis les faciès boueux du lagon jusqu'aux faciès grenus de la barrière) au sein de l'intervalle Jezzinien. Une esquisse de carte isopaque permet d'identifier trois domaines fondés sur les seules épaisseurs (moins de 30 m, de 30 à 60 m, plus de 60 m -avec un maximum relevé d'environ 70 m). Au sein du domaine de plus grande épaisseur, on identifie un sous-domaine distal où les faciès grenus représentent plus de 90% de la colonne sédimentaire et un sous-domaine proximal où ils représentent moins de 10% ; le sous-domaine intermédiaire relativement étroit correspond approximativement à une bande de faciès où sont présents les Offneria, un type particulier de rudistes.

L'inventaire micropaléontologique qui porte essentiellement sur les "algues vertes calcaires" et les foraminifères benthiques a permis d'identifier au niveau générique ou spécifique : seize foraminifères à test agglutiné, parmi lesquels des orbitolinidés ; deux foraminifères à test originellement aragonitique, des foraminifères à test hyalin (qui n'ont pas été déterminé spécifiquement), des

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Diploporacées (Carpathoporella), une Polyphysacée, deux Dasycladacées, sept Triploporellacées, parmi lesquelles une espèce nouvelle, deux Bornetellacées et une Solenoporacée (Marinella). Les foraminifères identifiés peuvent en théorie être répartis en trois morphogroupes chacun potentiellement spécifique d’un "microhabitat" avec, par exemple, Palorbitolina et Choffatella pour les épibiontes et les foraminifères à agglutinat grossier (Buccicrenata, Lituola et Flabellammina) pour les endobiontes. Les foraminifères à test porcelané rencontrés dans les faciès boueux vont caractériser le lagon. Concernant les Orbitolinidae, Palorbitolina est présente depuis la barrière jusque dans la partie distale du lagon alors que

Montseciella, identifiée dans une seule localité, pourrait être restreinte à la seule

partie proximale du lagon. Les Choffatella spp. ont une répartition singulière : elles peuvent se retrouver dans les faciès de lagon très peu profond associées aux algues vertes ou, à l'opposé, dans les faciès distaux (au-delà de la barrière), c’est-à-dire dans les deux cas dans des environnements de faible énergie, ou encore dans les faciès d'ennoiement de la plate-forme. Choffatella et Palorbitolina ne semblent pas cohabiter (confirmant des observations antérieures) : on trouve cependant ces deux formes associées dans les faciès de transgression où ce sera la marque de remaniements.

Parmi les algues calcaires, deux Triploporellacées, Suppiluliumaella sp. et

Cylindroporella lyrata, et l'algue rouge Marinella sont associées aux Offneria et aux

faciès grenus. Deux autres algues vertes, Montiella sp. et Salpingoporella

(Hensonella) dinarica, sont présentes dans tous les faciès, boueux ou grenus, donc

depuis la barrière jusque dans le lagon ; S. (H.) dinarica est également rencontrée dans des faciès de lagune, associée à des restes de Charophytes (gyrogonites) à Batha/Ghosta. Les autres Dasycladales sont rencontrées exclusivement dans les faciès boueux du lagon qu'elles caractérisent.

Mots-clés : Liban, Crétacé inférieur, Barrémien, Bédoulien, Aptien auct., Falaise de Blanche, Étage régional Jezzinien, Dasycladales, foraminifères.

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Abstract

The "Falaise de Blanche" is a prominent cliff, consisting mostly of Lower Cretaceous limestones that extends as linear outcrops over most of the Lebanese territory and provides geologists a remarkable reference for stratigraphic studies. However, until now, this unit was lacking a clear definition. We introduce herein the Jezzinian Regional Stage, the type-locality of which is at Jezzine. It equates as an unconformity-bounded unit and, per definition, it is framed by two discontinuities. Because we identified an additional, median sequence-boundary, poorly-expressed in the type-section but better at Aazour, only 4.5 km westward of Jezzine, the new regional stage implicitly spans two sequences. The lithostratigraphic framework being properly redefined, we were able to investigate time-constrained micropaleontological assemblages, consisting mostly of benthic foraminifers and calcareous algae. Typically Southern Tethysian, these assemblages contribute to high-resolution, holostratigraphic correlations with the Persian Gulf area, on the eastern part of the Arabian Plate. The Jezzinian interval correlates with the upper part of the Kharaibian Regional Stage (also known as "Thamama II" reservoir unit in the oil industry). In turn, the Jezzinian is indirectly correlated with the Northern Tethysian Urgonian stratigraphic units where it corresponds to a rather short interval encompassing the standard Barremian - Bedoulian stage boundary. Locally the upper discontinuity is associated to a significant intra-Bedoulian hiatus. The macrofossil assemblages found in the Jezzinian (echinids) and above it (ammonites) support, or at least do not contradict, our micropaleontological dating.

Twelve sections have been logged and sampled throughout Lebanon showing the thickness variations and facies lateral changes (from the muddy lagoon facies to the grainy barrier facies) within the Jezzinien interval. An isopach draft map allows identifying three areas based only on thickness (less than 30 m, from 30 to 60 m over 60 m -with a maximum log of about 70 m). Within the area of greater thickness, we identify a distal subdomain where the granular facies represents over 90% of the sedimentary column and a proximal subdomain where they represent less than 10%; the relatively narrow middle subdomain corresponds approximately to a facies strip where the Offneria, a particular type of rudists, are present.

The micropaleontological inventory that focuses on "green calcareous algae" and benthic foraminifera identified at generic or specific level is the following: sixteen foraminifera agglutinated test, among which Orbitolinids; two foraminifera with an originally aragonite test, foraminifera with hyaline test (that have not been specifically identified), the foraminifera with porcelacous test (Miliolids), possible remains of (?) Diploporaceae (Carpathoporella), a Polyphysaceae, two Dasycladaceae, Seven Triploporellaceae, including a new specie, two Bornetellaceae, and one Solenoporaceae (Marinella).The identified foraminifera can theoretically be divided into three morphogroups each one specific to a potentially "microhabitat" with, for instance, Palorbitolina and Choffatella as epifauna and coarse agglutinated foraminifera (Buccicrenata, Lituola and Flabellammina) as infauna. Foraminifera with porcelacous test which are found in muddy facies will characterize the lagoon. Regarding Orbitolinidae, Palorbitolina is present from the

(9)

location, may be limited only to the proximal part of the lagoon. Choffatella spp. have a singular distribution: they can be found in very shallow lagoon facies associated with green algae or, conversely, in the distal facies (above the barrier),

i.e., in both low energy environments, or even in the flooding facies of the platform. Choffatella and Palorbitolina do not seem to cohabit (approving previous

observations): they can be found associated in transgression facies as a result of reworking.

Among the calcareous algae, Suppiluliumaella sp. and Cylindroporella lyrata (both Triploporellaceae), and the red algae Marinella are associated with Offneria in grainy facies. Two other green algae, Montiella sp. and Salpingoporella (Hensonella)

dinarica, are present in all facies, muddy or grainy, i.e., from the barrier till the

lagoon; S. (H.) dinarica is also found in the lagoon facies associated with Charophytes (gyrogonites) remains in Batha/Ghosta. The other Dasycladales are found exclusively in the muddy lagoon facies that they characterize.

Keywords: Lebanon; Lower Cretaceous; Barremian; Bedoulian; Aptian auct.; Falaise de Blanche; Jezzinian Regional Stage; foraminifers; Dasycladales

(10)

Contents

Introduction ... 1

1re Partie : Le Crétacé du Liban et la Falaise de BLANCHE ... 2

Chapitre 1. Présentation géographique ... 2

Chapitre 2. Synopsis géologique du Liban ... 3

Chapitre 3. Le Crétacé du Liban – État de connaissances ... 5

Les Formations du Crétacé ... 5

Problématique ... 7

Chapitre 4. Redéfinition (et abandon) de la "Falaise de BLANCHE". Définition d'un cadre stratigraphique strictement défini : l'étage régional Jezzinien (MAKSOUD et al., 2014a) ... 8

Revue historique de la "Falaise de BLANCHE" ... 15

Discussion et commentaires ... 17

Revue des données biostratigraphiques ... 21

Revue des données paléontologiques ... 23

Macrofossiles ... 23 Échinides ... 23 Rudistes ... 25 Céphalopodes ... 27 Microfossiles ... 31 Algues calcaires... 31

Les Foraminifères benthiques ... 35

Chapitre 5. Description sommaire des coupes. ... 41

a- Chaine de l'Anti-Liban ... 41

1- El-Sheaybeh (VO) ... 41

2- Aita el Fokhar (AF) ... 42

b- Chaîne du Mont-Liban ... 45

3- Ain Dara versant Est (EAD) ... 45

4- Maarab (MEB) ... 47

(11)

6- Sfireh (SFI) ... 53

7- Bkaa Safrin (BKAA) ... 55

8- Jeita (JIA) ... 57

9- Aazour ... 59

10- Aarbet Qozhaya (AAR) ... 61

11- Beit Monzer (BM) ... 63

12- Coupe-type de Jezzine (JZP) ... 63

2e partie : Micropaléontologie ... 65

Chapitre 1.- Systématique ... 66

1 - Les "algues calcaires" ... 66

2 - Foraminifères benthiques ... 103

a- Foraminifères à test agglutiné ... 103

b- Foraminifères à test aragonitique ... 168

c- Foraminifère à test porcelané ... 173

d- Foraminifère à test hyalin ... 173

3 - Interprétation sur la distribution des algues calcaires et des foraminifères ... 173

4 - Classification des foraminifères en morphogroupes ... 176

3e Partie : Synthèse et Conclusions ... 180

Chapitre 1. Synthèse stratigraphique ... 180

Introduction ... 180

Le Jezzinien ... 181

Définition de l’UBU de Jezzine, Alloformation de Jezzine et Étage régional de Jezzine ... 181

Corrélation des coupes ... 183

Étude statistique des associations micropaléontologiques des coupes ... 187

Application du modèle d’ARNI (1965)au Jezzinien(Fig. 31) ... 191

L’étage régional de Jezzine à l'échelle de la plaque arabique (association Téthys Sud) ... 195

Corrélation avec les pays voisins ... 199 L’étage régional de Jezzine corrélé avec l'Urgonien du SE de la France

(12)

Isopaques ... 200

Chapitre 2. Conclusions ... 202

Bibliographie ... 205

(13)

Introduction

Le Crétacé (-145 à -65 Ma) est largement présent à l’affleurement au Liban. Je me suis intéressée plus spécifiquement à une partie du Crétacé inférieur (-145 Ma à -100 Ma) peu connue hormis par le biais de publications trop générales (DUBERTRET, 1963) ou trop spécialisées (par exemple celles de SAINT-MARC, 1970

et 1974, qui ne traitent qu’accessoirement de quelques foraminifères de l’Aptien et de l’Albien), publications par ailleurs relativement anciennes, datant de plus de quatre décennies, c’est-à-dire bien avant l’avènement de la stratigraphie séquentielle.

À l’échelle de la plaque arabique, le Liban n’est pas un cas isolé : on ne sait rien ou peu de choses du Crétacé inférieur de pays immédiatement voisins (la Syrie, par exemple) ou plus éloigné qu’il s’agisse de la Jordanie, de l’Iraq ou de l’Arabie Saoudite, et ceci pour des raisons diverses, géologiques, économiques ou stratégiques (ainsi, par exemple, le Crétacé ne peut être localement reconnu qu’en subsurface et par le biais de forages, souvent pétroliers, dont les données sont confidentielles) ; on est un peu mieux lotis en ce qui concerne les Émirats Arabes Unis et l’Oman. Les cartes paléogéographiques existantes pour cette partie de la Téthys au Crétacé inférieur comportent donc de nombreuses lacunes d’information, que nous nous attacherons à combler, et approximations, que nous nous efforcerons de corriger.

Dans une première partie, j’ai focalisé mon attention sur la "Falaise de BLANCHE"

(une entité lithostratigraphique attribuée à l’Albien, puis à l’Aptien) et ceci par une approche holostratigraphique, synonyme de "stratigraphie intégrée" recouvrant tous les aspects possibles de la stratigraphie mais en se limitant à ceux accessibles à un moment donné (elle est donc en partie fonction de paramètres externes pas nécessairement scientifiques : accès éventuel à des données pétrolières, résultats ponctuels d’analyses géochimiques, etc.). La deuxième partie constitue le volet micropaléontologique de ce mémoire. J'ai recencé et décrit 19 taxons de foraminifères et 13 d'algues calcaires identifiés au sein du Jezzinien (MAKSOUD et al., 2014a).

Les premiers résultats biostratigraphiques (MAKSOUD et al., 2014a) révèlent que

la base de cette formation est barrémienne, donc plus ancienne que ce qui était admis jusqu’à présent. En outre l’approche holostratigraphique (stratigraphie intégrée : stratigraphie séquentielle, sédimentologie, etc.) suggère que cette unité lithostratigraphique est l’équivalent de la Formation (Upper) Kharaïb connue pour recéler d’importants gisements d’hydrocarbures (Thamama II) dans la région du Golfe persique (GRANIER et BUSNARDO, 2013).

(14)

1

re

Partie :

Le Crétacé du Liban et la Falaise de B

LANCHE

Chapitre 1. Présentation géographique

Avec une superficie de 10 452 km2, soit une fois et demi la taille moyenne d'un département français, une largeur maximale (E-W) de quelques 90 km et une longueur (N-S) de quelques 215 km, le Liban est un petit pays du Proche-Orient disposant d'une importante façade maritime sur la Mer Méditerranée. Il est dominé par deux zones élevées de reliefs calcaires, l’Anti-Liban à l’Est et le Mont Liban à l’Ouest, séparées par un large fossé d'effondrement correspondant à la plaine de la Békaa :

• l’Anti-Liban (

ﺔﻴﻗﺮﺸﻟﺍ ﻥﺎﻨﺒﻟ ﻝﺎﺒﺟ ﺔﻠﺴﻠﺳ

), dont une grande partie est en territoire syrien, est un large bombement anticlinal orienté SW-NE qui culmine à 2814 m au Mont Hermon à la frontière avec la Syrie voisine ;

• bordée à l'Est et à l'Ouest par deux décrochements senestres, les failles de Serghaya et de Yammoûneh respectivement, d'une largeur de 8 à 14 km et à une altitude moyenne de 900 m, la plaine de la Békaa (

ﻉﺎﻘﺒﻟﺍ ﻞﻬﺳ

) se situe dans le prolongement des fossés du Jourdain, de la Mer Morte et de la Mer Rouge. Tout comme l'Anti-Liban, ce domaine appartient à la Plaque Arabique ;

• le Mont-Liban (

ﺔﻴﺑﺮﻐﻟﺍ ﻥﺎﻨﺒﻟ ﻝﺎﺒﺟ ﺔﻠﺴﻠﺳ

) est un vaste anticlinal orienté SSW-NNE qui culmine à 3 089 m au Qornet el Saouda à l'est de Tripoli, dans la partie septentrionale du territoire libanais. Ce massif montagneux est entaillé tout du long de sa façade maritime par des gorges profondes (jusqu’à 1 000 m pour la vallée de la Qadisha) creusées d’Est en Ouest par des oueds dans ses hauts plateaux karstiques. Le domaine du Mont Liban bordé à l'ouest par un troisième décrochement senestre, la Faille de Roûm, qui devient un chevauchement empiétant sur le domaine maritime entre Beyrouth et Tripoli, appartient quant à lui à la Plaque Africaine ; • en mer, le plateau continental, très étroit (8 km de large au maximum), et

le talus sont entaillés par de profonds canyons qui débouchent à près de 2 000 m de profondeur dans le Bassin du Levant, le sous-bassin le plus oriental de la Mer Méditerranée.

Le Crétacé inférieur et, plus spécifiquement, les couches attribuées à la Falaise de BLANCHE, dont le contenu micropaléontologique fait l'objet de ce mémoire de

thèse, affleurent largement dans les deux grandes structures anticlinales à cœur jurassique que constituent l'Anti-Liban et le Mont Liban.

(15)

Chapitre 2. Synopsis géologique du Liban

Au sein des séries phanérozoïques de la Plaque Arabique, SHARLAND et al. (2001)

ont identifié 11 mégaséquences tectonostratigraphiques (AP1 à AP11) séparées par des discontinuités créées par des événements tectoniques. Concernant le Liban, seules les 6 dernières (AP6 à AP11) peuvent être identifiées :

• AP6 (Permien moyen - Jurassique inférieur) correspond à la dislocation du supercontinent Pangée débute à la fin du Paléozoïque. Deux phases successives d’extension auraient été identifiées dans la partie du Gondwana sur laquelle se trouve le Liban. La première, du Permien supérieur au Trias moyen, met en place un système de bassins de rift (rifting) d’orientation NE-SW. La seconde phase, du Trias supérieur au Lias, conduit à l’ouverture de l’ "Océan Levantin" (HOMBERG et al., 2007).

• AP7 (Jurassique moyen à supérieur) est une période de relative stabilité tectonique. Le Liban correspond à un domaine occupé par des mers épicontinentales. Les calcaires littoraux sont progressivement remplacés par des calcaires plus distaux avec localement de petites constructions coralliennes.

• AP8 (Jurassique terminal - Crétacé "moyen") est marquée, vers la fin du Jurassique et le début du Crétacé, par une nouvelle phase de "rifting". Le futur Liban émerge et ses paysages sont alors constitués de marais, de rivières et de deltas. L’érosion alimente les grès du Crétacé inférieur de la Formation du Chouf ou "Grès du Liban". Du volcanisme basaltique se produit au cours du Crétacé inférieur. À la fin du Crétacé inférieur, le niveau marin relatif monte et les sables sont remplacés par des calcaires localement récifaux. L’expansion océanique se poursuit à l’Ouest jusqu’au Crétacé moyen.

• AP9 (Crétacé supérieur) et AP10 (Paléocène - Éocène) voit les plaques eurasienne et africaine entrer en collision et la fermeture de l’océan Téthys. La collision ne concerne pas directement la région mais elle engendre des mouvements de compression qui soulèvent le Mont-Liban et l’Anti-Liban.

• AP10 et AP11 (Oligocène - Actuel) sont caractérisées par un soulèvement important avec une orientation NNE-SSW du Liban actuel. La mer se retire progressivement de la plaine de la Békaa et il n'y a plus que des incursions marines le long de la côte actuelle. L'érosion des vallées fluviales débute. À la fin du Miocène, la Méditerranée s’assèche et les vallées fluviales entaillent le plateau continental. Des soulèvements et des basculements de couches se poursuivent au cours des cinq derniers millions d'années.

La carte géologique (Fig. 1) montre que, à l’affleurement, le pays est essentiellement constitué de roches sédimentaires d'âges jurassique et crétacé. Le Trias (qui ne figure pas dans ce document) a été reconnu récemment sur le versant nord du Jabal Moussa dans le Mont-Liban (R. GEZE, communication

(16)
(17)

Chapitre 3. Le Crétacé du Liban – État de connaissances

Les terrains crétacés (Fig. 2), une puissante série dominante de calcaires, dolomies et marnes comptant aussi des sables, grès et argiles, d’une épaisseur d’environ 2000 m sont largement exposés au Liban. DOUVILLE (1910), DUBERTRET

et VAUTRIN (1937), DUBERTRET (1955, 1975) et SAINT-MARC (1974) ont subdivisé

le Crétacé en unités biostratigraphiques alors que WALLEY (1997, 2001) et

NOUJAIM CLARK et BOUDAGHER-FADEL (2001) ont défini des unités

lithostratigraphiques. ABDEL EL RAHMAN et NADER (2002) ont divisé certaines

formations en membres.

Les Formations du Crétacé

WALLEY (1997, 2001) et NOUJAIM CLARK et BOUDAGHER-FADEL (2001) ont défini les

huit formations suivantes, avec de bas en haut : • la Formation de Salima, • la Formation du Chouf, • la Formation de Abeih, • la Formation de Mdairej, • la Formation de Hammana, • la Formation de Sannine, • la Formation de Maameltein,

• la Formation de Chekka (débordant sur le Paléogène).

La synthèse stratigraphique présentée ci-dessous a été établie d'après WALLEY

(1997)

F. de Salima (80 - 180 m) Argiles et marnes ocres surmontées de calcaires oolithiques ocres

Tithonien supérieur

F. du Chouf (< 10 - 300 m) Grès, sables, argiles à lignites, basaltes altérés, latérites

Berriasien supérieur – Hauterivien

F. de Abeih (80 - 170 m) Calcaires, grès, argiles Barrémien – Aptien inférieur F. de Mdairej (plus de 70

m)

Calcaires gris, silicification au sommet

Aptien F. de Hammana (100 - 400

m) Grès, basaltes marnes, présents argiles, localement

Albien

F. de Sannine (sensu lato,

500 - 2000 m) Marnes, calcaires, dolomies, argiles Cénomanien – Turonien F. de Chekka (100 - 500 m) Craies blanches et craies

marneuses avec des niveaux de phosphates et de silex

Sénonien

Une révision de ces formations serait nécessaire. Avec la définition d'un stratotype dans une localité-type (recommandation de l’International

(18)

Stratigraphic Guide, 1994 ; MURPHY & SALVADOR, 1999). Mais comme durant le

Crétacé, les variations de faciès latérales et verticales ainsi que les variations d’épaisseur sont importantes, les unités lithostratigraphiques de WALLEY (1997,

2001) et de NOUJAIM CLARK et BOUDAGHER-FADEL (2001) n’ont vraisemblablement

qu’une valeur à l’échelle régionale, et il y a lieu de définir des formations de références ou des formations différentes selon les régions.

Figure 2 : Carte simplifiée du Liban, montrant les affleurements des différents

étages géologiques du Crétacé et récapitulant le travail de DUBERTRET (Carte élaborée par

le CNRS-Liban, 2011, inédit). Bc = Basaltes du Crétacé, C1 = Néocomien, C1-2 = Néocomien – Aptien inférieur, C2 = Aptien, C3 = Albien, C4 = Cénomanien, C5 = Turonien, C6 = Sénonien.

(19)

Problématique

Une révision de cette unité considérée lithostratigraphique est nécessaire car elle est mal définie comme le montre l'historique ci-dessus : confusion avec les "Cardiumbänke", absence d’une localité-type, pas de définition rigoureuse des limites supérieure et inférieure, datation qui ne fait pas l'unanimité.

La coupe-type à Mdairej levée par DUBERTRET n’existe plus en raison des récentes

urbanisations (constructions, carrières, routes et autoroutes).

Ainsi les études stratigraphiques préliminaires font appel à refaire une étude holostratigraphique basée sur des analyses faciologiques, paléontologiques, lithostratigrahiques et séquentielles.

Notre étude vise donc à "redéfinir" la Falaise de Blanche et en donner une datation sur de nouvelles bases considérées comme "définitives". De plus, cette étude d'apparence limitée sur la Falaise de Blanche, de vaste répartition géographique, constitue le jalon le plus stable pour caler toute la stratigraphie du Crétacé inférieur au Liban.

(20)

Chapitre 4. Redéfinition (et abandon) de la "Falaise de

B

LANCHE

". Définition d'un cadre stratigraphique strictement

défini : l'étage régional Jezzinien (M

AKSOUD

et al., 2014a)

La "Falaise de BLANCHE" constitue un élément remarquable des paysages

montagneux du Levant. En effet, cette corniche court depuis la Galilée, au Sud, tout du long de l'Anti-Liban, à cheval sur les territoires du Liban et de la Syrie, mais aussi du Mont Liban jusque dans les chaînes côtières syriennes, au Nord. Son tombant est souvent très abrupt avec des dénivelés qui varient de quelques mètres dans la région de Sfireh (Fig. 3) à plus de 70 m au niveau des cascades de Jezzine (Pl. 1, figs. A et B), par exemple. C’est d’ailleurs d'après cette localité éponyme que DUBERTRET (1955 : p. 20) a tenté – sans succès – de la renommer

"Falaise de Djezzine". Les calcaires blancs qui la constituent étaient antérieurement attribués à l'Aptien sensu stricto 1 ("Aptien supérieur" de DUBERTRET & VAUTRIN, 1937 ; DUBERTRET, 1955, 1963) ou pour l'essentiel au

Bédoulien sans exclure définitivement la présence d'Aptien sensu stricto pour leur partie sommitale (SAINT-MARC, 1970). Les calcaires jaunes grenus

sous-jacents étaient antérieurement attribués au Bédoulien ("Aptien inférieur" de DUBERTRET & VAUTRIN, 1937 ; DUBERTRET, 1955, 1963). Nous avons été amenés à

proposer de nouvelles datations (MAKSOUD et al., 2014a).

Planche 1

A- Les cascades de Jezzine en 1900

B- Cascades de Jezzine en 2013 (photo Dany AZAR)

C- Gravure du pont naturel de Faqra-Kfardebiane en 1800 (anonyme, 1858) D- Le pont naturel de Faqra-Kfardebiane en 2013 (photo Dany AZAR)

E-F- Gravure du pont naturel de Faqra-Kfardebiane (GUERIN, 1884)

G- Photo du pont naturel de Laklouk par Dany AZAR

H- Blanche en lapiaz à Faqra I- Blanche en Karst à Qanat Bakich

1 Pour les étages du Crétacé inférieur qui nous concernent, nous utiliserons préférentiellement la nomenclature de MOULLADE et al. (2011 ; 2015), soit une succession

reconnaissant les étages Barrémien, Bédoulien (qui ne comprend pas la Zone à Furcata) et Aptien sensu stricto, et rejetant le découpage en deux (sensu anglico) ou trois (sensu

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(22)

Nos premiers pas sur le terrain nous ont fait prendre conscience de la nécessité de lever rapidement les ambiguïtés présentes quant à la définition de l'unité dans laquelle nous devions prélever nos échantillons afin d’en entreprendre l'inventaire micropaléontologique :

• l'une de ses acceptions restreintes, la plus naturelle, est géomorphologique, notamment en raison des abrupts imposants qui la caractérisent. Localement, à Laklouk ou encore dans la région de Ghabat, on peut observer des éboulements formés de blocs plurimétriques, résultant peut-être (?) de séismes anciens (Pl. 2, fig. B). Observée en surfaces structurales, elle présente un modelé karstique avec des lapiaz caractéristiques dans les régions de Faqra (Pl. 1, fig. H) et de Qanat Bakich (Pl. 1, fig. I). Les ponts naturels de Laklouk (Pl. 1, fig. G) et de Faqra-Kfardebiane (Pl. 1, figs. C-F), illustré dans des lithographies du XIXème siècle (GUERIN, 1884 : p. 49 et 52 ; anonyme, 1858 : couverture), sont le résultat de cette érosion, de même que les grottes ["Mgharet"] El Dabaa à Kahlounié et El Chouf. À Sannine (Pl. 2, fig. A) et à Rihane, ses réseaux karstiques souterrains alimentent des nappes phréatiques qui ressurgissent localement sous forme de sources débouchant en pied de falaise. Rappelons, si nécessaire, que l’eau potable représente une ressource naturelle vitale pour les habitants de la région ;

• une autre acception peut être qualifiée d'indigène. Son appellation change alors d’une région à l’autre : dans le Sud du pays, les carriers l'appellent "hajar Jezzineh" [pierre de Jezzine] ; au centre, elle est plutôt connue sous le vocable de "chahm w lahem" ["graisse et viande"] à Beit Mery et Baabdat, ou encore "hajar el Mkalles" [pierre de Mkalles] à Mkalles et Mansourieh. De tout temps, cette pierre a été utilisée pour la construction : on peut, par exemple, penser au village de Beit Mery, District du Metn, Gouvernorat du Mont-Liban, avec une église (Pl. 2, fig. F), une école (Pl. 2, fig. G) et de nombreuses habitations (Pl. 2, fig. H). Nous pouvons aussi citer le temple d’Abaal à Ghineh (Pl. 3, fig. E), celui de Faqra (Pl. 2, fig. C), figurant sur les vieux billets de 250 livres libanaises (Pl. 2, fig. D), et le monastère Saint-Jean Baptiste à Beit Mery (Pl. 2, fig. E), construit sur des ruines phéniciens et romaines, où nous avons découvert les premiers Offneria, des rudistes jamais jusqu’alors signalés au Liban (MASSE et al., 2015). Des hypogées ont été creusés dans la

falaise à Mazraat El Siyad (Pl. 3, figs. A-D) et à Tormos. Enfin, localement, le silex peut y être abondant et il a d’ailleurs été largement exploité tout au long de la Préhistoire dans des régions telles que le Maten ou le Qehmez (Pl. 3, fig. F) ;

Planche 2

A- Aquifère sortant de Blanche à Sannine

B- Blocs plurimétriques de Blanche résultants du séisme à Ghabat C- Temple de Faqra

D- Temple de Faqra sur les 250 livres libanaises E- Temple romain de Beit Mery

F- Eglise Saint Sassine à Beit Mery G- Ecole de Beit Mery

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(24)

• la dernière acception enfin est géologique. Pour HEYBROEK (1942) puis, plus

tard, DUBERTRET (1947), il s'agit de désigner un "calcaire récifal blanc", une

affirmation dont nous verrons qu'elle n'est pas conforme à nos observations sur le terrain, notamment en raison de la rareté des faciès coralliaires. Ce calcaire blanc forme la partie inférieure d'une unité lithostratigraphique cartographiable, i.e., le "c2b" (DUBERTRET, 1963 : p.

43) qui correspond à l'ensemble des couches "Depuis la Muraille de BLANCHE jusqu'à la base des bancs à Cardium" (op. cit.). L'approche de

DUBERTRET (1947, 1955, 1963) était essentiellement axée sur le

macrofaciès, un type de lithostratigraphie aujourd'hui considéré comme obsolète car impliquant nécessairement un fort diachronisme.

En conséquence, afin d'éliminer toute ambiguïté, mais aussi afin de travailler dans un cadre stratigraphique rigoureux, nous avons été amenés à proposer l'abandon du vocable "Falaise de BLANCHE" et à introduire une nouvelle unité

lithostratigraphique, non plus définie sur la base d'un faciès mais sur l'identification de deux discontinuités encadrant des associations de faciès passant latéralement les uns aux autres : il s'agit de l'Alloformation de Jezzine, l'UBU – Unconformity Bounded Unit – de Jezzine, ou encore l’Étage régional Jezzinien (MAKSOUD et al., 2014a) ; cette dernière formule a de loin notre

préférence. Cette nouvelle unité inclut les termes sommitaux du "C2a" de DUBERTRET, i.e., des calcaires grenus jaunâtres, et ceux basaux du "C2b" du

même auteur. L'intégration d'autres informations, telles que le microfaciès, le contenu fossilifère ou l'interprétation séquentielle, fait que notre approche, devenue plus synthétique, peut alors être qualifiée d'holostratigraphique.

Dans les sections qui suivent, après un rappel historique des travaux de nos illustres prédécesseurs (BLANCHE, 1847 ; FRAAS, 1878 ; DIENER, 1886 ; DOUVILLE,

1910, 1913 ; ZUMOFFEN, 1926 ; DUBERTRET, 1934, 1947, 1955, 1963 ; DUBERTRET

& VAUTRIN, 1937 ; HEYBROEK, 1942 ; SAINT-MARC, 1970, 1972), je traiterai du

Jezzinien dans sa localité-type, de ses épontes, de son contenu macro- et micro-paléontologique, de ses variations latérales de faciès et de son calage sur l'échelle stratigraphique internationale (I.C.S.).

Planche 3

A-C- Tombeaux à Mazraat El Siyad

D- Tombeau sur la route vers Mazraat El Siyad E- Temple de Abaal à Ghineh

F- Silex taillés de Qehmez (collection Raymond GEZE au muséum de la faculté des

Sciences II, Fanar)

(25)
(26)

Figure 3 : Carte des localités visitées. En rouge, les localités des coupes levées (modifiée de MAKSOUD et al., 2014a).

(27)

Revue historique de la "Falaise de BLANCHE" (Tableau 1)

"Falaise de BLANCHE" a été ainsi baptisée par DOUVILLE (1910) pour faire

honneur à Charles-Isidore BLANCHE (1823-1887). D’après ce pionnier (BLANCHE,

1847 : p. 14-15), cette unité correspond à "8º Un calcaire jaunâtre, terreux, à texture parfaitement oolithique" surmonté par "7º (...) un calcaire blanc, très dur, très compacte, à grain extrêmement fin et presque cristallin"2. Pour FRAAS (1878), il s'agit de sa "Gastropodenzone von Abeih", encadrée par sa "Sandsteinzone des Libanon", dessous, et son "Braune Kreide (Cardiumbänke)", dessus. Quant à DUBERTRET (1963), dans son "Lexique stratigraphique

international", il utilise les vocables "Falaise de Mdairej" et "Grès de Base" pour désigner respectivement la Gastropodenzone et la Sandsteinzone de son prédécesseur. Dans ce même ouvrage, il signale, sans la nommer formellement, la présence d'une zone de transition entre la "Falaise de Mdairej" et le "Grès de Base" aux environs immédiats de Beyrouth ; il s'agit de quelques "170 m de terrains argilo-sableux et calcaires fossilifères" (DUBERTRET, 1963 : p. 56). Cette

initiative malheureuse atteste des limites de la lithostratigraphie basée sur les seuls faciès. Plus récemment, WALLEY (1983) a proposé de substituer de

nouveaux noms pour désigner les anciennes unités : "Formation du Chouf" pour la "Sandsteinzone" et "Formation de Mdairej" pour les "Cardiumbänke" ; s'il a bien identifié des localités-types, il n’a par contre fourni aucune information détaillée quant à ces unités lithostratigraphiques nouvellement renommées. Enfin, il a même ajouté à la confusion en introduisant un nom formel, i.e., "Formation d’Abeih", pour qualifier la zone de transition évoquée par DUBERTRET

(1963), ceci sans donner de critères permettant de la distinguer des unités encadrantes.

(28)

Tableau 1 : Récapitulation des différentes terminologies attribuées au Jezzinien et ses encadrants depuis 1847.

(29)

Discussion et commentaires

L’approche lithostratigraphique de DUBERTRET était essentiellement faciologique :

1) les faciès grenus, calcarénitiques, oolithiques et bioclastiques (textures grainstones et wackestones), jaunâtres, correspondent au sommet du "C2a" sur les cartes géologiques du Liban (DUBERTRET, 1950, 1955);

2) les faciès boueux, micritiques (textures mudstones et wackestones), blanchâtres, correspondent à la base du "C2b" sur ces mêmes cartes.

Sur nos coupes de terrain, le plus souvent, les faciès micritiques succèdent verticalement aux faciès grenus mais, localement, ils peuvent éventuellement être absents ou bien encore être intercalés dans ces mêmes faciès grenus. Ceci implique que, dans ces derniers secteurs, les intervalles considérés représentent des zones de transition entre une barrière sableuse et le lagon qu'elle protège. Ces types de relations géométriques attestent de simples variations latérales de faciès au sein d'une même unité. La similarité des associations d’algues et de foraminifères benthiques (parmi lesquels des Palorbitolinas) dans ces deux faciès contribue également à en documenter l'unicité. En conclusion, nous avons rapidement renoncé à utiliser ce concept obsolète d’unités basées sur les faciès, diachrones par nature, et, ce faisant, nous avons abandonné l'usage de "Falaise de BLANCHE".

Afin de travailler dans un cadre stratigraphique rigoureux et, dans un premier temps, de faire abstraction des variations latérales de faciès, nous avons opté pour une approche plus moderne de la lithostratigraphie (MURPHY & SALVADOR,

1999 ; voir GRANIER, 2000, pour une première application au Moyen-Orient) et

adopté le concept d'UBU, i.e., Unconformity Bounded Unit (WHEELER, 1959),

d'Alloformation (NACSN, 1983) ou encore d'Étage régional (HEDBERG, 1976; REY

et al., 2008; voir GRANIER et al., 2011, pour une première application au

Moyen-Orient) : c'est cette dernière catégorie qui a retenu notre faveur (MAKSOUD et al.,

2014a). Alors qu'UBU et Alloformations sont bornées par des discontinuités, un étage régional est encadré par des surfaces isochrones (HEDBERG, 1976). Ces

concepts paraissent a priori inconciliables ; toutefois, nous pouvons aisément résoudre cette contradiction si, comme le suggère B. GRANIER (communication

personnelle), on prend en considération l'un des principes fondateurs de la stratigraphie séquentielle, i.e., que toute discontinuité sur une plate-forme passe latéralement à une continuité dans le bassin adjacent. Nous avons donc pu définir le Jezzinien en tant que nouvelle unité chronostratigraphique régionale (une dernière étape consistera à la caler sur l'échelle chronostratigraphique internationale).

• Localité-type : Jezzine, District de Jezzine, Gouvernorat du Sud-Liban (Fig. 3)

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(31)

• Coupe de référence : nous avons mesuré la coupe-type pour partie (48 m) le long de la route principale à l'entrée de la ville (Pl. 4, fig. A). Sa puissance totale peut être estimée à 61,5m (Fig. 4) en prenant en considération la partie en falaise abrupte qui marque la limite entre Jezzine et Wadi Jezzine (Pl. 4, figs. B et C)

• Limite inférieure (le stratotype de limite) : c'est la limite de séquence au sommet des dépôts silicoclastiques du "Grès de Base". Sous les cascades de Jezzine, cette limite qui coiffe un horizon riche en lignite (Fig. 5) correspond également à une surface de transgression. Les faciès sous-jacents correspondraient à des environnements côtiers et estuariens : cette interprétation paléoenvironnementale est suggérée par la présence de bivalves marins et d'échinodermes, de lignite et de morceaux d’ambre dans ces niveaux bioturbés, plus ou moins argileux ou sableux. Quelques 20 m plus bas, un gisement d'ambre, initialement attribué au Bédoulien (AZAR et al., 2003 ; AZAR, 2007), a livré de nombreuses inclusions

biologiques, parmi lesquelles des arthropodes (AZAR, 1997 ; AZAR et al.,

2010).

Figure 5 : Horizon riche en lignite sous la surface transgressive, sur la coupe de la

route principale à l'entrée de Jezzine (le marteau pour l'échelle). Extrait de MAKSOUD et

(32)

• Limite supérieure : c'est une autre limite de séquence, située au sommet des faciès micritiques. À Jezzine, cette limite correspond également à une surface de transgression. La séquence suivante y débute par des wackestones bioclastiques, légèrement plus argileux, riches en orbitolinidés (Praeorbitolina cormyi SCHROEDER, 1964). Dans d'autres

localités (Fig. 3), ces calcaires argileux à Praeorbitolinas sont absents, remplacés par des faciès marneux où ont été découvertes des ammonites (MAKSOUD et al., 2014a), comme à Qanat Bakich (Pl. 6, figs. A et B ; Pl. 7,

figs. A-D) ou à Kfar Nabrakh (Pl. 6, fig. E). Localement, cette surface supérieure peut être incrustée par des huîtres et perforée par des annélides et des pholades, attestant d'une lithification précoce des sédiments micritiques (MAKSOUD et al., 2014a).

Figure 6 : A- La discontinuité

médiane à Aarbet Qozhaya correspond à une surface perforée au toit du dernier banc micritique. L'un des deux bancs massifs contient de nombreuses coquilles de "géants" nérinées. Extrait de MAKSOUD

et al., 2014a. B- Détail de la surface

bioturbée et perforée au sommet de l'intervalle micritique (le marteau pour l'échelle). Extrait de MAKSOUD et al.

(33)

Il est à noter que, dans la région de Jezzine, les faciès micritiques sont proportionnellement nettement dominants sur les faciès grenus ; ailleurs, ce ratio peut s'inverser : c'est le cas à Aazour, par exemple, une localité sise à 4,5 km seulement à l'WNW de Jezzine ; en outre, toujours dans cette dernière localité, nous y avons identifié des bancs micritiques en intercalation au sein d'un ensemble dominé par les faciès grenus, ce qui nous a permis de subdiviser le Jezzinien en deux séquences. La même disposition a été observée à Aarbet Qozhaya (Fig. 3) où la discontinuité médiane correspond à une surface perforée au toit du dernier banc micritique (Fig. 6). Par la suite, nous avons cherché cette discontinuité à Jezzine où nous l'avons effectivement localisée sur la coupe principale à la cote 19,3 m (Fig. 4) ; elle se situe au toit d’un niveau à fenestrae avec une cimentation dolomitique drusique.

Après avoir caractérisé les principaux faciès et défini sommairement le cadre lithostratigraphique et séquentiel, nous pouvons à présent examiner le contenu fossilifère et donner une interprétation biostratigraphique.

Revue des données biostratigraphiques

En se basant sur des récoltes de macrofossiles, FRAAS (1878) a proposé le

premier cadre chronostratigraphique pour les unités libanaises du "Crétacé supérieur". Selon DIENER (1886), la succession de FRAAS débute avec son

"Sandsteinzonze" d'âge cénomanien et se poursuit avec sa "Gastropodenzone" et ses "Cardiumbänke" d’âge turonien.

Pour DOUVILLE (1910) et DUBERTRET (1934), les faciès micritiques de la "Falaise de

BLANCHE" doivent être attribués à l’Albien. Toutefois, quelques fossiles

caractéristiques recueillis par une troisième personne, G. ZUMOFFEN (1848-1928),

ne proviennent pas de la "Falaise de BLANCHE", mais d’une seconde falaise située

au-dessus : il s’agit de la "Falaise de ZUMOFFEN" [voir la discussion dans la section

suivante]. Dans ses publications ultérieures, DUBERTRET (DUBERTRET & VAUTRIN,

1937; DUBERTRET, 1955, 1963) attribue ces faciès à l'Aptien ("Aptien supérieur").

Il signale des macrofossiles (échinides, gastéropodes, rudistes et autres pélécypodes) et quelques microfossiles (Orbitolinidae).

SAINT-MARC (1970) est le premier à proposer une datation reposant

essentiellement sur des données micropaléontologiques. Il a identifié plusieurs foraminifères benthiques et algues calcaires qui l'ont conduit à attribuer un âge Bédoulien - (?) Aptien ("Aptien") : Bédoulien ("Aptien inférieur") pour la plus grande partie de la "Falaise de BLANCHE", sans exclure totalement un âge aptien

("Aptien supérieur") tout du moins en ce qui concerne les couches sommitales. Ses "couches à Orbitolines", une unité informelle venant immédiatement au-dessus, peuvent être considérées soit comme faisant partie des couches à

Cardium des auteurs précédents, soit comme l’un de leurs synonymes

postérieurs.

Planche 4

A- Le côté Est de la falaise à Jezzine avec la coupe sur la route B- La limite inférieure à 0 m au niveau des cascades de Jezzine C- La limite supérieure à 61,5 m du côté Ouest de la falaise à Jezzine (Les numéros réfèrent aux niveaux de la coupe mesurés sur la route) Extrait de MAKSOUD et al., 2014

(34)
(35)

Revue des données paléontologiques

Depuis 1910, de nombreuses découvertes de fossiles ont été rapportées dans la littérature géologique libanaise. Nous ne devons préalablement procéder à une analyse critique de cet inventaire paléontologique parce que :

• la localisation géographique des gisements n’est pas précise ;

• la position stratigraphique des gisements est souvent sujette à interprétation ;

• les spécimens sont rarement figurés (sinon parfois avec une définition qui ne permet pas la reconnaissance des critères diagnostiques de l’espèce, voire du genre) ;

• la plupart ne sont pas dans des collections référencées ou ont été perdus. Nous allons passer en revue ces macrofossiles (échinides, rudistes,

céphalopodes) et microfossiles (algues et foraminifères benthiques), et compléter la liste raisonnée qui en résulte par nos propres découvertes.

Macrofossiles Échinides

FRAAS (1878) documentait la présence d’Heteraster oblongus (BRONGNIART, 1821)

dans ses "Cardiumbänke". VAUTRIN et KELLER (1937) conservent cette

combinaison binominale lorsqu’ils illustrent cet oursin (VAUTRIN & KELLER, 1937 :

Pl. VI, figs. 5-12; Pl. VII, figs. 1-19) provenant de strates attribuées au Bédoulien ("Aptien inférieur"). Dans l’intermède, P. de LORIOL (1887 : Pl. VII,

figs. 2-3; Pl. XVI, figs. 2-3) l’avait décrit comme une espèce nouvelle : "Enallaster syriacus", distincte d’Heteraster oblongus. HEYBROEK (1942),

DUBERTRET (1955) puis SAINT-MARC (1970) vont mentionner cette espèce, sans

l'illustrer, sous l’appellation "Heteraster oblongus BRONGNIART race syriaca

VAUTRIN-KELLER". Plus récemment, nous l’avons refigurée comme "Heteraster

oblongus (BRONGNIART, 1821)" (Pl. 5, figs. C-E et I).

VAUTRIN et KELLER (1937) illustrent aussi plusieurs espèces de l’Aptien ("Aptien

supérieur") de la "Falaise de BLANCHE" : Trochodiadema libanoticum LORIOL, 1887

(VAUTRIN & KELLER, 1937 : p. 140, Pl. V, figs. 2-3), Salenia scutigera GRAY, 1835

(p. 144, Pl. V, figs. 4-5), Holectypus portentosus COQUAND, 1879 (VAUTRIN &

KELLER, 1937 : p. 147, Pl. V, fig. 6), "Clitopygus (Echinobrissus) goybeti COTTEAU,

1885" 3 (VAUTRIN & KELLER, 1937 : p. 152, Pl. V, fig. 13), et Toxaster dieneri LORIOL, 1887 (VAUTRIN & KELLER, 1937 : p. 154, Pl. V, figs. 17-20). Quant à

DUBERTRET (1955), il y signale, sans fournir aucune illustration, le "Clitopygus

(Echinobrissus) goybeti" et Diplopodia hermonensis LORIOL, 1887.

(36)

Dans l'évaluation préliminaire de nos nouvelles récoltes, 4 espèces ont été identifiées :

i) tout d'abord, l'oursin irrégulier, Heteraster oblongus, se trouve communément dans la plupart des coupes étudiées, confirmant les identifications antérieures (VAUTRIN et KELLER, 1937) : Qanat Bakich (Pl. 5, figs. C et E), Kfardebiane (Pl. 5,

figs. D et I) et Ehden, par exemple. En Suisse et dans le SE de la France, cette espèce est caractéristique des séquences urgoniennes Ba5 à Bd2 de CLAVEL et al.

(2007), i.e., le Barrémien terminal (sommet de la Zone à Giraudi) et le Bédoulien inférieur (base de la Zone à Forbesi). Il est possible que cette forme apparaisse plus tôt au Moyen-Orient ;

(37)

ii) un autre oursin irrégulier, Heteraster delgadoi (LORIOL, 1888), a été récolté

au-dessus de la falaise dans les couches à Cardium de Qanat Bakich (Pl. 5, fig. F). Cette espèce est connue dans l’intervalle Albien-Cénomanien ;

iii) le troisième oursin irrégulier, Nucleopygus roberti (A. GRAS, 1848) provient de

la partie supérieure du "Grès de base" à Daychounieh (Qanater Zoubaydeh) (Pl. 5, figs. G et H) et de la partie inférieure de l’unité étudiée à Jeita. Cette espèce est connue dans l’intervalle Barrémien-Bédoulien ;

iv) un oursin régulier, Tetragramma malbosi (AGASSIZ & DESOR, 1846), trouvé

dans les couches à Cardium de Zaarour (Pl. 5, figs. A et B). Il apparaît dans le Bédoulien élevé.

Rudistes

DOUVILLE (1910, 1913) a identifié quelques rudistes du Liban mais il n’a pas

récolté ce matériel lui-même. Par exemple, il va identifier Polyconites verneuili BAYLE, 1860 (DOUVILLE, 1913 : Pl. IX, figs. 1-3) et Eoradiolites plicatus CONRAD,

1852 (DOUVILLE, 1910 : Figs. 71-75 ; DOUVILLE, 1913 : Pl. IX, fig. 5) parmi les

échantillons que lui a fait parvenir ZUMOFFEN (DOUVILLE, 1913 : p. 409 ; ZUMOFFEN,

1926). En fait, ces spécimens proviennent d’une seconde falaise constituée d'un calcaire compact et située topographiquement et donc stratigraphiquement au-dessus de la vraie "Falaise de BLANCHE" (DUBERTRET, 1963) mais souvent

confondue avec cette dernière. Ces deux espèces, Polyconites verneuili et

Eoradiolites plicatus, sont connues dans l'intervalle Aptien - Albien (MASSE,

1995 ; SKELTON & MASSE, 2000).

Planche 5

Tetragramma malbosi (AGASSIZ & DESOR, 1846), bancs à Cardium, Zaarour (MHNUL 22733/0001), Leg. 12/09/2013

A- Vue apicale B- Vue orale

Heteraster oblongus (BRONGNIART, 1821), base du Jezzinien

C- E- Vues apicales ; C (MHNUL 22797/0002) et E (MHNUL 22797/0003) Qanat Bakich ; D (MHNUL 25439/0001) Kfardebiane

I- Vue du côté gauche, Kfardebiane (MHNUL 25439/0001);

Heteraster delgadoi (LORIOL, 1888), bancs à Cardium, Kanat Bakich (MHNUL 22797/0001)

F- Vue apicale

Nucleopygus roberti (A. GRAS, 1848), sommet des couches de "Grès de Base", Daychounieh

G-H- Vues apicales ; G (MHNUL 37321/0001) et H (MHNUL 37321/0002) Matériels identifiés par B. CLAVEL.

Échelles = 1 cm.

(38)
(39)

En outre, DOUVILLE (1913) a identifié Agria marticensis ORBIGNY, 1847 (DOUVILLE,

1913 : Pl. IX, fig. 4), toujours dans du matériel récolté par ZUMOFFEN (DOUVILLE,

1913 : p. 409), mais provenant d’Aley, District d’Aley, Gouvernorat du Mont Liban, dans la partie grenue de la Falaise de BLANCHE, attribuée alors à du

Bédoulien-Aptien ("Aptien"). Il ne s’agit pas d’un authentique Agriopleura

marticensis mais d’une espèce nouvelle, Agriopleura libanica, introduite

ultérieurement par ASTRE (1930 ; J.-P. MASSE, 2 décembre 2013, communication

personnelle). Nous avons tenté de localiser le gisement, sans succès, mais nous y avons récolté d’autres rudistes parmi lesquels J.-P. MASSE a identifiés des

Horiopleura sp. (J.-P. MASSE, 16 avril 2015, communication personnelle).

HEYBROEK (1942, p. 44) avait signalé des "Toucasia sp." au "sommet de la

Muraille de Blanche" à "Kfer Matta" [Kfarmatta], près d’Abeih. Malheureusement, la découverte restera ignorée par les chercheurs qui suivirent.

Pour notre part, nous avons découvert deux espèces d'Offneria PAQUIER, 1905, à

Beit Mery, District du Metn, Gouvernorat du Mont Liban (MASSE et al., 2015) : O.

murgensis MASSE, 1992, et O. nicolinae (MAINELLI, 1983). Depuis, plusieurs

nouveaux sites ont été identifiés, dans le centre-ouest et le NW du Liban (Fig. 7). D’un point de vue paléoenvironnemental, ces Caprinidae occupent une niche écologique particulière dans la partie distale de la plate-forme, souvent à une proximité immédiate de sa bordure. Leur présence aussi bien dans des faciès micritiques que des faciès grenus semble valider le modèle qui les place à la zone de transition entre la mer ouverte (environnement à énergie élevée) et un lagon (environnement plus abrité).

Céphalopodes

DUBERTRET (1955 : p. 21) signale un spécimen de Douvilleiceras sp. sous la

Falaise de BLANCHE dans les carrières de Mkalles à l’Est de Beyrouth. Il s’agit de

l’unique spécimen d’ammonite signalé à ce niveau stratigraphique mais, malheureusement, cet exemplaire qui n'a jamais été figuré est probablement définitivement perdu.

Nos campagnes de terrain furent couronnées de succès avec la découverte d’un gisement inédit au sommet de la falaise à Kfar Nabrakh, Baskinta, District du Chouf, Gouvernorat du Mont Liban (Fig. 8). Josep A. MORENO-BEDMAR (MAKSOUD et

al., 2014a) y a identifié des ammonites telles que Cheloniceras cornuelianum

(ORBIGNY, 1841) (Pl. 7, fig. E), Cheloniceras ? sp. et Dufrenoyia ? sp., ainsi que

des nautiles avec Cymatoceras ? sp. À ces formes, nous avons ajouté celles déjà présentes dans les collections du Muséum d'Histoire naturelle de l’Université Libanaise à Fanar – El-Matn, Beyrouth (legit Raymond GEZE), et provenant pour

l’essentiel, de Qanat Bakich, District du Metn, Gouvernorat du Mont-Liban, avec des Cheloniceras sp. (Pl. 6, figs. A et B ; Pl. 7, figs. A-D), parmi lesquels

Cheloniceras cornuelianum (ORBIGNY, 1841), et accessoirement, de Mechmech,

District de Jbeil (Byblos), Gouvernorat du Mont Liban, avec quelques ( ?) Deshayesitidae. Cheloniceras cornuelianum (ORBIGNY, 1841), présent à Kfar

Nabrakh et Qanat Bakich, est connu depuis la Zone à Deshayesites deshayesi du Bédoulien jusqu’à la Zone à Epicheloniceras martini de l’Aptien (ROPOLO et al.,

2008). En conclusion, la base des couches à Cardium est d’âge Bédoulien supérieur à Aptien inférieur.

(40)

Planche 6 : Cheloniceras sp. (MHNUL 22797/0006) les couches les plus basses des

bancs à Cardium, Qanat Bakich A- Vue latérale

B- Vue ventrale Échelle = 1 cm

(41)

Figure 8 : Carte des sites à Ammonites. Planche 7

Cheloniceras sp. (MHNUL 22797/0002), les couches les plus basses des bancs à Cardium,

Qanat Bakich A- Vue latérale B- Vue ventrale

Cheloniceras cornuelianum (Orbigny, 1841) (MHNUL 22797/0001), les couches les plus

basses des bancs à Cardium, Qanat Bakich C- Vue latérale

D- Vue ventrale

Cheloniceras cornuelianum (Orbigny, 1841) (MHNUL 23655/0001), les couches les plus

basses des bancs à Cardium, Kfar Nabrakh E- Vue latérale

(42)
(43)

Microfossiles Algues calcaires

BASSON et EDGELL (1971) citent et figurent plusieurs espèces d’algues

dasycladales provenant dans leur "Jezzine limestone". Il s’avère que certaines de leurs identifications sont erronées, que certains noms utilisés correspondent à des synonymes juniors ou que les épithètes spécifiques ont depuis été

recombinés avec un autre nom de genre. Identification erronée :

• des quatre spécimens figurés identifiés comme Cylindroporella sugdeni ELLIOTT, 1957, trois (BASSON & EDGELL, 1971 : p. 417, Pl. 2, figs. 1-3)

correspondent à des sections de Montiella elitzae (BAKALOVA, 1971) ;

seule la quatrième figure (BASSON & EDGELL, 1971 : p. 417, Pl. 2, fig. 4)

est une authentique Cylindroporella sugdeni. Problème de synonymie :

• Salpingoporella carpathica DRAGASTAN, 1969, de BASSON & EDGELL

(1971 : p. 420, Pl. 4, fig. 1) est un synonyme junior de S. muehlbergii LORENZ, 1902 (BASSOULLET et al., 1978 ; CARRAS et al., 2006).

• BASSON et EDGELL (1971) affectent deux noms aux représentants d’une

seule et même espèce : Carpathoporella occidentalis DRAGASTAN, 1995,

non 1969 (BASSON & EDGELL, 1971 : p. 420, Pl. 4, figs. 7-8), et

"Coptocampylodon lineolatus ELLIOTT, 1963" (BASSON & EDGELL, 1971 :

p. 420, 422, Pl. 4, figs. 9-11), dont le type est un coprolithe (GRANIER &

DELOFFRE, 1993).

Changement taxonomique :

• trois spécimens de Macroporella pygmaea (GÜMBEL, 1982) sont

correctement identifiés (BASSON & EDGELL, 1971 : p. 417-418, Pl. 5,

figs. 1-3), mais l’espèce a depuis été transférée dans le genre

Salpingoporella (BASSOULLET et al., 1971). Plus récemment, cette

espèce apparaît le plus souvent comme Salpingoporella gr. pygmaea –

johnsoni.

Combinaison de problèmes :

• BASSON et EDGELL (1971) ont identifié "Pianella dinarica (RADOICIC,

1959)" dans leur "Jezzine limestone" et l’ont également figurée (BASSON

& EDGELL, 1971 : p. 418, Pl. 3, figs. 5-8). Un an plus tôt, SAINT-MARC

(1970) avait identifié "Hensonella cylindrica ELLIOTT, 1960", dans sa

"Falaise de BLANCHE" et l’avait figurée (SAINT-MARC, 1970 : Pl. 2, figs.

1-2). Hensonella étant traité comme un synonyme junior de

Salpingoporella (BASSOULLET et al., 1978 ; CARRAS et al., 2006), le nom

binominal de l’espèce est recombiné en Salpingoporella dinarica (RADOICIC, 1959).

Planche 8

A- Coprolithes dans un terrier, El Sheaybeh, lame mince VO20

B- Contact wackestone sabloneux/ mudstone à Jeita, lame mince Jeita2H C- Faciès wackestone à tendance grainstone, El Sheaybeh, lame mince VO22 D- Faciès wackestone sabloneux, Maarab, lame mince MEB14

(44)
(45)

Considérations sur leur utilité.

Certaines espèces à longue répartition stratigraphique ne peuvent pas donner une datation précise :

• Actinoporella gr. podolica (ALTH, 1878) couvre au moins l’intervalle

Tithonien - Barrémien selon GRANIER (1994). Les deux sections

aléatoires attribuées à Actinoporella podolica par BASSON et EDGELL

(1971 : Pl. 3, Figs. 1-2) du Jurassique supérieur du Mont Liban peuvent difficilement appartenir à ce taxon.

• Montiella elitzae BAKALOVA, 1971 s'étend sur l’intervalle

Barrémien-Aptien auct. selon GRANIER et DELOFFRE (1993).

• Salpingoporella dinarica RADOICIC 1959, débute probablement au

Berriasien basal ou Tithonien comme il a été remarqué par GRANIER

(2002) qui l’a observé en association avec Anchispirocyclina lusitanica (EGGER) et atteint l'Albien (SOKAC 1996).

• Salpingoporella muehlbergii (LORENZ, 1902) s’étend de l'Hauterivien

supérieur au Bédoulien selon GRANIER et DELOFFRE (1993).

• Salpingoporella hasi (CONRAD et al., 1977) s’étend sur l’intervalle Albien

- Cénomanien selon GRANIER et DELOFFRE (1993) mais sa première

apparition pourrait bien être d’âge Bédoulien (CARRAS et al., 2006) ou

même Barrémien.

• Suppiluliumaella polyreme ELLIOTT, 1968 s’étend sur l’intervalle

Barrémien-Aptien d’après GRANIER et DELOFFRE (1993).

D'autres espèces, mal connues ne peuvent pas donner une datation précise : • Harlanjohnsonella annulata ELLIOTT, 1968, n’était jusqu'à présent

connue que dans sa région-type en Serbie (ELLIOTT, 1968 ; RADOICIC,

1995 ; RADOICIC & SCHLAGINTWEIT, 2010) où elle est d’âge Cénomanien.

La forme illustrée et nommée "Harlanjhonsonella cf. annulata" par JAFFREZZO et al. (1980 : Pl. II, fig. 9) de l'Aptien du Bey Dağlari au SW

de la Turquie ne correspond pas à cette espèce (MAKSOUD et al.,

2014b). Elle est cependant présente dans le Jezzinien à Ehden, District de Zgharta, Gouvernorat du Mont-Liban, et à El Sheaybeh, District de Baalbek, Gouvernorat de la Békaa ;

• Selon GRANIER et DELOFFRE (1993), Genotella pfenderae (KONISHI & EPIS,

1962) est commune dans l'intervalle Albien-Turonien. BASSON et EDGELL

(1971) la signalent en tant que "Neomeris pfenderae" dans le Cénomanien du Mont-Liban ; toutefois la section illustrée (BASSON &

EDGELL, 1971 : Pl. 5, fig. 6) ne correspond pas à ce taxon. Par contre,

nous l’avons trouvée dans le Jezzinien à Est d'Ain Dara, District de Aley, Gouvernorat du Mont-Liban, et à El Sheaybeh, District de Baalbek, Gouvernorat de la Békaa.

Planche 9

A-G- Coupe d’El Sheaybeh (VO), les numéros réfèrent aux mesures en mètres à partir des premiers niveaux boueux.

(46)

Figure

Figure 1 : Carte géologique simplifiée du Liban (d'après D UBERTRET , 1955).
Figure  2  :  Carte  simplifiée  du  Liban,  montrant  les  affleurements  des  différents  étages géologiques du Crétacé et récapitulant le travail de D UBERTRET  (Carte élaborée par  le  CNRS-Liban,  2011,  inédit)
Figure  3  :  Carte  des  localités  visitées.  En  rouge,  les  localités  des  coupes  levées  (modifiée de M AKSOUD  et al., 2014a)
Tableau  1 :  Récapitulation  des  différentes  terminologies  attribuées  au  Jezzinien et ses encadrants depuis 1847.
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